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Interview de Charles Hazet, Adjoint à la sous-directrice
Protection et gestion de l'eau, des écosystèmes aquatiques et des ressources minérales au sein de la Direction de l'eau et de la biodiversité. Il évoque la raréfaction de l'eau et les conditions pour un meilleur partage de la ressource en eau.

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Éducation
Transcription
00:00Bonjour, je m'appelle Charles Azay, je suis adjoint à la sous-directrice gestion et
00:06préservation de l'eau, des milieux aquatiques et des ressources minérales au sein de la DGALN,
00:11et je vais vous parler aujourd'hui des enjeux du partage de la ressource en eau à l'heure
00:16du changement climatique. Le plan eau annoncé par le
00:29Président de la République le 30 mars 2023 aborde ce sujet du partage de la ressource en
00:35eau à travers ses différentes facettes. D'abord la question de la sobriété avec un objectif de
00:42moins 10% de prélèvement à l'échéance 2030 qui concerne tous les territoires et tous les
00:48usagers avec leurs différences propres, un objectif à affiner selon des trajectoires à définir par
00:54grands secteurs économiques et par sous-bassins hydrographiques. Pour cela il faut de la
01:01connaissance, connaissance des enjeux du changement climatique, de l'impact sur le cycle de l'eau en
01:06France, mais aussi une connaissance des prélèvements et des consommations via un monitoring renforcé
01:12pour un pilotage des politiques publiques optimisés. C'est ensuite la question de la
01:18meilleure efficacité de la gestion de cette ressource à travers par exemple la réutilisation
01:23des eaux usées traitées, mais également une meilleure gestion des réseaux pour éviter les
01:30fuites et augmenter la performance des systèmes d'eau et d'assainissement. Et enfin pour y arriver
01:35c'est mettre autour de la table tous les acteurs de l'eau au niveau national comme au niveau local
01:40pour prendre les décisions et donc c'est la question de la gouvernance notamment au travers
01:44des schémas d'aménagement et de gestion des eaux qui en sont la cheville ouvrière au niveau local.
01:53Alors la gestion du stockage est éminemment liée à la tension sur la ressource qu'on voit
02:01apparaître au niveau local et qui sont suivies au niveau national dans les exercices de rapportage
02:05de la Directive 4 sur l'eau auprès de l'Union européenne. Nous avons des outils notamment
02:12des outils prospectifs avec un travail d'un consortium scientifique pour la déclinaison
02:17du GIEC en termes d'hydrologie et de débit saisonnier de nos cours d'eau qui nous permettent
02:24de voir les zones de tension et d'orienter la tension de l'état. Et en particulier il y a un
02:30outil ensuite de déclinaison locale qui s'appelle le projet de territoire de gestion de l'eau
02:35défini et élaboré par le ministère qui permet aux acteurs locaux de se mettre autour de la
02:40table et après avoir fait un panorama de la ressource de son état actuel et futur à l'aune
02:48du changement climatique de définir de manière concertée avec tous les acteurs et l'état des
02:53scénarios à venir pour le développement du territoire et de choisir un scénario durable
02:58de partage de la gestion de l'eau. Quand des projets de stockage émergent dans ce cadre,
03:04ce qui est environ le cas dans un peu moins de la moitié des cas, ce n'est pas automatique,
03:07les projets de stockage sont alors soumis à des autorisations classiques,
03:13lois sur l'eau, urbanisme et également à des cofinancements potentiels des agences de l'eau.
03:20La gouvernance dans le rôle du partage de la ressource en eau est indispensable. On a des
03:30volets de travail sur la connaissance actuelle et future prospective de la ressource, on a tout un
03:37pan technologique pour améliorer les questions de réutilisation des eaux usées traitées par
03:43exemple, de suivi de la ressource, mais entre les deux, pour assurer cette gestion concertée et
03:50acceptée d'une ressource qui est bouleversée par le changement climatique, le rôle de la
03:56gouvernance est essentiel. Ça prend la forme au niveau du sous-bassin qui est la maille hydrographique
04:01cohérente de commissions locales de l'eau qui doivent élaborer des schémas d'aménagement et
04:07gestion des eaux laissages. Ces commissions voient leur rôle musclé dans le plan eau avec une meilleure
04:16couverture, une couverture nationale en commission locale de l'eau, aujourd'hui seulement 65% du
04:21territoire à peu près est couvert, mais aussi un fonctionnement fluidifié, des rôles et des liens
04:27avec l'urbanisme clarifiés et renforcés au sein des SAGE, ou encore une attention
04:34particulière posée à la gestion quantitative et donc au partage.
04:38Avant même les solutions technologiques, les milieux naturels ont un rôle essentiel dans la
04:49gestion, la qualité, la quantité de l'eau disponible et donc sont un atout primordial
04:56pour la question du partage. On pense bien sûr aux zones humides qui font l'objet d'attention
05:01depuis de nombreuses décennies par les schémas d'aménagement de gestion des eaux et par les
05:06agences de l'eau. Leur préservation est un enjeu majeur du plan eau, permettent d'être des îlots
05:14de biodiversité mais aussi d'améliorer le stockage et l'infiltration dans les nappes. Cette infiltration
05:19dans les nappes est aussi promue dans le plan eau avec le fond vert qui permet la
05:25désimperméabilisation des villes avec grand succès, car la meilleure façon de stocker, la meilleure
05:32bassine, comme on dit souvent, elle est sous nos pieds, elle est naturelle et il faut prendre soin
05:36de notre sol pour promouvoir cette infiltration. Les milieux naturels, aquatiques, zones humides,
05:42recharges de nappes, mais également les rivières et leurs nappes associées sont donc une des
05:47solutions pour avoir de l'eau en quantité et en qualité sur nos territoires aujourd'hui et
05:52demain. Ces réflexions irriguent les politiques du ministère, que ce soit à travers la stratégie
05:57nationale biodiversité ou encore le plan national d'adaptation au changement climatique.

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