Un été sans fin

  • il y a 3 mois
À Marseille, il y a le Vieux Port, Notre-Dame de la Garde et celui qu’on surnomme "le Bowl" du Prado.Mais, contrairement à ces lieux symboliques, la légende de ce skatepark de référence mondiale ne

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Sport
Transcription
00:00C'est ce qu'il y a de plus important dans la vie de l'homme.
00:02C'est ce qu'il y a de plus important dans la vie de l'homme.
00:30C'est ce qu'il y a de plus important dans la vie de l'homme.
01:00Tout vient de ce petit truc en fait.
01:08N'importe quel skatepark du monde que j'ai fait,
01:10j'ai fait le tour du monde,
01:12j'ai fait plein de skateparks et chaque fois je me disais
01:14ça vaut pas le bol le Marseille quand même.
01:22Qu'est-ce qui fait que les Américains
01:24viennent à Marseille
01:26utiliser cet équipement ?
01:28Qu'est-ce qu'il y a de particulier ?
01:38C'est mon pote,
01:40c'est ma maison, c'est mon jardin.
01:42C'est un chef-d'oeuvre.
01:52Je me rappelle, j'étais arrivée ici,
01:54je m'étais dit putain mais c'est fou,
01:56on dirait la Californie quoi,
01:58je savais pas que ça existait en France.
02:04On venait là, on se focalisait sur le bol,
02:06sur le riding, on kiffait trop,
02:08on allait se baigner l'été,
02:10moi je referais pas ma vie sans le bol.
02:16Imagine, tu vas au festival local,
02:18tu vas voir les stars et tout,
02:20à la fois c'est irréaliste,
02:22c'est aussi un côté parenthèse.
02:24En arrivant ici, il y a la mer,
02:26il y a le bol et il y a les grands noms du roller.
02:30Ce qui va basculer,
02:32c'est que ça va pas durer le temps d'un festival,
02:34c'est que ça va durer la vie.
02:54Il faut regarder l'objectif, comme ça.
03:00La naissance du bol
03:02est intrinsèquement liée
03:04à mon travail d'étudiant.
03:06Moi j'ai toujours dessiné
03:08et ça me plaisait,
03:10je me suis dit, il y a peut-être un potentiel,
03:12une compétence que j'ai,
03:14qu'il faut que je développe.
03:16Je me suis dit,
03:18il y a peut-être un potentiel,
03:20une compétence que j'ai,
03:22une compétence que j'ai, qu'il faut que je développe.
03:24Donc je me suis inscrit en archi.
03:26On faisait des choses extraordinaires,
03:28on passait notre temps à dessiner.
03:30Les profs me connaissaient,
03:32ils mettaient à côté de mon nom une planche à roulettes
03:34plutôt que mon nom.
03:36Donc déjà, ils identifiaient l'individu un peu particulier.
03:40Ce que j'aimais,
03:42c'est de faire du skateboard.
03:44Tous les mercredis, samedi, dimanche,
03:46je faisais du skate.
03:48Depuis que j'avais vu ça dans un magasin
03:50à Nantes,
03:52j'étais complètement dingue de ça.
03:54Ma génération, c'est une génération de liberté.
03:56Moi, je suis un enfant des années 80.
03:58C'était des années extraordinaires.
04:02Quand je suis arrivé à Marseille,
04:04pour moi, c'était un choc bisbel.
04:06Il y avait des gens qui couraient partout,
04:08qui faisaient du windsurf, qui faisaient du surf.
04:10Je me suis dit, waouh.
04:12Les plages de Marseille,
04:14elles étaient en cours d'aménagement,
04:16donc ils ont fait des tuyaux,
04:18des pipelines.
04:20Moi, comme j'avais déjà fait du pipeline,
04:22je savais ce qu'il en était.
04:24Les ouvriers, les chefs de chantier
04:26nous laissaient rouler dans les pipelines.
04:28Ça a finalement créé une communauté
04:30qui faisait du surf
04:32et des gens qui rêvaient aussi
04:34de skateboard, de Californie, etc.
04:36Ça a amené plein de gens.
04:38Il y avait des BMX
04:40qui avaient découvert le Royaume d'Espagne.
04:42On est allés voir
04:44cet endroit,
04:46c'était vraiment extraordinaire.
04:54Ça me fait bizarre d'arriver ici
04:56parce que ça doit faire une dizaine d'années
04:58que je ne suis pas passé.
05:00Je savais qu'ils l'avaient bouché,
05:02mais aussi curieux que ça puisse paraître,
05:04ici, c'était le premier skatepark de Marseille.
05:06C'était le bol du Roi d'Espagne,
05:08une ancienne mare à canard
05:10avec une forme très particulière.
05:12On aurait dit une espèce d'animal aquatique
05:14vu du dessus.
05:16Ce lieu va donner
05:18à ma génération de skateurs marseillais
05:20la vista
05:22et l'envie de faire du skate
05:24en se relançant
05:26grâce aux courbes.
05:28À cette époque, quand on l'a découvert,
05:30ça devait être 85-86,
05:32la dynamique qu'on pouvait avoir dedans
05:34se retrouve dans un skatepark
05:36tel que Delmar ou Upland,
05:38des images qu'on pouvait voir dans des petites vignettes
05:40sur des magazines tels que B-Cross Magazine.
05:42On s'est dit que finalement,
05:44on avait ça au pied de chez nous
05:46et qu'on pouvait peut-être
05:48essayer de reproduire les mêmes tricks
05:50qu'on voyait dans ces magazines.
05:52Il y a eu beaucoup de gens qui ont déblayé,
05:54nous on a réparé,
05:56on a mis en bas des plans inclinés,
05:58on a mis des courbes, etc.
06:00Il y a eu un travail de fond et il y a eu beaucoup de gens
06:02qui sont venus là, mais c'est vrai que le Roi d'Espagne,
06:04c'était notre petit bol à nous
06:06et tous les éléments étaient là.
06:08Cet endroit, on l'a gardé secret,
06:10on était déjà à l'époque très peu à faire du skate,
06:12le secret, plus on était skateurs,
06:14plus on était heureux, donc on n'était pas du tout
06:16à faire de la rétention d'infos,
06:18tous ceux qui pouvaient venir étaient bienvenus.
06:22J'ai compté jusqu'à 200 personnes
06:24qui nous regardaient faire,
06:26plus une soixante-dix,
06:28jusqu'à cent skateurs en même temps,
06:30donc c'était vraiment un spot incroyable.
06:40Il y a des tournées de marques de skate
06:42qui viennent sur Marseille,
06:44dont Santa Cruz, Alva,
06:48des marques emblématiques qui viennent
06:50avec leurs riders et qui découvrent
06:52qu'à Marseille, il y a une scène.
06:54Et moi, je cherchais toujours
06:56à mettre en œuvre
06:58un skatepark.
07:00Et à un moment précis,
07:02j'étais peut-être au top
07:04et j'ai tout mis dans le bol de Marseille.
07:10Je suis Steph André,
07:12j'ai commencé le skate, on va dire,
07:14assis en 79,
07:16et puis je me suis mis debout,
07:18donc je me suis redressé sur la planche,
07:20on va dire en 83.
07:22Vous sentez ?
07:24C'est ici que j'ai pris ma force,
07:26mes racines.
07:34Je voulais vraiment vivre par procuration
07:36le surf, le ski ou le snowboard,
07:38et donc pour moi,
07:40faire du skate, c'est plaisant
07:42sur n'importe quelle piste,
07:44dans la mesure où je ne suis pas obligé
07:46de fournir ma propre énergie.
07:48Donc j'adore la descente et j'adore aussi le bol.
07:50J'ai acquis, avec toutes les années
07:52d'expérience, une espèce de vista
07:54sur essayer de skater
07:56comme le ferait un surfeur sur une vague,
07:58c'est-à-dire la voie complètement différente
08:00à chaque départ,
08:02et puis d'en tirer le maximum de l'énergie.
08:04J'ai fait beaucoup de judo,
08:06c'est de prendre la force de l'autre,
08:08et notamment dans le skate,
08:10c'est de se servir de la force des courbes
08:12pour aller de plus en plus vite.
08:14Le projet de Jean-Pierre,
08:16c'est quelque chose qu'on a suivi de près,
08:18puisqu'on faisait partie du même club.
08:20Moi, si tu veux, je n'ai pas découvert le skatepark,
08:22je savais exactement ce qui allait nous être livré.
08:24J'étais au lycée de Marseille Vert,
08:26qui avait une demi-pension
08:28qui donnait vue sur les travaux,
08:30donc j'étais complètement à la gâchonde.
08:32Dès qu'il y avait un côté qui était dur,
08:34on descendait,
08:36on était là pour l'essayer.
08:48Je ne vais pas te mentir,
08:50ce bol était fait pour moi.
08:52Je passe mon temps à aller voir les skateparks
08:54à droite et à gauche,
08:56il n'y a pas de chose universelle,
08:58c'est toujours des trucs élitistes.
09:00Ce n'est pas de là que viennent les champions.
09:02C'était le côté rassembleur,
09:04et surtout, je voulais des choses
09:06qui soient accessibles à tout le monde.
09:08Dans le bol du Prado,
09:10tu as un effet catapulte,
09:12mais tu peux commencer doucement.
09:20J'ai fait finalement une synthèse
09:22du ressenti de l'époque,
09:24parce qu'il ne faut pas oublier
09:26qu'il n'y avait pas de dichotomie
09:28entre le surf et le skate.
09:30C'était la même chose.
09:32L'esprit, c'était la vitesse,
09:34le curve.
09:44C'était une première dans le monde
09:46de la construction.
09:48Je me souviens que le type
09:50qui était conducteur de travaux
09:52de l'Asiotar,
09:54c'était la première fois de sa vie
09:56qu'il faisait ça.
09:58Il a mis tout son cœur,
10:00toute son intelligence,
10:02et je le remercie.
10:12Ça a commencé en février 1991
10:14et ça s'est fini le 13 juillet 1991.
10:16Je suis le premier qui est testé,
10:18parce que moi j'avais le droit.
10:20Je suis complètement flippé,
10:22parce qu'il y a un moment
10:24quand tu crées quelque chose,
10:26même si tu es un peu sûr de toi,
10:28il y a un moment où tu vas te poser
10:30des questions.
10:38C'est un script,
10:40c'est un projet,
10:42c'est un projet qui est fait
10:45C'est inscrit à vie.
10:47On s'est battu pour avoir un skatepark.
10:49Jean-Pierre a été le porte-drapeau
10:51et l'architecte, il a designé un truc,
10:53on l'a eu.
10:55On a été dans une espèce de rêve incroyable,
10:57un rêve éveillé.
10:59L'inauguration, ça s'est fait le 13 juillet.
11:01Je n'ai pas été convié, mais j'étais là.
11:03Le vainqueur,
11:05c'est celui qui écrit l'histoire.
11:07Je ne suis pas convié,
11:09parce que je suis qu'un petit élément.
11:11À l'époque, dans le contexte,
11:13je ne suis personne qui sait qui je suis.
11:27On m'appelle Kevin Quentin,
11:29j'ai 39 ans
11:31et j'ai grandi au bol de Marseille.
11:35J'ai touché à pas mal de disciplines différentes,
11:37bol, ramp street,
11:39roller soccer.
11:41Dans la résultante,
11:43il en sort 9 titres de champion du monde.
11:47Mon premier souvenir au bol,
11:49c'est une descente en bas de chez moi
11:51qui m'a mené jusqu'au bol avec un copain.
11:53On arrivait là-bas, on a dit
11:55« mais qu'est-ce que c'est cet endroit ? »
11:57C'est assez dingue.
11:59J'avais eu le souvenir un peu plus tôt
12:01de l'avoir vu en construction, ce lieu.
12:03C'est vrai que c'est parti de là,
12:05pour moi,
12:07cette espèce de toboggan,
12:09on a appris à l'utiliser au fil des années.
12:15Mon influence en tant que rider,
12:17ça a été les mecs en skateboard
12:19qui ridaient le bol,
12:21qui curvaient, quand on pousse sur le côté
12:23et qu'on prend de la vitesse.
12:25C'est quelque chose qui m'a toujours fasciné.
12:27Ma façon de rider
12:29est très en lien
12:31avec la culture bol
12:33et courbe.
12:35C'est vrai que
12:37je suis plus dans le délire
12:39de pousser, prendre de la vitesse
12:41et être créatif au niveau de l'utilisation des espaces
12:43que de faire des figures, tout simplement.
12:45Alors si tu me parles du bol,
12:47de le bol,
12:49moi je te dis que je suis à la maison.
12:51Je suis en pantoufles, je me promène
12:53et je le connais tellement bien ce lieu
12:55que j'ai participé avec une équipe
12:57pour dire ce qu'on allait faire avec le bol.
12:59Parce qu'on aurait pu se retrouver aujourd'hui
13:01avec une rénovation où on nous aurait
13:03rajouté des nouveaux éléments,
13:05on aurait un petit peu le concept initial du bol.
13:17J'ai l'impression de parler d'un pote
13:19presque quand je parle du bol en fait.
13:21Comme on dit, chaque lieu, chaque endroit,
13:23chaque rencontre, chaque personne peut influencer
13:25sur le devenir de chacun
13:27et moi en l'occurrence c'est ce lieu-là
13:29qui a influencé ma vie, mon parcours de vie
13:31en lien avec les rencontres que j'ai pu y faire là-bas
13:33de mes aînés aux plus jeunes
13:35au fait que
13:37ce lieu-là m'a poussé à aller ailleurs,
13:39à voyager et en fait
13:41je pense que tout ça
13:43si je ne l'avais pas eu
13:45c'est souvent la question que je me pose,
13:47si je n'avais pas eu ce lieu, cet endroit,
13:49cette passion-là, où je serais aujourd'hui.
13:59Je m'appelle Vincent Matteron,
14:01je viens de Marseille.
14:03Ces trois dernières années,
14:05j'étais aux Etats-Unis, je me suis entraîné
14:07pour les JO de Tokyo là-bas.
14:09Je reviens parce que
14:11les prochains JO sont en France
14:13donc pour moi j'ai plus d'intérêt
14:15à venir en France m'entraîner
14:17et puis même
14:19le Marseille, moi il m'a manqué
14:21personnellement parce que c'est là où j'ai grandi
14:23et c'est chez moi.
14:25J'y ai passé beaucoup de temps
14:27et même quand j'avais quelque chose à faire
14:29j'essayais de trouver
14:31le moyen de décaler
14:33cette chose-là pour venir au bol.
14:35Quand j'étais au lycée à Marseille-Vert
14:37j'allais au bol matin,
14:39midi, soir.
14:41Avant je me levais un peu plus tôt, j'esquittais.
14:45Je revenais après les cours,
14:47je faisais mes devoirs, des fois je faisais mes devoirs à Xoxo
14:49ou sur le Mozart.
14:51Je prenais mon cahier, je finissais les deux trucs
14:53comme ça, hop, c'était bouqué.
14:59J'ai toujours été passionné en fait.
15:01C'est peut-être ça la différence.
15:03C'est que je suis un passionné
15:05du skate.
15:07Je kiffe tout, tous les aspects.
15:09Il y a ce côté liberté que tu n'as pas dans les autres sports
15:11et même je ne me suis jamais dit
15:13je vis du skate, j'ai que ça à faire.
15:15J'ai plein d'autres hobbies,
15:17plein d'autres idées que j'ai envie de faire.
15:19Ce n'est pas que ça.
15:21Le skate c'est que du bonus on va dire.
15:23Et j'ai toujours été passionné
15:25du skate.
15:27Le skate c'est du bonus on va dire.
15:29Et oui,
15:31ça me permet de faire
15:33plein d'autres choses.
15:35Je ne me suis jamais dit voilà,
15:37je ne vais vivre que de ça maintenant.
15:39Je ne me suis jamais dit ça.
15:47Voilà le QG.
15:51Ce qui est bien c'est que ici c'est ouvert
15:53toute l'année. Quand il pleut,
15:55quand on fait la session au bol et qu'il pleut,
15:57on vient ici, on fait le squat.
15:59On a eu plein de souvenirs ici.
16:01Là il y a les boards, Chris Gregson, il y a la mienne
16:03et il y a celle de Omar Hassan.
16:05C'est cool d'avoir ma board accrochée à côté d'elle.
16:07Déjà c'est cool. Mais même pour moi
16:09je n'ai pas été
16:11le premier exemple de réussite. Pour moi il y en a eu plein d'autres.
16:13Julien Benoliel,
16:15pour moi tous ces gars-là,
16:17les anciens,
16:19Alex Giraud, Guillaume Mouquin,
16:21même s'ils ont fait des erreurs
16:23dans leur carrière,
16:25pour moi c'est grâce à eux
16:27que j'en suis là.
16:29Le skateboard c'est comme une guitare.
16:53Quand tu te déplaces avec,
16:55tu peux faire des buffs de partout
16:57ou des instruments équivalents.
17:01On a pas mal navigué d'Espagne en Allemagne
17:03pour soit d'une part
17:05aller skater les croûtes
17:07bétonnées qu'il y avait dans le Pays Basque
17:09ou alors aller dans les skateparks
17:11rutilants en bois
17:13qu'on pouvait trouver de Müttengalbart à Munich,
17:15Hambourg. J'ai envie de faire savoir
17:17au monde entier qu'on a la plus belle piste du monde
17:19et c'est ce que je ferai avec mes propres deniers.
17:21J'allais sous les rampes
17:23et avec Omarker je dessinais le skatepark
17:25et je donnais les numéros de bus
17:27pour s'y rendre depuis la gare Saint-Charles.
17:29Le bol de Marseille est déjà une référence mondiale
17:31dans les années 90
17:33de partout où on va
17:35de la France.
17:37C'est un bon exemple
17:39de la diversité
17:41et de la diversité
17:43de la culture de la France.
17:45On a des gens qui sont
17:47des gens qui sont
17:49des gens qui sont
17:51des gens qui sont
17:53des gens qui sont
17:55des gens qui sont
17:57des gens qui sont
17:59des gens qui sont
18:01des gens qui sont
18:03des gens qui sont
18:05des gens qui sont
18:07des gens qui sont
18:09des gens qui sont
18:11des gens qui sont
18:13des gens qui sont
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18:47des gens qui sont
18:49des gens qui sont
18:51des gens qui sont
18:53des gens qui sont
18:55des gens qui
19:10sont des gens qui sont
19:16casse d'oie
19:19casse d'oie
19:5199-2000, il me semble que les images que j'ai là où j'ai vu le meilleur skater pour moi de tous les temps de Marseille en personne d'Alex Schalmers, je crois que c'est 2000.
20:04Alex Schalmers, d'après Jean-Pierre qui est là le jour J, je crois que je suis même dans sa zone, donc je l'entends dire « Oh putain, je l'avais vu quand je l'ai dessiné ça ! »
20:13Je me suis dit « Oh le jour où ils vont arriver à le faire, ça va être incroyable ! »
20:16Et bien il l'a fait devant nous, il a sauté de la raquette jusqu'à l'entrée du snake run, ce qui fait un vol, moi j'aurais jamais pu te dire que c'était 6 mètres,
20:24mais là, j'avais Jean-Pierre à côté qui me dit « Alors là, au corps d'eau, ça fait 6,15 mètres ! »
20:29Et le mec le vole comme si c'était un Concorde, vraiment un OVNI le mec, trop trop fort.
20:34La performance de Cardiel, c'est qu'il fait avec une planche cassée et bourré, c'est « Broken, Born, Drunk » 360 over-platform.
20:43Donc là, effectivement, on s'est tous enflammés.
20:47J'en ai tellement des bons des souvenirs que je ne sais même pas lequel choisir,
20:50mais s'il y en a un, c'est quand je regardais le Ballrider 2005, quand Tony Trugelo avait la tête peinte en Kiss,
21:02et moi c'est un de mes skaters préférés, et de le voir à Marseille peint comme ça, en mode rock'n'roll, c'était mon truc favori je pense.
21:11Ballrider, il a imprimé des jeunes comme Vincent Materon qui étaient au Berceau,
21:15quand il a vu ce qu'on pouvait faire avec une planche, lui-même étant un petit pratiquant, ça laissait le champ des rêves bien ouvert.
21:26Alors Pierre, c'est le gars qui est venu à Marseille pour rencontrer Toto et pour découvrir le ball de Marseille en roller.
21:47Il est venu avec son pote et sa carriole et il a tiré ça de l'île à Marseille.
21:55Dans ces magazines américains, il y a un français qui apparaît, ils en parlent, et c'est Toto Galli.
22:01Et tu te dis, putain il parle un mec français, et il est à Marseille, et il a des patins qu'on n'a jamais vus,
22:08d'où ils sortent ces patins, son équipement, son style, ça a l'air extraordinaire.
22:15Et ça c'est la photo de Toto, la fameuse, qu'on avait vue à l'époque, dans les années 90.
22:22C'est cette photo-là qui nous a vraiment déclenché l'envie d'aller à Marseille.
22:26Il faut que cet été-là, on aille voir ce gars à Marseille, il faut qu'on aille voir ce ball.
22:31Donc on élabore ses cartes, ses trajets, et on se dit par où on va passer, mais il faut qu'on y aille.
22:39Et puis après, pour faire un contre-rond, c'est-à-dire qu'on avait estimé faire un trajet qui faisait dans les 1200 km,
22:45et ça partait de Lille.
22:47On s'est inventé une machine pour transporter nos bagages, et ça c'est Guillaume.
22:52C'est dans les premiers jours, on a même le rétroviseur, et elle n'est pas abîmée.
23:04Pierre ? Où t'es Pierre ?
23:09Où t'es Pierre ?
23:23À partir de Lyon, dans la vallée du Rhône, il faut faire passer dans le même secteur,
23:28et le TGV, et l'autoroute, et là, c'est très très difficile.
23:34On arrive par la route, on roule, et on attend ce panneau Marseille en fait.
23:38C'est lui le juge de paix, c'est lui qui va nous dire ça.
23:40Donc on roule, on roule, on get, on a les yeux de partout.
23:43Voilà, et là, juste là, il y a le bateau, le septème, qui est barré.
23:48Et là, c'est le panneau Marseille. Là, on stoppe.
23:54On voit bien Marseille, là, correct.
23:56On est monté à Lille, on est descendu à Marseille.
23:59Comment, comme ça ?
24:01L'instant d'après, ça va être de se dire, il est où le bol ?
24:04On s'était un peu renseignés, on avait des contacts.
24:07Ils étaient venus nous chercher en voiture, ici.
24:09Et on a fait en voiture d'ici jusqu'au quartier sud.
24:13Alors de plus en plus excités, et il y a une nouvelle peur qui va s'installer,
24:18c'est de ne pas être à la hauteur en fait.
24:26En partant, on avait ce rêve, et tu arrives ici, tu le réalises,
24:29tu te rends compte que c'est une réalité.
24:54On vient plutôt le soir, parce qu'en journée, il fait très chaud.
24:56Je crois qu'on est restés une semaine.
24:58On essaie de trouver un moment où il n'y avait personne,
25:00pour essayer de dire, oui, j'ai roulé dans le bol de Marseille.
25:04Et le soir, il y a les grands, la famille out, embarqués par Toto.
25:11J'ai dû lui dire que j'avais fait tout ce périple.
25:13Il était surpris, il était content, il était ouvert.
25:16C'était un très bon moment, parce que,
25:21comme toute cette ville où tu te faisais des idées, des images,
25:24tu te fais l'image d'un champion inaccessible.
25:27Et ce n'était pas du tout le cas.
25:30Je suis dans la pelouse, et partagé entre l'envie d'aller voir les gens
25:34pour qui j'ai fait tout ce périple,
25:36et puis en même temps, on ne savait pas ce qu'on allait découvrir.
25:39Ce n'était pas prévu que je descende et que je reste ici.
25:42Ce n'était pas ça qui était écrit, mais ça a été une évidence.
26:28Je m'appelle Thomas Lemoyne, j'ai 25 ans,
26:30et ça fait maintenant 20 ans que je ride au bol.
26:58J'ai commencé par le skateboard ici, au bol.
27:01Je pense que j'avais 4-5 ans avec mon père.
27:04J'en faisais un petit peu pour m'amuser, comme un enfant de 5 ans.
27:08Et mon père, un jour, m'a amené dans un club de BMX.
27:12Et puis, vu que je suis rentré dans le monde du vélo,
27:15quand je suis revenu ici skater, au fur et à mesure, je voyais des riders en BMX.
27:18Et c'est surtout suite à une chute dans la moyenne, un jour, en skate,
27:22où je me suis ouvert le genou.
27:23Étant très jeune, j'ai dit à mon père que je ne voulais plus skater.
27:26Du coup, il m'a proposé de rentrer là-dedans, dans le bol de Marseille, en BMX.
27:31Et c'est parti de là, le côté freestyle.
27:35Oh, putain !
27:38Cette bosse, d'ailleurs, c'est là où je me suis cassé les dents, en 2020.
27:42J'ai failli me casser les dents, là.
27:44Tu ne les as pas vues, mes dents, par là ?
27:47Pour moi, ma particularité, c'est le VTT Slopestyle.
27:50C'est vraiment du freestyle en vélo, sur un parcours d'un point A à un point B,
27:54sur de la terre et du bois.
27:57Ce ne sont jamais vraiment les mêmes modules.
27:59On est noté sur la difficulté des figures, la propreté des réceptions,
28:03l'amplitude, le style, la diversité.
28:06Ce qui m'attire le plus, on va dire, c'est le fait d'être libre
28:09et d'être créatif dans ce que je veux, en fait.
28:14Le VTT, à la base, ce n'est pas vraiment fait en skatepark.
28:18Moi, j'en ai toujours fait et je continue à faire ça,
28:20parce qu'en skatepark, il y a plein de libertés devant toi, plein de possibilités,
28:24parce qu'il n'y a pas de ligne prédéfinie, tu fais ce que tu veux,
28:26si tu veux essayer un nouveau transfert, un nouveau trix
28:29ou trouver de quoi faire quelque chose que toi, tu vas réfléchir.
28:33C'est ça qui est cool.
28:34Et si je devais me défendre mon sport dans un skatepark,
28:36ce serait pour ça, pour la créativité.
28:42Franchement, moi, je n'ai pas de jardin.
28:44Je dirais que c'est un peu notre jardin.
28:46C'est-à-dire qu'on se donnait rendez-vous ici, des fois à 8h du matin,
28:49on passait la journée entière, des fois, on restait le soir,
28:51on roulait la nuit jusqu'à tant qu'il n'y ait plus de lumière ou quoi.
29:01Pour nous qui sommes là, qui sommes locaux depuis toujours,
29:04c'est carrément une zone culturelle au final.
29:07On a passé tous nos étés ici.
29:09Il y a des gars qui graffent, il y a des rappeurs qui entraînaient là,
29:12des gars en roller, des gars en skate, en trottinette.
29:15Les univers se croisent, on part en soirée ensemble, on revient là.
29:18En vrai, on a bien vécu ici.
29:21Je m'appelle Chloé Bernard, je suis née à Nice.
29:48Je suis arrivée à Marseille il y a à peu près 15 ans, je pense,
29:50pour faire les Beaux-Arts.
29:51Et c'est à ce moment-là que je me suis mise à skater le bol,
29:54parce qu'à Nice, il n'y avait pas beaucoup d'infrastructures pour skater.
29:58C'était un peu plus compliqué de trouver des skateparks et tout.
30:01Il fallait prendre un peu le train, le bus, tout ça.
30:04Et du coup, c'était l'eldorado pour moi de venir m'aménager ici et de skater le bol.
30:10Je suis arrivée sur la raquette, je me suis éclatée la hanche
30:13et je me suis dit, c'est ça que je veux faire.
30:15C'était merveilleux.
30:16Quand je suis arrivée de Nice, je me suis installée en colocation
30:20avec ma meilleure amie Johanna et mon copain à l'époque, Guillaume,
30:25qui est un grand skater.
30:27Et du coup, il avait déjà beaucoup d'amis skateurs marseillais.
30:30Donc, c'était facile pour moi.
30:33J'arrivais, je les connaissais par lui déjà.
30:37De toute façon, je n'ai jamais eu vraiment de mal à me faire des amis.
30:41En fait, je m'impose dans un skatepark et tu es déjà connectée à tout le monde.
30:45C'est comme ça.
30:46Après, tu as une communication non verbale, très primitive,
30:51où tu skates, tu te regardes, tu rigoles et la connexion est faite.
31:01Tous les styles de personnes font du skate à Marseille.
31:03Du coup, l'ambiance est différente, très underground,
31:06avec plein d'art qui se mélange, graffiti.
31:09Et le skate, ça va aussi avec ça, je pense.
31:12C'est la même esthétique.
31:14Finalement, je pense que mon esthétique peinture,
31:17elle n'est pas forcément skate.
31:19Mais ça découle quand même...
31:22J'ai été beaucoup inspirée par la culture skate, dans ce que je peins.
31:27Et donc, je mélange les patterns 80's
31:29avec des fonds très colorés et dégradés.
31:33Ça me plaît.
31:34C'est, je ne sais pas, une création d'un monde un peu onirique
31:38dans lequel on se sent bien.
31:40Moi, c'est ça que je ressens.
31:44C'est ça que je ressens.
32:08On m'a demandé de peindre le bol de Marseille, du coup.
32:13Je ne vais pas le faire entièrement.
32:15Je vais essayer d'optimiser le temps que j'ai pour faire ça.
32:21Optimiser ça et essayer de mettre un peu de couleur à droite à gauche.
32:25Parce qu'il faut quand même penser au fait
32:28qu'on doit avoir une lecture claire de la courbe et tout ça.
32:33Bien sûr, c'est la pression, toujours.
32:35Mais là, surtout que c'est immense.
32:37En soi, j'aimerais me dire, j'ai dix jours de peinture devant moi
32:41et je vais faire exactement ce que je veux.
32:43Ce n'est pas le cas.
32:44J'ai deux soirs où je vais essayer de faire quelque chose.
32:46On verra ce que ça donne.
32:48J'espère que ça leur plaira, bien sûr.
33:11Il y en a qui se sont un petit peu perdus,
33:13alors que certains ne nous laissaient rien transparaître.
33:17Il y a eu des suicides.
33:18Il y a eu des copains qui se sont volontairement enlevés la vie.
33:23Il y a ceux qui sont partis accidentellement.
33:26Il y a ceux qui sont allés dans l'excès
33:31avec des consommations de produits.
33:34Il y en a qui se sont un petit peu perdus,
33:36alors que certains ne nous laissaient rien transparaître.
33:39Il y a eu des consommations de produits.
33:42J'ai aussi des exemples dans ma tête
33:45de gens que j'ai connus qui me font très mal.
33:49Finalement, je me dis aussi que c'est un peu de ma faute
33:52parce que je suis parti de Marseille
33:54et cette espèce d'ambiance,
33:57de communauté que j'avais créée autour de moi,
34:00elle a éclaté.
34:03Il y en a qui ont peut-être un peu moins bien vécu que d'autres.
34:09C'est vrai qu'en plus d'être sur un lieu de pratique sportive,
34:13on est quand même dans la rue au final.
34:16Donc c'est vrai que j'ai eu le bol.
34:18J'ai appris la rue là-bas.
34:20J'ai appris la rue vraiment là-bas.
34:40En fait, il y a plein de choses qui se passent là-bas.
34:44Il y a plein de choses qui se passent en parallèle de la session de skate.
34:49C'est ça qui est underground.
34:51C'est des choses plus ou moins classiques ou illicites.
34:58Donc déjà, ça, c'est plus underground.
35:02Après, il a été refait, donc c'est différent encore.
35:05Le skate, il se démocratise.
35:07Il y a de plus en plus de très jeunes enfants qui accompagnent des parents.
35:13Un peu à chaque génération, à chaque époque,
35:15il y a eu des choses compliquées.
35:18Parce qu'il y avait de la souffrance,
35:20et quand il y a de la souffrance dans la vie en général,
35:23des fois, ça se traduit par des actes perdus et malheureux.
35:28J'ai arrêté les études assez jeunes, et puis je les ai reprises plus tard
35:31pour passer un brevet d'état d'éducateur sportif spécialisé dans le roller.
35:34Et en fait, j'ai commencé à travailler un petit peu
35:37dans les différents quartiers de Marseille.
35:39Et là, j'ai commencé vraiment à me régaler,
35:41à me dire, en fait, c'est ça que je veux faire.
35:44Je veux que le roller, en fait, il arrive à donner le sourire aux gens
35:47et à créer une bonne dynamique.
35:50Je veux que le roller, en fait, il arrive à donner le sourire aux gens
35:53et à créer une bonne dynamique.
35:55Et en fait, à extirper certains de trajectoires qui pourraient être sombres.
36:06On t'équipe ?
36:07Je vois que tu as envie, tu vas en faire.
36:10Regarde, ça c'est les genoux, tu te rappelles ?
36:13Tu t'assois, tranquille.
36:15Tu mets les genoux verts, tu arrives avec les chaussures.
36:17Rappelle-moi ta pointure, Abraham.
36:1942.
36:2042 ?
36:21Ouais.
36:23C'est bon, il est rentré ?
36:25Tu es bien dedans, tu n'as pas mal ?
36:27Non.
36:28Après, j'ai peur de tomber.
36:30Tu tombes, tu as les protections.
36:32Il en a fait avec nous cet été, Abraham.
36:35Il est là.
36:38Allez, viens, plie les genoux, plie les genoux.
36:41On serre les pieds.
36:43Rapproche, rapproche ta jambe, n'aie pas peur.
36:45Regarde, ramène.
36:46Voilà, tu es bien dedans, tu as pas mal.
36:49Rapproche, rapproche ta jambe, n'aie pas peur.
36:51Regarde, ramène.
36:52Voilà, tu as vu ce que tu as fait ?
36:53Tu lèves une jambe, après tu lèves l'autre.
36:55Allez, vas-y.
36:56Voilà.
36:57Super.
36:58Mets les mains au-dessus des genoux.
37:00Et voilà, ça y est, tu es parti.
37:02Tu es lancé.
37:07De rendre aux rollers et aux bowls ce qu'ils m'ont donné,
37:11c'est un peu ça, c'est un peu le métier que je fais aussi aujourd'hui.
37:15D'aller vers et de susciter l'envie de se surpasser.
37:19Alors le roller c'est un moyen comme un autre, c'est un moyen de se...
37:23Mais de montrer aussi à la jeunesse qu'ils sont capables
37:27et qu'ils peuvent faire ce qu'ils veulent s'ils y croient vraiment.
37:37Ça c'est un peu le résultat de ce que moi j'ai vécu aussi quelque part.
37:41En tant que jeune, en tant que pratiquant de roller,
37:45en tant que jeune Marseillais fréquentant le lieu du bowl.
37:52Et du coup voilà, j'ai rencontré ça.
37:54J'ai rencontré une autogestion,
37:57des jeunes qui venaient d'un peu partout et qui s'autogéraient aussi pour venir.
38:04Et des anciens qui faisaient attention aux jeunes.
38:12Dégage !
38:14Moi je m'en rappelle petit, la première fois que je vais pour descendre le grand bowl,
38:18je suis là, je suis mort de peur.
38:20J'ai trop envie de le faire, mais je suis mort de peur.
38:22On est entre la peur de se faire mal et en même temps l'envie de réussir.
38:30Et donc voilà, il y a une espèce d'ambivalence entre ça,
38:33qu'au final c'est un sentiment que je retrouve régulièrement
38:37auprès d'un certain public.
38:41Et du coup c'est super intéressant.
38:44En tout cas moi ça m'a apporté beaucoup.
38:46C'est ce côté là où tu dois te surpasser,
38:48franchir ce cap de la peur.
38:50Et en fait quand tu le fais, t'es tellement fier de toi,
38:52ça te fait grandir, ça te fait prendre de la confiance en toi.
39:02Ça vient, ça vient !
39:03Vous êtes ensemble !
39:04Encore, encore !
39:05Là, là, là !
39:07Ah !
39:38Est-ce que c'est bien ça encore ?
39:40Oui, oui, oui.
39:41C'est bien bon ?
39:42Oui.
40:07Tu l'as laissée tomber ?
40:08Oui.
40:25À Marseille, je trouve qu'il y a ce truc où on dit toujours
40:27qu'on « sneik » à Marseille mais en fait, on ne sneik pas.
40:30C'est-à-dire qu'on ne va pas passer devant les autres,
40:32on est juste à l'affût.
40:34Je sais que souvent ça a été dit que les Marseillais n'ont pas le temps d'arriver et qu'on se neige.
40:39On s'en fout, mais ce n'est pas un manque de respect du tout, parce que je pense qu'on le fait avec respect.
40:44C'est juste qu'on est là, on n'attend pas qu'on nous dise « vas-y, on y va ».
40:49Le sud marseillais, c'est le flow.
40:51De toute façon, niveau bol, à Marseille, on a toujours été les plus avantagés grâce au bol.
40:56Julien Benoliel, quand il skateait, il allait à fond comme ça.
40:59D'un coup, il faisait un grind, il gira sur le spike. C'était harmonieux.
41:07Dans les skaters marseillais, ils ont quelque chose de sauvage, qui va peut-être avec la ville,
41:13peut-être avec les compétitions qu'il y a eu au bol, où ça se dispute en jam.
41:19Ce n'est pas qu'une personne fait un run, après l'autre, c'est tout le monde dans le même panier.
41:24Il y a une effervescence de fou, hyper sauvage.
41:28Les Marseillais, ils étaient plutôt hardcore.
41:30On peut dire qu'avec la génération des Alex Giraud, des Julien Benoliel,
41:34ceux qui sont un peu avant encore Matoron, on est sur du skate avec le cœur.
41:40J'ai des souvenirs de Julien Benoliel.
41:42Il était généreux. C'est la générosité, le skateur marseillais.
41:46Ils n'ont pas des patins qui sont luxueux. Ils n'ont pas des équipements dernier cri.
41:51Par contre, ils ont un niveau qui est extraordinaire.
41:54Une grande inventivité, une maîtrise, un talent et beaucoup de simplicité.
42:01Beaucoup d'ouverture.
42:03Les gens qui ont connu Marseille disent que c'est dingue.
42:05À Marseille, vous vous entendez bien, les skateurs, les rôleurs, les vélos.
42:10Elles se disent que c'est comme ça.
42:12Mais c'est vrai que c'est assez unique chez nous.
42:14Ça fait partie de notre particularité à Marseille, dans le monde de la glisse.
42:20C'est une école.
42:22On a bien appris à accepter toutes les disciplines.
42:26J'ai un petit pote, Vincent Materon.
42:28J'ai grandi avec lui ici.
42:30On a été minots, amateurs, premiers sponsors à peu près à la même époque.
42:35Il est en skate et moi en vélo. On a toujours été hyper potes.
42:38On a fait des trips ensemble. On a fait plein de trucs ensemble.
42:41Alors que je n'ai jamais su faire un holly.
42:43Je trouve que c'est justement ce mélange de génération et de culture
42:46qui fait qu'on vient quand même tous pour le même truc.
42:49C'est ce qu'il fait dans le même trou au milieu de la plage.
42:56Il n'a seulement 25 ans.
42:58Il fait aussi du rap, il fait aussi de la sap.
43:00C'est un entrepreneur.
43:02Je veux un tremblement de terre en Marseille
43:05pour celui pour lequel on est tous réunis aujourd'hui.
43:07Mister Thomas Lemoyne !
43:20J'ai l'impression que le lien avec le Bowl de Marseille
43:22est un peu logique et automatique
43:24vu que le Bowl de Marseille, c'est le spot que j'ai roulé le plus dans ma vie.
43:28Quand on a pensé à faire cet événement à la base,
43:30on ne voulait pas que ce soit juste un événement de VTT.
43:33C'est assez rare aussi qu'on fasse des compétitions en VTT en skatepark.
43:36C'est ça aussi qu'on a voulu à la base ramener.
43:38Donc je suis assez excité de voir ce que chacun va nous proposer.
43:41Mister Thomas Lemoyne !
43:45Il va falloir taper des mains pour M. Nicolas Rogatnick,
43:50Martin Dupuis !
44:04J'ai l'impression que le lien avec le Bowl de Marseille
44:07est un peu logique et automatique
44:09vu que le Bowl de Marseille, c'est le spot que j'ai roulé le plus dans ma vie.
44:13Ok, c'est parti !
44:15Donnez-lui de l'énergie ! 3, 2, 1... Martin !
44:22On ne peut pas lui donner un assiette supplémentaire !
44:26C'est hors des règles !
44:283, 2, 1...
44:42Hey ! Hey ! Hey !
44:45Thomas ! Thomas ! Thomas !
44:54Oh !
44:57Un grand applaudissement pour l'organisateur de cette compétition,
45:01Lemoyne Itajemal Dupuis !
45:06En vrai, j'ai un petit projet. J'ai une idée.
45:08J'aimerais qu'on rajoute des modules autour du Bowl.
45:11Ça, ce serait vraiment l'idée principale que j'ai dans ma tête.
45:15Pour l'instant, c'est un rêve.
45:21La musique, c'est vraiment venu en moi.
45:24J'ai voulu un jour écrire un texte,
45:26puis quand je l'avais écrit et que je l'avais rappé,
45:28et que c'était très laborieux, j'ai voulu en faire un mieux.
45:30Et puis après, c'est devenu vraiment une passion.
45:33Vous êtes prêts ou pas ?
45:35On a mis un peu d'exclusivité.
45:37On a tout donné pour vous, Martigues.
45:40S'il vous plaît, n'hésitez pas à bouger devant moi.
45:42Ça me fera plaisir.
45:44Peut-être que j'ai fait du rap parce que je m'ennuyais
45:46à un moment donné entre les sessions de vélo.
45:48Une des choses un peu dures dans la vie, c'est l'ennui.
45:50J'ai l'impression que tant qu'on ne s'ennuie pas,
45:52le temps passe plutôt vite et bien.
45:54Du coup, j'essaye de ne pas m'ennuyer.
46:09Faites du bruit pour Lil Mone !
46:36Le rappeur le plus rock de tous les temps.
46:40Allez !
46:44Il y en a une qui va se mettre en grind.
46:46Toi, tu vas te mettre en Axel.
46:48Et toi, Zoé, tu vas passer en dessous.
46:51Donc vous allez vous croiser, d'accord ?
46:53Allez, venez, on va voir.
46:58Donc toi, tu vas faire ça, Zoé.
47:00Regarde, tu vas dropper.
47:03Ok.
47:07Ok ?
47:09Tu feras un virage en bac, là, ok ?
47:17Yes !
47:19Trop fort !
47:21Magnifique, bravo les filles !
47:23Trop bien !
47:25Alors du coup, après, une fois...
47:27Voilà, une fois qu'on a bien ça,
47:29on peut essayer de se rapprocher
47:31dangereusement, mais sans se rentrer dedans.
47:33Donc essayez d'être vraiment au même moment,
47:35au même endroit.
47:40Je travaille pour l'ASSO ASVM,
47:42l'association de skate vidéo à Marseille,
47:44depuis deux ans.
47:46L'ASSO, elle est assez jeune, d'ailleurs,
47:48elle est à cet âge-là aussi.
47:50Et on voulait créer des créneaux
47:52de cours de skate au bol.
47:54C'était ça, surtout l'idée.
47:56Ensuite, il y a eu cette idée aussi, peut-être,
47:58que je m'occupe que de filles.
48:01C'était surtout pas pour mettre de côté les garçons.
48:03Au contraire, c'est un lieu, en plus, qui est ouvert,
48:05public, donc il y aura toujours une mixité.
48:07Mais on trouvait ça cool,
48:09aussi, peut-être,
48:11de créer un créneau que filles,
48:13pour qu'on leur donne ce temps-là,
48:15où elles pouvaient vraiment être à l'aise,
48:17pas se gêner,
48:19pas être complexées de quoi que ce soit,
48:21et puis aussi fédérer en même temps,
48:23créer une cohésion de groupe,
48:25et qu'elles s'élèvent ensemble.
48:28Ok, du tout chaud !
48:30Et on amortit.
48:33En fait, moi, j'ai appris à skater avec les garçons,
48:35effusivement, on va dire,
48:37parce qu'à mon époque,
48:39on était très, très, très peu de filles en France.
48:42Du coup, c'est pas quelque chose
48:45qui me semblait essentiel, quoi.
48:47Mais finalement,
48:49moi, ça me fait évoluer, quoi,
48:51de voir ça, d'avoir fait ça, de ce choix-là,
48:53de faire des filles.
48:55Et c'est important, aussi,
48:57de les aider à prendre leur place, quoi, en fait.
49:03Celles qui ont 30 ans,
49:05qui ont jamais skaté,
49:07effectivement, ça les a grave mis en confiance.
49:09Et après, les petites,
49:11qui, pareil, peuvent être un petit peu simides,
49:13on voyait ça,
49:15et ça marche vachement, quoi.
49:17C'est super, en tout cas.
49:19Il y a vraiment une belle énergie.
49:21C'est toujours trop cool.
49:23Il y a toujours une petite équipe de meufs,
49:25trop fortes ou pas, on s'en fout, quoi, de toute façon.
49:27Mais qui a une énergie,
49:29qui en impose.
49:33Moi, je peux faire
49:35les bacs Rockfront,
49:37à la limite.
49:39Mais non, ce que je vais faire,
49:41je vais juste passer en dessous, pour le moment, OK?
49:43Du coup, alors, attends.
49:45Ouais, vas-y.
49:47Ah là là, trop bien!
49:49Franchement, on était pratiquement
49:51au même moment.
49:53Trop fortes.
49:55Là, ça doit faire quelques années
49:57que j'ai plus de pratiquantes
49:59que de pratiquants.
50:01Je me dis, c'est super, quoi.
50:03C'est un sport qui plaît beaucoup aux jeunes filles.
50:05Je vois dans le skateboard aussi,
50:07on a des jeunes filles,
50:09des Marseillaises,
50:11qui vont vraiment fort,
50:13à du gros niveau, en roller aussi.
50:17C'est vrai que maintenant,
50:19on arrive un peu sur une génération aussi
50:21olympique.
50:23Quand le skate a été nommé aux Jeux olympiques,
50:25ça a fait trembler
50:27le monde du skate, je pense,
50:29en se disant, comment ça,
50:31on va pas académiser ce sport
50:33qui en a eu, quoi.
50:35Et après, t'as les autres aussi qui se sont dit,
50:37waouh, c'est incroyable, justement,
50:39on vient de nulle part, on nous a jamais pris au sérieux.
50:41Et moi, j'ai dit, pourquoi pas, quoi,
50:43représenter un pays, c'est pas mal aussi.
50:45C'est nouveau, dans tous les cas, dans une compétition,
50:47c'est nouveau encore dans le skate.
50:49C'est pas le grand prix, quoi.
50:51Pour tous les skaters, je pense,
50:53de ma génération, la médaille d'or
50:55vaut moins que le trophée de skater of the year.
50:57Être un skater of the year,
50:59c'est, t'as gagné le respect
51:01de tous les skaters, à peu près,
51:03du monde. Et ça,
51:05les JO, tu pourras pas l'obtenir,
51:07parce que ça a pas encore le respect des skaters.
51:09En fait, là-bas,
51:11c'est super, parce que justement, dans les JO,
51:13ça devient trop athlétique,
51:15académique, et avec des skateurs comme
51:17Vincent, ça l'est pas, en fait,
51:19parce que c'est
51:21quelqu'un qui aime le skate
51:23purement,
51:25et qui le représente
51:27trop bien, et
51:29représente cette vibe marseillaise.
51:31J'ai été le seul Européen au final,
51:33du coup, j'étais assez content, quoi, moi,
51:35de cette prouesse, alors moi, j'étais content, quoi.
51:37Mais après, voilà, j'aurais voulu
51:39faire mieux, ça s'est pas fait,
51:41et je compte bien essayer de me rattraper
51:43pour Paris.
51:45Il faut savoir que les JO,
51:47c'est pas le bol du Prado.
51:49Il y a que des gens
51:51qui ont les dents plus...
51:53qui règlent le parquet, qui ont qu'une envie,
51:55c'est de faire le tour du monde
51:57et de venir
51:59calife à la place du calife.
52:01Ça n'empêche pas que le skate, aujourd'hui, est toujours super agréable à regarder,
52:03par contre, c'est plus du tout la même ambiance.
52:05L'argent est rentré, les JO sont là,
52:07je pense que les JO avaient plus besoin
52:09du skateboard que le skateboard avait besoin
52:11des JO olympiques.
52:21Une fois la création faite,
52:23j'étais obligé de partir de Marseille,
52:25c'était une grande déception
52:27pour moi, mais j'y retourne,
52:29tu vois, je rencontre plein de gens
52:31qui me disent, ah, c'est bien, c'est un bel endroit,
52:33c'est extraordinaire,
52:35merci, merci, il y en a qui se font tatouer,
52:37c'est extraordinaire,
52:39j'aurais jamais cru qu'il y aurait une telle pérennité,
52:41même si je l'avais voulu.
52:57Il y a un autre angle,
52:59mais il me plaît un peu moins,
53:01je ne sais pas, je le trouve moins ouf.
53:03J'aime bien les deux, en vrai.
53:05Lui, il est un peu plus subtil, peut-être.
53:07Il est plus design.
53:09Après, ça dépend
53:11de l'espace que tu as, etc.
53:13J'ai des petits endroits, tu vois,
53:15j'ai un endroit là,
53:17c'est quand même un truc qui me tient un petit peu à cœur,
53:19donc je n'ai pas envie de le faire...
53:21En vrai, là, si ça rentre...
53:23Là, c'est chanmé, bien sûr que ça rentre.
53:35Il y a un garde ?
53:37Oui, il est là...
53:39Il est là, c'est pour toi.
53:42C'est pour moi ?
53:44Oui, c'est pour moi.
53:48Je suis là.
53:50Je suis là, je suis là.
53:52Je suis là, je suis là.
53:54C'est pour toi.
53:56Je suis là.
54:01Je suis là.
54:03Allez, regarde.
54:06En vrai, je crois que ça a des lieux.
54:08Je crois que ça a des lieux, mec !
54:10Allez tous vous faire !
54:12Je rigole.
54:17On est tous de différentes familles,
54:19mais au final, on est tous là pour la même chose,
54:21pour se faire plaisir.
54:22C'est cool qu'on ait tous le bol de Marseille tatoué.
54:24Ça fait un peu en mode une team, quoi.
54:27Une team, et c'est ça, quoi.
54:29Et quand on va dans un autre endroit et tout,
54:32voilà, tu sais d'où je viens, quoi.
54:34Et ça, c'est cool, quoi.
54:42Mon premier passage obligé,
54:44c'est de les remercier la bonne mère.
54:47Et j'essaie par principe de passer au preneau.
54:51Je m'assieds et je suis une personne lambda.
54:57Ce qui m'entraîne une très forte émotion,
55:02c'est que je m'assoie et les gens me regardent
55:05comme un touriste, quoi, tu vois.
55:08Et je me dis, ils savent pas que
55:10sans cette personne assise là,
55:14qui regarde comme n'importe quel spectateur,
55:20cet endroit n'existerait pas.
55:27Tu remets tout dans l'ordre.
55:28Le bol de Marseille a fait créer l'Evans Park Series.
55:31L'Evans Park Series a donné envie au comité olympique
55:34d'envoyer le skate aux Jeux olympiques
55:36et de créer le parc.
55:37Donc en gros, tout se remet un peu à Marseille.
55:39Et moi, ça, ça me rend fier.
55:46Je fais partie des chanceux qui ont la vie dont ils rêvaient.
55:49C'est pas une vie qui est faite d'or et d'argent.
55:52Mais tu vois, l'accès au bol, il est gratuit, la mer aussi.
55:55Il est là, mon bonheur, quoi.
56:03Ce lieu, il a mis tellement de personnes en lien
56:06que socialement, il a sa place aussi, quoi.
56:09Faut pas toucher au bol, quoi.
56:19J'avais qu'à me rendre au skatepark pour être heureux.
56:21Ça m'a permis de rencontrer, d'échafauder des voyages,
56:26des tripes, retrouver des gens.
56:29Voilà, c'est un lieu de pèlerinage, en fait.
56:31Et j'en étais presque le gardien.
56:38J'aimerais bien avoir un petit gosse quand même
56:40et pouvoir l'amener ici le jour où je verrai
56:43qu'il saura faire un peu plus que marcher, tu vois.
56:45Je lui mettrai un skate sous les pieds.
56:47Et puis quand il sera capable, je lui mettrai un vélo, c'est sûr.
56:52Quand je parle du bol, c'est dingue.
56:54Tout ce qui me vient à l'esprit, à quel point ça m'a construit,
56:57ça a fait ce que je suis aujourd'hui, clairement, quoi.
57:04Et moi, quand je m'assieds au bord du bol,
57:07j'ai l'âge que j'avais en 1991.
57:12Et je pense que c'est un endroit où beaucoup de gens se ressourcent.
57:16T'arrives, clac, c'est un endroit que tu connais.
57:20Un endroit où t'es habitué, où t'as vu des gens,
57:24où tu peux te remémorer.
57:26C'est exactement ce que je voulais faire.
57:46C'est un endroit où tu peux te remémorer.
57:48C'est un endroit où tu peux te remémorer.
58:16C'est un endroit où tu peux te remémorer.
58:46C'est un endroit où tu peux te remémorer.
59:16Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org

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