Les 4 vérités - Sylvain Maillard

  • il y a 3 mois
Président sortant du groupe Renaissance à l’Assemblée nationale, Sylvain Maillard ne renouvellera pas sa candidature. Et c’est Gabriel Attal qui tient la corde pour prendre sa succession, seul candidat présumé à cette fonction. En effet, Gérald Darmanin et Elisabeth Borne ont finalement renoncé « dans un choix d’unité ». « Il nous semble important que notre groupe soit uni et il nous faut une seule direction » défend Sylvain Maillard.

À l’inverse, Yaël Braun-Pivet compte bien regagner son siège de présidente de l’Assemblée nationale. Un souhait largement approuvé par le camp présidentiel : « C’est le meilleur choix pour nous tous […] elle a vraiment été à la hauteur de sa tâche » souligne l’ancien président de Renaissance. Pourtant, les Français ont exprimé derrière les isoloirs, une volonté de changement, avec un bloc de gauche nettement supérieur. Ce qui pourrait, de facto, faire vaciller la présidente sortante. 


Gouvernement : l’introuvable coalition  

Dans ce grand feuilleton politique, chacun tente de trouver sa place dans cette nouvelle Assemblée toute neuve, qui reste néanmoins privée d’une majorité absolue. Au sein de l’ancienne majorité présidentielle, quelques dissensions se font sentir concernant le chemin à prendre en vue d’une future coalition. Tantôt à droite pour certains, tantôt à gauche pour d’autres, le camp présidentiel est dans l’impasse. Selon Sylvain Maillard, ce virage politique se précise : « Il faut nous ouvrir à gauche et à droite avec Les Républicains […] mais aussi avec les Socialistes qui veulent travailler dans l’arc républicain » affirme notre invité. Pourtant, ni Laurent Wauquiez à droite de l’échiquier, ni Olivier Faure sur la frange de gauche n’envisagent une alliance avec Renaissance. « Je crois que chacun sera appelé à la réalité des choses. Nous avons besoin de construire une coalition de l’arc républicain avec des objets politiques parfaitement identifiés. Nous sommes prêts à travailler sur des projets extrêmement précis » , poursuit-il. Grande gagnante de ces élections anticipées, la gauche quant à elle revendique la direction du gouvernement en vertu de sa majorité relative.

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Transcription
00:00En effet, bonjour Sylvain Maillard, vous êtes aussi le président sortant du groupe Renaissance à l'Assemblée.
00:06Votre poste, pour lequel vous ne concourez pas, il est l'un des plus convoités du moment puisque, sauf surprise, les candidatures devraient être connues aujourd'hui.
00:15Et c'est Gabriel Attal qui tient la corde. Est-ce que vous confirmez qu'il sera le seul, peut-être, candidat à cette fonction ?
00:21Oui, probablement. La fin des candidatures, c'est tout à l'heure à midi. Mais il est fort probable qu'il soit le seul candidat.
00:27Pourquoi Gérald Darmanin et Elisabeth Borne, qu'on avait annoncé, ont-ils finalement jeté l'éponge ?
00:33C'est un choix qu'ils ont fait et surtout dans un choix d'unité. Nous sommes dans un moment, évidemment, difficile, difficile pour la France.
00:41Nous cherchons une coalition et nous travaillons dessus. Je crois que nous sommes importants que notre groupe, qui est le deuxième groupe en taille de l'Assemblée nationale,
00:49nous serons une petite centaine de députés, doit être uni. Et pour être uni, il nous faut une seule direction.
00:57Et c'est le travail que j'ai mené et c'est le travail que chacun en responsabilité fera.
01:01Mais Gabriel Attal est officiellement candidat ?
01:04Il est officiellement candidat et il sera choisi, désigné. Nous, c'est un vote électronique demain.
01:11Est-ce que vous revendiquez aussi la présidence de l'Assemblée nationale ? Vous venez de dire que vous étiez le deuxième groupe le plus nombreux de l'Assemblée nationale,
01:20derrière celui du Rassemblement national. Est-ce que Yael Brown-Pivet a envie de se succéder à elle-même et est-ce que c'est votre souhait à vous ?
01:27Oui, c'est le souhait de Yael Brown-Pivet qui, je crois, a été une très bonne présidente. Moi, j'ai travaillé avec elle au quotidien.
01:33Je pense que c'est le meilleur choix pour nous tous, dans la situation dans laquelle nous sommes, de reconduire son mandat.
01:41Quand vous dites vous tous, vous pensez à qui ? Parce que les Français ne vous ont pas mis en tête de ces élections ?
01:46Je pense vraiment pour l'Assemblée nationale, dans le travail au quotidien de ce qu'elle fait, le respect des oppositions, le travail avec la majorité.
01:55Je crois qu'elle a été vraiment à la hauteur de sa tâche et donc il me semble normal de la reconduire.
01:59Mais les Français ont aussi exprimé, à travers leur vote, une volonté de changement, même s'il n'y a pas de majorité absolue.
02:06Il y a quand même des blocs qui sont, par exemple le bloc de la gauche, supérieurs aux vôtres. Est-ce que ce ne serait pas logique que la présidence de l'Assemblée
02:14émane plutôt de ce côté-là ?
02:16Vous me demandez de mon avis. Mon avis, c'est évidemment de voir quelles sont les forces en présence et de rappeler que le président ou la présidente
02:24de l'Assemblée nationale, elle doit représenter l'ensemble des députés. Et donc il y a une certaine hauteur à avoir et je pense, je trouve,
02:30qu'Yahuel Brown-Pivet est la bonne personne.
02:32Et un président de gauche ne pourrait pas avoir cette hauteur ?
02:34Je ne dis pas ça, je dis juste que je trouve qu'Yahuel Brown-Pivet, vous me posez la question, je vous y réponds de façon très directe.
02:40Votre avis plus objectif sur la situation politique ?
02:43Je voterai jeudi pour Yahuel Brown-Pivet.
02:45C'est clair. Ce feuilleton finalement pour les places importantes à l'Assemblée nationale, la présidence de votre groupe, la présidence au perchoir.
02:54Quelle impression cela donne aux Français selon vous, après ce qui s'est passé et après le vote de dimanche dernier où beaucoup de Français ont voté,
03:01beaucoup d'électeurs ? Est-ce que c'est le plus important aujourd'hui ces postes à l'Assemblée nationale ?
03:05Évidemment que non. Le plus important c'est de trouver une majorité et nous y travaillons dans l'éclatement qu'est devenu l'Assemblée nationale.
03:12Mais pour organiser le travail parlementaire, il faut un certain nombre de postes qui soient renouvelés parce que c'est ces députés-là qui organisent le travail.
03:20Sinon, c'est une cacophonie. Évidemment, ce n'est pas important pour les Français, mais pour le fonctionnement de l'Assemblée nationale, ce sont évidemment des moments importants.
03:27Vous y travaillez, mais vous y travaillez dans quelle direction ? Aujourd'hui, on sait qu'il y a des dissensions au sein de votre groupe.
03:34Faut-il se tourner plutôt vers la gauche, plutôt vers la droite, les Républicains ?
03:39Quelle est, vous, votre position ? Et vers quoi on se dirige ? Est-ce que vous avez des contacts en ce moment même ?
03:43Oui, des contacts, bien sûr. Nous avons commencé dès le lundi suivant notre élection. Nous, ce que nous avons porté à renaissance, c'est de dire qu'il faut nous ouvrir,
03:53et à gauche et à droite, avec évidemment les Républicains, le groupe Ensemble, d'abord Horizon, Modem et nous-mêmes, les Républicains,
04:02mais aussi les socialistes, ceux qui veulent travailler dans l'arc républicain.
04:06Nous, c'est notre objectif, c'est de faire en sorte de trouver une majorité stable. Ce n'est pas 200 députés, il nous faut 250-300 députés pour avoir une majorité stable,
04:14pour les 300 qui viennent. Ça va prendre du temps, j'ai vu Hittenberg, on a besoin de temps. On voit qu'en Allemagne, ça a duré plus de 4 mois.
04:20D'accord, mais vous entendez et Laurent Wauquiez à droite et Olivier Faure, par exemple, à gauche, je ne parle même pas des insoumis,
04:26qui vous disent non, on ne veut pas faire alliance avec vous, donc vous n'en tenez pas compte ?
04:30Vous savez, ils vont revenir comme nous tous dans leur circonscription, ils sont de retour aujourd'hui dans leur circonscription.
04:36Les gens ont peur. Les gens sont effrayés du fait que nous ne trouvions pas une majorité, ou pire encore, de se dire que la France insoumise pourrait être au pouvoir en France.
04:46Et donc, je crois que chacun sera appelé à la réalité des choses et que nous avons besoin de construire une coalition qui est de l'arc républicain,
04:54avec des objets politiques parfaitement identifiés. Ça va prendre du temps, aux républicains, aux socialistes, aux écologistes.
05:02Nous sommes prêts à travailler sur des projets extrêmement précis. D'ailleurs, c'est ce que nous avions commencé dans l'ancienne mandature.
05:09Beaucoup de lois ont été votées en transpartisant. Nous devons continuer à accélérer.
05:15Monsieur Maillard, vous n'admettez pas que la gauche, qui, sans avoir une majorité absolue, a quand même le bloc le plus important, revendique la direction du gouvernement
05:23et considère qu'elle a quand même une majorité très relative, mais une majorité quand même...
05:27J'ai vu qu'on peut vivre dans un monde parallèle, mais en fait, les mathématics vous rappellent à la réalité. Ils ont moins de 200 députés.
05:34Moins de 200 députés. Le moment où ils arrivent au pouvoir avec des députés LFI devenus ministres, nous voterons une motion de censure, immédiatement.
05:43Nous l'avons toujours dit. J'étais président du groupe Renaissance. Ensemble, nous avions 250 députés. Nous avons vu à quel point c'est difficile de gouverner avec 250 députés.
05:58Ils n'ont même pas 200 députés. Ça ne peut pas fonctionner. Il faut être réaliste. Il faut trouver une coalition avec beaucoup plus d'élargie. Ça va prendre du temps.
06:06Alors, ce temps-là, vous estimez que les Français se satisfont d'un gouvernement qui va expédier les affaires courantes ?
06:11Par exemple, Gérard Larcher dit pourquoi pas jusqu'à septembre. C'est du jamais vu en France. Est-ce que ça, c'est acceptable pour les électeurs qui, encore une fois, se sont déplacés en masse dimanche dernier ?
06:20Moi, ce que me disent mes concitoyens, c'est qu'ils veulent que ce gouvernement, au moins pour les Jeux olympiques... Alors, je suis en plus député de Paris.
06:25Il n'y a pas qu'à les Jeux olympiques. Il y a des décisions à prendre, notamment.
06:28Vous avez raison, mais au moins pendant le moment des Jeux olympiques, il va être un moment extrêmement fort. Le gouvernement qui a l'habitude, qui a travaillé les dossiers, soit en responsabilité, c'est ce qui va être le cas.
06:38Ensuite, ça va prendre quelques semaines pour trouver un nouveau gouvernement, une nouvelle coalition, mais ce que nous voulons, c'est une coalition stable pour les trois prochaines années, pas quelque chose qui va durer trois jours.
06:47Et Gabriel Attal, il peut rester Premier ministre et diriger le groupe parlementaire de l'Assemblée nationale ?
06:52Oui, quand vous voulez.
06:53Là, il y a un petit problème de double campagne.
06:54Non, parce que vous êtes en fait Premier ministre ou ministre en expédiant les affaires courantes, en fait, vous devenez député automatiquement.
07:01Et donc, évidemment, vous pouvez cumuler les deux fonctions.
07:05C'est transitoire et donc ça ne pose absolument qu'un souci.
07:09Ça ne pose pas de souci, dites-vous.
07:10Est-ce que vous souhaitez que le Rassemblement national, qui est quand même devant vous le premier parti, le premier groupe à l'Assemblée nationale, dispose par exemple d'une vice-présidence comme il l'avait avec Sébastien Chenu et de postes,
07:22puisque c'est le moment où aujourd'hui on décide qui va occuper ces postes-là, dispose de postes au sein de la direction de l'Assemblée ?
07:29Ce sera une des premières discussions et décisions que devra prendre notre prochain président de groupe.
07:35Et avec l'ensemble des députés, nous aurons une réunion mardi prochain pour discuter tous ensemble.
07:43Il y a deux options différentes, vous l'avez dit.
07:46Moi, je pense que c'est important que nos députés puissent s'exprimer dessus et qu'on puisse avoir une position majoritaire.
07:51C'est assez impactant pour la suite.
07:53Chacun a une histoire aussi par rapport à cela.
07:56Est-ce qu'il faut faire fonctionner comme d'habitude et représenter tout le monde ou bien avoir une position politique ?
08:01M. Maillard, vous avez donné votre avis sur Yael Brown-Pivet, que vous souhaitez voir reconduire au perchoir.
08:05Je suis très respecteux.
08:08Vous savez, j'ai présidé ce groupe pendant plus d'une année.
08:11Je suis très respecteux d'entendre les députés sur cette position-là parce que ce sera une position qui sera évidemment extrêmement impactante pour la suite.
08:18Mais vous, ça vous choquerait qu'il y ait encore un vice-président RN à l'Assemblée nationale ou vous seriez d'accord ?
08:22Permettez-moi vraiment, je veux absolument...
08:25Non, c'est pas que je ne veux pas vous répondre, c'est que je pense que c'est important que chacun de nos députés se prononce là-dessus.
08:29Je suis encore président pendant quelques heures.
08:32C'est la moindre des choses que je laisse les députés.
08:34J'ai toujours respecté cela.
08:35Je le continuerai jusqu'au bout.
08:36Merci pour vos réponses, Sylvain Maillard.
08:38C'est la suite de Télématin.
08:39Merci beaucoup.

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