Complément d'enquête - Patrick Drahi, l'homme qui devait 50 milliards du 20-06-2024

  • il y a 2 mois
L'émission "Complément d'enquête" du 20 juin 2024 s'est intéressée à Patrick Drahi, homme d'affaires franco-israélien et fondateur du groupe Altice. Voici les principaux points abordés dans ce reportage :

Le titre "L'homme qui devait 50 milliards" fait référence à l'importante dette accumulée par le groupe Altice sous la direction de Patrick Drahi.
L'enquête a probablement exploré la stratégie d'acquisition agressive de Drahi, qui a permis à Altice de croître rapidement mais a également généré une dette considérable.
Le reportage a vraisemblablement examiné l'empire médiatique de Drahi, qui comprend des chaînes comme BFM TV et RMC en France.
L'émission a sans doute abordé les controverses entourant les méthodes de gestion de Drahi, notamment les restructurations et les licenciements dans les entreprises acquises.
Le parcours de Patrick Drahi, de ses débuts modestes à sa position actuelle de milliardaire influent, a probablement été retracé.
L'impact des activités de Drahi sur le paysage des télécommunications et des médias en France et à l'international a vraisemblablement été analysé.
Les défis actuels auxquels fait face Altice, notamment la gestion de sa dette massive et les pressions réglementaires, ont probablement été discutés.

Cette émission de "Complément d'enquête" a donc offert un portrait approfondi de Patrick Drahi, mettant en lumière les succès, les controverses et les défis liés à son parcours d'entrepreneur et à la gestion de son empire médiatique et des télécommunications.
Transcript
00:00:00Emprunter des milliards, pour certains, c'est simple comme un coup de fil.
00:00:03J'ai mon banquier, je lui dis voilà, c'est 12 milliards, bon je rappelle, non c'est 13, bon ok, ça va relativement vite.
00:00:09Complément l'enquête sur un milliardaire à crédit.
00:00:11Patrick Drahi a fait sa fortune en empruntant tellement que sa dette astronomique fait désormais vaciller son empire.
00:00:30Bonsoir, de SFR à BFM TV, il engrange les sociétés en les rachetant à crédit.
00:00:40On vous raconte ce soir le parcours hors norme de Patrick Drahi.
00:00:43Ce fils de prof est devenu patron de presse et géant des télécoms avec une technique,
00:00:48faire payer les dettes par ses nouvelles entreprises et tailler dans les dépenses.
00:00:52Il nous coupait les ramettes de papier.
00:00:55On était obligés d'aller acheter nos ramettes de papier par exemple.
00:00:58Il y avait les bonbonnes d'eau, il y avait le café qui était offert.
00:01:01Je dis non, je vais couper le café.
00:01:03Avec son gros paltise qui cumule plus de 55 milliards d'euros de dette,
00:01:08Patrick Drahi aurait-il misé trop gros ?
00:01:10Désormais, ce ne sont plus les entreprises mais les ennuis qu'il collectionne.
00:01:14Contraint de se séparer de certains de ses joyaux, menacé d'un redressement fiscal en Suisse,
00:01:19voilà le nom de sa holding cité dans une affaire de corruption depuis l'arrestation de son fidèle bras droit.
00:01:24Monsieur Patrick Drahi a dit qu'il se sentait trahi.
00:01:27Comment est-ce que vous réagissez à ça ?
00:01:30Patrick, il dit ce qu'il veut.
00:01:31A partir du moment où on se dit trahi, ça veut dire que quelqu'un a fait quelque chose.
00:01:36C'est la justice qui le décidera et pas lui, moi ni lui.
00:01:39On a installé nos fauteuils rouges devant les locaux de BFM TV
00:01:42où on parlera tout à l'heure de ces milliardaires qui se partagent la presse française.
00:01:46Avec Laurent Joffrin, il a dirigé Libération sous Patrick Drahi
00:01:50avant de devenir un temps chroniqueur chez CNews, propriété de Vincent Bolloré.
00:01:54Le puissant actionnaire du groupe Canal est-il en train de tout faire
00:01:57pour essayer d'installer l'extrême droite au pouvoir ?
00:02:00On en discute juste après l'enquête de Guillaume Coudert, Baptiste Leigle et Haroldo Rox.
00:02:08À Paris, au siège de BFM TV, c'est la fin d'une époque.
00:02:15Ce jour-là, le propriétaire de celle qui se revendique première chaîne d'information de France
00:02:21fait son pot de départ.
00:02:23On l'aperçoit de dos sur la terrasse.
00:02:29Le voici, le milliardaire Patrick Drahi.
00:02:35Entouré de quelques VIP de la chaîne, comme Marc-Olivier Faugiel, le directeur général,
00:02:42ou les journalistes Apolline De Malherbe et Benjamin Duhamel.
00:02:47L'un des invités a accepté de nous raconter la teneur des discussions.
00:02:55Il était très détendu, il a beaucoup parlé.
00:03:02Il nous a dit que plusieurs milliardaires se sont montrés intéressés par BFM TV.
00:03:07Xavier Niel, Bernard Arnault, François Pinault.
00:03:11Mais Saadet a fait une belle offre et c'était le bon moment pour vendre.
00:03:18Rodolphe Saadet, un autre richissime homme d'affaires, patron de l'armateur CMA CGM.
00:03:30Lui était venu la veille visiter sa future acquisition.
00:03:35Il va débourser plus d'un milliard et demi d'euros pour acheter BFM et RMC.
00:03:42Cette vente, Patrick Drahi y serait acculé.
00:03:46Son groupe croule sous les têtes.
00:03:51À l'issue du cocktail...
00:03:53Monsieur Drahi, bonjour.
00:03:55Guillaume Coudert, je travaille pour France 2, complément d'enquête.
00:03:58Nous tentons de l'interroger.
00:04:00À ses côtés, Arthur Dreyfus, le patron de sa branche média.
00:04:04Comment est-ce que vous voyez la fin de votre aventure dans les médias en France ?
00:04:08Écoutez, j'ai des renforts, non ?
00:04:10Je vous remercie.
00:04:12Patrick Drahi a décliné toutes nos demandes d'interview.
00:04:16Il avait toujours affirmé qu'il ne se séparerait pas de son joyau, BFM.
00:04:22Pourquoi est-ce que vous avez finalement été...
00:04:25Vous aviez annoncé que vous ne vendriez pas vos médias.
00:04:27Pourquoi est-ce que finalement, vous l'avez fait ?
00:04:29Guillaume, on s'en était parlé.
00:04:32Arthur m'a dit que quoi qu'on dise, ça se retourne contre nous,
00:04:34donc on ne dit rien.
00:04:36C'est la nouvelle communication.
00:04:39Mais vous aviez dit, par exemple, que BFM n'était pas à vendre.
00:04:42Est-ce par rapport à...
00:04:44Est-ce que c'est en raison de la problématique de la dette du groupe
00:04:50que vous avez été contraint de vendre ?
00:04:52Patrick Drahi cède l'un de ses derniers médias en France.
00:05:05Une sortie presque en catimini pour ce grand patron en pleine tempête.
00:05:15Patrick Drahi, c'est l'histoire d'un homme d'affaires à l'ascension
00:05:19fulgurante qui risque aujourd'hui une chute brutale.
00:05:25Fils de prof, ce polytechnicien s'est fait milliardaire en construisant
00:05:30un mastodonte, le groupe Altis.
00:05:35Pourquoi c'est moi qui gagne ?
00:05:36C'est pas parce que je suis plus intelligent, c'est parce que c'est
00:05:38moi qui ai payé le plus cher.
00:05:40Il a de la suite dans les idées.
00:05:41Un entrepreneur, il va très vite dans la réflexion.
00:05:44Il est très fort dans les montages financiers.
00:05:47Né à Casablanca, arrivé en France adolescent, il séissait jusqu'au
00:05:53rang de sixième fortune du pays en rachetant le géant des télécoms,
00:05:59SFR, mais aussi des chaînes de télé et des journaux à coût
00:06:04de crédit astronomique.
00:06:08Chaque fois que j'ai emprunté, j'ai remboursé et j'ai développé.
00:06:11Et j'ai fait gagner de l'argent à tous les gens qui ont investi avec moi.
00:06:14Et bien, ça va relativement vite.
00:06:16Mais aujourd'hui, son empire est sous pression.
00:06:20Une aubaine pour ses rivaux milliardaires.
00:06:25On ne peut pas dire du mal d'un concurrent qui a la gentillesse de
00:06:28nous donner des abonnés, de nous permettre notre croissance.
00:06:29C'est pas très sympa pour lui, ça.
00:06:31Pourquoi c'est pas sympa ?
00:06:33Je suis le contraire, c'est quelqu'un de partageur, il nous envoie des abonnés.
00:06:36Victime d'un piratage informatique, Patrick Drahi a vu son train de vie
00:06:42exposé aux yeux de tous.
00:06:45Chagall, Salvador Dali, Picasso.
00:06:48Tableau de maître, villa luxueuse, jet privé, mais aussi optimisation fiscale.
00:06:57C'est avec des cabinets fiscalistes qui planchent en permanence sur tous
00:07:01les projets, les plus insignifiants pour optimiser.
00:07:06Dernier épisode, une enquête judiciaire sur un de ses proches.
00:07:11Son bras droit, Armando Pereira, est soupçonné de corruption.
00:07:16Patrick Drahi se dit trahi.
00:07:20Bonjour, Monsieur Pereira.
00:07:24Comment ce tycoon en est-il arrivé là ?
00:07:27Peut-il sauver son entreprise qui vacille ?
00:07:30Enquête sur un milliardaire dans la tourmente.
00:07:35Patrick Drahi est un homme discret.
00:07:46Il ne donne plus d'interviews depuis des années.
00:07:49Un certain silence règne autour de lui.
00:07:53Nous avons dû aller jusqu'à Lisbonne pour rencontrer un ancien partenaire,
00:07:58l'un des rares qui a accepté de témoigner.
00:08:01Marc Loffer est entrepreneur.
00:08:05Il connaît Patrick Drahi depuis plus de 20 ans.
00:08:08Ils étaient associés.
00:08:12Pourquoi est-ce que vous êtes resté en contact avec lui ?
00:08:14Parce que j'aime bien le mec.
00:08:16C'est ni un mentor ni un gourou, mais j'ai beaucoup d'estime,
00:08:20de l'amitié et ça fait longtemps.
00:08:23Marc Loffer l'a aidé à bâtir son empire médiatique.
00:08:26Devenir patron de presse, c'est souvent l'occasion
00:08:32de gagner en influence auprès des politiques.
00:08:36En 2014, Patrick Drahi crée la surprise avec un coup d'éclat,
00:08:42le rachat du quotidien de gauche Libération.
00:08:49Il ne voulait pas racheter, il voulait aider.
00:08:51Et moi, je lui ai dit, écoute, quitte à dépenser tout cet argent,
00:08:54autant racheter, il y a peut-être quelque chose à faire.
00:08:57Et à l'époque, il n'y avait pas beaucoup d'autres solutions.
00:08:59Sans ça, ça se précipitait encore vers un redressement judiciaire.
00:09:01Le fait que ce journal ait été sauvé, c'est grâce à nous,
00:09:05c'est grâce à lui.
00:09:09Un sauvetage désintéressé.
00:09:12C'est aussi la version que Patrick Drahi soutient lors d'une
00:09:16commission d'enquête sénatoriale sur la concentration des médias.
00:09:24J'ai sauvé Libération.
00:09:25Je ne me suis pas réveillé un matin en disant, tiens, je vais me
00:09:27mettre dans les journaux, sûrement pas.
00:09:28Cette entreprise avait besoin de 14 millions pour ne pas passer
00:09:32au tribunal de commerce, en faillite.
00:09:35Je ne savais même pas ce que j'allais en faire.
00:09:37Je savais que j'allais faire plaisir à mes parents,
00:09:39parce que mes parents, ils sont profs de maths.
00:09:41Ils étaient profs de maths, donc vous imaginez pour qui ils votaient.
00:09:45Une belle histoire, mais Patrick Drahi omet un petit détail
00:09:49qui a son importance.
00:09:51A l'occasion d'une réunion pour discuter du rachat de SFR,
00:09:57le président de l'époque, François Hollande, lui avait glissé
00:10:01quelques mots sur le quotidien.
00:10:03C'est même son cabinet qui nous le confirme par texto.
00:10:11Libération était en quasi disparition.
00:10:13François Hollande a profité du rendez vous pour évoquer que le
00:10:16journal était en difficulté et qu'il cherchait des solutions.
00:10:20Il avait parlé de la situation du journal à d'autres grands patrons.
00:10:24Cela lui semblait important pour le pluralisme de la presse,
00:10:28sans aucun lien avec toute autre question ou sujet.
00:10:32Patrick Drahi a dit qu'il allait s'informer.
00:10:38Laurent Joffrin s'apprête alors à prendre la tête de Libération.
00:10:43Il n'exclut pas que ce patron des télécoms avait à l'époque
00:10:46une petite idée derrière la tête.
00:10:49Selon lui, posséder un média ouvre beaucoup de portes.
00:10:55Patrick Drahi aurait été sensible aux petits mots qui auraient
00:10:59glissé François Hollande sur Libération.
00:11:03Je suppose, puisqu'il l'a racheté.
00:11:06Quand vous n'avez pas de journal, pas de média, vous téléphonez
00:11:09à l'Elysée pour demander un rendez vous, on vous fait lanterner
00:11:12pendant trois semaines. Quand vous avez un journal, vous avez
00:11:15le rendez vous dans les 24 heures.
00:11:16Donc, c'est quand même commun, d'autant plus qu'il était
00:11:19en négociation pour racheter les SFR, donc c'est important
00:11:22pour lui, en tout cas. Et donc, le fait d'être propriétaire
00:11:25de médias peut faciliter la discussion.
00:11:30Surtout s'il avait Bouygues en face de lui, alors à Bouygues,
00:11:32ils ont TF1. C'est l'arme atomique.
00:11:36C'est important d'avoir des bonnes relations avec les gens
00:11:39de l'exécutif. Donc, si on peut montrer qu'on n'est pas forcément
00:11:45tout le temps mercantile et qu'on peut aider, pourquoi pas?
00:11:48Donc, oui, c'était fait pour faire de l'image, notamment auprès
00:11:52des pouvoirs publics. Mais non, il n'y avait pas d'obligation.
00:11:53Il n'y avait aucune obligation d'acheter.
00:11:57Quand on fait des affaires, être patron de presse aurait-il
00:12:01un autre avantage? Celui de parfois ménager ses intérêts commerciaux.
00:12:08Le milliardaire, lui, a toujours affirmé ne jamais se mêler
00:12:12de journalisme.
00:12:15Et je n'interviens pas sur le contenu.
00:12:20Je ne leur parle pas. Vous demandez à M. Fogel, vous demandez
00:12:23à M. Berrou, vous demandez à M. Joffrin.
00:12:26Je ne leur parle pas de ce qu'ils publient ou de ce qu'ils vont
00:12:29publier. Une profession de foi qui ne convainc pas Emmanuel Paquette.
00:12:39Aujourd'hui, journaliste à l'Informer, un site financé par
00:12:43Xavier Niel, un milliardaire concurrent.
00:12:46Il affirme qu'en 2016, un article sur SFR lui aurait été refusé
00:12:51par sa hiérarchie quand il travaillait à L'Express, alors propriété
00:12:55de Patrick Drahi.
00:13:00Cet article s'interrogeait sur les liens entre une panne chez
00:13:04l'opérateur et le dysfonctionnement d'une application mobile
00:13:08censée alerter en cas d'attentat.
00:13:10J'avais proposé cet article et à la relecture, on m'a dit qu'on
00:13:17ne pouvait pas le passer sur le site Internet parce qu'en gros,
00:13:21il n'était pas suffisamment étayé et que SFR ne devait pas être
00:13:24responsable de ce qui s'était passé à cette époque.
00:13:27Et qu'est-ce que vous avez pensé de ça ?
00:13:29Pour moi, c'était une censure assez manifeste.
00:13:32On a eu des échanges assez houleux et finalement, le papier n'est pas passé.
00:13:36Le lendemain, le journal Le Monde, dont Xavier Niel est aussi
00:13:41actionnaire, publiera lui cet article sur le même incident.
00:13:47J'étais le premier concerné ou quasiment le seul concerné puisque
00:13:50j'étais le seul à écrire sur les télécoms et à chaque fois,
00:13:52j'ai eu quelques sujets concernant des articles que je voulais
00:13:55faire concernant SFR ou le groupe Altice ou Patrick Drahi plus
00:13:58largement. Quand il y avait une dépêche AFP, on reprenait la
00:14:01dépêche AFP sur le site, mais c'est tout, rien de plus.
00:14:06Le directeur de L'Express, à ce moment-là, c'est Christophe Barbier.
00:14:11Nous l'avons joint par téléphone.
00:14:13Il dément.
00:14:16J'ai pas du tout de souvenirs de ça.
00:14:17On censurait pas les papiers.
00:14:20Emmanuel, parce qu'on avait été racheté par Drahi ou se soit
00:14:24précipité pour faire un papier SFR de manière un peu provocatrice,
00:14:27à l'étreinte près de lui, il était assez insolent comme ça et assez
00:14:31provocateur, ce qui faisait par ailleurs son charme aussi.
00:14:33J'ai jamais eu la moindre intervention de Patrick Drahi et la moindre demande.
00:14:38Contacté, un autre dirigeant s'en défend lui aussi.
00:14:42Mais certains journalistes évoquaient une forme d'auto-censure
00:14:45sur les sujets touchant au business de Patrick Drahi.
00:14:52À présent, une information à destination de nos téléspectateurs.
00:14:55On a cette information à vous donner si vous êtes abonné à l'opérateur Free.
00:15:00Sachez que Free ne diffuse plus BFM TV, RMC Découverte et RMC Story.
00:15:06En 2019, c'est le traitement sur BFM TV d'un litige entre la chaîne
00:15:11et l'opérateur Free, dirigé par Xavier Niel, qui soulève quelques interrogations.
00:15:19En raison d'un conflit commercial, Free arrête de diffuser BFM et RMC sur ses box.
00:15:26Les chaînes de Patrick Drahi réagissent alors immédiatement,
00:15:31comme le relève l'émission quotidien.
00:15:37Le jour de la coupure, les journalistes lisent un communiqué à l'antenne.
00:15:41Évidemment, les téléspectateurs plaident de la cause de BFM TV.
00:15:44J'avais aussi Garance ou Vivienne qui dit Vivianne, qui dit je suis abonné à Free.
00:15:48Ce matin, pas de Bourdin direct, ni de GG sur RMC.
00:15:51Vous allez me manquer.
00:15:52Et écoute la solution proposée par Jean-Jacques Bourdin.
00:15:55Oui, il faut changer d'abonné et d'opérateur.
00:15:57Nos chaînes représentent aussi cette solution.
00:16:01Le patron de Free se fend, lui, d'une tribune aux vitrioles dans les échos.
00:16:08Free, du fait de la communication mensongère et trompeuse diffusée sur BFM TV,
00:16:14a perdu et perdra des abonnés, sans doute au profit de SFR,
00:16:18l'actionnaire ultime de la chaîne.
00:16:21Xavier Niel finira par saisir la justice qui interdit fin au 2019
00:16:29à toutes les chaînes du groupe de parler du litige sur leurs antennes.
00:16:35Une décision qui sera affirmée neuf mois plus tard.
00:16:40En avril dernier, nous profitons de son audition à l'Assemblée nationale
00:16:45pour questionner le grand rival de Patrick Drahi sur cette guérilla commerciale.
00:16:50Il se veut aujourd'hui plus mesuré.
00:16:53Vous êtes France 2, France 2.
00:16:54En 2019, vous aviez écrit à une tribune.
00:16:58Vous aviez bien un problème avec l'entraînement éditorial sur ce point précis,
00:17:01qui était l'économique.
00:17:05Est-ce à dire que M. Drahi est un peu chatouillé sur ce qui est dit sur ses antennes,
00:17:09sur son business ?
00:17:10Je ne sais pas si c'est M. Drahi, c'est peut-être la chaîne elle-même, non ?
00:17:13Parce que là, on parlait de la chaîne elle-même,
00:17:14donc c'était peut-être les dirigeants de la chaîne et pas directement M. Drahi.
00:17:17Vous ne pensez pas que c'est lui ?
00:17:19Je ne sais pas vous dire, je n'étais pas dans son bureau et je n'étais pas avec lui.
00:17:23Alain Veil, président d'Altice France.
00:17:24Bonsoir Alain Veil.
00:17:26À l'époque, le grand manitou des médias de Patrick Drahi,
00:17:30c'est son complice Alain Veil, qui est aussi patron de SFR.
00:17:34C'est toujours un très grand plaisir d'inaugurer une chaîne.
00:17:37Je me souviens de l'inauguration de BFM TV.
00:17:39Et si au bout du fil, lui reconnaît bien quelques ingérences de son actionnaire,
00:17:44cela concerne des sujets, disons, plus terre à terre.
00:17:49Il y avait une bagarre, donc tout le monde se battait avec ses armes.
00:17:54Alors, je peux vous dire que sur l'indépendance éditoriale,
00:17:57il n'y a jamais eu de sujet entre SFR et BFM.
00:18:01Patrick Drahi, une fois, il m'a appelé puisque le présentateur de la météo,
00:18:04le week-end, avait une cravate qui était moche.
00:18:07Mais il n'a jamais été interventionniste, jamais.
00:18:11Aucune ingérence et pourtant, récemment,
00:18:17l'une des rédactions de son groupe s'est inquiétée de la ligne éditoriale
00:18:21fixée par ses dirigeants.
00:18:24En Israël, l'état de choc est total.
00:18:26C'est un réveil en cauchemar.
00:18:28C'était à l'automne dernier à BFM TV.
00:18:32Selon plusieurs témoignages de journalistes,
00:18:35la direction n'aurait pas accordé assez de place à l'antenne,
00:18:38à la situation à Gaza.
00:18:40C'était difficile de parler des victimes civiles à Gaza
00:18:47les premiers jours.
00:18:48La direction voulait que l'on parle avant tout des victimes israéliennes.
00:18:56Les plateaux étaient trop à sens unique.
00:18:58Il fallait aussi inviter des humanitaires, des universitaires,
00:19:02pas seulement des porte-parole de TSAHAL et des journalistes israéliens.
00:19:11En cause, notamment, la collaboration entre BFM et I24 News,
00:19:20un autre média du groupe de Patrick Drahi.
00:19:28Cette chaîne, basée en Israël, va fournir des plateaux et des duplex
00:19:33pour BFM TV, juste après les massacres du 7 octobre.
00:19:38Relayant, dans l'émotion, une fausse information sur des bébés décapités.
00:19:48On parle d'enfants, de femmes à qui on a coupé la tête.
00:19:53On parle de dizaines de morts ici, non seulement ici.
00:19:57Face au malaise de la rédaction de BFM,
00:20:00le sujet est abordé lors d'une réunion d'urgence le 6 novembre.
00:20:05Nous nous sommes procurés la retranscription des échanges.
00:20:09Marc-Olivier Faugiel se défend face aux journalistes.
00:20:14Il n'y a aucune consigne pour dire on ne traite pas Gaza à l'antenne.
00:20:18Il y a des choix, mais aucune consigne.
00:20:22Drahi m'a appelé une seule fois depuis le début du conflit
00:20:25pour prendre des nouvelles des équipes sur place.
00:20:29Nous avons sollicité le patron des médias de Patrick Drahi.
00:20:34Lui aussi réfute toute intervention de qui que ce soit.
00:20:38Je peux vous garantir que je m'assure tous les jours
00:20:41auprès du management et dans le respect de l'indépendance des rédactions,
00:20:46que l'excellence et l'équilibre sont au cœur de tous les choix
00:20:50faits sur les médias du groupe.
00:20:54Quant à la chaîne E24 News,
00:20:57c'est désormais l'un des derniers médias possédés par Patrick Drahi.
00:21:01Un projet qui lui tient à cœur,
00:21:03comme il l'explique lui-même dans cette vidéo institutionnelle.
00:21:08Il l'a fondée en 2013.
00:21:13Quand je suis arrivé en Israël,
00:21:15il n'y avait pas de chaîne d'information indépendante et impartiale
00:21:17pour traiter de la région.
00:21:19Donc, c'est la mission de E24,
00:21:21couvrir l'actualité du Moyen-Orient
00:21:23et principalement ce qui se passe en Israël.
00:21:26En Israël, sa chaîne rencontre un écho favorable
00:21:30auprès de certains responsables politiques.
00:21:35C'est une photo de moi et Macron à l'Elysée.
00:21:39Et ici avec Trump et Netanyahou.
00:21:42Patrick Drahi a notamment rencontré Ayub Kara,
00:21:46ancien ministre des Communications,
00:21:49un proche de Benyamin Netanyahou.
00:21:56J'ai voyagé avec lui.
00:21:58Je suis un des seuls à avoir accompagné Netanyahou
00:22:01dans tous ses déplacements.
00:22:05Selon l'ancien ministre,
00:22:07avec sa chaîne,
00:22:08Patrick Drahi contribue à soutenir l'État hébreu.
00:22:19Patrick, à mon avis,
00:22:21contrairement à ce que beaucoup de gens disent,
00:22:23n'est ni de droite ni de gauche.
00:22:25Il ne se positionne pas comme ça.
00:22:29Ce qui est certain, c'est qu'il aime Israël.
00:22:31Je pense que c'est sur cela qu'il veut se concentrer.
00:22:36Avoir une chaîne qui diffuse une image positive d'Israël,
00:22:41ça fait de lui une personnalité reconnue
00:22:44sans avoir besoin de faire de la politique.
00:22:56Si le patron de presse s'est toujours fait discret,
00:22:59Patrick Drahi, le chef d'entreprise,
00:23:02semble fier de sa success-story.
00:23:06Il n'y a pas de problème, il n'y a que des solutions.
00:23:09L'une des rares interviews qu'il n'ait jamais accordées
00:23:12revient d'ailleurs sur son parcours de jeune entrepreneur
00:23:15devenu géant mondial du câble et des télécoms
00:23:18en empruntant les milliards qu'il n'avait pas encore.
00:23:22C'était en 2009.
00:23:25C'était le début de sa carrière en 2016.
00:23:27Dans le câble, l'investissement le plus important,
00:23:30c'est celui qui consiste à ouvrir les trottoirs,
00:23:33à tirer des conduites et à mettre dans ces conduites des câbles.
00:23:35Des centaines de millions et des milliards d'euros.
00:23:39Et des années de travail.
00:23:40Moi, cet argent, je l'avais pas.
00:23:42J'avais un prêt étudiant de 50 000 francs.
00:23:44Avec ça, j'allais pas loin, j'étais terminé à la fin du mois.
00:23:47J'ai bien été obligé de m'associer à des gens qui avaient l'argent.
00:23:51Pour réussir,
00:23:52Patrick Drahi applique toujours la même technique.
00:23:56Il rachète des entreprises en les endettant.
00:23:59Leurs bénéfices doivent rembourser le crédit.
00:24:03On appelle cela un LBO,
00:24:06ou rachat par effet de levier.
00:24:10A l'époque, ce banquier d'affaires
00:24:13est impressionné par l'habileté du chef d'entreprise.
00:24:16Il conseille au groupe Vivendi
00:24:19de vendre numériquable à Patrick Drahi
00:24:21déjà un gros coup.
00:24:25Il a vite compris quelles étaient les règles du jeu d'un LBO
00:24:29et comment utiliser ces règles du jeu
00:24:32pour négocier au mieux ses acquisitions
00:24:35et créer un groupe aussi performant que possible.
00:24:37Sa stratégie, c'était de consolider le marché français,
00:24:40de devenir le seul opérateur de câbles.
00:24:43Donc, il a foncé, tout simplement.
00:24:45Il a saisi une opportunité de marché.
00:24:47Et en un laps de temps très, très court,
00:24:50il est devenu le câble opérateur français
00:24:53en maîtrisant 99,5 % du marché.
00:25:00L'entrepreneur est aussi un visionnaire.
00:25:03Pour distribuer, en plus de la télé, Internet et le téléphone,
00:25:08il mise très tôt sur la fibre optique.
00:25:14C'est génial !
00:25:16Un jour, il m'a dit de se promener avec un câble électrique.
00:25:18C'était de la fibre optique.
00:25:20Il m'a dit qu'il n'y avait pas mieux que la vitesse de la lumière.
00:25:24Un jour, on sera au 440, etc.
00:25:27Donc, il y avait une vraie vision, une vraie volonté.
00:25:30Au printemps 2014, enfin, c'est la consécration.
00:25:36L'homme d'affaires va accomplir un tour de force.
00:25:41Contre Bercy, qui lui préférait son concurrent Bouygues,
00:25:45il s'apprête à racheter, toujours à crédit,
00:25:48le géant SFR avec sa société numéricable.
00:25:52Nous allons créer ici un champion national,
00:25:55un champion européen, en associant 2 entreprises magnifiques.
00:26:00Tout réussit à Patrick Drahi.
00:26:03En 3 ans, il passe de la 447e
00:26:06à la 6e place des plus grandes fortunes françaises,
00:26:10selon le magazine Challenge.
00:26:12On se bouscule pour lui prêter de l'argent.
00:26:16Ca me prend 5 minutes au téléphone.
00:26:18J'ai mon banquier, je lui dis que c'est 12 milliards.
00:26:20Je rappelle, non, c'est 13. Non, c'est 14.
00:26:23Ca prend à chaque fois. C'est pas si simple que ça.
00:26:26Il y a 40 banques dans le monde entier.
00:26:27Ca va relativement vite. Et comme ils ont confiance en moi,
00:26:30parce qu'ils me connaissent depuis 1995,
00:26:33et qu'à chaque fois que j'ai emprunté, j'ai remboursé et j'ai développé,
00:26:36et j'ai fait gagner de l'argent à tous les gens qui ont investi avec moi,
00:26:38ça va relativement vite.
00:26:40Les banques le suivent parce qu'elles ont confiance en lui.
00:26:42Elles savent qu'il a une méthode
00:26:44pour améliorer la rentabilité des entreprises qu'il rachète,
00:26:47qu'il fait une analyse assez fouillée des marchés qu'il investit
00:26:51et que, en tout cas, jusqu'à récemment,
00:26:56il ne semblait pas faire beaucoup d'erreurs.
00:27:00Avec son groupe Altice,
00:27:02Patrick Drahi dirige désormais un empire mondial du câble et des télécoms.
00:27:08Présent en France,
00:27:10avec SFR,
00:27:122e opérateur du pays,
00:27:15en Israël,
00:27:17au Portugal,
00:27:18en République dominicaine
00:27:21ou encore aux Etats-Unis.
00:27:24Mais c'est un colosse aux pieds d'argile
00:27:28qui cumule plus de 50 milliards d'euros de dettes.
00:27:31...
00:27:41Pour rembourser ses créanciers, Patrick Drahi n'a pas le choix.
00:27:45Ses entreprises doivent gagner de l'argent,
00:27:48alors le patron veille à chaque dépense.
00:27:53C'est en tout cas ce que raconte cette ancienne syndicaliste.
00:27:57Aujourd'hui en procès avec SFR,
00:27:59après y avoir travaillé 20 ans,
00:28:02dans ce bâtiment occupé aujourd'hui par la SNCF.
00:28:09Là, on est au siège de SFR à l'époque,
00:28:12donc l'accueil,
00:28:14et juste derrière, là, on avait les étages de la direction.
00:28:18Elle y a rencontré Patrick Drahi, tout juste propriétaire.
00:28:23Pendant la réunion, selon elle, il donne le ton.
00:28:29Après nous avoir dit bonjour, il voit le rétroprojecteur allumé
00:28:33et il dit pourquoi le rétroprojecteur est allumé.
00:28:35Éteignez-moi, car c'est moi qui paye l'électricité.
00:28:38Et là, il nous montre son téléphone, qui avait une coque rouge,
00:28:42et il dit, regardez, je suis aux couleurs de SFR.
00:28:45Mais il rajoute, ce téléphone-là, je me le suis acheté tout seul.
00:28:50Ce n'est pas la société qui me l'a payé.
00:28:52Ca sous-entend que...
00:28:54on va faire des économies.
00:28:57Lors d'une audition devant les députés,
00:29:00Patrick Drahi assume le plan d'économie imposé à SFR
00:29:05avec des mots qui heurtent certains salariés.
00:29:11En fait, SFR...
00:29:15C'était la fille à papa.
00:29:17En gros.
00:29:19C'est-à-dire qu'elle dépensait, elle achetait des choses,
00:29:22elle passait la journée en vie,
00:29:24elle dépensait de l'argent,
00:29:26et la maison mère payait rubis sur ongle,
00:29:29sans regarder les dépenses de la jeune princesse.
00:29:33Sauf que le papa, il a changé.
00:29:35Et ma fille, elle ne fait pas comme ça.
00:29:38Étant donné qu'on était la fille à papa, très gâtée,
00:29:41il fallait couper tous nos moyens.
00:29:44Il ne nous coupait pas la carte bleue,
00:29:46mais les ramettes de papier.
00:29:48On était obligés d'aller acheter nos ramettes de papier.
00:29:52On avait des voitures de fonction, pour certains,
00:29:55en fonction de leurs responsabilités.
00:29:57On disait qu'on allait tous passer sur des Clio.
00:30:00Il y avait les bonbonnes d'eau, le café.
00:30:03On disait qu'on allait couper le café.
00:30:05Enfin, je vais vous le faire payer.
00:30:08SFR a aussi tardé à payer des centaines de fournisseurs,
00:30:12au point d'être sanctionné d'une amende record
00:30:15par la répression des fraudes,
00:30:173,7 millions d'euros en 2019.
00:30:20L'entreprise aurait même mis des coups de pression
00:30:23pour négocier des ramettes,
00:30:26comme en témoigne anonymement un ancien sous-traitant.
00:30:29-"Ils nous ont demandé 30 % de réduction.
00:30:32On a refusé, alors ils ont arrêté de nous payer.
00:30:35Ils voulaient qu'on accepte de baisser les prix
00:30:38pour débloquer l'argent qu'ils nous devaient.
00:30:41A cause de ces méthodes,
00:30:42des petites boîtes peuvent mettre la clé sous la porte."
00:30:47Et pour assurer la rentabilité de SFR,
00:30:50Patrick Drahi taille massivement dans les effectifs.
00:30:55-"En actualité, ce soir, un plan social d'envergure chez SFR.
00:30:59Les syndicats parlent de 5 000 emplois supprimés.
00:31:02C'est ce qu'a réévoqué la direction lors d'une réunion interne.
00:31:06Les salariés dénoncent la méthode du nouveau patron, Patrick Drahi."
00:31:09Pas de licenciement, mais des départs volontaires.
00:31:13Deux vagues en 5 jours,
00:31:14deux vagues en 5 ans.
00:31:16Sous Patrick Drahi,
00:31:18SFR perd près de la moitié de ses salariés,
00:31:21passant de 15 000 à environ 8 000 postes.
00:31:24-"Pardon, excusez-moi, on n'a pas le moral."
00:31:27-"Pourquoi ?" -"On est dégoûtés."
00:31:29-"Ca va tomber sur nous, ça va pas tomber sur nous, on s'en doutait."
00:31:33-"C'est comme ça."
00:31:34Le 2e plan de départ, surtout, en 2021, est mal vécu.
00:31:40La majorité des syndicats s'élèvent contre lui.
00:31:45Selon leur avocat, le milliardaire est allé trop loin.
00:31:48Chiffre d'affaires, abonnés...
00:31:52Après des années difficiles, SFR est alors à nouveau en croissance.
00:31:56-"10 000 balles..."
00:31:58Il n'y a pas de motifs économiques.
00:32:00On sent plus que c'est une décision liée à des impératifs financiers
00:32:04plutôt qu'à des impératifs économiques qui concernent SFR.
00:32:08-"Quel serait ces impératifs financiers ?"
00:32:10-"Le refinancement de salaire, je pense."
00:32:12-"L'obtenir des nouvelles lignes de crédit pour acheter d'autres entreprises."
00:32:18-"C'est ce qu'on appelle vulgairement les licenciements boursiers.
00:32:22C'est, en gros, pour juste avoir de la marge supplémentaire
00:32:26et pour obtenir plus d'argent du marché."
00:32:30La direction d'Altice n'a pas souhaité nous répondre
00:32:34sur la gestion des coûts au sein de SFR.
00:32:43Si, dans ses affaires, Patrick Drahi est très économe,
00:32:47il semble l'être beaucoup moins quant à son train de vie.
00:32:51Comme à Niéves-Est, dans les Caraïbes,
00:32:55une petite île dont il a aussi la nationalité
00:32:58et où il possède une somptueuse villa.
00:33:05L'année dernière, nous sommes partis sur ses traces
00:33:09dans ce paradis pour ultra-riches.
00:33:12Notre guide,
00:33:14Alexi Jeffers, ancien vice-premier ministre de l'île.
00:33:25-"De ce que je sais, Patrick Drahi vit quelques mois par an ici.
00:33:30Je crois que les gens comme lui aiment venir à Niéves
00:33:35parce qu'ils peuvent s'immerger dans la vie de l'île
00:33:38sans être remarqués."
00:33:43Mais à Niéves, il y a un détail qui le chiffonne.
00:33:49La piste de l'aéroport est trop courte
00:33:52pour pouvoir venir en toute sécurité
00:33:56avec son jet privé, le Global 7500.
00:34:00Alors, avec les autorités locales,
00:34:03il aimerait s'adapter à la vie de l'île
00:34:06et, grâce à ses autorités locales, il aimerait la rallonger.
00:34:11-"Drahi veut son jet ici."
00:34:14-"Il est trop gros, c'est ça, le problème ?"
00:34:17-"Oui, il est trop gros.
00:34:19Il prendrait trop de place, là, sur le tarmac."
00:34:23Un petit plaisir à plus de 20 millions d'euros
00:34:26qu'il compte financer lui-même, mais pas sans contrepartie.
00:34:31En échange, il réclame d'encaisser 70 % des revenus
00:34:35et 70 % des recettes de l'aéroport
00:34:38jusqu'à être remboursé de son investissement.
00:34:42Et aussi d'être exempté de TVA et de droit de douane pendant 10 ans.
00:34:49Selon Alexis Jeffers, c'est bien normal.
00:34:57-"Je sais que dans d'autres pays,
00:35:00les taxes et les impôts sont un sujet très sensible.
00:35:03Mais ici, à Nieves,
00:35:05nous devons faire des concessions pour attirer les investisseurs.
00:35:10Je veux être clair,
00:35:13M. Drahi n'a rien obtenu de plus
00:35:16que ce que nous ferions pour d'autres investisseurs."
00:35:20Musique douce
00:35:23Depuis notre tournage,
00:35:25difficile de savoir si Patrick Drahi a maintenu ce projet.
00:35:29Contacté, ni l'homme d'affaires,
00:35:31ni le gouvernement de Nieves n'ont souhaité commenter.
00:35:43Cette vie de rêve dans les Caraïbes,
00:35:46Patrick Drahi n'en a jamais fait étalage.
00:35:49Elle a été dévoilée
00:35:51à la suite d'un vaste piratage informatique
00:35:54qui va exposer tous les petits secrets du milliardaire.
00:35:599 août 2022,
00:36:01coup de tonnerre dans son état-major.
00:36:04Des hackers russes viennent de voler sur les serveurs du groupe Altice
00:36:09des centaines de milliers de documents confidentiels.
00:36:12Les malfaiteurs laissent ce message.
00:36:29Parmi ces données,
00:36:31des mails, des factures, des contrats
00:36:34relatifs aux affaires de Patrick Drahi,
00:36:37mais aussi à sa vie privée.
00:36:39Les pirates exigent une rançon.
00:36:42Nous avons pu consulter certains de leurs échanges
00:36:45avec le négociateur du groupe Altice.
00:36:48-"Nous pouvons accepter un montant de 5,5 millions de dollars
00:36:52et nous conservons les documents comme une garantie.
00:36:56Nous sommes toujours ouverts à des négociations constructives.
00:37:00Faites-nous une offre.
00:37:02Si elle est correcte, nous trouverons un accord."
00:37:06Patrick Drahi refuse de payer.
00:37:08Les pirates publient sur Internet
00:37:10ces centaines de milliers de données
00:37:13qui décrivent notamment
00:37:15des schémas d'optimisation fiscale au bénéfice du milliardaire.
00:37:19En France, ce journaliste est le premier à exploiter les documents.
00:37:24Il en a tiré une série d'articles
00:37:26pour le site d'investigation Reflet
00:37:28et un procès gagné face au milliardaire.
00:37:32Selon lui, les informations dévoilées
00:37:35étaient d'intérêt général.
00:37:42Les pirates ne sont pas les seuls
00:37:45à s'exprimer sur Internet.
00:37:48Il y a des gens dans son staff qui ne font que ça.
00:37:51A tel point qu'il y en a un
00:37:53qui publie chaque année
00:37:56une espèce de pavé
00:37:58dans lequel il y a des fiches P.I.
00:38:01Chaque P.I. a les pour et le contre sur le plan fiscal.
00:38:06C'est un monopoli géant à l'échelle de la planète.
00:38:09L'Etat a décidé de taxer tel ou tel truc.
00:38:12Voyons si on ne peut pas faire la même chose.
00:38:15Voyons si on ne peut pas fermer cette entreprise
00:38:19en rouvrir une autre dans un autre pays plus accueillant
00:38:22et transférer les richesses de l'entreprise ailleurs.
00:38:25Il n'y a pas de frontière.
00:38:28Exemples avec ses oeuvres d'art.
00:38:31Les documents révèlent
00:38:33qu'il possède une collection exceptionnelle.
00:38:45Des dizaines de tableaux de maître.
00:38:49Au départ, ces tableaux,
00:38:51il les détient à travers une société.
00:38:54BIFOR, enregistrée au Luxembourg.
00:38:58Selon ces documents,
00:39:00la fiscalité va se durcir.
00:39:02Il leur faut une nouvelle terre d'accueil.
00:39:06Comme indiqué dans le mail d'un collaborateur,
00:39:09Patrick Drahi préfère une offshore.
00:39:12Concrètement, une nouvelle société est créée
00:39:15au nom d'un de ses enfants à Saint-Vincent-et-les-Grenadines,
00:39:19une île des Caraïbes où il n'y a quasi aucun impôt.
00:39:23BIFOR va céder ses oeuvres à cette nouvelle société,
00:39:27Forever.
00:39:30Au passage, lors de cette opération,
00:39:33ses équipes envisagent de rabaisser la valeur de certains tableaux.
00:39:37Ce Picasso passe ainsi de 27 millions d'euros
00:39:41à un peu plus de 24 millions.
00:39:47Il y a une grosse réflexion sur la valeur à afficher,
00:39:52puisqu'il va y avoir des impôts à payer.
00:39:55Moins la valeur est importante, mieux ça vaut.
00:39:58On a des échanges de mail où on voit
00:40:02qu'ils redéfinissent du jour au lendemain
00:40:05la valeur d'un tableau à la baisse,
00:40:08parce que ça permet de faire des économies.
00:40:11Mais l'homme d'affaires
00:40:15aurait-il franchi une ligne rouge ?
00:40:22En Suisse, son pays de résidence fiscale,
00:40:25il est menacé de redressement.
00:40:29L'administration de Genève lui reproche
00:40:32d'avoir menti sur le canton où il habite pour payer moins d'impôts.
00:40:38Ce député du PS suisse se bat contre ces pratiques.
00:40:42Il nous conduit dans la ville de Cologne.
00:40:46Il y a 25 ans, c'est ici que Patrick Drahis
00:40:49s'est installé avec sa famille.
00:40:52On l'appelle la colline des milliardaires.
00:40:56On a une vue assez exceptionnelle sur le lac Léman.
00:41:00On a un confort que beaucoup ont envie.
00:41:03C'est un monde dans un monde.
00:41:06Les gens viennent assez peu souvent ici.
00:41:10Derrière ces murs et ces haies bien taillées
00:41:13se trouvent des énormes fortunes en toute discrétion.
00:41:17Mais en 2005, alors que son épouse reste vivre à Cologne,
00:41:23Patrick Drahis déclare avoir déménagé.
00:41:30Selon lui, après une étape dans un canton voisin,
00:41:34depuis 2011, il vivrait ici, à Zermatt,
00:41:37où il paie moins d'impôts qu'au bord du lac Léman.
00:41:41En changeant sa domiciliation,
00:41:45le milliardaire a également déclaré au fisc de Genève
00:41:49s'être séparé de sa femme.
00:41:52Problème, le fisc ne croit pas à cette séparation.
00:41:57Donc il ne croit pas non plus que Patrick Drahis habite seul à Zermatt
00:42:01et non à Cologne en famille.
00:42:04Car depuis, sa femme et lui se sont mariés religieusement.
00:42:08Ils sont vus ensemble lors de cérémonies publiques.
00:42:14Et dans cette biographie parue en 2017,
00:42:17l'ogre des networks,
00:42:20il donne l'impression à l'autrice d'un couple soudé.
00:42:24Le couple affiche une belle solidité après plus de 30 ans de mariage.
00:42:28A regarder Patrick Drahis poser ses yeux sur sa femme
00:42:31par un après-midi ensoleillé à Tel Aviv,
00:42:34c'est sans doute une grande histoire d'amour
00:42:38qui a commencé par un coup de foudre.
00:42:41Nous avons échangé avec un ancien employé de la famille
00:42:45et plusieurs personnes qui ont rencontré Patrick Drahis et sa femme.
00:42:50Ils doutent également de la séparation.
00:42:53Il y a beaucoup de photos d'eux ensemble dans le chalet.
00:42:57Les employés parlent d'elle en disant
00:43:00« madame » ou « sa femme ».
00:43:04Ils avaient l'air ensemble, un couple uni.
00:43:07Ils n'ont jamais parlé de séparation.
00:43:10Contactés, les avocats de Patrick Drahis
00:43:14n'ont pas souhaité nous répondre sur ce dossier.
00:43:17Ils multiplient les recours
00:43:20et ont assuré dans la presse
00:43:23que Patrick Drahis acquit toujours des impôts
00:43:26dont il est redevable.
00:43:29Pour le député suisse,
00:43:31s'il a déclaré un domicile fictif, l'homme d'affaires doit payer.
00:43:35On ne va pas plaindre les personnes
00:43:39qui utilisent des subterfuges pour se soustraire à l'impôt.
00:43:43Ils doivent être rattrapés par la patrouille.
00:43:46C'est un cas emblématique.
00:43:49L'administration fiscale mène le combat
00:43:52et fait une enquête fiscale rétroactive.
00:43:55C'est rare en Suisse.
00:43:57On aime la discrétion, on aime attirer ses grandes fortunes.
00:44:02C'est assez rare que ce genre d'affaires sorte.
00:44:05Sollicité sur toutes ces questions liées à l'impôt,
00:44:08Patrick Drahis n'a pas donné suite.
00:44:12Mais il s'était déjà exprimé sur le sujet
00:44:15face au sénateur en 2016.
00:44:18...
00:44:20Quelqu'un qui habite n'importe où dans le monde
00:44:24et qui, sur la base des lois fiscales du pays,
00:44:27optimise sa fiscalité, c'est malin.
00:44:30Je ne pense pas qu'il y ait quelqu'un qui,
00:44:34quand il remplit sa déclaration d'impôt,
00:44:37essaie de payer plus que ce qu'il a à payer.
00:44:40Peut-être s'il veut souscrire au fan club.
00:44:44Le milliardaire traverse une tempête de plus.
00:44:47Son groupe est éclaboussé par un scandale de corruption
00:44:50et d'impôt.
00:44:53...
00:44:57...
00:45:00Tout commence dans ce village au nord du Portugal.
00:45:03C'est là que réside, dans cette villa,
00:45:06son bras droit de toujours pour les télécoms.
00:45:10L'homme d'affaires, Armando Pereira.
00:45:13Alors, quand, le 13 juillet dernier,
00:45:16il est interpellé par la police portugaise,
00:45:20le choc ébranle toute l'entreprise.
00:45:23...
00:45:26Les dirigeants de l'entreprise ont subi des dizaines de perquisitions
00:45:31dans tout le pays. Les autorités étaient au domicile d'Armando Pereira.
00:45:35Mis en examen, son hélicoptère et ses voitures saisies,
00:45:38Armando Pereira est accusé d'avoir participé
00:45:41à un système de corruption.
00:45:45Il est soupçonné d'avoir privilégié certains prestataires
00:45:48en échange d'argent,
00:45:51au détriment du groupe Altisso Portugal.
00:45:55...
00:45:58Selon des documents judiciaires que nous avons consultés,
00:46:01les contrats qui auraient été illégalement attribués
00:46:05représentent d'énormes sommes.
00:46:08La facturation des principales sociétés ayant atteint,
00:46:11pour la période 2017-2022, le volume total
00:46:14d'environ 660 millions d'euros.
00:46:18...
00:46:21Le groupe Altis s'est porté parti civil,
00:46:24mais cette affaire qui touche l'un de ses plus proches collaborateurs
00:46:28met Patrick Drahi dans une position délicate.
00:46:31Aurait-il pu ignorer ces malversations présumées ?
00:46:34Lors d'une réunion avec des analystes financiers
00:46:38en août dernier, il lâche son ancien bras droit.
00:46:41...
00:46:44Et assure découvrir ses agissements
00:46:48comme en témoigne cette captation de La Réunion.
00:46:51...
00:47:12Mais Armando Pereira n'est pas un simple collègue,
00:47:15comme le dit Patrick Drahi.
00:47:19Lorsque Le Mania célèbre l'entrée d'Altis à Wall Street,
00:47:22en 2017, l'homme d'affaires portugais est là,
00:47:25à ses côtés, avec le reste de l'Etat-major.
00:47:28C'est un partenaire de longue date,
00:47:32un associé.
00:47:34Dans ses statuts déposés au Luxembourg,
00:47:37il apparaît en 2002 comme l'un des fondateurs
00:47:41du groupe du milliardaire, dont il affirme,
00:47:44d'être encore actionnaire.
00:47:47En coulisses, d'une main d'acier,
00:47:50c'est lui qui dirige SFR, où il fait valser les cadres.
00:47:54...
00:48:00Dans cette vidéo, lors d'un séminaire de commerciaux,
00:48:03on le voit énumérer le nom des directeurs renvoyés.
00:48:06...
00:48:10Ca n'a pas fonctionné non plus.
00:48:13Et puis le dernier, Jean-Pierre...
00:48:16...
00:48:19Je pense que c'était le pire qu'on ait pu avoir.
00:48:23...
00:48:26J'ai découvert quelque chose très rapidement,
00:48:29mais je pense qu'il n'était pas sensé dans ce qu'il faisait.
00:48:33L'Operera était là dès le début, dès la fondation du groupe.
00:48:36Oui, oui.
00:48:38C'est une amitié professionnelle, une complicité,
00:48:41et une association qui a duré très longtemps.
00:48:45Les décisions sont prises par Patrick Drahi,
00:48:48et celui qui les réalise, c'est Armando Pereira.
00:48:51Ils étaient vraiment en binôme.
00:48:55On les voyait avancer comme d'un seul homme.
00:48:58Malgré ces liens, des amis et anciens collaborateurs
00:49:01de Patrick Drahi affirment qu'il est tombé des nues.
00:49:05...
00:49:08Patrick, on peut dire tout ce qu'on veut.
00:49:11On ne peut pas dire tout ce qu'on veut, mais il ne ment jamais.
00:49:14Le seul problème qu'il a, c'est qu'il est sentimental
00:49:18et qu'il a confiance, et quand il a confiance en quelqu'un,
00:49:21il a vraiment confiance. Je pense qu'il s'est fait avoir.
00:49:24Je pense qu'il est meurtri, meurtri très violemment.
00:49:28...
00:49:31Selon notre enquête, il y aurait pourtant eu des alertes.
00:49:34...
00:49:38Même en France, où l'affaire pourrait s'étendre.
00:49:41Les fournisseurs portugais mis en cause
00:49:44travaillaient aussi pour SFR.
00:49:47Selon les salariés que nous avons contactés,
00:49:51leur proximité avec le bras droit du patron n'était pas un mystère.
00:49:54Et les syndicats s'en inquiétaient.
00:49:57CPV, deux comités d'entreprise que nous nous sommes procurés
00:50:01en témoignent.
00:50:04En 2020.
00:50:08...
00:50:11En 2021.
00:50:15Armando Pereira décide de tout s'agissant de la sous-traitance.
00:50:18...
00:50:21Ou encore en 2022.
00:50:24En cas de problème avec ces fournisseurs externes,
00:50:28mais manifestement très proches de certains dirigeants,
00:50:31il est simplement demandé aux salariés de les consigner par écrit.
00:50:34L'une des sociétés prestataires au coeur de l'enquête portugaise,
00:50:37Tyrion, avait même attiré l'attention
00:50:41de ce journaliste dès 2018.
00:50:44Dans le cadre d'un article sur le management de SFR,
00:50:47il avait interrogé la direction du groupe de Patrick Drahi
00:50:51sur des soupçons de conflits d'intérêts.
00:50:54...
00:50:57...
00:51:00Je leur demande si Tyrion est lié à Armando Pereira
00:51:04et on me dit que c'est absolument pas le cas.
00:51:07Il y a un démenti formel. Je peux retrouver la phrase exacte.
00:51:10C'est absolument faux. Rechercher le meilleur rapport qualité-prix
00:51:14doit-il nécessairement susciter la suspicion ?
00:51:17Rétrospectivement, alors que toute cette affaire a éclaté au Portugal,
00:51:20qu'est-ce que vous pensez de cette réponse ?
00:51:24Je peux juste prendre acte du fait que c'est la réponse qui a été faite
00:51:27à ce moment-là. C'est pas la seule question
00:51:30posée en ce sens, puisque déjà, des salariés et des syndicats
00:51:33ont posé la question de potentiels liens.
00:51:37...
00:51:40La justice portugaise soupçonne Armando Pereira
00:51:43d'avoir bénéficié des largesses de Tyrion.
00:51:47Ce prestataire n'a pas souhaité répondre à nos questions.
00:51:50Suite à l'éclatement de l'affaire,
00:51:53la direction d'Altice a tenu à mettre les choses au point
00:51:56face aux représentants du personnel, selon ses documents internes.
00:52:00...
00:52:03Que les choses soient claires, à aucun moment une alerte
00:52:06sur le caractère potentiellement frauduleux de ces agissements
00:52:09n'a été émise. Les instances ont pu avoir des questionnements,
00:52:13ce qui est bien normal, mais ce n'est pas la même chose
00:52:16de remettre en cause des décisions que de mettre en avant
00:52:19des agissements frauduleux.
00:52:23Nous sommes allés sonner à la porte de l'ancien bras droit
00:52:26...
00:52:29En vain. Mais au téléphone, surprise...
00:52:33...
00:52:36Il décroche.
00:52:39C'est la 1re fois qu'il s'exprime depuis son arrestation.
00:52:43Il nie toutes les accusations.
00:52:46Il ne sait pas que nous enregistrons.
00:52:49...
00:52:52...
00:53:23...
00:53:27...
00:53:53...
00:53:57Questionné sur cette affaire, le groupe Altice nous indique
00:54:00par mail être considéré par les autorités judiciaires
00:54:03portugaises comme victime de ces agissements frauduleux
00:54:07et entreprendre toutes les démarches judiciaires
00:54:10pour faire valoir ses droits.
00:54:13...
00:54:16En septembre dernier, le parquet national financier
00:54:19retourne une enquête préliminaire pour corruption
00:54:23concernant les activités d'Altice en France cette fois-ci.
00:54:26...
00:54:29...
00:54:33...
00:54:36En attendant, Patrick Drahi est au pied du mur.
00:54:39Il doit rembourser une montagne de dettes.
00:54:4324 milliards rien que pour Altice France,
00:54:46comme nous l'explique ce journaliste spécialiste des télécoms.
00:54:49...
00:54:52On voit bien le mur de la dette qui approche.
00:54:56Pour 2027, il faudra rembourser 5,8 milliards d'euros.
00:54:59Surtout en 2028, il faudra encore rembourser quasiment 10 milliards.
00:55:02...
00:55:06C'est assez simple. S'il n'arrive pas à rembourser ses créanciers,
00:55:09il risque de perdre son groupe.
00:55:12C'est un peu comme quand une personne achète un appartement.
00:55:15La banque devient propriétaire de l'appartement.
00:55:19...
00:55:22En mars dernier, le milliardaire a engagé un bras de fer avec ses créanciers.
00:55:25S'il n'accepte pas de lui faire une ristourne,
00:55:29il bloquera l'argent tiré de la vente de ses entreprises,
00:55:32comme BFM TV.
00:55:35Un passage en force très mal perçu, selon l'un des avocats des prêteurs,
00:55:39qui a accepté de nous parler anonymement.
00:55:42...
00:55:45Ca a fait l'effet d'une bombe, car personne ne s'y attendait.
00:55:48C'est pour mettre la pression sur les créanciers en leur disant,
00:55:51si vous ne voulez pas avoir un deal avec moi, vous n'aurez pas grand-chose.
00:55:55C'est de la négociation. Le type sait ce qu'il fait,
00:55:58il est très brillant, même si ça ne veut pas dire que ça va marcher.
00:56:01...
00:56:05Qu'est-ce que ça dit de lui, ce rebondissement ?
00:56:08C'est quelqu'un qui n'a pas peur,
00:56:11c'est même quelqu'un qui se nourrit du combat,
00:56:14qui a une capacité à aller dans la négociation,
00:56:18aller jusqu'au bout, être prêt peut-être à chuter,
00:56:21et puis hop, trouver la petite astuce au dernier moment
00:56:24qui lui permet de reprendre l'équilibre.
00:56:28Lui-même est persuadé qu'il s'en sortira,
00:56:31qu'il va trouver la solution.
00:56:34Ces négociations tendues face à des créanciers en colère
00:56:38pourraient durer des mois.
00:56:42Le dernier coup de poker du milliardaire.
00:56:45...
00:56:48On est de retour devant les locaux d'Altice,
00:56:52Laurent Geoffrin, bonsoir.
00:56:54Vous avez dirigé Libération sous Patrick Drahi.
00:56:57Vous avez été chroniqueur chez CNews, propriété de Vincent Bolloré.
00:57:01Vous êtes bien placé pour parler de l'indépendance ou non
00:57:04de la presse des milliardaires.
00:57:06Patrick Drahi, Vincent Bolloré, c'est la même chose ?
00:57:10C'est-à-dire ?
00:57:12Drahi n'intervient pas.
00:57:14Peut-être qu'il s'est intervenu deux fois.
00:57:18A Libé, en tout cas, zéro. A Libé, c'est impossible d'intervenir.
00:57:21On a des statuts, une charte, une tradition.
00:57:24Peu importe le milliardaire qui possède le journal,
00:57:28c'est sur les statuts des journalistes.
00:57:31Si c'est Bolloré, de toute façon, il vire tout le monde, il en met d'autres.
00:57:34Ces garanties-là ne fonctionnent pas avec quelqu'un comme Bolloré.
00:57:37Si la rédaction est unie derrière cette idée d'indépendance
00:57:41et si vous avez un directeur de rédaction
00:57:44qui a d'abord ces idées-là,
00:57:47qui résistera si jamais il y a une pression,
00:57:51et si vous avez des institutions intérieures,
00:57:54là, ça va, vous êtes assez armé.
00:57:56Il n'y a pas des sujets sur lesquels il est plus chatouilleux ?
00:58:00Sur le conflit israélo-palestinien,
00:58:03il pouvait y avoir des soupçons de pression
00:58:06au sein de la rédaction ?
00:58:08Je ne l'ai pas vécu à Libé.
00:58:11Il y a quand même eu un épisode qui avait été relayé
00:58:14dans un livre de nos confrères Amaury Drosh-Gond et Richard Senejew,
00:58:17qui expliquait que cette tribune de Meir Habib,
00:58:21député Les Républicains, très proche de Benjamin Netanyahou,
00:58:24du gouvernement israélien,
00:58:27aurait été imposée par Patrick Drahi en vous court-circuitant.
00:58:31C'est ce qui est écrit dans leur livre.
00:58:34Mais je ne savais pas très bien, je dois être franc,
00:58:37à l'époque, je n'avais pas fait d'enquête sur Meir Habib.
00:58:40Une tribune pro-israélienne dans Libé, c'est normal.
00:58:44Il n'est pas très sur la ligne de libération, Meir Habib.
00:58:47Vous n'avez pas demandé de la passer, cette tribune ?
00:58:50Il ne vous en a pas parlé du tout. Pourquoi ils ont écrit ça ?
00:58:54Je n'en sais rien.
00:58:56Aucune intervention de Patrick Drahi là-dessus ?
00:58:59Je ne crois pas.
00:59:01Peut-être que j'ai oublié, mais je ne crois pas.
00:59:05En dehors de l'indépendance éditoriale,
00:59:08quel genre de patron de presse est-il ?
00:59:11On n'avait pas affaire à lui souvent. Il venait de temps en temps.
00:59:14Il passait dire bonjour.
00:59:18Moi, il me disait les comptes.
00:59:21Avant, on ne gagnait pas beaucoup d'argent.
00:59:24Je lui disais que cette année, on va quand même perdre.
00:59:28Il me regarde et me dit...
00:59:31Ça dépend comment on compte.
00:59:34Est-ce qu'il serrait plus les vis que les autres actionnaires ?
00:59:37Non. Il a sauvé Libération. C'est un fait.
00:59:41Il a sauvé Libération pour faire plaisir à François Hollande ?
00:59:44Quand on regarde notre enquête ce soir ?
00:59:47Libération soit s'effondrer,
00:59:51soit tomber sous la coupe de quelqu'un d'autre.
00:59:54Hollande s'est dit qu'il vaut mieux que quelqu'un d'autre.
00:59:57Ça pouvait être Niel.
01:00:00Il était possédé par le même propriétaire
01:00:04qui n'était pas de gauche.
01:00:07C'est normal qu'un président de la République
01:00:10suggère à un milliardaire de racheter un média ?
01:00:14En l'occurrence, c'était assez justifié.
01:00:17Il valait mieux avoir drahi que d'autres.
01:00:20Ça ne vous choque pas ?
01:00:24C'est normal qu'un président suggère ce type de rachat d'un journal
01:00:27qui est censé être indépendant ?
01:00:30Non, je n'en sais rien.
01:00:33Mais c'est normal que le président s'occupe du pluralisme.
01:00:37Ça me paraît légitime.
01:00:40Vous avez connu un autre actionnaire, Vincent Bolloré.
01:00:43Vous avez passé plusieurs saisons à l'heure des pros,
01:00:47et ce n'était pas toujours facile pour vous.
01:00:50C'est insupportable.
01:00:53Je ne suis pas d'accord avec vous.
01:00:56Les gens qui ne sont pas d'accord avec vous sont insupportables.
01:01:00Il ne faut pas les inviter.
01:01:03Vous m'insultez.
01:01:06C'est honteux de dire ça.
01:01:09Quand on n'est pas d'accord avec vous, on est un assassin.
01:01:13C'est honteux de dire ça.
01:01:16C'est l'extrême droite.
01:01:19Est-ce que je dis qu'on n'avait pas le droit ?
01:01:23Je dis qu'il est d'extrême droite.
01:01:26Il est au Rassemblement national.
01:01:29C'est l'extrême droite.
01:01:33Ça vous fait rire ?
01:01:36J'étais tout seul devant 3-4 personnes qui n'étaient pas d'accord avec moi.
01:01:39Parfois, c'est désagréable. Parfois, on se fait malmener.
01:01:42Parfois, on a suffisamment de répartis pour réagir bien.
01:01:46Mais ce n'est pas toujours le cas.
01:01:49Vous étiez la caution de gauche.
01:01:52Est-ce que vous étiez l'idiot utile de CNews ?
01:01:56Utile, ça dépend pour qui.
01:01:59Telle que je l'ai vécu,
01:02:02je me voyais comme celui qui contredisait,
01:02:06qui était là pour les gêner, les embêter,
01:02:09les mettre devant leur contradiction.
01:02:12J'ai constaté, quand j'allais dans la rue,
01:02:16qu'il y avait des gens qui venaient me voir
01:02:19en me disant qu'heureusement qu'ils étaient là.
01:02:22Vous avez des regrets d'avoir participé à tous ces débats ?
01:02:25Non, je me suis battu. Je me suis dit qu'il fallait se battre.
01:02:29Si vous ne croyez pas à l'argumentation,
01:02:32il ne faut pas aller dans les débats.
01:02:35On a pu faire preuve de naïveté, d'indulgence.
01:02:39On a l'impression que certains ne l'ont pas vu venir.
01:02:42Quand on a vu l'évolution de CNews, c'était très clair.
01:02:45Je l'ai vu. Au début, ce n'était pas comme ça, Pro.
01:02:49Au début, c'était une émission plus pluraliste.
01:02:52Plus ouverte.
01:02:55Au fil des semaines, des mois, des années,
01:02:58c'est devenu de plus en plus resserré.
01:03:02Il y avait un projet politique qui se dessinait ?
01:03:05On le sent. Il ne vous empêche pas de parler.
01:03:08Ils sont très courtois.
01:03:12Mais il a toujours prêché pour l'union des droites.
01:03:15Tous les jours, il faisait un édito
01:03:18en début d'émission pour lancer la conversation.
01:03:22A chaque fois, il disait que c'était absurde.
01:03:25Pourquoi y a-t-il d'un côté le Rassemblement national
01:03:28et de l'autre le LR ? Ils pensent la même chose.
01:03:32Tous ces gens-là pensent comme le RPR des années 70.
01:03:35C'est un argument classique de l'extrême droite.
01:03:38Il dit ça depuis toujours. C'est l'idée de Bolloré aussi.
01:03:41C'est lui qui est derrière tout ça ?
01:03:45C'est un orchestre. Vous avez une chaîne de télé,
01:03:48une radio, un journal. C'est comme s'il y avait
01:03:51une grosse caisse. Et puis, il y a une partition.
01:03:55Il y a un chef d'orchestre. C'est Bolloré.
01:03:58Il est en train d'installer l'extrême droite au pouvoir ?
01:04:01Il y contribue, c'est sûr.
01:04:04Si ça se produit, j'espère que non.
01:04:07Il y a une autre émission du groupe Bolloré
01:04:10qui joue un rôle en ce moment dans cette élection
01:04:13et dans cette union des droites. C'est TPMP,
01:04:17animée par Cyril Hanouna. C'était la semaine dernière.
01:04:21C'est plus important que les sujets internes.
01:04:24C'est vous qui faites l'union des droites.
01:04:27C'est parfait.
01:04:29On entend Sarah Knafo, du Parti Reconquête,
01:04:32qui est invitée à laisser un message à Jordane Bardella
01:04:35pour que tous les partis de droite et d'extrême droite se rennent.
01:04:39On s'est rencontrés quand on avait 17 ans.
01:04:42Tous les deux, on vient de Seine-Saint-Denis.
01:04:45C'est normal de diffuser ça à la télévision ?
01:04:49La télévision est libre ?
01:04:52On doit critiquer ce genre de choses,
01:04:56mais je ne vois pas le problème de principe.
01:04:59A moins que l'ARCOM décide que ça sort d'émission
01:05:02un parti à ces chaînes-là, mais ce n'est pas une chaîne d'info.
01:05:06Il y a des obligations de neutralité politique.
01:05:09Ils ont été condamnés plusieurs fois.
01:05:12S'ils sortent de leurs obligations, ils sont condamnés.
01:05:15L'ARCOM, c'est vrai, est à l'épicentre
01:05:19de l'union de toutes les droites dures.
01:05:22C'est l'épicentre.
01:05:25Au début, c'était pour Zemmour.
01:05:29Vous aviez sur les chaînes Bolloré, Zemmour partout.
01:05:32Dès qu'il bougeait le petit doigt, il y avait 20 minutes de reportage.
01:05:35Je caricature un peu, mais c'était un peu ça.
01:05:38Après, c'était plus Le Pen. Ça lui est égal, Bolloré.
01:05:42Ce qui compte, c'est que ses idées soient poussées en avant.
01:05:45Il y a quelques mois, l'association Reporters sans frontières
01:05:48et Christophe Deloir, qui nous a malheureusement quittés
01:05:51il y a quelques jours,
01:05:55avaient obtenu du Conseil d'Etat une décision
01:05:58qui oblige l'ARCOM à prendre tout un tas de mesures
01:06:01pour comptabiliser le temps de parole des chroniqueurs,
01:06:05des animateurs et des invités, comme on le fait
01:06:08pour les hommes et les femmes politiques.
01:06:11Le problème est réel.
01:06:15Ce contrat stipule qu'elles doivent contribuer au pluralisme.
01:06:19Et si elles ne le respectent pas,
01:06:22c'est un problème. Il faut que ça change.
01:06:25Chez CNews, quand cette décision a été obtenue,
01:06:29on a hurlé à la censure.
01:06:32C'est pas une censure, c'est un vrai problème.
01:06:35Si vous avez une chaîne qui ne respecte pas ses obligations légales,
01:06:39c'est un problème.
01:06:42Est-ce qu'il y a un danger en France
01:06:46d'avoir une presse majoritairement détenue par des milliardaires ?
01:06:49Bien sûr qu'il y a un danger.
01:06:52Pourquoi c'est comme ça ?
01:06:56C'est parce que les journaux et les médias en général,
01:06:59écrits et numériques,
01:07:02ne sont pas rentables. Ils perdent tous de l'argent.
01:07:06Donc tous ont été obligés de faire appel à des investisseurs.
01:07:09Et donc à des gens qui avaient beaucoup d'argent, des milliardaires.
01:07:12La plupart des journaux français sont la propriété de milliardaires.
01:07:15Ça n'est pas sain, évidemment.
01:07:19Donc il faut que le gouvernement change la loi
01:07:22pour donner plus d'autonomie aux rédactions
01:07:25et pour faire en sorte que la nomination du directeur de la rédaction
01:07:29soit une oeuvre commune des actionnaires et de l'équipe.
01:07:32C'est possible ?
01:07:35C'est comme ça que ça marche à l'IB et à l'Observateur.
01:07:38Je connais un peu le sujet.
01:07:42Ça marche au Monde, à la Croix.
01:07:45Ce sont les journalistes qui valident ou non le patron de la rédaction ?
01:07:48L'actionnaire propose et la rédaction a un droit de veto.
01:07:52Ce n'est pas la rédaction qui propose.
01:07:55Il faut qu'il y ait un équilibre des pouvoirs.
01:07:58Il faut qu'il y ait une culture de l'indépendance dans ces rédactions.
01:08:02Il ne faut pas que ce soit des gens qui se disent
01:08:05que c'est un métier important, le journalisme.
01:08:08C'est souvent l'entreprise privée où on exerce un ministère public.
01:08:12En ce moment, certains candidats parlent
01:08:15d'un projet de privatisation des services publics.
01:08:18Ce serait une bonne idée ?
01:08:22Allons-y. Déjà qu'il est milliardaire dans les 3 quarts des médias.
01:08:25Bravo. C'est bien l'extrême droite.
01:08:28Ils se sont mis dans la tête que le service public était de parti pris.
01:08:32Évidemment, le service public n'est pas d'extrême droite.
01:08:35Ils considèrent que tout ce qui n'est pas d'extrême droite
01:08:38c'est de parti pris. Donc ils veulent privatiser.
01:08:41C'est ça, l'idée.
01:08:43S'ils viennent au pouvoir, ils pourraient mettre en oeuvre cette mesure ?
01:08:46Rien ne les empêchera de le faire.
01:08:48S'ils ont une majorité à l'Assemblée,
01:08:52l'organisation de viser le public, c'est une loi.
01:08:55Une autre loi peut la défaire.
01:08:58Ils peuvent vous privatiser en 3 semaines.
01:09:01Merci beaucoup. Vous êtes très rassurant.
01:09:05Merci de nous avoir accordé cette interview.
01:09:08On a beaucoup parlé de ce bien précieux qu'est le journalisme.
01:09:11On espère pouvoir continuer à faire notre travail en toute liberté,
01:09:15comme on le fait depuis plus de 2 décennies.
01:09:18Les équipes de Complément d'Enquête sont déjà sur le pont
01:09:21pour vous proposer de nouvelles investigations ambitieuses,
01:09:25audacieuses, sans concessions, sur tout et sur tout le monde.
01:09:28Peu importe si notre sérieux et notre indépendance
01:09:31en dérange certains.
01:09:33C'est la fin de la saison de Complément d'Enquête.
01:09:36Ce soir, à la rédaction en chef, c'était Hugo Plania et Séverine Lebrun.
01:09:39Une pensée pour un historique de l'émission, Clément Castex,
01:09:42qui a décidé de prendre un peu d'air la saison prochaine.
01:09:46Je remercie un autre pilier de Complément d'Enquête,
01:09:49Caroline Durand, qui aura passé plus de 10 ans derrière la caméra
01:09:52et dont le travail est indispensable à ce que vous voyez à l'écran.
01:09:56Un salut amical également à Thomas Lelon et Brice Leborgne.
01:09:59On va beaucoup les regretter.
01:10:01Et vous, chers téléspectateurs de plus en plus nombreux,
01:10:04vous allez beaucoup nous manquer.
01:10:07On se retrouve dès la rentrée prochaine pour de nouvelles enquêtes.
01:10:10Je vous souhaite une fin de soirée sur le service public.

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