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Nathan Devers, écrivain, s’exprime sur le risque de débordements le dimanche 30 juin prochain : «Il y a des individus en France qui estiment que la politique avance par la violence et qu’elle est gage de radicalité». 

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Transcription
00:00Est-ce qu'on a un problème avec la violence ?
00:01On a un problème généralisé ?
00:02On a des individus, je parle même pas de ceux qui commettent les violences,
00:05mais il y a des individus en France
00:07qui estiment que la politique avance par la violence
00:09et qui estiment que la violence égage de radicalité
00:12et que quand, comme moi, on dit que si on a de la colère politique,
00:16qu'on a envie de défendre une cause,
00:17on peut et on doit le faire autrement que par la violence,
00:20on nous traite de bourgeois, on nous traite de modérés, etc.
00:23alors qu'en fait, la non-violence est beaucoup plus radicale
00:25que la violence elle-même.
00:26Deuxième dimension du problème, il faut aussi l'avoir,
00:28on a un pouvoir en place, pas que en France, en Europe,
00:31qui de manière générale, ne se met à se remettre en question
00:36et à écouter le peuple que s'il y a de la violence.
00:38Vous vous souvenez, pendant les Gilets jaunes,
00:40où il y avait une surdité importante du pouvoir
00:42et quand, en effet, il y avait eu des débordements,
00:44à l'arc de triomphe, etc.,
00:46eh bien là, le gouvernement avait commencé à reculer.
00:48C'est évidemment aussi une co-responsabilité.
00:50Ça veut dire, si on n'a pas des dirigeants politiques
00:52qui sont capables d'écouter des colères
00:54quand elles prennent une forme pacifiste
00:56et qu'elles ne s'inscrivent pas dans un rapport de force,
00:58eh bien ça pose aussi, si vous voulez, ça légitime.
01:00Ça donne de l'énergie, ça donne des arguments
01:04pour les partisans de la violence.
01:05Et puis, la troisième dimension,
01:07c'est qu'il ne faut pas croire que la violence,
01:09c'est de casser des abribus, des commissariats
01:11ou d'agresser des individus.
01:12Ça, c'est une sorte de vision assez bourgeoise de la violence.
01:15La violence, on la voit aujourd'hui.
01:17On la voit, si vous voulez, déferlée dans la vie citoyenne
01:21et aussi bien d'une très grande partie de la bourgeoisie
01:24« cravatée », bienvenue de sa personne,
01:26notamment sur les réseaux sociaux.
01:27Ce qu'on appelle la brutalisation du débat,
01:29dont on parle beaucoup ces jours-ci,
01:30c'est-à-dire des individus qui, au lieu de porter leurs idées,
01:33au lieu d'exprimer des désaccords,
01:34tombent avec une facilité très grande,
01:36quel que soit leur parti politique, leur horizon idéologique,
01:38tombent avec une facilité très grande
01:40dans l'attaque à Dominem,
01:41dans ce qu'on appelle vulgairement les coups sous la ceinture,
01:43dans les insultes, en déchaînant des vagues de harcèlement.
01:47Tout ça aussi est une forme de violence.
01:49Donc, si on fait une photographie très large de la violence,
01:52on voit que ça ne se résume pas à la poubelle brûlée
01:54dans une manifestation, ce qui est déjà grave,
01:55mais que malheureusement,
01:56c'est presque devenu une sorte de cadre général
01:59de la manière dont fonctionne,
02:01ou dysfonctionne plutôt, notre vie démocratique.

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