Le consultant de la chaine L'Équipe, ancien international et champion d'Europe avec les Bleus en 2000, ne mâche pas ce mot au moment de porter son regard sur le jeu pratiqué par l'équipe de France dans cet Euro, en dépit des résultats obtenus.
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00:00Ah oui, mais je m'ennuie moi depuis un moment, pas que depuis hier soir, depuis un moment
00:16avec cette équipe.
00:17Alors après, à chaque fois on me remboit, oui, mais ça gagne, d'accord, mais j'ose
00:22imaginer qu'on pourrait gagner en jouant un petit peu mieux et un petit peu plus offensivement
00:29avec les joueurs qu'il y a sur le terrain, je pense que cette capacité, ils peuvent
00:32l'avoir.
00:33Donc j'ai l'impression qu'on leur demande d'abord de défendre et après éventuellement
00:37sur quelques coups d'attaquer et de faire mal à l'adversaire, mais pour moi, ce n'est
00:41pas suffisant par rapport à ce que j'attends quand je regarde un match de foot.
00:45Je me dis que si ce n'est pas l'équipe de France, je ne regarde pas, je regarde parce
00:48que c'est l'équipe de France, parce que c'est notre pays, mais j'ai envie de voir
00:51aussi une équipe de France qui, bien sûr, qui gagne, mais qui gagne avec le jeu, parce
00:55que moi, je ne suis même pas sûr, tu vois, aujourd'hui, on parle de 84, on parle de
00:5998-2000, surtout 2000 parce qu'il y a eu, en plus du spectacle, mais 98, c'est le premier
01:03titre mondial, mais parce qu'il y a eu du jeu aussi.
01:06Je ne sais pas si on se rappellera dans 20 ans, 30 ans de cette génération-là, en
01:10fait.
01:11Moi, j'ai vécu ça et j'ai eu la chance de le vivre et les gamins qui ont aujourd'hui
01:1410-15 ans, ils ont ça devant les yeux, je ne suis pas sûr qu'ils soient gagnants sur
01:19ce qu'ils voient.
01:20On parlera du palmarès, mais en même temps, à chaque fois, on rajoutera, mais qu'est-ce
01:25qu'on se faisait chier quand même quand on regardait ces matchs ?
01:32Moi, j'en veux un peu à tout le monde, parce que le coach, comme je t'ai dit, il donne
01:36des bases, mais après, je pense que, quoi, j'ose espérer qu'offensivement, il les laisse
01:40s'exprimer.
01:41Pour moi, la seule fois où on a joué offensivement en commun, c'est quand Benzema était là
01:45à l'Euro.
01:46C'est aussi la mentalité que tu donnes à l'équipe, alors, où il est très fort,
01:51je pense qu'il donne cette mentalité de vraiment jamais rien lâcher, de s'accrocher
01:56jusqu'au bout, que même si ce n'est pas terrible, on aura une opportunité, on aura
02:00une occasion.
02:01Donc, à chaque fois, c'est que tu transmets ce message aux joueurs et à l'équipe.
02:05Donc, après, quand tu joues sur le terrain, dans ta tête, inconsciemment, peut-être
02:10que tu en fais moins, tu essayes, quand tu fais la passe, de faire attention, si tu la
02:17perds, de ne pas être contrée, etc.
02:18Donc, il y a tout ça qui fait que, peut-être, les joueurs s'engagent moins, parce que
02:22quand tu les vois dans leur équipe respective, dans leur club, je trouve qu'il y a un peu
02:25plus de cohésion dans ce qu'ils font.
02:27Je trouve qu'on donne des ballons à des individualités qui cherchent à faire un
02:31exploit seul.
02:32Et je trouve que c'est un jeu minimaliste.
02:35L'Espagne a montré qu'on pouvait, avec un rythme dans les passes, un rythme quand
02:39on arrive à aller dans le 1 contre 1 avec plus de vitesse et plus d'intensité, on
02:44peut faire mal à l'adversaire, même s'il joue bas.
02:47Et je trouve que cette équipe de France met un rythme dans les matchs qui est assez
02:51long.
02:52Les seuls matchs où j'ai vu cette équipe un peu se révolter, se réveiller et mettre
02:56de la folie dans leur jeu, c'est quand ils étaient menés.
02:58Parce que quand ça reste à 0-0, ça reste presque un jeu d'échec et c'est trop ça
03:03pour moi.
03:04Je te le dis, je répète, il n'y a pas d'intensité, il n'y a pas de jeu, il n'y a pas de connexion
03:08entre les joueurs, seulement très, très peu.
03:10Tu vois, quand ils sont menés, tu vois, par exemple, là, même quand tu remontes à 2018
03:14de l'Argentine, quand tu es mené, il y a cette folie qui prend part dans le match
03:21et qui te donne...
03:22Voilà, là, tu t'en rappelles, tu te dis, putain, c'était extraordinaire, quoi.
03:32Quand on le dit, les gens ne comprennent pas, ils disent, mais putain, c'est notre
03:35pays, c'est la France.
03:36Mais quand on le disait de l'Italie ou de l'Allemagne à l'époque ou d'autres équipes
03:39qui ont pu gagner et s'ennuyer, on le disait, ça ne gênait personne.
03:43Là, c'est un peu comme tu dis, la même histoire, mais après, c'est notre pays, donc forcément,
03:46c'est difficile de l'entendre, peut-être.
03:48Et là, le fait que tu aies gagné, il y a tout qui passe, en fait.
03:51Et donc, c'est cette différence par rapport au résultat qui, voilà, qui me...
03:55Moi, je suis assez surpris de ça, quoi.
03:57Et là, on commence à dire, même les gens qui ont défendu longtemps des Champs, tu
04:01entends beaucoup dire ça, quoi.
04:03C'était un match moyen-moins et c'était...
04:06Au lieu de dire que c'était s'ennuyer, c'était minimaliste, mais on a fait le nécessaire,
04:11on a gagné.
04:12Et après, moi, je dis bravo aux joueurs et bravo à Deschamps, parce que Deschamps,
04:15avec cette capacité à jouer comme ça, il a réussi à mettre ça dans la tête à tout
04:20le monde, quoi, et à les amener dans cette idée-là.
04:23Et les joueurs, même si on a vu Griezmann avant l'Euro dire que c'est chiant à regarder,
04:29et je pense que même eux, sur le terrain, ça doit un peu les gonfler, mais ils le font.
04:34Le résultat ne me fait pas changer sur ce que je vois.
04:36Après, si en quart de finale, contre le Portugal, je vois un match où je me régale, ça joue
04:41vers l'avant, ça attaque, ça met de l'intensité, ça a de l'impact, qu'on se qualifie, je le
04:47dirais de la même manière.
04:48Je dirais, enfin, on voit une équipe qui nous donne envie de la regarder, de la soutenir.