Nous vivons dans une époque, à une époque où fort heureusement il y a une forme de matérialisme qui s'est installé. Qui est venu détruire tous les vieux mythes, qui étaient des mythes terrorisants et effrayants, qui culpabilisaient les gens...
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00:00On vit dans une époque où, fort heureusement, il y a une forme de matérialisme qui s'est installé,
00:09qui est venu détruire tous les vieux mythes,
00:16qui étaient des mythes terrorisants et effrayants et qui culpabilisaient les gens,
00:21donc c'était sain de les détruire.
00:23Parallèlement, la civilisation de la consommation et d'une certaine aisance,
00:27en tout cas dans les pays économiquement développés, ont permis aux gens d'avoir
00:34et ont développé une culture de l'avoir hyper développée, hyper trophiée, je dirais,
00:42c'est-à-dire le bonheur est dans le fait de posséder.
00:44D'ailleurs, on le voit dans les annonces à la télévision, on ne vend pas une voiture,
00:48on vend le rêve d'avoir une voiture,
00:53les images, l'idéalisation de l'objet en tant qu'objet de désir,
00:58et donc comme si le bonheur allait commencer quand on est propriétaire d'une maison,
01:03d'une voiture, d'une chaîne stéréo, enfin n'importe quel objet.
01:07Donc on a privilégié l'avoir sur l'être,
01:12et en même temps on a supprimé tous les vieux mythes et les vieilles croyances culpabilisantes,
01:17ce qui fait que ça donne place à un désert total.
01:21Un désert dont la limite, la périphérie est peuplée.
01:26La périphérie de ce désert, c'est en quelque sorte,
01:29les gens, tant qu'ils ne sont pas dans ce désert, ils voient des objets,
01:32comme on verrait au loin un oasis.
01:34Ils voient, je vais acheter une voiture, je vais être heureux.
01:37Je vais acheter une maison, je vais être heureux.
01:39Je vais aller en vacances au Maroc et je vais être heureux.
01:44Et puis ils y vont.
01:46Et puis ils ont la voiture et ils ont le système de son,
01:49et ils s'aperçoivent que ça ne les rend pas plus heureux.
01:52Aussi quelques jours.
01:53C'est sûr que pendant les premiers jours, on a une nouvelle voiture, on est heureux.
01:56Mais c'est rare qu'au bout d'un an, quand on a la voiture,
02:01on continue d'être heureux de la voir tous les matins.
02:03Parce qu'on s'aperçoit que ça n'amène pas le bonheur.
02:06Donc là, on a franchi cette périphérie du désert
02:10où les objets donnent l'illusion qu'on va être bien,
02:12et puis on arrive au milieu du désert.
02:14Plus de spiritualité parce que les grands mythes,
02:18la croyance en Dieu, au diable, tout ça, ça a disparu.
02:23Le culte de l'objet, de l'avoir.
02:26Et l'avoir, on se rend compte que quel que soit le compte en banque qu'on a,
02:29quels que soient les objets qu'on possède, on n'est pas plus heureux.
02:32Et là, il y a un profond désespoir qui arrive.
02:35Profond désespoir qui se constate en particulier chez les jeunes.
02:38Parce que quand on vieillit, on a un avantage, c'est que le cerveau fonctionne moins bien.
02:42Donc fonctionnant moins bien, on est moins conscient de son malheur.
02:45Et on a forcément un peu plus de patience.
02:48Et je dirais que plus on a peur de mourir, moins on a envie de mourir.
02:52Alors que le jeune, lui, il a envie de vivre. Il a envie d'être heureux.
02:56Et puis, comme si le bonheur, c'était un droit.
03:00Et c'est pas un droit.
03:02Ça se cultive.
03:04C'est là qu'il faut remplacer cette culture de l'avoir par une culture de l'être.
03:08C'est-à-dire enseigner aux gens que le bonheur, ça se fabrique.
03:14Ça se cultive, ça se crée.
03:16Ça se crée lorsqu'on redonne sa véritable place à l'être à la place de l'avoir.
03:22Ça veut pas dire qu'il faut rien avoir.
03:24Ça veut dire qu'il faut avoir un peu, mais être concentré sur l'être, et puis avoir à côté.
03:29Mais pas être concentré sur l'avoir parce que l'être se développe pas à côté.
03:33La nouvelle spiritualité, qui est indispensable à l'être humain,
03:37car l'homme, comme l'a dit un grand philosophe, est un animal religieux,
03:40on a besoin de religion, mais pas de religion primitive.
03:43André Malraux qui disait ça, le 21e siècle sera religieux ou ne sera pas.
03:48Alors on voyait toujours l'église catholique ou des vieilles religions poussiéreuses.
03:52Pas du tout.
03:53C'est des nouvelles religions.
03:55C'est-à-dire la religion de l'être humain.
03:57Être religéré en latin, se sentir relié avec les plantes.
04:00Et ça commence à naître, sous nos yeux étonnés, avec les mouvements écologistes.
04:05Ou les mouvements un petit peu qui font le lien avec les américains originaux,
04:10ce qu'on appelle les indiens par erreur.
04:12Cette espèce de mélange qui se fait de religions asiatiques,
04:16de liens avec les écologistes,
04:19de liens avec les peuples traditionnels ou autochtones américains.
04:23Tout d'un coup de se sentir relié aux arbres, aux plantes, aux animaux,
04:27à la planète, aux cycles du soleil et de la lune.
04:30Ça c'est une spiritualité, je dirais une spiritualité matérialiste.
04:34Et c'est de ça que l'homme a besoin actuellement.
04:36Pas d'une spiritualité artificielle avec des diables et des dieux.
04:39Ça on n'en veut plus, les gens n'en veulent plus et ils ont raison.
04:41Mais une spiritualité où l'homme prend conscience qu'il est Dieu lui-même.
04:45C'est-à-dire qu'il est tout, qu'il est l'infini.
04:47Et puis où on se sent relié avec tous les êtres humains qu'il y a sur Terre.
04:52Avec tout ce qui est vivant et avec tout ce qui n'est pas vivant aussi.
04:55Les étoiles, les planètes, l'infini.