Joan Baez : "Je voulais faire un film qui soit une espèce de témoignage honnête, un héritage que je laisse"

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Joan Baez, auteure, compositrice, interprète américaine et activiste de 83 ans, est l'invitée de 8h20 pour le film documentaire autobiographique "I am a noise", en salles depuis le 26 juin.

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00:00Et mon invité, votre invité sur France Inter ce matin est une immense artiste, tête de pro du courant folk depuis les années 60.
00:07Elle est aussi un petit morceau de notre histoire, en une du Times, à l'âge de 21 ans seulement, icône des droits civiques.
00:15Aux côtés de Martin Luther King, de l'opposition à la guerre au Vietnam et de tant d'autres causes,
00:20elle est aujourd'hui au cœur d'un documentaire sur vos écrans.
00:24Le film s'appelle John Baez, I am noise. Bonjour John Baez.
00:29Bonjour, merci beaucoup de m'avoir invitée.
00:33Merci d'avoir accepté cet entretien, vous êtes à distance depuis chez vous, aux Etats-Unis.
00:38John Baez, on voit dans ce film que vous êtes quelqu'un de solitaire, quelqu'un d'assez secret aussi.
00:44Pourquoi avoir accepté de vous dévoiler de cette façon à l'âge de 83 ans ?
00:49Non, je ne suis pas une personne très secrète, je ne pense pas.
00:54Solitaire, en tout cas, vous le dites dans le film.
00:57Oui, effectivement. Je ne peux pas dire vraiment que je vis seule, puisqu'il y a beaucoup de gens qui m'entourent,
01:05mais effectivement, je ne suis pas une grande amatrice de la vie sociale, en effet.
01:11Et pourquoi vous dévoiler maintenant ?
01:13Première raison, c'est parce que vraiment je voulais faire un film qui soit une espèce de témoignage honnête,
01:24un héritage que je laisse, et en fait, ce que je voulais faire, c'était d'être honnête au sujet de ma vie, toute ma vie.
01:32Et j'étais contente de pouvoir le faire. J'ai 83 ans, en effet, ma famille n'est plus là, de ce monde,
01:39et je savais que je ne ferais de mal à personne en faisant ce film, pour cette raison.
01:44Donc, c'est effectivement un témoignage honnête que je laisse.
01:48Ce sont des femmes qui ont co-réalisé ce documentaire qui vous est consacré,
01:52des femmes qui sont aussi très présentes dans votre histoire, on les voit.
01:55Il y a votre première amoureuse, il y a vos soeurs Pauline et Mimi, il y a votre mère.
02:00Est-ce que ça vous a aidé à vous mettre à nu ?
02:04J'ai choisi en fait les femmes, parce que notamment la réalisatrice est une amie très proche,
02:14l'autre est une amie, la troisième est devenue entre-temps une bonne amie,
02:19et je pense que je n'aurais pas pu faire ce film s'il n'y avait pas eu cette existence de ces amitiés entre nous,
02:25et en plus je savais ce qu'elles avaient fait. Il y avait aussi cette raison-là.
02:29En tant que réalisatrice, je savais que c'était des gens qui travaillaient bien, et c'était des amis en plus.
02:35Avant, je m'étais dit, bon, un jour, pourquoi pas, je ferais peut-être un jour un documentaire, et ce jour était là.
02:43Ce qui est incroyable, c'est la richesse du documentaire, parce qu'on voit dès le début, il y a une immense matière,
02:48il y a des films de famille, des enregistrements sur des cassettes que vous avez réalisés pour vos parents,
02:53comme des lettres un peu, il y a des séances de thérapie qui ont été enregistrées, des extraits de journaux intimes,
02:58des dessins que vous avez faits, et puis en fait il y a trois choses qui s'entrelacent.
03:02Il y a votre tournée d'adieu, il y a quatre ans, il y a votre engagement politique,
03:06et il y a votre histoire familiale dysfonctionnelle.
03:09Quel est, d'après vous, le véritable fil directeur du film ?
03:13Je dirais qu'il y a certaines choses qui sont présentées, que l'on connaissait déjà.
03:25La musique, Martin Luther King, la politique, la musique, mais ce qui fait la différence, en l'occurrence avec ce film,
03:35c'est que je suis allée dans cette espèce d'unité de stockage et d'archivage où tout a été gardé, et je n'y étais jamais allée.
03:43Et vous voyez, on le voit dans le film, j'entre dans ce lieu de stockage et je découvre ces choses pour la première fois de ma vie.
03:49Je ne savais absolument pas que ma mère avait gardé tout cela, les cassettes, les photos.
03:54Mon père faisait de la photo quand on était petit.
03:57Il y avait toutes ces photos et les enregistrements de mes séances de thérapie aussi, vous imaginez ?
04:04Donc, ça comptait. C'était important pour moi d'ouvrir toutes ces archives, toutes ces informations.
04:12Et je dois dire que les gens qui sont autour de moi, certes, il y avait les femmes qui m'entouraient, mon père, la famille,
04:20toutes ces choses-là, tous ces gens-là ont fait de moi ce que je suis.
04:24Et ce qu'on découvre dans le film, avec toute cette matière, c'est quelque chose de très intime.
04:29Vos relations avec vos sœurs qui étaient un peu difficiles, une qui a dû s'effacer, en tout cas qui a réagi en s'effaçant devant votre célébrité,
04:36l'autre qui était sans doute jalouse, vous qui vous sentiez un peu coupable.
04:40Et puis les crises d'angoisse dont vous souffrez depuis votre enfance, vous dites que vous êtes dans un grand 8 émotionnel,
04:46perpétuel de vos émotions.
04:48On comprend que votre famille qui vous a appris beaucoup de choses, la musique, le pacifisme, l'ouverture d'esprit,
04:54elle vous a aussi donné un bagage très lourd.
04:56Oui. Lorsque j'étais très jeune, je me souviens, une fois, ma mère était là, elle était devant la porte,
05:09et elle m'a vu arriver, elle m'a dit « mais tu as l'air de porter toute la misère du monde sur tes épaules,
05:15c'est trop jeune pour tout ça, ça ne devrait pas être le cas ».
05:17C'est quelque chose que j'ai fait très tôt, je n'étais pas forcément consciente de ce que je portais,
05:23mais j'étais très consciente de ce que vivaient les gens autour de moi, à cause de mes parents justement.
05:29J'étais consciente grâce à eux du fait que tout le monde dans le monde n'avait pas la chance que j'avais moi.
05:34Ce que vous dites dans le film, c'est aussi aujourd'hui, heureusement peut-être, vous ne portez plus le monde sur vos épaules.
05:40Qui voudrait effectivement porter le monde entier sur ses épaules ?
05:44Et c'est vrai, beaucoup moins aujourd'hui, ça s'explique peut-être parce que je suis moins égocentrée,
05:52parce qu'en fait, je comprends que dans toute cette avalanche de difficultés,
05:57ce que je vis n'est pas le plus terrible, pour dire les choses simplement,
06:01c'est un peu ce qu'on vit ici actuellement dans notre pays, et c'est le cas dans bien d'autres pays du monde,
06:07le mal est là, et il est à l'action, et les gens disaient, mais est-ce que quelqu'un va arrêter Hitler un jour ?
06:14Moi, je vois que personne n'a arrêté Hitler à l'époque, parce que les gens avaient peur de lui,
06:19et le craignaient énormément, je vois ça chez moi actuellement,
06:23donc je vois que ce que je peux faire est assez limité, et c'est en fait un soulagement aussi,
06:29parce que vraiment, le monde est dans un terrible état.
06:34Vous savez, dans les années 60, on n'aurait même pas pu imaginer,
06:38on n'aurait pas pu écrire une pièce qui imagine ce type de scénario aussi terrible que celui qu'on vit actuellement.
06:45Et on va reparler évidemment du monde dans lequel on vit, mais pour rester sur votre histoire à vous, John Bez,
06:50à 50 ans, vous avez essayé de comprendre ce qui vous arrivait,
06:54et à ce moment-là, vous comprenez, ce que vous pensez comprendre en tout cas en thérapie,
06:58c'est qu'il a pu se passer quelque chose avec votre père, que vous adorez, qui est un grand spécialiste du nucléaire,
07:03mais votre souvenir, il est très flou. Votre sœur, Mimi, elle se rappelle d'un baiser ?
07:08Oui, il y a des choses que j'ai comprises en parlant avec des amis qui avaient vécu des choses semblables.
07:22On a différentes manières de se souvenir de ce qui s'est passé.
07:25Certains ont une image très nette de ce qu'ils ont vécu, ce qui ne fut pas mon cas.
07:30Moi, j'ai découvert les choses différemment. Pour autant, c'est très clair pour moi ce qui s'est passé.
07:36Et je le dis d'ailleurs dans le film, je suis suffisamment intelligente pour savoir que je peux tout à fait imaginer,
07:45faire semblant ou avoir monté toute cette histoire.
07:48Vous savez, lorsque l'on parle du passé, qu'on est deux, il y en a un qui va me dire, ça s'est passé comme ci et comme ça,
07:54et ce jour-là, tu portais une robe grêle ou une robe bleue.
07:57Non, je me souviens parfaitement, c'était une robe rouge.
08:00Et on va pouvoir échanger et chacun reste campé sur ses positions.
08:04Mais ce qu'on sait en tout cas, c'est que quelle que soit la couleur, il y avait une robe.
08:08Ça, tout le monde le sait. C'est un petit peu comme ça, si vous voulez.
08:12Et moi, ça me donne la vie que j'ai vécue, cette famille à la fois géniale et assez bizarre, ces gens que j'aime.
08:22C'est ce que j'ai vécu. C'est là que sont aussi mes racines, cette paix de l'esprit aussi qui me vient de là.
08:31Je suis reconnaissante. De ce point de vue-là, je suis reconnaissance.
08:37Il y a eu des choses difficiles à vivre, mais ça a été aussi la contrepartie des dons que j'ai reçus.
08:44Je pense que je suis née avec ce talent qui m'a été donné.
08:49Ça ne peut pas avoir les choses autrement, mais en tout cas, ce don, après, il y avait ce que je voulais en faire.
08:55Et c'est le monde extérieur qui a modelé ce que je souhaitais en faire de ce don.
08:59Vous avez coupé les ponts avec votre père, une fois que vous avez découvert ça, que vous vous en êtes souvenu.
09:04Il est mort aujourd'hui.
09:09Non, et c'est ce que je dis dans le film.
09:13C'est parfois difficile pour les gens de le comprendre, mais mes parents ne se souviennent pas de ce qui s'est passé.
09:21Vous savez, j'ai eu différentes personnalités comme bien d'autres.
09:27Parfois, il y a une partie de vous qui va souvenir des choses, et l'autre pas.
09:31Je pense sincèrement que ma mère et mon père, plus précisément, avaient cette espèce de personnalité multiple.
09:38J'avais deux vies qui coexistaient à l'intérieur d'eux-mêmes, et c'était mon cas aussi.
09:43J'avais deux personnalités à l'intérieur de moi qui me permettaient de survivre à ce que je vivais.
09:50Le cas échéant avec mon père, qui, par ailleurs, avait cette autre vie, où c'était quelqu'un, un scientifique exceptionnel, un chercheur,
09:57qui a découvert le microscope à rayons X.
10:00C'était ça aussi, mon père.
10:02Donc, je peux comprendre.
10:05Comment vous voyez aujourd'hui la parole qui semble se libérer chez les femmes,
10:09le mouvement MeToo au regard de votre histoire, à vous ? Est-ce que ça va dans le bon sens ?
10:13Bien sûr.
10:15C'est vraiment très dur.
10:20Pour les femmes qui ont vécu ce genre de choses, je me souviens, la première femme qui a pris la parole, c'était Miss America, je crois.
10:30Il se trouve que cette miss avait été violée par son père.
10:34Et qui allait la croire ?
10:37Qui va croire une chose pareille ? Cette espèce de beauté absolue avait vécu ça.
10:42Et pourtant, elle a dit, et quel courage elle a eu de parler publiquement.
10:48C'était il y a 40 ans qu'elle a pris la parole publiquement.
10:51Et il fallait du courage, parce que qui allait la croire ?
10:55Les gens allaient croire son père, évidemment, plutôt qu'elle.
10:58Donc il faut vous dire et répondre à votre question.
11:00Oui, aujourd'hui, on peut parler et être cru.
11:04Pas par tout le monde, mais par de plus en plus de gens.
11:07Et ça c'est positif.
11:09Vous avez pris parti John Baez très jeune sur le plan politique, notamment la défense des droits civils.
11:16On se rappelle des images de vous aux côtés de Martin Luther King le jour de son fameux I have a dream.
11:21Vous le racontez d'ailleurs dans le documentaire.
11:24On voit que vous êtes très sincèrement ému au moment où vous en parlez.
11:28Vous dites même, je ne m'en remettrai jamais.
11:30Ce n'est pas difficile de s'impliquer dans de telles causes quand on est aussi sensible ?
11:41Peut-être qu'après tout, il faut être sensible pour s'impliquer.
11:46Vous voyez, il avait un sens de l'humour exceptionnel, Martin Luther King.
11:51Un sens absolument génial.
11:55Mais il ne pouvait pas le montrer.
11:57Parce que s'il avait fait une plaisanterie, la presse qui était contre lui très massivement aurait dit
12:02mais ce n'est pas un gars sérieux.
12:04Il fait des plaisanteries.
12:06Parfois, il faut cacher ce que l'on est.
12:09Moi, je ne suis pas toujours très forte pour cacher mes sentiments.
12:12Je vais danser pour noyer le poisson parfois.
12:15Vous avez défilé pour l'égalité des noirs et des blancs,
12:18notamment sur le Capitole, près de la Maison Blanche.
12:21Comment vous avez réagi le 6 janvier 2021,
12:24quand vous avez vu au même endroit les partisans de Donald Trump
12:28qui essayaient de prendre d'assaut les institutions américaines
12:31pour qu'ils puissent conserver le pouvoir ?
12:35C'est ce que je vous disais tout à l'heure.
12:37C'est quelque chose qu'on n'aurait absolument pas imaginé.
12:41C'est absolument abominable.
12:43C'était inimaginable.
12:45Moi, si vous voulez, je me dis que les gens
12:50ne peuvent pas vivre dans le déni tout le temps.
12:53Alors 90%, peut-être,
12:55mais à 10%, les gens vont faire quelque chose de bien au service d'autres.
13:00C'est ça qui me sauve, en fait.
13:02Quand je disais « We shall overcome », il y a des années, vous savez,
13:06même quand j'étais petite fille,
13:08je savais que dire ça, « We shall overcome »,
13:12ça ne voulait pas dire pour autant qu'on allait gagner la paix
13:14pour toujours sur cette terre.
13:16Je savais bien que ça allait se faire étape par étape.
13:21Et pour autant, je pense qu'il est très important
13:25de voir ce qui s'est passé dans le vécu de ce pays,
13:31comment les gens noirs, blancs, ensemble,
13:34se sont assis à la même table,
13:36comment les gens ont été prêts à faire des sacrifices
13:38en dépit de ce que nous vivons actuellement aujourd'hui.
13:41Ça a existé, et c'est là,
13:44et ça reste toujours dans ce qui fait vraiment l'étoffe même de ce pays.
13:49Et comment vous voyez aujourd'hui, de quel œil vous voyez la campagne
13:53et les derniers événements, le débat de Joe Biden et Donald Trump
13:57et tout ce qui se passe ?
13:59Je suis allée faire du camping.
14:02Pourquoi ?
14:04Je ne voulais pas voir ça.
14:10Comment vous recevez les paroles de votre fils, Gabriel,
14:13dans le documentaire ?
14:14Il dit que vous lui avez manqué en tant que mère,
14:17qu'il était souvent seul parce que vous étiez, je le cite,
14:20« occupé à sauver le monde ».
14:22C'est un dilemme lorsque l'on a une vie professionnelle intense,
14:30ce fut mon cas, avec cette renommée dans le monde entier.
14:34Imaginez cet enfant !
14:37Et ça, c'était avant que vraiment je fasse une thérapie
14:39pour comprendre ce qu'il te fait.
14:41Et à cette époque-là, je n'étais pas encore consciente
14:45ni de ses besoins, ni d'autre chose.
14:48J'avais la tête ailleurs.
14:50Donc je suis heureuse qu'il ait pu exprimer cela
14:54et que ça a pu aussi aider d'autres mères.
14:57Et c'est vrai que souvent, les mères se disent avec du recul,
15:02« j'ai tout raté, j'aurais dû faire ci, j'aurais dû faire ça ».
15:06Une fois, je parlais avec un groupe de personnes
15:10et je voyais les gens qui disaient,
15:12« moi aussi c'est pareil, on aurait fait un club des mauvaises mères ».
15:15Je vais le rejoindre.
15:19Vous dites aussi dans le film, John Bates,
15:21que vos chansons qui ont le mieux marché, finalement,
15:23c'est celles que vous avez écrites vous-même et non reprises.
15:26« Diamonds on rust », notamment,
15:28une référence à votre histoire d'amour avec Bob Dylan.
15:31Et qu'elles ne sont pas politiques, ces chansons.
15:34Est-ce que vous regrettez, a posteriori,
15:36d'avoir été une voix aussi politique, aussi engagée ?
15:43C'est compliqué, vous avez comme question,
15:45parce qu'en fait, je n'avais pas le choix.
15:48Je ne sais pas comment ça serait passé autrement.
15:51Je n'avais pas 36 solutions.
15:53C'est un chemin sur lequel je me suis engagée très tôt.
15:57J'ai commencé à être activiste à 15 ans.
16:01Et c'est la voix que j'ai suivie jusqu'à l'âge de 83 ans que j'ai aujourd'hui.
16:06Donc, comment regarder dans le rétroviseur et se dire
16:09« Ah, j'aurais dû faire ci, puis ci, j'avais fait ci, puis ci, j'avais fait ça ».
16:11C'est fait, de toute façon.
16:13John Bates, vous avez 60 ans de carrière de chanteuse derrière vous.
16:16Le monde entier fredonne les chansons que vous avez rendues célèbres.
16:19Vous parliez de « We shall overcome ».
16:21Il y a aussi « Here's to you », qui était un tube, notamment, en Europe.
16:24« Diamonds on rust ».
16:26Ce qui vous a rendu célèbre, au départ,
16:28c'est cette voix incroyable, cette voix cristalline
16:31qu'on retrouve dans les archives que vous diffusez dans le film.
16:36Vous dites aujourd'hui qu'elle est un peu plus rauque que cette voix,
16:38mais on vous voit quand même encore en train de la travailler avec une coach.
16:42Non, en fait, quand on me voit effectivement travailler,
16:49ma voix, c'était il y a 6-7 ans.
16:53Mais entre-temps, je ne le fais plus.
16:56Je prends de l'âge.
16:58Je vois qu'effectivement, mes cordes vocales, elles aussi, prennent de l'âge.
17:02Et au moment du film, je travaillais encore.
17:05Et maintenant, je ne veux plus faire cet effort,
17:07puisque de toute façon, le résultat n'en vaut pas la peine.
17:10J'ai une voix assez grave, très jolie,
17:14que j'emploie à l'occasion, lorsque quelqu'un propose qu'on chante sur scène.
17:23Et je préfère, en fait, l'utiliser avec parcimonie, cette voix.
17:30Et après, je reprends mes activités quotidiennes.
17:32Parce que moi, je suis allée voir sur Internet,
17:34il y a encore des dates de concerts aux Etats-Unis.
17:36Non.
17:37Non ? Cet été ?
17:38Non.
17:39Comme cet été ?
17:40Non.
17:41Dans le film, quand la tournée s'est terminée ?
17:43Non.
17:44C'est la fin de la tournée ?
17:45Oui, c'était la fin de la tournée.
17:46La fin du film, c'était la fin de la tournée.
17:48Plus jamais de concerts ?
17:49Jamais de concerts.
17:51Vous dites dans le documentaire que vous adorez la France.
17:55On vous voit même dans ses pieds nus, place de l'Opéra, avec un groupe de musique.
17:59Est-ce qu'on vous reverra encore en France ?
18:02Même sans concert, alors ?
18:04Mais bien sûr.
18:06On le voit d'ailleurs dans le film, ça a été mon premier amour, la France.
18:13Lorsque je suis venue en Europe, j'ai été hypnotisée, captivée par la France.
18:20Et à chaque fois que je viens en France, que je vois les rues, les bâtiments, le ciel, je suis captivée à nouveau.
18:29Donc oui, bien sûr, je vais revenir en France.
18:31Et au fait, pourquoi pieds nus ? On vous voit plusieurs fois pieds nus dans le film,
18:34à la fois au moment où vous êtes jeune, aujourd'hui, et même pendant cette danse, place de l'Opéra, avec un petit groupe de musique.
18:42Je vous parle, et au moment où je vous parle, je suis encore pieds nus.
18:49J'ai toujours vécu pieds nus.
18:52C'était peut-être pour rester ancrée.
18:55Peut-être aussi parce que je recevais ainsi quelque chose, une énergie de la Terre qui m'aidait à aller de l'avant.
19:03Et donc maintenant, voilà, je suis pieds nus tout le temps.
19:06Alors aujourd'hui, vous ne faites plus de concert, vous faites de la peinture.
19:09Vous aviez écrit dans votre journal, toute jeune, « Je suis un bruit, je suis une enquiquineuse ».
19:15Est-ce que vous êtes encore une enquiquineuse ?
19:17Oh, you know, not enough.
19:19Pas assez, je dirais.
19:21Pas assez dans le monde dans lequel nous vivons.
19:24L'immense chanteuse est maintenant peintre.
19:27Donc, John Baez, pour ce film, John Baez, I Am Noise, par Karen O'Connor, Myri Navasky et Maeve O'Boyle.
19:35Grand merci, John Baez, de nous avoir répondu aujourd'hui sur France Inter.
19:39Merci beaucoup.

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