#Curseur.

  • il y a 3 mois
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00:00La cause palestinienne était un test, un curseur comme ça,
00:03qui nous permet de voir où on en est dans nos démocraties.
00:07La liberté d'expression a quasiment disparu autour du 7 octobre.
00:11Il y a un discours qui est imposé, qu'on est sommé de répéter.
00:14Mais si vous ne le dites pas, attention, vous êtes aussi pénalisable.
00:17D'un côté, on a des expressions de racisme, de xénophobie
00:21qui arrivent à trouver de plus en plus d'espace.
00:25Et de l'autre, des manifestations de solidarité internationale, criminalisées.
00:29L'interpellation s'est déroulée à mon domicile à 6h05 du matin.
00:35La police pénètre à l'intérieur, cagoulé, armé, le bélier.
00:41Donc voilà, terroriste.
00:44Au nom de quoi envoie-t-on la police cagoulée pour interpeller quelqu'un de parfaitement connu
00:49et dont la dangerosité n'est pas avérée ?
00:51Au nom de quoi prononce-t-on des peines qu'on sait être illégales ?
00:55On voit qu'il y a un choix aussi d'essayer de travailler le mental.
00:59On est vraiment dans ce qu'on appelle la dissuasion générale en droit pénal.
01:07Le 7 octobre 2023, une offensive Opération Déluge d'Al-Aqsa
01:11est lancée contre Israël par le Hamas et d'autres groupes armés palestiniens.
01:15Elle fera près de 1140 morts dont plus de 690 civils
01:19et environ 250 personnes seront prises en otage.
01:22Très vite en France, l'État se positionne.
01:25Je veux redire ici qu'Israël est un pays ami
01:30à qui je veux réaffirmer au nom de la représentation nationale
01:36notre totale solidarité et notre soutien inconditionnel.
01:42Nous nous tenons à leur côté et Israël a le droit de se défendre face au terrorisme.
01:49Le Hamas est un mouvement terroriste.
01:52La démonstration de soutien à un groupe terroriste, l'apologie du terroriste,
01:56c'est un délit, c'est une infraction, c'est très clair.
01:59Nous avons assuré Israël et son peuple de notre solidarité sans faille.
02:04Dès le 10 octobre, le ministère de la Justice diffuse une circulaire
02:08qui demande la fermeté des juges et préconise les poursuites pour apologie du terrorisme.
02:13Le texte fournit même un nouveau cadrage de ce délit à la lumière des événements récents.
02:18La tenue publique de propos vantant les attaques
02:21en les présentant comme une légitime résistance à Israël
02:24ou la diffusion publique de messages incitant à porter un jugement favorable
02:28sur le Hamas ou le djihad islamique
02:30en raison des attaques qu'ils organisaient
02:32devront ainsi faire l'objet des poursuites du chef précité.
02:35Ces comportements intolérables heurtent les fondements mêmes de notre République
02:39et exigent une réponse pénale, ferme et rapide.
02:43Et les poursuites pour apologie du terrorisme vont effectivement se multiplier.
02:47À Lille, le 12 octobre, le préfet du Nord, Georges-François Leclerc,
02:51signale à la justice un tract publié la veille par la CGT du Nord.
02:55Une phrase est plus particulièrement mise en cause.
02:58« Les horreurs de l'occupation illégale se sont accumulées.
03:01Depuis samedi, elles reçoivent les réponses qu'elles ont provoquées. »
03:05Une semaine plus tard, le secrétaire départemental du syndicat est interpellé chez lui.
03:10« L'interpellation s'est déroulée à mon domicile à 6h05 du matin.
03:16La police pénètre à l'intérieur.
03:18Cagoulé, armé, le bélier.
03:21Dix, douze personnes.
03:23Trois véhicules, trois ou quatre véhicules.
03:25Donc, voilà quoi. Terroriste.
03:28Honnêtement, je suis quelqu'un d'assez nerveux et j'étais très calme.
03:33Vous ne pouvez rien faire, en vrai.
03:35Vous subissez les choses.
03:37Donc, autant rester calme.
03:39On n'est pas sur un piqué de grève.
03:40On est chez soi, dans son intimité,
03:43avec sa femme, avec les enfants présents.
03:46Donc, il n'y a qu'une chose à faire, c'est rester calme.
03:51On vous donne vos droits et donc on vous donne en même temps le pourquoi.
03:56L'apologie du terrorisme et incitation à la haine raciale.
03:59Là, vous tombez des nues.
04:01C'est un sketch.
04:02Ce n'est pas possible.
04:04On m'emmène à Lille, au commissariat de Lille.
04:07Ce mois, j'habite Valenciennes.
04:10Je n'ai jamais été aussi rapide le matin pour arriver sur Lille.
04:14Je fais quand même le déplacement tous les jours.
04:16Et puis après, tout s'enchaîne.
04:18La garde à vue, l'avocat, les questions.
04:22Les mêmes questions qu'on vous pose finalement au tribunal.
04:25C'est qu'on a sorti un tract.
04:28Est-ce qu'on soutient le Hamas ?
04:31Est-ce qu'on est pro-Hamas ?
04:34Est-ce qu'on a des liens avec le terrorisme ?
04:39Jusqu'à faire l'amalgame.
04:42Parce qu'on avait, il y a déjà 2-3 ans maintenant,
04:45on avait ouvert une caisse de solidarité pour la Palestine.
04:49On n'a pas eu des 1.000 et des 100.
04:53On a eu peut-être 1.000 ou 2.000 euros sur la caisse.
04:56On avait déjà acheté du matériel en disport pour le basket.
05:02Des chasubles, des ballons, etc.
05:06Toujours des questions indirectes, mais de dire,
05:08l'argent, il sert à quoi ?
05:10Donc, on a expliqué l'argent, à quoi il servait.
05:13Mais toujours avec la question derrière,
05:16est-ce que ça ne finance pas des actions terroristes, etc.
05:20L'anthologie du terrorisme, on se dit,
05:23soit le gouvernement est complètement en panique,
05:27parce qu'en arrivant à arrêter des leaders
05:33ou des responsables d'organisations syndicales,
05:36c'est que soit il y a la panique
05:39ou soit ils veulent vraiment étouffer tout de suite les manifestations
05:43et faire en sorte qu'on ne parle pas du Proche-Orient.
05:47Le signalement du préfet s'était fait sur la base de l'article 40
05:50du Code de procédure pénale,
05:51qui impose à tout fonctionnaire de signaler à la justice
05:54un crime ou un délit dont il a la connaissance
05:56et dont Gérald Darmanin fait un usage assidu.
06:00Quand on a sorti notre tract,
06:03le préfet du Nord, qui était à ce moment-là le préfet Leclerc,
06:08a tout de suite refusé les rassemblements et manifestations.
06:12Il n'y a qu'en France qu'on voit ça.
06:14Partout dans le monde, on a des manifestations
06:17qui ont été autorisées, avec des cent mille personnes dans les rues, etc.
06:21Toutes les grandes capitales, les grandes villes, même européennes.
06:24Du départ, on s'est dit, c'est une attaque politique.
06:27C'est une attaque politique.
06:30Georges-François Leclerc, préfet proche de Gérald Darmanin,
06:33est connu pour un certain volontarisme procédural.
06:36En 2017, préfet des Alpes-Maritimes,
06:39il porte plainte contre Cédric Ayrou,
06:41alors que sa politique migratoire dure
06:43est critiquée par les associations.
06:45En 2022, c'est lui qui défend l'arrêté d'expulsion
06:48de l'imam Hassan Ikyusen.
06:50En 2023, c'est encore lui qui se mobilise
06:53pour retirer les subventions aux lycées musulmans à Véroesse.
06:56C'est-à-dire qu'effectivement, ce signalement par ce préfet
06:59aurait dû certainement conduire l'autorité judiciaire
07:04à faire preuve d'une certaine circonspection,
07:08au sens où effectivement,
07:10ils avaient déjà eu à connaître de ce préfet
07:13dans une affaire où il entendait expulser vers l'Algérie
07:18une jeune femme qui avait été effectivement
07:21en zone irako-syrienne rejoindre l'État islamique,
07:24mais dont il était établi qu'elle l'avait rejoint contrainte par sa mère.
07:29Ça paraît aussi intéressant et qui aurait quand même peut-être dû
07:31alerter l'autorité judiciaire.
07:33C'est effectivement une déclaration de ce préfet
07:35dans un article du Monde en décembre 2023,
07:42dans lequel il dit qu'en ces matières,
07:45effectivement, tout ce qui peut lui permettre
07:47de faire bouger la jurisprudence lui paraît justifié,
07:52lui paraît utile.
07:53Donc, on a effectivement à faire une certaine forme
07:57d'activisme administratif qui aurait peut-être
08:01pu interpeller le parquet.
08:03Rien que dans l'objet, signalement, incitation à la haine raciale
08:06et à la discrimination, ainsi qu'apologie du terrorisme.
08:09C'est-à-dire que même dans l'esprit du préfet,
08:13a priori, ce qu'il signale, c'est une incitation à la haine.
08:17Ça n'est pas une apologie du terrorisme qui est accessoire.
08:22Pourtant, dans le tract, aucun passage ne semble correspondre
08:25à cette incitation à la haine.
08:27Nous, on parle d'un État israélien,
08:30d'un gouvernement fasciste israélien.
08:32Et c'est clair, d'abord, on est face à un gouvernement fasciste israélien.
08:37On ne parle pas du peuple, on ne parle pas de la question juive.
08:41Donc, on voit bien que même le préfet lui-même
08:44fait l'amalgame sur ces questions-là.
08:49Le lendemain, on a déposé une plainte
08:51pour délit imaginaire.
08:53Eh bien oui, parce que comment on peut nous attaquer
08:57pour apologie du terrorisme ou incitation à la haine raciale,
09:00dire qu'on attaque une confession juive alors qu'il n'y a rien de tout ça ?
09:06Donc, on voit bien que c'est l'interprétation du préfet
09:10et son imagination qui a fait démarrer
09:16toute cette situation qu'on connaît aujourd'hui.
09:19Finalement, les juges abandonnent la charge d'incitation à la haine.
09:22Mais Jean-Paul de Lescaut est bien arrêté et poursuivi
09:25pour apologie du terrorisme.
09:27Est-ce que, s'agissant d'un représentant syndical bien identifié,
09:34on a besoin de prendre cette mesure ?
09:36Pour rester vraiment dans une interrogation juridique,
09:38vous avez un article préliminaire dans le Code de procédure pénale.
09:41Le Code de procédure pénale dans cet article préliminaire
09:43prévoit très clairement que tout acte de procédure
09:47doit être nécessaire et proportionné.
09:49Est-ce qu'il est nécessaire et proportionné
09:52d'envoyer à 6 heures du matin des policiers cagoulés
09:56pour procéder devant ces enfants à l'interpellation
09:59d'un représentant syndical dont tout le monde connaît l'identité,
10:03dont tout le monde sait où il est
10:06et qui pourrait tout à fait être convoqué pour audition ?
10:10Donc là, vous avez une instrumentalisation de la procédure pénale
10:16qui est, à mon avis, juridiquement discutable.
10:19L'OPJ répond clairement devant l'avocat.
10:22On avait deux façons de faire.
10:24Soit on vous convoquait, pas une convocation ordinaire,
10:29et on avait un rassemblement CGT devant le commissariat,
10:33ou soit on venait vous chercher à 6 heures du matin
10:35et on était tranquille jusqu'à 9 heures.
10:37On est, à l'heure actuelle, dans une période
10:41où l'exécutif utilise abondamment le droit pénal
10:45pour tenter de juguler la contestation sociale
10:49et de contenir et traiter la contestation sociale.
10:52On voit qu'il y a un choix aussi d'essayer de travailler le mental.
10:59Le procès a lieu le 28 mars devant le tribunal de Lille.
11:02Ça va ? Merci à vous d'être venus, mes camarades.
11:08La convocation était à 14 heures.
11:10Nous, ça a dû commencer vers 14h30-15h entre les rôles.
11:15Tout ça, ça finit à 21h15.
11:19C'est éprouvant ?
11:20Très éprouvant, très très.
11:22Parce qu'il faut faire très attention à ce qu'on répond,
11:25il faut toujours être aux aguets.
11:30Les partis civils très orientés, très agressifs.
11:39À la fin, ils demandent un euro symbolique,
11:42alors qu'ils nous ont traités terroristes pendant des heures
11:47en faisant des références à Mérat, au frère Kouachi, etc.
11:53La peine retenue est de un an de prison avec sursis,
11:56alors même que la Cour européenne des droits de l'homme
11:58avait déjà condamné la France à ce sujet.
12:01Dans un rapport de 2019, la juridiction pointe
12:04un risque d'abus du pouvoir discrétionnaire
12:06et une atteinte à la protection de la liberté d'expression
12:09et à la liberté d'échanger des idées
12:11dans un système démocratique solide.
12:14Cette peine d'emprisonnement, suite à l'avec sursis,
12:17est contraire à la Convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme.
12:20Donc on a un procureur à Lille qui a requis une peine
12:25qu'il sait n'être pas justifiée en droit,
12:27et un juge qui l'a prononcée.
12:29Après une interpellation, vous voyez,
12:31ça fait beaucoup de choses pour une gesticulation politique.
12:36Le syndicaliste est aussi condamné à verser 5000 euros au parti civil.
12:40Trois associations y sont représentées.
12:42L'OGIE, l'Organisation juive européenne,
12:45l'Association culturelle israélite, une association locale,
12:48et la JFJ, la Jeunesse française juive.
12:51La JFJ, créée dans la foulée du 7 octobre,
12:54revendique en janvier le dépôt de 41 plaintes
12:57pour apologie du terrorisme contre différentes personnalités publiques.
13:00L'Organisation juive européenne,
13:02qui affiche sa proximité avec le gouvernement israélien,
13:05regroupe plus de 50 avocats
13:07et initie elle aussi de nombreuses procédures.
13:09Créée il y a 10 ans,
13:11elle se réclame de la lutte contre l'antisémitisme,
13:13mais aussi, plus directement,
13:15de la défense des intérêts israéliens.
13:17Ses fondateurs sont les militants Fabien Belhassen et Jean-Claude Zerat.
13:21Ils se démarquent par leur reprise systématique
13:23des positions du gouvernement israélien,
13:25comme ici, en 2016,
13:27où Fabien Belhassen s'indigne de la reconnaissance par l'UNESCO
13:30du patrimoine culturel palestinien à Jérusalem-Est.
13:34Nous ne nous laisserons pas voler notre identité.
13:38Et n'en déplaise aux négationnistes antisémites.
13:42Dans mille ans,
13:44leurs descendants pourront contempler,
13:47du fond de leur médiocrité,
13:49les lumières de Jérusalem,
13:51capitale éternelle et indivisible
13:53de l'État d'Israël et du peuple juif.
13:55Merci !
13:57Merci Fabien !
13:59Sur son site, l'organisme indique également
14:02se battre contre toutes les tentatives de boycott
14:04des produits israéliens,
14:06et propose des formations de self-défense.
14:08Sa présidente, l'avocate Muriel Wagnil-Melki,
14:11intervient régulièrement sur CNews.
14:13Ce qu'Israël est en train de faire,
14:15c'est de rendre service à sa population dans un premier temps,
14:18en bombardant le Hamas dans toutes ses positions,
14:21mais rend service également à l'humanité,
14:23parce que c'est du terrorisme dont on parle.
14:25Dans une interview de 2020,
14:27elle déclare avoir accompagné le président Emmanuel Macron
14:30lors de son déplacement à Jérusalem
14:32et être régulièrement entendu par les services de l'État.
14:35Tous les ans, l'organisation tient un grand gala anniversaire à Paris,
14:38où des personnalités politiques françaises et israéliennes sont invitées.
14:42Cette année, c'est Amiray Shikly,
14:44le ministre israélien de la diaspora
14:46et de la lutte contre l'antisémitisme,
14:48qui est intervenu en personne à la réception.
14:50Ce qui est frappant dans ce gouvernement israélien,
14:53et lui, mais il y a aussi Benvir,
14:55il y a aussi Smotric,
14:57c'est qu'il représente ce qu'on appelle un suprémacisme juif,
14:59partout ailleurs, on dirait que c'est des fascistes,
15:02c'est les gens qui expriment des vœux génocidaires,
15:05c'est-à-dire en disant qu'il faut vider Gaza,
15:08on a raison de les tuer tous,
15:10de toute façon, c'est la seule manière de se sortir de cette situation.
15:13Mais on les considère quand même comme des interlocuteurs valables.
15:18Le Hamas, non, c'est pas possible qu'on discute avec le Hamas,
15:21ils veulent tuer tous les israéliens, etc.
15:23Mais le fait qu'on discute avec des ministres qui disent
15:25qu'il faut se débarrasser des Palestiniens, ça pose problème à personne.
15:28Je ne crois pas qu'il y ait un État qui s'ingère autant
15:30dans les affaires intérieures de la France qu'Israël.
15:33À travers mille et un relais, il y a une pression permanente
15:37sur les journalistes, sur les militants,
15:41pour criminaliser la solidarité avec la Palestine.
15:44C'est pas nouveau, mais ça a pris des proportions d'autant plus grandes
15:49que jamais l'isolement d'Israël dans les opinions n'a été aussi grand.
15:54Et face à ça, je dirais, ils font feu de tout bois,
15:57avec évidemment l'accusation ultime qui est l'antisémitisme.
16:00On retrouve l'OGE dans les plaintes déposées contre l'humoriste Guillaume Meurice
16:04ou encore contre la députée insoumise Mathilde Pannot.
16:07Elle serait aussi à l'origine de la convocation de Rima Hassan,
16:10juriste franco-palestinienne et candidate aux élections européennes.
16:13J'ai été convoquée pour le 30 avril à 10 heures,
16:20pour des postes a priori sur les réseaux sociaux datant de novembre.
16:26Déjà, on observe que je suis convoquée six mois après,
16:31au moment où je suis en campagne.
16:33Donc là aussi, pour moi, il y a quand même un calendrier
16:36qui est extrêmement problématique.
16:40Cette convocation fait suite à un dépôt de plainte de l'OGE,
16:43qui est la même organisation qui est derrière énormément de plaintes,
16:47soit celles de Guillaume Meurice ou d'autres personnalités.
16:50Il n'y a pas d'autocésisme du procureur.
16:52C'est important de le rappeler.
16:54Il n'y a pas un procureur en France qui a considéré
16:57que j'avais dit quelque chose de problématique
17:00dans le cadre de ce débat qui se posait sur la question de Gaza.
17:03C'est clairement des lobbyistes pro-israéliens
17:08qui ont mobilisé des moyens financiers, des moyens humains,
17:12parce que je crois qu'ils ont des dizaines d'avocats
17:14qui travaillent justement à traquer des voix palestiniennes ou pro-palestiniennes,
17:17et ça va effectivement des syndicats jusqu'aux étudiants, aux militants politiques,
17:21et qui sont véritablement là pour nous faire taire.
17:24Moi, la question que je pose, ce n'est pas qu'il y ait éventuellement
17:27ces initiatives ou ces procédures
17:31qui sont enclenchées par ce type d'organisation.
17:33Elles ont toujours existé,
17:35beaucoup plus dans les pays anglo-saxons,
17:37où ce genre de lobbying pro-israélien est très agressif.
17:41Par ailleurs, il est là depuis très longtemps aux États-Unis.
17:45Pourquoi notre gouvernement,
17:47qui peut tracer comme n'importe quel citoyen
17:49le lien entre ces organisations et le régime israélien
17:53et établir que ces organisations travaillent au nom d'un régime
17:58qui est encore une fois extrêmement problématique
18:01et qui est dénoncé par les plus grandes ONG internationales,
18:05qui fait l'objet de procédures devant les instances internationales ?
18:08Et pourquoi on donne du crédit à ce genre de procédures ?
18:11Je rappelle que Guillaume Meurice n'a jamais été inquiété,
18:15et il se retrouve inquiété pour la critique qu'il fait
18:18ou pour des blagues qu'il fait sur Netanyahou.
18:21C'est comme si moi, demain, je me mettais à faire des blagues sur Poutine
18:25et qu'on avait des organisations pro-régime Poutine
18:29qui engageaient des procédures contre moi
18:31et que nous avions les autorités françaises
18:33ou la justice française qui donnaient du crédit à ce genre de procédures.
18:36Il faut faire ce parallèle.
18:38Au-delà des procédures pénales,
18:40des pressions diffuses se font sentir.
18:42Grands médias, milieux académiques ou culturels.
18:45Cette conférence sur le thème contre l'antisémitisme,
18:48son instrumentalisation et pour la paix révolutionnaire en Palestine
18:51devait initialement se tenir dans une salle publique parisienne,
18:54en présence de la philosophe américaine Jodie Butler,
18:57jusqu'à l'intervention de la mairie de Paris.
18:59Michelle Ciboni est porte-parole de l'UJFP,
19:02l'Union juive française pour la paix,
19:04qui co-organisait cet événement.
19:06La manifestation du 12 novembre nous a un peu fait halluciner.
19:09On s'est dit, c'est incroyable.
19:13Pourvu qu'on soutienne Israël dans ce pays,
19:16on peut être antisémite
19:18et être aux premières loges d'une manifestation
19:23qui était une pure manifestation de soutien aux Israéliens,
19:27mais qui intégrait les Juifs.
19:29Donc on s'est dit qu'il fallait qu'on parle nous-mêmes
19:32de notre point de vue sur cette question.
19:37Judith Butler était là
19:40et on s'est dit que c'était une occasion de l'inviter,
19:43de la faire parler, de la laisser parler,
19:47dans ce moment-là qui était crucial.
19:50Judith Butler qui est juive et qui le revendique.
19:53Et puis on s'est heurté à la petitesse
19:58et l'étroitesse d'esprit de la mairie de Paris,
20:01qui était extrêmement choquante,
20:03qui nous dit clairement, mais fermez-la.
20:06Vous n'avez pas le droit à la parole.
20:08Cette même mairie, si je ne me trompe pas,
20:11n'a pas dit un mot quand ce même théâtre
20:14a été tagué de manière énorme.
20:18Toute la façade et tous les environs du théâtre
20:21ont été tagués par des groupes non identifiés,
20:26mais personne ne les cherche,
20:27puisque tout le monde est d'accord avec eux,
20:29avec des têtes de bébés, des trucs comme ça.
20:31Personne n'en a fait écho.
20:33Ça n'intéressait même pas les journalistes
20:36que le buzz autour de la mairie de Paris avait intéressé.
20:40Ces tags sont signés par le groupe Unité Juive,
20:43qui revendique sur ses réseaux plusieurs actions du même type,
20:46comme ici sur la Croix-Rouge,
20:48ou encore cette intervention cagoulée
20:50lors de l'occupation de Sciences Po Paris
20:52par des étudiants solidaires de la Palestine.
20:59Leur violence décomplexée n'a suscité à ce jour aucune arrestation.
21:03En fait, ils sont en train de trier entre les bons et les mauvais Juifs.
21:06Les bons Juifs soutiennent Israël à tout prix,
21:11et soutiennent les crimes de guerre,
21:12et soutiennent les crimes contre l'humanité,
21:14et sont prêts à aller jusqu'au génocide.
21:16Tout ça, c'est bien.
21:17Si vous dites que c'est scandaleux,
21:19qu'il faut s'y opposer de toutes ses forces
21:21parce que vous voulez construire autre chose
21:23comme un type d'humanité,
21:25vous êtes littéralement traînés dans la boue.
21:30Vous l'avez vu, le guide suprême qui a tweeté,
21:32Ramenei, qui est un des pires acteurs,
21:34le pire dictateur de la planète,
21:36qui maltraite sa population en général,
21:38qui lapide les femmes et les homosexuels.
21:39Comment vous recevez ce soutien ?
21:41Je n'ai pas vu ce tweet.
21:43Je ne suis absolument pas...
21:45Je ne suis même pas sur les réseaux.
21:47Vous ne connaissez pas Ramenei ?
21:49Je ne suis pas quotidiennement ce qu'il poste
21:53ou ce qu'il commente en termes d'actualité.
21:55Je situe quand même ma parole en tant que citoyenne française en France.
21:57Non, je n'ai pas de commentaire à faire.
21:59Je ne vais pas commenter, si vous voulez...
22:01Vous n'avez pas l'impression d'être vous instrumentalisés ?
22:03On a là une forme de volonté politique
22:07d'en quelque sorte criminaliser
22:10les manifestations de solidarité avec la Palestine.
22:13Elle les renvoie à un positionnement qui serait radical,
22:19qui serait particulièrement problématique en tant que tel,
22:26et cette marginalisation des positionnements pro-palestiniens
22:32a un coût aussi.
22:34D'une part parce qu'il peut générer une forme de frustration.
22:37Cette frustration, on la voit s'exprimer très largement
22:42puisque de nombreuses personnes estiment que l'espace public
22:47ne leur est plus permis, l'espace médiatique en particulier.
22:51Ce produit dans un contexte d'urgence, de crise,
22:55a un certain nombre d'injonctions
22:58qui sont censées s'appliquer à l'ensemble de la population
23:02et qui vont s'appliquer de façon assez directe
23:06non seulement à des fonctionnaires,
23:09y compris à des chercheurs dans un cadre très spécifique,
23:15à des journalistes,
23:17et puis aussi, on l'a vu,
23:19à des figures qui finalement n'ont pas grand-chose à voir avec le débat.
23:25Je pense par exemple à des footballeurs.
23:28Je voudrais vous soumettre pour conclure cet entretien
23:31la réaction de Karim Benzema.
23:33Toutes nos prières pour les habitants de Gaza,
23:35victimes une fois de plus de ces bombardements injustes
23:38qui n'épargnent ni femmes ni enfants.
23:40Il a choisi son camp en écrivant uniquement cela.
23:44En fait, il est un élément de propagande dû à masse.
23:49Depuis six mois, on se rend compte d'une part
23:53qu'effectivement l'espace s'est considérablement rétréci
23:57et c'est l'effet direct des attaques du 7 octobre
24:04dans le déploiement de la violence.
24:07Ça a finalement ouvert ou facilité la capacité de criminalisation.
24:14Cette criminalisation peut se chiffrer.
24:17Selon Mediapart, 385 signalements pour des propos liés à la guerre au Proche-Orient
24:22ont été transmis à la justice entre le 7 octobre et le 31 décembre 2023.
24:27Cette infraction était contenue dans la loi du 29 juillet 1881,
24:33qui est donc la loi sur la liberté de la presse
24:36et qui est donc une loi extrêmement protectrice de la liberté d'expression.
24:41En 2014, la loi sort ce délit de provocation au terrorisme
24:48ou d'apologie du terrorisme de cette loi de 1881
24:51et de son cadre procédural extrêmement contraignant
24:54pour le placer dans le code pénal,
24:58permettant les comparutions immédiates,
25:01permettant les procédures accélérées
25:03et permettant surtout que ces affaires soient jugées
25:06par des tribunaux qui n'ont pas l'habitude
25:12de traiter de questions aussi sensibles et délicates
25:15que celles de la liberté d'expression.
25:17De sorte qu'effectivement, on a pu voir,
25:20à la suite de l'entrée en vigueur de la loi Cazeneuve,
25:24se multiplier les poursuites pour apologie du terrorisme,
25:27alors qu'elles étaient auparavant d'un nombre extrêmement limité,
25:32et se multiplier des condamnations
25:37pour lesquelles, effectivement, on peut s'interroger
25:40et sur la consommation de l'infraction
25:43et sur la pertinence d'avoir poursuivi, jugé et condamné
25:48des individus qui sont quand même ensuite porteurs d'un casier judiciaire
25:54pour des actes d'apologie du terrorisme, ce qui n'est pas rien.
25:57Le 16 octobre, la militante palestinienne Mariam Abou Daka
26:01est arrêtée à Marseille.
26:02Le 18 octobre, un enfant de 10 ans est interrogé plusieurs heures
26:06par la gendarmerie pour avoir posé une question jugée suspecte
26:09par sa professeure.
26:10Le 8 décembre, une plainte est déposée
26:13contre l'ancienne basketteuse Emilie Gomis
26:15pour un post sur Instagram qui conduira à son éviction
26:18de la commission des athlètes du comité olympique français.
26:21Le 26 mars, le tribunal de Grenoble condamne l'élu Mohamed Makhni
26:25à quatre mois de prison avec sursis
26:27pour avoir qualifié sur Facebook
26:29le Hamas de mouvement de résistance palestinienne
26:32et le gouvernement israélien de fasciste.
26:34Il est également privé de sa fonction d'adjoint par la mairie des Chirolles
26:37et exclut du Parti socialiste.
26:39Il suffit de lire ce qui est publié
26:43par les institutions de protection des droits fondamentaux,
26:47que ce soit celles du Conseil de l'Europe ou celles de l'ONU,
26:49pour voir qu'on est dans une très sale période en France en ce moment.
26:52Il y a eu un régime à peu près gaulliste jusqu'à Chirac
26:57et à partir de Sarkozy, un autre régime qui s'est installé en France
27:01et qui a beaucoup à voir avec l'ultralibéralisme ou le néoconservatisme
27:08et qui a utilisé les mêmes ressorts que le néoconservatisme américain.
27:14On est en train de vivre un patriote acte à la française
27:17depuis quand même dix ou vingt ans,
27:19toujours dans cette composante néoconservatrice,
27:22une très forte alliance avec Israël, une alliance politique
27:26qui est au-delà de la France, on va dire les pays occidentaux,
27:30on les voit à l'œuvre.
27:31Depuis le 11 septembre 2001, la vision de ce problème palestinien
27:37a totalement changé dans la classe politique et dans les médias.
27:40C'est-à-dire, ce n'est plus un conflit qui oppose un peuple
27:44qui vit sous occupation à un occupant,
27:46mais c'est devenu un front de la guerre contre le terrorisme.
27:49Tout ce qui semblait être les lois minimales qu'on n'appliquait pas forcément,
27:52mais au moins on disait qu'on les respectait,
27:54sont en train de voler en éclats.
27:56Ça a commencé avec l'intervention américaine en Irak,
27:59avec la torture à Abu Ghraib.
28:01Et aujourd'hui, il y a l'idée que comme on combat le terrorisme,
28:04tout est permis.
28:05Jamais il n'y a eu une telle atmosphère de chasse aux sorcières
28:10à l'égard des gens qui étaient des dissidents.
28:12Évidemment, ça a toujours été un problème qui suscite des passions, etc.
28:17Mais on pensait que le débat était normal.
28:20Ce qui est nouveau depuis le 7 octobre,
28:23enfin qui s'est accéléré depuis le 7 octobre,
28:25c'est que maintenant on criminalise les opinions.
28:27J'ai demandé un instant à l'ensemble des services du ministère de l'Intérieur
28:31de travailler à la dissolution de plusieurs associations ou collectifs
28:35relayant ou parfois finançant de manière officieuse et cachée
28:40dont nous avons mis à jour le travail, le Hamas.
28:44La loi séparatisme, la loi sur les valeurs de la République,
28:50permet de dissoudre plus facilement des associations.
28:56La dissolution d'associations, c'est un moyen de communication politique.
28:59Quelqu'un a dit quelque chose de radical, on va le dissoudre.
29:03On est vraiment dans ce qu'on appelle la dissuasion générale en droit pénal.
29:08C'est-à-dire que vous prenez un individu, vous le sanctionnez,
29:11qu'importe ce qu'il adviendra de cet individu,
29:13mais vous signalez au reste de l'opinion
29:16que le comportement de cet individu n'est pas acceptable
29:18et vous tentez de dissuader ceux qui pourraient l'imiter.
29:22La loi sur la séparatisme, c'était une loi contre les musulmans
29:25et elle a été appliquée comme telle.
29:27On a interdit de facto l'association musulmane
29:32qui jouait un rôle contre l'islamophobie en disant
29:35qu'ils sont des apôtres, des frères musulmans, etc.
29:38Donc les premiers visés, quand même, c'est les associations musulmanes.
29:41Et ça, c'est bien avant Gaza, c'est-à-dire ça va du lycée Averroes,
29:46qui est un des lycées les plus brillants dont on a suspendu le financement.
29:51Je suis très inquiet sur l'évolution de la situation politique.
29:54Je pense que là, on est victime de l'ère du temps
29:57et Rima Hassan, par exemple, dont vous parlez,
29:59elle paye aussi un peu de ça, de ce que je sens, moi, un petit peu,
30:02c'est-à-dire un climat de détestation politique
30:05des Arabes et de la gauche à la fois.
30:07Ce qui est intéressant avec la cause palestinienne,
30:09c'est qu'elle est extrêmement structurante.
30:11La cause palestinienne était un test, un curseur comme ça
30:14qui nous permet de voir où on en est dans ces états de droit,
30:20dans l'état de notre démocratie.
30:23Et on voit bien que la question palestinienne,
30:25elle vient challenger quand même nos sociétés,
30:27que ce soit ici, en Allemagne, on le voit aussi aux États-Unis.
30:31Ça vient secouer quelque chose sur énormément de sujets
30:34qui sont centraux dans nos démocraties, dans nos états de droit.
30:38On dit souvent, nous, palestiniens, que les Palestiniens
30:40sont en train de libérer le monde qui prétend les libérer.
30:43Je crois que là, il y a un sursaut qui doit s'opérer
30:46pour protéger ces libertés du plus grand nombre.
30:49Et ensuite, si on veut aller au bout de son engagement,
30:52c'est de considérer que c'est d'autant plus scandaleux
30:55puisque ça consiste non pas à protéger ce qui fait société pour nous,
31:00mais c'est pour protéger un régime qui est extrêmement problématique
31:03sur la scène internationale et qui, je le rappelle,
31:06est aujourd'hui accusé de commettre un génocide.
31:09C'est une question symbolique.
31:11C'est une décolonisation ratée.
31:13C'est-à-dire, c'est le résultat, peut-être on peut y revenir,
31:17d'un processus de colonisation qui a commencé après la Première Guerre mondiale
31:21et qui a abouti au fait qu'on a dépossédé une population de sa terre.
31:26C'est ça le fond du problème.
31:29C'est bien au début du siècle dernier que les grandes puissances
31:32partagent un bout du Moyen-Orient, auparavant sous domination ottomane.
31:36En 1916, ce sont la France et le Royaume-Uni
31:39qui signent les accords secrets de Sykes-Picot,
31:41qui prévoit un découpage de la région.
31:43Ce découpage sera officialisé en 1920,
31:46lors de la conférence de Sandremo en Italie.
31:48La Société des Nations confie alors aux Français
31:51un mandat sur la Syrie et le Liban
31:53et aux Britanniques sur l'Irak et sur la Palestine.
31:56C'est ce qu'on appelle la Palestine mandataire,
31:58qui aboutira à son terme en 1948 à la création de l'État d'Israël.
32:03Je rappelle que les Palestiniens ont toujours été perçus comme un sujet colonisé.
32:06Ils n'ont pas eu leur mot à dire sur le traçage de leur propre pays.
32:09Et puis ensuite, il y a eu un laisser-faire,
32:11un soutien inconditionnel à Israël qui va jusqu'à aujourd'hui.
32:14Et là, les Occidentaux sont en train d'être un peu mis face à leurs responsabilités,
32:19à la fois sur le plan historique et aussi sur leur complicité
32:24avec les crimes qui sont commis par Israël,
32:28que ce soit à Gaza ou en Sud-Jordanie.
32:30Pour moi, il y a un continuum entre ce que fait subir Israël aux Palestiniens
32:35sur le terrain et la manière dont les intérêts israéliens
32:40sont ensuite défendus, protégés dans nos pays, en Europe.
32:45C'est très intéressant de voir les relais
32:50qui sont ceux du régime israélien dans nos pays
32:53et de voir comment s'articulent ces pressions
32:56à l'endroit des voix palestiniennes ou identifiées comme étant pro-palestiniennes.
33:01Malgré ce climat répressif,
33:03les mobilisations de solidarité avec la Palestine s'amplifient et persistent.
33:33Nous allons continuer d'aider les Israéliens.
33:35Nous allons continuer d'aider les Israéliens.
33:37Nous allons continuer d'aider les Israéliens.
33:39Nous allons continuer d'aider les Israéliens.
33:41Nous allons continuer d'aider les Israéliens.
33:43Nous allons continuer d'aider les Israéliens.
33:45Nous allons continuer d'aider les Israéliens.
33:47Nous allons continuer d'aider les Israéliens.
33:49Nous allons continuer d'aider les Israéliens.
33:51Nous allons continuer d'aider les Israéliens.
33:53Nous allons continuer d'aider les Israéliens.
33:55Nous allons continuer d'aider les Israéliens.
33:57Nous allons continuer d'aider les Israéliens.
33:59Nous allons continuer d'aider les Israéliens.
34:01Nous allons continuer d'aider les Israéliens.
34:03Nous allons continuer d'aider les Israéliens.
34:05Nous allons continuer d'aider les Israéliens.
34:07Nous allons continuer d'aider les Israéliens.
34:09Nous allons continuer d'aider les Israéliens.
34:11Nous allons continuer d'aider les Israéliens.
34:13Nous allons continuer d'aider les Israéliens.
34:15Nous allons continuer d'aider les Israéliens.
34:17Nous allons continuer d'aider les Israéliens.
34:19Nous allons continuer d'aider les Israéliens.
34:21Nous allons continuer d'aider les Israéliens.
34:23Nous allons continuer d'aider les Israéliens.
34:25Mais la bande de Gaza, c'est quoi ?
34:29Quand on y met des murs à 5 mètres de haut,
34:31quand des enfants qui habitent à 800 mètres de la mer
34:33n'ont jamais vu la mer,
34:35quand on donne des permis de travail
34:37avec des checkpoints
34:39pour pouvoir aller travailler,
34:41quand on donne 200 000 permis de travail
34:43alors qu'il y a 2,5 millions d'habitants,
34:47quand on coupe l'électricité,
34:49quand on coupe le gaz,
34:51quand on ne donne pas d'eau potable,
34:53est-ce que tout ça, ce n'est pas de l'apartheid ?
34:55Ben si, et ce n'est pas nous qui le disons.
34:59Il y a des études qui sont faites,
35:01qui ont déterminé depuis
35:03quelques années maintenant
35:05qu'il y a un apartheid
35:07économique,
35:09humanitaire.
35:11Ces dernières semaines,
35:13un mouvement étudiant international prend forme
35:15et trouve de plus en plus d'écho en France.
35:17Il exige un cessez-le-feu immédiat
35:19et la fin des partenariats
35:21avec les universités israéliennes.
35:37La mobilisation s'étend,
35:39elle touchait ce matin
35:41des campus de Poitiers, Le Havre,
35:43Reims, Saint-Etienne, Paris et Lille.
35:45Il y a eu la mobilisation pour le Vietnam,
35:47il y a eu la mobilisation pour l'Afrique du Sud,
35:49c'est normal que la jeunesse
35:51s'indigne face à des massacres
35:53qui se déroulent sous ses yeux.
35:55Alors on peut ne pas être d'accord, on peut critiquer,
35:57mais voir Mme Pécresse
35:59suspendre l'aide
36:01à Sciences Po, on croit rêver.
36:03On a l'impression d'une
36:05rétractation comme ça de la classe politique
36:07parce que nous avons
36:09une classe politique qui s'est enfermée
36:11dans un paradigme
36:13guerre de civilisation.
36:15Les conflits, ils ont des bases politiques.
36:17On est le bien contre le mal,
36:19avec l'idée que nous allons vaincre le mal.
36:21Israël se vit et se
36:23perçoit en forteresse assiégée.
36:25C'était l'expression
36:27de Barack à l'époque, une villa
36:29dans la jungle, c'est vous dire.
36:31Le capitalisme
36:33aussi, c'est une sorte de villa
36:35dans la jungle peut-être.
36:37Israël lui est utile parce
36:39qu'il lui donne des outils pour se
36:41battre contre la jungle, la jungle étant
36:43je ne sais pas moi,
36:45le sud peut-être, ce qu'on
36:47appelle le sud global,
36:49qu'il faut maîtriser,
36:51qu'il faut contrôler
36:53pour l'exploiter. C'est surtout
36:55l'idée que l'Occident vit dans une jungle.
36:57Nous, les Occidentaux,
36:59les Blancs, nous sommes entourés par un monde
37:01de plus en plus dangereux qui
37:03cherche à nous détruire.
37:05Ce n'est pas politique, c'est civilisationnel.
37:07Nous sommes menacés
37:09dans notre être même, donc il faut
37:11nous mobiliser et tous les moyens
37:13sont bons dans cette mobilisation.
37:15Mais c'est effectivement très dangereux.
37:27Effectivement, la Palestine a besoin de nos voix.
37:29Et je crois que les
37:31Israéliens aussi ont besoin de nos voix.
37:33Ils ont besoin qu'on les arrête, qu'on leur
37:35dise ça suffit, stop, vous êtes en train de
37:37délirer totalement
37:39et vous êtes en train de
37:41barrer un
37:43lendemain pour vous comme pour
37:45les Palestiniens, donc stop.
37:47Mais pour ça, il faut que des gens le disent.
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