MICHÈLE TORR — "Un soir en France"

  • il y a 2 mois
MICHÈLE TORR — "Un soir en France" | MICHÈLE TORR À L'OLYMPIA / 2005
Artiste : Michèle Torr

M.T et Tigre Production
présentent
Michèle Torr
"Un soir en France" - Portrait de Michèle Torr
Réalisation : Jean-David CURTIS

Production - Michèle Torr
Attaché de Production - Romain Vidal
Attaché de Presse - Stéphane Letellier
AIDEM

WARNER VISION INTERNATIONAL
M.T Production
présente
Michèle Torr - Olympia 2005
réalisation : Jean-David CURTIS
Enregistré le 12 mars 2005

MICHÈLE TORR À L'OLYMPIA
BRUNO COQUATRIX
2005

WARNER VISION INTERNATIONAL
M.T Production
présente
Michèle Torr - Olympia 2005
réalisation : Jean-David CURTIS
Enregistré le 12 mars 2005

MICHÈLE TORR À L'OLYMPIA
BRUNO COQUATRIX
2005

© Michèle Torr / Warner Vision France 2005
5101110062
MICHÈLE TORR À L'OLYMPIA 2005
WARNER VISION FRANCE
BenJ Production
Copyright MT PRODUCTION 2005

Durée : 52:38
Transcript
00:00Monter sur scène, c'est ma vie depuis bientôt 40 ans.
00:10Ce portrait est l'occasion pour moi de remercier ce que j'aime et qui m'entoure, les artistes
00:18qui m'ont inspirée et le public qui m'est toujours resté fidèle.
00:30Quand on est seul avec la nuit, entre tendresse et nostalgie, on se regarde et l'on se dit
00:58qu'est-ce que j'ai fait avec ma vie.
01:02J'ai donné mes nuits et mes jours, j'ai donné l'amour, j'ai donné l'âme avec le corps,
01:20j'ai donné à perdre le nord, j'ai donné...
01:28Moi vraiment ce qui me bouleverse et ce qui me fait réaliser que je suis là depuis,
01:39enfin que ça compte, c'est quand je suis sur scène, c'est quand je sors de scène
01:44et ce qui me touche le plus, c'est toujours le public qui me le donne, c'est toujours
01:51cette communion, cette émotion, c'est la salle qui se lève, qui descend, qui vient,
01:57il y a des gens qui pleurent, il y a des gens qui sont bouleversés.
02:00Tu n'as pas envie de les quitter, c'est moi qui m'accroche à eux presque, on ne veut pas se quitter.
02:14J'ai défait ma victoire, j'ai donné...
02:21On ne voit rien quand on sort de scène.
02:26Ah c'était bon, c'était bon.
02:31T'es contente Michelle ?
02:33Oui, bien, heureuse, il y avait un bon public, magnifique public, public de talent,
02:43superbe.
03:02J'adore les chanteurs populaires, je trouve que c'est eux qui sont le chapelet de la vie
03:06et des émotions et ils appartiennent à la mémoire collective, ils appartiennent au
03:13sentiment collectif et j'aime beaucoup Michel Thor, j'ai vu sa première tournée, j'avais
03:1910 ans, donc c'est une vieille histoire.
03:36A être populaire, c'est les gens qui te choisissent, ça ne s'apprend pas et c'est la
04:06plus belle des choses, je trouve que ce populaire, c'est beau comme mot, c'est rond, c'est un
04:13mot, alors des fois on me dit, chanteuse populaire, excusez-moi, ce n'est pas péjoratif, péjoratif
04:20mais attends, jamais de la vie, pourquoi ce serait péjoratif d'être populaire, c'est
04:26beau ce mot populaire.
04:35J'adore les chanteurs populaires.
05:05Comment j'ai décidé d'être chanteuse, c'était évident et puis aussi ma mère chantait,
05:24aurait voulu faire ce métier, donc elle a quand même aussi, elle a bien ancré ça
05:31en moi aussi, je ne sais plus très bien, il me semble que j'ai toujours eu ça en moi
05:36mais c'est vrai qu'à travers moi, lorsqu'elle a vu que j'avais cette envie, que j'aimais
05:42ça, que j'avais des possibilités, elle m'a aidée dans ce sens-là et elle était heureuse
05:50je crois de penser que sa fille un jour ferait peut-être ce métier dont elle avait rêvé
05:58toujours et qu'elle n'a pas pu faire.
06:06Et puis c'était aussi je crois naïvement, tu sais, c'est un peu des peurs que tu as,
06:13alors tu as l'impression que les gens, quand tu es enfant évidemment, que les gens célèbres
06:20sont éternels.
06:28La peur et le désir se mêlent Le cœur tendu vers vos bravos
06:35C'est le théâtre de ma vie Les parents me sourient
06:42Le facteur du courrier du cœur Qui a toujours fait mon bonheur
06:52C'est ma première
06:56La première audition c'était, oui c'était certainement avec Brel évidemment, je venais
07:05de gagner un concours, c'était peut-être le dernier concours que je faisais, j'avais
07:0914 ans et c'était un concours très important, je chante dans mon quartier, ça s'appelait,
07:15il y avait énormément de chanteurs et donc on a demandé à Brel qui venait quelques
07:22temps après, s'il acceptait de me laisser passer en première partie.
07:26Telle est ma quête Suivre les toits
07:34Peu m'importe mes chances Peu m'importe le temps
07:41Ou ma désespérance Et puis lutter toujours
07:46Sans question ni repos Se damner pour l'or de mots d'amour
07:55Je ne sais si j'irai aussi haut Mais mon cœur serait tranquille
08:09Et là ça a été, l'émotion évidemment, c'était extraordinaire, j'ai jamais rien
08:17vu, il se donnait complètement, c'était un géant sur scène.
08:23Je pleurais comme une madeleine à la fin et je me rappelle maman était là et elle
08:28me disait, mais enfin pourquoi tu pleures, tout va bien, tu passes avec Jacques Brel,
08:32mais je pleurais parce que tout s'écroulait, je venais de voir Brel et j'avais l'impression
08:38que je ne pouvais pas faire ce métier, j'étais comme ça.
08:43Pour atteindre l'inaccessible, aide-moi
09:00Quand j'ai débuté avec Brel ou avec Claude François à l'Olympia en 64 où je chantais
09:14trois chansons je crois avec Claude François, première partie de Claude, les gens m'avaient
09:21bien accueillie, vraiment, vraiment, ça avait été formidable, j'avais un trac terrible
09:27mais j'avais été super bien accueillie, c'était magnifique et j'étais étonnée
09:31parce que je n'avais rien fait, trois chansons, je n'avais pas eu le temps, moi je le ressentais
09:36comme ça, je me disais mais comment il me trouve bien, mais je n'ai rien fait, mais
09:40c'est rien, mais en même temps ça ne pouvait pas être autrement, je ne pouvais pas faire
09:46plus.
09:48C'est dur d'avoir 16 ans, on est trop jeune ou trop vieux et l'on ne fait pas ce qu'on
10:02veut, on sait bien que les parents nous donnent de très bons conseils, les copains disparaissent
10:15et l'on est hésitant, c'est dur d'avoir 16 ans, mais tout s'arrange, dans mes bras
10:24oublie ta peine, dans mes bras oublie ta peine, tu ne le sais pas mais je t'aime, laisse-moi
10:34guérir ta peine.
10:39Paul Ledermann me disait dans les années 64-65, il me disait tu ne seras pas une vedette
10:45avant l'âge de 30 ans et il ne s'est pas trompé parce qu'effectivement c'était
10:50un peu ça, doucement, doucement, doucement, tranquillement, je crois que jusqu'en 72,
10:5973 à peu près, ça concorde à peu près avec la naissance d'Emilie, 73 où là je
11:06commençais à chanter Un enfant c'est comme ça, Une vague bleue, Cette fille c'était
11:13moi, la rencontre avec Jean Albertini aussi, ça faisait à peu près 8 ans que je chantais,
11:22j'aurais mis presque 10 ans quand même.
11:37Ce n'est rien que moi, rêvant près de toi, je danse avec toi, je ris avec toi, je flirte
11:48avec toi, mon Dieu comme je n'sais pas, je dors avec toi, je rêve de toi, je suis dans
11:57tes bras et pour longtemps je crois, je danse avec toi, je ris avec toi, je flirte avec
12:06toi, mon Dieu comme je n'sais pas, je dors avec toi, je rêve de toi, je suis dans tes
12:15bras et pour longtemps je crois.
12:28Mais tu es venu me voir en concert en province, c'est ça exactement, parce que tu te souviens
12:34l'équipe, mon équipe me disait écoute tu vends du disque, tu fais du monde en province,
12:40j'osais pas tellement, il me freinait un petit peu, le fait que j'ai vu Michel en province
12:45fait qu'on a décidé, ça va très bien, il faut venir à Paris, et voilà, et on a fait
12:50un mois guichet fermé, c'était en 80 et ça, ça reste, ça a vraiment été du bonheur.
12:56Devant ces yeux d'enfants qui ont froid, qui ont faim, dites vous que l'argent vous brûlera
13:03les mains, devant ces présidents qui dirigent le monde, qui jouent au cerf-volant avec toutes
13:10leurs bombes, devant les synagogues, devant les cathédrales, il n'y a qu'un bon Dieu
13:19mais toujours plusieurs diables, devant ceux qui n'ont rien, devant ceux qui ont tout,
13:25s'il le faut je veux bien le chanter, rase-nous avec vous, j'en appelle à la tendresse,
13:33à l'amour, s'il nous en reste, chantez avec nous.
13:39Je suis sûre que c'est bien d'aller doucement, ce qui est aujourd'hui pas trop le cas, parce
13:44que tout va très vite forcément dans tout et dans ce métier également, on voit dans
13:49les Star Academy et ce genre d'émissions, comment on met les gens en avant très vite,
13:56c'est extraordinaire et c'est très dangereux évidemment, parce que moi j'ai eu le temps,
14:03on m'a laissé le temps parce que c'était comme ça, de faire des erreurs sans doute,
14:08je pense qu'on en fait toujours, mais bon, mais en tous les cas de regarder les autres,
14:13d'apprendre, d'y aller doucement par petit échelon comme ça, aujourd'hui tout va très vite.
14:23J'en appelle à la tendresse, à l'amour, s'il nous en reste,
14:31j'en appelle à tous les hommes, que leur volonté soit bonne.
14:40J'ai la chance d'avoir des fidèles qui viennent et de travailler beaucoup sur scène,
14:48c'est quand même ce que j'aime le plus, puis voilà, c'est comme ça, il y a un temps pour tout,
14:53il y a des jeunes qui arrivent, je crois qu'il faut être lucide,
14:58moi je les aime ces jeunes en plus, il y en a plein qui ont beaucoup de talent,
15:05qui sont magnifiques et j'aime les jeunes et ça me fait très plaisir de les voir à la télévision,
15:09je trouve qu'il faut qu'il y ait un temps pour tout,
15:14et qu'aujourd'hui il ne faut pas que j'essaie de m'accrocher à une chanson,
15:21à me dire il me faut un tube, il me faut un tube, c'est passé ça,
15:25si demain j'ai un tube c'est magnifique, mais il ne faut pas courir après ça,
15:29il faut aujourd'hui vraiment faire que ce qu'on aime, avec tout son coeur, toute sa foi, son énergie,
15:40et c'est ce que je fais.
15:43Monsieur Caroline Petit !
15:47Alors Caroline fait tous les arrangements de l'album donné,
15:51et travaille sur Aimer plus fort que d'être aimé.
16:03Ça manque une chanson comme ça dans mon tour, il me faut un truc musclé comme ça.
16:17L'amour de tout, des lits, des secrets,
16:27à tout ce qui te débrouille.
16:32Ce qu'il faut c'est qu'elle chante le plus naturellement possible, sans faire trop d'effet,
16:39mais sur les chansons que j'ai arrangées il faut les chanter le plus simplement possible,
16:43et c'est comme ça qu'elles auront le plus d'intensité, et qu'elles seront le plus émouvantes.
16:50L'amour que porte dans tes espoirs,
16:59l'amour de tout, des lits, des secrets,
17:06est vaste, à tout ce qui te débrouille.
17:15Aimer plus fort que d'être aimé.
17:22Tu veux tellement que ce soit bien, tu veux tellement donner,
17:26et puis tu t'aperçois en écoutant que finalement,
17:31quelquefois des choses que tu fais, que tu intériorises plus, que tu fais en retenue,
17:36l'émotion passe plus, c'est un défaut que j'ai ça, je le sais en plus.
17:40Toutes les chansons ont une histoire,
17:43pas mémoire qu'en efface pas.
17:47Toutes les chansons ont une histoire,
17:51un jour il était une voix.
17:55Toutes les chansons ont une histoire,
17:58des paroles que l'on n'oublie pas.
18:02Mais cette chanson nous parle encore de toi.
18:07Est-ce que tu crois qu'il suffit d'avoir une voix pour avoir du succès et durer aussi longtemps ?
18:11Qu'est-ce qu'il faut avoir de plus ?
18:12Il faut avoir une présence, une générosité, ça Michel est là, les deux,
18:18et puis je crois que c'est une vraie professionnelle,
18:21une femme qui travaille, qui n'a jamais pris son métier à la légère,
18:25et je crois que c'est pour ça qu'on lui rend bien cette admiration et cette affection.
18:30J'ai toujours fait ce métier sérieusement,
18:34j'ai pas envie de dire que c'est un métier,
18:36même si on sait que c'est difficile,
18:40on sait que les places sont chères, qu'il faut s'accrocher,
18:43qu'il faut avoir la foi, qu'il faut se battre tous les jours,
18:48mais c'est plus qu'un métier.
18:50Bonjour, vous allez bien ?
18:51Très bien.
18:52Vous êtes Nathalie ?
18:53Bonjour.
18:54Bonjour Nathalie, bonjour Jean-Pierre.
18:56Alors ce petit séjour a bien commencé ?
18:58Écoutez, ça pourrait aller plus mal.
19:01On a beaucoup de stress dans ce métier,
19:06donc il faut profiter de ces moments rares et se laisser aller.
19:12Quand on va me voir en train de me faire masser,
19:14et moi qui dis que j'ai peur avant l'Olympia, j'ai le tract,
19:17il ne va jamais me croire.
19:18On va dire que ma taille est quand même plus grave que ça.
19:25Des genoux pliés, les jambes serrées, le dos droit.
19:29Faites-le voir.
19:32Je crois que je vais être trop bousculée à l'Olympia.
19:35Très bien.
19:37Je pense qu'on doit m'imaginer,
19:40à la maison en train de faire des confitures pour mes petits enfants,
19:44il était au bord de ma piscine à me prélasser.
19:48Et s'il savait, je ne reste jamais plus de deux jours au même endroit.
19:53Je suis toujours à courir, je ne fais pas une chose,
19:55mais j'en fais toujours deux ou trois en même temps.
20:14Dans la ville endormie,
20:17je ferme ma porte jusqu'au bout de la nuit.
20:24Je suis trop fatiguée
20:27pour trouver le sommeil.
20:31Mon rêve est terminé et que je me réveille.
20:36Je ne suis qu'une femme,
20:40une femme qui pleure, qui prie,
20:44qui se grise, une femme en tes bras,
20:48qui se brise, une femme qui s'en va.
20:52Je ne suis qu'une femme,
20:56avec ses états d'air en urgence,
21:00qui avance, une femme qui s'offense,
21:04qui croit, une femme qui s'épargne.
21:08Je ne suis qu'une femme.
21:13Je crois que la question qu'on m'aura posée le plus souvent,
21:15c'est comment arrivez-vous à concilier
21:18votre vie de femme et votre vie d'artiste ?
21:21Je crois que c'est ce qu'on m'aura demandé le plus souvent.
21:24Je m'en suis donnée.
21:28J'ai eu des enfants, j'ai chanté beaucoup,
21:33et c'est sûr que j'ai une vie moderne,
21:36d'une femme moderne, oui, oui.
21:38Quand l'image s'efface,
21:41pour me sceller la place,
21:44que je me retrouve en face de moi,
21:47devant ma classe.
21:51Quand j'attends le soleil
21:55allongé sur mon lit,
21:58que je quitte la scène
22:01pour entrer dans ma vie.
22:04Je ne suis qu'une femme.
22:07Une femme qui pleure,
22:10qui prie, qui se grise.
22:13Une femme dans tes bras,
22:15qui se brise.
22:17Une femme qui s'en va.
22:19Mais je crois que toutes les femmes,
22:21toutes les femmes sont douées,
22:23plus que vous, messieurs,
22:25pour faire plein de choses.
22:27C'est dans la femme, ça.
22:29Les femmes, on a des enfants,
22:31toutes, pratiquement, on a toutes des enfants.
22:33Toutes les femmes travaillent,
22:35toutes les femmes aiment avoir une maison,
22:37toutes les femmes sont coquettes,
22:39toutes les femmes sont mère poule,
22:42toutes les femmes sont passionnées
22:44pour leur métier.
22:46Et toutes les femmes rentrent chez elles,
22:48elles font à manger,
22:50elles s'occupent des enfants,
22:52et elles font tout, elles font tout.
22:54Elles assument tout.
22:56Bien, vite, vite, vite.
22:58Donc c'est pas extraordinaire.
23:01Moi, je chante, et puis j'ai fait tout le reste.
23:04Et je faisais ce métier, alors c'était amusant,
23:06parce que Romain, quand il était petit,
23:08croyait que le métier de chanteuse,
23:11c'était le métier de maman,
23:13que toutes les mamans chantaient.
23:15C'était joli.
23:32Mais ce soir, j'ai envie
23:34De déposer mon tablier
23:37De me faire belle pour toi
23:39Comparée au passé
23:42Ton fauteuil et ton journal
23:44Tes cigarettes et la télé
23:47Ce soir, laissez-moi
23:49De côté chanter
23:52Fais-moi danser ce soir
23:55Je contrejoue et serai dans le noir
24:00Fais-moi la foudre mes premiers instants
24:04Comme cette nuit où tu as pris
24:07Mes dix-sept ans
24:10Emmène-moi danser ce soir
24:13Faire tous ensemble en la septembre
24:17Timidement, dis-moi, mes chiens
24:21Amoureusement, je suis restée
24:25Amoureusement, je suis restée
24:27Éclamée
24:55Rejoindre les mythes
24:57Il faudrait qu'à un moment donné,
24:58elles viennent en Rome.
24:59C'est vrai qu'à une...
25:01C'était quand ?
25:02Ça, c'était en 96.
25:05À 96, oui.
25:06J'ai eu cette envie
25:08de m'offrir cette belle affiche
25:10en noir et blanc,
25:11très sophistiquée,
25:13très léchée, comme ça, là, tu vois.
25:26Là, c'est un peu...
25:27Je suis un peu dure, hein.
25:28J'ai une expression un peu...
25:36C'est beau quand même, hein.
25:38C'est beau quand même.
25:40Ça me fait toujours plus rêver,
25:42même les films, les films en noir et blanc,
25:44les photos en noir et blanc
25:46de ces stars des années 40, 50, 40.
25:50Ça me...
25:51Et je voulais qu'on fasse une photo
25:53avec ce genre d'éclairage
25:55un peu mystérieux.
25:59Ah oui, mais je le sens.
26:00Ça, c'est la robe.
26:02C'est trop bête.
26:14Voilà.
26:15Aujourd'hui, ça date.
26:17Enfin, ça me semble...
26:18Voilà, c'est plus ça, quoi, aujourd'hui.
26:20Ça m'empêche pas d'aimer
26:21et d'aimer toujours ces films
26:23de cette époque-là
26:25et ces images de cette époque-là,
26:27mais je me sens mieux aujourd'hui
26:31en jean et en basket
26:33et moins coiffée,
26:35moins sophistiquée, bien sûr.
26:51C'est quand même un métier de mec.
26:52On est entouré de mecs.
26:53Il faut...
26:55Il faut...
26:56Il faut être fort.
26:57Il faut avoir du caractère.
26:59Moi, je...
27:00Voilà, il faut...
27:01La perfection de suite.
27:03Non, mais tu sais, je m'énerve après moi.
27:05Je m'énerve.
27:06Ma gorge se noue.
27:08Après, je me braque et puis voilà.
27:10Puis, je me plante et puis...
27:11Je me plante et puis là,
27:12je me branle.
27:13Je me branle et puis je...
27:14Je me branle et puis je...
27:15Je me branle et puis je...
27:17Je me branle et puis je...
27:19Je me branle et puis je...
27:20Je me plante et c'est fini, il vaut mieux arrêter.
27:23On reprendra demain.
27:25Je m'en veux, je m'énerve, j'aurais pas dû aller manger.
27:29Il fallait rester là.
27:31On est 20, il faut bien qu'ils bouffent, les mecs.
27:35Je fais un peu peur à tout le monde.
27:38Quand j'arrive, ils me font peur.
27:40Parce que je suis excessive,
27:43parce que les choses prennent des proportions ridicules.
27:48Je m'en rends compte après, c'est moi qui le sens.
27:51Mais je suis capable du pire.
28:18Les bords de mon corps n'ont plus de rouille
28:21Je ne suis pas une capricieuse, je suis...
28:26Ce que j'ai dit et que je ferai, je le fais.
28:29Jusqu'au bout, quoi qu'il arrive, je le fais.
28:32Je t'en prie, apprive-moi ce soir
28:36Plus je grandis, plus j'ai froid
28:40Je m'étire, ma gueule repose
28:45Je brise, pour voir l'amour en force
28:50C'est vrai que l'artiste pense beaucoup à sa gueule.
28:54Quand je dis sa gueule, c'est à son tour de chant,
28:58à ce qu'il va faire.
29:00L'artiste est angoissé.
29:02Avant une émission, avant un spectacle,
29:05quand il arrive dans une ville où il va chanter,
29:08c'est plus la femme, c'est l'artiste.
29:10Je sais que pour mon mari,
29:15c'est pas facile.
29:18Ça a toujours été ça, par rapport à mon métier.
29:22Sauf une fois, je crois,
29:25parce qu'il faisait le même métier que moi.
29:28Je lui reprochais pareil.
29:30Deux chanteurs ensemble, c'est pas possible.
29:41Il est six heures au clocher de l'église
29:45Dans l'escoir, les flammes politisent
29:49Il va sortir de la mairie
29:56Comme chaque soir, je l'attends, il me sourit
30:03Il faudrait que je lui parle à tout prix
30:09Je lui dirais les mots bleus
30:13Les mots qu'on dit avec plaisir
30:16Parler me semble ridicule
30:20Je m'élance et lui je recule
30:23Devant une fraise...
30:25Quand j'étais petite fille,
30:27j'avais l'habitude de donner des couleurs aux mots.
30:31Et j'avais l'habitude de donner des couleurs
30:35Et les mots les plus doux étaient bleus.
30:42Voilà une des raisons.
30:45Et puis, évidemment, c'est une belle chanson.
30:49Je ne vais surprendre personne.
30:52Tout le monde le sait.
30:54Le reste, pourquoi pas ?
30:57Je lui dirais les mots bleus
31:00Les mots qu'on dit avec plaisir
31:04Je lui dirais les mots bleus
31:07Ce qui rend les gens heureux
31:10Je l'appellerai sans le nommer
31:14Je suis peut-être démodée
31:17Le vent d'hiver souffle en avril
31:21J'aime le silence immobile
31:24D'une rencontre...
31:27D'une rencontre...
31:30Le temps, c'est magnifique aussi.
31:34C'est chiant, t'as des rides.
31:37Mais d'un autre côté, c'est magnifique.
31:40Parce que le temps atténue et adoucit.
31:43Adoucit toutes les colères...
31:46Il n'y a jamais eu de haine.
31:49Jamais, jamais.
31:51Les colères, bien sûr.
31:54Et puis le mal que tu as.
31:58Avec le temps, les choses s'adoucissent.
32:04Et tu pardonnes, heureusement.
32:10Il paraît
32:12Que tu sors avec elle
32:15Depuis au moins dix jours
32:17Il paraît
32:19Qu'elle est plus qu'une amie
32:21Pas encore un amour
32:23Je me suis plantée
32:25Il paraît
32:27Que tu n'as rien choisi
32:30La tendresse qu'elle te donne
32:34Ressemble à un défi
32:37Il paraît
32:39Il paraît
32:41C'est pas ça le texte
32:44Il paraît
32:47J'aime le vécu.
32:49J'aime m'en raconter.
32:52Mais il y a des fois,
32:56C'est un peu gênant.
32:58Cette chanson est sortie avant l'histoire.
33:01Je n'ai pas pu la chanter à ce moment-là.
33:04Quelle histoire ?
33:06Une histoire de couple,
33:08Une histoire banale.
33:10Et toute la vie l'empare
33:15Avec des mots qui blessent
33:19Mais c'est très contradictoire.
33:22Je ne vais pas faire des violons.
33:25Je voudrais qu'on me voit que sur scène.
33:28Je suis bien contente de me voir dans des magazines
33:32Et de passer à la télévision.
33:35Parce que ça fait tout un truc autour de toi.
33:39D'un coup, les gens te disent
33:41Je vous ai vu hier soir.
33:43Quand tu fais ce métier,
33:45En général, ça compte aussi.
33:48Mais quand même, d'un autre côté,
33:51Mon métier, ce que j'aime,
33:54C'est la scène.
33:56C'est ce que je donne et ce que je fais sur scène.
34:00Et l'idéal, ce serait de faire que ça.
34:04Et toute la vie l'empare
34:09Avec des mots qui blessent
34:13Comme les pages à spandales
34:18Où j'apparaîs sans cesse
34:22En victime intégrale
34:25Et toute la vie l'empare
34:29Avec des mots d'un juge
34:32Comme un tribunal
34:36Où je ferais figure
34:39D'actrice et de principa
34:43Et toute la vie l'empare
34:47Avec des mots qui blessent
34:50Comme les pages à spandales
34:53Où j'apparaîs sans cesse
34:57En victime intégrale
35:00Tu te donnes chaque fois.
35:03Et c'est pas très agréable
35:06De chaque fois se dévoiler, raconter.
35:10Parce que c'est l'intérêt.
35:12Les gens aiment bien qu'on donne un peu plus,
35:16mais c'est pas facile.
35:19On veut en même temps,
35:22et on y laisse des plumes.
35:26Je n'ai pas les mots, ma mère
35:30Je n'ai pas les mots pour te raconter
35:34Parler de ta voix, de ta joie, de tes colères
35:39Tu es lumière, tu es mystère
35:43Mais aussi caresse, tendresse
35:47Je n'ai pas les mots, ma mère
35:55Il y a chaque entrée en scène.
35:58Ma mère est là.
36:01Je prends cette alliance, je pense à elle.
36:05Ça me donne du courage aussi,
36:08pour une première, pour un truc.
36:12Je pense à tout ce qu'elle a fait pour que je sois là.
36:16Et qu'il faut que je sois bonne pour elle.
36:20Parce qu'elle a tout donné pour que je fasse ce métier.
36:24Je n'ai pas les mots, ma mère
36:28Je n'ai pas les mots pour te raconter
36:32Parler de tes yeux
36:36Appelle que je n'ai pas compris
36:40Regarde, chanson, ruisseau
36:44Juste au bord de tes cimes, ma mère
37:02Elle a eu un accident de voiture le 28 décembre.
37:09J'étais à l'Alcazar, à Marseille, avec Claude François.
37:15On s'était vus dans l'après-midi.
37:19J'étais venue dans l'après-midi...
37:23Je n'ai pas les mots pour te raconter
37:27Je n'ai pas les mots pour te raconter
37:33Les voir, le soir et le matin.
37:37Elle raccompagnait mon père
37:41qui allait prendre le train pour rentrer à Paris.
37:45Il n'y avait pas longtemps que je chantais.
37:49Je chantais depuis janvier 1964.
37:53J'avais une boulimie de travail.
37:57Après l'Alcazar, je viens. C'est promis.
38:01Ma mère me dit que c'est sûr.
38:06Je prends le train avec lui.
38:10Elle accompagnait mon papa à la gare le soir.
38:14Sur le retour, elle a eu cet accident.
38:18L'endroit où elle a eu son accident avec la voiture...
38:24Lorsque j'avais 14 ans, on était en mobilette.
38:28On allait à Vignon faire des courses.
38:32À un moment, elle s'arrête.
38:36Elle a un étourdissement.
38:40Je ne sais pas ce que j'ai eu.
38:44Elle se repose et on repart.
38:48J'avais 14 ans. C'était 4 ans avant.
38:52C'est l'endroit où elle a eu l'accident.
38:56Ça m'a troublée. Je ne sais pas à quoi ça correspond.
39:01J'aurais voulu qu'elle soit là un peu plus.
39:05Elle m'a accompagnée dans ma première tournée.
39:09Avec mon père, avec Brigitte, ma soeur.
39:13J'aurais voulu lui offrir la maison dont elle a toujours rêvé.
39:19Les premiers cachets, c'était pour eux.
39:23Toujours faire plaisir à ses parents.
39:31Mon père, oh mon père...
39:35Pépère, je t'appelle Pépère.
39:39Mon père, quand je pensais toi...
39:47Lorsqu'on m'a remis la médaille d'officier des arrêts des lettres,
39:51et la première fois aussi chevalier des arrêts des lettres,
39:55papa était là encore.
39:57Ma première réaction, c'était de lui envoyer une photocopie.
40:01Je savais qu'il allait être encore plus fier, plus heureux pour moi.
40:07C'est toujours ça.
40:09Ta première réaction, c'est penser à tes parents, leur faire plaisir.
40:13Je sais que c'est un peu comme ça pour tout le monde.
40:17Finalement, le jour de la remise de Castelbajac, Jean-Loup d'Abadie,
40:24leurs parents étaient là, leur mère, je crois, était là aussi.
40:28Je crois qu'on a tous cette première idée,
40:31faire plaisir aux parents et pour eux, toujours.
40:34Cette médaille, je voudrais la partager
40:37avec ceux qui ont fait que je suis là aujourd'hui,
40:41avec le public,
40:43et également avec Clément et Charles Thor, mes parents.
40:54Mon père, je t'aime, mon père.
40:58Mon père, je pense à toi.
41:04Toutes les choses difficiles,
41:07les moments de la vie très, très durs,
41:12quand on a la chance de monter sur scène,
41:18ça te sert, tu t'en sers.
41:21Tu t'en sers pour te laisser aller complètement à tes émotions.
41:28C'est l'amour qui fait qu'on aime
41:35C'est l'amour qui fait rêver
41:42C'est l'amour qui veut qu'on sève
41:50Qu'est-ce que tu prends le soir ?
41:52Tu prends sur scène, mais c'est pas fini.
41:55Après, tu entends des choses tellement touchantes,
41:59où les gens ont l'air de te dire que tu es importante,
42:03qu'on compte sur toi, que tu les aides, qu'une chanson les aide.
42:08C'est très prétentieux de dire ça, mais ça l'est pas,
42:11parce que je sais ce que c'est.
42:13Piaf, j'ai écouté Piaf.
42:16Elle m'a donné envie de chanter, cette femme.
42:18C'est ma maman qui me donnait envie de chanter.
42:21Et puis, il y avait Piaf.
42:23Dans l'amour, il faut des larmes
42:29Dans l'amour, il faut le donner
42:35Et ce qu'il y a de l'âme
42:43Je pourrai jamais t'aimer
42:49Il faut tant qu'étendre la main
42:56Pour croire que je pourrai t'aimer
43:01Je m'inscris...
43:03Il y a Mireille, du petit conservatoire de la chanson,
43:07qui passait dans ma région.
43:09Et je commence, mais à peine, la chanson.
43:12Elle m'arrête aussitôt en me disant...
43:15Est-ce que vous croyez qu'à 12 ans, on ne regrette rien ?
43:22L'horreur ! Je l'ai détestée.
43:25Pendant des années.
43:27Non, rien de rien
43:33Non, je ne regrette rien
43:38C'est payé, barillé, oublié
43:48Je m'en fous du passé
43:54Avec mes souvenirs, j'ai allumé le feu
44:00Mes chagrins, mes plaisirs
44:03Je n'ai plus besoin d'eux
44:06Là, je dois dire que l'interprétation de la chanson de Piaf par Michel Thorp,
44:10c'est un petit bijou.
44:12L'histoire dit que vous étiez au concert d'Edith Piaf.
44:15Oui, j'y étais.
44:17Comme un vieux peut être au concert d'Edith Piaf.
44:20Et la comparaison ?
44:22C'est deux interprétations différentes.
44:25Mais l'interprétation de Michel était magnifique.
44:28Pierre Delenoy, qui est à côté de moi, m'a dit...
44:31Elle le chante somptueusement, et je dois confirmer les choses.
44:35Le ciel sur nous peut s'effondrer
44:43Et la terre peut bien s'écrouler
44:49Peu m'importe si tu m'aimes
44:56Je me fous du monde entier
45:03Tant que l'amour inondera ma terre
45:10Tant que mon corps frémira sous tes mains
45:17Peu m'importe les problèmes
45:26Mon amour, puisque tu m'aimes
45:37Maintenant j'ai envie à nouveau de chanter du Piaf.
45:41Et de peut-être... Enfin, de peut-être, je vais le faire.
45:46De faire un spécial Piaf.
45:49De m'offrir ce plaisir.
45:51De revenir à mes premières amours.
45:54Et de chanter, de faire un tour de chant qu'avec des chansons de Piaf.
45:58Alors, par contre, on a dit...
46:00C'est jamais trop lent, celle-ci, mon Dieu.
46:03C'est bien ça, je ne me trompe pas.
46:05Il faut la freiner, la tirer, la tirer au maximum.
46:10Plus elle est... Plus elle tire comme ça,
46:13plus elle est belle, plus elle est efficace, je pense.
46:17On oublie le tempo, je suis libre complètement.
46:22Aujourd'hui, je me demandais si j'avais le droit, si je pouvais chanter.
46:26Non, je ne regrette rien, parce que non, je ne regrette rien, c'est Piaf.
46:30Milord, par exemple, je me demande si on a le droit de chanter Milord.
46:34Si on ne s'appelle pas Piaf, si on a le droit, c'est à elle.
46:38Une chanson comme Mon Dieu, par contre,
46:41c'est elle, c'est lié à sa vie, à sa souffrance, à son vécu.
46:46Mais quand je monte sur scène, moi, je...
46:50Je suis en état de prière.
46:53Donc, interpréter une chanson comme Mon Dieu,
46:57peut-être... Je ne sais pas comment ce sera pris de le dire,
47:01mais je m'identifie complètement et c'est ma chanson.
47:05Voilà.
47:12Oh oui, mon Dieu
47:17Laissez-le-moi remplir un peu
47:23Ma vie
47:28Mon Dieu, mon Dieu, mon Dieu
47:36Laissez-le-moi encore un peu
47:41Mon amoureux
47:46Laissez-moi tomber de moi
47:53Laissez-moi au seulement un mois
48:01Le temps de commencer ou de finir
48:09Le temps d'illuminer ou de souffrir
48:17Mon Dieu, mon Dieu, mon Dieu
48:24Même si j'ai tort
48:27Laissez-le-moi un peu
48:33Même si j'ai tort
48:38Laissez-le-moi
48:42Encore
48:51Il arrive un moment où tu es plus tranquille, plus sereine,
48:55où tu as moins envie. Tout à l'heure, je te disais aussi
48:58qu'il faut que je chante plus en retenue, plus cool,
49:01où tu as moins envie de prouver, où tu n'as rien à prouver,
49:05enfin, tu te laisses aller et tu es toi.
49:09Comme l'eau de la rivière
49:12s'en va toujours vers la mer
49:15Vers l'océan de l'amour
49:18se sont égarés mes jours
49:21Mal aimés, floués, trahis
49:24J'ai souvent payé le prix
49:27Les larmes et les insomnies
49:30Je connaissais moi aussi
49:35Je crois que c'est la vie, tout simplement.
49:38C'est le temps et c'est...
49:43Et c'est...
49:46tes parents qui partent,
49:50Vidal, la mort de Vidal,
49:54mon ex-mari,
49:56tout ça qui te font
49:59voir les choses essentielles, finalement,
50:03et apprécier aussi le présent, l'instant présent.
50:08Aujourd'hui, je donne la primeur à l'instant présent.
50:13Tout donner
50:16C'est ma seule histoire
50:19Mes défaites,
50:22Ma victoire
50:25Tout donner
50:28Et recommencer
50:32Tout donner
50:34Sans désespoir
50:38Tout donner
50:40Et donner encore
50:43Sans regret
50:46Sans remords
50:49Et je sais
50:52Pourquoi je suis né
50:55Simplement
50:58Pour donner
51:13Et je sais
51:15Pourquoi je suis né
51:18Simplement
51:21Pour donner
51:25Simplement
51:30Pour donner
51:39Tout donner
51:41C'est ma seule histoire
51:45Mes défaites,
51:48Ma victoire
51:51Tout donner
51:53Et recommencer
51:56Tout donner
51:58Sans désespoir
52:02Tout donner
52:04Et donner encore
52:08Sans regret
52:10Sans remords
52:13Et je sais
52:16Pourquoi je suis né
52:19Simplement
52:22Pour donner

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