Le rap français a effectivement connu ses débuts significatifs dans les années 1980, ce qui correspond à une période d'environ 30 ans jusqu'en 2017.
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00:00:00Bonsoir, ravie de vous retrouver pour une nouvelle story. Ce soir, on fête la musique
00:00:15comme il se doit en rendant hommage à un genre musical condamné à disparaître depuis
00:00:19plus de 30 ans par les experts. Et pourtant, en 2017, il est plus puissant que jamais.
00:00:24Le rap français n'a jamais cessé d'exister, de se transformer et de s'enrichir.
00:00:29Gros plan sur l'histoire d'un courant musical avec ses patrons d'hier et d'aujourd'hui,
00:00:34la story du rap français, c'est tout de suite sur C-STAR.
00:00:55Une musique qui était en train de créer le rap français.
00:00:5730 ans que les rimes acérées et les rythmes rageurs imposent le respect à toute l'industrie
00:01:02musicale.
00:01:03J'écris tout le temps, c'est comme boire de l'eau et je suis fier de faire du rap.
00:01:0630 ans que des gamins de quartier raflent la mise avec des tubes qui racontent la rue
00:01:12et ses galères. La société s'est dérivé.
00:01:14Le rap a toujours été le vilain petit canard de la musique.
00:01:18Né hors des chemins balisés du show business, personne n'aurait parié sur un avenir possible
00:01:23du rap français.
00:01:24Le show business était à terre quand on a gagné des victoires de la musique.
00:01:28Mode passagère disait-on, épiphénomène sans lendemain.
00:01:31Il y a un truc qui est très parlant, c'est quand tu t'appelles nique ta mère, tu penses
00:01:35pas à faire carrière.
00:01:36Alors comment le rap s'est-il imposé en France ? Quels artistes ont contribué à
00:01:41son rayonnement ? Quel avenir pour ce courant musical qui s'impose désormais comme la
00:01:44bande-son des nouvelles générations ?
00:01:46Le rap français, c'est la plus belle histoire de la musique.
00:01:53Plongé dans l'histoire tumultueuse du rap français, les deux pieds dans le bitume,
00:01:58la tête dans les étoiles.
00:01:59Sulfureux, provocant, enragé, mais aussi captivant, authentique et conscient.
00:02:12Le rap est à la fois multiple et unique.
00:02:15Né dans les ghettos new-yorkais, il a irradié la planète.
00:02:19La France a succombé au point de devenir le deuxième marché mondial en termes de
00:02:23ventes de disques.
00:02:24A l'origine du phénomène, une poignée d'activistes animés d'une fois inébranlables.
00:02:281979, un courant musical né quelques années plus tôt dans les ruines fumantes du Bronx
00:02:41explose à la face du monde.
00:02:42Son porte-drapeau, ce tube interplanétaire.
00:02:45Le premier, celui que tout le monde connaît, c'est Rappers Delight, Sugar Hill Gang, qui
00:02:52est un tube mondial et qui va populariser cette nouvelle façon de faire de la musique,
00:02:56de parler en rythme sur de la musique par opposition au funk ou à la disco où c'est
00:03:01des gens qui chantent.
00:03:02Un style novateur qui séduit les DJ branchés jusque dans l'hexagone.
00:03:08Parmi eux, un jeune animateur radio et futur chanteur, un artiste qui connaîtra le succès
00:03:13quelques années plus tard avec un tube aux antipodes de l'univers du rap.
00:03:17Vous ne rêvez pas, il s'agit bien de Phil Barnet.
00:03:27A l'époque, le futur crooner officie comme DJ sur une des toutes premières radios libres,
00:03:31Carbon 14.
00:03:32Son truc, la musique noire.
00:03:34Un jour, sur un label qui s'appelle Tommy Boy, qui existe encore, je reçois un truc,
00:03:40c'était le Sugar Hill Gang et c'était le Rappers Delight.
00:03:44Alors je passe le disque et je me dis, putain, c'est carrément les poils, tout machin,
00:03:48je me dis c'est ça, c'est ça le truc qu'il faut faire.
00:03:50Et je me suis dit, donc c'est un truc qui arrive, qui est underground, mais qui va exploser,
00:03:55c'est sûr.
00:03:56Pour moi, c'était une évidence, le rap chantait rythmiquement sur une rythmique de
00:04:03funk.
00:04:04J'ai toujours su que c'était, c'était mon truc, quoi.
00:04:10Dans son émission, Phil Barnet diffuse les pionniers du rap américain et très vite,
00:04:15il se prend au jeu.
00:04:16Et donc j'ai fait un générique en rap pour Carbon 14 qui s'appelle Salut les salauds.
00:04:21Personne ne faisait ça en radio, qui chante sur les disques des autres, ça n'existe
00:04:34pas, quoi.
00:04:35Moi, je suis arrivé avec mes conneries et j'ai commencé à faire ça.
00:04:36Phil Barnet devient donc l'un des premiers à s'essayer au rap en français avec un
00:04:41certain brio.
00:04:42Phil Barnet, il avait une espèce d'accent banlieusard, parigo, qui faisait que ça prenait
00:04:49bien.
00:04:50Alors du coup, on s'est dit, voilà, ça, c'est un exemple, c'est un exemple à suivre.
00:04:54Phil Barnet à la radio, c'est un des premiers rappeurs, en tout cas, une des premières
00:04:58personnes à rapper à la radio et surtout, c'est quelqu'un qui permet au rap d'exister.
00:05:02Si vous avez reconnu mon générique, c'est bien sûr Salut les salauds, signé groupe
00:05:05Interview, remixé par mon ami Bernie de l'Elysée Matignon.
00:05:07Have a good time now, listen to the Phil Barnet show, tenez.
00:05:10Je suis content d'avoir participé à mettre un peu le venin dans la veine de l'Asie qu'est
00:05:15en France pour ça.
00:05:16Et en même temps, au moment où je le faisais, je ne m'en rendais absolument pas compte.
00:05:19Rapidement, l'industrie du disque va surfer sur la mode du moment.
00:05:27Elle lance le premier tube du rap français en 1982, un carton commercial qui se vend
00:05:31à 3 millions d'exemplaires.
00:05:33Il va y avoir assez vite des versions françaises, pas forcément toujours réussies, mais en
00:05:38tout cas des essais de traduction en français de ce qu'est le hip hop aux Etats-Unis.
00:05:43La plus populaire, évidemment, des chansons de vulgarisation du rap en France, c'est
00:05:47bien sûr Il est 5 heures.
00:05:495 heures du mat, j'ai des frissons, je claque des dents, je monte le son, seul sur le lit
00:05:54dans mes draps bleus froissés, c'est l'insomnie, sommeil cassé.
00:05:57C'est le premier rap parce qu'effectivement, c'est une manière de parler de manière
00:06:02scandée sur une rythmique.
00:06:035 heures du mat, j'ai des frissons, je claque des dents et je monte le son.
00:06:07Mais le mec, il est rappeur comme ma grand-mère, tu vois, enfin, c'est pas un rappeur lui.
00:06:11Pendant que Chagrin d'amour squatte les cimes des hits parades en France, le hip hop continue
00:06:15de se propager chez les jeunes aux Etats-Unis, composé de quatre disciplines, le rap donc,
00:06:21le DJing, mais surtout le graffiti et la danse.
00:06:25Il commence à s'apparenter à une culture véritable avec ses codes et ses valeurs.
00:06:28Aujourd'hui, on a tendance à l'oublier parce que le rap a phagocyté les autres genres
00:06:33de la discipline.
00:06:34Mais au début, on parle même plus de graffes que de rap, on parle plus de danse que de
00:06:39rap.
00:06:40Le hip hop américain, il arrive en France à travers les gens qui ont découvert cet
00:06:46univers-là aux Etats-Unis, dans les quartiers, qui ont vu ce qui s'y passait et qui ont
00:06:51compris qu'il y avait une énergie qu'il fallait absolument utiliser d'une façon
00:06:54ou d'une autre en France.
00:06:56Parmi les importateurs de la culture hip hop en France, Bernard Zécry, alors journaliste
00:07:00au magazine Actuel.
00:07:01En reportage à New York, il craque pour ce mouvement culturel né dans la rue.
00:07:05Pour le révéler au public français, il organise une tournée réunissant un patchwork d'artistes
00:07:10américains.
00:07:11Moi, j'ai vu ce concert au Bataclan, je ne comprenais pas la moitié de ce qui se passait
00:07:20sur scène, mais je comprenais, comme tout le monde qui était là, qu'il y avait quelque
00:07:23chose qui se passait, que c'était un mouvement qui était vraiment profond, c'était vraiment
00:07:27les débuts d'une culture.
00:07:28Au début, ce qui plaît dans l'univers du hip hop américain, c'est le côté un peu
00:07:39gimmick, des noirs à casquette, des survêtements, baguilles, l'image un peu caricaturale,
00:07:45un peu d'éguisement, pourrait-on le dire, du hip hopien.
00:07:48Chez les premiers accros de la culture hip hop, le rap est secondaire.
00:07:56La discipline dominante est alors la danse.
00:07:58La danse hip hop, ça va être le premier élément de la culture hip hop qui va vraiment
00:08:07convaincre des gens que c'est leur univers.
00:08:09Tous les jeunes rappeurs de la première génération, ils ont tous commencé comme danseurs, c'est
00:08:14la danse, c'est avec les cartons par terre, les gants blancs, le smurf, comme on disait,
00:08:19c'est ça qui va être avant le rap, qui va vraiment passionner toute une génération.
00:08:23Je me rappelle, on partait dans les boules des grands, on essayait de s'incruster, on
00:08:28voyait Shuriken en train de danser sur la tête, qui tournait, il était fou, c'était
00:08:33une star pour nous, tu vois, on était tout petits, je devais avoir 13-14 ans.
00:08:36Le smurf est une danse de rue, et surtout, le smurf représente un phénomène social.
00:08:44C'est un truc qu'on découvre au Trocadéro avec des danseurs, on apprend qu'il y a une
00:08:49culture derrière, qu'il y a de l'art derrière, de l'art graphique, aussi des DJ, qu'il y
00:08:55a un mouvement qui se met en marche et qui nous correspond.
00:08:59C'était synonyme de liberté, de découverte d'une passion, d'un truc qui nous a frappés
00:09:05dans la tête, enfin, je peux dire nous, parce que je pense que c'est un peu pareil pour
00:09:08vous.
00:09:09Moi, c'est comme toi.
00:09:10Comme moi.
00:09:12L'engouement pour la danse hip-hop est tel qu'en 1984, un grand média national décide
00:09:17de lui offrir une visibilité inespérée.
00:09:19Assez rapidement, sur TF1, à l'époque où TF1 fait 50% de parts de marché, c'est-à-dire
00:09:26que c'est des chiffres qu'on ne retrouve plus aujourd'hui, on a une émission qui s'appelle
00:09:30HIP HOP, qui est consacrée à ce mouvement-là, donc ça arrive en 84.
00:09:37Pour animer l'émission, la nouvelle directrice des programmes de TF1, Marie-France Brière,
00:09:42recrute une de ses vieilles connaissances, le DJ Sidney, rencontré sur Radio 7.
00:09:47Petit événement à l'époque, Sidney devient le premier animateur noir de l'histoire de
00:09:51la télévision française et HIP HOP, le premier programme au monde consacré à la
00:09:57culture hip-hop.
00:09:58Marie-France Brière m'a dit, il faut faire une émission de télé avec ça, elle s'est
00:10:03battu bec et ongles pour qu'on ait 14 petites minutes en 1984 pour faire une émission sur
00:10:09l'hip-hop.
00:10:10Bonjour les palaisseurs, quelle joie et quel bonheur de se retrouver tous les dimanches
00:10:17enfin sur TF1.
00:10:19Mais je ne pensais pas que je rappais, je parlais sur la musique pour moi, parce que
00:10:22le rap américain, il y avait déjà l'anglais, c'est une langue qui sonne, alors faire sonner
00:10:27la langue française quand les rappeurs américains, comment on va faire ça en français, vas-y
00:10:35tu bouges les épaules, donne le coup de tête, tu lui passes des vibrations d'une douce
00:10:40ondulation du bas, comme ça.
00:10:43On ne pensait pas, quand on a fait la première émission de télé, que ça allait avoir
00:10:48un tel succès.
00:10:50Au cours de l'émission, Sidney donne des cours de danse et organise des défis.
00:11:03Pour la première fois, la France métissée est en tête d'affiche à la télévision
00:11:06française.
00:11:07Il y avait vraiment un retournement social important qui faisait du bien au banlieue,
00:11:19du bien au quartier, que les gens soient riches, pauvres, quel que soit leur niveau
00:11:23social.
00:11:24H.I.P.H.O.P, c'est la base à partir de laquelle vont grandir des gens comme Joey
00:11:33Starr, comme Stoney Bugsy, qui sont des gens qui, gamins, ont kiffé Sidney.
00:11:37C'était la base de beaucoup de vocations, je pense, H.I.P.H.O.P, clairement.
00:11:43En dehors de l'émission, ça restait relativement underground, on voyait des mecs danser au
00:11:47trocadéro, mais ça restait une curiosité, on va dire, une espèce de curiosité culturelle.
00:11:52Moins d'un an après sa mise à l'antenne, l'audience s'essouffle.
00:11:55Exit le hip-hop à la télévision, retour à la rue.
00:11:58Quand se termine H.I.P.H.O.P, notamment, c'est la première mort, entre guillemets,
00:12:02du hip-hop, où plein de gens disent « mais c'est fini ton truc, maintenant, rentre
00:12:05chez toi, ça y est, maintenant, c'est terminé, on ferme ».
00:12:07La rue s'est arrêtée de danser, les jeunes s'en étaient, et là, j'étais vraiment
00:12:12déçu.
00:12:13Et moi, qui triche toujours des disques de funk, qui scratch, qui fait des passe-passe
00:12:17avec, moi, je passais pour un salopard, genre, c'était du blasphème.
00:12:20« Comment tu peux faire ça ? » Ils disent de James Bond, « ça va pas la tête, en
00:12:25plus, t'as l'air d'un débile mental quand tu scratches ». « Ah, c'est ça,
00:12:28qu'on dit « scratch », je te jure ». Ah, on s'en est pris plein la gueule.
00:12:35Le hip-hop est remisé au rang de mode dépassé, qu'à cela ne tienne, la résistance s'organise.
00:12:40Le mouvement a déjà des racines profondes en France.
00:12:43Les germes qu'il porte en lui, ce goût pour la révolte et l'affirmation de soi,
00:12:46ont fait les émules.
00:12:47La fin de l'HIP-HOP, c'est, en fait, le début où le hip-hop va vraiment se prendre
00:12:52en main.
00:12:53Tous les amateurs de cette culture-là, tous ceux qui ont été piqués par ce virus-là
00:12:56pendant l'année 84, vont se rassembler et avoir envie de faire quelque chose.
00:13:01Donc, on avait une poignée d'activistes en France, des dynasties, des solos, des
00:13:09rocking squats, etc., qui allaient aux États-Unis, qui étaient fascinés par cette culture,
00:13:14et qui ramenaient régulièrement soit des disques, soit une culture visuelle, soit
00:13:18une culture graphique, soit des pas de danse, etc.
00:13:20Et comme toute religion a besoin d'un prophète, le hip-hop français va se trouver un guide.
00:13:25Évidemment, il y a quelqu'un sans qui le hip-hop français n'aurait pas pris cette
00:13:29manière-là, cette dynastie.
00:13:43Ce mouvement, je le rencontre lors de mes séjours aux États-Unis, donc à San Francisco,
00:13:48et donc, dès 78, il y avait déjà toute la culture hip-hop qui était là.
00:13:53Il y avait des graphes, il y avait des breakers qui se mettaient aux stations de tramway pour
00:14:03faire la manche, et tout ça était très vivace.
00:14:05Enfin, je me suis nourri de tout ça.
00:14:07Dynastie, c'est le parrain de tout.
00:14:10Il fait partie de ces premiers types qui rapportent des disques, il fait partie de
00:14:13ces premiers types qui font des émissions de radio, c'est un des premiers types qui
00:14:16mixe avec un crossfader que lui avait bricolé son copain, c'est un des premiers types
00:14:19qui fait des wallkars, c'est-à-dire graffer sur tout un train en entier, c'est également
00:14:23le premier qui sort un vrai album de rap sorti dans l'indépendance totale, il est dans
00:14:27la danse, c'est vraiment l'espèce de pivot de cette période-là.
00:14:31C'est un parrain, c'est un vrai parrain de la culture hip-hop en France.
00:14:34En radio ou en soirée, Dynastie porte le hip-hop à bout de bras, il va même encore
00:14:40plus loin.
00:14:41Et puis surtout, il va, lui et d'autres personnes, investir le terrain à vagues de la chapelle,
00:14:46c'est quelque chose de devenu complètement mythique.
00:14:48Nous sommes en 1986, à l'époque nulle nulle c'est encore, mais c'est une véritable
00:14:55lame de fond qui est en train de se former dans ce bout de terrain délabré du nord-est
00:14:59parisien.
00:15:00C'était la première fois où il y avait tous les éléments réunis dans un seul endroit,
00:15:05c'est-à-dire le graphe, le DJing, un micro pour les rappeurs et un petit bout de carrelage
00:15:10pour que les gens puissent danser.
00:15:11Et petit à petit, semaine après semaine, les gens commencent à être là et de 20
00:15:20personnes, on se retrouve à 50, à 100, voire des fois à 150.
00:15:24C'était notre petit New York à nous, du coup ça nous a donné de la force le fait
00:15:32qu'il y ait un endroit où on puisse se réunir tous ensemble.
00:15:35C'est un vrai mythe et c'est un vrai rassemblement de gens qui ont fait cette
00:15:46picture là.
00:15:47Mais en vrai, ça a duré un été et puis après, il a commencé à faire froid avec
00:15:50l'hiver.
00:15:51Ils sont tous barrés.
00:15:52C'est normal.
00:15:53Il y avait autre chose à faire.
00:15:54Mais là, le virus va contaminer un petit peu tout le monde et plein de gens vont se
00:15:59prendre de passion pour ça.
00:16:00Le mouvement arrive à maturité alors ?
00:16:02Ouais, j'en ai l'impression, ouais.
00:16:03Il a démarré quand ?
00:16:04Il manque plus que la mèche est allumée, il manque plus que ça explose.
00:16:08Le hip-hop n'est donc pas qu'un feu de paille, en réalité, c'est un brasier.
00:16:13Contre-culture au parfum de révolte, il inspire la jeunesse des quartiers pauvres en quête
00:16:17d'identité.
00:16:18La culture jeune, c'était le rock et puis il y a toute une nouvelle génération qui
00:16:27décroche avec la musique rock, mais aussi avec les codes du rock qui ne se reconnaît
00:16:32plus, notamment dans les vedettes et les égéries rock de l'époque.
00:16:36En tout cas, avec le hip-hop, il y a une identité qui est visuelle, qui est musicale, qui est
00:16:45au niveau du discours et il y a toute une génération de jeunes qui vont se dire « cette
00:16:49musique-là, c'est ma musique ». Ils comprennent que c'est le hip-hop et ce n'est pas autre
00:16:53chose.
00:16:54Rapper est pour moi une profession, donc arrêtez de me bloquer dans ma progression.
00:16:56On a des potes à l'époque, pour ne pas les citer assassins, qui commencent à faire
00:17:01un groupe de rap et qui se mettent à raper en français.
00:17:03Et puis, il y a le côté où on peut partir de notre quartier et puis on commence à faire
00:17:16les…
00:17:17C'est ce que j'allais dire, c'est un peu sortir de la zone.
00:17:18On est surtout tombés là-dedans parce que justement, à un moment donné, on a envie
00:17:22de liberté, on a envie d'écarter les murs.
00:17:25Que le monde ne s'arrête pas aux trottoirs d'en face.
00:17:29« Je suis blanc, il est noir, la différence ne se voit que dans les yeux des bâtards,
00:17:33trop tard… »
00:17:34Désormais, les disciples du hip-hop ne se contentent plus seulement de graffer ou de
00:17:37danser.
00:17:38Certains prennent le stylo pour écrire.
00:17:40A l'instar des grands frères américains, ils veulent raper pour se raconter.
00:17:43Parmi les précurseurs, un duo de Saint-Denis très prometteurs, le Supreme NTM, NTM pour
00:17:49« Nique ta mère ».
00:17:50« Notre nom, c'est un cri qu'on lance quoi, « Nique ta mère », c'est-à-dire
00:17:54« Fous-toi de tout, mais pense qu'à t'amuser », je veux dire, et c'est ça quoi, tu vois.
00:17:58Mais nous, tout en nous voulant s'amuser, comme je l'ai dit l'autre fois…
00:18:02« On est productifs ! »
00:18:03Oui !
00:18:04En fait, c'est parce qu'on nous pose la question qu'on l'explique, sinon nous…
00:18:07Voilà quoi.
00:18:08Nous, c'était juste… L'idée première, c'est qu'en fait, à l'époque, on faisait
00:18:13des graffitis, tous les groupes avaient des noms constamment anglo-saxon, tout ça, et
00:18:17qu'on en avait rien à foutre.
00:18:18De toute façon, il y en avait qu'un qui parlait anglais, ça devait être toi, je crois.
00:18:20Mal en plus.
00:18:21Sur 50.
00:18:22Donc voilà quoi.
00:18:23Et puis comme « Nique ta mère », c'est un peu l'expression quotidienne, c'est
00:18:27le truc qui nous ressemblait le plus, quoi.
00:18:29Notre avance est une offense, car je me nourris de l'infamie musicale qui règne sur la capitale.
00:18:34En direct des fins de nuit.
00:18:36Ouais !
00:18:40Dans le sud de la France, le virus du rap se diffuse à grande vitesse.
00:18:43Marseille est touchée.
00:18:44Là encore, un duo métissé prend les devants.
00:18:46Parce qu'il est temps de te rendre à l'évidence.
00:18:48Tu es MC, c'est une proie d'incidents.
00:18:50Tu es peut-être bon.
00:18:52Et IAM ont été les pères fondateurs du rap marseillais, en tout cas à grande échelle.
00:18:58Akhenaton a été l'un des premiers qui s'est rendu sur le continent américain
00:19:02et qui a pu rapporter en France toutes ces vibes, toute cette musique, toute cette poésie,
00:19:07tout ce mouvement hip-hop.
00:19:08On ne va pas à New York, on va à Brooklyn.
00:19:10C'est vraiment le quartier noir et c'est là où tout se passe.
00:19:13Il y a le Bronx aussi.
00:19:15Ils sont les premiers à enregistrer quelque chose et ils font une cassette qui duplique
00:19:20comme ça.
00:19:21Et cette cassette va arriver à Paris.
00:19:23Elle va impressionner aussi bien NTM et tous ces gens-là qui vont avoir accès à ça.
00:19:27Parce qu'il n'y a tellement rien à l'époque.
00:19:29Le premier truc, forcément, t'as entendu ça.
00:19:31Puis en plus, une cassette, on peut la dupliquer, c'est facile à faire.
00:19:34Étant donné que c'est une musique qui est faite à 100% en studio,
00:19:37il n'y a pas de musiciens live sur scène,
00:19:41elle est mise à l'écart par les autres musiques.
00:19:45Le fait que le rap soit fait sans instrument, sans une pratique instrumentale avérée,
00:19:50ce n'était pas pris au sérieux parce que ce n'était pas des gens qui arrivaient,
00:19:53qui avaient passé des années assoumis sur une guitare ou une batterie pour apprendre à s'en servir.
00:19:57Et donc, ce n'était pas respecté.
00:19:59Il n'y avait aucun respect pour cette culture-là.
00:20:02En 1988, le décor est planté.
00:20:04Partout en France, des rappeurs aiguisent leurs rimes.
00:20:07Ne manque qu'une seule chose, se faire entendre du plus grand nombre.
00:20:10Une nouvelle fois, Dynastie est à l'œuvre.
00:20:15Dynastyle, c'est l'émission, une fois de plus, animée par DJ Dynastique,
00:20:18une fois encore un personnage central dans cette histoire-là,
00:20:21et qui a été une des premières véritables fenêtres radiophoniques pour les rappeurs.
00:20:31C'était une émission, une heure pour balancer toutes les nouveautés américaines
00:20:37et une autre heure pour mettre en avant le rap français.
00:20:40Au départ, c'est Lionel qui scottinait toute la partie rap français,
00:20:43mais au bout de deux émissions, il n'avait plus rien à dire,
00:20:46même avec sa force d'improvisation.
00:20:48Du coup, on s'est dit, on va inviter tous les gars qu'on connaît.
00:20:51On dit à l'antenne, venez.
00:20:53On ne fait pas le tri, il n'y a pas de casting ou de quoi que ce soit.
00:20:58Donc, on s'est retrouvés très vite complètement débordés,
00:21:02avec 50 gars dans la radio, 50 dehors.
00:21:07Résultat, une émission mythique qui va servir de rame de lancement pour la scène française.
00:21:13Là, il y a toutes les légendes du rap français qui, pendant un an,
00:21:16viennent et ça devient un vrai rendez-vous.
00:21:19Et donc, on y voit Solar, on y voit NTM, on y voit EJM,
00:21:23on y voit tous les gens qui ont construit le rap de la fin des années 80
00:21:27et du début des années 90.
00:21:31Les groupes espéraient pouvoir passer dans l'émission
00:21:34pour pouvoir réunir dans leur quartier.
00:21:36Donc, il y avait une espèce de montée qualitative où il fallait déchirer.
00:21:41Mais c'était vraiment à parler, passer au diner sale.
00:21:43Et c'est la première fois que j'ai entendu NTM, c'était au diner sale.
00:21:54Au quartier, il y a eu une résonance.
00:21:56Et pas que dans notre quartier, dans les quartiers.
00:21:59Je pense que c'est surtout là-bas qu'on a fait nos armes.
00:22:01Il y a eu une empreinte qui s'est mise.
00:22:03On a eu un peu les retours de se dire, il y a des gens quand même
00:22:06qui ont trouvé ça pas mal, voire bien.
00:22:09Donc, ça nous a motivés.
00:22:15On écoutait cette émission le dimanche, on était sur le cube, on enregistrait.
00:22:18Le lendemain, dès qu'on se retrouvait au lycée ou au collège,
00:22:21c'était, t'as entendu hier, on décortiquait ça.
00:22:25Et puis c'est comme ça qu'on s'est mis un peu tous à rapouiller en fait.
00:22:28Et je pense que cette émission nous a permis justement de progresser cette musique.
00:22:32On entendait des gars parler, les mecs qui rappaient nos vies.
00:22:38Une musique était en train de créer le rap français.
00:22:52On avait énormément de choses à raconter.
00:22:54Et je crois que c'est surtout par le biais du challenge
00:22:56qu'est né ce truc de vouloir écrire.
00:22:58Nos premières écritures, il n'y avait aucun contexte social dedans.
00:23:02C'était très égotripe, les graffitis, ce qu'on fait, ce qu'on est.
00:23:07La pression est trop forte, j'ai le mistraque dans le dos.
00:23:09Attention, attention, je m'emporte.
00:23:10On dirait que j'ai dénoncé à mes jeuners.
00:23:12Alors secoue le chaîne et ton micro, je détire le pouvoir des mots.
00:23:14On choisit du rap et nous, on se racontait quoi.
00:23:16De façon ludique, on s'est mis à écrire sans jamais se dire qu'on en ferait quoi que ce soit.
00:23:22De s'y mettre et d'accepter qu'on sort à tort.
00:23:24Sortes battent, ils combattent.
00:23:25Le pouvoir absolu, détenu.
00:23:27Avec un buvard des individus.
00:23:28Plein de fils, oui plein de fils.
00:23:30Plein de femmes, de femmes, de fatigants.
00:23:33Le pouvoir !
00:23:38NTM, IAM, Le Secteur A, Solar, Assassins, Dudu Masta et JM.
00:23:43Tous les pionniers du rap français broyonnaient au micro du Dinastyle.
00:23:47L'impact de l'émission est tel qu'une maison de disques finit par s'intéresser à cette musique émergente.
00:23:52Un peu comme à Paris, Virgin va réunir l'élite rapologique hexagonale pour produire une compilation qui va tout changer.
00:24:00On aimait ça écrire et rapper.
00:24:03Dans le tas.
00:24:04On va poser, on va faire un morceau.
00:24:07On n'était jamais au studio de notre vie.
00:24:08On ne savait pas ce que c'était que des mesures pour faire un couplet.
00:24:11L'étonnement de Dinastyle quand il commence à faire un peu la structure de notre morceau,
00:24:15à nous dire combien il y a de mesures dans le premier couplet.
00:24:16On lui a fait deux.
00:24:17Il a dit deux mesures.
00:24:19Ah ok.
00:24:20Je vais rappeler que quand ça s'arrête, tu lui dis combien ça fait de mesures.
00:24:23En gros pour te dire que musicalement on n'était pas très très armé à la base.
00:24:27Mais non, on avait envie de faire partie du truc, évidemment.
00:24:31Les années 80 pour moi, c'est la naissance, l'émergence, l'affirmation du hip-hop en France.
00:24:37Rap Attitude, c'est le début du rap en France.
00:24:45Très belles pochettes, photos de Mondino, graphismes de Mode 2.
00:24:49Et dessus on retrouve qui ?
00:24:51Tous les mecs qui vont cartonner après.
00:24:52Les New Generation MCs.
00:24:56Daddy Yod.
00:24:57Daddy Yod est mon nom, on m'appelle aussi le King.
00:25:00Supreme NTM.
00:25:04Assassin.
00:25:07Tonton David.
00:25:14Quand il y a eu l'occasion de faire une campagne, j'ai dit ouais ok.
00:25:17On était très contents de pouvoir faire quelque chose de notre vie.
00:25:24Je suis bien content d'avoir écrit Peuple du Monde.
00:25:27Mais je pense qu'au départ c'était une erreur de casting à mon sujet.
00:25:32Moi ça faisait peut-être 6 mois que je faisais de la musique.
00:25:37Vous avez l'impression de faire la plus grosse escroquerie de votre vie au départ ?
00:25:40Bah oui.
00:25:41Vous rentrez dans un bureau, il y a un gars qui veut faire un chèque.
00:25:43Alors là vous vous restez tranquille et tout.
00:25:46Comme si vous avez l'habitude de prendre des chèques.
00:25:48200 000, 200 000, c'est normal ça.
00:25:50Puis vous restez tranquille.
00:25:52Mais dans votre tête vous êtes en train de compter à qui je dois un peu de sous.
00:25:55Comment je vais pouvoir gérer ça ?
00:26:02La force de Rapatitude ça a été de développer cette culture aux 4 coins de l'hexagone.
00:26:06Puisque le disque il est disponible à Paris mais il est disponible aussi à la planque de Bordeaux, à Marseille, à n'importe où.
00:26:13C'est vraiment le coup d'envoi du rap français dans les bacs.
00:26:16Et la compil va cartonner.
00:26:18La compil va vendre assez rapidement 100 000 exemplaires.
00:26:21Donc c'est un succès d'estime et commercial assez rapidement.
00:26:24Et inespéré.
00:26:29Et donc il y a plein de maisons de disques, plein de producteurs qui se disent
00:26:32Tiens ça peut peut-être marcher, on va regarder ce qu'on peut faire.
00:26:35Qui sont les forces en présence ?
00:26:37Qui sont les rappeurs ?
00:26:38Ah New Generation MC, ok venez avec nous.
00:26:40Et donc un paysage du rap français commence à se dessiner.
00:26:47Parallèlement, un autre rappeur découvert quelques années plus tôt dans le dynastyle de Radio Nova fait parler de lui.
00:26:52Un jeune garçon au style nonchalant, à la dégaine tranquille, MC Solaar.
00:27:10Je pense que la vraie légitimation du rap en français, en tout cas pour les médias et pour une partie du grand public,
00:27:16ça va être le premier tube de rap en français.
00:27:18Et en l'occurrence Bouge de là de MC Solaar.
00:27:23Ça n'est pas de la variété qui fait du rap, comme ça pouvait être le cas avec Chagrin d'amour,
00:27:27où c'était quand même des producteurs de variété classique derrière.
00:27:30Et puis ça marche, ça passe sur toutes les radios, c'est rigolo.
00:27:33Ça a un côté inoffensif, ce qui fait que les grands médias s'en emparent.
00:27:36Bouge de là c'est un morceau de rap qui est parti dans un style assez différent.
00:27:42Parce que le rap c'est aussi pouvoir danser, s'amuser, etc.
00:27:45Donc on a essayé de faire ça avec Bouge de là.
00:27:49Il n'y a pas de nouvelle école, il n'y a pas de vieille école.
00:27:51On a appelé ça la nou-vieille école, c'est-à-dire on se sert de tout ce qu'il y a,
00:27:54on essaie de faire du rap positif.
00:27:57Bouge de là, un succès phénoménal qui permet au rap de rentrer de plein pied dans le paysage musical français.
00:28:03Un tube suivi de la sortie de l'album qui sème le vent récolte le tempo.
00:28:07400 000 exemplaires vendus.
00:28:09Et une source d'inspiration pour tous les rappeurs.
00:28:12L'as de trèfle qui pique ton cœur, Caroline au quartier on était au piot.
00:28:15Oh t'entends, il a fait l'as par rapport à Assy, on était en folie.
00:28:18J'étais cool, assis sur un banc, c'était au printemps, il cueille une marguerite, ce sont deux sermons.
00:28:24La force de Solaar c'était surtout l'écriture.
00:28:26Il a sublimé le texte.
00:28:28Il a donné envie d'écouter du rap d'une manière plus simple.
00:28:32Il a donné envie d'écouter du rap d'une manière plus simple.
00:28:35Il a donné envie d'écouter du rap d'une manière plus simple.
00:28:39Il a donné envie d'écouter du rap d'une manière différente.
00:28:43Il a conclu un autre public.
00:28:54Avec ses textes à dimension littéraire, Solaar décomplexe le rap hexagonal par rapport aux aînés américains.
00:28:59Il renoue aussi avec une tradition bien française, la chanson à texte.
00:29:04C'est son côté poésie.
00:29:06Le fait de vouloir faire des jeux de mots, on adorait ça.
00:29:08On était en bas du quartier, du bloc, je me rappelle, et on se faisait des petits battles.
00:29:13Et lui qui sortait des plus beaux jeux de mots.
00:29:20C'est du rap français, c'est-à-dire pas une imitation des Etats-Unis,
00:29:23mais à peu près la création d'une discipline française à l'état pur.
00:29:37Il arrivait avec un côté premier de la classe, il faut bien le dire.
00:29:40C'était le petit mec qui allait à Beaubourg passer des après-midi à la bibliothèque,
00:29:44parce que c'était gratuit, et il lisait des livres.
00:29:49Il arrivait avec une autre image.
00:29:51Assez timide aussi, il n'y avait pas le côté.
00:29:53C'était dans Petite Joystar.
00:29:55Forcément, on l'a remarqué pour ça aussi.
00:30:00Cultive et positif, Solaar rassure, d'autant qu'il vend beaucoup de disques.
00:30:04Devant un tel succès, les maisons de disques décident enfin de s'intéresser au rap.
00:30:08Chaque maison de disques devait avoir son rappeur.
00:30:11Mais je crois que ce n'était pas spécialement parce qu'elle pensait que c'était une musique qui pouvait durer,
00:30:15ou qu'elle misait dessus.
00:30:16Pour elle, c'était genre, ok, c'est la mode du moment, ça revient, on signe notre groupe, et puis on verra bien.
00:30:27Problème, MC Solaar est l'arbre qui cache la forêt.
00:30:30La réalité de la culture hip-hop est plus contrastée.
00:30:33Elle referme un certain goût pour la provoque.
00:30:35Et très vite, des incidents hyper médiatisés vont donner du rap une image beaucoup moins lisse.
00:30:42En fait, il y a plusieurs éléments qui se combinent au début des années 90,
00:30:44et qui font que l'espèce d'enthousiasme qu'avait un certain nombre de médias, voire même grand public,
00:30:50pour cette culture de jeunes bariolés qui tournaient sur la tête et qui faisaient des dessins sur les murs,
00:30:55va brusquement changer au début des années 90 pour deux raisons.
00:30:59D'abord, parce que ceux qu'on appelait des artistes urbains qui peignaient sur les murs,
00:31:04sont des mecs qui descendent dans le métro, qui cartonnent tout.
00:31:07Tout début des années 90, il y a le carton de la station Louvre.
00:31:10Les taggeurs ont frappé là où ça fait mal.
00:31:12La station de métro Louvre, l'une des plus belles de Paris,
00:31:15a été recouverte de graffiti dans la nuit de mardi à mercredi.
00:31:20Et là, brusquement, à la fois les autorités politiques et même le public se sont dit,
00:31:24mais qu'est-ce que c'est que cette violence ?
00:31:26Qu'est-ce que c'est que ces sauvages qui ont repeint la plus belle station de la RATP ?
00:31:29Ça va continuer, vous croyez ?
00:31:30Je sais pas, je sais pas, mais à mon avis, ils s'arrêteront pas comme ça, ils vont tout niquer là.
00:31:33Ils vont tout niquer en 91.
00:31:36Aujourd'hui, les pieds d'immeubles sont atteints, les voitures individuelles le commencent.
00:31:40Il n'y a pas d'arrêt à cette mode décadente si nous ne faisons pas quelque chose globalement.
00:31:45Moi, je me sens comme un homeboy.
00:31:46J'écoute du rap, je tag, je fais des graves, je vois des mecs qui sont dans le mouvement, c'est cool.
00:31:51Et donc, on se dit tout d'un coup, ah, finalement, ces jeunes de banlieue qui tournent sur la tête
00:31:56et qui font des graffitis sur les murets, ils sont peut-être pas si sympathiques que ça, quoi.
00:32:04Et parallèlement, il y a le succès des premiers rappeurs comme MTM, IAM, etc.,
00:32:08qui sont des gens qui ne mâchent pas leur mode du tout.
00:32:10Et on est dans une France où les tensions politiques commencent à s'affirmer.
00:32:20Avec Assassin, puis MTM, le rap montre un autre visage.
00:32:24Celui d'une musique rugueuse et engagée.
00:32:26Véritable révélateur des injustices sociales, le rap raconte la rue et ses vicissitudes.
00:32:34Notre mode d'ordre, c'est s'amuser tout en étant productif.
00:32:37Donc, si tu veux, je veux dire, on essaie de faire avancer quelque chose.
00:32:41Maintenant, si on prend des tunes, c'est normal, quoi, tu vois.
00:32:44Si on est célèbres en même temps, et tant mieux en plus, je veux dire.
00:32:47Tout en essayant de faire avancer quelque chose.
00:32:49On le fait pas juste parce que ça va nous rapporter, quoi.
00:32:52Parce que depuis le temps, c'est plus que ça nous rapporte, quoi, tu vois.
00:33:04Très bien, on avait écrit 3, 4 morceaux, et là, on signe.
00:33:07Et genre, là, ils nous disent, bon, il y a les albums derrière et tout ça, quoi.
00:33:10Et on se regarde tous les deux, on dit, quoi, va falloir faire 14 morceaux pour faire un album.
00:33:13Pour nous, c'était une mission, quoi.
00:33:15Putain, mais nous, on a écrit ça comme ça, un peu sur la table de la cuisine, quoi, tu vois.
00:33:20À la rache, un peu.
00:33:21Il y a un truc qui est très parlant, c'est quand tu t'implènes ni de ta mère,
00:33:24tu penses pas à faire carrière, quoi, je crois, déjà.
00:33:27Et que je crois que ce qui nous intéressait le plus, c'était plutôt de faire du live.
00:33:30D'aller kicker, faire un disque.
00:33:33Enfin, c'était un peu abstrait pour nous, quoi.
00:33:38Authentique, plus qu'une attitude, un art de vivre.
00:33:41Au point d'en faire le titre d'un premier album du groupe en 1991.
00:33:45Un opus qui s'écoule à 100 000 exemplaires
00:33:47et révèle dans le même temps le talent de performeur du groupe.
00:33:50Le temps d'un zénith devenu mythique.
00:33:58C'est un moment un peu écharignard, quoi,
00:34:00parce que personne n'a jamais rempli un zénith en France avec du rap.
00:34:07Il y a Public Enemy qui passe avec Anthrax.
00:34:09Ils ont du mal à remplir le zénith.
00:34:11Nous, on joue six jours après, on dit, bon, ça va être très, très compliqué.
00:34:14En fait, on fait quasi le double de ce qu'ils ont fait.
00:34:17On s'est dit, ouais, en fait,
00:34:19le rap français peut remplir plus que le rap américain en France.
00:34:22C'est quand même une bonne nouvelle.
00:34:27Le suprême NTM ou l'histoire d'un accord parfait.
00:34:30L'énergie animale de Joey Starr et sa voix goudronnée
00:34:33conjuguées à la précision clinique empreinte de lyrisme de Koolshen.
00:34:37Et NTM, ce qui est sûr, c'est que c'était, comme ils le disent eux-mêmes,
00:34:40des hauts parleurs de ce qui se passait en Seine-Saint-Denis.
00:34:43Et du coup, ça a été une grande bouffée d'oxygène pour tous ces jeunes
00:34:46qui, du coup, se sentaient représentés par NTM.
00:34:49Koolshen et Joey Starr, on les voit rarement à la télévision.
00:34:53Alors que les tensions sociales explosent en banlieue,
00:34:55le groupe prend des allures de prophètes du chaos.
00:34:58Les deux anciens graffeurs et danseurs de Saint-Denis
00:35:00sont régulièrement invités sur les plateaux de télévision.
00:35:03Pas pour parler musique, mais malaise des banlieues.
00:35:06Nous, notre premier combat...
00:35:08Ça, c'est Joey Starr.
00:35:10Depuis que je suis ici, là, depuis que j'écoute tous les propos,
00:35:13notre premier combat, à nous, c'est l'urgence.
00:35:15C'est-à-dire quand j'entends des gens dire
00:35:17qu'il faut se concerter avec les jeunes,
00:35:19les jeunes, ils en ont plus rien à foutre de ça, sérieux.
00:35:21Là, on veut des faits, quoi. Des faits.
00:35:23Alors, moi, je vous vois sourire, c'est super.
00:35:26Mais je lis pas l'urgence sur vos têtes et ça me dérange un peu, quoi.
00:35:29Et quand j'entends, vous allez dans les banlieues,
00:35:31là, j'aurais tendance à envie d'être mal poli, là,
00:35:34parce que je suis pas d'accord, quoi, je suis pas d'accord.
00:35:36Parce que je parle d'urgence,
00:35:39et l'urgence, je la lirais sur vos têtes,
00:35:41si vous alliez vraiment dans les banlieues, quoi.
00:35:43L'histoire de Didier, quand il répond à Léo-Marie,
00:35:45c'est que, ouais, effectivement, elle parle, elle dit
00:35:47oui, mais je connais très, très bien la banlieue,
00:35:49et elle a un sourire.
00:35:50Donc, la punch, c'est parler un peu de sombrisme.
00:35:53C'est pas ça qui est intéressant, mais c'est...
00:35:55Ouais, tu te sens agressé, quoi.
00:35:56Quand tu vois cette personne en face qui te dit
00:35:58non, mais attends, la banlieue est comme toi.
00:36:00Genre, je suis né Aston, elle va te dire,
00:36:02il y a deux minutes, tu vois.
00:36:03Non, mais la jeunesse, c'est du sport.
00:36:05T'es jeune, tu fais du sport et je te connais pas.
00:36:10Lorsque le rap est une musique sympathique,
00:36:13faite par des jeunes qui sont en train de danser
00:36:15et qui n'ont finalement pas d'autre revendication
00:36:17que celle de s'amuser,
00:36:19c'est cool.
00:36:20Et c'est même subventionné.
00:36:22Et à partir du moment où cette musique-là
00:36:24va s'émanciper de tout ça,
00:36:26avoir envie, voilà, de dire des choses,
00:36:28eh bien, voilà, ça pose un problème.
00:36:30Le paradigme à travers lequel les médias voyaient jusqu'ici
00:36:33cette culture, voilà, sympathique et bariolée
00:36:35est en train de changer considérablement, effectivement.
00:36:46À l'autre bout de la France,
00:36:47un autre pilier du rap est en train de consolider son empire.
00:36:50Moins provoquant que NTM,
00:36:52les Marseillais d'Ayam n'en demeurent pas moins
00:36:54des artistes engagés.
00:36:56Leur premier album,
00:36:57De La Planète Mars,
00:36:59fait lui aussi le constat d'une déliquescence sociétale
00:37:01dans les banlieues françaises.
00:37:02Ils s'en vendent également plus de 100 000 exemplaires.
00:37:16Tout de suite, dès le premier album,
00:37:17c'est quelque chose qui pèse.
00:37:19Enfin, voilà, on voit que c'est réfléchi,
00:37:21que c'est travaillé.
00:37:23Ils mettent vraiment Marseille sur la carte, quoi.
00:37:25C'est pas pour rien qu'ils existent encore aujourd'hui, quoi.
00:37:28Ils ont un énorme talent d'écriture
00:37:30et un talent musical.
00:37:31C'est des vrais amoureux de rap.
00:37:33Ils sont pas rentrés là-dedans pour un but commercial
00:37:36ou pour...
00:37:37Ils sont rentrés là-dedans par passion dès le départ
00:37:39quand le rap n'en rangeait pas du tout d'argent.
00:37:46Avec le succès des nouveaux artistes
00:37:47issus des banlieues françaises,
00:37:49le pays découvre toute une culture qu'il ignorait.
00:37:51Un mouvement artistique venu d'en bas
00:37:53avec des codes bien à lui.
00:37:56Le rap, à ce moment-là,
00:37:57s'affirme une identité,
00:37:58une manière de s'habiller,
00:37:59une manière de parler,
00:38:00un langage.
00:38:02Et il y a une incompréhension
00:38:03puisque les gens ne comprennent pas ce langage,
00:38:05ne comprennent pas d'où viennent ces gens,
00:38:07ne comprennent pas comment ils s'habillent,
00:38:08ne comprennent pas les rythmes sur lesquels ils rappent.
00:38:12Mais ça permet au rap,
00:38:14finalement, d'être une vraie contre-culture.
00:38:16Le rap et cette nouvelle musique
00:38:19qui va exprimer la rébellion,
00:38:21qui va exprimer l'amour,
00:38:23qui va exprimer la rébellion,
00:38:25qui va avoir des choses à dire.
00:38:32Cette incompréhension suscite rapidement
00:38:34une certaine défiance.
00:38:35Mauvais garçon, graine de voyou.
00:38:37Certains artistes au rap sont assimilés
00:38:39à des caïds sans foi ni loi.
00:38:41Nous, c'est pas mal écrit.
00:38:42On ne voit pas où on cherche à faire les voyous,
00:38:44quoi que ce soit.
00:38:45Et puis surtout,
00:38:46même ce truc de rébellion,
00:38:49de machin, de ci, de ça,
00:38:50c'est parce qu'il vous fallait
00:38:51titter ça d'une manière, quoi.
00:38:53C'est un positionnement citoyen de notre part, quoi.
00:38:56Voilà, mais sans pour autant se dire
00:38:58qu'on va changer quoi que ce soit,
00:38:59parce que je pense que Dylan l'aurait fait bien
00:39:01d'avant nous, par exemple, entre autres.
00:39:04Attitude irrévérencieuse et hostile
00:39:06aux représentants du pouvoir,
00:39:07un groupe va cristalliser les tensions
00:39:09entre police et jeunes de banlieue,
00:39:11Ministère Amère.
00:39:13Quand Ministère Amère sort
00:39:14le maxi-traître et puis l'album
00:39:16Pourquoi tant de haine ?
00:39:17dans lequel on trouve le morceau
00:39:18Brigitte, femme de flic,
00:39:19alors là, les CRS ne sont pas du tout
00:39:21contents du morceau.
00:39:26Le titre, Brigitte, femme de flic,
00:39:28un rap qui décrit les frasques sexuelles
00:39:30des pouces des policiers
00:39:31avec des jeunes de cité.
00:39:33Paradoxalement,
00:39:34les policiers ne sont pas
00:39:35des jeunes de cité,
00:39:36mais des jeunes de la rue,
00:39:37des jeunes de la rue,
00:39:38des jeunes de la rue,
00:39:39des jeunes de la rue,
00:39:40des jeunes de la rue,
00:39:41des jeunes de la rue.
00:39:42Paradoxalement,
00:39:43ces scandales n'affectent pas
00:39:44la renommée des artistes.
00:39:45Au contraire,
00:39:46en tenant tête aux autorités,
00:39:47les rappeurs deviennent
00:39:48les porte-paroles
00:39:49des quartiers désœuvrés.
00:39:50Et comme leur musique dérange,
00:39:51elle a du mal à se faire entendre.
00:39:55De toutes les façons,
00:39:56le rap a toujours été
00:39:57le vilain petit canard de la musique.
00:39:59Dans un premier temps,
00:40:00le rap français est vraiment
00:40:01confiné à un ghetto.
00:40:02Il y a Rap Line que j'anime
00:40:03pendant trois ans et demi.
00:40:05Bonsoir et bienvenue
00:40:06dans ce douzième numéro
00:40:07de Rap Line,
00:40:08l'émission afrocentrique
00:40:09et reptilienne
00:40:11et qui vous propose,
00:40:12comme tous les samedis soirs,
00:40:13une sélection incroyable
00:40:14de dope beats
00:40:15et de rap qui frappe.
00:40:17Rap Line,
00:40:18la première émission
00:40:19consacrée à 100%
00:40:20aux cultures urbaines
00:40:21sur une chaîne nationale.
00:40:22Un événement
00:40:23qu'il convient toutefois
00:40:24de relativiser.
00:40:26Rap Line,
00:40:27qui est une émission
00:40:28très regardée
00:40:29par les adeptes
00:40:30de la culture hippos
00:40:31mais qui est reléguée
00:40:32en fin de soirée,
00:40:33je crois que c'est le 23h,
00:40:34à 23h le samedi soir,
00:40:35ça reste encore
00:40:36vraiment des niches.
00:40:37Nous, à l'époque,
00:40:38s'il n'y avait pas Rap Line,
00:40:39c'était mort.
00:40:40Soit tu ne pouvais pas
00:40:41voir un seul clip de rap
00:40:43la journée,
00:40:44c'était impossible.
00:40:47Entre 90 et 95,
00:40:49à part quelques exemples
00:40:50assez marginaux,
00:40:51c'est une musique
00:40:52qui va grandir
00:40:53et trouver son public
00:40:54sans avoir l'appui
00:40:55des grands médias.
00:40:56Les grands médias
00:40:57préfèrent le rap
00:40:58quand il est dansant.
00:40:59Ils préfèrent le rap,
00:41:00ils préfèrent
00:41:01« Je danse le Mia Adayam »
00:41:02qui est un énorme carton,
00:41:03qui est un grand single,
00:41:04qui est un vrai tube
00:41:05de chansons françaises,
00:41:06plutôt que NTM
00:41:07ou Minister Hammer
00:41:08qui vont avoir
00:41:09des choses à dire.
00:41:16Boudés par les grands médias,
00:41:17certains artistes rap
00:41:18comprennent que pour exister,
00:41:19il faut faire des compromis.
00:41:21En 1993,
00:41:22Ayam sort son deuxième album,
00:41:23« Ombre et Lumière ».
00:41:25L'esprit général
00:41:26y est toujours aussi engagé
00:41:27et revendicatif,
00:41:28mais on y trouve aussi
00:41:29des morceaux plus légers,
00:41:30dont l'un dansant
00:41:31et humoristique.
00:41:39Alors déjà, c'est un accident.
00:41:41C'est un accident
00:41:42parce que moi, il se trouve
00:41:43que j'étais un témoin privilégié
00:41:44de ça,
00:41:45parce qu'ils enregistrent
00:41:46cet album
00:41:47dans une maison
00:41:48vers Aix-en-Provence
00:41:49avec un studio
00:41:50et moi, je vais les voir
00:41:51à ce moment-là
00:41:52et le soir,
00:41:53on fait une partie de cartes
00:41:54ou je sais pas quoi,
00:41:55un scrabble je crois
00:41:56et donc,
00:41:57ils me font écouter ce morceau
00:41:58et me disent
00:41:59« Ouais, celui-là,
00:42:00on sait pas,
00:42:01je vais le mettre sur l'album,
00:42:02c'est juste qu'on a fait ça
00:42:03pour se marrer ».
00:42:04C'est un truc un peu rigolo
00:42:05parce qu'effectivement,
00:42:06cette histoire
00:42:07on va dans les boîtes de nuit,
00:42:08on se met beau
00:42:09et tout,
00:42:10tout ce truc-là,
00:42:11c'était un truc vécu
00:42:12mais c'était pas important.
00:42:13Pour eux,
00:42:14ce qui était important,
00:42:15c'était les morceaux
00:42:16qui avaient une fonction sociale.
00:42:29En fait,
00:42:30c'est assez proche
00:42:31du « Bouge de là »
00:42:32de MC Solar.
00:42:33Ça raconte une histoire
00:42:34et c'est comme une comédie
00:42:35française
00:42:36avec Franck Dubosc
00:42:37ou je sais pas qui.
00:42:44Le rap avait tellement
00:42:45cette image
00:42:46un peu pesante
00:42:47mais à côté de ça,
00:42:48quand il y avait
00:42:49un morceau un peu rigolo,
00:42:50ça pouvait évidemment
00:42:51plus facilement
00:42:52toucher le grand public.
00:42:54Et là,
00:42:55je connais personne
00:42:56qui peut résister
00:42:57à « Je danse le Mia ».
00:43:03Rhythmique funky,
00:43:04paroles légères,
00:43:05« Je danse le Mia »
00:43:06s'écoule à 650 000 exemplaires.
00:43:10Dans la foulée,
00:43:11d'autres artistes
00:43:12tentent le coup du tube
00:43:13qui flambe
00:43:14et pour certains,
00:43:15c'est le jackpot.
00:43:23Quand « Quelle aventure »
00:43:24a explosé,
00:43:25ça m'a rappelé
00:43:26toute ma vision funky
00:43:27de la musique
00:43:28puisque j'ai grandi
00:43:29dans une cité.
00:43:30La funk,
00:43:31on écoutait
00:43:32Longueur Jeunesse,
00:43:33je me suis nourri de ça
00:43:34et je me suis dit
00:43:35ok, maintenant,
00:43:36je vais essayer
00:43:37de mettre un peu plus
00:43:38de groove dans ma musique
00:43:39d'où « Tout baigne »
00:43:40d'où « Bye bye »
00:43:41et une musique
00:43:42un peu plus up-tempo
00:43:43et un peu plus punchy.
00:43:51Menelik,
00:43:52protégé de MC Solar,
00:43:53rafle la mise
00:43:54en 1994
00:43:55avec son tube « Tout baigne »
00:43:56aux mélodies jazz et soul
00:43:57ultra efficaces.
00:43:59Menelik,
00:44:00c'était
00:44:01le côté rap pop
00:44:02décomplexé.
00:44:03Genre,
00:44:04hé les mecs,
00:44:05moi je suis pas là
00:44:06pour vous parler de ma cité
00:44:07et de comment ça se passe,
00:44:08c'est pas du tout mon délire.
00:44:09Moi je suis là
00:44:10pour faire de la musique.
00:44:20Menelik,
00:44:21ça cartonne parce que
00:44:22justement,
00:44:23c'est un phénomène
00:44:24à part.
00:44:25Vraiment,
00:44:26tu aimes Menelik
00:44:27et tu peux tout à fait
00:44:28détester le rap français,
00:44:29c'est pas grave.
00:44:30Menelik,
00:44:31c'est un truc
00:44:32où t'étais.
00:44:39Il y a des gens
00:44:40qui te critiquent un peu
00:44:41parce qu'ils se disent
00:44:42« Oh, c'est du rap Disney,
00:44:43c'est du rap jovial,
00:44:44c'est du rap de charts. »
00:44:46Nous, on fait du vrai
00:44:47rap underground.
00:44:48Ça m'a quelque part titillé
00:44:49parce que
00:44:50je connaissais la sincérité
00:44:52que je mettais
00:44:53à faire mon art.
00:44:54Peut-être que ma manière
00:44:55plaît à un plus grand nombre
00:44:57et peut-être que la tienne
00:44:58plaît à un nombre
00:44:59un peu plus restreint,
00:45:00mais tu ratines
00:45:01que c'est du rap.
00:45:08Menelik,
00:45:09mais aussi Réciproc
00:45:10ou Alliance Ethnique.
00:45:12Tous revendiquent
00:45:13leur appartenance
00:45:14à la culture rap,
00:45:15mais pas question
00:45:16de jouer les porte-parole
00:45:17du malaise banlieusard.
00:45:18Leur seul objectif,
00:45:19faire bouger les foules
00:45:20sans prise de tête.
00:45:22Alliance Ethnique,
00:45:23c'est un groupe
00:45:24qui vient de Creil,
00:45:25dans l'Oise.
00:45:26Genre on est loin
00:45:27des histoires
00:45:28de départements.
00:45:29Moi je suis de Marseille,
00:45:30toi t'es de Paris,
00:45:31du 9-3.
00:45:32On est loin de tout ça.
00:45:33C'est juste du fun.
00:45:34C'est le fameux
00:45:35« Peace, love, unity
00:45:36and having fun »
00:45:37du départ.
00:45:38Paix, amour, unité
00:45:39et kiff.
00:45:40C'était ça,
00:45:41Alliance Ethnique.
00:45:51Respecte l'ancienne école
00:45:52et sa descendance.
00:45:53La nouvelle école
00:45:54a besoin de cette présence
00:45:55en France.
00:45:56Le break est oublié
00:45:57et le rap est commercialisé.
00:45:58Et c'est vrai qu'un groupe
00:45:59comme Alliance Ethnique
00:46:00qui lui veut juste
00:46:01faire la fête,
00:46:02s'éclater,
00:46:03c'est pas forcément
00:46:04bien perçu.
00:46:05Il y en a plein
00:46:06qui vont dire que
00:46:07du coup,
00:46:08c'est pas le vrai
00:46:09bon rap hardcore
00:46:10qui commence à émerger.
00:46:11Il y en avait
00:46:12qui étaient pour,
00:46:13contre.
00:46:14Tu commençais à avoir
00:46:15des dissociations
00:46:16et différents publics
00:46:17de rap.
00:46:19Les puristes fulminent.
00:46:20Des textes inoffensifs
00:46:21et des musiques mainstream,
00:46:22très peu pour eux.
00:46:23Les plus radicaux
00:46:24veulent vendre des disques
00:46:25sans faire de compromis.
00:46:26Alors, en 1995,
00:46:27MTM joue un acte
00:46:28à la parole.
00:46:29Son troisième album,
00:46:30Paris sous les bombes,
00:46:31assume l'esprit combatif
00:46:32du groupe.
00:46:33Ce qui n'empêche pas
00:46:34un succès commercial
00:46:35avec 400 000 ventes
00:46:36et quelques tubes
00:46:37inoubliables.
00:46:38Jusqu'à 6h du mat'
00:46:39Tu peux comprendre ça
00:46:40Ça ne me fait pas plus
00:46:41de 4h de sommeil exact
00:46:43Je vais encore passer
00:46:44la journée latée
00:46:45dans les fabs
00:46:46En plus,
00:46:47j'ai un truc
00:46:48qui m'intéresse
00:46:50C'est surtout
00:46:51quand tu fais des choses
00:46:52pour toi,
00:46:53l'histoire de compromis
00:46:54n'a pas lieu d'être.
00:46:55Moi,
00:46:56c'est un des titres
00:46:57que j'aime le moins
00:46:58mais c'est une connerie
00:46:59qu'on s'est dit tous les deux.
00:47:00C'était nous deux.
00:47:01C'est pas...
00:47:02C'est un vrai quartier.
00:47:03Sauf qu'à un moment donné,
00:47:04il y a une boucle derrière
00:47:05qui parle peut-être
00:47:06à plus de monde.
00:47:09On a toujours mis
00:47:10une image comme ça
00:47:11de groupe très
00:47:12dans l'agressivité,
00:47:13une certaine violence,
00:47:14une certaine combativité
00:47:15virile,
00:47:16à quand même
00:47:17faire des tubes
00:47:18au sens populaire
00:47:19du terme.
00:47:20Avec le côté NTM,
00:47:21non mais...
00:47:22Oui,
00:47:23ils savaient faire ça.
00:47:24Ils en ont fait
00:47:25quelques-uns,
00:47:26quand même.
00:47:42Paris-Sous-les-Bombes,
00:47:43ça reste l'album d'NTM.
00:47:44En tout cas,
00:47:45celui où c'est le plus abouti
00:47:46effectivement,
00:47:47à la fois musicalement,
00:47:48dans les textes,
00:47:49dans...
00:47:50Voilà,
00:47:51c'est un peu
00:47:52l'album emblématique
00:47:53d'NTM, quoi.
00:47:56Avec cet album,
00:47:57NTM démontre à tous
00:47:58qu'on peut parfaitement
00:47:59rester ancré
00:48:00dans les réalités sociales
00:48:01tout en enchaînant
00:48:02les succès.
00:48:03Et si le rap,
00:48:04même le plus exigeant,
00:48:05est capable d'enflammer
00:48:06les ventes,
00:48:07alors pour les maisons
00:48:08de disques,
00:48:09plus de doute à avoir.
00:48:10Il faut dénicher
00:48:11de nouveaux artistes
00:48:12et produire à tour de bras.
00:48:13Le rap français
00:48:14est entré dans son âge d'or.
00:48:181995,
00:48:19un tournant
00:48:20dans le paysage musical
00:48:21hexagonal.
00:48:22À force de jouer les coudes,
00:48:23le rap français se fait
00:48:24une place au soleil
00:48:25du show-business.
00:48:26Fini l'intimité obscure
00:48:27des salles de quartier.
00:48:285 ans auront suffi
00:48:29pour imposer au grand public
00:48:30l'averbe impertinente
00:48:31et les rythmiques
00:48:32tenitruantes
00:48:33d'une certaine
00:48:34jeunesse française.
00:48:35Ce soir de février 1995
00:48:36sera celui
00:48:37de son triomphe
00:48:38le plus absolu.
00:48:41Le groupe de l'année...
00:48:42I Am !
00:48:43I Am !
00:48:44I Am !
00:48:45I Am !
00:48:47Victoire de la musique
00:48:48comme meilleur groupe de l'année
00:48:49pour les Marseillais
00:48:50d'I Am,
00:48:51mais pas seulement.
00:48:52Au cours de la cérémonie,
00:48:53un second rappeur
00:48:54est récompensé,
00:48:55une première.
00:48:57Artiste interprète
00:48:58masculin de l'année,
00:48:59MC Solar.
00:49:02Ce soir-là,
00:49:03deux pionniers
00:49:04sont donc célébrés.
00:49:05Le genre entre
00:49:06de plein pied
00:49:07dans une nouvelle ère,
00:49:08celle de la reconnaissance
00:49:09de ses pairs.
00:49:10Soutenu par le jeune public,
00:49:11plébiscité par
00:49:12l'élite culturelle,
00:49:13l'organisation
00:49:14des concerts
00:49:15culturels,
00:49:16le rap français
00:49:17entre dans un cycle fast.
00:49:23Il y a une forme
00:49:24un peu d'âge d'or,
00:49:25d'équilibre parfait
00:49:26entre les disques
00:49:27qui sortent,
00:49:28ce que veut
00:49:29le public puriste
00:49:30et le grand public.
00:49:31Entre 1995
00:49:32ou 1996
00:49:33et 2000,
00:49:34c'est là
00:49:35qu'ont été produits
00:49:36probablement
00:49:37les plus grands albums
00:49:38de l'histoire du rap français.
00:49:41Les plus grands,
00:49:42mais aussi pour certains
00:49:43les plus vendus
00:49:45Doc Gynéco,
00:49:46évidemment,
00:49:47en première confédération,
00:49:48c'est un million
00:49:49d'albums vendus.
00:49:54Doc Gynéco,
00:49:55alias Bruno Bossir,
00:49:56enfant du 18ème arrondissement
00:49:57affilié au Sulfurus
00:49:58Secteur A,
00:49:59le collectif
00:50:00de Sarcelles
00:50:01à la mauvaise réputation.
00:50:02Apaisé,
00:50:03sensuel,
00:50:04sexy,
00:50:05le style Gynéco
00:50:06inspiré de la côte
00:50:07ouest américaine
00:50:08fait recette.
00:50:11C'est quelqu'un
00:50:12qui vient du rap,
00:50:13qui vient du Minister Hammer,
00:50:14mais,
00:50:15sur ce premier album-là,
00:50:16il dit que là,
00:50:17c'est moi dans la varieté.
00:50:18Donc, il fait une musique
00:50:19qui est beaucoup plus décomplexée,
00:50:20qui est beaucoup plus pop,
00:50:21qui est plus dansant,
00:50:22qui est beaucoup plus mélodieux
00:50:23que ce qu'on avait l'habitude
00:50:24d'entendre.
00:50:25Donc, il va parler
00:50:26à plus de monde.
00:50:32Doc Gynéco,
00:50:33à ce moment-là,
00:50:34il a la fraîcheur
00:50:35du débutant.
00:50:36En 1996,
00:50:37quand sort
00:50:38première consultation,
00:50:39tout le monde
00:50:40écoute Doc Gynéco.
00:50:41C'est un phénomène
00:50:43parce qu'en plus,
00:50:44c'est d'une qualité incroyable
00:50:45musicalement.
00:50:46Donc, même si
00:50:47t'accroches pas trop
00:50:48au rap en tant que tel,
00:50:49l'album de Doc Gynéco,
00:50:50tu peux y aller.
00:50:51C'est tranquille
00:50:52et c'est de la musique,
00:50:53quoi.
00:50:54Tu peux...
00:50:55Tu vas accrocher.
00:51:06Et donc arrive
00:51:07ce personnage
00:51:08avec ce premier album,
00:51:09effectivement,
00:51:10qui est une date,
00:51:11qui a une borne
00:51:12dans l'histoire du rap
00:51:13en France,
00:51:14où on a
00:51:15une espèce de personnage
00:51:16de dessin animé
00:51:17qui se raconte,
00:51:18qui raconte sa vie,
00:51:19son quotidien
00:51:20de façon extrêmement drôle.
00:51:33Gynéco, en tout cas,
00:51:34va mettre de l'eau
00:51:35dans le vin du rap
00:51:36sans réelle concession
00:51:37parce que c'est ce qu'il a
00:51:38envie de faire.
00:51:39Et puis, c'est aussi
00:51:40pour ses parents.
00:51:41Moi, au moment où ça sort,
00:51:42j'ai 8 ans,
00:51:43ma mère adore Gynéco.
00:51:50L'air de rien,
00:51:51Gynéco réalise
00:51:52un petit exploit.
00:51:53Faire la synthèse
00:51:54tant espérée
00:51:55par les acteurs
00:51:56du mouvement hip-hop,
00:51:57être grand public
00:51:58en restant authentique.
00:51:59Pour son collectif,
00:52:00l'occasion est trop belle.
00:52:01Les artistes du secteur A
00:52:02s'engouffrent dans la brèche
00:52:03ouverte par leur tête de pont
00:52:04et ça marche.
00:52:08On pourrait parler,
00:52:09à la tête pensante du secteur A,
00:52:10c'est Kenzie,
00:52:11qui était donc le manager,
00:52:12le patron du label
00:52:13et qui, lui,
00:52:14va être derrière
00:52:15quelques-uns des énormes succès
00:52:16de cette période-là,
00:52:17des énormes succès rap
00:52:18en faisant une musique
00:52:19qui est très rap,
00:52:20il n'y a pas de problème,
00:52:21il n'y a pas vraiment de concession.
00:52:25Porteur d'un rap plus classique,
00:52:26ancré dans la réalité de la rue,
00:52:28Arsenic est l'exemple même
00:52:29de ces artistes estampillés
00:52:30secteur A
00:52:31qui vont truster les ventes.
00:52:33Arsenic, premier album,
00:52:34grand album de rap.
00:52:35Dessus, il y a Affaire de Famille
00:52:36avec Doc Gynéco
00:52:37qui est une star,
00:52:38qui est un single imparable
00:52:39avec Acia au refrain.
00:52:48La recette du succès
00:52:49est on ne peut plus simple,
00:52:50proposer sur chaque album
00:52:51au moins un titre mainstream
00:52:52pour toucher le grand public
00:52:53et forcément,
00:52:54avec un invité prestigieux
00:52:55et un artiste
00:52:56qui est très rap,
00:52:57c'est Arsenic.
00:52:58C'est un album
00:52:59qui est très rap,
00:53:00c'est un album
00:53:01avec un invité prestigieux,
00:53:02c'est encore mieux.
00:53:11À ce moment-là,
00:53:12le rap connaît
00:53:13ses premiers gros succès,
00:53:14ses succès pop.
00:53:15C'est des énormes singles
00:53:16qu'on n'avait pas avant
00:53:17et qui permettent
00:53:18à n'importe quel Français
00:53:19de pouvoir écouter du rap.
00:53:20Ce qui est assez nouveau
00:53:21comme donné à cette époque-là.
00:53:29C'est aussi le moment
00:53:30où on est moins décomplexé
00:53:32vis-à-vis de tout ça.
00:53:33Faisons des singles,
00:53:34passons en radio.
00:53:41Passer en radio,
00:53:42le graal pour booster ses ventes
00:53:44et asseoir sa notoriété.
00:53:45Et ça tombe bien,
00:53:46au milieu des années 90,
00:53:47une loi va changer la donne.
00:53:50Depuis le 1er janvier,
00:53:51en effet,
00:53:52les 1300 stations de radio
00:53:53que compte notre beau pays
00:53:54sont dans l'obligation légale
00:53:56de programmer entre 6h30
00:53:57et 22h30
00:53:5940% de chansons françaises
00:54:01dont la moitié de nouveaux talents.
00:54:03Un concept pas évident.
00:54:05Une aubaine pour la scène rap.
00:54:07Ironie de la chose,
00:54:08le hip-hop hexagonal
00:54:09doit alors son salut
00:54:10à un homme politique
00:54:11aux antipodes de l'esprit
00:54:12rebelle et libertaire du mouvement.
00:54:15Le parrain du rap français,
00:54:17c'est quand même Jacques Toubon.
00:54:19Ça peut paraître surprenant,
00:54:20mais c'est comme ça.
00:54:22Jacques Toubon,
00:54:23l'ancien ministre
00:54:24de la culture de Jacques Chirac.
00:54:25En 1993,
00:54:26sa loi sur les quotas musicaux
00:54:28a des répercussions
00:54:29sur toute la production
00:54:30musicale française.
00:54:32Et à ce jeu-là,
00:54:33le rap va être le grand gagnant.
00:54:37Au début,
00:54:38c'est vrai que les radios sont réticentes.
00:54:39Les radios musicales
00:54:40et surtout ce qui est rock,
00:54:41on est réticent,
00:54:42c'est un truc qui est imposé,
00:54:43machin, gouvernement, etc.
00:54:44Sur 10 disques français
00:54:45qu'on reçoit par semaine,
00:54:46il y en a 6 ou 7
00:54:47achetés à la poubelle directement.
00:54:48Deux qui sont du rap
00:54:49parce que maintenant
00:54:50que le rap marche,
00:54:51les maisons de disques
00:54:52se lancent dans le filon rap
00:54:53et sortent du rap, du rap, du rap.
00:54:54On n'en peut plus.
00:54:55C'est un disque de temps en temps
00:54:56de jeunes talents
00:54:57qui est de qualité
00:54:58et qu'on peut passer.
00:55:00N'en déplaise à Nicolas Duroy,
00:55:01l'émergence de la scène rap
00:55:02va donner des idées
00:55:03à ses petits camarades
00:55:04d'une radio concurrente,
00:55:05Skyrock.
00:55:07La seule scène,
00:55:08si tu veux,
00:55:09où il commence déjà
00:55:10à y avoir un passif
00:55:11et où il y a une deuxième école
00:55:12qui est en train d'émerger
00:55:13après les IAM,
00:55:14Solar, NTM,
00:55:15etc.,
00:55:16c'est le rap français.
00:55:21En 1995,
00:55:23Skyrock décide donc
00:55:24de devenir premier
00:55:25sur le rap français.
00:55:26Dans la foulée,
00:55:27elle lance l'émission
00:55:28Planète Rap
00:55:29qui ouvre son antenne
00:55:30à tout ce que le mouvement
00:55:31compte d'artistes hip-hop.
00:55:33Dans les studios,
00:55:34il est minuit onze,
00:55:35commence une drôle d'émission,
00:55:37c'est une des plus écoutées
00:55:38de la radio à cette heure.
00:55:40Pendant qu'un DJ
00:55:41mélange le son
00:55:42de plusieurs disques,
00:55:43les rappeurs
00:55:44vont jeter leur texte
00:55:45sur les ondes.
00:55:50Je me rappelle d'une époque
00:55:51où on disait
00:55:52les médias ne veulent pas
00:55:53écouter du rap,
00:55:54les radios ne veulent pas,
00:55:55la télé ne veut pas de nous.
00:55:56Là, il y avait
00:55:57un média national
00:55:58qui pouvait passer du truc.
00:55:59Nous, on était...
00:56:01L'underground s'exprime,
00:56:02tu vois,
00:56:03il commence à remonter
00:56:04à la surface.
00:56:05Donc, pour cette scène,
00:56:06ça va être en effet
00:56:07un vrai bouleversement.
00:56:08Chaque rondelle
00:56:09sur les murs
00:56:10veut dire plus de
00:56:11cent mille disques vendus.
00:56:12Le disque d'or
00:56:13de Stomy Vuxy,
00:56:14le disque d'or
00:56:15de NTM,
00:56:16le double disque d'or,
00:56:17aujourd'hui,
00:56:18il en est à 300,
00:56:19400 milles de Passy.
00:56:20Tout ça, c'est du rap.
00:56:21Tout ça, c'est du rap.
00:56:23En fait, c'est le mur
00:56:24du succès du rap.
00:56:29Désormais, Skyrock
00:56:30accompagne les plus grands
00:56:31succès du rap français.
00:56:32Et même si la radio
00:56:33essuie les critiques
00:56:34de certains puristes
00:56:35qui crient au formatage,
00:56:36elle s'impose aussi
00:56:37comme le formidable promoteur
00:56:38d'un courant musical
00:56:39souvent méprisé.
00:56:41Je viens pas m'amuser,
00:56:42je viens pas faire le beau.
00:56:43Même là, je parle,
00:56:44je fais pas le beau.
00:56:45Là, je suis en train
00:56:46de vendre mon projet.
00:56:47Donc, vous faites aussi
00:56:48votre publicité.
00:56:49Voilà, je suis là pour ça.
00:56:50Je suis là pour ça.
00:56:53Tout va en même temps.
00:56:54À partir du moment
00:56:55où Skyrock fonctionne
00:56:56comme un accélérateur de vente
00:56:57pour les groupes,
00:56:58il est évident que
00:56:59les maisons de disques
00:57:00vont à nouveau signer
00:57:01une nouvelle génération.
00:57:05Fort de cette nouvelle
00:57:06visibilité médiatique,
00:57:07le rap évolue vite.
00:57:09L'émulation bouscule
00:57:10la scène française.
00:57:11Des artistes novateurs
00:57:12explosent les ventes
00:57:13et dynamitent les codes.
00:57:15Au milieu des années 90,
00:57:16t'as des gens mais brillants
00:57:17en termes de musicalité.
00:57:19C'est la deuxième école
00:57:20qui arrive,
00:57:21qui sont les petits frères
00:57:22des IAM, des NTM.
00:57:29La cliqua,
00:57:30mais aussi les sages poètes
00:57:31de la rue.
00:57:32Des groupes qui marquent
00:57:33le milieu des années 90
00:57:34avec une écriture exigeante.
00:57:36Je viens d'une époque
00:57:37où l'écriture
00:57:39était fondamentale.
00:57:40C'est-à-dire que
00:57:41les rappeurs, en fait,
00:57:43se réappropriaient le langage,
00:57:45volaient la langue
00:57:46parce que c'était
00:57:47leur boutin de guerre, quoi.
00:57:48On peut vraiment
00:57:49placer vraiment
00:57:50les sages poèses,
00:57:51aussi en particulier
00:57:52dans les racines
00:57:53de ce tableau généalogique.
00:58:00Moi, j'aimais beaucoup
00:58:01le français
00:58:02et j'aimais beaucoup
00:58:03la poésie.
00:58:04Pour moi, il y avait
00:58:05un côté ludique
00:58:06avec les rimes,
00:58:07les vers,
00:58:08les assonances, etc.
00:58:14Vers 95,
00:58:15il y a quand même
00:58:16une émergence
00:58:17de plein de gens
00:58:18qui ont du talent
00:58:19et qui ont de la veine,
00:58:20même si ça raconte
00:58:21pas du tout ce qu'on fait,
00:58:22c'est pas du tout
00:58:23les mêmes flous et tout,
00:58:24mais on sent
00:58:25une certaine authenticité
00:58:26et une envie
00:58:27de briller dans le hip-hop.
00:58:33Briller dans le hip-hop
00:58:34et même marquer son histoire,
00:58:36c'est l'exploit réalisé
00:58:37en 1995
00:58:38par un label indépendant
00:58:39devenu un mythe,
00:58:40Time Bomb.
00:58:42Fondé par trois DJ producteurs,
00:58:43ils révèlent des artistes
00:58:44comme Lunatic,
00:58:45le premier groupe de Booba,
00:58:46ou encore Oxmo Puccino.
00:58:50Oxmo Puccino
00:58:51qui est le meilleur
00:58:52d'entre tous.
00:58:53Oxmo Puccino,
00:58:54je veux dire,
00:58:55au niveau de l'écriture,
00:58:56de l'attitude
00:58:57et du flow,
00:58:58c'est le patron.
00:59:07Là, on dépasse le rap.
00:59:08Pour moi, c'est un artiste,
00:59:09il est plus grand que le rap,
00:59:10Oxmo Puccino, en France.
00:59:12Et là, le flow
00:59:13arrive vraiment à maturation.
00:59:14Et avec des gens
00:59:15à cette époque-là,
00:59:16comme les X-Men
00:59:17ou Lunatic,
00:59:18on commence vraiment
00:59:19à avoir du rap français
00:59:20qui raconte
00:59:21des choses françaises
00:59:22et qui sonnent
00:59:23vraiment superbement.
00:59:31Peu connu du grand public,
00:59:32mais adulé par les acteurs
00:59:33de rap français,
00:59:34les X-Men sont
00:59:35les plus connus
00:59:36dans le rap français.
00:59:37Les X-Men sont
00:59:38les plus connus
00:59:39dans le rap français.
00:59:40Les X-Men sont
00:59:41les véritables légendes
00:59:42de Time Bomb.
00:59:44Leur fait d'arme,
00:59:45avoir déstructuré
00:59:46le phrasé traditionnel
00:59:47du rap français
00:59:48pour proposer
00:59:49un flow libéré,
00:59:50presque sauvage.
00:59:52C'est quelque chose
00:59:53qui n'a peut-être pas eu
00:59:54du succès en termes
00:59:55de grand public,
00:59:56mais qui, auprès
00:59:57des connaisseurs,
00:59:58représente un changement
00:59:59de modèle
01:00:00et quelque chose,
01:00:01une espèce de version
01:00:02plus adulte
01:00:03et améliorée
01:00:04de ce qu'est
01:00:05cette culture hip-hop.
01:00:06Le rap passe
01:00:07de quelque chose
01:00:08de très engagé
01:00:09à quelque chose
01:00:10qui peut être esthétique.
01:00:11Il, c'était ça pour moi.
01:00:12Il a personnifié ça,
01:00:13qui est un peu
01:00:14le rappeur préféré
01:00:15des rappeurs français.
01:00:27C'est une manière
01:00:28de s'exprimer,
01:00:29parce que tu ne vas pas
01:00:30donner face pour droite.
01:00:31Alors je te dis ça,
01:00:32après je te dis ça.
01:00:40On va voir comment
01:00:41avec ce français,
01:00:42on va arrêter
01:00:43de le faire jouer.
01:00:46C'est trop facile.
01:00:47On va voir
01:00:48comment on peut
01:00:49l'assouplir.
01:00:50Comme l'eau,
01:00:51le Kung-Fu.
01:00:52On fait des références
01:00:53à ça.
01:00:59Donc nous,
01:01:00on était juste
01:01:01les premiers
01:01:02à l'avoir senti
01:01:03et à l'avoir aimé,
01:01:04disons,
01:01:05ou l'avoir appliqué,
01:01:06parce que c'était vraiment
01:01:07un besoin
01:01:08d'identité
01:01:10forte.
01:01:13La technique des X-Men
01:01:14impressionne tout
01:01:15le milieu du rap français,
01:01:16au point qu'on lui prête
01:01:17des conséquences
01:01:18inattendues.
01:01:19Certains disent
01:01:20que l'école du micro d'argent,
01:01:21qui est un album
01:01:22extraordinaire,
01:01:23vraiment,
01:01:24il faut le dire,
01:01:25a été réenregistrée
01:01:26après le choc
01:01:27provoqué
01:01:28chez Akeaton,
01:01:29notamment,
01:01:30par Il
01:01:31et par les X-Men.
01:01:39L'école du micro d'argent,
01:01:40la pièce maîtresse
01:01:41des piliers marseillais
01:01:42d'IAM.
01:01:43Certifié disque d'or
01:01:44le jour de sa sortie,
01:01:45cet album est le plus vendu
01:01:46de l'histoire du rap français.
01:01:47On y trouve
01:01:48de nombreux chefs-d'oeuvre.
01:01:49Petit Frère,
01:01:50Né sous la même étoile,
01:01:51ou Demain c'est loin.
01:01:59L'école du micro d'argent,
01:02:00il est arrivé au bon moment.
01:02:01Il y avait tout plein
01:02:02de gamins qui s'intéressaient
01:02:03au hip-hop,
01:02:04qui s'intéressaient au rap,
01:02:05et ils avaient besoin
01:02:06de grands frères.
01:02:07Ils avaient désespérément
01:02:08besoin de comprendre
01:02:10comment on fabrique
01:02:11cet art.
01:02:12Donne-moi un petit peu
01:02:13des bases.
01:02:14Et l'école du micro d'argent
01:02:15pour beaucoup,
01:02:16c'est cet album-là.
01:02:17C'est l'album
01:02:18qui installe les bases
01:02:19de ce que ça peut être
01:02:20le rap français.
01:02:33IAM, c'est un groupe mythique
01:02:34du rap français.
01:02:35Il n'y a pas
01:02:36d'histoire là-dessus.
01:02:37En plus, les mecs
01:02:38sont encore là.
01:02:39Ils imposent le respect.
01:02:41Et leurs paroles
01:02:42comptent beaucoup
01:02:43pour les MC qui arrivent.
01:02:58Conséquence logique,
01:02:59alors que le rap français
01:03:00voit fleurir une myriade
01:03:01de jeunes artistes talentueux,
01:03:02ce sont les parrains d'IAM
01:03:03qui raflent la mise en scène
01:03:04en 1997
01:03:05lors des Victoires
01:03:06de la Musique.
01:03:07Car malgré l'émergence
01:03:08de nouveaux groupes
01:03:09prêts à en découdre,
01:03:10les anciens font
01:03:11de la résistance.
01:03:16À l'instar des Marseillais
01:03:17d'IAM,
01:03:18les Dionysiens de MTM
01:03:19frappent un grand coup
01:03:20en 1998
01:03:21avec leur quatrième album.
01:03:22Un pamphlet rageur
01:03:23et abouti
01:03:24pour les concessions
01:03:25qu'on attendra.
01:03:35La spécificité d'MTM,
01:03:36c'est l'authenticité
01:03:37à tout prix.
01:03:38Va jamais te vendre.
01:03:39Tu es qui tu es.
01:03:40Même si tu dois aller
01:03:41dans les grandes sphères
01:03:42des maisons de disques
01:03:43pour dealer ton contrat,
01:03:44tu restes toi-même
01:03:45avec ta casquette.
01:03:46Si le hip-hop
01:03:47doit vivre en France,
01:03:48elle aura une casquette
01:03:49à l'envers
01:03:50et puis c'est tout.
01:04:04Ils avaient vraiment
01:04:05à même de garder
01:04:06l'essence
01:04:07de ce qui les avait
01:04:08emmenés jusque-là.
01:04:09C'est-à-dire la rue,
01:04:10c'est-à-dire Saint-Denis,
01:04:11c'est-à-dire la violence
01:04:12qu'ils avaient connue
01:04:13et qu'ils arrivaient
01:04:14à dépeindre aussi bien
01:04:15dans leurs textes.
01:04:16Il fallait que ça transpire
01:04:17aussi dans le reste
01:04:18de ce qu'ils allaient
01:04:19offrir au monde
01:04:20quand ils faisaient
01:04:21un album.
01:04:22C'était hyper important.
01:04:24Résultat,
01:04:25un carton historique,
01:04:26800 000 exemplaires vendus
01:04:27et un hymne devenu
01:04:28un classique
01:04:29du rap français.
01:04:54Fin des années 90,
01:04:55le moment où
01:04:56certains artistes
01:04:57issus du groupe fondateur
01:04:58du mouvement
01:04:59se lancent
01:05:00dans des carrières solos.
01:05:01Après 5 ans passés
01:05:02au sein du ministère à mer,
01:05:03Passy change d'air.
01:05:04Les menottes,
01:05:05les notes,
01:05:06la machine à taper,
01:05:07ton nom,
01:05:08prénom, naissance, nationalité,
01:05:09poche vidée,
01:05:10ensuite lacée,
01:05:11ceinture enlevée.
01:05:12Passy,
01:05:13quelqu'un de très réfléchi
01:05:14et puis des morceaux
01:05:15qui ont cartonné,
01:05:16que ce soit
01:05:17le Maton Muguet
01:05:18qui parle de l'incarcération,
01:05:19que ce soit
01:05:20l'incarcération
01:05:21des femmes,
01:05:22de l'incarcération,
01:05:23que ce soit
01:05:24Jezap et Jemad
01:05:25qui a été
01:05:26beaucoup plus grand public
01:05:27puisqu'il avait repris
01:05:28la musique
01:05:29des Feux de l'amour.
01:05:30Il avait rappé dessus
01:05:31donc forcément
01:05:32ça a parlé
01:05:33à beaucoup,
01:05:34beaucoup de monde.
01:05:35Un titre efficace
01:05:36qui va porter l'album.
01:05:37En 3 semaines,
01:05:38Les Tentations
01:05:39est certifié disque d'or.
01:05:40Il s'en vendra
01:05:41500 000 exemplaires,
01:05:42soit 30 fois plus
01:05:43que le plus gros succès
01:05:44de son ancien groupe.
01:05:45Bassi va devenir
01:05:46une grosse figure
01:05:47du rap
01:05:48pendant quelques années.
01:05:49Lui en solo
01:05:50et puis avec
01:05:51Bissau, Nabissau aussi
01:05:52où il invente ce truc
01:05:53un peu de rap
01:05:54avec la musique africaine.
01:05:55Les Tentations
01:05:56est certifié disque d'or.
01:05:57Il s'en vendra
01:05:58500 000 exemplaires,
01:05:59soit 30 fois plus
01:06:00que le plus gros succès
01:06:01de son ancien groupe,
01:06:02Le Ministère à Mer.
01:06:03L'amour est de l'aventure
01:06:04La une
01:06:05La deux
01:06:06Mon prix dans le jeu
01:06:07La trois
01:06:08La quatre
01:06:09Jezap et Jemad
01:06:10Bassi va devenir
01:06:11une grosse figure
01:06:12du rap
01:06:13pendant quelques années.
01:06:14Si Bassi abandonne
01:06:15l'esprit rap de rue,
01:06:16pour autant,
01:06:17le genre fait encore floresce.
01:06:18Et cette fois,
01:06:19c'est du côté
01:06:20de Vitry sur scène
01:06:21qu'il se passe
01:06:22quelque chose d'important.
01:06:23En fait,
01:06:24on ne savait pas
01:06:25c'était quoi
01:06:39une maison de disques.
01:06:44Pour nous,
01:06:45ce qui était important
01:06:46pour nous,
01:06:47c'était de rapper
01:06:48pour la ville,
01:06:49pour la ville de Vitry.
01:06:50A aucun moment,
01:06:51on a un plan de carrière.
01:06:52Pour nous,
01:06:53voilà,
01:06:54on fait de la musique,
01:06:55mais c'est pas
01:06:56ce qu'on va devenir
01:06:57plus tard.
01:06:58113.
01:06:59Ce sont d'abord
01:07:00des textes ancrés
01:07:01dans le quotidien
01:07:02des cités du 94.
01:07:03Mais derrière les machines,
01:07:04un jeune producteur
01:07:05de génie
01:07:06va entreprendre
01:07:07et emmener le groupe
01:07:08bien au-delà
01:07:09des frontières
01:07:10du Val-de-Mars.
01:07:11Jusqu'à Marseille
01:07:12avec la voiture
01:07:13un peu penchée.
01:07:14Un des producteurs
01:07:15qui a marqué
01:07:16le rap français,
01:07:17c'est DJ Mehdi.
01:07:18Donc, il a changé
01:07:19un groupe comme 113.
01:07:20On regarde
01:07:21le début du 113,
01:07:22c'est un groupe
01:07:23assez énervé,
01:07:24très rue,
01:07:25très racailleux.
01:07:26Et finalement,
01:07:27113 va garder
01:07:28cette identité-là,
01:07:29mais musicalement,
01:07:30Mehdi va l'habiller.
01:07:31Et c'est ce qu'on va
01:07:32évidemment avoir
01:07:33sur l'album
01:07:34Prince de la Ville,
01:07:35qui est un album
01:07:37qui est un premier album
01:07:38de l'album
01:07:39que j'ai fait
01:07:40à la foi de mes écrits.
01:07:41Normal pour un mec
01:07:42de biterie,
01:07:43sur ma feuille le guêpeau
01:07:44je retranscris.
01:07:45C'est exactement
01:07:46entre le mal
01:07:47et les délits.
01:07:48J'ai une des brouillardes
01:07:49une fois sortie du lit,
01:07:50au chômage pourtant jeune
01:07:51et ambitieux.
01:07:52C'est pour nous
01:07:53qu'ils ont créé
01:07:54la NPE.
01:07:55Bah DJ Mehdi,
01:07:56par son âme,
01:07:57c'est un génie,
01:07:58c'est un magicien,
01:07:59un précurseur.
01:08:00C'est un album
01:08:01qui reste un classique
01:08:02pour tous les fans
01:08:03de rap français.
01:08:04Je me fais tout petit
01:08:05Il faut l'être si tu veux danser, le physio qui est à la porte ne parle pas un mot français
01:08:09De Mehdi c'est un clandeau, un bon morceau, mais ce soir c'est sûr qu'on aura de bons morceaux
01:08:13Dans les poches pleins de buffetons, de quoi m'amuser, prendre la bouteille et t'aller sur un canapé
01:08:17Reste enrôlé autour du bras, tombé sur la piste, petit pas synchronisé qu'on a répété à 10
01:08:22Mehdi va vraiment changer le rap français et puis ce qu'il est possible de faire dans le rap français
01:08:28Sur 113 fout la merde, c'est 113, Future Green, Thomas Bangalter, The Daft Punk
01:08:31Un moment où le rap et la musique électronique se regardent en chien de faïence et a priori ils n'ont rien à voir
01:08:36Sauf qu'il y a des gens du rap qui écoutent de la techno, il y a plein de gens de la techno et d'électro qui adorent le rap
01:08:48Sonorité électro, texte enflammé qui transpire l'urgence et la rue
01:08:52Le cocktail est explosif, il porte avec lui tout un collectif, la mafia Kinfry
01:08:57Dont sont issus Rof ou Kerry James et derrière tous ces artistes un nom toujours Mehdi
01:09:07Consécration en 2000 lors des victoires de la musique, Les Princes de la Ville est sacré meilleur album rap de l'année
01:09:12Le 113 célèbre la nouvelle avec une prestation inoubliable
01:09:22Sincèrement, ça nous a rien fait
01:09:28Ça nous a rien fait dans le sens où on était contents, mais le soir même on était dans le hall
01:09:32Je me rappelle, la maison disque nous dit oui, on va aller au Fouquet's, on s'en fout, amène-nous à Pizzapino
01:09:38On était au moins 200, on a fêté ça comme ça
01:09:47La prom était dans le hall et après la victoire de la musique, je me rappelle, ils l'avaient posée sur la poubelle en fer du hall et tout
01:09:52Elle était là, mais on s'en rendait pas compte
01:09:58Ce qui est marrant, une anecdote, à l'époque aux victoires de la musique, avant qu'on arrive, genre il y a une personne qui courait
01:10:05qui disait à tout le monde, fermez vos loges, il y a le 113 qui arrive, il y a le 113 qui arrive
01:10:13Une anecdote comme un symbole, celui d'une musique qui cartonne malgré sa mauvaise réputation
01:10:21A la fin des années 90, le rap est partout, la production musicale intarissable, trop peut-être
01:10:28Alors à l'aube des années 2000, la belle dynamique s'enraye
01:10:32Production au sur-régime, excès des artistes, essoufflement des ventes, la crise pointe le bout de son nez, les maisons de disques commencent à tourner le dos au rap français
01:10:43Le public commence à s'essouffler parce qu'on lui répète tout le temps les mêmes formules, on lui rabâche tout le temps les mêmes discours, les mêmes types de chansons, les mêmes types de productions
01:10:50Tout le monde cherche à faire en gros ce qui marche
01:10:52En revanche dans l'underground, il se passait plein de choses super intéressantes
01:10:55Et on assiste paradoxalement dans les souterrains à l'avènement d'une nouvelle manne totalement indépendante qui elle s'est vue fermer les portes
01:11:03Donc ces types se sont dit bon ok, vous voulez pas de nous, c'est pas grave, on va faire du rap quand même
01:11:10Fuir le formatage, rester soi-même, contre vents et marées
01:11:13Au début des années 2000, l'indépendance, cette vieille lune tant rêvée par les rappeurs va prendre tout son sens
01:11:18Et un groupe en particulier va s'illustrer
01:11:23Lunatic, c'est un magnifique accident industriel
01:11:28C'est-à-dire un groupe qui va faire quelque chose que n'a réussi à faire jusqu'à présent qu'Assassin
01:11:33Qui avait sa propre structure, c'est-à-dire faire un disque d'or sans les médias
01:11:36Avec un slogan qui était très provocateur sur les affiches, sans Coke ni Sky
01:11:40C'est-à-dire sans Skyrock et sans drogue, mais ça, c'est vrai
01:11:43Lunatic, un duo composé de Ali et Booba, ancien de l'école de Boulogne et ex-rappeur de l'écurie Timebomb
01:11:52Un style sombre, des paroles crues, les maisons de disques n'aiment pas, le public en raffole
01:12:01Personne n'avait prévu qu'en l'an 2000, un groupe aussi antisocial que Lunatic, sur son album Mauvais Oeil
01:12:07Vende 100 000 exemplaires d'un disque sans même l'appui de Skyrock
01:12:11C'est assez phénoménal
01:12:21Avec symboliquement la sortie de l'album de Lunatic Mauvais Oeil, on passe à une phase plus sombre de l'histoire du rap
01:12:26Et aussi vraiment l'émergence d'un rap de rue pas forcément aussi accessible que pouvait l'être le rap de la première génération
01:12:35Avec le succès inattendu de l'album Mauvais Oeil, Lunatic fait la nique à l'industrie du disque
01:12:40Libéré de toute contrainte artistique, le duo impose ses règles
01:12:43Le flow traînant et les rimes assassines de Booba marquent les esprits
01:12:50Il est clair que quand on entend des morceaux comme le son qui met la pression de Lunatic
01:12:54Ou par la suite les premiers morceaux de Booba, là on se dit, on comprend pourquoi Booba fait une rime
01:12:59Comme ma musique n'est pas pour les mineurs, c'est du hardcore et ça prend pas de gants
01:13:03Ou alors un gant de boxe
01:13:04Deux ans plus tard, Booba sort son premier album solo, temps mort, toujours en indépendant
01:13:09Il y creuse son sillon, celui d'un style sans furiture, alimenté à l'ego trip et ancré dans la violence de la rue
01:13:22Rain 2000, dans le discours, ça va être une certaine forme de nihilisme que Booba va représenter mieux que personne
01:13:30De côté, franchement, voter ça sert à rien, on veut de l'argent, on veut des meufs et le reste c'est moins important
01:13:50Il a établi un personnage qui correspond à tous les clichés imaginables qu'on pouvait attendre
01:13:57Le cercle coté, j'ai des muscles, des tatouages, je roule en Lamborghini
01:14:01Dans mes clips, les filles elles ressemblent pas à des étudiantes en droit
01:14:05C'est une espèce de syndrome à lui tout seul du rap
01:14:14Le succès de Booba est un camouflet pour l'industrie du disque
01:14:17Fort de son succès grandissant, le rappeur crée son label, sa marque de vêtements et enfonce le clou de son indépendance
01:14:24Ça officialise un changement de fonctionnement et de développement de gros labels indépendants qui vont devenir vraiment importants
01:14:29Mais aussi une espèce de rupture éthique avec la génération précédente où on avait encore la fraternité, peace, love, etc
01:14:35Et là on a affaire à des mecs qui se disent ok la société veut pas de nous, qu'elle se rassure, on ne veut pas d'elle
01:14:44Mais le succès de Booba divise, son arrogance et son irrespect vis-à-vis des historiques du mouvement
01:14:49provoque une fracture au sein même de la scène hip-hop
01:14:53En parallèle, il y a tous les gens qui avaient aimé le rap dans les années 90 qui vont commencer à s'en détacher un petit peu
01:14:59Des gens qui ne se reconnaissent plus dans ce qui est en train d'être mis en avant
01:15:02Et qui commencent déjà à dire que le rap c'était mieux avant
01:15:05Et puis en parallèle, il y a des niches qui vont commencer à se créer
01:15:13Dans cette période du chèque important, il y a eu un changement de groupe
01:15:17Dans cette période du chacun pour soi et de l'indépendance à tout prix, le rap poursuit sa mutation
01:15:22De nouvelles tendances voient le jour
01:15:27On a un formidable bouillonnement créatif qui est le fait de mecs qui veulent faire de la musique
01:15:32Qui n'est plus le fait de mecs qui veulent devenir des millionnaires en faisant du rap
01:15:36Ce rap qu'on a appelé, faute d'un meilleur mot alternatif, était complètement différent de ce rap de rue
01:15:41C'était quelque chose qui était parfois un peu délirant
01:15:55Casser les codes, bousculer les conventions, tout ça dans le respect absolu de l'esprit originel du hip-hop
01:16:00C'est ce que vont proposer les groupes modernes
01:16:03Dès que ce terme est créé, le rap alternatif, ils nous mettent tous dedans
01:16:07C'est-à-dire à l'époque, des projets aussi différents que TTC qui arrive
01:16:15TTC joue à fond la carte électro et se retrouve produit chez Ninja Tune, un label anglais prestigieux
01:16:22On va dire les premiers un petit peu, ça devait être La Caution
01:16:25La Caution se révèle au grand public grâce à une scène du film Ocean Twelve
01:16:29Dans laquelle Vincent Cassel commet un hold-up sur leur titre phare, Thé à la menthe
01:16:39Le rap alternatif propose une alternative à un rap un peu mono, qui s'enferme un peu dans ses codes et ses clichés
01:16:45Même Akhenaton produirait une compilation qui s'appelle Electrocypher
01:16:49Qui mélangera rap et musique électronique
01:16:51Où sera notamment issu le Bass Dance Breakdown de Booga, qui est un tube énorme
01:17:02Sans connaître de véritable succès en termes de vente, cette tendance novatrice a le mérite d'ouvrir les portes à l'expérimentation
01:17:08Sans ouvrir celles des maisons de disques, que jamais réfractaires aura français
01:17:13Il n'y a plus d'argent dans le rap français, alors que 5 ans avant, il fallait faire du rap si on voulait gagner de l'argent
01:17:18Déjà à partir de 2003, c'est vraiment le début de la catastrophe financière de l'industrie du disque
01:17:25On ne signe que des choses qui potentiellement vont cartonner
01:17:30Fini les signatures d'artistes à la pelle, crise du disque oblige à l'industrie du disque d'ouvrir ses portes
01:17:37Fini les signatures d'artistes à la pelle, crise du disque oblige, désormais on cherche le bon coup
01:17:43En 2003, c'est Virgin via son label Hostile qui casse la baraque
01:17:48Son coup de maître, signé une jeune artiste surdouée, capable de fédérer les puristes et le grand public
01:17:54Son nom, Diam's
01:17:58Et quand elle arrive, ça fait très mal parce qu'on sent le talent, l'envie, la connaissance du rap
01:18:04Et c'est rafraîchissant à souhait, ça fait du bien
01:18:07Enfin une fille !
01:18:18Le premier album n'a pas bien fonctionné, c'était vraiment avec le deuxième
01:18:21Et notamment grâce au titre DJ qu'elle a réussi à faire un titre qui a fait le tour de la planète
01:18:28Et puis une femme qui parle d'elle et des problèmes de femmes finalement et des problèmes de filles
01:18:33Puisque c'est laisse-moi kiffer la vibes avec mon mec et des problèmes de jalousie entre filles
01:18:47Son succès et son personnage a fait que plein d'autres filles se sont reconnues
01:18:51Et c'est vrai que dans les concerts à la grande époque où ça fonctionnait,
01:18:54il y avait beaucoup de filles parce qu'elles se reconnaissaient en elles
01:19:04Résultat de l'effet Diam's, 200 000 albums vendus et une victoire de la musique
01:19:08Un exploit dans une période plutôt morose
01:19:10Mais la rappeuse ne s'arrête pas là
01:19:12Deux ans plus tard, elle récidive avec un nouvel album, Dans Ma Bulle
01:19:15Nouveau carton pour la pulpeuse rappeuse au flot assassin
01:19:18Près de 900 000 exemplaires vendus
01:19:24Voilà, la boulette c'était un peu l'hymne des filles de cette génération-là
01:19:28Une fille de 14 ans en survête qui va au collège ou au lycée etc
01:19:33Elle se reconnaissait là-dedans
01:19:42Je pense que Diam's est un des meilleurs rappeurs français de l'histoire
01:19:46Parce que si on dit une des meilleures rappeuses, il y en a eu trois et demi
01:19:48Donc forcément la compétition est un peu courte
01:19:51Mais en l'occurrence, devant un micro, c'était une tornade
01:20:01Mais je pense qu'elle était au niveau d'un Joey Starr ou d'un mec comme ça
01:20:06Sur scène, je pense qu'elle n'aurait pas été intimidée
01:20:14Mais le succès de Diam's est l'arbre qui cache la forêt
01:20:17En réalité, la fin des années 2000 est très dure pour l'industrie du disque en général
01:20:21Les rappeurs ne font pas exception
01:20:23L'explosion du téléchargement illégal fait des ravages
01:20:26Mais paradoxalement, c'est d'internet que va venir la solution du rap français
01:20:33Pour exister dans le rap, il ne faut pas juste sortir un CD à la fnac
01:20:36Ce n'est plus possible, il faut créer une communauté
01:20:38Maintenant à l'heure d'internet, il faut être présent, il faut être productif
01:20:41Il faut toujours balancer du contenu, des freestyles, des sketches
01:20:44Et Aurel San est peut-être celui qui comprend le mieux
01:20:58Internet permet de produire et diffuser sa musique à moindre coût
01:21:01Tout y est possible
01:21:02L'un des premiers rappeurs à jouer de cette communication massive et multiforme, c'est Aurel San
01:21:10C'est un pionnier d'utilisation de la vidéo et d'internet
01:21:12Avant lui, personne ne faisait des teasers, des trucs vidéos un peu marrants
01:21:16C'était complètement nouveau
01:21:28Il va sortir des clips qui ne coûtent pas forcément très cher
01:21:31Mais qui sont très originaux, très marrants
01:21:33Créer un personnage, se mettre en scène
01:21:43Aurel San est parfaitement emblématique de cette histoire
01:21:46D'abord, il n'est pas banlieusard
01:21:48Il n'est pas parisien
01:21:50Il est fils de classe moyenne au lieu d'être un habitant de cité désargenté
01:21:54Il raconte pas une vie de galérien qui vend du shit en bas des tours
01:21:58Il raconte sa petite vie de branleur blanc de classe moyenne
01:22:06Totalement en phase avec l'air du temps
01:22:08Aurel San a de nombreux atouts
01:22:10Un sens de la punchline et de l'autodérision
01:22:12Univers fantasques et provocants
01:22:14Un mix parfait entre la créativité sans limite du rap alternatif
01:22:17Et l'insolence viscérale du rap traditionnel
01:22:22Au début, le rap c'était essentiellement parisien ou marseillais
01:22:25Des grandes villes en tout cas
01:22:27Et là, le mec qui soit à Paris, à Reims ou à Trifouille-les-Oise
01:22:30C'est exactement pareil, il peut très bien mettre sa vidéo sur internet
01:22:33Dédicacé à tous ceux qui viennent des petits patelins
01:22:37Ces petits patelins paumés
01:22:39Pour qui personne n'a jamais rappé, même pas un flow
01:22:41D'où Marlie Gaumont qui est vraiment le truc inattendu
01:22:44Le rap de cambrousard qu'aurait jamais signé sur une maison de lits
01:22:47S'il n'avait pas mis son morceau sur internet
01:22:55Marlie Gaumont, un tube imprévisible de 2006 signé Camini
01:22:58Où l'histoire vraie d'un enfant d'origine congolaise
01:23:01Qui grandit dans un village de la France profonde
01:23:03Refusé par toutes les maisons de disques
01:23:05Le morceau trouve son salut sur internet
01:23:07380 000 exemplaires vendus
01:23:11C'est fini l'époque où un directeur artistique
01:23:13Dit je crois en ce groupe et je vais le développer pour en faire une star
01:23:16C'est le contraire, c'est des groupes qui déjà font leur preuve sur internet
01:23:20Et après vont être éventuellement développés
01:23:22Pour une nouvelle étape par les maisons de disques
01:23:24Mais quand ils ont déjà établi quelque chose
01:23:26Une fanbase, ils attendent qu'il y ait une validation de la rue
01:23:29Ou des clics sur internet
01:23:32L'utilisation des réseaux sociaux comme accélérateur de carrière
01:23:35Le choix gagnant d'un collectif parisien
01:23:37Qui va littéralement renverser le marché du disque
01:23:39Section d'assaut
01:23:45On est arrivé en même temps que Youtube
01:23:47Donc du coup on s'est servi de toutes ces choses là
01:23:50Pour balancer des freestyles, facecam
01:23:52Dans des chambres de bonne etc
01:23:54Donc vraiment nous on est arrivé en même temps
01:24:02On avait des rêves, et le rêve c'était
01:24:04On voulait être les meilleurs rappeurs de tout Paris
01:24:10Paris réussit pour la section d'assaut
01:24:12En 2010, l'album L'école des points vitaux
01:24:15S'écoule à 400 000 exemplaires
01:24:17Certifié disque de Diamant
01:24:20Section d'assaut ça marche parce qu'ils sont tout jeunes
01:24:22Parce qu'ils ont faim
01:24:24Section d'assaut c'est la dalle
01:24:26Quand t'as faim de rap
01:24:28Et que tu veux bouffer du micro
01:24:30Et ben ça donne le rap que nous a servi la section
01:24:50Derrière 3 ans de succès
01:24:52Puis le début des carrières solo
01:24:54Maître Gims d'abord, Black M ensuite
01:24:57Dans les débuts de la construction de mon album solo
01:24:59Ça fait très peur
01:25:01Mais après on y prend goût
01:25:03Je suis libre d'aller dans tous les sujets que je veux
01:25:05Y'en a ils me découvrent à travers mes morceaux
01:25:08Ma femme elle m'a déjà dit qu'elle me découvre à travers certains morceaux
01:25:11Parce que je me confie pas, parce que je parle pas beaucoup
01:25:19Une vie de route
01:25:21Sur ma route, oui
01:25:23J'en compte plus les soucis
01:25:25On est addict à la façon dont il rappe Black M
01:25:27C'est assez inédit
01:25:29On a envie d'en avoir plus
01:25:31On comprend tout dès la première écoute alors qu'il va super vite
01:25:33C'est top quand même
01:25:35On veut tous des tubes comme ça
01:25:37Comme Zinedine Zidane face à l'équipe du Brésil
01:25:39Ce soir tu me souris
01:25:41Même Monika Belluti
01:25:43Lui aussi est un orfèvre du tube mais surtout un highlander du rap
01:25:45Soprano
01:25:47L'enfant de Marseille lancé dans le grand bain de la musique à la fin des années 90
01:25:51Traverse les époques en enchaînant les succès
01:25:57Une longévité rare pour un artiste instinctif
01:25:59Qui sait capter les tendances sans jamais dénaturer son style
01:26:03Moi qui maintenant est beaucoup plus populaire
01:26:05Qui est peut-être beaucoup dans la pop-musique
01:26:07Je le vois, comment ils sont surpris
01:26:09Comment on fait notre promo
01:26:11Comment on utilise YouTube
01:26:13C'est parce qu'on utilise les moyens qu'on a
01:26:15On n'utilise pas les moyens qu'on nous donne
01:26:17C'est les moyens qu'on a et on est dans la débrouillardise
01:26:23Aujourd'hui il y a des artistes
01:26:25Qui n'ont besoin de personne
01:26:27Pas besoin d'interview, que YouTube
01:26:29Tu mets ta chanson, l'album il est là-bas
01:26:31Si tu veux nous voir de temps en temps
01:26:33Fais tes petits concerts dans des clubs
01:26:35Pourquoi ? Parce que c'est nous qu'on fait tout tout seul
01:26:37C'est nous qu'on fait notre propre promo
01:26:39C'est nous qu'on fait notre propre studio à la maison
01:26:41C'est nous qu'on fait notre propre son
01:26:43On m'appelle Lovny
01:26:47On m'appelle Lovny
01:26:49On m'appelle Lovny
01:26:51Jules c'est un gars dans le sud de la France
01:26:53Il a écouté du rap toute sa vie
01:26:55Et il est complètement passionné
01:26:57Il n'en peut plus, il est là avec ses petits claviers
01:26:59Ses trucs dans sa chambre, il a son petit micro
01:27:01Bim, bim, bim, bim
01:27:03Il fait trois notes, tu vois, il a des instrus hyper minimalistes
01:27:05Comme ça, il fait ce qu'il peut
01:27:07On m'appelle Lovny
01:27:09Et puis il passe derrière le mec, il enchaîne, il fait son rap
01:27:11Bien, son truc qui lui plaît
01:27:13Et hop, ça prend des millions de vues sur Youtube
01:27:15On m'appelle Lovny
01:27:17Je suis parti squat depuis le béton
01:27:19Que ça plaise ou non, Jules est un phénomène
01:27:21Sa voix trafiquée par la grâce d'une technique appelée auto-tune
01:27:23Touche le public
01:27:25Plébiscité sur internet
01:27:27Il est diffusé ensuite sur les radios jeunes
01:27:29Et enfonce le clou du succès
01:27:31Que ça m'y donne, même plus m'étonne
01:27:33Et si mon heure sonne, on pleure pas
01:27:35Ce qui est bien avec Jules, c'est que tu te rends compte
01:27:37Que tu peux, tout est possible
01:27:39Il faut croire qu'il y a toute une école
01:27:41Qui se greffe autour de ce phénomène
01:27:43Et c'est là où on se rend compte
01:27:45Que finalement, aujourd'hui, le rap
01:27:47Il commence par des vues Youtube
01:27:49Et donc voilà, on assiste à
01:27:51Des gens extrêmement libres
01:27:53Extrêmement bien équipés
01:27:55Des digital natives qui s'embanient
01:27:57Une caméra qui écoute du rock, du rap
01:27:59Il n'y a plus de frontière entre les styles
01:28:01Et donc on assiste à une espèce de formidable explosion
01:28:03De variété artistique
01:28:05Orelsan, 1995
01:28:07Section d'assaut, Jules
01:28:09Aucun doute, Internet est désormais
01:28:11Une formidable rampe de lancement
01:28:15Alors qu'elle sera la nouvelle star
01:28:17Révélée par les réseaux sociaux
01:28:19Quel artiste va rafler la mise
01:28:21Et entrer dans la légende du rap français ?
01:28:23En tout cas, dans la jungle luxuriante d'Internet
01:28:25Les plus créatifs marquent des points
01:28:29Et parfois, un simple délire entre potes
01:28:31Peut virer au phénomène
01:28:35On a fait le truc à 4 rappes
01:28:37Et il est venu d'un délire
01:28:39On a mis le morceau à Pizqueer
01:28:41Chez Kinnini
01:28:43On écoutait, on se filmait
01:28:45Je crois que j'étais sur Snap
01:28:47Et du coup, dès que le morceau termine
01:28:49Il y a l'instru qui continue encore
01:28:51Et là j'entends les percussions
01:28:53Un peu africaines
01:28:55Et là du coup, je me mets à
01:28:57Rapper dessus
01:28:59Qui veut de la moula
01:29:01En plus ta paire d'ETN
01:29:03Rassemble comme un boulaille
01:29:05Negros me voient la promesse
01:29:07Niquez, j'ai raqué mes poulets, arrêtez mes dulas
01:29:09J'ai dit attends, je vais faire une vidéo
01:29:11Il veut la mettre sur Facebook
01:29:13T'as même pas les 300 vues sur Youtube
01:29:15Même si tu fais ton feat avec Jessy
01:29:17Et la vidéo elle est partagée partout
01:29:19Là ça part à la base de 600 likes
01:29:21900 likes, 1000 likes, ça a grimpé à chaque fois
01:29:23J'ai mis sur Youtube
01:29:25Et là ça a grimpé
01:29:27En fait, comment je sais que ça allait marcher
01:29:29C'est que le clip, il a fait plus de vues
01:29:31C'est un truc que j'avais fait avec mon collectif
01:29:33Je me suis dit, c'est une dinguerie en fait
01:29:39Et après, dès que le clip s'est terminé
01:29:41Kabiraman il est parti
01:29:43Je suis rentré dans la cité, j'ai repris mon téléphone
01:29:45J'ai fait une deuxième vidéo
01:29:49Parce qu'en fait moi je me suis dit
01:29:51C'est une période où les gens ils veulent que t'ouvres
01:29:53Donc faut envoyer que du visuel
01:29:55Du coup j'ai envoyé la deuxième vidéo freestyle
01:29:57Les gens ils ont dit, c'est ça la partie 2
01:29:59Alors qu'à la base, c'était que un morceau, il n'y avait pas de partie
01:30:01Comme ils m'ont dit c'est la partie 2, j'ai dit ok
01:30:03J'ai fait la partie 2
01:30:05Encore des commentaires
01:30:07Vas-y on attend la partie 3
01:30:09J'ai fait Champions League
01:30:19Après c'est venu tout seul, j'ai fait 4, 5, 6
01:30:21J'ai dit vas-y un album alors
01:30:23Directement
01:30:29La puissance
01:30:31Grosse la puissance
01:30:33Dans une époque où tout va vite
01:30:35Internet s'affirme comme un véritable accélérateur de carrière
01:30:37C'est assez vite
01:30:39Entre faire tous les afrotraps
01:30:41Recevoir un appel de Black M
01:30:43Qui t'invite dans ton pays d'origine
01:30:45Pour faire un concert en première partie
01:30:47Et faire un morceau avec lui clipper là-bas
01:30:49Franchement c'était ouf
01:30:51C'était ouf
01:30:59Je trouve qu'il se passe de bonnes choses
01:31:01Il se passe de bonnes choses
01:31:03Et des choses qui sont vraiment intéressantes
01:31:05Quand tu regardes PNL
01:31:07C'est incroyable ce qu'il se passe
01:31:09Il y a encore des artistes
01:31:11Qui restent aussi dans un état d'urgence
01:31:13PNL pour moi c'est un groupe
01:31:15Qui est encore dans l'urgence
01:31:17Les paroles c'est d'une sévérité extrême
01:31:19PNL
01:31:21PNL
01:31:23L'un des derniers groupes
01:31:25C'est un groupe qui s'appelle
01:31:27PNL
01:31:29L'un des derniers phénomènes du moment
01:31:31Originaire d'Evry
01:31:33Le groupe cultive le mystère
01:31:35Et un groupe immodéré pour l'image
01:31:41La musique parle pour eux
01:31:43Ils ont un talent
01:31:47Et puis ils font pas de promo
01:31:49Mais ils font de la vidéo
01:31:57Oh la la
01:31:59Le délire d'aller dans des endroits improbables
01:32:01Pour faire des clips
01:32:03Qui aurait pensé qu'on paierait une note poche
01:32:05Pour aller faire des clips
01:32:09Les clips sont juste magnifiques
01:32:11T'as l'impression de regarder un film
01:32:13C'est tout un univers qu'ils proposent
01:32:15En plus ils respectent
01:32:17Leurs lignes de conduite
01:32:19Dans le sens où les mecs
01:32:21Pas d'interview, pas de télé
01:32:23J'en connais plus d'un qui aurait craqué
01:32:25Mais les mecs, voilà
01:32:27Ce soir et toute la semaine
01:32:29C'est le coup d'envoi de ce Planète Rap
01:32:31Alors un Planète Rap aussi particulier
01:32:33Puisque PNL n'accorde pas d'interview
01:32:35Pour le moment, ils préfèrent laisser parler leur musique
01:32:37Et au lieu de Ademo et de NOS
01:32:39Je suis en présence de Tito
01:32:41Si vous avez les images, il y a Tito
01:32:43C'est un petit singe trop mignon
01:32:45Qui est près de nous
01:32:47Qui va donc représenter le groupe ce soir
01:32:49Donc d'une manière assez discrète
01:32:51Un petit peu comme le groupe
01:32:53Un petit sourire au gardien
01:32:55Clip cinématographique
01:32:57Musique planante et texte écorché
01:32:59Le style PNL détonne
01:33:01Mais il cartonne
01:33:03Plus de 300 000 exemplaires vendus pour leur album au titre prophétique
01:33:05Dans la légende
01:33:07Plus rare, le groupe est aussi disque d'or aux Etats-Unis
01:33:09Un exploit
01:33:11Je me réveille, j'ai cette haine qui me pénètre
01:33:13Aujourd'hui les jeunes quand ils écoutent PNL
01:33:15Ils préfèrent mille fois ça
01:33:17À IAM et NTM
01:33:19Parce que leur peur, c'est pas possible
01:33:21C'était mieux avant, je sais pas si c'était mieux ou pas
01:33:23C'était différent en tout cas
01:33:25Et c'est ça qui est intéressant
01:33:27C'est qu'on continue d'appeler rap des choses qui sont très différentes
01:33:29Entre elles
01:33:31Mais c'est ce qui fait que cette musique-là
01:33:33C'est une musique majeure
01:33:35Une musique qu'ils réinventent en permanence
01:33:45L'autotune a permis aux rappeurs
01:33:47De chanter PNL à des mots
01:33:49Et sur un morceau qui s'appelle Mouli
01:33:51Il disait, moi je suis pas un rappeur, sans autotune je suis claqué
01:33:53Donc il explique clairement que lui
01:33:55Il se considère pas comme un bon rappeur
01:33:57Il fait autre chose
01:33:59À l'époque, c'est pas possible de dire ça
01:34:01Il fallait être le meilleur rappeur possible
01:34:03Si on savait pas rapper, on prenait pas le micro
01:34:07Alors on parle, le dernier morceau de Gouba DKR
01:34:09C'est pas un morceau de rap
01:34:11C'est un tube énorme, plébiscité
01:34:13Par tout le monde dans le milieu rap
01:34:15Mais c'est pas vraiment un morceau de rap
01:34:17C'est pas le quartier qui me quitte
01:34:19C'est moi je quitte le quartier
01:34:21J'ai maillé, maillé, maillé déjà
01:34:23J'ai pas baillé, baillé, fait des dégâts
01:34:25Désormais le rap se chante
01:34:27À comble
01:34:29Mais il en est ainsi de l'évolution d'un genre
01:34:31Qui a su sans cesse se renouveler
01:34:33Et s'adapter
01:34:35Donc il y a une espèce de libération des codes
01:34:37Formidable variété de types de discours
01:34:39De types de personnages même
01:34:41Qui rentrent dans le rap
01:34:43Il y a des types qui font du rap, on dirait pas des rappeurs
01:34:45En 90 il fallait le baguille, la casquette
01:34:53J'ai regardé les clips de Je La Connais d'SCH
01:34:55Qui est un single que je trouve super efficace
01:34:57On le voit dans le clip, il est avec
01:34:59Un gilet en cuir
01:35:01Sans manches, il a les cheveux longs
01:35:03Il a une gestuelle qui lui ressemble
01:35:05Et un pantalon assez moulant
01:35:07Triogénisons un auditeur de rap
01:35:09De 98
01:35:11Le rap en 98 c'est arsenic, affaires de famille
01:35:13L'école du micro d'argent vient de sortir
01:35:15Et on le réveille
01:35:17Aujourd'hui, 18 ans après
01:35:19Et on lui dit, les rappeurs qui cartonnent
01:35:21C'est SCH
01:35:23C'est PNL, c'est Jul
01:35:25C'est incroyable
01:35:27C'est pas possible, dans quel monde je suis tombé
01:35:35Le rap il est aujourd'hui
01:35:37Très divers, très éclaté
01:35:39Il touche des publics qui sont très différents
01:35:41Le public du rap dans les années 90
01:35:43C'était relativement monolithique
01:35:45Le public du rap aujourd'hui c'est aussi bien
01:35:47Votre petite soeur qui a 7 ans et qui écoute Maître Gims
01:35:53Ou votre beau-frère ou votre beau-père
01:35:55Qui réécoute des vieux disques d'IAM
01:35:57Ce sont des gens qui n'ont rien à voir ensemble
01:36:11A chaque époque ses leaders
01:36:13Mais pour tous, une seule bannière
01:36:15Le rap français
01:36:17Aujourd'hui, il y a des gens
01:36:19Qui ont 40 ans
01:36:2140, 50 ans
01:36:23Ils ont grandi avec le rap français
01:36:25Et ils le font vivre encore
01:36:27C'est la bande son d'une génération
01:36:29Et maintenant de plusieurs générations
01:36:35Tous les gamins écoutent du rap
01:36:37C'est devenu la musique numéro 1 écoutée par les français
01:36:41Pour moi, le rap français
01:36:43C'est la plus belle histoire de la musique
01:36:45Pourquoi ?
01:36:47Parce qu'on n'y croyait pas
01:36:49Parce qu'elle a su s'évoluer
01:36:51C'est comme le jazz
01:36:53Le jazz, quand c'est né
01:36:55Pour les parents, c'était la musique du diable
01:36:57Aujourd'hui, c'est quoi le jazz ?
01:36:59C'est Columbia Masterpiece Classics
01:37:01Tout le monde écoute John Coltrane
01:37:03En dînant avec ses amis
01:37:05C'est la musique de Jean-Bien
01:37:07On écoute ça au resto
01:37:09Mais le rap, c'est la musique de Jean-Bien
01:37:17Et qu'il soit d'hier ou d'aujourd'hui
01:37:19Le rap continue d'attirer les foules
01:37:21Dernier événement en date
01:37:23La reformation annoncée du Supreme MTM
01:37:25Le temps de 3 concerts à la Corotel Arena
01:37:27Pour écouler les 40 000 places en vente
01:37:29Il n'aura fallu que 9 minutes
01:37:31Normalement, c'est les Rolling Stones qui font ça
01:37:33C'était pas prévu
01:37:35Quand on m'a dit, tu vends 500 places d'un l'heure
01:37:37Je me suis dit, ça fait quoi comme vitesse ?
01:37:45L'enjeu réel, c'est pas reformation
01:37:47C'est pas tac
01:37:49C'est qu'effectivement
01:37:51Revival m'a proposé quelque chose
01:37:53C'est la bande-mère
01:37:55C'est la bande-mère
01:37:57C'est la bande-mère
01:37:59C'est la bande-mère
01:38:05C'est les trois
01:38:07C'est la bande-mère
01:38:09Ce sont les trois
01:38:13On ne s'elle elle
01:38:15C'est le vrai
01:38:19C'est la bande-mère
01:38:21C'est la bande-mère
01:38:23C'est le vrai
01:38:25C'est la bande-mère
01:38:27quelque part et c'est ce qui fait que la musique des jeunes c'est encore le rap
01:38:32ce qui est assez prodigieux quand même ça va faire ça fait plus de 20 ans que
01:38:35la musique numéro un chez les jeunes c'est le rap ça n'existe pas normalement
01:38:38le rap aurait dû se faire bouger par autre chose mais le rap s'est fait
01:38:40bouger par lui-même
01:38:52le rap c'est ce sera mieux demain le rap ce sera mieux demain ça j'en ai pas
01:38:57doute c'était bien avant bien sûr que c'était bien avant mais on est trop dans
01:39:00la nostalgie on ne les voit pas là où on passe à 30 ans le rap français n'est
01:39:04donc encore qu'un arbuste mais sa sève est puissante ses branches
01:39:08foisonnantes certainement parce que ses racines sont profondes un socle
01:39:12inébranlable qui lui assure un avenir radieux une destinée immortelle
01:39:27ton fils aime nos sons de macaque ta fille aime nos sons de macaque leurs
01:39:33potes aiment nos sons de macaque alors mange-toi du gros son de macaque
01:39:38c'est moi le macaque le hip hop et malade c'est moi c'est moi le macaque
01:39:48et voilà c'était 30 ans de succès la story du rap français bonne fête de la
01:39:53musique à tous et je vous dis à bientôt sur ces stars pour une nouvelle story
01:39:56Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org