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00:00Et 14h30 à Paris, bienvenue à vous tous dans ce Paris direct, bienvenue dans votre dernier rendez-vous, c'est derrière l'image.
00:06On prend le temps tout de suite de décrypter l'info à partir de photos qui font sens et nous recevons aujourd'hui Marlène Panara.
00:13Bonjour Marlène d'Infomigrants, vous avez embarqué il y a deux semaines tout juste à bord de l'Abeille Normandie,
00:19un navire des autorités françaises chargé de la surveillance et du sauvetage de migrants dans la Manche.
00:24Depuis le début de l'année, malgré les effectifs policiers déployés sur les plages du Nord,
00:28plus de 12 000 personnes ont débarqué au Royaume-Uni après avoir traversé le Détroit.
00:33Marlène, c'est la tradition, vous êtes venue ici en plateau avec un cliché, une photo qui fait sens, racontez-nous ce qu'on y voit exactement.
00:40Oui, alors sur cette photo que vous voyez à l'écran, on voit un sauvetage de migrants dans la Manche
00:45qui est opéré par les gardes-côtes britanniques au large de Douvres, qui est une localité au Royaume-Uni.
00:51Donc là, en fait, un par un, les 60 passagers sont extraits de l'embarcation pneumatique.
00:56On ne voit pas sur la photo, mais les agents, ils s'occupent d'abord des enfants.
00:59On a vu qu'il y avait un bébé qui avait été extrait de l'embarcation, qui était enmitouflé dans une doudoune.
01:04Il était vraiment au centre du bateau. Ensuite, ils s'occupent des femmes. Et puis en dernier, viennent les hommes.
01:11Donc pour vous décrire un peu l'atmosphère qu'il y avait derrière ce cliché, c'était un mélange de tension et de joie.
01:18Beaucoup de joie parce que les migrants étaient vraiment heureux d'être secourus, secourus par les Britanniques.
01:23C'est ce qu'ils voulaient. Il y avait beaucoup de sourires. Il y avait des personnes qui joignaient les mains en signe de remerciement.
01:30Il faut rappeler que ce sauvetage, c'est l'ultime étape de leur périple pour tous ces exilés qui, pour certains,
01:37sont partis depuis plusieurs mois de chez eux. Ils ont fait des milliers de kilomètres, les exilés soudanais.
01:41Il y avait quelques Soudanais dans ce bateau. Ils ont traversé des pays en Afrique.
01:46Ils ont traversé la Méditerranée, l'Italie, puis la France avant d'arriver jusque là.
01:50Donc c'est vraiment un moment de joie pour eux. Puis il y avait aussi de la tension.
01:54Donc là, on ne le voit pas sur la photo, mais les gardes-côtes britanniques, ils crient des ordres aux migrants.
01:59Ils leur disent de s'asseoir parce qu'en fait, pour leur sécurité, c'est vraiment indispensable.
02:04Et puis aussi, il y a des migrants qui ont peur parce qu'ils ont peur de tomber à l'eau.
02:08On le voit, le canot, il est quand même surchargé. Tout le monde ne sait pas nager.
02:12Et en cas de panique, en cas de mouvement de foule, cette embarcation pneumatique, elle peut très facilement se renverser.
02:19Donc le risque de noyade, lui, il reste quand même très élevé.
02:22Alors c'est vous qui avez pris ce cliché. Vous vous trouvez, vous, sur un autre navire, un bateau des autorités françaises.
02:29Oui, c'est ça. En fait, cette photo, je l'ai prise depuis un Zodiac des autorités françaises,
02:33d'un navire français qui s'appelle l'Abeille Normandie.
02:37Donc cette embarcation, on l'a suivie depuis son départ des côtes françaises à Gravelines, précisément six heures avant.
02:45Et donc tout ce temps, en fait, nous, on a suivi cette embarcation qui a navigué assez difficilement,
02:51il faut le dire, dans la mer parce qu'on le voit, la mer est calme. Mais il y a quand même des courants.
02:54Il y a quand même des vagues. Les courants, ils ont d'ailleurs fait dériver pendant au moins une heure
02:59les migrants de la frontière franco-belgique qui se trouve en pleine mer.
03:04Donc on voyait que le bateau sur les derniers kilomètres, c'était vraiment compliqué pour lui d'avancer.
03:08Puis ils ont quand même fini par arriver de ce côté-là.
03:13Le canot, il a aussi croisé beaucoup de navires commerciaux, beaucoup de cargos immenses.
03:19Voilà, on le voit sur cette photo. D'ailleurs, on voit bien le tout petit canot de migrants avec cet énorme bateau.
03:27Ce qui le rend, on le devine, la traversée encore plus difficile parce que traverser au milieu de tous ces bateaux,
03:31c'est très dangereux pour les embarcations.
03:33Et d'ailleurs, la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord, elle rappelle très régulièrement en ses communiqués
03:39que ce secteur maritime, c'est une des zones les plus fréquentées au monde
03:44et que 600 navires de commerce y transitent par jour.
03:47Donc on le voit bien sur la carte qui est derrière moi, cette frontière franco-britannique qui coupe littéralement la Manche en deux.
03:54Et puis on voit bien aussi la distance qui sépare Douvres des côtes françaises.
04:00Alors, si je vous suis bien, vous avez suivi ce canot pendant plusieurs heures.
04:05On n'a à aucun moment porté assistance à ces migrants. Pourquoi ?
04:09Alors, en fait, l'objectif premier de la Haïvaï-Normandie, c'est d'assurer la sécurité des exilés dans la mer.
04:15En France, les autorités, elles n'interceptent pas les bateaux de migrants,
04:19comme ça peut être le cas, par exemple, en Méditerranée par les gardes-côtes tunisiens
04:24ou dans l'Atlantique par les gardes-côtes marocains.
04:26Dans la Manche, quand le centre de secours de la région, donc là, il s'appelle le Cross Grinet,
04:31détecte un départ depuis une plage, ça peut être depuis la plage de Gravelines, ça peut être depuis des plages de Calais,
04:39il alerte les différents moyens français qui se trouvent dans la zone, dont la Haïvaï-Normandie, qui est, lui, affrétée par la marine nationale.
04:47Une fois l'alerte donnée, l'équipage de la Haïvaï-Normandie, il se rend sur le lieu qui est indiqué.
04:52Donc Véronique Magnin, la porte-parole de la préfecture maritime, elle nous a expliqué cette procédure, on peut l'écouter.
04:59On se rapproche, soit pour faire une analyse de situation sur place.
05:03Est-ce que l'indication est en route ? Est-ce que les gens à bord demandent assistance parce qu'il y a un blessé,
05:08parce qu'il y a une crise de panique, parce que l'embarcation avance difficilement ou autre ?
05:13Là, les migrants, en général, ne sont pas très heureux de voir des moyens français venir,
05:17parce que ce qu'ils cherchent, c'est vraiment avoir une intervention avec un moyen britannique, passer en Grande-Bretagne.
05:22Dans ce cas-là, le risque ne sera pas pris de faire du bord à bord et de forcer les gens à monter sur cette embarcation-là,
05:28parce que ce qui est craint, c'est un effet de foule.
05:31Les derniers, malheureusement, d'essais qu'on a eu en mer, c'était des personnes qui se sont piétinées dans l'embarcation.
05:36C'est vraiment ce qu'on cherche à éviter. L'intervention ne le justifie pas.
05:41Comme le dit la porte-parole, la première chose à faire, c'est de voir si les migrants ont besoin d'aide ou pas.
05:47Évidemment, si des personnes demandent assistance ou si l'équipage constate qu'il y a une avarie de moteur, là, un sauvetage est déclenché.
05:54Comment se déroule alors cette opération de secours si elle est réclamée ?
05:58Un peu comme leurs collègues britanniques, les Français vont extraire un à un les passagers dans l'embarcation sur leur zodiac.
06:05Les personnes sont sauvées par petits groupes de dix.
06:08Une fois secourues sur le zodiac, on les emmène sur le navire normandien, qui est beaucoup plus gros.
06:15Là, elles seront prises en charge par l'équipage.
06:17Je vous propose d'écouter une nouvelle fois Véronique Manin qui nous explique ce qui se passe à bord.
06:26Elles sont prises en charge avec des vêtements secs, avec des couvertures de survie, parce que souvent les gens ont froid.
06:31Et quand ils sont partis dans l'embarcation, ils ont marché dans l'eau.
06:35En général, ils sont trempés.
06:36Une fois qu'on a eu cette étape-là, ils sont pris en charge pour la partie médicale.
06:41Certains médecins ne le sauront pas, jusqu'à ce que la tour gagne le mieux.
06:45Le jour de votre reportage, si je comprends bien Marlène, les migrants n'ont pas demandé assistance.
06:51Oui, parce qu'en arrivant sur zone, l'équipage de la baie Normandie a vu que le canot avançait à l'ure régulière.
06:57Il n'y avait pas de problème de moteur.
06:59Même s'il était surchargé, il arrivait à naviguer.
07:03La plupart des passagers avaient des gilets de sauvetage, bien que les enfants avaient seulement des couvertures de survie.
07:10Et surtout, personne ne demandait à être secouru.
07:13Dans ce cas-là, on ne prend pas de risque.
07:15On ne va pas sauver les personnes qui ne le veulent pas.
07:18La baie Normandie est restée environ 200 mètres de l'embarcation.
07:23On l'a suivie jusqu'aux eaux anglaises.
07:25Et puis ensuite, comme je vous l'ai dit, il est resté disponible en cas de problème auprès des gardes-côtes britanniques
07:31en postant un petit zodiac près de l'embarcation qu'on voit vu de drone au cas où une personne tomberait à l'eau.
07:39Ce jour-là, 257 personnes au total sont arrivées dans les eaux britanniques sur quatre canots différents.
07:45Ces quatre canots ont été aussi surveillés par d'autres moyens français qui ont été déployés ce jour-là.
07:52Depuis le début de l'année, vous l'avez dit, mais je le rappelle, il y a plus de 12 000 migrants qui ont traversé la Manche de cette manière.
07:59Et puis, côté français, pour vous donner quelques chiffres, vous donner une idée de l'ampleur de ces secours.
08:04Depuis le 1er janvier 2024, le Croix-Grenée a coordonné plus de 300 opérations de secours de migrants,
08:11ce qui représente plus de 2700 personnes sauvées en mer.
08:15Et puis pour toute l'année 2023, elles étaient 6000.
08:19Ces chiffres sont importants à rappeler parce qu'ils sont significatifs de la situation qui prévaut dans la Manche,
08:25puisque depuis trois ans ou quatre ans, il y a beaucoup plus de traversées qu'avant.
08:28L'abbaye normandie, d'ailleurs, sa mission première, ce n'est pas de secourir les migrants,
08:32c'est de remorquer les cargos qui sont en détresse dans la Manche.
08:36Et aujourd'hui, c'est 60% de son temps, c'est de secourir les migrants dans la mer.
08:41Pour les membres d'équipage, c'est aussi du changement, puisque ce sont des missions auxquelles elle ne s'attendait pas un jour être affectée.
08:47Et donc maintenant, ça fait deux ans que le bateau sillonne la Manche pour cette mission,
08:52aux côtés de six autres navires français, des navires de la gendarmerie, de la douane,
08:57dont l'objectif, c'est de sillonner quotidiennement la Manche à la recherche de small boats.
09:04Pendant votre reportage, ce n'était pas prévu, mais ce navire n'a pas demandé assistance.
09:08Est-ce qu'ils le font souvent de réclamer de l'aide ces migrants qui, on le sait, l'enjeu, c'est d'arriver de l'autre côté ?
09:16Tout ça, ça dépend, en fait, comme je vous l'ai dit, de la situation à bord.
09:21Si on voit qu'au bout d'un moment, le moteur commence à avoir du mal à se mettre en route, qu'il y a des personnes qui se sentent mal.
09:29Parfois, les migrants aussi, au début, ne demandent pas d'être secourus.
09:33Et puis finalement, il y a quelqu'un qui se sent mal.
09:35Donc tout ça, c'est très changeant. C'est pour ça que le bateau reste tout le temps à proximité.
09:41Alors ces bateaux qui ont à charge la sécurité des migrants, on l'aura bien compris.
09:45Mais dans le même temps, Paris et Londres, ça c'est d'actualité, ont multiplié ces dernières années les mesures de dissuasion pour empêcher les traversés de la Manche.
09:53Oui, alors les passages par cette route, ils ont explosé depuis quatre ans.
09:56Puisque l'Eurotunnel, pour le coup, lui, qui est un peu le passage historique, on va dire, pour l'Angleterre, est ultra-surveillé, ultra-militarisé.
10:05Donc depuis quelques années, Paris et Londres multiplient les mesures dissuasives pour lutter contre les traversés en mer.
10:11En mars 2023, par exemple, les Britanniques ont signé un accord avec Paris qui prévoit de verser plus de 500 millions d'euros sur quatre ans à la France pour militariser la frontière maritime.
10:22Donc aujourd'hui, il y a beaucoup d'effectifs policiers qui patrouillent sur les plages du Pas-de-Calais, aidés de drones, de radars, de caméras thermiques.
10:30Avant ça, en 2022, il y avait eu un autre accord financier insigné par les autorités où là, c'était une enveloppe de 72 millions d'euros qui avait été négociée.
10:40Et puis depuis le début de l'année dernière aussi, les autorités françaises, on le voit, ont trouvé un autre dispositif.
10:47Ils installent des bouées dans les rivières de la région.
10:51Là, comme on le voit sur la photo, ce sont des grosses bouées jaunes.
10:54Là, c'est dans la Canche, en l'occurrence, qui empêchent les embarcations de migrants de prendre ces rivières et qui débouchent ensuite sur la mer.
11:01Est-ce que ces mesures sont efficaces aujourd'hui ?
11:04Pas vraiment, parce que désormais, pour éviter les patrouilles de police dans le Pas-de-Calais, les passeurs organisent les traversées plus au sud.
11:11Donc de plus en plus de bateaux sont, par exemple, détectés dans la baie de Somme, au large du Touquet, dans des villes où au départ, on ne voyait vraiment pas d'embarcations de migrants.
11:19Ça rallonge aussi considérablement la distance qui sépare la France de l'Angleterre pour les embarcations.
11:25Les trafiquants font aussi partir les bateaux dans les rivières, ce qu'on a vu, on a vu la photo de la Canche tout à l'heure,
11:31plutôt que depuis les plages, pour éviter les forces de l'ordre.
11:34Mais ça, ça rend aussi l'embarquement beaucoup plus dangereux, parce que les migrants sont obligés de s'immerger,
11:39parfois jusqu'aux épaules, pour pouvoir atteindre le bateau et pouvoir monter dedans.
11:43D'ailleurs, début mai, il y a un migrant qui est décédé dans un canal proche de Dunkerque,
11:47qui s'appelle le canal de Bourbourg, en tentant d'embarquer dans un bateau.
11:51Et en mars aussi, une fillette de 7 ans est morte noyée dans un autre canal, celui de l'A.A., près de Calais, en tentant de grimper dans une embarcation.
12:00Donc cette route maritime, en fait, même si elle paraît plus courte que les autres,
12:04on regarde la Méditerranée et de l'Atlantique, les distances sont vraiment beaucoup plus minimes,
12:10et ça reste quand même très meurtrière, puisqu'en 2024, déjà 16 personnes sont mortes en tentant d'atteindre le Royaume-Uni,
12:1612 sont décédées en 2023, et pour rappel, le naufrage le plus meurtrier sur cette route, il a eu lieu le 24 novembre 2021,
12:24où 27 personnes étaient mortes près de Calais.
12:27Sur un volet peut-être un peu plus politique, pour finir, la semaine dernière,
12:31les travailleurs sont sortis vainqueurs des législatives britanniques.
12:35Que prévoit de faire le futur Premier ministre, Keir Stammer, dans la manche ?
12:38Alors, il l'a confirmé ce week-end, le plan Rwanda, lui, sera totalement supprimé.
12:43Cette loi, elle prévoyait d'envoyer les demandeurs d'asile, qui étaient arrivés également au Royaume-Uni,
12:48donc par la manche, notamment à Kigali.
12:50Elle avait été très critiquée par les ONG, par les instances internationales,
12:54et bloquée par la justice britannique.
12:56Bon, au final, elle ne verra jamais le jour.
12:59En revanche, le Premier ministre ne va pas assouplir la politique migratoire du pays pour autant.
13:05Il ne compte pas, par exemple, ouvrir de voie d'immigration légale pour le Royaume-Uni.
13:10Lors de sa campagne, d'ailleurs, il s'est engagé à réaffecter les fonds du programme rwandais
13:15à la création d'un nouveau, ce qu'il appelle, commandement d'élite de la sécurité des frontières.
13:21Ce commandement sera inspiré de la lutte antiterroriste.
13:25Et donc, il prévoit l'embauche de centaines d'agents spécialisés dans la lutte contre le trafic d'êtres humains,
13:31des agents de renseignement et aussi encore plus de policiers transfrontaliers.
13:35Merci beaucoup, Marlène Panara.
13:39Marlène, votre reportage à retrouver, évidemment, sur le site infomigrants.fr.
13:43Elle compte TikTok d'infos migrants.
13:46On vous retrouvera la semaine prochaine, comme c'est le cas chaque mardi, dans Paris Direct.

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