Tomer Sisley : Un acteur, une histoire, une identité forte du cinéma français

  • il y a 2 mois
Tomer Sisley, acteur principal du film “Largo Winch 3”, a partagé son parcours à David Marmier lors du Festival de la Baule 2024. Né à Berlin et ayant grandi en France, Sisley se considère comme un éternel étranger, une identité qui enrichit son jeu d’acteur. Il deviendra animateur de télévision en septembre 2024 !
Transcript
00:00Bonjour et bienvenue à la radio du cinéma.
00:02Bonjour, je suis ravi d'être là, merci.
00:03Alors, vous êtes là en fait pour présenter le film Largo Winch 3,
00:07qui connaît un succès assez probant actuellement.
00:11Mais avant ça en fait, j'aimerais que vous nous présentiez un petit peu
00:14qui est Tomer Gazit, c'est-à-dire en fait,
00:17comment vous êtes arrivé dans ce milieu, le milieu du cinéma,
00:20et qu'est-ce qui a décidé un petit peu de comment aujourd'hui vous êtes un acteur.
00:24Je suis né en 1974 à Berlin, en Allemagne.
00:29Je pensais que j'étais un petit Allemand.
00:32J'avais des parents israéliens, à la maison on parlait hébreu.
00:38Mes grands-parents étaient biélorusses, lituaniens et yéménites.
00:45À l'âge de 9 ans, on m'amène en France.
00:52Je découvre une nouvelle langue, une nouvelle culture.
00:56Et puis ensuite, à 11 ans, j'intègre une école avec un cursus en anglais pseudo-américain.
01:06Bon, voilà, moi très rapidement, je ne savais plus trop qui j'étais, d'où je venais,
01:11c'est quoi mes racines, c'est quoi ma culture.
01:14Et puis ça ne m'a pas totalement achevé.
01:20Et comme vous connaissez l'adage, ce qui ne nous tue pas nous rend plus forts.
01:26Aujourd'hui, ça a fait un petit mélange qui fait que je pense toujours à un étranger partout,
01:36même si aujourd'hui mon pays, ma patrie et ma culture, c'est la France.
01:40Mais je vois bien que je ne coche pas toutes les cases et que je serai éternellement un étranger un peu partout.
01:53Au fond, c'est quand même une certaine force.
01:55Mais oui, je pense.
01:56L'angle d'attaque, quelque part, en fait, est un peu différent.
01:59Et créativement parlant, je pense que ça vous donne une force supplémentaire.
02:02Oui, oui, certainement.
02:03Ça ramène peut-être plus de cordes à son arc, ça c'est sûr.
02:07Thomas, en 1996 jusqu'en 2006, vous allez un petit peu explorer ce qu'on appelait à l'époque les sitcoms, en fait.
02:13Ça va un petit peu vous révéler entre guillemets au grand public.
02:16Est-ce que c'est à ce moment-là où vous prenez votre identité de Thomas Sisley, par exemple ?
02:20Oui. Thomas Sisley, c'était le nom de naissance de mon père.
02:25C'est juste que son père, à lui, a changé de nom en Israël quand mon père avait 12, 13 ans.
02:36Ils sont passés de Sisley à Gazit.
02:38Et moi, je suis juste revenu en arrière, j'ai repris Sisley.
02:41Mais oui, effectivement, c'est en 1996 que j'ai repris le nom de Sisley, oui.
02:46Votre actualité, Largo Winch 3, le prix de l'argent, vous pouvez nous en dire quelques mots ?
02:51En fait, je trouve que c'est un film qui correspond à des traits de personnalité qui vous appartiennent complètement.
02:57Disons que j'ai pas mal de points communs avec le personnage, oui.
03:02Le personnage de Largo Winch, c'est pareil.
03:06C'est quelqu'un qui a été déraciné.
03:08C'est quelqu'un qui est un peu seul contre tous, qui est rebelle dans la tête,
03:12qui parle plein de langues, qui a le goût de l'aventure.
03:16On coche pas mal de cases communes, Largo et moi.
03:22Ce troisième opus arrive 13 ans après le dernier.
03:27Et c'est pas plus mal parce que c'est l'assurance de faire quelque chose de nouveau.
03:35On a marqué un petit virage dans ce troisième volet de Largo,
03:41un peu de la même manière que Casino Royale était un virage dans la franchise James Bond,
03:50de par beaucoup de choses.
03:52La première étant que, contrairement à la bande dessinée où Largo Winch a éternellement 27-30 ans,
04:00là, Largo...
04:03Il a pris de la maturité.
04:05Il évolue, il a pris 13 ans dans la gueule.
04:08Un peu comme moi, si vous voulez.
04:10C'est pas mal parce qu'il n'y a pas beaucoup de franchises où les héros évoluent dans le temps et dans l'âge.
04:19Et donc les enjeux de Largo ne sont plus du tout les mêmes.
04:24La dernière fois, quand on l'a quitté, c'était un éternel adolescent rebelle dans sa tête.
04:31Aujourd'hui, c'est le papa d'un adolescent qui a 16-17 ans et qui est lui-même rebelle.
04:38Et donc quand on est parent d'un môme, on ne peut pas rester rebelle éternellement.
04:46On est obligé à un moment donné de se poser des bonnes questions sur les valeurs qu'on a envie d'inculquer,
04:55ce qu'on a envie de transmettre.
04:58Et donc forcément, les enjeux ne sont plus du tout les mêmes.
05:03Dans les deux premiers opus, Largo, c'était le fils d'un milliardaire qui n'en avait que faire de ses milliards
05:12et qui ne pensait qu'à l'aventure.
05:15Aujourd'hui, c'est un papa.
05:18Donc il a quelque chose à perdre, son fils.
05:21Or, dans ce troisième volet, je ne vais rien dévoiler si je vous dis qu'à la cinquième minute, on lui enlève son fils.
05:28Et voilà.
05:30Donc il va passer pas mal de temps à essayer de le retrouver.
05:35Vous avez pour l'occasion en fait eu l'occasion de travailler avec James Franco,
05:39qui est quand même un personnage, on va dire, de notoriété internationale.
05:44C'est un joli challenge, je pense, de se mettre un petit peu en face d'un personnage aussi énigmatique, puissant.
05:54Il y a plein de qualificatifs.
05:55Oui, carismatique, si vous voulez.
05:56C'est ça.
05:57Et parlez-nous un petit peu de cette relation.
06:00On a vu ça et là qu'il y a eu des choses qui se sont passées qui étaient extrêmement intéressantes.
06:04Mais pour vous, c'était un joli challenge professionnel.
06:06Expliquez-nous un petit peu cette relation.
06:08Qu'est-ce que ça a véhiculé en vous en termes d'expérience professionnelle ?
06:13Pour moi, ce n'était absolument pas un challenge.
06:16C'était un plaisir de chaque instant et c'était plutôt facile.
06:21Ce n'était pas challengeant dans la mesure où quand vous travaillez avec des acteurs qui sont bons,
06:27qui ont le talent qu'il a et qui ont en plus de ça le charisme, le charme animal et un truc qui se dégage.
06:40Ce mec, James Franco, il n'a pas besoin de beaucoup de texte pour vous mettre les poils.
06:48Et du coup, quand on est face à lui en tant qu'acteur, c'est assez extraordinaire
06:54parce qu'on est tout de suite plongé dans la scène.
06:56Je n'ai pas besoin de me raconter des choses.
06:58Je les vis moment par moment avec lui.
07:03Et donc, James, c'est un acteur qui est très instinctif, qui a quelque chose de très animal.
07:09Et moi, ça me parle.
07:11Or, en plus de ça, il joue un petit peu le némésis de Largo.
07:21Il fallait quelqu'un qui envoie du stoic.
07:24Et je pense qu'on aurait eu du mal à trouver mieux que James Franco pour ça.
07:28La radio du cinéma, réplique et musique culte.
07:32Je sais que vous allez me demander mon film préféré, ma réplique préférée et ma musique préférée.
07:37Les trois viennent du même film.
07:39Le film, c'est Le Bon, la Brute et le Truand.
07:44La musique, c'est Ecstasy of Gold, qui est l'un des tout derniers morceaux dans le film.
07:54Un moment où Touko, interprété par Ilay Oualak, se retrouve dans le cimetière et cherche la tombe à l'intérieur de laquelle il y a le trésor caché.
08:06C'est une musique qui est complètement folle.
08:08Le plan est fou.
08:10Et la réplique culte vient du même film.
08:14Et c'est encore Touko qui l'a dit.
08:17Un des personnages du film, un méchant qu'on découvre au tout début du film,
08:24finit par retrouver Touko qui est en train de prendre un bain et veut le tuer.
08:32Il menace d'une arme, il lui dit « tu m'as tiré dessus et du coup j'ai perdu l'utilisation de mon bras droit,
08:41mais entre temps j'ai eu le temps d'apprendre à tirer avec la main gauche et d'un coup il y a eu une détonation. »
08:47Et c'est Touko qui prend toujours un bain avec son flingue.
08:53Il avait un flingue sous la mousse, planqué derrière la mousse.
08:56Il vient d'abattre le mec qui était en train de raconter sa vie.
08:59Il se lève, il le regarde et il lui dit « quand on veut tirer, on tire, on raconte pas sa vie. »
09:06Quand on tire, on raconte pas sa vie.
09:09Quand on veut tirer, on tire, on raconte pas sa vie.
09:12Alors je vais vous dire, si vous êtes en train d'écouter cette radio, c'est probablement que vous aimez le cinéma,
09:17c'est probablement que vous aimez la musique de Sinosh.
09:21Donc s'il vous plaît, continuez à écouter ça parce qu'on a besoin de vous,
09:26surtout en ces temps un petit peu compliqués.
09:30Merci pour la culture !

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