• il y a 4 mois
Transcription
00:00Malheureusement, ma première semaine de stage lors de ma deuxième année d'études n'a pas du tout été ce que j'espérais.
00:05Je n'aurais jamais cru faire ce que j'étais obligée de faire cette semaine-là.
00:08En fait, j'ai littéralement passé ma première semaine de stage à devoir dilater une personne trans.
00:23Bonjour, je m'appelle Marlène, je suis kiné depuis 8 ans.
00:26Je vais vous raconter une expérience professionnelle qui m'a profondément marquée avec une personne transgenre.
00:31Pour être kiné professionnelle, il faut valider des stages autant en cabinet libéral qu'à l'hôpital et en clinique.
00:37Il faut savoir que j'avais choisi ce métier dans le but d'aider les femmes.
00:40Par exemple, pour les aider pour la rééducation du périnée après l'accouchement, pour les problèmes de vaginisme ou pour traiter l'endométriose.
00:47Malheureusement, ma première semaine de stage lors de ma deuxième année d'études n'a pas du tout été ce que j'espérais.
00:52Je n'aurais jamais cru faire ce que j'étais obligée de faire cette semaine-là.
00:55En fait, j'ai littéralement passé ma première semaine de stage à devoir dilater une personne trans.
01:00Dans des termes plus médicaux, ça veut dire que j'ai dû créer manuellement un canal vaginal à un homme qui venait de subir une vaginoplastie.
01:06Concrètement, ça consiste à devoir dilater avec les doigts ou avec un gun michet l'orifice qui vient d'être créé.
01:11Autant vous dire que cette expérience m'a traumatisée, mais je n'ai pas eu mon mot à dire, sous peine de ne pas avoir mon stage validé.
01:16Je ne suis pas chirurgienne, mais pour vous expliquer concrètement,
01:20la vaginoplastie consiste à enlever les testicules et le corps caverneux de la verge,
01:24couper la verge en deux dans le sens de la longueur, créer une juve,
01:27un néoclitoris vascularisé avec une sensibilité érogène, un méauretral, des grandes et des petites lèvres.
01:33Le but de cette manipulation est d'offrir aux personnes transgenres la possibilité d'avoir des rapports sexuels.
01:38Sans cette opération, la pénétration serait impossible.
01:41Ce nouvel orifice est littéralement une plaie béante qui a tendance à se refermer.
01:45Il faut donc le lubrifier et le dilater très régulièrement.
01:49Les personnes trans doivent réaliser cette manipulation seules chez elles,
01:52mais sont aussi accompagnées par un professionnel de santé.
01:54Dans ce cas-là, un kinésithérapeute spécialisé en pelvipérinéologie ou bien une sage-femme.
02:00Pour vous donner plus de détails, les personnes transgenres passent beaucoup de temps chez elles devant un miroir
02:05à utiliser un godemichet afin d'élargir ce nouveau canal vaginal.
02:08C'est un processus long et difficile, avec une prise en charge de trois fois par semaine chez le kiné ou la sage-femme,
02:14sans compter les longues minutes de souffrance journalière de manipulation à domicile.
02:18Ce processus dure plusieurs semaines. Personnellement, j'ai dû m'en occuper cinq semaines d'affilée.
02:22Faut aussi savoir que pour beaucoup de personnes, l'opération ne marche pas très bien.
02:26Ils n'arrivent pas à gagner assez en profondeur et largeur et doivent donc se faire réopérer.
02:30Ce geste médical est extrêmement douloureux pour le patient.
02:33Celui-ci avait donc beaucoup de douleur pendant toutes les séances.
02:36Il gémissait et pleurait de douleur. Ça saignait beaucoup.
02:39La douleur semblait atroce et j'avais même l'impression que le patient regrettait cette intervention de changement de sexe.
02:45D'ailleurs, malgré l'opération, le traitement hormonal et les autres interventions esthétiques,
02:49il n'y avait aucun doute sur le fait que ce soit un homme physiquement parlant.
02:53La transition n'était pas très réussie.
02:55Petite anecdote, il est arrivé un jour au cabinet complètement bouleversé et traumatisé.
02:59Il venait de se faire insulter et frapper par des maghrébins selon ses propres mots.
03:03Visiblement, ces hommes avaient totalement remarqué que c'était un homme.
03:07À d'autres moments, alors que j'étais déjà très mal à l'aise de devoir faire ça trois fois par semaine pendant une demi-heure à chaque fois,
03:13le patient en question prenait plaisir à me raconter ses expériences sexuelles dans des clubs échangistes.
03:18Des histoires intimes qui ne m'intéressaient pas du tout.
03:21Il ne comprenait visiblement pas que ce n'était pas du tout mon rôle de recueillir ce genre de confession.
03:25Il faut savoir que l'ensemble de la transition est douloureuse.
03:29Le patient avait aussi effectué une épilation au laser définitive sur tout le corps et surtout sur le visage pour effacer la barbe.
03:34Il faisait aussi des injections dans le crâne pour avoir une meilleure qualité de cheveux et probablement retarder la calvitie.
03:40Évidemment, toutes ces mutilations et les conséquences qui en découlent doivent être prises en charge médicalement
03:45et quasiment tout est payé par la sécurité sociale.
03:48Traitements hormonaux, consultations psychiatriques, mammectomies, vaginoplasties, ophaloplasties
03:53et donc aussi les séances de kiné qui sont quasiment obligatoires après chaque vaginoplastie.
03:58Certaines personnes transgenres partent se faire opérer à l'étranger à un moindre coût
04:02et reviennent en France pour bénéficier gratuitement de nos services médicaux en post-chirurgie.
04:07Je précise quand même que certaines opérations ou interventions considérées comme esthétiques
04:11ne sont pas remboursées par la sécurité sociale,
04:14comme l'épilation du visage au laser ou le rabotage de la pomme d'Adam par exemple.
04:18D'ailleurs, il ne payait pas certaines prestations comme l'épilation au laser
04:21parce qu'il avait des partenariats avec des centres esthétiques qu'il effectuait gracieusement.
04:25Mais le fait que les opérations de changement de sexe qui sont extrêmement onéreuses soient totalement remboursées fait grincer des dents.
04:31Surtout quand on sait comment se rembourser les soins dentaires en France par exemple.
04:35A noter aussi qu'il y a souvent de longues listes d'attentes pour avoir accès à un kiné.
04:39Et que certaines femmes qui devraient bénéficier après leur accouchement d'une rééducation du périnée
04:43sont découragées par cette attente alors que d'autres qui ont décidé de se mutiler par choix y ont accès.
04:49En choisissant ma spécialité, je ne pensais n'avoir à faire qu'à des femmes biologiques.
04:53Malheureusement, le climat actuel et la pression sociétale font que je ne peux pas refuser ce genre de patients sous peine d'être lynchée sur la place publique.
05:00A l'école de kiné, on ne m'avait absolument pas prévenu que je pouvais tomber sur ce genre de cas.
05:04D'ailleurs, on ne m'avait absolument pas appris à faire ces manipulations.
05:07Évidemment, on m'avait appris à faire un toucher vaginal, à tester les muscles du périnée manuellement,
05:11mais jamais à effectuer ce genre d'actes qui consistent à briser les chairs.
05:15D'autant plus que mes chefs de stage me mettaient la pression et me demandaient de faire très attention
05:19à utiliser les bons pronoms quand je m'adressais à lui.
05:22Ce qui était assez difficile puisqu'il ne ressemblait pas du tout à une femme.
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