Joyce Jonathan a remporté le télécrochet Cheng Feng, l'une des émissions les plus regardées en Chine. Elle raconte son parcours dans l'équivalent d'une Star Academy chinoise.
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00:00Alors en Chine, on m'appelait Faguo Tietié, ce qui veut dire la sœur française.
00:04Salut, c'est Joyeux Jonathan.
00:05Aujourd'hui, je vais vous parler de mon expérience dans l'émission Chang Feng,
00:08qui est tournée en Chine et qui fait partie des télé-crochets les plus célèbres.
00:12Et c'était une expérience folle et c'est pour Cosmo.
00:14En fait, moi, je vais en Chine depuis que je suis toute petite.
00:16C'est une passion familiale.
00:18Ma mère a été dans le tourisme.
00:20Elle a créé une agence de tourisme et mon père est architecte.
00:22Ils ont travaillé tous les deux une grande partie de leur vie en Chine.
00:25Et quand j'ai sorti mon premier album en France, quand j'avais 20 ans,
00:29on a sorti un album en français et en mandarin là-bas,
00:32qui a été super bien accueilli.
00:33Donc je faisais une tournée tous les ans en Chine depuis 15 ans.
00:36Quand en janvier, on m'a proposé cette émission,
00:38ça avait un sens par rapport à mon histoire avec la Chine.
00:41On m'a expliqué que c'était une télé-réalité,
00:43qu'on serait seulement quelques étrangères et que c'était uniquement des femmes
00:47qui ont déjà une grande expérience dans leur métier
00:50et qui vont vouloir se challenger à travers des chansons en mandarin,
00:53qu'il faut chanter, danser et puis surtout de vivre en communauté
00:57parce qu'on dormait toutes ensemble dans des villas qui étaient collés les unes aux autres.
01:00On avait toutes des colloques, on dormait à plusieurs par chambre.
01:04Parfois, on prenait le petit déj' ensemble,
01:06on a fait des raviolis chinois ensemble, plein de petites activités.
01:10Je pense qu'en tout cas, Chang Feng, c'est le programme chinois
01:13qui s'apparente le plus à la Star Academy dans ce qu'on connaît.
01:16Et donc je restais 12 jours sur place, un jour pour y aller, un jour pour rentrer.
01:19Ça me faisait partir deux bonnes semaines.
01:22Et ensuite, je rentrais en France 5 jours, 6 jours, parfois une semaine.
01:25Je savais que ça pouvait s'arrêter n'importe quand
01:27parce qu'il y a un système d'élimination à chaque épisode.
01:30Et à la fois, je me disais, j'ai envie d'aller au bout.
01:32J'ai bénéficié de plein de conseils des autres filles,
01:35que ce soit pour choisir des chansons, ma prononciation en chinois.
01:38Je voulais comprendre ce que j'étais en train de chanter,
01:41donc je traduisais tout mot par mot pour en plus pouvoir apprendre encore plus le mandarin.
01:45Et parfois, quand je rigolais à ce qui se passait en chinois et à une situation,
01:50justement, les filles réagissaient en disant
01:51« Ah mais ça y est, tu comprends le chinois, mais t'as vachement progressé ! »
01:54Alors en Chine, on m'appelait Faguo Tietié,
01:57ce qui veut dire la sœur française.
01:58J'étais vraiment définie en tant que française
02:01parce que c'était ma très grande différence aussi dans ce show télé,
02:05c'est que j'étais la seule française.
02:07Il n'y a jamais eu d'autres françaises sur les autres saisons.
02:09L'éloignement avec ma famille et avec ma fille,
02:12ça fait partie des choses les plus dures que je devais dépasser.
02:15Bien sûr, il y avait le challenge d'apprendre des morceaux en mandarin toutes les semaines,
02:19danser sur des morceaux en mandarin que je devais chanter en même temps,
02:22de chanter un opéra traditionnel yue,
02:24qui a encore une prononciation différente et qui, en plus, se chante très très haut.
02:27Tout ça, c'était des challenges énormes.
02:29Mais je me disais « J'ai envie de travailler et puis je vais progresser. »
02:32Par contre, le challenge de laisser ma fille, pour moi, ce n'était pas un challenge.
02:36En fait, c'était un sentiment assez insurmontable.
02:39Et je me suis organisée pour rentrer entre chaque session,
02:42même si parfois, c'était seulement quelques jours.
02:44Elle l'a très bien pris, franchement.
02:46Elle ne m'en veut pas.
02:47À l'issue de ces quatre mois, elle ne me fait pas plus de crises qu'avant.
02:51Et puis, elle sait où est la Chine, maintenant.
02:53Elle connaît ce pays et parfois,
02:56elle dit des petits trucs en chinois qui sont prononcés approximativement.
03:00Mais pour me dire « Moi aussi, je peux chanter en chinois »,
03:02parce qu'elle m'entendait répéter.
03:03Je pense qu'en Chine, il y a peut-être davantage une fascination et une empathie.
03:08Par exemple, lors de la finale, j'étais assise à côté d'une fille
03:13qui est super super connue en Chine.
03:15Elle a eu un petit coup de mou parce que les journées sont hyper intenses
03:18et qu'on attendait depuis 12 heures sur un fauteuil.
03:21Et là, il y a les fans qui l'ont vue avoir un coup de mou,
03:23qui la regardaient et qui pleuraient en la regardant
03:26parce qu'elles ne la voyaient pas bien.
03:27Elles la voyaient avec les yeux humides.
03:28Je pense qu'il y avait à la fois un truc d'hyper fanitude et de fascination,
03:34mais aussi d'hyper empathie.
03:35Il y avait un truc genre « Non, non, non ! On partage avec toi ta douleur !
03:38On partage avec toi ta peine ! »
03:40Et j'ai trouvé ça très très fort, en fait.
03:41Quand tu suis quelqu'un là-bas, quand tu apprécies quelqu'un,
03:45j'ai l'impression qu'il l'apprécie vraiment avec entièreté.
03:48Et j'ai trouvé ça très très touchant.