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Après la décision du Président de la République Emmanuel Macron de dissoudre l'Assemblée nationale, les Français sont à nouveau appelés aux urnes pour désigner leurs députés au 2nd tour de ces élections législatives anticipées, ce dimanche 07 juillet 2024 pour désigner leurs députés. LCP-Assemblée nationale et France 24 s'associent pour proposer une couverture nationale et internationale de ces élections législatives anticipées.

Soirées spéciales élections législatives 2024
Dimanche 7 juillet en direct de 19h à minuit

Soirée commune en direct de 19h à minuit, présentées par Brigitte Boucher et Myriam Encaoua (LCP-Assemblée nationale), Raphaël Kahane et Damien Coquet (France 24), en compagnie de Roselyne Febvre, cheffe du service politique de France 24 et de nombreux invités en plateau, experts et politologues.
France 24 et LCP-Assemblée nationale donnent la parole aux candidats et aux électeurs, livrent les résultats sortis des urnes en soirée et les premières réactions, en France comme à l'international.

Tout au long de cette soirée électorale, reportages avec les envoyés spéciaux dans les QG de campagnes des partis politiques, ainsi que dans les grandes villes européennes (Rome, Berlin, Bruxelles...) et les réactions des députés de l'étranger comme à Washington et en Israël.
En plateau, politologues et spécialistes de la France et de l'Union européenne livreront leurs analyses sur la participation, les enjeux et les résultats de ce scrutin, en partenariat avec IPSOS Talan, RFI, France Télévisions et Radio France.

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#LCP #assembleenationale #legislatives2024

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Transcription
00:00:00Générique
00:00:12Bonsoir, bonsoir à tous et bienvenue si vous nous rejoignez sur LCP France 24, soirée électorale exceptionnelle sur nos antennes en direct jusqu'à minuit pour tout comprendre
00:00:21des conséquences politiques de ces élections législatives, élections surprenantes, élections qui font basculer le pays dans une période inédite de son histoire.
00:00:29Bonsoir Damien Coquet.
00:00:31Bonsoir Myriam Mankawa.
00:00:33Pour commencer évidemment on va s'intéresser à ce fait politique majeur de la soirée, cette grande vague RN qui n'a donc pas eu lieu.
00:00:40Regardez ce paysage politique complètement recomposé en France autour de trois grands blocs de taille plus ou moins équivalente.
00:00:48Vous le voyez juste en bas sur votre écran le nouveau front populaire qui arrive en tête entre 171 et 187 sièges.
00:00:56Selon notre partenaire Ipsos Talent, elle vient ensuite vous le voyez le groupe Ensemble 152 à 163 sièges.
00:01:06Le RN et ses alliés 134 à 150 de sièges.
00:01:11Les Républicains et l'Ivaire droite entre 63 et 68 sièges.
00:01:16Regardons maintenant la répartition en sièges au sein de ces trois grands blocs.
00:01:21C'est important car il s'agit de savoir ce soir si des alliances, des compromis, des coalitions sont possibles.
00:01:27Alors à gauche, LFI vous le voyez arrive en tête de ce groupe de gauche NFP.
00:01:3269 à 75 sièges suivi de près par le parti socialiste.
00:01:3659 à 65 sièges.
00:01:38Les écologistes 32 à 36 sièges.
00:01:40Le parti communiste 11 sièges selon notre partenaire Ipsos Talent.
00:01:46Au centre à présent, Ensemble, le camp présidentiel.
00:01:50Renaissance 96 à 102 sièges.
00:01:53Le modem de François Bayrou 32 à 35 sièges.
00:01:55Horizont d'Edouard Philippe 24 à 26 sièges.
00:01:59Enfin à l'extrême droite, le Rassemblement national entre 120 et 134 sièges.
00:02:05Les alliés siotistes de Marine Le Pen 14 à 18 sièges.
00:02:12Voilà, on va revenir dans le détail évidemment sur les enseignements de ces différentes estimations.
00:02:17Tout au cours de la soirée avec nos invités autour de cette table.
00:02:21David Jaïz, essayiste et ancien conseiller à Matignon.
00:02:25Merci beaucoup d'être avec nous.
00:02:27Jean-Bastien Ferjou, directeur du site Atlantico qui est avec nous également.
00:02:33Et puis Jean-Philippe Derosier.
00:02:35Merci beaucoup d'être avec nous, constitutionnaliste, professeur de droit public.
00:02:40Merci à vous trois.
00:02:42D'autres invités vont se relayer évidemment tout au cours de cette soirée sur ce plateau.
00:02:46Alors avant de vous entendre messieurs, on va écouter tous ensemble les grandes déclarations politiques de la soirée.
00:02:54Le Premier ministre doit s'en aller.
00:02:57En effet, il n'a jamais reçu la confiance de l'Assemblée nationale.
00:03:04Il vient de diriger la campagne perdue par son camp.
00:03:08Et il a reçu un vote de défiance populaire massif.
00:03:13Le Président a le pouvoir, le Président a le devoir d'appeler le nouveau Front populaire à gouverner.
00:03:24Dès lors, aucun subterfuge, arrangement ou combinaison ne seraient acceptables.
00:03:33En effet, les leçons du vote sont sans appel.
00:03:38Je le dis ce soir, nous ne nous prêterons à aucune coalition des contraires
00:03:43qui viendrait trahir le vote des Français et prolonger les politiques macronistes.
00:03:59Nous ne voulons qu'une seule chose, faire en sorte que notre pays se retrouve fidèle à la tradition républicaine
00:04:07et conformément à mes principes, je remettrai demain matin ma démission au Président de la République.
00:04:14Je sais qu'à la lumière des résultats de ce soir, bon nombre de Français ressentent une forme d'incertitude sur l'avenir
00:04:22puisqu'aucune majorité absolue ne se dégage.
00:04:25Notre pays connaît une situation politique sans précédent et se prépare à accueillir le monde dans quelques semaines.
00:04:32Aussi, j'assumerai bien évidemment mes fonctions aussi longtemps que le devoir l'exigera,
00:04:38il ne peut en être autrement à la veille d'échéances si importantes pour notre pays.
00:04:43Malheureusement, l'alliance du déshonneur et les arrangements électoraux dangereux
00:04:50annoncés par Emmanuel Macron et Gabriel Attal avec les formations d'extrême-gauche
00:04:56privent ce soir les Français d'une politique de redressement qu'ils ont pourtant plébiscité largement
00:05:03en nous plaçant en tête des élections européennes puis dimanche dernier,
00:05:07lors du premier tour avec près de 34% des suffrages exprimés.
00:05:11Ce soir, ces accords électoraux jettent la France dans les bras de l'extrême-gauche de Jean-Luc Mélenchon.
00:05:19Voilà pour ces déclarations. J'ajoute que le président de la République, Emmanuel Macron,
00:05:23a fait savoir ce soir qu'il attendra, je cite, la structuration de la nouvelle Assemblée
00:05:28pour prendre les décisions nécessaires, source éliséenne.
00:05:32Le pays a donc voté massivement un 7 juillet.
00:05:36David Jaïz est placé donc la gauche légèrement en tête.
00:05:40Victoire du Front populaire ce soir ou victoire du Front républicain ?
00:05:44Victoire du Front républicain d'abord.
00:05:46Il y a deux enseignements majeurs à tirer de cette campagne express des législatives.
00:05:51Le premier, c'est que la gauche a été capable de s'unir en trois jours,
00:05:55avec parfois des différences programmatiques très importantes,
00:05:58parce qu'il y avait la peur d'une victoire du Rassemblement national.
00:06:02Et le second enseignement, c'est que le Front républicain, qu'on a moqué, qu'on a décrié,
00:06:06qu'on a critiqué, qu'on donnait pour agonisant, en réalité fonctionne très bien,
00:06:10parce qu'on voit qu'il y a des reports de voix importants qui se font
00:06:13de la gauche vers le centre et du centre vers la gauche.
00:06:16Et ce soir, cette morphologie de l'Assemblée nationale,
00:06:19elle est largement liée à ce Front républicain.
00:06:22Donc pour vous, ce sont les désistements et les reports de voix
00:06:26qui ont payé pour faire barrage au RN.
00:06:28Il y a trois blocs, c'est très particulier, Marcial Soucault,
00:06:31trois blocs quasiment identiques.
00:06:33Bon, il y a un premier, il y a un deuxième au milieu,
00:06:36les macronistes et le Rassemblement national, qui est troisième force ce soir.
00:06:40Quels enseignements vous tirez ?
00:06:42Est-ce que ces trois blocs sont absolument incompatibles entre eux ?
00:06:47Je crois qu'on pourrait se retrouver en train de commenter
00:06:50les résultats des élections allemandes.
00:06:52On a des résultats qui nous donnent l'impression
00:06:55qu'on n'a pas du tout eu ce soir le deuxième tour
00:06:58d'un scrutin majoritaire à deux tours,
00:07:00mais le premier tour d'un scrutin proportionnel.
00:07:02C'est quand même une belle ironie de l'histoire,
00:07:04tellement nombreux ont été ceux qui ont considéré
00:07:07que le scrutin majoritaire à deux tours était l'arme atomique
00:07:10empêchant la montée, l'accession du RN au pouvoir.
00:07:15Ce soir, on voit que ce scrutin majoritaire,
00:07:19lors de son deuxième tour et pas de son premier tour,
00:07:22produit quelques effets.
00:07:24Mais ce n'est pas simplement les institutions.
00:07:26Et pourtant, je suis viscéralement attaché aux institutions.
00:07:29Les institutions, elles sont fortes, elles sont présentes
00:07:31et elles permettent quand même une régulation des comportements électoraux.
00:07:36Mais ce soir, effectivement, je rejoins ce que disait à l'instant David,
00:07:40c'est-à-dire que le front républicain est presque plus fort que les institutions.
00:07:45Et puis le deuxième enseignement, c'est que les électeurs français
00:07:49ont répondu à cet appel, ont voté moralement,
00:07:54avec des électeurs viscéralement attachés à certaines valeurs républicaines,
00:07:59mais ils ont voté moralement pour une France ingouvernable.
00:08:03Alors, ça veut dire quoi, ça ?
00:08:05Moralement pour une France ingouvernable ?
00:08:07Oui, c'est-à-dire que...
00:08:08On peut moralement souhaiter le blocage ?
00:08:10Non, on ne souhaite pas moralement le blocage,
00:08:12mais l'enjeu, c'était un enjeu qui était fortement, je dirais, éthique,
00:08:17une éthique de la politique.
00:08:19Et je pense que tous les Français avaient bien à l'esprit
00:08:22qu'il n'y aurait pas de majorité absolue
00:08:24qui se dessinerait au soir du second tour.
00:08:27Et donc c'est cette renonciation à une majorité absolue
00:08:31qui s'est construite autour de l'argument moral.
00:08:35Et maintenant...
00:08:36Leur demande, avec ce vote, les Français,
00:08:38de trouver des compromis, selon vous, de travailler ensemble ou pas ?
00:08:42Moi, je le lis comme, c'est peut-être pas le premier message,
00:08:45mais c'est à tout le moins le deuxième ou le troisième message,
00:08:47message demandant désormais à ceux qui ont la responsabilité
00:08:51de construire une majorité,
00:08:53à mon sens, plutôt absolue que relative,
00:08:56parce que relative voudrait dire qu'on revient
00:08:58à la caisse départ des élections législatives de juin 2022.
00:09:01Là, il y a, je pense, un refus des Français.
00:09:04Et donc ils ont envoyé un message demandant
00:09:08à un futur Premier ministre ou une Première ministre
00:09:10et le Président de la République de concevoir
00:09:12un gouvernement de coalition.
00:09:14C'est très difficile, ce soir, de savoir d'où il part
00:09:16et où il se termine.
00:09:18Coalition ? J'aimerais que vous nous disiez c'est quoi, précisément,
00:09:20avant de partir au duplex.
00:09:22C'est très simple.
00:09:23C'est un gouvernement qui allie plusieurs familles politiques
00:09:27qui ne partagent pas nécessairement la même vision,
00:09:30les mêmes programmes, les mêmes priorités,
00:09:32mais qui peuvent s'entendre sur un programme à minima,
00:09:35comme, je reprends cet exemple,
00:09:37parce que pour moi, il est assez révélateur,
00:09:39comme les sociodémocrates du SPD en Allemagne
00:09:42et les conservateurs de la CDU.
00:09:44Parfois, ils parviennent avec quelques libéraux
00:09:47ou quelques verts selon les circonstances.
00:09:49Et on se met d'accord sur une base programmatique.
00:09:51Et j'ai entendu ce soir une déclaration qui m'a surpris
00:09:55parce que je crois qu'il serait faux de penser
00:09:58que ce serait simplement un arrangement provisoire.
00:10:01Ce n'est pas tout simplement pour attendre la prochaine dissolution
00:10:05dans un an.
00:10:06Non, là, c'est une occasion, je crois, unique
00:10:09que l'on installe dans la Ve République
00:10:12une nouvelle culture politique.
00:10:14On va s'intéresser aux différents scénarii
00:10:16et à tout ce qui nous attend dans les mois qui viennent.
00:10:19Cette séquence politique va être passionnante.
00:10:21Mais on va tout d'abord partir du côté de Vincennes,
00:10:25au QG du Rassemblement National,
00:10:27où se trouve pour nous Clovis Casali.
00:10:29Clovis, la vague RN, je le disais tout à l'heure, n'a pas eu lieu,
00:10:32même si le Rassemblement National réalise son meilleur score
00:10:35des élections législatives.
00:10:37Il n'y aura jamais eu autant de députés
00:10:39Rassemblement National à l'Assemblée.
00:10:43Mais je peux vous dire que ce n'est clairement pas la soirée
00:10:45dont rêvaient les cadres du RN et les militants venus,
00:10:48nombreux par centaines, 500 militants,
00:10:50ici au pavillon chenet du Roi, tout près du château de Vincennes.
00:10:55Les gens ici déçus des mines décomposées
00:10:58à l'annonce des résultats
00:11:00et qui se sont un petit peu réjouis en voyant Jordan Bardella.
00:11:03Jordan Bardella qui a déclaré qu'un vent se levait
00:11:06et que rien ne pourrait l'arrêter.
00:11:08Jordan Bardella qui a fortement critiqué
00:11:10le président Emmanuel Macron,
00:11:12mais aussi Jean-Luc Mélenchon
00:11:14en parlant de l'arrangement du déshonneur,
00:11:16un arrangement dangereux du côté de la gauche.
00:11:19Puis un petit mouvement de foule,
00:11:21quand Marine Le Pen est apparue,
00:11:23est venue dans cette salle
00:11:25pour déclarer que pour elle ce n'était pas une défaite,
00:11:28c'était un très bon résultat,
00:11:30malgré tout, car oui,
00:11:32le RN n'aura jamais eu autant de députés
00:11:34à l'Assemblée Nationale.
00:11:36Au soir de ce second tour des législatives,
00:11:38Marine Le Pen qui a déclaré
00:11:40notre victoire n'est que différée.
00:11:42Et elle a aussi accusé les médias
00:11:45et plus généralement le contexte politique
00:11:47d'avoir été très durs
00:11:49à l'égard du RN
00:11:51avec diffamation injure du jamais vu
00:11:53a-t-elle dit depuis 2002.
00:11:55Clovis Cavalli,
00:11:57pour France 24 et LCP depuis Vincennes.
00:11:59Merci à vous Jean-Sébastien Ferjou.
00:12:01Victoire du Front Républicain,
00:12:03mais quand même un entre-deux-tours
00:12:05du RN
00:12:07qui a pu faire très peur à certains électeurs.
00:12:09Un entre-deux-tours raté
00:12:11avec des candidats peu préparés
00:12:13et beaucoup de dérapages.
00:12:15Il paie ça aussi le RN
00:12:17dans la non-majorité
00:12:19absolue espérée et atteinte ce soir.
00:12:21Je crois qu'il y a deux Fronts Républicains.
00:12:23Quand vous regardez la France Insoumise,
00:12:25si vous regardez le nouveau Front Populaire,
00:12:27c'est une chose, mais si vous regardez la France Insoumise,
00:12:29ils ne gagnent pas de siège, peut-être même en auront-ils
00:12:31un ou deux en moins que ce qu'ils avaient dans l'Assemblée
00:12:33précédente. Donc je pense qu'il y a eu ces deux
00:12:35réalités-là qui ont joué.
00:12:37Donc deux épouvantables,
00:12:39deux figures qui cristallisent.
00:12:41Quand vous regardez les reports de voix,
00:12:43les reports de voix, par exemple,
00:12:45les électeurs de droite se sont
00:12:47beaucoup plus facilement reportés sur
00:12:49Renaissance qu'ils ne se sont reportés
00:12:51sur les candidats du nouveau Front Populaire
00:12:53dans les duels vis-à-vis du RN.
00:12:55D'ailleurs, ils se sont plutôt reportés soit vers
00:12:57Renaissance, soit vers le NFP,
00:12:59que vers le RN.
00:13:01Ce qui est intéressant à noter quand même,
00:13:03parce qu'on nous avait beaucoup expliqué que, finalement,
00:13:05il y avait une continuité absolue entre les électeurs de droite
00:13:07et le RN, et non, ça n'est pas le cas.
00:13:09Mais je crois que ces deux Fronts
00:13:11républicains-là ont joué
00:13:13et que ça explique assez largement
00:13:15la raison pour laquelle il n'y a pas de majorité
00:13:17aujourd'hui. Après, moi, je note que c'est tragique.
00:13:19Ce n'est ni RN ni LFI qui aboutit à
00:13:21une sorte de majorité retrouvable.
00:13:23Oui, et je trouve ça assez ironique d'ailleurs
00:13:25du point de vue de l'ex-majorité
00:13:27du camp présidentiel
00:13:29qui a préféré appeler à se décister
00:13:31en faveur de la France Insoumise
00:13:33plutôt que du Rassemblement National. Moi, si j'écoute
00:13:35Jean-Luc Mélenchon ce soir et Olivier Faure,
00:13:37l'un disant pas de coalition, l'autre
00:13:39disant aucune coalition des contraires, c'est que
00:13:41peut-être sont-ils en train de jouer une espèce
00:13:43de crise de régime parce qu'ils ne peuvent pas
00:13:45avec 200 députés, ils ne peuvent pas
00:13:47imaginer véritablement
00:13:49gouverner. – Crise de régime, alors là,
00:13:51on est à l'antipode… – Si j'écoute Jean-Luc Mélenchon
00:13:53et Olivier Faure, je les entends
00:13:55nous expliquer. Alors, Raphaël Glucksmann,
00:13:57lui, tient un discours assez différent. – Très différent.
00:13:59– Mais ça serait assez ironique de voir Emmanuel Macron
00:14:01pousser vers la sortie par le camp
00:14:03en faveur duquel il a appelé à se désister.
00:14:05– Jean-Philippe de Rosier, majorité
00:14:07introuvable, on voit ce
00:14:09camembert, ces trois forces politiques
00:14:11complètement dispersées qui peuvent être
00:14:13les différentes scénarii désormais, c'est l'heure
00:14:15des grandes tractations qui va bientôt commencer. Pour l'instant,
00:14:17Emmanuel Macron ne se mouille pas.
00:14:19– Oui, et pardonnez-moi
00:14:21d'être peut-être
00:14:23assez proche de lui en ne me mouillant pas
00:14:25beaucoup encore ce soir parce que
00:14:27déjà, vous voyez, il y a encore des fourchettes.
00:14:29Il faut attendre de voir comment
00:14:31se cristallisent les groupes. C'est un premier
00:14:33élément fondamental. Le premier
00:14:35renseignement, c'est que
00:14:37effectivement, personne n'aura
00:14:39la majorité absolue.
00:14:41Deuxièmement,
00:14:43il y aura donc nécessairement,
00:14:45ça a été dit tout à l'heure par M. Foucault,
00:14:47des coalitions qui devront se construire.
00:14:49Et là,
00:14:51il faut que chacun prenne
00:14:53ses responsabilités.
00:14:55Un pays a besoin de gouvernement,
00:14:57un État doit fonctionner
00:14:59et donc, il va
00:15:01falloir construire,
00:15:03quoi, nous ne le savons pas encore,
00:15:05mais trouver des accords pour
00:15:07permettre à un gouvernement d'exister.
00:15:09– Ça veut dire quoi construire ?
00:15:11Comment ça peut se dérouler ? Autour de qui ?
00:15:13– On ne peut pas savoir aujourd'hui qui sera le prochain Premier ministre.
00:15:15En revanche, nous savons
00:15:17qui ne le sera pas. Jordan Bardella
00:15:19ne sera pas Premier ministre. Pour lui,
00:15:21c'est impossible.
00:15:23Il n'est même pas utile de lui proposer,
00:15:25alors même que le Rassemblement
00:15:27national sera vraisemblablement le premier groupe
00:15:29à l'Assemblée nationale, mais il n'est pas utile
00:15:31de lui proposer Matignon
00:15:33parce qu'avec 140,
00:15:35150 députés, il est très loin
00:15:37de la majorité absolue qui est 289
00:15:39et donc, il susciterait immédiatement
00:15:41une motion de censure.
00:15:43Gabriel Attal ne sera pas
00:15:45le prochain Premier ministre. C'est inimaginable.
00:15:47– Il présente sa démission ce soir.
00:15:49– L'enseignement de ce soir, c'est que les macronistes,
00:15:51le camp du Président de la République,
00:15:53est battu lors de ces élections.
00:15:55Ils avaient 250 députés,
00:15:57ils reviennent avec un peu plus de 150.
00:15:59On voit bien que c'est une défaite
00:16:01cuisante. Troisième enseignement,
00:16:03c'est que la gauche est en très forte
00:16:05dynamique et donc, il ne serait pas
00:16:07illogique que
00:16:09Matignon arrive entre ses mains.
00:16:11Mais elle ne pourra pas gouverner seule.
00:16:13Et donc là, encore
00:16:15une autre certitude sur qui ne sera
00:16:17pas Premier ministre, Jean-Luc Mélenchon
00:16:19ne sera pas Premier ministre. Pourquoi ?
00:16:21Parce qu'il n'est pas en mesure
00:16:23de susciter un rassemblement,
00:16:25une coalition, qui aille
00:16:27ne serait-ce qu'au sein même du
00:16:29Nouveau Front Populaire. Je ne suis pas sûr
00:16:31qu'il suscite un accord suffisant.
00:16:33– Oui, parce que le mode de désignation, normalement,
00:16:35doit être démocratique au sein du Nouveau Front Populaire.
00:16:37– Le mode de désignation du Premier ministre
00:16:39appartient au seul Président de la République.
00:16:41C'est le Président de la République
00:16:43qui nomme le Premier ministre sans contresein.
00:16:45– Article 8 de la Constitution. – Article 8, alinéa premier.
00:16:47Il peut choisir qui il veut.
00:16:49Mais il faut qu'il choisisse une personnalité politique
00:16:51qui ne va pas susciter le rejet immédiat.
00:16:53C'est pour ça que je vous dis,
00:16:55qui ne sera pas Premier ministre ?
00:16:57Un Premier ministre battu ne peut pas
00:16:59assumer et continuer à poursuivre
00:17:01ses responsabilités.
00:17:03Et un Premier ministre qui va susciter un rejet immédiat
00:17:05tel Jordan Bardella ou Jean-Luc Mélenchon
00:17:07ne peut pas assumer
00:17:09de telles responsabilités.
00:17:11Donc, il va falloir trouver une personnalité
00:17:13qui soit rassembleuse, un homme,
00:17:15une femme, qui sera en mesure
00:17:17de composer un gouvernement de coalition
00:17:19où il y aura des personnalités issues
00:17:21de différents groupes qui seront en mesure
00:17:23de le soutenir, d'où ça partira
00:17:25ou ça ira, je rejoins Martial Foucault,
00:17:27à ce jour, à cette heure-ci, le 7 juillet
00:17:29à un peu plus de 22h, il est impossible
00:17:31de le dire. – Et des résultats tombent
00:17:33encore circonscription par circonscription.
00:17:35À faire un point tout de suite avec Clément Perrault.
00:17:40– Du Rhône avec une élection un peu atypique,
00:17:42une triangulaire où la candidate
00:17:44du camp présidentiel, Anne-Laurence Pételle,
00:17:46avait refusé de se désister.
00:17:48Eh bien, le résultat ce soir, c'est une victoire
00:17:50du candidat RN, Géraud Verny.
00:17:53Maintenant, en Neuer-et-Loire,
00:17:55Philippe Vigier, député Modem sortant,
00:17:57lui, est réélu avec une avance
00:17:59assez courte, toutefois moins de 52%.
00:18:02Dans l'Aude, Philippe Poutou, du NPA,
00:18:04ancien candidat à l'élection présidentielle,
00:18:06est nettement battu par le député
00:18:08sortant du RN, Christophe Barthez.
00:18:11Pour les Républicains,
00:18:13Pierre-Henri Dumont est lui aussi battu
00:18:15dans le Pas-de-Calais, c'est le candidat
00:18:17RN, Marc Deflorian, qui le devance
00:18:19d'une courte tête. Pour le RN également,
00:18:21mais battu, lui, l'ancien sondeur
00:18:23Jérôme Sainte-Marie, en Hautes-Alpes,
00:18:25Marie-Josée Allemand, du Nouveau Front Populaire,
00:18:28le devance, là aussi, d'assez peu.
00:18:30Battu également, Bertrand Pancher,
00:18:32dans la Meuse, il était le président
00:18:34du groupe centriste indépendant
00:18:36Liott, à l'Assemblée, il est devancé
00:18:38par le RN, Maxime Emblard.
00:18:40Enfin, dans le Pas-de-Calais, Agnès Pannier-Runacher,
00:18:42ministre déléguée à l'agriculture,
00:18:44est réélu, 55,84%.
00:18:47Elle semblait mal engagée,
00:18:49mais elle a profité à plein du désistement
00:18:51du candidat du Nouveau Front Populaire,
00:18:53donc, dans cette circonscription du Pas-de-Calais.
00:18:55Merci beaucoup, Clément Perreault.
00:18:57On va vous retrouver jusqu'à minuit
00:18:59pour de nouveaux résultats, dès que vous les avez
00:19:01sous la main. David Djaïz,
00:19:03je vous voyais avec un léger sourire aux lèvres.
00:19:05Est-ce qu'il faut se désoler,
00:19:07ce soir, de trois forces
00:19:09qui, a priori,
00:19:11tout opposent, qui ne pourront pas
00:19:13gouverner ensemble, parce qu'il y a des conditions
00:19:15non négociables,
00:19:17apparemment, notamment la question des retraites,
00:19:19le retour à 60 ans, ou au contraire,
00:19:21se réjouir, de forcer
00:19:23d'une certaine façon
00:19:25des forces politiques
00:19:27à s'entendre, parce qu'au fond, c'est le message
00:19:29souhaité par les Français.
00:19:31Je rejoins ce qui a été dit.
00:19:33La France, c'est la septième puissance mondiale,
00:19:35et elle a besoin d'un gouvernement, ne serait-ce que pour faire tourner
00:19:37la machine étatique, assurer la continuité
00:19:39du service public,
00:19:41l'administration du territoire.
00:19:43On ne peut pas imaginer
00:19:45d'avoir une espèce
00:19:47de gouvernement fantoche,
00:19:49technique, donc il va bien falloir trouver
00:19:51une majorité absolue
00:19:53dans l'idéal, relative, dans le pire
00:19:55des cas, à l'Assemblée nationale.
00:19:57Si on continue à raisonner comme on le fait
00:19:59tous depuis tout à l'heure, en trois blocs, ça ne marchera pas.
00:20:01Pourquoi ? Pour une raison très simple,
00:20:03c'est qu'on a installé des barrières d'espèces
00:20:05entre,
00:20:07évidemment, la gauche et le centre,
00:20:09d'une part, et le Rassemblement national, d'autre part,
00:20:11à travers la logique du Front républicain,
00:20:13mais aussi, ces derniers mois
00:20:15et ces dernières années, entre la gauche et le centre,
00:20:17avec des noms d'oiseaux,
00:20:19des invectifs, des paroles qui ont été
00:20:21très violentes. Donc il faut casser ces blocs.
00:20:23Et le seul moyen de casser ces blocs,
00:20:25c'est de revenir aux sensibilités
00:20:27politiques qui s'expriment ce soir
00:20:29à l'Assemblée, et qui sont plus nombreuses que trois.
00:20:31Les groupes politiques qui vont se
00:20:33constituer. Il y a des écologistes,
00:20:35il y a des communistes, il y a la France insoumise,
00:20:37il y a Renaissance,
00:20:39qui, par parenthèse, est le deuxième
00:20:41groupe en importance
00:20:43après le Rassemblement national ce soir.
00:20:45C'est évidemment une défaite
00:20:47pour le camp présidentiel, puisqu'il perd
00:20:49une centaine de députés, mais le groupe
00:20:51Renaissance n'est pas ridicule.
00:20:53Si on prend les différents groupes parlementaires,
00:20:55j'essaie de faire de la pédagogie,
00:20:57la NFP n'étant qu'une alliance
00:20:59électorale, on va recompter chacun
00:21:01des forces en fonction des groupes parlementaires
00:21:03qui seront constitués le 18 juillet prochain.
00:21:05Voilà. Et donc, si vous voulez,
00:21:07ce qui est intéressant maintenant, c'est de laisser
00:21:09un peu vivre tout ça, comme
00:21:11on observerait une culture cellulaire,
00:21:13c'est-à-dire de voir comment les
00:21:15députés élus, les présidents de groupe, vont
00:21:17discuter entre eux. Et on peut tout à fait
00:21:19imaginer de faire le pari de l'intelligence,
00:21:21c'est-à-dire de faire comme on fait en Allemagne, ou comme
00:21:23on fait dans certains pays scandinaves.
00:21:25On a une photographie des rapports de force au Parlement
00:21:27qui sont issus de ces élections, c'est-à-dire qu'on a fait de la
00:21:29proportionnelle sans le savoir.
00:21:31Et sur la base de ces rapports de force,
00:21:33on va laisser les
00:21:35différents groupes discuter entre eux pour essayer
00:21:37d'élaborer un contrat de gouvernement.
00:21:39Et j'insiste bien sur
00:21:41le terme contrat, parce que ça ne veut pas dire
00:21:43que ces forces politiques vont
00:21:45s'inventer une osmose
00:21:47politique ou intellectuelle qui n'existe pas.
00:21:49Alors, contrat, ça donne le sentiment que c'est très ambitieux comme en
00:21:51Allemagne. Non, pas du tout. C'est un socle minimal
00:21:53de propositions communes ? Non, pas forcément minimal.
00:21:55Ou une liste de réformes ambitieuses ? Non, ça veut dire
00:21:57que ces forces politiques vont se mettre
00:21:59d'accord sur un certain nombre de points
00:22:01qui doivent être traités et qui peuvent faire
00:22:03l'objet d'un compromis entre eux.
00:22:05Par exemple, l'instauration du
00:22:07mode de scrutin proportionnel.
00:22:09C'est une loi électorale simple
00:22:11et ça fait relativement consensus
00:22:13au sein de l'Assemblée nationale. On pourrait imaginer
00:22:15des mesures sur la lutte contre
00:22:17les déserts médicaux en milieu rural.
00:22:19Donc, on va essayer de trouver
00:22:21un certain nombre de points d'accord qui peuvent
00:22:23faire l'objet d'un contrat de gouvernement
00:22:25sans pour autant renier l'identité politique
00:22:27des différents groupes ou partis
00:22:29qui vont participer à ce contrat de gouvernement.
00:22:31En Allemagne, les libéraux du FDP
00:22:33et les écologistes et les socialistes,
00:22:35il y a plein de sujets sur lesquels ils sont en désaccord total.
00:22:37Mais ils mettent des mois pour se mettre d'accord ?
00:22:39Ça peut prendre des semaines.
00:22:41Est-ce qu'on est dans ce calendrier-là ?
00:22:43La classe politique française est capable de ça ?
00:22:45C'est assez inédit.
00:22:47Je ne sais pas, l'histoire va nous le dire.
00:22:49Je vois quand même un certain nombre d'obstacles.
00:22:51Je trouverais ça très bien que nous arrivions
00:22:53à développer une culture beaucoup plus parlementaire.
00:22:55Mais nous ne sommes pas en Allemagne
00:22:57pour différentes raisons. Déjà parce qu'en Allemagne,
00:22:59il n'y a pas un président ayant autant de pouvoir
00:23:01que le président de la République française.
00:23:03C'est-à-dire que les partis n'ont pas d'autre choix
00:23:05que de se mettre d'accord parce qu'il n'y a pas
00:23:07une majorité à côté qui est la majorité présidentielle.
00:23:09Avec le quinquennat, on ne voit plus bien
00:23:11que la Ve République était construite
00:23:13sur cette double majorité, majorité parlementaire
00:23:15et majorité présidentielle.
00:23:17Mais quand même, ça existe.
00:23:19Autre point, l'Allemagne ou l'Italie ou la Belgique
00:23:21sont des pays beaucoup plus décentralisés que la France.
00:23:23C'est-à-dire que le nombre de décisions que vous devez prendre
00:23:25au niveau national en ayant un accord entre partis
00:23:27est infiniment plus limité
00:23:29que le nombre de décisions, y compris
00:23:31de nominations que vous devez prendre
00:23:33quand vous êtes en France et que vous exercez
00:23:35le pouvoir au niveau national.
00:23:37Parce que oui, on peut faire la proportionnelle.
00:23:39Effectivement, il peut y avoir un accord là-dessus,
00:23:41mais il faudra d'abord se mettre d'accord
00:23:43sur un budget.
00:23:45À l'automne, qui arrive vite.
00:23:47Il faudra aussi se mettre d'accord sur...
00:23:49Il y a quand même des réalités, je n'en sais rien,
00:23:51quand on entend un certain nombre de magistrats parler
00:23:53de narcocité ou qu'ils disent que la démocratie,
00:23:55même en France, pourrait être menacée
00:23:57par la corruption liée au trafic de magistrats.
00:23:59Est-ce que la vision de Madame Tondelier
00:24:01est compatible avec la vision des Républicains ?
00:24:03Ça, je ne sais pas.
00:24:05Et il n'y a pas non plus, en France,
00:24:07de culture d'autonomie des ministères.
00:24:09C'est-à-dire qu'en France,
00:24:11vous avez un président de la République qui choisit
00:24:13le directeur de cabinet du Premier ministre,
00:24:15qui bien souvent choisit le directeur de cabinet
00:24:17de tous les ministres.
00:24:19Ça veut dire qu'il faudrait qu'Emmanuel Macron,
00:24:21en premier lieu, apprenne un rôle totalement différent
00:24:23de celui qu'il a eu jusqu'à présent.
00:24:25Ça fait quand même beaucoup d'obstacles.
00:24:27Souhaitons qu'on y arrive,
00:24:29parce qu'effectivement, de toute façon,
00:24:31le blocage, il vaut toujours mieux
00:24:33des solutions politiques.
00:24:35Quand on ne purge pas les crises d'un point de vue politique,
00:24:37ça se finit dans la rue.
00:24:39Je le souhaite, mais ça va supposer
00:24:41beaucoup plus d'efforts en France
00:24:43que ce que ça demande en Italie, en Allemagne
00:24:45ou dans les pays qui ont l'habitude.
00:24:47Ce sont aussi des pays où il y a la proportionnelle.
00:24:49Avec la proportionnelle, vous êtes élu pour.
00:24:51Avec un scrutin majoritaire à deux tours,
00:24:53vous êtes élu contre.
00:24:55C'est-à-dire que là, les députés qui ont été élus,
00:24:57bien souvent ont été élus contre celui qui s'est présenté
00:24:59contre eux.
00:25:01Et eux, ils doivent rendre des comptes à leurs électeurs.
00:25:03C'est la raison pour laquelle, par exemple,
00:25:05les Républicains ne s'étaient pas alliés aux macronistes en 2022.
00:25:07Les députés LR qui avaient été élus
00:25:09avaient été dans des circonscriptions
00:25:11très anti-macronistes.
00:25:13Tous ces ingrédients-là, ils continuent à jouer quand même.
00:25:15J'ai entendu ce soir un Jean-Luc Mélenchon
00:25:17et un Olivier Faure nous dire
00:25:19qu'ils n'ont pas de députés LR.
00:25:21Alors que vous le voyez ce soir, en direct de la place de la République,
00:25:23une foule de Français
00:25:25est en train d'affluer,
00:25:27masser sur cette place symbolique parisienne,
00:25:29peuple de gauche,
00:25:31à l'appel des différents dirigeants
00:25:33de cette nouvelle alliance,
00:25:35ce nouveau Front populaire,
00:25:37dont une des questions qu'on va se poser ce soir,
00:25:39c'est quel est son avenir ?
00:25:41Peut-il survivre à ce morcellement ?
00:25:43M. Foucault,
00:25:45on parle de coalition,
00:25:47de contrat de gouvernement.
00:25:49Si on gèle les quelques 70 sièges
00:25:51insoumis,
00:25:53puisqu'on a bien compris
00:25:55que Jean-Luc Mélenchon faisait figure
00:25:57de repoussoir, il faudra compter
00:25:59avec les Républicains.
00:26:01Là, on est dans le grand écart.
00:26:03On attend un programme régalien côté républicain.
00:26:05On répond justice sociale
00:26:07du côté de la gauche.
00:26:09Est-ce qu'on peut parler de coalition possible
00:26:11ou simplement peut-être
00:26:13de majorité de projet, texte par texte,
00:26:15comme ça s'est fait jusqu'à présent
00:26:17dans le gouvernement Borne ?
00:26:19Je ne te renverse pas, mais je ne suis pas obligée de voter.
00:26:21C'est ça, le donnant-donnant.
00:26:23Disons que
00:26:25le président de la République,
00:26:27mais je rejoins ce qui a été dit,
00:26:29ne vise peut-être pas la grande coalition,
00:26:31mais peut-être juste l'entente cordiale.
00:26:33Qu'est-ce que ça veut dire ?
00:26:35Vous avez raison de dire que
00:26:37LR va être un groupe pivot.
00:26:39Mais ça, c'est dans la perspective
00:26:41qui est peut-être souhaitable,
00:26:43parce que nos institutions sont faites
00:26:45pour gouverner avec une majorité absolue.
00:26:47Mais rien ne nous garantit
00:26:49qu'il sortira
00:26:51de ces prochaines semaines
00:26:53une majorité absolue.
00:26:55Donc on peut avoir
00:26:57une majorité relative,
00:26:59forte ou faible, je ne sais pas.
00:27:01Mais on ne peut pas légiférer
00:27:03avec une simple majorité relative.
00:27:05Si on peut légiférer, je crois qu'on a peut-être
00:27:07un petit peu exagéré sur...
00:27:09Ça veut dire quoi, ça, concrètement ?
00:27:11On trouve des majorités à chaque projet de loi
00:27:13qui changent de gauche à droite.
00:27:15En deux ans, on a des dizaines de textes
00:27:17qui ont été votés.
00:27:19Donc c'est tout à fait possible, je crois,
00:27:2150, 60 textes...
00:27:23Absolument.
00:27:25C'est-à-dire qu'on ne scelle pas
00:27:27dans un accord les 289 députés.
00:27:29On va aller chercher texte après texte.
00:27:31On n'a pas besoin de 289 députés
00:27:33pour gouverner.
00:27:35Notre Constitution a été écrite
00:27:37en 1958 pour gouverner
00:27:39en majorité relative.
00:27:41Elle contient, elle prévoit
00:27:43des mécanismes qui
00:27:45servent à un gouvernement pour gouverner
00:27:47en majorité relative.
00:27:49On l'a vu, en particulier, depuis 2022.
00:27:51On l'avait déjà vu en 1988.
00:27:53On l'avait vu
00:27:55au début de la Ve République.
00:27:57Vous parliez du 49-3, notamment ?
00:27:59Il y a le 49-3, il y a l'article 47
00:28:01et l'article 47-1 pour faire adopter les budgets.
00:28:03Et il y a surtout
00:28:05le principe même de la Ve République
00:28:07qui est qu'un gouvernement
00:28:09n'a jamais besoin de prouver qu'il est soutenu
00:28:11par une majorité à l'Assemblée nationale.
00:28:13C'est à une majorité à l'Assemblée nationale
00:28:15de prouver qu'elle ne soutient plus le gouvernement
00:28:17à la condition
00:28:19que cette dernière soit absolue.
00:28:21C'est-à-dire qu'il ne faut pas une majorité absolue pour,
00:28:23il faut une majorité absolue contre.
00:28:25N'empêche que les Républicains,
00:28:27en 2022, avec Elisabeth Borne,
00:28:29s'étaient engagés à ne pas censurer.
00:28:31Ils ne l'avaient pas fait jusqu'à présent.
00:28:33Ils ne l'ont pas fait.
00:28:35Mais ils ne l'ont pas fait.
00:28:37Et on a pu constater, en effet,
00:28:39qu'avec 250 députés dans la majorité,
00:28:41avec Elisabeth Borne en 2022,
00:28:43on pouvait gouverner
00:28:45grâce à LR, qui était à l'époque
00:28:47le groupe pivot,
00:28:49qui globalement laissait faire,
00:28:51s'abstenait, parfois soutenait,
00:28:53mais globalement s'abstenait.
00:28:55Et là, il va falloir
00:28:57effectivement reconfigurer.
00:28:59Mais il y a quand même un point
00:29:01qu'il faut bien avoir à l'esprit.
00:29:03Je vais le répéter. Emmanuel Macron
00:29:05est battu.
00:29:07Ce n'est pas lui qui va composer une majorité.
00:29:09Ce n'est pas lui qui va fixer une ligne de route.
00:29:11Mais l'a-t-il compris ?
00:29:13Vous nous avez dit, Emmanuel Macron,
00:29:15article 8, nomme le Premier ministre
00:29:17et le gouvernement.
00:29:19Ce n'est pas lui qui compose, mais la Constitution
00:29:21dit que c'est lui qui décide.
00:29:23C'est lui qui nomme. C'est le peuple qui décide.
00:29:25Et ça, la Constitution le dit.
00:29:27En France, c'est le peuple qui décide.
00:29:29Nous sommes dans une démocratie, et d'ailleurs,
00:29:31à la fin de l'élection, le peuple s'est
00:29:33massivement déplacé pour décider.
00:29:35On assiste à des
00:29:37taux records de participation
00:29:39depuis 1997
00:29:41sur le score final.
00:29:43Et c'est même
00:29:45la première fois depuis 1997
00:29:47que la participation augmente
00:29:49entre le premier tour et le deuxième tour.
00:29:51Je rappelle que 1997,
00:29:53c'était également des élections
00:29:55consécutives à une dissolution.
00:29:57Je pense que tout cela a un sens.
00:29:59Je rappelle qu'en 1997,
00:30:01c'était la gauche plurielle.
00:30:03On n'en est pas très éloigné
00:30:05d'une configuration
00:30:07d'une assemblée qui
00:30:09voit une gauche
00:30:11en dynamique, très loin de la majorité,
00:30:13mais une gauche en dynamique
00:30:15qui pourrait effectivement,
00:30:17si elle ne s'arc-boute pas
00:30:19sur des positions, et là, je vous rejoins,
00:30:21qui ont pu être prononcées, notamment par Olivier Faure,
00:30:23ce soir, où il s'agit
00:30:25de ne pas faire de coalition.
00:30:27Dans ce cas-là, on s'arrête, on éteint la lumière
00:30:29et on revient dans un an lorsqu'on
00:30:31pourra prononcer une nouvelle dissolution.
00:30:33Je n'y crois pas. Il faut que l'on puisse
00:30:35construire un gouvernement qui s'entende
00:30:37sur des minimas pour pouvoir
00:30:39faire fonctionner l'Etat.
00:30:41Deux choses d'abord. Quand on fait la somme
00:30:43des députés France Insoumise et des députés
00:30:45Rassemblement National, ce que j'appelle moi les députés
00:30:47populistes, on a moins de 289 élus.
00:30:49Donc on n'a pas cette majorité
00:30:51de remplacement, de blocage
00:30:53du gouvernement. Donc ça veut dire qu'il y a du jeu
00:30:55pour faire des choses.
00:30:57La deuxième remarque, dans le même esprit,
00:30:59c'est que personne
00:31:01ne nous fera croire que
00:31:03le nouveau Front Populaire, c'est
00:31:05100% du programme à prendre ou à laisser.
00:31:07Ça a été bricolé en trois jours,
00:31:09et on peut comprendre, puisqu'il y avait une extrême urgence
00:31:11pour enregistrer les candidats,
00:31:13dans
00:31:15la peur d'une vague
00:31:17du Rassemblement National, après
00:31:19trois mois de campagne européenne
00:31:21où Raphaël Glucksmann,
00:31:23par exemple, avait été copieusement insulté
00:31:25par des cadres de la France Insoumise,
00:31:27où il y avait des positions
00:31:29assez largement incompatibles sur un certain
00:31:31nombre de sujets, que ce soit la guerre en Ukraine,
00:31:33l'économie de marché, la construction
00:31:35européenne, la laïcité,
00:31:37la guerre au Proche-Orient, etc.
00:31:39Donc on ne va pas nous faire croire
00:31:41que c'est à prendre ou à laisser. Je comprends bien
00:31:43que Jean-Luc Mélenchon ait intérêt à le faire,
00:31:45parce que lui, il veut garder absolument
00:31:47le leadership à gauche, et je vais vous faire une confidence,
00:31:49je pense qu'il ne veut absolument pas
00:31:51que l'expérience gouvernementale, il joue plutôt
00:31:53le chaos institutionnel, mais je pense
00:31:55que la vraie ligne de partage dans les prochains jours
00:31:57à l'Assemblée Nationale et dans le
00:31:59champ politique français, c'est
00:32:01qui veut le chaos institutionnel, puisqu'on ne peut pas
00:32:03dissoudre avant un an, et qui
00:32:05veut au contraire être constructif
00:32:07et essayer de construire, de dégager
00:32:09une véritable orientation politique.
00:32:11Mais là où ça va être difficile,
00:32:13c'est qu'il ne faut pas simplement construire
00:32:15un gouvernement de briques et de brocs,
00:32:17qui soit le résultat d'un Front républicain
00:32:19qui était lui-même un Front de barrage ou de blocage,
00:32:21il faut construire un véritable
00:32:23projet politique, positif,
00:32:25et ce d'autant que ces élections nous révèlent
00:32:27qu'il y a un certain nombre d'urgences,
00:32:29de fractures et de problèmes qui traversent
00:32:31la société française. – On va s'intéresser au lieu de Rassemblement
00:32:33de la gauche ce soir, à la Place de la République à Paris,
00:32:35où se trouve pour nous
00:32:37Cyril Payen. Bonsoir Cyril,
00:32:39quelle est l'atmosphère autour de vous ?
00:32:41– Bonsoir.
00:32:43Écoutez,
00:32:45il y a un sentiment général, on est un peu
00:32:47entre une kermesse et une grande fête
00:32:49où la joie prédomine,
00:32:51on sent beaucoup de jubilation,
00:32:53de soulagement
00:32:55et de jubilation tout autour de nous.
00:32:57Au moment où je vous parle, vous le voyez, la nuit
00:32:59est en train de tomber, et cette place si emblématique,
00:33:01si symbolique, la Place de la République
00:33:03en plein centre de Paris,
00:33:05brille de mille feux, on voit
00:33:07des drapeaux français ça et là,
00:33:09et surtout de plus en plus
00:33:11de gens qui viennent célébrer ensemble,
00:33:13il y a une énorme joie générale
00:33:15ici, on voit énormément de gens
00:33:17une bière à la main qui s'embrase,
00:33:19il y a vraiment une ambiance de bon enfant
00:33:21qui continue
00:33:23de se propager
00:33:25avec bien des centaines de personnes
00:33:27qui convergent vers cette Place de la République
00:33:29qui sont arrivées doucement,
00:33:31nous sommes là avec Johan Bodin depuis
00:33:33deux heures, il y avait environ 2000 personnes
00:33:35et là on voit qu'à mesure que la nuit tombe
00:33:37et il y a ce sentiment général
00:33:39d'apaisement en dépit
00:33:41d'une très très forte présence
00:33:43de sécurité qui d'ailleurs
00:33:45circonscrivent l'ensemble des avenues
00:33:47qui mènent à la Place de la République, les parisiens la connaissent bien
00:33:49mais tous le passent dans une ambiance
00:33:51de bon enfant, encore une fois,
00:33:53et de joie, de satisfaction, on est en train
00:33:55vraiment ici de manière
00:33:57collégiale de célébrer
00:33:59deux choses comme je l'ai dit, un énorme
00:34:01soulagement face à ce
00:34:03résultat surprise
00:34:05au fond et puis satisfaction
00:34:07d'avoir tourné
00:34:09une page en tout cas de cette période
00:34:11électorale où on savait beaucoup de gens
00:34:13nous avions la boule au ventre, nous étions
00:34:15crispés depuis quelques jours et là
00:34:17cette surprise, c'est ce qui est célébré
00:34:19ici autour de nous avec des milliers
00:34:21de parisiens, de gens qui convergent
00:34:23vers cette Place de la République.
00:34:25Merci beaucoup Cyril Payen, Place de la République
00:34:27en direct pour France 24 et
00:34:29LCP, Martial Foucault,
00:34:31on entendait un appel au constructeur
00:34:33d'une certaine façon
00:34:35à gauche dans la bouche de David Jaïz,
00:34:37peut-être en est-il un, je vais vous faire écouter
00:34:39Charles Glucksmann de Place Publique
00:34:41Parti Socialiste et je vous redonne la parole
00:34:43juste après.
00:34:45Nous sommes en tête mais on est dans une assemblée
00:34:47divisée et donc il va falloir se comporter
00:34:49en adulte, c'est-à-dire qu'il va falloir
00:34:51parler, il va falloir
00:34:53discuter, il va falloir dialoguer,
00:34:55il va falloir sortir de soi-même, il va falloir
00:34:57accepter que l'Assemblée nationale
00:34:59devient le cœur
00:35:01du pouvoir. Aujourd'hui
00:35:03on a mis fin au
00:35:05jupitérianisme de la Vème
00:35:07République. Aujourd'hui ce qui s'est passé
00:35:09c'est que le cœur du pouvoir a été transféré
00:35:11à l'Assemblée et c'est finalement
00:35:13quelque chose qui est inédit
00:35:15dans l'histoire de France et ça c'est un
00:35:17changement de culture politique qui est nécessaire
00:35:19et qui va être fondamental.
00:35:21Voilà, quels sont des cloches différentes de Jean-Luc
00:35:23Mélenchon, à croire qu'ils ne
00:35:25sont pas dans la même force politique,
00:35:27le nouveau front
00:35:29populaire et pourtant ils le sont, ils parlent
00:35:31de dialogue, de main tendue,
00:35:33d'Assemblée nationale au cœur du
00:35:35jeu politique. Qui va être
00:35:37entendu à gauche ?
00:35:39Glucksmann ou Mélenchon ?
00:35:41Ne comptez pas sur moi pour vous
00:35:43dire lequel
00:35:45aura finalement le plus de crédit
00:35:47aux yeux des architectes
00:35:49de cette prochaine majorité.
00:35:51Mais je voudrais revenir sur un point d'ailleurs
00:35:53qu'évoque Raphaël Glucksmann quand il dit
00:35:55le pouvoir a été redonné à l'Assemblée nationale
00:35:57et d'une certaine manière en redonnant ce pouvoir
00:35:59c'est le peuple qui se l'est approprié.
00:36:01Je reste
00:36:03toujours circonspect sur le fait
00:36:05qu'au fond,
00:36:07si on a une majorité relative
00:36:09à l'issue de ces discussions
00:36:11parce qu'il a été impossible de convaincre
00:36:13suffisamment de députés
00:36:15de s'allier autour d'un
00:36:17contrat de gouvernement,
00:36:19comme le disait tout à l'heure David,
00:36:21je crois que les deux
00:36:23années passées ont montré,
00:36:25c'est un élément aussi qui a
00:36:27contribué à créer
00:36:29ce rejet vis-à-vis du président de la République
00:36:31et de la majorité
00:36:33présidentielle au Parlement
00:36:35qui est cette
00:36:37forme d'opposition,
00:36:39de décalage,
00:36:41l'usage des instruments
00:36:43de la Constitution et notamment
00:36:45le 49-3 et l'aspiration du
00:36:47peuple finalement
00:36:49à une manière de réguler
00:36:51la vie politique
00:36:53avec des instruments puisque tout le monde appelle
00:36:55à l'apaisement ce soir.
00:36:57Oui, à la démocratie parlementaire mais pas au passage en force.
00:36:59Si vous voulez,
00:37:01j'ai du mal à penser qu'on sortirait de cette séquence
00:37:03avec l'idée que
00:37:05nous avons les outils constitutionnels pour gouverner
00:37:07même en majorité relative en faisant
00:37:09fi d'une aspiration
00:37:11à une autre forme
00:37:13de culture politique.
00:37:15Je ne dis pas que...
00:37:17Vous mettez la barre très haut là.
00:37:19Coalition, changement de culture politique.
00:37:21Dans cette boîte de pharmacie
00:37:23s'il y a bien un
00:37:25pansement à sortir immédiatement,
00:37:27c'est essayer de trouver
00:37:29d'autres outils, d'autres instruments
00:37:31pour fabriquer la loi.
00:37:33Jean-Sébastien Ferjot. Je suis entièrement d'accord avec
00:37:35Marcial Foucault, je pense que la barre est très très haute
00:37:37parce qu'il ne faut pas oublier quand même ce qui s'est passé.
00:37:39C'est-à-dire qu'au Royaume-Uni, vous avez un parti
00:37:41avec 34% des suffrages qui obtient
00:37:4365% des sièges d'une majorité absolue
00:37:45comme on n'avait quasiment jamais connu
00:37:47dans l'histoire du Royaume-Uni.
00:37:49En France, le Rassemblement national a fait
00:37:51plus ou moins le même score au premier tour.
00:37:53Il se retrouve très très loin du pouvoir.
00:37:55Donc c'est le jeu des institutions.
00:37:57Je ne remets absolument pas en cause la légitimité
00:37:59ni la légalité de ces résultats-là.
00:38:01Mais effectivement, comme le disait Marcial Foucault,
00:38:03le Rassemblement national,
00:38:05c'est une chose. Les candidats racistes,
00:38:07antisémites du Rassemblement national,
00:38:09le coeur de l'appareil, c'est une chose.
00:38:11La demande de l'électorat Rassemblement national,
00:38:13elle doit être entendue parce qu'on ne peut pas
00:38:15continuer dans une démocratie à mettre de côté
00:38:17autant de gens qu'on exclurait
00:38:19du champ républicain alors que leur demande n'a rien
00:38:21d'anti-républicain. On n'est pas obligé de partager
00:38:23leur valeur, on n'est pas obligé de partager
00:38:25leur demande en tant que libéral.
00:38:27Dans la demande des électeurs du Rassemblement national,
00:38:29il y a autant besoin de sécurité
00:38:31et de régulation migratoire que de justice sociale
00:38:33sur le pouvoir d'achat.
00:38:35Je ne pense pas que nous parviendrons
00:38:37à trouver une coalition sur le papier.
00:38:39C'est une chose. Trouver quelque chose
00:38:41qui nous empêche d'aller plus loin dans cet espèce
00:38:43de malaise démocratique, ça c'est beaucoup
00:38:45plus compliqué et il faut se souvenir
00:38:47parce que ce sont quand même les modes de scrutin
00:38:49qui font les résultats des élections et l'exemple britannique
00:38:51n'est pas le seul.
00:38:53En même temps, un parti avec le même score,
00:38:55d'un côté majorité absolue historique,
00:38:57de l'autre exclu du pouvoir.
00:38:59On va aller du côté de la Rotonde
00:39:01à Paris dans le 19e arrondissement
00:39:03retrouver Julie Dungelhoff
00:39:05depuis le siège des Insoumis.
00:39:07Vous êtes aux côtés de Mathilde Pannot.
00:39:11On a pu voir tout à l'heure
00:39:13votre joie, votre soulagement,
00:39:15presque une surprise de la part de beaucoup de sympathisants
00:39:17et de militants. Maintenant on rentre dans le
00:39:19même tour de cette élection législative
00:39:21peut-être même le plus compliqué.
00:39:23Comment allez-vous faire en tant que force
00:39:25arrivée en tête ?
00:39:27C'est surtout un immense soulagement
00:39:29pour les millions de Français qui depuis
00:39:31un mois ont la peur au ventre
00:39:33de ce qui va se passer pour eux, pour l'avenir
00:39:35de leurs enfants et qui craignaient
00:39:37qu'en quelque sorte la vague dangereuse
00:39:39qui voulait emporter le pays puisse
00:39:41l'emporter le 7 juillet.
00:39:43Nous sommes très heureux et heureuses d'être aujourd'hui
00:39:45la première force de l'Assemblée nationale
00:39:47mais effectivement vous avez raison
00:39:49nous avons réussi une première étape
00:39:51maintenant le reste va avancer.
00:39:53Alors, comment faut-il s'y prendre ?
00:39:55D'abord, ce qui est clair dans cette élection
00:39:57une des leçons, c'est que les
00:39:59macronistes ont été battus et ils ont été
00:40:01battus, cela fait maintenant trois votes
00:40:03sur lesquels ils sont battus et donc Gabriel Attal
00:40:05doit partir, il doit s'en aller.
00:40:07Ça c'est la première chose. Ensuite,
00:40:09nous, nous sommes prêts à gouverner
00:40:11et chacun des groupes parlementaires devra prendre
00:40:13ses responsabilités pour savoir ce qu'il
00:40:15fait face à des votes comme l'abrogation
00:40:17de la réforme de la retraite ou encore
00:40:19pour savoir si on
00:40:21veut bloquer les prix, ça se prend par
00:40:23décret, mais remettre de l'argent dans les services
00:40:25publics. Vous ne pourrez pas gouverner seul, il va falloir
00:40:27faire des alliances. Alors, nous
00:40:29nous disons que nous gouvernerons
00:40:31uniquement sur le programme avec
00:40:33tout le programme pour le respect
00:40:35de la parole donnée. Ensuite, je
00:40:37rappelle que le pays, certes avec une
00:40:39brutalité démocratique incroyable, ce
00:40:41que nous ne voulons absolument pas faire, mais le
00:40:43pays est déjà gouverné en cet instant
00:40:45par une minorité présidentielle.
00:40:47Donc, il est possible, selon
00:40:49les scénarios qui émergent, selon
00:40:51quand ils seront affinés, d'avoir un
00:40:53gouvernement du Nouveau Front Populaire qui, effectivement,
00:40:55n'aura pas la majorité absolue
00:40:57à l'Assemblée, mais pourra avoir
00:40:59des majorités, par exemple, sur, je le
00:41:01disais, l'abrogation de la réforme de la retraite
00:41:03à 64 ans, sur, pourquoi pas, le
00:41:05rétablissement de l'impôt de solidarité sur la fortune
00:41:07et on pourrait continuer. Donc, oui, nous
00:41:09aspirons toujours à gouverner ce pays et nous allons
00:41:11étape par étape construire ce gouvernement
00:41:13et l'horizon heureux que nous
00:41:15voulons ouvrir pour le pays.
00:41:17Dès que vous avez constitué ce Nouveau Front Populaire, il y a une question
00:41:19qui était primordiale, c'était celle
00:41:21du Premier ministre. Aujourd'hui, elle se pose plus que jamais
00:41:23du ou de la Premier ministre.
00:41:25Est-ce que, par exemple, Jean-Luc Mélenchon serait
00:41:27un candidat à ce poste ?
00:41:29Il pourrait tout à fait être candidat, oui,
00:41:31mais je crois... Malgré ce que vous
00:41:33ont dit vos partenaires du Nouveau Front Populaire,
00:41:35qui écartaient sa candidature à ce poste ? Pas tous,
00:41:37mais ce que je veux dire par là, c'est que
00:41:39il va falloir nous mettre d'accord sur une méthode.
00:41:41Il y en avait une qui avait émergé, c'était
00:41:43Olivier Faure qui l'avait donnée en premier,
00:41:45c'est de dire que le groupe
00:41:47le plus important à l'Assemblée nationale
00:41:49pourrait proposer aux autres composantes
00:41:51un nom de première ou de Premier
00:41:53ministre. Ça pourrait être une des méthodes.
00:41:55Mais vous savez, nous allons prendre, là encore,
00:41:57pas par pas. Pourquoi ? Parce que nous avons
00:41:59déjà réussi l'impossible. Lorsqu'il y a
00:42:01eu la dissolution dans un temps extrêmement
00:42:03restreint, c'est la plus courte campagne
00:42:05que nous ayons eue sur les législatives.
00:42:07Eh bien, nous avons réussi en 4 jours
00:42:09seulement à construire, non seulement
00:42:11un accord programmatique qui a été chiffré
00:42:13avec les 100 premiers jours de gouvernement
00:42:15et un accord sur toutes
00:42:17les circonscriptions dès le premier tour,
00:42:19ce qui est historique, c'est seulement la deuxième
00:42:21fois que ça arrive dans notre
00:42:23histoire, et puis nous avons ce soir
00:42:25réussi un autre impossible, celui
00:42:27d'une mobilisation populaire
00:42:29et civique tellement exceptionnelle qu'elle a permis
00:42:31de renverser complètement ce qui
00:42:33était prédit par les uns et les autres.
00:42:35Donc, nous faisons étape
00:42:37par étape, et je crois que
00:42:39en tout cas ce soir, c'est d'abord le
00:42:41soulagement, une forme de joie aussi qui
00:42:43prévaut dans le pays et qui
00:42:45montre qu'à tout moment dans une démocratie,
00:42:47un pays peut choisir un autre chemin.
00:42:49Merci beaucoup Mathilde Panot.
00:42:51Et merci à vous Julie Dengelhoff
00:42:53pour France 24 LCP, en direct depuis
00:42:55la Rotonde. David
00:42:57Jayes, qu'est-ce que vous pensez
00:42:59au fond des lignes rouges, très claires,
00:43:01posées par les insoumis, nous
00:43:03l'ont gouvernée, mais sur le programme du
00:43:05nouveau Front Populaire, à la virgule près ?
00:43:07Non mais écoutez, je comprends bien l'intérêt
00:43:09tactique qu'il peut y avoir pour les insoumis
00:43:11ce soir, à dire tout le programme, rien
00:43:13que le programme, parce que ça permet de faire monter
00:43:15les enchères et surtout de rester centrale
00:43:17au sein du Front Populaire. Mais enfin,
00:43:19il ne faut pas se moquer du monde. D'abord,
00:43:21si la gauche réalise
00:43:23ce bon score ce soir, c'est aussi parce que
00:43:25les candidats centristes se sont
00:43:27désistés dans de nombreuses circonscriptions
00:43:29en faveur des candidats de gauche. Et la réciproque
00:43:31est vraie d'ailleurs. Si l'ancienne
00:43:33majorité présidentielle réalise
00:43:35sauve les meubles, disons. Jean-Luc Mélenchon
00:43:37l'a reconnu. On lui prédisait
00:43:3970 circonscriptions,
00:43:41elle en a plutôt 150 ou 160.
00:43:43C'est parce que le désistement
00:43:45républicain a fonctionné. Donc, c'est pas
00:43:47programme contre programme. Et j'ajoute
00:43:49une chose, c'est que si on veut changer
00:43:51de mœurs politiques et aller vers
00:43:53une culture du compromis, et je
00:43:55crois que c'est une aspiration de nombreux Français
00:43:57qui sont lassés de cette agressivité
00:43:59et de cette violence, et qui l'ont dit très fortement
00:44:01dans les enquêtes d'opinion, et bien il faut
00:44:03peut-être faire preuve d'un peu d'humilité
00:44:05et ne pas commencer
00:44:07le troisième tour...
00:44:09Ne pas commencer le troisième tour avec
00:44:11des déclarations fracassantes
00:44:13comme c'est tout le programme, rien d'autre.
00:44:15Parce que quand on est 200 parlementaires
00:44:17même pas 192 parlementaires,
00:44:19là c'est certain, on ne peut pas gouverner
00:44:21en appliquant 100%.
00:44:23Il y a aussi des fractations qui vont se dérouler dans les jours qui viennent
00:44:25et il y a aussi un jeu de poker menteur.
00:44:27Oui bien sûr, il y a des positions d'entrée
00:44:29de négociations, mais je ne suis pas certain
00:44:31qu'en mettant comme ça des
00:44:33lignes rouges aussi
00:44:35infranchissables, on puisse engager vraiment
00:44:37des négociations. On va parler de la droite dans un instant
00:44:39parce qu'elle résiste et même elle
00:44:41performe, c'est une surprise de la soirée.
00:44:43Un tout petit mot quand même sur les socialistes,
00:44:45sur Philippe de Rosier, parce qu'il y a la ligne Mélenchon
00:44:47bien compris avec Mathilde
00:44:49Panot, mais il y a aussi la ligne fort
00:44:51et il dit très clairement, la seule
00:44:53boussole, c'est le programme
00:44:55du Nouveau Front Populaire.
00:44:57Oui, mais
00:44:59le Parti Socialiste a
00:45:01cette particularité d'être lui-même
00:45:03toujours, et c'est une particularité historique
00:45:05qui fait sa force
00:45:07dans certains instants, sa faiblesse
00:45:09parfois, d'avoir
00:45:11toujours fait vivre le débat en son sein.
00:45:13Il y a la ligne du premier secrétaire qui est
00:45:15Olivier Faure, mais il y a
00:45:17d'autres lignes au sein du Parti Socialiste
00:45:19portées par Nicolas Maillard-Rossignol,
00:45:23portées par Hélène Geoffroy,
00:45:25qui sont les deux autres tenants
00:45:27des textes d'orientation, des motions
00:45:29du Parti Socialiste, et qui sont
00:45:31à eux deux aussi
00:45:33puissants au sein du Parti Socialiste
00:45:35qu'Olivier Faure. Donc
00:45:37il va y avoir des débats internes
00:45:39au Parti Socialiste dans les prochaines heures et dans les prochains jours
00:45:41et il ne faut pas s'arrêter sur ces positions.
00:45:43Je veux quand même revenir un instant
00:45:45sur ce que disait Mathilde Panot.
00:45:47Si nous en sommes là ce soir,
00:45:49c'est-à-dire avec une France fragmentée,
00:45:51avec une extrême droite aux portes du pouvoir.
00:45:53Elle n'y accédera pas, en tout cas
00:45:55cette fois-ci, mais elle n'a jamais
00:45:57été aussi forte et
00:45:59il y a 24 heures, nous nous attendions
00:46:01tous à ce qu'elle soit le premier parti de France.
00:46:03Si nous en sommes là,
00:46:05c'est parce que depuis
00:46:072022, le président de la République
00:46:09n'a pas pris la mesure
00:46:11précisément qu'il avait été élu
00:46:13contre, et non pas pour,
00:46:15ça a été dit tout à l'heure, qu'il avait été élu
00:46:17grâce à une forme de front républicain
00:46:19et qu'il avait été élu
00:46:21mais seulement avec une majorité relative
00:46:23à l'Assemblée nationale. Il faudrait que
00:46:25tous ces responsables politiques-là,
00:46:27qui dénonçaient précisément un président de la République
00:46:29qui se croyait tout puissant pendant deux ans,
00:46:31prennent la mesure de cela
00:46:33et intègrent qu'ils ont été
00:46:35eux-mêmes élus grâce au front républicain,
00:46:37que tous leurs électeurs
00:46:39n'adhèrent pas nécessairement à leurs idées
00:46:41et qu'il faut qu'ils s'ouvrent,
00:46:43qu'ils prennent la mesure de la situation
00:46:45dans laquelle nous sommes pour pouvoir
00:46:47composer un gouvernement.
00:46:49Ce n'est pas
00:46:51une volonté politique, c'est bien
00:46:53les institutions qui le commandent,
00:46:55parce qu'il faut qu'il y ait
00:46:57une majorité qui soit en mesure
00:46:59d'être suffisamment
00:47:01soutenue et par l'opinion publique
00:47:03et par l'Assemblée nationale
00:47:05pour ne pas susciter immédiatement
00:47:07une motion de censure.
00:47:09Il y a un endroit où la marée monte peu,
00:47:11c'est la Méditerranée. On va aller du côté de Nice
00:47:13retrouver le QG
00:47:15d'Éric Ciotti,
00:47:17où se trouve pour nous Stéphanie Despierres.
00:47:19Stéphanie, bonsoir.
00:47:21Difficile peut-être pour Éric Ciotti
00:47:23de constituer un groupe ce soir.
00:47:25Oui,
00:47:27l'ambiance ici est assez étrange
00:47:29parce qu'au niveau local, Éric Ciotti
00:47:31est réélu, c'est une victoire.
00:47:33Il l'emporte avec environ 45%
00:47:35des voix, mais c'est
00:47:37une grosse défaite au niveau
00:47:39national. Le Rassemblement national et ses alliés
00:47:41ciottistes ne sont que la troisième force
00:47:43ce soir dans son sillage.
00:47:45Selon les dernières estimations, Éric Ciotti
00:47:47aurait entre 14 et 17
00:47:49députés. Il n'est donc même pas encore
00:47:51sûr de pouvoir constituer un groupe
00:47:53à l'Assemblée nationale. A l'inverse,
00:47:55les républicains non alliés au Rassemblement national
00:47:57eux seraient une soixantaine.
00:47:59Alors Éric Ciotti a tenté quand même
00:48:01ce soir de défendre
00:48:03son alliance avec le Rassemblement
00:48:05national. Il estime que les résultats
00:48:07du scrutin démontrent que quand
00:48:09une partie de la droite refuse de
00:48:11s'unir, elle reste aux portes
00:48:13du pouvoir. Forcément, il s'est
00:48:15adressé ce soir à des militants déçus.
00:48:17Il a eu des propos très durs contre le
00:48:19président de la République. Il a parlé de l'apprenti
00:48:21sorcier de l'Elysée. Il a
00:48:23dénoncé une alliance de la honte.
00:48:25Monsieur Macron, dit-il,
00:48:27amène le pouvoir à l'extrême gauche
00:48:29sur un plateau d'argent. Il a même parlé
00:48:31de coups d'État institutionnels
00:48:33et politiques. Alors le toujours président
00:48:35des Républicains a quand même tenté de remonter
00:48:37le moral de ses troupes.
00:48:39Notre victoire complète n'est qu'une question
00:48:41de temps. A-t-il lancé la
00:48:43coalition entre Emmanuel Macron et
00:48:45les Insoumis ? Il est déjà condamné.
00:48:47Stéphanie Despierre, depuis Nice,
00:48:49le fief d'Éric Ciotti réélu ce soir.
00:48:51Merci à vous. Martial Foucault,
00:48:53pari perdu pour Éric Ciotti.
00:48:55Ce soir, les projections Ipso-Stallone
00:48:57disent entre 14 et 17 sièges.
00:48:59Donc la garantie d'un groupe
00:49:01parlementaire à 15 sièges
00:49:03n'est pas totale. Et on voit
00:49:05très bien que les Républicains ont plus
00:49:07que résisté. Ils feraient même mieux
00:49:09que les 62 députés de 2022.
00:49:11A quoi c'est dû ? Quels peuvent
00:49:13être leurs rôles ? Et que pouvez-vous nous dire
00:49:15sur Éric Ciotti et sa stratégie ?
00:49:17Si on était
00:49:19un instant un petit peu provocateur,
00:49:21je dirais
00:49:23que ce résultat montre que finalement
00:49:25les LR ont fait de meilleurs
00:49:27résultats en l'absence
00:49:29d'Éric Ciotti comme chef de file.
00:49:31Il appréciera.
00:49:33Je pense que c'était pas
00:49:35son intention. Je remarque
00:49:37quand même parmi les nouveaux élus, vous avez raison
00:49:39de dire que le groupe LR sera
00:49:41probablement renforcé. 61 députés
00:49:43sortant. Ils vont gagner
00:49:45quelques députés.
00:49:47L'ancrage local ?
00:49:49Quand on regarde attentivement les configurations
00:49:51de deuxième tour où étaient présents
00:49:53les candidats LR, ils étaient surtout présents
00:49:55dans des duels. Et très peu dans des
00:49:57triangulaires. Et donc dans des duels,
00:49:59effectivement, le Front Républicain
00:50:01les a aussi
00:50:03réservés. Et pour certains d'entre eux,
00:50:05opposés à des candidatures RN,
00:50:07leur permettant de l'emporter.
00:50:09Parmi les députés LR
00:50:11élus, je crois qu'il faudra aussi
00:50:13surveiller très attentivement la position
00:50:15que prendra, soit comme
00:50:17président du groupe LR
00:50:19à l'Assemblée Nationale, Laurent Wauquiez.
00:50:21On a vu qu'Olivier Marleix est
00:50:23réélu. C'était pas très simple
00:50:25dans leur éloir.
00:50:27Mais il est réélu et
00:50:29je pense que la ligne
00:50:31qui a été annoncée ce soir par Laurent
00:50:33Wauquiez indiquant, en vue d'une
00:50:35quelconque participation
00:50:37des LR à un gouvernement
00:50:39de coalition... Pas de coalition, pas de compromission.
00:50:41Voilà. Ni coalition,
00:50:43ni compromission.
00:50:45Un, je suis très surpris
00:50:47de cette position
00:50:49LR. Peut-être moins surpris
00:50:51venant de la part de Laurent Wauquiez
00:50:53qui, évidemment, a
00:50:55comme horizon
00:50:572027. Et pour lui,
00:50:59il se serait presque renoncé
00:51:01à la ligne que doit prendre
00:51:03LR en ces moments
00:51:05où, finalement,
00:51:07la dissolution a totalement fracassé
00:51:09le parti LR. Et aujourd'hui,
00:51:11rien n'est très clair de l'orientation.
00:51:13C'est un échec
00:51:15pour la ligne LR-RN.
00:51:17C'est un candidat sur quatre
00:51:19seulement qui a été élu avec le soutien
00:51:21du RN. Ce qui veut dire que
00:51:23Éric Ciotti n'a finalement plus
00:51:25beaucoup de poids au sein des LR.
00:51:27Qui va prendre ce rôle ?
00:51:29Est-ce que c'est LR dans la perspective 2027 ?
00:51:31Et est-ce que cet objectif,
00:51:33LR va l'assumer,
00:51:35va l'incarner au sein de l'Assemblée nationale ?
00:51:37C'est toujours l'éternel dilemme
00:51:39de la droite française.
00:51:41Je ne suis pas certain qu'au sein de ce groupe
00:51:43de 60-70 députés, tout le monde
00:51:45soit sur la même ligne que LR.
00:51:47Rappelons-nous, quand même, la campagne
00:51:49européenne 2019,
00:51:51LR a été obligé, à la suite,
00:51:53de repartir
00:51:55dans la région Rhône-Alpes
00:51:57pour se faire un petit peu oublier,
00:51:59être plus discret, pour essayer de revenir
00:52:01aujourd'hui. Et ce retour sur la ligne
00:52:03ni de coalition, ni de commission,
00:52:05ne me semble pas
00:52:07totalement être celle qu'aujourd'hui
00:52:09les Français entendent.
00:52:11Quand j'ai entendu tout à l'heure
00:52:13la déclaration sur le rapport
00:52:15des Français avec leurs représentants, on dit qu'il y a
00:52:17une crise de défiance des Français
00:52:19vis-à-vis de leurs représentants.
00:52:21Mais voyez les déclarations qu'on a entendues tout à l'heure,
00:52:23notamment de Mathilde Pannot.
00:52:25Il faut renverser la relation.
00:52:27C'est quelle confiance ont les représentants,
00:52:29ont les élus, vis-à-vis des Français.
00:52:31Et une fois qu'on aura un petit peu
00:52:33exhumé cette relation...
00:52:35Oui, mais pas la confiance des Français
00:52:37vis-à-vis de leurs représentants.
00:52:39La confiance des représentants vers les Français.
00:52:41La reconnaissance...
00:52:43Jean-Sébastien Ferjou, vous connaissez bien la droite
00:52:45et ses différents
00:52:47idéologiques.
00:52:49Quelle lecture vous faites de cette
00:52:51soixantaine de députés
00:52:53ce soir, qui
00:52:55résistent et qui résistent très bien.
00:52:57Ça ne me surprend rien. Figurez-vous, Myriam,
00:52:59que j'avais fait réaliser et publier
00:53:01deux jours avant les européennes
00:53:03une projection post-
00:53:05dissolution, alors même
00:53:07que nous ne savions pas qu'il y en
00:53:09aurait une. Parfois, l'instinct sert un peu.
00:53:11Et c'était à peu près ce que nous trouvions
00:53:13en regardant le détail de la carte. Moi, je pense que les
00:53:15Républicains sont l'angle mort absolu des commentateurs
00:53:17politiques. Je ne vous parle pas tant du parti
00:53:19lui-même. La marque est probablement morte.
00:53:21Il y a une pénurie d'incarnation.
00:53:23Il n'y a effectivement pas beaucoup de lignes.
00:53:25Mais l'électorat de droite autonome,
00:53:27il existe. Est-ce qu'on se rend compte
00:53:29de ce que ça représente ? Un parti
00:53:31qui fait 10% au niveau national
00:53:33qui n'était présent que dans 60% des circonscriptions
00:53:35à peu près. C'est-à-dire que si on le projetait
00:53:37vraiment sur du national, il serait probablement à 14%.
00:53:39Sans incarnation présidentielle,
00:53:41sans président, ou alors avec un président
00:53:43qui a choisi de partir
00:53:45s'allier avec le parti d'à côté.
00:53:47Sans lignée idéologique, sans programme,
00:53:49mais c'est un exploit.
00:53:51Ils font quasiment autant de députés
00:53:53que le parti socialiste. Est-ce qu'on réalise
00:53:55bien ça ? Quand vous regardez les reports de voix,
00:53:57vous voyez très bien que l'électorat de droite privilégie
00:53:59pour le coup cette ligne autonome.
00:54:01Les reports de voix ont été
00:54:03très mauvais vis-à-vis
00:54:05des duels ou des triangulaires
00:54:07dans lesquels il y avait des représentants
00:54:09a fortiori de la France insoumise et sinon
00:54:11du Nouveau Front populaire. En revanche,
00:54:13ils ont été relativement bons. C'est 53%
00:54:15des électeurs de droite qui ont voté
00:54:17pour les candidats à Renaissance, alors qu'il n'y en a
00:54:19que 20 et quelques pour cent qui ont voté pour
00:54:21la Rassemblée nationale. C'est-à-dire que le pari
00:54:23qu'a fait Eric Ciotti a totalement fait pshit.
00:54:25D'ailleurs, les candidats qui sont élus ce soir
00:54:27sous l'étiquette LR-RN, déjà,
00:54:29ils ne sont même pas inscrits auprès du
00:54:31ministère de l'Intérieur comme des candidats LR.
00:54:33Eric Ciotti avait pris le soin de les inscrire sous une autre étiquette.
00:54:35Et ce ne sont pas des gens qui viennent de LR.
00:54:37Est-ce que vous avez vu que chez Eric Ciotti,
00:54:39il y a tous les candidats que Marion Maréchal
00:54:41avait amenés de reconquête, proposés
00:54:43à Jordan Bardella...
00:54:45Refusés par Jordan Bardella,
00:54:47se sont retrouvés candidats sous l'étiquette LR-RN.
00:54:49Je crois que l'étiquette LR-RN d'Eric Ciotti
00:54:51ne représente plus les Républicains.
00:54:53Il y a un électorat de droite orphelin
00:54:55qui continue à exister, qui continue
00:54:57et qui attend désespérément
00:54:59enfin que l'un de ses chapeaux à plumes
00:55:01se décide à le représenter.
00:55:03On prend tout de suite la direction de Pontoise.
00:55:05La première circonscription du Val d'Oise pour retrouver
00:55:07Hélène Bonduelle où se déroulait
00:55:09sur place dans cette circonscription.
00:55:11Une triangulaire.
00:55:13Bonsoir.
00:55:15Exactement une triangulaire
00:55:17qui a été extrêmement serrée puisqu'on a eu
00:55:19les résultats vers 22h30 seulement.
00:55:21Et c'est la candidate Rassemblement National
00:55:23Anne Sicard
00:55:25qui est arrivée en tête
00:55:27avec 37,51% des voix
00:55:29à 500 voix près
00:55:31même pas du candidat du Nouveau Front Populaire
00:55:33Maximilien Julliartur
00:55:35avec 36,63% des voix
00:55:37et la députée sortante
00:55:39Renaissance Émilie Chandler
00:55:4125,86%.
00:55:43La députée sortante
00:55:45vous vous souvenez qui avait absolument tenu
00:55:47à se maintenir pour ce
00:55:49second tour des législatives
00:55:51une campagne qui avait été très
00:55:53compliquée entre la députée sortante
00:55:55et beaucoup de militants et les filles
00:55:57qui lui demandaient de retirer sa candidature
00:55:59pour réaliser un front républicain
00:56:01et bien pari perdu en tout cas
00:56:03pour Émilie Chandler
00:56:05ici dans la première circonscription du Val d'Oise
00:56:07Anne Sicard l'emporte donc
00:56:09c'est une candidate qui a été
00:56:11très peu connue sur la circonscription
00:56:1357 ans, prof d'histoire
00:56:15qui était avec une étiquette
00:56:17reconquête en 2022 pour les législatives
00:56:19donc vous le disiez tout à l'heure sur le plateau
00:56:21elle fait partie de ces candidats
00:56:23qui ont été proposés par Marion Maréchal
00:56:25d'ailleurs c'est une proche, elle a été
00:56:27directrice de cabinet de Marion Maréchal
00:56:29pendant les élections européennes
00:56:31après plus de 30 ans à droite
00:56:33puis chez Renaissance
00:56:35la première circonscription du Val d'Oise
00:56:37bascule donc au Rassemblement National
00:56:39Hélène Bonduelle, merci à vous
00:56:41en duplex depuis
00:56:43le Val d'Oise, je voudrais qu'on termine
00:56:45un petit tour de table rapide sur
00:56:47la force d'Emmanuel Macron ce soir
00:56:49les Renaissance ensemble
00:56:51perdent une petite centaine de sièges
00:56:53autour de 160, ils étaient
00:56:55250 députés, on peut parler
00:56:57de défaite mais moins
00:56:59dure que pronostiquée
00:57:01est-ce que pour autant
00:57:03on peut imaginer que la jambe gauche
00:57:05du macronisme, celle de
00:57:072017 va se réveiller
00:57:09on sait que Sacha Houllier
00:57:11réélu ici à l'Assemblée Nationale
00:57:13la représente
00:57:15c'est pas si pire comme disent les Québécois
00:57:17c'est à dire qu'on a eu beaucoup de commentaires
00:57:19très négatifs pendant cette campagne
00:57:21des législatives sur le thème
00:57:23Emmanuel Macron n'aura plus aucun levier
00:57:25et en réalité même s'il perd des plumes
00:57:27même si c'est une défaite pour le
00:57:29camp présidentiel, même si
00:57:31effectivement il sera obligé d'être un peu plus
00:57:33en retrait par rapport à sa
00:57:35pratique et par rapport à l'épure présidentielle
00:57:37du régime, le fait
00:57:39qu'il n'y ait pas un bloc
00:57:41qui arrive en tête avec une
00:57:43majorité absolue de députés
00:57:45fait qu'il aura quand même des marges
00:57:47de manœuvre, à lui maintenant
00:57:49de manœuvrer et de se couler
00:57:51dans des habits de négociateur
00:57:53d'artisan de compromis
00:57:55C'est quoi ? C'est la force d'appoint
00:57:57ou ça va jusqu'à être joué les arbitres ?
00:57:59S'agissant de la personne du président de la République
00:58:01la personne du président de la République
00:58:03il a quand même constitutionnellement la faculté
00:58:05de proposer un premier ministre
00:58:07et comme il n'y a aucun parti
00:58:09aucun bloc n'a la majorité absolue
00:58:11il peut contribuer au casting
00:58:13en quelque sorte. Vous pensez qu'il pourrait
00:58:15dire dans les jours qui viennent qu'il a réussi
00:58:17son pari après sa dissolution ? Non je pense que là ça serait
00:58:19un peu osé parce qu'il y a quand même une centaine
00:58:21de députés en moins et surtout vous avez
00:58:23des chefs à plumes de l'ancien
00:58:25camp présidentiel qui se sont assez largement
00:58:27émancipés à commencer par Gabriel Attal
00:58:29pour qui c'était un pari gagnant
00:58:31en revanche puisque même s'il va
00:58:33perdre probablement son poste de premier ministre
00:58:35il a conquis une surface et une
00:58:37autonomie politique puisque dès
00:58:39le soir du premier
00:58:41tour il a appelé au front républicain
00:58:43et que cet appel qui contrastait
00:58:45avec les expressions poussives
00:58:47d'autres ténors de la majorité
00:58:49a fortement contribué à la réussite
00:58:51de ces désistements républicains et donc
00:58:53au résultat de ce soir. Donc Gabriel Attal
00:58:55sera probablement le leader
00:58:57du groupe Renaissance qui je le redis
00:58:59est en nombre de sièges
00:59:01le deuxième groupe ce soir à l'Assemblée nationale
00:59:03après le groupe
00:59:05Rassemblement National et donc il aura une importance
00:59:07considérable à mon avis. Merci beaucoup
00:59:09David Diaz de nous avoir éclairé ce soir.
00:59:11Merci aussi Marichal Foucault d'avoir été
00:59:13nos invités. D'autres invités vont nous retrouver
00:59:15mais pour l'instant on fait un point
00:59:17en compagnie de Clément Perrault sur les derniers
00:59:19enseignements de ce scrutin de ce second tour.
00:59:21Oui Damien avec Stéphane
00:59:23séjourner le ministre des Affaires étrangères
00:59:25il est élu dans les Hauts-de-Seine
00:59:27avec un score confortable au-dessus des
00:59:2970%. Autre ministre
00:59:31chargé de l'enfance et de la jeunesse
00:59:33Sarah El Haïry est
00:59:35battue en Loire-Atlantique
00:59:37dans une triangulaire où c'est le candidat
00:59:39du nouveau Front populaire Fabrice Roussel
00:59:41issu du Parti Socialiste
00:59:43qui l'emporte. Dans le Nord maintenant
00:59:45la porte-parole des députés Renaissance
00:59:47Violette Spilbou est réélue
00:59:49dans le cadre d'une triangulaire là aussi. Elle devance
00:59:51la gauche et le Rassemblement
00:59:53National. Dans la Somme François Ruffin
00:59:55l'un des initiateurs du nouveau
00:59:57Front populaire qui a annoncé sa volonté
00:59:59de ne plus siéger avec la France insoumise
01:00:01sauve son siège ce soir
01:00:0352,9% pour lui.
01:00:05Ancienne ministre de l'Environnement du
01:00:07gouvernement Jospin Dominique
01:00:09Voinet est élue dans le Doubs face
01:00:11au Rassemblement National. Elle revient
01:00:13à l'Assemblée qu'elle avait quittée en
01:00:151997. Dans le Nord
01:00:17Hugo Bernalicis, une figure de la
01:00:19France insoumise, s'impose. Il est
01:00:21gagnant dans une triangulaire.
01:00:23Pour le Rassemblement National, Kevin
01:00:25Mauvieux est réélu dans l'Eure.
01:00:27Il obtient 56,80%
01:00:29des voix et continuera donc de siéger
01:00:31à l'Assemblée. Pour le RN à nouveau
01:00:33a souligné la défaite ce soir de
01:00:35Grégoire de Fournasse en Gironde.
01:00:37Il avait été sanctionné par le bureau de l'Assemblée
01:00:39pour des propos tenus dans l'hémicycle.
01:00:41Souvenez-vous qu'il retourne en Afrique
01:00:43avait-il dit lors de l'intervention
01:00:45d'un député insoumis qui parlait
01:00:47d'un migrant traversant la Méditerranée.
01:00:51Merci Clément.
01:00:53Il est 23h de
01:00:55Paris, 21h en temps universel.
01:00:57Bienvenue si vous nous rejoignez sur
01:00:59France 24 et LCP.
01:01:01Soirée électorale spéciale
01:01:03élections législatives anticipées à l'issue
01:01:05de ce second tour. On est ensemble jusqu'à
01:01:07minuit pour tout comprendre de cette situation
01:01:09et bien inédite
01:01:11dans la politique française. Bonsoir
01:01:13Mya Mokawa. Rebonsoir Damien
01:01:15et pour cette dernière heure de direct
01:01:17nous allons vous proposer de faire un tour
01:01:19d'horizon des capitales européennes
01:01:21grâce aux équipes de France 24.
01:01:23Nous irons à Kiev avec
01:01:25Emmanuelle Chaz, à Berlin avec Anne Maillet
01:01:27ainsi qu'à Rome avec
01:01:29Louise Malnois. L'Europe
01:01:31nous regarde, le monde nous regarde.
01:01:33Comment réagissent nos voisins à cette situation politique
01:01:35inédite ? Peut-on s'inspirer
01:01:37de modèles étrangers
01:01:39pour sortir de cette impasse ?
01:01:41On va poser toutes ces questions ce soir
01:01:43avec nos invités Damien. Voilà, également
01:01:45autour de cette table, de cette table
01:01:47plutôt, Britta Sandberg, merci beaucoup
01:01:49d'avoir été venir chez nous
01:01:51d'être notre invitée ce soir, directrice du bureau du
01:01:53Spiegel à Paris. De l'autre
01:01:55côté de la table, Gilles
01:01:57Gressani, directeur de publication
01:01:59du site Le Grand
01:02:01Continent et puis on poursuit
01:02:03évidemment avec nos invités qui étaient déjà
01:02:05présents sur ce plateau, Jean
01:02:07Sébastien Ferjou et
01:02:09également Pierre Latry
01:02:11pour Ipsos.
01:02:13Alors avant de vous entendre, on va revoir
01:02:15évidemment les projections en sièges de notre partenaire
01:02:17Ipsos Talent. La première force
01:02:19politique ce soir, c'est le nouveau front
01:02:21populaire entre 177
01:02:23et 192 sièges.
01:02:25Suivi d'ensemble, majorité
01:02:27présidentielle sortant, le camp macroniste
01:02:29totaliserait entre 152 et 158
01:02:31sièges. Vient ensuite le
01:02:33rassemblement national et ses alliés siotistes
01:02:35138 à 145
01:02:37sièges. Les républicains
01:02:39qui performent ce soir,
01:02:41qui survivent dans cette recomposition politique
01:02:43entre 63 et
01:02:4567 sièges. Si on a les déclarations
01:02:47politiques, les principales voies
01:02:49politiques de la soirée, je vous propose de les
01:02:51écouter et je vous donne la parole juste
01:02:53après.
01:02:57Le Premier ministre doit
01:02:59s'en aller.
01:03:01En effet,
01:03:03il n'a jamais reçu
01:03:05la confiance de l'Assemblée nationale.
01:03:07Il vient de diriger
01:03:09la campagne perdue par son camp
01:03:11et il a reçu un vote
01:03:13de défiance populaire
01:03:15massif.
01:03:17Le Président a le pouvoir,
01:03:19le Président
01:03:21a le devoir
01:03:23d'appeler le nouveau front
01:03:25populaire à gouverner.
01:03:27Dès lors,
01:03:29aucun subterfuge,
01:03:31arrangement
01:03:33ou combinaison ne
01:03:35serait acceptable.
01:03:37En effet,
01:03:39les leçons du vote sont
01:03:41sans appel.
01:03:43Je le dis ce soir, nous ne nous prêterons
01:03:45à aucune coalition des contraires
01:03:47qui viendrait trahir
01:03:49le vote des Français.
01:03:55Et prolonger
01:03:59les politiques
01:04:01macronistes.
01:04:03Nous ne voulons qu'une seule chose,
01:04:05faire en sorte que notre
01:04:07pays se retrouve
01:04:09fidèle à la tradition républicaine
01:04:11et conformément à mes principes,
01:04:13je remettrai demain matin
01:04:15ma démission au Président
01:04:17de la République. Je sais
01:04:19qu'à la lumière des résultats de ce soir,
01:04:21bon nombre de Français ressentent
01:04:23une forme d'incertitude sur l'avenir
01:04:25puisqu'aucune majorité
01:04:27absolue ne se dégage.
01:04:29Notre pays connaît une situation
01:04:31politique sans précédent
01:04:33et se prépare à accueillir le monde
01:04:35dans quelques semaines.
01:04:37Aussi, j'assumerai bien évidemment
01:04:39mes fonctions aussi longtemps que le devoir l'exigera,
01:04:41il ne peut en être autrement
01:04:43à la veille d'échéances si importantes
01:04:45pour notre pays.
01:04:47Malheureusement,
01:04:49l'alliance du déshonneur
01:04:51et les arrangements électoraux
01:04:53dangereux passés par Emmanuel Macron
01:04:55et Gabriel Attal avec les formations
01:04:57d'extrême-gauche
01:04:59privent ce soir
01:05:01les Français d'une politique
01:05:03de redressement qu'ils ont pourtant
01:05:05plébiscité largement en nous
01:05:07plaçant en tête des élections
01:05:09européennes puis dimanche dernier
01:05:11lors du premier tour avec près de 34%
01:05:13des suffrages exprimés.
01:05:15Ce soir, ces accords
01:05:17électoraux jettent la France
01:05:19dans les bras de l'extrême-gauche
01:05:21de Jean-Luc Mélenchon.
01:05:23Voilà, on le disait, nous voilà face à une situation
01:05:25inédite. Je vais donc me tourner du côté de
01:05:27l'Etat, Sandberg, parce qu'ici, vu de France,
01:05:29c'est assez inhabituel
01:05:31d'envisager d'éventuelles coalitions
01:05:33à l'avenir. Il y a eu cette grosco
01:05:35en Allemagne. Est-ce que
01:05:37ça a fonctionné ? Comment ça fonctionne ?
01:05:39Chez nous,
01:05:41il y a eu beaucoup plus de gouvernements
01:05:43constitués d'une coalition
01:05:45qu'un parti
01:05:47qui a gouverné seul.
01:05:49C'est là depuis 1949, donc c'est dû à la proportionnelle.
01:05:51Il faut la majorité
01:05:53absolue, donc au-dessus de 50% pour gouverner
01:05:55et si on ne l'atteint pas comme parti,
01:05:57il faut constituer cette majorité.
01:05:59Donc,
01:06:01la différence est grande puisque
01:06:03c'est un exercice politique
01:06:05vraiment appris qui
01:06:07fait partie de la culture politique
01:06:09allemande. On a un régime présidentiel
01:06:11ici. Oui, et puis
01:06:13là, vous avez surtout
01:06:15une situation d'urgence
01:06:17dans laquelle il faut agir. Ça prend des mois
01:06:19en Allemagne. C'est pas
01:06:21une réflexion
01:06:23de longue date qui voudrait peut-être
01:06:25mieux passer à des coalitions
01:06:27pour gouverner puisque ça correspond plus
01:06:29à une volonté des électeurs
01:06:31ou à un système démocratique.
01:06:33Et oui, vous avez raison. Et si
01:06:35vous avez l'habitude de nommer
01:06:37très vite un nouveau Premier ministre,
01:06:39un nouveau gouvernement, parfois au bout de
01:06:41dix jours, en Allemagne,
01:06:43par exemple, le dernier gouvernement
01:06:45Merkel a été élu
01:06:47en septembre et
01:06:49le gouvernement s'est
01:06:51constitué au mois de mars l'année d'après.
01:06:53Et donc pendant ce temps-là, en Allemagne,
01:06:55le précédent gouvernement gère les affaires frontales ?
01:06:57Reste en fonction.
01:06:59Et pour le gouvernement de
01:07:01Scholz, c'était la même chose. C'était septembre.
01:07:03Par contre, là, c'était, on disait, nous,
01:07:05rapide puisqu'ils ont constitué le gouvernement
01:07:07au mois de décembre.
01:07:09Gilles Gressani, on a cru au début
01:07:11avec une vague RN très très
01:07:13forte, première force, qu'on
01:07:15allait devoir penser une coalition des
01:07:17oppositions au RN. C'est pas du tout ce
01:07:19qui s'est passé. C'est un peu la surprise générale. Là,
01:07:21on est dans une simple coalition, finalement.
01:07:23Première force, deuxième force,
01:07:25la gauche, le centre, et puis, éventuellement,
01:07:27on enjambe la troisième
01:07:29pour geler, d'une certaine façon,
01:07:31cette force pour aller vers la droite.
01:07:33En Italie, c'est
01:07:35le quotidien aussi, ce genre de choses ?
01:07:37C'est pas que en Italie. En réalité,
01:07:39la France, là-dessus, est vraiment une exception
01:07:41en Europe.
01:07:43Nous avons fait une carte
01:07:45très intéressante dans la revue
01:07:47qui montre que, depuis 2014,
01:07:49donc depuis 10 ans,
01:07:51il y a seulement 2 pays
01:07:53dans l'Union Européenne qui n'ont
01:07:55pas eu de coalition
01:07:57pour exprimer
01:07:59un gouvernement, et c'est la Hongrie
01:08:01et la France. Donc, ça place
01:08:03déjà la France dans un cadre exceptionnel.
01:08:05Si on prend
01:08:07carrément la carte de l'Europe, on intègre
01:08:09aussi la Turquie, les Balkans.
01:08:11Effectivement, c'est l'Albanie, la Turquie,
01:08:13l'Hongrie et la France.
01:08:15C'est quoi ? Régime présidentiel au mode de scrutin ?
01:08:17C'est un système politique
01:08:19qui fait bloc, la cinquième.
01:08:21Donc, effectivement, cette idée
01:08:23de règles qui donnent
01:08:25de manière un peu mécanique
01:08:27une majorité, surtout depuis que
01:08:29la présidentielle
01:08:31précède la législative,
01:08:33et donc, effectivement, avec cette espèce d'effet de majorité
01:08:35qui est aussi le produit
01:08:37d'une discipline très forte de l'électorat français,
01:08:39a fait en sorte que c'est
01:08:41jamais une question qui s'est posée.
01:08:43Ce qui est intéressant, et je pense que c'est un point qu'il faut vraiment souligner,
01:08:45c'est qu'en réalité,
01:08:47c'est la deuxième fois dans la cinquième,
01:08:49et la première fois après une dissolution,
01:08:51qu'il n'y a pas
01:08:53de majorité absolue qui sorte
01:08:55dans un scrutin.
01:08:57Et c'est la deuxième fois en deux ans, en réalité.
01:08:592022-2024.
01:09:01Et quelque part, c'est comme
01:09:03si, effectivement, cette crise sociale
01:09:05et politique, qui est sous les yeux de tout le monde
01:09:07en France,
01:09:09avait fini par contaminer aussi
01:09:11le cadre institutionnel.
01:09:13C'est un peu comme si, effectivement,
01:09:15les institutions de la République,
01:09:17telles qu'elles sont
01:09:19conçues et construites, ne permettent pas
01:09:21d'absorber la crise, mais plutôt de la démultiplier.
01:09:23Et ce qu'on voit...
01:09:25Il y a le jeu des désistements républicains.
01:09:27Et ce qu'on voit là, c'est peut-être aussi une ouverture
01:09:29vers une possibilité d'une évolution, certes
01:09:31pas formelle, on ne va pas changer de constitution.
01:09:33Vous parliez de la proportionnelle,
01:09:35dans le premier plateau.
01:09:37On pourrait tout à fait imaginer que le changement de la loi électorale
01:09:39serait par la suite aussi des républicains fortes.
01:09:41Et on le voit aujourd'hui. En réalité, on se retrouve
01:09:43avec un scénario dans lequel
01:09:45la place et la fonction du président de la République
01:09:47va évoluer substantiellement.
01:09:49Alors, justement,
01:09:51on va se poser toutes ces questions
01:09:53depuis matignon. On nous attend Elsa Mondingava
01:09:55parce que, si l'on comprend
01:09:57ce qui va se passer dans les prochains jours,
01:09:59Gabriel Attal va présenter
01:10:01sa démission dès demain matin au président
01:10:03de la République. A priori, dites-nous,
01:10:05ce dernier devrait l'accepter
01:10:07ou lui demander de gérer les affaires
01:10:09courantes jusqu'au 18 juillet ?
01:10:11C'est bien ça ?
01:10:13Alors, justement,
01:10:15Myriam, rien n'est si sûr. Regardez, il y a
01:10:17deux indices, vous en parlez. Effectivement, Gabriel
01:10:19Attal l'a dit, il présentera sa démission
01:10:21au président de la République demain. Mais il a aussi
01:10:23dit dans la même phrase que, comme la France s'apprête
01:10:25à accueillir le monde, il assurera bien
01:10:27entendu ses fonctions aussi longtemps que le devoir
01:10:29l'exigera. Il faisait référence, évidemment,
01:10:31aux Jeux Olympiques. Je vous rappelle les dates.
01:10:33Les Jeux Olympiques, c'est du 26 juillet
01:10:35au 11 août et les Jeux Paralympiques,
01:10:37du 28 août au 9 septembre.
01:10:39Il y a eu aussi
01:10:41cette prise de parole,
01:10:43cette annonce du président de la République
01:10:45qui disait qu'il allait attendre de connaître la
01:10:47structuration de la nouvelle Assemblée.
01:10:49Alors, vous me direz, on la connaît déjà, même s'il faut
01:10:51affiner encore, puisqu'on n'a que des fourchettes
01:10:53pour chacun des groupes. Oui, mais
01:10:55vous le savez, en fait, la nouvelle Assemblée, elle va
01:10:57s'installer à partir du 18 juillet.
01:10:59Et à ce moment-là, chaque député va
01:11:01faire le choix de siéger
01:11:03dans tel ou tel groupe. Je vais vous
01:11:05donner des exemples, mais il y a des députés insoumis,
01:11:07dissidents, où vont-ils siéger ?
01:11:09Les communistes, a priori, ne sont pas assez
01:11:11nombreux pour faire un groupe. Donc, ils vont
01:11:13certainement devoir s'accoler à d'autres forces
01:11:15à gauche. Donc, peut-être qu'Emmanuel Macron,
01:11:17il veut attendre, justement, de
01:11:19voir cette structuration de l'Assemblée
01:11:21pour voir vers quel groupe, vers
01:11:23quels équilibres politiques il se dirige
01:11:25pour constituer son gouvernement. Donc, ça,
01:11:27c'est autour du 18 juillet.
01:11:29Et que se passera-t-il si jamais, justement,
01:11:31il n'y a pas d'équilibre tout à fait franc,
01:11:33qu'il y a des refus des uns,
01:11:35ou des motions de censure des autres ?
01:11:37Eh bien, ça veut dire que ce gouvernement, il peut mettre
01:11:39beaucoup, beaucoup de temps à s'installer.
01:11:41Elsa Mandanga va depuis
01:11:43Matignon. Merci beaucoup, Elsa.
01:11:45On quitte Paris pour prendre la direction
01:11:47de Rome et retrouver Louise
01:11:49Malnois. On a regardé
01:11:51également, à Rome, cette soirée électorale.
01:11:53On l'évoquait avec nos invités.
01:11:55Louise, bonsoir. Comment est-ce
01:11:57qu'on réagit du côté
01:11:59de l'Italie avec cette
01:12:01défaite, il faut bien dire, de l'extrême droite, ici ?
01:12:07Alors, les médias italiens parlent ce soir de surprises
01:12:09et même de coups de théâtre à l'issue de ces résultats.
01:12:11Alors, on les imagine amers,
01:12:13notamment pour Matteo Salvini, vous savez,
01:12:15l'allié encombrant de Giorgia Meloni,
01:12:17le vice-premier ministre à la tête de la Ligue.
01:12:19La Ligue, c'est le principal parti
01:12:21allié du Rassemblement national. Et lui
01:12:23aurait bien vu en un premier ministre du
01:12:25Rassemblement national un partenaire
01:12:27de choix, notamment pour peser au
01:12:29Parlement européen. Alors, Matteo Salvini ne s'est pas
01:12:31encore exprimé ce soir, mais au sein de ses rangs,
01:12:33de sa formation politique, le sénateur
01:12:35Claudio Borghi a déjà livré une
01:12:37prédiction d'oracle, je vous le cite, parlant des
01:12:39électeurs français, laissant la
01:12:41France à un gloubi-boulga dominé par la gauche.
01:12:43Ils ont offert la victoire
01:12:45à la présidentielle, à Marine Le Pen,
01:12:47rien que ça. Alors, c'est plutôt du côté
01:12:49de l'opposition italienne, ce soir, qu'on
01:12:51parle et qu'on exulte, notamment
01:12:53au travers de la voix d'Eli Schlein, secrétaire
01:12:55du Parti démocrate. Elle salue,
01:12:57je cite, un résultat extraordinaire
01:12:59de la gauche unie, et une
01:13:01belle participation. La droite peut être
01:13:03battue, et c'est ce qu'elle espère aussi
01:13:05au sein de son pays, ce soir.
01:13:07Merci beaucoup, Louise Malnoy. En direct
01:13:09depuis Rome, Gilles
01:13:11Gressani. Donc,
01:13:13bien, déception, évidemment, du côté de
01:13:15Giorgia Meloni, et surtout de Matteo Salvini, qui est
01:13:17l'allié de Marine Le Pen. On a énormément
01:13:19mobilisé pendant cette campagne électorale
01:13:21la référence à Giorgia Meloni.
01:13:23D'ailleurs, c'est assez amusant,
01:13:25parce qu'on a inventé ce néologisme,
01:13:27ce verbe méloniser,
01:13:29et ce substantif mélonisation. Marine Le Pen, ce serait
01:13:31méloniser. Voilà, et vous l'entendez... Jordan Bardella.
01:13:33Jordan Bardella, vous avez raison.
01:13:35C'était vraiment, en partie, le coeur
01:13:37d'une stratégie qui consistait, effectivement,
01:13:39à essayer de, quelque part,
01:13:41rejouer
01:13:43ce qui se passe aujourd'hui en Italie,
01:13:45et j'ai l'impression que, quelque part,
01:13:47on a un peu sous-estimé
01:13:49ce que c'était le Rassemblement
01:13:51international, et sur-estimé ce que c'était
01:13:53Giorgia Meloni. Au fond, on s'est dit,
01:13:55en 2022, quand Meloni
01:13:57arrive au pouvoir, c'est
01:13:59quelqu'un qui est une
01:14:01expression directe d'un ancien parti
01:14:03fasciste, donc c'est un peu la marche
01:14:05sur Rome, c'est à nouveau l'extrême-droite
01:14:07qui gouverne l'Italie, et on s'est
01:14:09dit, au fond, deux ans après,
01:14:11les marchés vont assez
01:14:13bien, le pays est assez stable, on n'a pas
01:14:15l'impression qu'il y ait une révolution culturelle...
01:14:17Oui, mais en Hongrie, chez Victor Orban,
01:14:19c'est pareil, ça ne s'est pas produit du jour au lendemain,
01:14:21ça a été progressif. Quand l'extrême-droite
01:14:23arrive au pouvoir, ce n'est pas soudain.
01:14:25Il y a un glissement, mais plus fondamentalement,
01:14:27je pense qu'on n'a pas bien
01:14:29compris, car Meloni était très différente
01:14:31de Marine Le Pen sur une série de points.
01:14:33Le premier, c'est que, contrairement à Marine Le Pen,
01:14:35c'est une figure très institutionnelle.
01:14:37Elle a été vice-présidente
01:14:39de la Chambre, la plus jeune
01:14:41d'ailleurs, elle a été ministre
01:14:43sans portefeuille du gouvernement Berlusconi,
01:14:45c'est une figure du système institutionnel
01:14:47et politique romain, ce qui n'est évidemment
01:14:49pas le cas pour Marine Le Pen.
01:14:51Et par ailleurs, plus fondamentalement,
01:14:53les institutions, et là on revient à nouveau
01:14:55sur ce thème qui est fondamental,
01:14:57les institutions italiennes sont extrêmement fortes,
01:14:59beaucoup plus fortes que ce qu'on pense.
01:15:01Le Parlement reste central, donc l'exécutif
01:15:03n'a pas autant de marge de main-d'oeuvre que ça,
01:15:05et surtout, il y a un rôle
01:15:07d'arbitre très consensuel du président
01:15:09de la République, ça change un peu par rapport
01:15:11au rôle que peut avoir le président de la République en France.
01:15:13Donc, elle a dû engager,
01:15:15elle engage un rapport de force,
01:15:17mais elle est loin d'être hégémonique dans le système.
01:15:19Et là, il y a une différence totale
01:15:21par rapport au cas d'un possible gouvernement.
01:15:23Évidemment, désormais, il ne se met plus
01:15:25une seigneur impossible du Rassemblement national
01:15:27en France.
01:15:28On va continuer à essayer de comprendre
01:15:30comment cette coalition à la française,
01:15:32si j'ose dire, pourrait se construire,
01:15:34ou pas avec vous, Jean-Sébastien Ferjou,
01:15:36mais manifestement, Place de la République, ça chauffe,
01:15:38je crois. Cyril Payen, vous êtes sur place,
01:15:40que se passe-t-il autour de vous ?
01:15:43Écoutez, oui, on n'est plus vraiment
01:15:45dans la même ambiance.
01:15:47Je ne sais pas si vous pouvez voir,
01:15:49Yohann Baudin va vous zoomer un peu.
01:15:51En fait, il y a la création d'un front,
01:15:53en fait, sur l'une des avenues qui amène,
01:15:55qui faisait converger des centaines
01:15:57de personnes,
01:15:59ici, vers la Place de la République.
01:16:01Il y a, depuis quelques instants,
01:16:03le début d'échaux fourrés, de gaz lacrymogènes
01:16:05un peu partout,
01:16:07et des flammes, et surtout,
01:16:09un cordon de sécurité qui commence
01:16:11à se rapprocher.
01:16:13Donc, c'est juste sur cette partie de la Place de la République
01:16:15qu'on change un peu d'ambiance,
01:16:17mais sinon, écoutez, de l'autre côté,
01:16:19sur le centre de la Place de la République,
01:16:21le sens de la fête,
01:16:23cet même sentiment général
01:16:25de satisfaction continue.
01:16:27Il se trouve que là, effectivement,
01:16:29sur cette partie de la Place de la République,
01:16:31c'est un peu plus tendu,
01:16:33mais rien,
01:16:35pour l'instant, en tout cas, d'extrêmement grave,
01:16:37puisque les gens ne partent pas,
01:16:39pour l'instant,
01:16:41mais je pense que vous pouvez voir,
01:16:43il y a des départs de feu derrière moi.
01:16:45Donc, un peu de tension,
01:16:47on pouvait un peu s'y attendre.
01:16:49La présence importante des forces de sécurité
01:16:51laissait entendre que c'était possible.
01:16:53Donc, c'est un petit débordement,
01:16:55mais rien, en tout cas, de l'avis général
01:16:57qui gâche la fête, ici, ce soir.
01:16:59Merci beaucoup, Cyril Payen.
01:17:01Alors, on va continuer, ici,
01:17:03d'explorer cette potentielle coalition,
01:17:05faut-il l'appeler Union nationale,
01:17:07parce que, par texte, dans l'hémicycle
01:17:09de Jean-Sébastien Ferjou,
01:17:11il y a un homme qui peut jouer un rôle clé,
01:17:13c'est François Ruffin.
01:17:15François Ruffin n'a pas dit, ce soir,
01:17:17quelles étaient ses intentions,
01:17:19mais s'il fracture les insoumis
01:17:21en emmenant avec lui une partie
01:17:23des purgés de Jean-Luc Mélenchon
01:17:25ou quelques insoumis
01:17:27qui ne se retrouvent pas
01:17:29dans la brutalité de leur leader,
01:17:31est-ce qu'il peut constituer
01:17:33le complément nécessaire
01:17:35pour lutter contre Jean-Luc Mélenchon ?
01:17:37Je pense que la question va plus se poser
01:17:39au niveau du Parti socialiste.
01:17:41On est derrière le Parti socialiste
01:17:43au niveau des Verts.
01:17:45On voit que Marine Tendelier
01:17:47a émis un avis un peu différent
01:17:49de celui d'Olivier Faure.
01:17:51Elle est prête, elle,
01:17:53à participer à un gouvernement.
01:17:55Après, il faut aussi l'assumer
01:17:57vis-à-vis des électeurs.
01:17:59Encore une fois, le scrutin majoritaire
01:18:01produit une réalité sociologique
01:18:03à forceiori dans des configurations
01:18:05de front républicain.
01:18:07Les électeurs ne peuvent pas le comprendre.
01:18:09Vu l'urgence, les difficultés du pays,
01:18:11gouverner ensemble ne veut pas être d'accord.
01:18:13C'est une réalité humaine
01:18:15qui est différente de quand vous êtes élu pour.
01:18:17Quand vous êtes élu à la proportionnelle,
01:18:19vous êtes plutôt élu sur votre programme.
01:18:21On voit bien qu'il y a un Parti socialiste
01:18:23qui, dans la réalité, n'a pas vraiment
01:18:25l'intention d'appliquer le programme
01:18:27du nouveau front populaire.
01:18:29Est-ce que François Hollande
01:18:31croit au blocage des prix ?
01:18:33Il est radicalement changé
01:18:35de philosophie économique et sociale.
01:18:37Précisément, cette vie démocratique
01:18:39française impose des figures
01:18:41assez acrobatiques,
01:18:43notamment d'un point de vue démocratique.
01:18:45Il y a aussi une autre règle qui joue.
01:18:47C'est le consentement.
01:18:49Dans un scrutin majoritaire,
01:18:51vous avez les électeurs qui se déplacent,
01:18:53mais vous avez aussi le consentement.
01:18:55Bien souvent, après une présidentielle,
01:18:57vous avez un effet de vague aux législatives
01:18:59qui, après la présidentielle,
01:19:01acceptent, consentent à la victoire du camp d'en face
01:19:03parce qu'ils comprennent que c'est la logique constitutionnelle.
01:19:05Mais là, il n'y a pas de consentement ?
01:19:07J'ai l'impression qu'il y a un double front du refus.
01:19:09Je vous le disais tout à l'heure,
01:19:11les électeurs de droite ont très largement
01:19:13refusé les candidats LFI.
01:19:15Il y a eu un véritable front républicain
01:19:17contre le rassemblement,
01:19:19ou chacun l'appellera comme il veut,
01:19:21contre le rassemblement national.
01:19:23Il y a quand même ce double front du refus
01:19:25avec des députés qui, eux, au milieu,
01:19:27qui penseront quand même à leur réélection aussi,
01:19:29qui vous disent que ça va durer plus d'un an, cette histoire.
01:19:31Dans leur réalité humaine, sociologique à eux,
01:19:33ils ont été élus par des gens
01:19:35qui veulent qu'ils soient quelque part
01:19:37ou qui ne veulent pas du tout qu'ils soient quelque part.
01:19:39Allez voir dans des tas de circonscriptions de gauche,
01:19:41dans des tas de circonscriptions de gauche,
01:19:43les électeurs de gauche moyens vont vous dire
01:19:45que vous alliez au LR, mais même pas en rêve.
01:19:47Voir d'ailleurs, peut-être,
01:19:49avec l'ex-majorité macroniste.
01:19:51Et c'est ce qu'on a retrouvé, d'ailleurs,
01:19:53dans les propos d'Olivier Faure
01:19:55ou de Jean-Luc Mélenchon, ce soir.
01:19:57Ça s'est ressenti dans les reports de voix, Pierre Latry ?
01:19:59Oui, ce qu'on a vu, c'est un électorat LR
01:20:01très divisé, en fait.
01:20:03Dans les configurations du Nouveau Front Populaire
01:20:05contre le Rassemblement National, c'est un peu un tiers,
01:20:07un tiers, un tiers. Pas tout à fait.
01:20:09Mais il y a un peu moins d'un tiers qui a voté pour la gauche,
01:20:11un peu plus d'un tiers pour le
01:20:13Rassemblement National, et le reste s'est abstenu.
01:20:15Donc on voit, effectivement,
01:20:17un électorat LR très divisé sur cette question.
01:20:19En revanche, quand c'était des duels
01:20:21ensemble contre le RN, là, clairement,
01:20:23plus de la moitié des électeurs LR du premier
01:20:25tour ont voté pour le candidat de la majorité
01:20:27présidentielle. Donc on voit, effectivement,
01:20:29un électorat LR qui va
01:20:31se diviser, et on voit que c'est la difficulté pour ce
01:20:33parti, de toute façon, depuis maintenant
01:20:35quelques années, d'exister entre
01:20:37le bloc macroniste et le RN,
01:20:39avec une partie du parti qui regarde d'un sens et
01:20:41dans l'autre. Peut-être que le départ d'Éric Ciotti
01:20:43va faciliter un petit peu les choses,
01:20:45mais néanmoins, ce qu'on voit, c'est qu'effectivement,
01:20:47on a un électorat qui est très divisé,
01:20:49puis on a des élus LR qui ont gagné beaucoup
01:20:51contre des candidats du RN aussi.
01:20:53Ils ont arraché leur victoire, ouais.
01:20:55Qu'est-ce qu'ils attendent ?
01:20:57Laurent Wauquiez, oui, ce soir, réélu en haute loi.
01:20:59Qu'est-ce qu'ils attendent, les Français,
01:21:01de compromis ?
01:21:03Est-ce que vous voyez dans vos enquêtes
01:21:05cette demande des électeurs,
01:21:07peut-être de partis bien distincts les uns des autres,
01:21:09de travailler ensemble ? Est-ce que ce mot de coalition
01:21:11fait partie de leurs attentes, ou pas ?
01:21:13Ce qui est sûr, c'est qu'il y a deux ans,
01:21:15on avait mené une enquête, justement,
01:21:17après les résultats des élections législatives,
01:21:19pour voir si l'absence de majorité absolue
01:21:21était un problème. Et ce qu'on voyait, c'est qu'en réalité,
01:21:23les Français n'étaient pas opposés
01:21:25à ce principe. Ils étaient plutôt favorables
01:21:27en disant que finalement, c'est peut-être mieux
01:21:29que les partis discutent entre eux. Ce qui se passe, encore une fois,
01:21:31ça vient d'être dit dans la plupart des pays européens,
01:21:33ce qui se passe au Parlement européen aussi,
01:21:35peut-être que finalement, il faut que les partis discutent
01:21:37entre eux et arrivent à des compromis pour avoir des lois,
01:21:39et que c'est peut-être mieux que d'avoir un parti
01:21:41qui gouverne pour tout le monde en ayant
01:21:43peut-être seulement un tiers des voix.
01:21:45Donc, je pense qu'effectivement, il va y avoir cette attente
01:21:47des Français. Je pense que ça va jouer quand même aussi
01:21:49si potentiellement, il y a une nouvelle dissolution
01:21:51ou pour les projets de gestion des séances électorales.
01:21:53Peut-être que les partis auront intérêt
01:21:55à montrer qu'ils font des pas vers les autres,
01:21:57qu'ils sont prêts à faire des compromis et à avoir
01:21:59des discussions constructives.
01:22:00Britta Sonberg, le principal argument
01:22:02contre se mélanger
01:22:06dans un gouvernement, on entendait Olivier Faure,
01:22:08c'est clairement la présidentielle
01:22:10avec notre système en France. C'est de dire
01:22:12je ne vais pas aller
01:22:14m'afficher dans un gouvernement
01:22:16avec des macronistes. Si j'ai une chance
01:22:18à conserver, il faut rester à l'écart.
01:22:20En Allemagne, est-ce que
01:22:22ça auberge des chances
01:22:24de ces différentes forces qui ont travaillé ensemble
01:22:26d'être choisies
01:22:28pour les élections en premier
01:22:30pour poste de chancelier ou pas ?
01:22:32Depuis 49, il y a ce système
01:22:34de coalition. Merkel n'a jamais
01:22:36gouverné sans.
01:22:38Donc, c'est une réalité politique.
01:22:40Ce n'est pas un modèle
01:22:42qui est mis en question et qui augmente
01:22:44ou qui diminue les chances. Après,
01:22:46il y a des coalitions qui sont plus ou moins bien
01:22:48négociées, qui se sont plus ou moins
01:22:50bien passées. Pendant
01:22:52très longtemps, il y a eu la FDP
01:22:54qui a gouverné
01:22:56comme petit parti et qui a
01:22:58amené les voix en plus.
01:23:00Mais c'est tout à fait...
01:23:02Mais ça reste deux grands partis, l'Allemagne, malgré tout.
01:23:04Ça reste deux grands partis, le biparti.
01:23:06Oui, mais il y a eu souvent ce qu'on a appelé la grande coalition.
01:23:08Donc, la SPD et la CDU.
01:23:10Mais,
01:23:12voilà. Moi, je crois que
01:23:14là, il y a une situation...
01:23:16Ce qu'on voit ce soir,
01:23:18ça ne reflète pas
01:23:20vraiment le vote des Français
01:23:22sans prendre des partis
01:23:24pour les uns ou les autres.
01:23:26C'est le résultat du deuxième tour
01:23:28tel qu'il était, avec le désistement,
01:23:30avec ce front républicain
01:23:32où tout le monde se demandait
01:23:34s'il marchait à nouveau.
01:23:36Mais je crois que les Français sont vraiment
01:23:38fatigués de voter
01:23:40pour la troisième, quatrième fois
01:23:42pour un candidat dans
01:23:44une situation
01:23:46urgente, de vouloir éviter
01:23:48le pire et pas de voter
01:23:50par conviction. Et je cite toujours
01:23:52l'exemple de la FDP en Allemagne
01:23:54qui a, je crois,
01:23:56il faudrait que je re-regarde, mais je crois que c'était autour de 8%,
01:23:58la dernière fois, ce qu'ils ont eu aux élections.
01:24:00Ils font partie
01:24:02du gouvernement. Ils ont
01:24:04trois ministères ou quatre vraiment très
01:24:06importants, dont le ministre des Finances. C'est-à-dire que
01:24:08tous ceux qui ont voté
01:24:10et qui se retrouvent dans les 8%,
01:24:12enfin, en France, je crois que
01:24:14une raison pour la malaise
01:24:16qu'on vit, pas seulement ce soir,
01:24:18mais depuis longtemps, on l'a vécu
01:24:20lors des Gilets jaunes,
01:24:22plus tard des législatives
01:24:24en 2022,
01:24:26c'est que les gens ont l'impression
01:24:28que leur vote n'a pas
01:24:30d'importance. N'importe quoi.
01:24:32C'est peut-être à cause du verrou central, en fait.
01:24:34C'est-à-dire que le bloc central en France, qui n'existe pas en Allemagne,
01:24:36parce que déjà, en France, vous avez quand même un verrou central
01:24:38qui exclut tous ceux qui se trouvent
01:24:40en dehors en disant que vous ne faites pas partie
01:24:42de l'arc républicain. C'est-à-dire que
01:24:44mécaniquement, ça crée une réalité démocratique très difficile.
01:24:46Parce que pour que la démocratie existe,
01:24:48il faut qu'on puisse au moins croire à la possibilité
01:24:50théorique de l'alternance.
01:24:52Si vous construisez une situation où l'alternance
01:24:54se fait en dehors du champ républicain...
01:24:56Le macronisme n'est pas mort comme pronostiqué
01:24:58par beaucoup d'instituts, ce soir.
01:25:00Oui, mais parce que c'est ce que je vous disais tout à l'heure,
01:25:02il y a ce double front du refus, c'est-à-dire
01:25:04qu'il faut poser la question aux Français,
01:25:06et il faudra regarder dans les qualitatifs
01:25:08au moins autant, parce qu'ils sont souvent très intéressants.
01:25:10Le refus de Jean-Luc Mélenchon, le refus de Jorda Tardela.
01:25:12Pourquoi est-ce que les gens ont fait les choix
01:25:14qu'ils ont faits ? C'est-à-dire que vous pouvez largement
01:25:16voter parce que vous refusiez X ou X configurations,
01:25:18sans pour autant que ça veut dire
01:25:20que vous souteniez le verrou central,
01:25:22en tout cas avec notre mode de scrutin,
01:25:24mais il empêche de facto l'existence d'une droite républicaine
01:25:26ou l'existence d'une gauche républicaine.
01:25:28Ça appelle quand même à regarder nos institutions
01:25:30et peut-être à changer 2-3 choses,
01:25:32on va vous entendre ce soir.
01:25:34S'il y a un pays qui s'inquiétait fortement
01:25:36de la progression du RN et de son éventuelle
01:25:38accession au pouvoir, Damien, c'est l'Ukraine.
01:25:40Ce soir, on va partir à Kiev avec lui.
01:25:42Oui, on va retrouver Emmanuelle Chaz,
01:25:44notre correspondante. On a l'habitude de la voir en extérieur,
01:25:46évidemment ce soir c'est couvre-feu
01:25:48à Kiev comme dans toute l'Ukraine.
01:25:50Bonsoir Emmanuelle.
01:25:52On imagine que du côté de l'Ukraine,
01:25:54on a accueilli ses résultats
01:25:56avec plutôt un certain soulagement.
01:25:58Oui, tout à fait Damien,
01:26:00un soulagement.
01:26:02Vous parlez de couvre-feu,
01:26:04ce n'est pas la seule raison pour laquelle
01:26:06je suis à l'intérieur.
01:26:08Même si j'avais été dehors,
01:26:10vous n'auriez absolument rien vu
01:26:12puisque je rappelle que l'ensemble
01:26:14des centrales thermiques ukrainiennes
01:26:16ont été détruites par la Russie.
01:26:18Cette guerre de la Russie contre l'Ukraine,
01:26:20elle explique ce soulagement ce soir
01:26:22des Ukrainiens suite aux résultats
01:26:24des élections en France
01:26:26parce que pour les Ukrainiens,
01:26:28le Rassemblement National,
01:26:30c'est le parti financé par le Kremlin,
01:26:32financé par la Russie.
01:26:34Donc il y avait une énorme inquiétude
01:26:36que le Rassemblement National
01:26:38soit aux portes du pouvoir en France
01:26:40puisque ça aurait forcément eu
01:26:42des implications sur la politique
01:26:44de la France envers l'Ukraine,
01:26:46qu'il s'agisse de la livraison d'armes,
01:26:48notamment des missiles à longue portée,
01:26:50qu'il s'agisse de l'envoi de troupes,
01:26:52de formateurs français
01:26:54ici en Ukraine,
01:26:56ou encore de l'envoi des avions de combat.
01:26:58Donc ce soir, il y a beaucoup de soulagement.
01:27:00J'ai même reçu de la part des Ukrainiens
01:27:02que je connaissais des messages
01:27:04de félicitations pour ces résultats.
01:27:06Donc on voit vraiment que les Ukrainiens
01:27:08ont suivi ces élections.
01:27:10Et puis il y a eu un commentaire
01:27:12sur les réseaux sociaux qui m'a interpellée.
01:27:14C'est que beaucoup de gens
01:27:16m'ont demandé ces derniers temps
01:27:18des questions sur la politique française,
01:27:20sur la stratégie de Macron.
01:27:22Et un des commentaires
01:27:24à l'annonce de ces résultats,
01:27:26c'était une jeune femme qui disait
01:27:28j'ai besoin de mettre Emmanuel Macron
01:27:30dans une éprouvette et de l'envoyer
01:27:32dans un laboratoire pour l'étudier
01:27:34parce que je ne comprends pas sa politique.
01:27:36Et j'ai trouvé que ça illustrait assez bien
01:27:38ce que les Ukrainiens pensaient
01:27:40de la politique française en ce moment.
01:27:42Je suis sûre qu'Emmanuel,
01:27:44cette Ukrainienne,
01:27:46a trouvé des échos parmi nos citoyens français.
01:27:48Petite question également sur la Pologne.
01:27:50Vous étiez correspondante à Varsovie,
01:27:52pays frontalier de l'Ukraine,
01:27:54qui a fini par se défaire
01:27:56du piste d'extrême droite.
01:27:58Comment nous regarde-t-elle
01:28:00la Pologne ce soir ?
01:28:04Alors j'étais correspondante à Berlin,
01:28:06mais comme c'est tout à côté de la Pologne,
01:28:08je m'y suis souvent rendue
01:28:10justement pour rendre compte
01:28:12de ce qui se passait là-bas.
01:28:14Et c'est vrai que ce parti,
01:28:16piste d'extrême droite,
01:28:18au Parlement polonais,
01:28:20finalement, il a eu une lente ascension.
01:28:22Il est parti du centre droit
01:28:24jusqu'à devenir conservateur,
01:28:26ultra-conservateur, puis adopter
01:28:28des politiques d'extrême droite.
01:28:30Je pense notamment sur les questions sociales,
01:28:32avec l'avortement,
01:28:34avec la tolérance
01:28:36dans le pays qui a complètement
01:28:38chuté, notamment à l'égard des personnes
01:28:40LGBT
01:28:42en Pologne.
01:28:44Et donc, après quelques années,
01:28:46il y a eu une désapprobation générale
01:28:48et à la fin de l'année dernière,
01:28:50ce parti, finalement,
01:28:52a été délogé,
01:28:54n'a plus la majorité.
01:28:56C'est toujours le parti du président Douda,
01:28:58mais en tout cas, le gouvernement a été remplacé.
01:29:00Donc même lorsque l'extrême droite
01:29:02est élue,
01:29:04finalement, il y a beaucoup de pays
01:29:06qui en reviennent, comme beaucoup
01:29:08de gouvernements populistes.
01:29:10Je pense également à la victoire
01:29:12du parti Labour
01:29:14au Royaume-Uni.
01:29:16On voit également que, là encore,
01:29:18il y avait eu un ras-le-bol
01:29:20des citoyens envers les politiques populistes
01:29:22des gouvernements conservateurs,
01:29:24ultra-conservateurs et d'extrême droite.
01:29:26– Merci Emmanuelle Chiaz, en direct
01:29:28de Kiev ce soir pour France 24
01:29:30et LCP. – Et en accueil sur ce plateau
01:29:32Yves Trérard, directeur adjoint de la rédaction
01:29:34du Figaro, bonsoir. – Bonsoir.
01:29:36– Merci beaucoup de venir sur ce plateau.
01:29:38C'est la défaite
01:29:40du Rassemblement national, c'est la défaite
01:29:42de la Macronie, c'est la victoire
01:29:44du mouvement populaire.
01:29:46– C'est la victoire de personne.
01:29:48– Personne ne gagne, personne ne perd.
01:29:50– Non, la France est ingouvernable,
01:29:52elle est ingouvernable, et la gauche
01:29:54ne va pas pouvoir gouverner.
01:29:56– En êtes-vous si sûr ?
01:29:58– Bien sûr, si vous avez une majorité
01:30:00de 200-210, la première des conditions
01:30:02c'est que vous abrogez la réforme des retraites.
01:30:04Comment vous faites pour abroger
01:30:06la réforme des retraites quand
01:30:08la majorité est à 289,
01:30:10si je ne m'abuse,
01:30:12et que vous n'arrivez pas à trouver
01:30:14les seuls alliés,
01:30:16c'est ça qui est quand même extraordinaire,
01:30:18que la gauche pourrait trouver, c'est le Rassemblement national
01:30:20sur la réforme des retraites.
01:30:22– Oui, attendez, un Raphaël Glucksmann
01:30:24a très bien dit pendant la campagne des Européennes
01:30:26qu'il ne voulait pas revenir aux 60 ans.
01:30:28– Oui, mais d'abord ils sont d'ailleurs...
01:30:30– Il est place publique socialiste, vous pouvez trouver des socialistes
01:30:32qui ne sont pas favorables à l'abrogation de la réforme.
01:30:34– Vous mettez le doigt dessus.
01:30:36Oui, mais ils sont obligés,
01:30:38le président de la République est obligé
01:30:40de nommer un Premier ministre,
01:30:42c'est ça qu'on n'arrive pas à comprendre
01:30:44un Premier ministre de gauche.
01:30:46– Parce que c'est la première force,
01:30:48même légèrement devant.
01:30:50– C'est la première force politique,
01:30:52et à l'intérieur de la gauche,
01:30:54la première force, c'est la France insoumise.
01:30:56– Alors, on va attendre que ça se stabilise,
01:30:58mais c'est vrai que ce soir, c'est la France insoumise.
01:31:00– Et donc, aujourd'hui, je ne vois pas
01:31:02comment la France peut être gouvernée
01:31:04d'ici à la prochaine dissolution
01:31:06de la République, même s'il démissionne,
01:31:08ça ne change rien, son successeur
01:31:10ne pourra pas dissoudre l'Assemblée.
01:31:12– Alors, qu'est-ce qui va se passer
01:31:14dans les semaines qui viennent ?
01:31:16L'impasse, ça veut dire quoi ?
01:31:18On va quand même nommer un Premier ministre ?
01:31:20Technique, aux fonctionnaires, comme c'est arrivé
01:31:22avec Mario Monti, Mario Draghi ?
01:31:24– Ce qui est probable, c'est qu'on arrive
01:31:26à nommer quelqu'un qui gère les affaires courantes
01:31:28et qu'il n'y aura aucune réforme.
01:31:30– Aucun texte de loi ?
01:31:32– Ou alors des textes vraiment secondaires
01:31:34sur la conservation des poulets, voilà.
01:31:36Mais vous ne pourrez pas...
01:31:38Écoutez le discours des gens de gauche,
01:31:40qui est un discours tout à fait honorable,
01:31:42qui est programmatique,
01:31:44abrogation de la réforme des retraites,
01:31:46augmentation du SMIC.
01:31:48– Mais vous savez que le Parti Socialiste
01:31:50est très divisé, Olivier Faure a eu
01:31:52la présidence de ce parti à 50%,
01:31:54pas une fois de plus.
01:31:56– Mais c'est une raison supplémentaire.
01:31:58Et donc, là, alors, ce qu'on pourrait
01:32:00imaginer, c'est que la majorité sortante
01:32:02qui sauve les meubles,
01:32:04on va dire, ça comme ça.
01:32:06– Les macronistes.
01:32:08– Il s'allie à LR,
01:32:10qui est la surprise de la soirée aussi, LR,
01:32:12si j'ai bien compris.
01:32:14– On en a parlé d'exploits, même.
01:32:16– Mais M. Boquet, vous l'avez entendu,
01:32:18hors de question de faire une alliance
01:32:20avec la majorité.
01:32:22Le Rassemblement National,
01:32:24qui a été rejoint par M. Ciotti,
01:32:26qui d'ailleurs fait un très mauvais score,
01:32:28puisqu'il nous avait promis
01:32:3025 ou 30 députés.
01:32:32– Il ne peut pas faire de groupe,
01:32:34a priori.
01:32:36– Le Rassemblement National,
01:32:38personne ne va vouloir gouverner avec lui,
01:32:40par définition. Alors, sauf sur l'abrogation
01:32:42de la réforme des retraites, ça serait plutôt
01:32:44assez étonnant, d'ailleurs.
01:32:46Mais aujourd'hui, la France est dans une impasse totale.
01:32:48Alors, on peut, ils vont vous dire,
01:32:50mais il faut que les Français
01:32:52qui ont voté soient écoutés,
01:32:54c'est nous qui avons gagné.
01:32:56Mais quand vous voyez que la France
01:32:58est dans une impasse totale pendant un an
01:33:00avec 260, 265 députés...
01:33:02– Il y avait quand même une cinquantaine d'extextes
01:33:04qui ont été adoptés. Il y avait beaucoup de tumultes.
01:33:06– Mais comment vous voulez-vous gouverner
01:33:08avec 200, 210 ? C'est impossible.
01:33:10– Donc, assemblée bloquée, pays ingouvernable.
01:33:12C'est votre analyse.
01:33:14On va revenir sur le gouvernement technique
01:33:16avec vous, Gilles Gressani, dans un tout petit instant,
01:33:18parce que l'Italie a fait cette expérience,
01:33:20ça a d'ailleurs mené souvent au populisme.
01:33:22Évidemment, on va reprendre la direction
01:33:24de la Cellule Résultats avec vous,
01:33:26Clément Perreault, pour de nouveaux résultats
01:33:28ce soir dans les circos clés.
01:33:30– Oui, et on commence avec Yaël Braun-Pivet,
01:33:32la présidente de l'Assemblée nationale
01:33:34au moment de la dissolution
01:33:36et réélue ce soir dans les Yvines.
01:33:38C'était une triangulaire dans sa circonscription.
01:33:40Elle est arrivée loin devant ses concurrents.
01:33:42Toujours pour la majorité sortante,
01:33:44Guillaume Casbarian, ministre délégué du Logement,
01:33:46est réélu dans l'Eure-et-Loire.
01:33:48Victoire assez confortable,
01:33:50il dépasse les 60 %.
01:33:52Ministre également chargé des Relations
01:33:54avec le Parlement, Marie Lebec,
01:33:56est élue dans les Yvelines.
01:33:58Elle sort vainqueur d'une triangulaire.
01:34:00Ancien ministre de la Santé,
01:34:02Olivier Véran, lui, est battu en Isère.
01:34:04Il est devancé par la gauche
01:34:06dans le cadre d'une triangulaire.
01:34:08Pour les Républicains,
01:34:10Michel Tabarro, qui siège à l'Assemblée
01:34:12depuis plus de 20 ans,
01:34:14est réélu dans les Alpes-Maritimes.
01:34:16Elle devance le candidat RN,
01:34:18Franck Galbert.
01:34:20Pour la gauche, Aurélien Rousseau,
01:34:22qui était ministre de la Santé du gouvernement
01:34:24d'Elisabeth Borne,
01:34:26est élu dans les Yvelines.
01:34:28Il bat une autre ancienne ministre,
01:34:30Nadia Hay.
01:34:32Ensuite, Rachel Keke, députée insoumise sortante,
01:34:34de son côté, est battue.
01:34:36Son siège lui est pris par
01:34:38Vincent Jeanbrun des Républicains.
01:34:40C'est le maire de l'Aile-et-Rose dans le Val-de-Marne.
01:34:42Et puis, pour finir,
01:34:44une figure de l'Assemblée est battue ce soir.
01:34:46C'est un petit événement.
01:34:48Nicolas Dupont-Aignan perd son fief de l'Essonne,
01:34:50la triangulaire dans sa circonscription
01:34:52lui a été fatale.
01:34:54– Merci beaucoup Clément Perreault.
01:34:56On reviendra vers vous dans un petit quart d'heure
01:34:58pour avoir les résultats des Outre-mer.
01:35:00Alors, Gilles Gressiani, vous avez entendu Yves Tréhard,
01:35:02c'est l'impasse,
01:35:04l'impasse politique totale,
01:35:06et donc il n'y a plus qu'une seule solution,
01:35:08un haut fonctionnaire,
01:35:10un sage qui n'aurait aucun pouvoir
01:35:12de légiférer, un gouvernement
01:35:14technique, de quoi s'agit-il
01:35:16précisément ?
01:35:18– Le cas italien du gouvernement technique,
01:35:20il y a une différence substantielle
01:35:22qu'il faut absolument expliquer,
01:35:24c'est qu'en Italie, les gouvernements doivent
01:35:26avoir la confiance pour pouvoir s'installer.
01:35:28Ce n'est pas comme en France, où on peut avoir un gouvernement
01:35:30qui tombe s'il y a une censure, mais qui peut,
01:35:32comme on l'a vu, exister même s'il y a
01:35:34une majorité relative.
01:35:36Donc, en réalité, évidemment, il y a eu plusieurs gouvernements techniques
01:35:38dans l'histoire italienne, mais ce sont toujours
01:35:40des gouvernements qui doivent, d'une manière
01:35:42ou d'une autre, rassembler
01:35:44une confiance politique présente.
01:35:46– Il y a quand même une majorité derrière ce gouvernement technique.
01:35:48– C'est ça, et ce qui est assez intéressant, et c'est presque mécanique,
01:35:50c'est que quand vous avez,
01:35:52il y a deux expériences du gouvernement technique
01:35:54récente italienne,
01:35:56tout le monde pense à Draghi,
01:35:58mais en réalité, en 2012,
01:36:00avec Monti, c'est peut-être là
01:36:02qu'il y a le premier grand gouvernement technique
01:36:04italien, qui est soutenu
01:36:06par le centre-droite et le centre-gauche,
01:36:08grosso modo,
01:36:10et qui sont les partis qui définissent le cycle
01:36:12politique après la fin
01:36:14du gouvernement technique de Monti,
01:36:16mais ce sont précisément les partis qui n'ont pas
01:36:18voté la confiance à Monti,
01:36:20c'est-à-dire Salvini,
01:36:22qui était à l'Assemblée,
01:36:24mais qui n'a pas voulu voter pour lui,
01:36:26et le Cinq Étoiles, qui n'était pas encore
01:36:28un nombre. – Vous nous dites quoi ?
01:36:30Les gouvernements techniques, ça précipite
01:36:32la victoire après des populistes
01:36:34extrêmes ? – Il y a une dynamique
01:36:36qu'il faut absolument souligner, c'est que
01:36:38si on dit que, fondamentalement,
01:36:40on vit en démocratie,
01:36:42en démocratie élective,
01:36:44quelque part, une des questions fondamentales,
01:36:46c'est l'alternance, c'est le fait qu'au fond,
01:36:48on va à gauche, et à un moment,
01:36:50par la suite, on décide d'aller à droite.
01:36:52Avec la logique du gouvernement technique,
01:36:54avec un soutien politique large,
01:36:56au fond, vous créez mécaniquement
01:36:58une opposition qui est faite
01:37:00entre, d'un côté, le centre rationnel
01:37:02qui soutient
01:37:04techniquement des solutions qui puissent être
01:37:06partagées par tout le monde, et de l'autre côté,
01:37:08les extrêmes irrationnels terribles
01:37:10qui s'y opposent. Et donc, systématiquement,
01:37:12on pourrait revenir aussi au cas
01:37:14de Draghi, c'est Mélanie,
01:37:16la seule force, elle était à la tête
01:37:18de la seule force au Parlement qui n'avait pas voté la confiance
01:37:20à Draghi, et c'est pour ça qu'elle est
01:37:22devenue l'alternance, l'alternative
01:37:24presque inévitable. Et là, évidemment,
01:37:26vous comprenez très bien où est-ce qu'on peut en venir,
01:37:28parce que si on imagine aujourd'hui
01:37:30un gouvernement technique, encore une fois, pas politique,
01:37:32soutenu par une grande
01:37:34coalition, et bien,
01:37:36mécaniquement, ce qui se passerait, c'est d'un côté
01:37:38à gauche,
01:37:40un renforcement très évident
01:37:42d'une dynamique hyperpopuliste comme
01:37:44Mélenchon, qui aurait beau dire
01:37:46contrairement aux revendus du Parti
01:37:48socialiste, social-traitre, moi je
01:37:50garde le cap, et de l'autre côté,
01:37:52évidemment aussi au RN, qui pourrait
01:37:54là aussi jouer beaucoup de son image
01:37:56de plus en plus évidente, de seule alternative
01:37:58possible pour mettre fin
01:38:00au cycle macroniste. Donc il n'y a pas de bonne solution.
01:38:02Pardonnez-moi, mais vous écoutez,
01:38:04c'est...
01:38:06C'est l'impasse totale.
01:38:08Si le gouvernement technique précipite dans les bras
01:38:10des extrêmes, si aucune
01:38:12majorité n'est dégageable parce que
01:38:14personne ne veut gouverner avec personne,
01:38:16aucun bloc n'est
01:38:18majoritaire, qu'est-ce qui se passe ?
01:38:20Qu'est-ce qui peut se passer, Brita Sonberg,
01:38:22vous qui chroniquez la vie politique
01:38:24française dès le
01:38:2618 juillet ?
01:38:28Je n'ai pas de réponse ce soir.
01:38:30Je ne vois pas comment
01:38:32le centre
01:38:34d'ensemble peut se mettre d'accord
01:38:36avec la
01:38:38ligne, ne prenons que
01:38:40l'LFI.
01:38:42D'ailleurs, il l'a exclu.
01:38:44Macron a dit avant qu'il ne veut pas
01:38:46gouverner avec l'LFI.
01:38:48On peut difficilement s'imaginer ça.
01:38:50Les Républicains ne veulent pas se joindre.
01:38:52Moi, je ne vois pas
01:38:54comment
01:38:56on peut trouver une solution. Et si je prends
01:38:58l'exemple de l'Allemagne,
01:39:00et l'Allemagne, c'est quand même
01:39:02le leader du parti, qui a eu
01:39:04pas la majorité absolue, mais qui était
01:39:06devenu le parti le plus fort,
01:39:08choisit ses partenaires avec lesquels il pense
01:39:10pouvoir travailler ensemble.
01:39:12Et après, ces négociations
01:39:14durent si longtemps, parfois
01:39:162, 3, 4, 5 mois,
01:39:18puisqu'il négocie,
01:39:20vraiment. Ce n'est pas, voulez-vous
01:39:22venir chez nous et on vous donne 3
01:39:24postes de ministre ?
01:39:26Chacun lâche une partie de son programme.
01:39:28C'est une vraie
01:39:30négociation. C'est ce que je disais
01:39:32tout à l'heure, la culture
01:39:34politique du compromis
01:39:36est, par exemple, le contrat
01:39:38de la coalition actuelle,
01:39:40ce qu'on appelle la coalition du
01:39:42feu, puisque c'est
01:39:44les trois partis,
01:39:46comme les feux de
01:39:48circulation.
01:39:50Le contrat avait
01:39:52141 pages.
01:39:54Donc,
01:39:56les différents partis fixent
01:39:58les lignes
01:40:00sur lesquelles ils peuvent... Ils se sont mis d'accord.
01:40:02Les projets qu'ils veulent attaquer,
01:40:04évidemment, personne ne peut
01:40:06prévoir la guerre en Ukraine.
01:40:08Donc, il y a toujours, dans la vie politique,
01:40:10des imprévus auxquels
01:40:12il faut réagir. Mais ils font
01:40:14ce travail de fond
01:40:16de se mettre d'accord sur telle
01:40:18et telle chose. Et c'est vraiment une bataille.
01:40:20Il va falloir déjà réussir à s'entendre pour un budget. Rien que ça.
01:40:22Ça va être extrêmement compliqué.
01:40:24Et l'échéance, elle est proche.
01:40:26Mais c'est pas possible, puisque vous avez
01:40:28une gauche aujourd'hui qui veut donner du pouvoir
01:40:30d'achat, qui veut pratiquer une politique
01:40:32de la demande.
01:40:34Donc, une politique plutôt
01:40:36assez dépensière.
01:40:38Et c'est tout ce que... Rendez-vous compte que
01:40:40le président de la République, sortant,
01:40:42s'est fait... Enfin, sortant, il est encore là.
01:40:44S'est fait élire...
01:40:46Il a exclu le démissionnaire. Avec une majorité.
01:40:48Il s'est fait élire avec la promesse
01:40:50de ne jamais augmenter les impôts.
01:40:52Et il avait tenu. C'est une des promesses qu'il a tenue.
01:40:54Donc, je ne vois pas
01:40:56d'issue autre
01:40:58que d'attendre
01:41:00un an
01:41:02avec un Premier ministre
01:41:04qui serait technique.
01:41:06J'ai du mal à imaginer un Premier ministre technique
01:41:08en France.
01:41:10Donnez-nous quelques exemples. Vous en avez en tête ?
01:41:12Non, parce que... On parle de conseiller d'Etat,
01:41:14d'ancien grand banquier...
01:41:16Un Premier ministre technique,
01:41:18je dirais,
01:41:20le profil type, c'est Jean Castex.
01:41:22Jean Castex, d'ailleurs, quand il a gouverné la France,
01:41:24c'était pour sortir la France
01:41:26de la période de la crise sanitaire,
01:41:28où il prenait des mesures techniques.
01:41:30Il avait un...
01:41:32Je dirais, une façon d'être
01:41:34qui était très rassembleuse,
01:41:36technique. Voilà.
01:41:38C'est ce style de personnage
01:41:40qui pourrait... Un banquier,
01:41:42mais alors un banquier en France, alors qu'en France,
01:41:44les Français ont voté
01:41:46quand même majoritairement pour la gauche.
01:41:48Je ne sais pas comment ça pourrait être...
01:41:50Avec une demande de justice sociale.
01:41:52Exactement. Je ne sais pas comment ça pourrait être reçu.
01:41:54Donc, c'est vraiment, pour le président
01:41:56de la République, très compliqué.
01:41:58Très, très compliqué.
01:42:00Il y a un endroit, on va regarder de près,
01:42:02ce second tour des élections législatives, c'est Berlin,
01:42:04où il y avait beaucoup d'inquiétude
01:42:06face à la montée du RN.
01:42:08Bonsoir, Anne Mahier. Vous êtes notre correspondante
01:42:10dans la capitale allemande. Quelle réaction, ce soir ?
01:42:14Écoutez, à Berlin,
01:42:16on s'attendait au pire, donc on imagine
01:42:18que le soulagement est très important, ce soir,
01:42:20à la chancellerie. Alors, pour l'instant,
01:42:22pas de réaction officielle du côté
01:42:24du gouvernement, mais on sait que
01:42:26Olaf Scholz, le chancelier allemand,
01:42:28a été en contact étroit avec Emmanuel Macron
01:42:30ces derniers jours. On sait aussi
01:42:32qu'il a déclaré, je cite,
01:42:34croiser les doigts pour que les Français
01:42:36fassent barrage à un gouvernement dirigé
01:42:38par un parti populiste de droite.
01:42:40Donc ça, c'est fait, mais ceci dit, bien évidemment,
01:42:42on appréhende
01:42:44désormais la suite,
01:42:46à l'instar du député social-démocrate
01:42:48Nils Schmitt, porte-parole pour
01:42:50les affaires étrangères, qui déclare ce soir
01:42:52que le pire a été évité, mais que
01:42:54la formation d'un gouvernement
01:42:56en France s'annonce compliquée. Même
01:42:58son cloche du côté de la presse allemande
01:43:00avec le quotidien de centre-gauche
01:43:02Süddeutsche Zeitung, qui se demande
01:43:04bien comment les Français vont pouvoir
01:43:06se doter d'un gouvernement avec un
01:43:08hémicycle éclaté en trois blocs,
01:43:10sachant, bien sûr, que les Français,
01:43:12et vous en parlez beaucoup ce soir,
01:43:14n'ont pas du tout la même expérience des coalitions
01:43:16que les Allemands. Même constat
01:43:18dans le quotidien de gauche Taz,
01:43:20qui estime qu'une période d'instabilité
01:43:22politique s'ouvre de l'autre côté du Rhin.
01:43:24Et puis enfin, notez ce commentaire
01:43:26du journal de centre-droit frankfurter
01:43:28Allgemeine, qui estime que ce
01:43:30scrutin n'a pas sorti le pays de la crise,
01:43:32bien au contraire, car l'influence
01:43:34de la gauche eurosceptique ne laisse pas
01:43:36augurer d'un avenir facile
01:43:38pour trouver des compromis sur la politique
01:43:40européenne, selon le quotidien de Francfort.
01:43:42Merci beaucoup.
01:43:44Merci à vous, Anne Maillet, en direct
01:43:46de Berlin. Il y a une date dont on n'a
01:43:48pas parlé encore dans cette soirée électorale
01:43:50qui s'achève tout doucement.
01:43:52Yves Tréhard, c'est le 18 juillet.
01:43:54Le 18 juillet pourrait faire
01:43:56figure de test de la capacité
01:43:58de ces blocs à
01:44:00s'entendre sur le nom du futur
01:44:02président de l'Assemblée nationale. Expliquez-nous
01:44:04comment ça se passe. Il y a deux tours.
01:44:06Deux tours à la majorité absolue.
01:44:08Dernier tour, majorité relative.
01:44:10Vous parlez, évidemment,
01:44:12de l'élection
01:44:14au perchoir. L'élection
01:44:16du président ou de la présidente
01:44:18de l'Assemblée nationale. Madame
01:44:20Braune-Pivet,
01:44:22à mon avis, ne pourra pas
01:44:24briller à nouveau
01:44:26son mandat, à moins que...
01:44:28Tout est possible, maintenant.
01:44:30C'est vrai. Elle le souhaite,
01:44:32en tous les cas, apparaître comme une présidente
01:44:34de compromis. Une femme qui est appréciée,
01:44:36une femme qui a plutôt la culture du
01:44:38compromis, pour le coup. Une femme
01:44:40qui n'a pas eu la politique
01:44:42dans les veines toute sa vie.
01:44:44Elle a fait d'autres choses.
01:44:46Ça va être compliqué. Mais moi, je pense
01:44:48que là, on est rentré dans une phase
01:44:50où, de toute manière, la gauche,
01:44:52si c'est confirmé, et ça sera confirmé
01:44:54à le groupe
01:44:56le plus important, à l'Assemblée
01:44:58nationale, va revendiquer
01:45:00de toute manière la victoire.
01:45:02Et cette revendication
01:45:04s'accompagnera, évidemment,
01:45:06de l'élection du président
01:45:08au perchoir. Elle n'acceptera personne d'autre.
01:45:10Donc, une présidente de gauche,
01:45:12le Nouveau Front Populaire.
01:45:14Les deux premiers tours
01:45:16seront sautés
01:45:18s'il n'y a pas de majorité absolue.
01:45:20Et on arrivera à une majorité relative.
01:45:22Ils arriveront à se mettre d'accord.
01:45:24Le Nouveau Front Populaire aura sa candidate
01:45:26confinée s'il n'y a pas de compromis.
01:45:28En plus, éliminer, si vous me voyez bien,
01:45:30un futur Premier ministre
01:45:32qui pourrait être gênant, aussi.
01:45:34Donc, ça sera très politique, cette élection.
01:45:36Si vous avez écouté ce soir,
01:45:38moi, j'ai écouté attentivement
01:45:40tous les leaders de la gauche. On a l'impression
01:45:42qu'ils sont déjà tous candidats pour 2027.
01:45:46Ça paraît assez...
01:45:48Justement, est-ce que ce n'est pas ça, le problème ?
01:45:50Est-ce que cette élection présidentielle,
01:45:52elle auberge toute possibilité d'entente ?
01:45:54Parce que personne ne veut s'associer à Emmanuel Macron,
01:45:56qui est déjà
01:45:58très affaibli, sans possibilité de se représenter.
01:46:00Gilles Grissani ?
01:46:02Il y a un fait que je pense que ça n'a pas été assez remarqué,
01:46:04mais qui est assez frappant.
01:46:06Les trois premiers arrivés
01:46:08lors de la dernière présidentielle,
01:46:10le président de la République, Emmanuel Macron,
01:46:12Marine Le Pen,
01:46:14et Jean-Luc Mélenchon,
01:46:16les trois n'ont pas, pour des raisons très différentes,
01:46:18mais n'ont pas fait campagne pour la législative
01:46:20en première personne.
01:46:22Du côté du président Macron, c'est parce qu'il y a
01:46:24une forme, on l'a vu, il y a beaucoup de montée du terrain,
01:46:26de désamour
01:46:28de son camp vis-à-vis de lui-même,
01:46:30mais même à gauche.
01:46:32Mélenchon a suscité, il y a plusieurs députés
01:46:34qui l'ont montré, qui l'ont explicité,
01:46:36beaucoup de remous.
01:46:38C'était difficile de tracter
01:46:40dans certains circaux
01:46:42avec le visage
01:46:44sous la bannière
01:46:46Nouveau Front Populaire à cause de Mélenchon.
01:46:48Et en réalité aussi, Marine Le Pen a eu
01:46:50besoin d'utiliser ce proxy
01:46:52qui était Jordan Bardella pour essayer peut-être
01:46:54de se faire accepter
01:46:56comme une figure plus institutionnelle.
01:46:58C'est intéressant parce qu'on voit en même temps
01:47:00qu'au fond, c'est les trois premiers arrivés,
01:47:02c'est pas rien en termes
01:47:04de voix lors de la dernière présidentielle.
01:47:06En même temps aussi, ça nous montre
01:47:08qu'un système qui est si
01:47:10tourné autour de la présidentielle
01:47:12sans des partis structurés
01:47:14finit toujours par créer ces espèces
01:47:16de leaderships qui sont
01:47:18très en verticalité,
01:47:20qui ne sont pas vraiment à même de construire
01:47:22des mouvements sur plusieurs échelles
01:47:24et qui finissent
01:47:26pour aussi provoquer
01:47:28du leadership abrasif.
01:47:30Donc il faudra se poser
01:47:32la question institutionnelle.
01:47:34Peut-être à court terme la proportionnelle,
01:47:36mais on avait sur le plateau d'autres invités
01:47:38qui nous disaient que la cinquième peut-être
01:47:40était un peu à bout de souffle avec ces trois blocs.
01:47:42C'est évident, mais je ne veux pas monopoliser la parole,
01:47:44mais il y a une porte de sortie éventuellement
01:47:46pour le président de la République.
01:47:48La démission.
01:47:50Non, la démission ne change rien
01:47:52puisque le successeur ne peut pas
01:47:54se dissoudre.
01:47:56Avec cette majorité présidentielle sortante
01:47:58qui quand même
01:48:00sauve la face, on pensait qu'elle serait réduite
01:48:02aux inquiets,
01:48:04si vous me permettez l'expression.
01:48:06Il faudrait qu'il y ait
01:48:08des républicains qui se détachent
01:48:10du mot d'ordre de M. Wauquiez
01:48:12et il faudrait qu'il y ait
01:48:14des gens, des socialistes
01:48:16ou des écologistes
01:48:18qui se détachent
01:48:20aussi de la gauche
01:48:22telle qu'elle est dans le Nouveau Front Populaire
01:48:24et qu'à ce moment-là, ils arrivent...
01:48:26François Ruffin était un peu en train de le faire
01:48:28en fracturant les insoumis.
01:48:30François Ruffin et François Hollande
01:48:32siégés
01:48:34avec M. Dives
01:48:36et M....
01:48:38et un député de droite.
01:48:40Ça paraît tellement
01:48:42incertain, tout ça.
01:48:44Ça vous fait sourire, Mme Britta Sandberg ?
01:48:46En Allemagne, ça n'est pas de la fiche.
01:48:48Non, puisque toutes ces élections,
01:48:50il y avait derrière la volonté
01:48:52de vouloir vraiment changer quelque chose,
01:48:54de vouloir changer un système politique
01:48:56ou de correspondre plus ou de satisfaire plus
01:48:58les électeurs en France.
01:49:00Il y avait dans la décision
01:49:02toujours complètement incompréhensible
01:49:04d'Emmanuel Macron
01:49:06de dissoudre le Parlement
01:49:08la volonté, apparemment, de sa part
01:49:10de réparer quelque chose qui était irréparable.
01:49:12Quelle idée de
01:49:14dissoudre après une défaite ?
01:49:16Enfin bon...
01:49:18Aujourd'hui, il n'y a pas non plus
01:49:20la volonté de vraiment construire
01:49:22quelque chose d'une façon
01:49:24positive, constructive,
01:49:26mais de limiter les dégâts.
01:49:28La stratégie, le but,
01:49:30c'est limiter les dégâts et en même temps
01:49:32ne pas perdre de vue
01:49:34le but que les uns et les autres ont
01:49:36pour 2027. Donc là-dessus, vous n'allez
01:49:38jamais pouvoir construire des coalitions
01:49:40qui fonctionnent. Allez, on va retrouver Clément Perrouat
01:49:42à présent à nouveau
01:49:44avec cette salve de résultats
01:49:46de l'outre-mer ce soir.
01:49:48L'outre-mer, on va se pencher, Myriam,
01:49:50sur les circonscriptions des Français
01:49:52établies hors de France. On commence
01:49:54dans la première qui correspond à l'Amérique du Nord
01:49:56États-Unis, Canada. Roland Lescure,
01:49:58le ministre de l'Industrie, est réélu
01:50:00face à un candidat du Nouveau Front
01:50:02Populaire. Pour la deuxième
01:50:04circonscription, celle de l'Amérique centrale
01:50:06et de l'Amérique du Sud, Eleonore Carroix
01:50:08pour le camp présidentiel
01:50:10l'emporte là aussi face
01:50:12à la gauche. Voilà pour les Français de l'étranger.
01:50:14Maintenant, passons aux outre-mer.
01:50:16Olivier Servat est réélu en Guadeloupe,
01:50:18le député sortant, qui siégeait
01:50:20pour le groupe centriste indépendant. L'IOT
01:50:22s'impose très largement, tout comme
01:50:24Jean-Philippe Nilor. Lui est réélu
01:50:26en Martigny, qui siégeait à la
01:50:28France Insoumise. En Guyane, Jean-Victor
01:50:30Castor, qui siégeait avec les communistes
01:50:32est lui aussi nettement réélu. Vous le voyez
01:50:34ce soir, encore de bons résultats
01:50:36pour le bloc présidentiel chez les Français
01:50:38de l'étranger et de bons résultats
01:50:40pour la gauche dans les territoires ultramarins.
01:50:42Merci beaucoup, Clément.
01:50:44On va tout de suite prendre la direction de la Place de la République
01:50:46à Paris
01:50:48pour retrouver notre envoyé
01:50:50spécial, Marco Pommier.
01:50:52Marco, on avait
01:50:54Cyril Payen tout à l'heure avec nous en direct
01:50:56qui nous disait que la situation commençait
01:50:58à chauffer dans le centre de Paris, sur cette place de la République.
01:51:00Quelle est la situation désormais ?
01:51:04Je vous confirme que la
01:51:06situation chauffait véritablement. Là, vous le voyez
01:51:08actuellement, la place est en train d'être évacuée
01:51:10par les forces
01:51:12de police. Vous le voyez peut-être aussi
01:51:14ce gaz lacrymogène qui vient
01:51:16vers nous, tout simplement
01:51:18parce qu'il y avait encore quelques minutes
01:51:20beaucoup de gens qui fêtaient
01:51:22dans la joie et la bonne humeur
01:51:24ce qu'ils appellent
01:51:28une victoire de la gauche
01:51:30puisque la gauche a viré en tête ce soir
01:51:32au soir du second tour. Mais
01:51:34clairement, ces gens sont tous partis, ont été
01:51:36évacués parce qu'il y a
01:51:38une trentaine, je dirais,
01:51:40d'individus cagoulés
01:51:42qui veulent en découdre
01:51:44avec les forces de l'ordre. Alors, ils essayent
01:51:46d'incendier ce qu'ils peuvent,
01:51:48des vélos, des poubelles.
01:51:50Ils ont aussi essayé d'en découdre
01:51:52avec les forces de l'ordre
01:51:54en envoyant des feux d'artifice, notamment
01:51:56des jets de feu d'artifice sur les forces de l'ordre.
01:51:58Les forces de l'ordre ont répliqué
01:52:00par des jets de gaz lacrymogène
01:52:02une place qui est en train
01:52:04d'être totalement évacuée
01:52:06Ici, place de la République, clairement, la fête est terminée.
01:52:08Merci Marco Pommier
01:52:10et prudence à vous.
01:52:12On va terminer ce plateau
01:52:14peut-être, allez, encore un peu de
01:52:16prospective. On a compris
01:52:18la difficulté à sortir politiquement
01:52:20par le haut de cet impasse ce soir.
01:52:22L'Assemblée va s'installer
01:52:24à partir du 18 juillet.
01:52:26Ils vont choisir démocratiquement
01:52:28leur président de groupe et puis
01:52:30il va y avoir des voix, des voix fortes
01:52:32politiques. Un François Hollande,
01:52:34un Laurent Wauquiez, un Gérald
01:52:36Darmanin, un groupe horizon
01:52:38relativement conséquent
01:52:40qui fera de la politique avec tous,
01:52:422027 dans la tête. Qu'est-ce qui peut se passer ?
01:52:44Le cœur de la vie politique
01:52:46revient à l'Assemblée pour dire quoi, pour faire quoi.
01:52:48Gilles Gressani, on fait un tour de table complet.
01:52:50Je pense que c'est le point
01:52:52vraiment essentiel. C'est pas une impasse.
01:52:54C'est un changement de régime
01:52:56d'une façon informelle, implicite
01:52:58qui va s'opérer. Je pense
01:53:00que le rôle du président de l'Assemblée
01:53:02va être absolument essentiel. Beaucoup plus
01:53:04qu'avant. Ce sera vraiment le dealmaker
01:53:06et on verra jusqu'à quel point
01:53:08ce sera quelque chose de structurel.
01:53:10Et fondamentalement, je trouve
01:53:12que c'est peut-être la seule manière pour affronter
01:53:14là pour le coup l'impasse politique
01:53:16dans laquelle est la France. La France,
01:53:18aurait dit Jules César, est divisée
01:53:20en trois parties.
01:53:22Elle est toujours divisée en trois parties. Et si vous êtes
01:53:24divisé en trois parties et que vous voulez un système majoritaire
01:53:26fort, vous allez à la casse.
01:53:28La seule manière pour que la France puisse
01:53:30opérer politiquement, c'est de trouver
01:53:32la manière de créer des compromis,
01:53:34des formes de coalitions, d'échanges
01:53:36entre ces trois parties. Il faut des hommes à la hauteur
01:53:38pour ça. Est-ce qu'on en a ? Il y a un horreur.
01:53:40Yves Thréard. Oui,
01:53:42dans le personnel politique, il y a des gens
01:53:44des figures tout à fait valables.
01:53:46Il faut arrêter aussi cet anti-parlementarisme
01:53:48qui est détestable
01:53:50et qui, malheureusement, nourrit
01:53:52les extrêmes. Il y a des gens
01:53:54de qualité. Mais le problème, c'est que
01:53:56la France
01:53:58est singulière.
01:54:00Tous les pays sont singuliers, mais la France est très singulière.
01:54:02La culture politique, c'est la culture de l'affrontement.
01:54:04Ce n'est pas du tout la culture du consensus.
01:54:06C'est la culture
01:54:08des programmatiques où on est vraiment
01:54:10face à face et on n'est absolument
01:54:12pas côte à côte. C'est une culture
01:54:14très particulière. Est-ce qu'on peut...
01:54:16Le génie français et le génie
01:54:18du président de la République, c'est d'avoir mis la
01:54:20quatrième République dans la cinquième.
01:54:22C'est d'avoir fait, de faire sortir
01:54:24une chambre avec un scrutin
01:54:26majoritaire alors qu'elle ressemble
01:54:28à un scrutin proportionnel.
01:54:30Alors, pourquoi pas,
01:54:32effectivement... Il a verrouillé la cinquième
01:54:34et il a rouvert la quatrième. Exactement.
01:54:36Pourquoi pas ? Et il ne s'est pas passé que des mauvaises choses
01:54:38sous la quatrième, contrairement à la légende qui veut...
01:54:40Ça a tombé, quand même. Les premiers ministres
01:54:42avaient les uns derrière les autres.
01:54:44Il y a eu des choses de faite pendant...
01:54:46Et sous la troisième aussi.
01:54:48Bon, il faut rester
01:54:50optimiste,
01:54:52mais c'est vrai qu'on a du mal à imaginer.
01:54:54Mais l'imagination, c'est aussi une des vertus
01:54:56de la France et des Français.
01:54:58Je ne sais plus qui... L'imagination au pouvoir.
01:55:00Oui, l'imagination.
01:55:02Le Financial Times, je crois, disait
01:55:04cette semaine, les Français
01:55:06sont imprévisibles
01:55:08et ils nous surprendront toujours.
01:55:10Ben voilà, on les a surpris encore ce soir.
01:55:12Il y a quand même une chose aussi qu'il faut souligner.
01:55:14C'est que personne dans les instituts
01:55:16de sondage sérieux n'avait prévu
01:55:18ce qui... C'est vrai.
01:55:20C'est vrai. Alors, Pierre Latry...
01:55:22Vous avez surestimé le RN ?
01:55:24Oui, parce que c'est très compliqué.
01:55:26C'est la limite.
01:55:28Il y avait les reports de voix et c'était compliqué.
01:55:30Oui, c'était ce sujet-là. On en avait parlé le soir du premier tour.
01:55:32C'est qu'effectivement, il y avait la question
01:55:34des désistements qui allait être centrale.
01:55:36La transformation de toutes ces triangulaires en duel
01:55:38allait complètement changer la donne.
01:55:40La question des reports de voix, et on a vu au fur et à mesure
01:55:42de la semaine, effectivement, la part du Rassemblement
01:55:44national diminuait. Alors, on n'avait pas prévu
01:55:46que ça serait dans une telle
01:55:48proportion, mais effectivement,
01:55:50on a vu cette tripartition, là, ce soir,
01:55:52elle est très claire. Et je pense qu'à l'avenir,
01:55:54effectivement, sous la 4e République, il faut quand même rappeler
01:55:56que c'est là que la France s'est reconstruite
01:55:58et qu'elle a connu sa période de prospérité
01:56:00économique sans doute la plus forte.
01:56:02Donc, ça n'annonce pas forcément que des mauvaises choses,
01:56:04mais je ne vois pas effectivement comment, après deux ans
01:56:06d'une telle tension politique à l'Assemblée,
01:56:08de tels affrontements, on a du mal à imaginer
01:56:10effectivement que du jour au lendemain,
01:56:12ça va se passer dans la Concorde.
01:56:14Merci. On va s'arrêter là.
01:56:16Merci. Un tout petit mot. J'avais promis un tour de table complète.
01:56:18Il faut peut-être faire quelque chose, comme on ferait en Allemagne,
01:56:20prendre le temps de dire 2-3 mois
01:56:22pour vraiment retrouver
01:56:24une coalition qui marche,
01:56:26qui pourrait marcher, et laisser en place soit
01:56:28le gouvernement actuel ou un gouvernement technocrate.
01:56:30Les Français sont-ils capables ? On le verra. On va regarder
01:56:32les grands enseignements de ce second tour
01:56:34des élections législatives ici en France
01:56:36avant de se quitter.
01:56:38Regardez ce qu'il sera
01:56:40l'hémicycle. Selon notre partenaire
01:56:42Ipsos Talent, chiffres affinés,
01:56:44évidemment, dans les jours qui viennent
01:56:46avec, vous le voyez,
01:56:48le Nouveau Front Populaire en tête, 177 à
01:56:50192 sièges. Devant,
01:56:52ensemble, pour le camp d'Emmanuel Macron,
01:56:54152 à 158,
01:56:56le Rassemblement National et ses alliés, 138 à
01:56:58145 sièges. Tout ça va donc
01:57:00s'affiner, et notamment dans les groupes.
01:57:02Oui, on va regarder à présent
01:57:04les projections en sièges par groupe.
01:57:06La gauche, le Nouveau Front Populaire,
01:57:08avec LFI, 1er groupe, 73 à 80
01:57:10sièges, suivi des socialistes, 60 à 64
01:57:12sièges, les écologistes,
01:57:1463 à 36 sièges, le Parti Communiste,
01:57:1611 à 12 sièges.
01:57:18Qu'en est-il au sein du Bloc Central ?
01:57:20Renaissance, le Parti du Président
01:57:22de la République, 95 à 98
01:57:24sièges, le Parti
01:57:26de François Bayrou, le Modem, 32 à
01:57:2834, Horizon d'Edouard Philippe,
01:57:3025 à 26 sièges. Voilà pour
01:57:32les résultats, les enseignements.
01:57:34Merci à tous d'avoir été
01:57:36sur LCP et France 24
01:57:38pour cette grande soirée électorale.
01:57:40Merci à vous, Damien Coquet.
01:57:42N'oubliez pas, LCP et France 24
01:57:44restent mobilisés demain
01:57:46sur LCP, Assemblée Nationale,
01:57:48dès 7h30, matinale commune avec
01:57:50nos confrères de public Sénat, et puis dès midi,
01:57:52grand après-midi en direct
01:57:54sur LCP avec l'arrivée des nouveaux élus,
01:57:56les députés, dans l'hémicycle.
01:57:5819h30, j'aurais plaisir de vous retrouver
01:58:00dans Ça vous regarde, Damien. Merci à vous,
01:58:02Myriam, et merci aux équipes de LCP
01:58:04de nous avoir accueillis ici,
01:58:06dans un instant, un nouveau journal, un nouveau
01:58:08point sur ce second tour des législatives
01:58:10sur France 24, le journal dans deux minutes
01:58:12avec Marion Godin. Très bonne soirée.
01:58:40Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org

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