Législatives: le Nouveau Front populaire peut-il vraiment gouverner?

  • il y a 2 mois
Le Nouveau Front populaire, arrivé en tête ce dimanche au second tour des législatives avec 182 sièges, revendique désormais le poste de Premier ministre. Les leaders du NFP vont d’abord devoir nouer des compromis pour atteindre la majorité absolue.

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00:00Personne ne les avait vu venir.
00:01Dimanche soir, au second tour des élections législatives,
00:04c'est l'alliance des gauches et des écologistes, le Nouveau Front Populaire,
00:07qui est arrivé en tête avec 182 sièges,
00:10devenant ainsi la première force parlementaire à l'Assemblée Nationale.
00:18Alors certes, c'est un résultat inespéré auquel personne n'osait rêver à gauche.
00:26Mais les circonstances exceptionnelles dans lesquelles il s'est produit
00:28devraient interdire toute forme de triomphalisme à gauche.
00:30Car c'est surtout le barrage républicain
00:32qui a fonctionné lors de ce second tour des élections législatives.
00:35Des électeurs macronistes, voire même de centre droit,
00:37ont consenti à voter pour des socialistes, des écologistes, voire même des insoumis.
00:41À présent, ils sont plusieurs responsables du Nouveau Front Populaire
00:45à être lucides sur l'état du pays
00:47et à être conscients que 100% des électeurs
00:49n'ont pas voté en adhésion, en adéquation,
00:52avec le programme du Nouveau Front Populaire.
00:53Se pese alors au lendemain de cette élection législative
00:56et dès à présent, la question pour les leaders du Nouveau Front Populaire
00:59de trouver une majorité absolue.
01:01Étant entendu qu'il leur manque plus de 100 voix
01:03pour atteindre la barre des 289 sièges
01:05nécessaires à la majorité absolue.
01:07Du tribun insoumis Jean-Luc Mélenchon,
01:08qui a parlé en premier dimanche soir
01:10à l'écologiste Marine Tondeli,
01:11en passant par le premier secrétaire du Parti Socialiste Olivier Faure,
01:14tous aspirent à gouverner.
01:16Tous se disent prêts à envoyer un candidat pour Matignon.
01:19Et cela doit se faire selon eux sur la base de leur programme.
01:22Seul socle, seul préalable à toute discussion.
01:24Or ce programme, nous le savons, très ambitieux,
01:26avec des mesures telles que
01:27l'abrogation de la réforme des retraites à 64 ans,
01:30l'augmentation du SMIC à 1600 euros,
01:32ou encore l'instauration de 14 tranches d'imposition.
01:35Après tout, se dit-on dans les rangs du Nouveau Front Populaire,
01:37les macronistes ont bien réussi à passer des textes pendant deux ans
01:40en ayant simplement 250 sièges à l'Assemblée Nationale.
01:43Trouver des voies de passage pour obtenir des avancées sociales dans l'hémicycle
01:46suppose des concessions,
01:48suppose d'évoluer vers une culture du compromis parlementaire
01:51qui est aux antipodes de la logique de la Ve République.
01:54Marine Tondelier, la chef des écologistes, l'a dit,
01:56il faut dorénavant que nous ne soyons plus face à face,
01:58mais côte à côte.
01:59S'ils veulent gouverner,
02:00et gouverner durablement,
02:01les leaders de la gauche et des écologistes le savent,
02:04il ne faut pas qu'ils aient de majorité absolue contre eux,
02:06sous peine de quoi leur gouvernement serait renversé à la moindre motion de censure.
02:10Il faudra donc pousser les murs du Nouveau Front Populaire,
02:12élargir le socle des adhésions,
02:14trouver des points d'appui dans d'autres groupes parlementaires
02:17pour faire voter texte par texte, à commencer par le budget.
02:20Et la clé de voûte dans cette Assemblée éligible pour le Nouveau Front Populaire,
02:23il est fort probable que ce soient les équilibres internes au bloc macroniste
02:27que l'on s'est tiraillé entre une aile gauche et une aile droite.
02:34Si on met à présent le focus sur la gauche,
02:36à l'intérieur du Nouveau Front Populaire,
02:38dimanche soir, au second tour des élections législatives,
02:40l'hégémonie de la France insoumise a été incontestablement remise en cause
02:44par rapport aux équilibres qui prévalaient au temps de la Nubes.
02:46Ce rééquilibrage, promis par les socialistes,
02:49et notamment Raphaël Glucksmann, candidat aux européennes,
02:51par quoi se manifeste-t-il ?
02:52D'abord, par un doublement des effectifs du groupe PS.
02:55Il n'était que 31 en 2022,
02:57il pourrait être aujourd'hui plus de 70 députés PS,
03:01en bénéficiant notamment de l'arrivée de députés d'hiver gauche,
03:03mais aussi de poids lourd, à commencer par l'ancien chef de l'État, François Hollande.
03:07De son côté, le groupe insoumis pourrait être fragilisé par une vague de départs.
03:11On le sait, la purge à laquelle a procédé Jean-Luc Mélenchon
03:14à l'occasion de ses élections législatives
03:16a durablement traversé l'histoire du groupe insoumis.
03:19Des personnalités comme François Ruffin et Clémentine Autain
03:21ont marqué leur désapprobation
03:22et pourraient emmener dans leur bagage,
03:24à la faveur d'un départ du groupe LFI, d'autres élus.
03:27La prochaine étape du rééquilibrage
03:28entre le pôle le plus radical du Nouveau Front populaire,
03:31à savoir la France insoumise d'un côté
03:33et par ailleurs le Parti socialiste,
03:34se jouera donc au moment de la constitution des groupes parlementaires,
03:38le 18 juillet prochain.
03:43Une nouvelle fois, les tensions internes au Nouveau Front populaire
03:45risquent de se cristalliser sur la question
03:47de l'incarnation du Premier ministre.
03:49On le sait, insoumis, socialistes, écologistes et communistes
03:51ne sont pas d'accord sur le bon profil à envoyer à Matignon.
03:55S'ils conservent le nombre de députés
03:57le plus important à l'Assemblée nationale,
03:58le groupe la France insoumise
04:00revendiquera son droit à envoyer son candidat à la primature.
04:03Et en cela, la chef de file des députés insoumis,
04:06Mathilde Panot, a bien redit,
04:08cela indique que Jean-Luc Mélenchon
04:10n'était en aucun cas disqualifié dans la course à Matignon.
04:12À l'inverse, les alliés de LFI,
04:14socialistes, écologistes, communistes,
04:16revendiquent un autre mode de désignation du Premier ministre,
04:19à savoir le consensus.
04:20Alors bien évidemment, la liste des prétendants pour Matignon
04:23ne cesse de s'allonger.
04:24Il y a d'une part Marine Tendelier, la chef des Verts,
04:28qui a fait des interventions très remarquées
04:30à la faveur de cette campagne législative.
04:32Mais il y a aussi des profils socialistes,
04:34voire sociodémocrates,
04:36qui inspireraient peut-être plus de confiance aux macronistes.
04:39On pense par exemple au chef du Parti Socialiste,
04:41évidemment, Olivier Faure,
04:43mais aussi à l'ancien secrétaire général de l'Élysée
04:45sous l'ère Hollande, Boris Vallaud.
04:46D'autres noms viendront immanquablement s'ajouter
04:49dans les prochains jours à la faveur des discussions
04:51internes au Nouveau Front Populaire.
04:52Mais pour l'heure, une donne insoluble domine les débats,
04:55une assemblée illisible
04:57dont ne se détache véritablement aucune coalition.

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