• il y a 5 mois
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Anne Toulouse, correspondante d'Europe 1 à Washington et auteur de l’ouvrage "L'art de trumper ou comment la politique de Donald Trump a contaminé le monde" aux éditions du Rocher, répond aux questions de Dimitri Pavlenko. Ensemble, ils reviennent sur le débat opposant Joe Biden et Donald Trump. Selon elle, Donald Trump ressort gagnant de ce duel car Joe Biden a semblé confus.

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00:007h-9h, Europe 1 Matin, il est 7h12 sur Europe 1, Dimitri Pavlenko vous recevez ce matin la correspondante d'Europe 1 aux Etats-Unis à Washington, Anne Toulouse.
00:09Bonjour Anne Toulouse, bonjour à tous, de passage à Paris, vous avez évidemment regardé cette nuit le débat entre Joe Biden et Donald Trump
00:16qui était censé lancer la campagne présidentielle américaine. Alors je rappelle que les Américains votent dans un peu plus de 4 mois.
00:23Alors ce débat, il a duré 1h30, vos impressions Anne, pour commencer, que retenir d'essentiel de ce premier affrontement ?
00:31C'est que Joe Biden a perdu, manifestement, les sondages le donnent vaincu à 2 contre 1, les premiers sondages, ils veulent ce qu'ils veulent.
00:40Les impressions à chaud, vraiment.
00:41Mais ça ne veut pas dire que Donald Trump a gagné, Donald Trump a gagné par défaut parce qu'il avait en face de lui un adversaire qui a finalement répondu
00:50au pire, confirmé les pires crânes des électeurs et qui a littéralement tétanisé son entourage qui comptait sur ce débat
00:58parce que c'est un débat qui est plus ou moins à l'initiative du camp Biden pour lancer sa politique puisque le discours du côté démocrate c'est
01:06la population ne se rend pas compte à quel point ça va bien, l'économie est très bonne, oui sur le papier elle l'est d'ailleurs mais ce n'est pas le ressenti des gens.
01:14Donc c'était l'occasion de Joe Biden d'exposer son programme et surtout de démontrer qu'il est apte à assumer la présidence pendant 4 ans et que les bruits sur le fait
01:25qu'il soit faible, qu'il ne soit pas à la hauteur de sa tâche sont de la pure médisance.
01:31Malheureusement, le grand obstacle dans les sondages, on voit ces sondages, c'est un problème qui ne va pas s'arranger.
01:37Il a 82 ans et on dit que les années à la présidence comptent double et ça je l'ai vu sur des présidents comme Bill Clinton,
01:44comme Obama que j'ai vu du début à la fin.
01:46On les voit déjà ils blanchissent très vite des cheveux.
01:48Ils prennent 8 ans, ils prennent 15 ans.
01:50Donc c'est vraiment un problème mais s'il y avait eu, comme le dit son entourage, un Joe Biden articulé qui dégage une sensation de force,
02:02ça pouvait à la limite faire diffuser.
02:06On a vu plutôt un Joe Biden à la limite de la sénilité, un voix enrouée, bafouillant, ne terminant pas ses phrases,
02:12des instants où il se fige littéralement.
02:14Ça a été le moment terrible, à 10 minutes du début, un moment, il se fige et on se demande s'il va rebondir.
02:21Alors, il n'y a pas vraiment d'explication, la sénilité, je ne sais pas, en tout cas, il a toujours eu des problèmes d'élocution
02:32et il a eu une très grave opération du cerveau il y a 30 ans, donc ça explique peut-être qu'il ait des absences.
02:37Donc la question qui se pose, c'est est-ce que Joe Biden, celle qui se posait les démocrates avant ce débat,
02:42est-ce qu'il est en état d'aller au bout de cette campagne et de mener un second mandat Anne Toulouse ?
02:48Évidemment, ces craintes-là, aujourd'hui, elles sont plus vives que jamais.
02:51Ce qui a été frappant et un peu affligeant, c'est de voir la façon dont une partie des partis démocrates s'est jetée sur lui dès la fin.
02:58J'ai regardé, enfin j'ai alterné entre Fox News et CNN, et CNN est considérée plus ou moins comme la voix du parti démocrate.
03:06Donc CNN qui était l'organisateur de ce débat, mais qui avait laissé l'autorisation à toutes les chaînes qu'il voulait de reprendre le signal, voilà.
03:12Et il était frappant que le dernier mot du débat prononcé, tout de suite, ça a été
03:18les démocrates mettent en cause la capacité de Joe Biden d'assurer cette campagne et d'être président.
03:28Donc des médias réputés démocrates vous donnent l'impression, je dois dire, de lâcher Joe Biden ?
03:32J'ai même vu, parce que comme je switchais entre les deux, j'ai même vu les gens de Fox News un peu surpris,
03:36et puis tout de suite on a sorti Kamala Harris disant oui le président, non il était très bien, la vice-présidente,
03:41le président était très bien, enfin pas très bien au début, mais c'était mieux à la fin, enfin c'était pas un hasard.
03:47Maintenant, ça pose quand même un problème, parce que qui a choisi le candidat, c'est quand même le parti démocrate.
03:52S'il n'avait pas eu l'investiture, bon c'est vrai que c'est difficile de retirer l'investiture à un président en exercice,
03:59surtout s'il n'a pas gravement démérité.
04:01Vous voulez dire que la question se pose aujourd'hui Anne Toulouse ? Débrancher Joe Biden là, à quatre mois des élections ?
04:06Tout de même, parce qu'on pouvait le faire il y a un an. Toutes ces questions se posaient déjà il y a un an.
04:12Alors maintenant qu'est-ce qu'on va faire sur le plan pratique ? Je pense pas d'ailleurs que Joe Biden soit démis,
04:17je vois même pas comment on peut le faire sur le plan pratique.
04:20On va regarder le calendrier, parce qu'il va se passer beaucoup de choses dans l'été,
04:23mais avant cela, avant d'évoquer cette hypothèse d'un débranchement de Joe Biden,
04:27Donald Trump de l'autre côté, comment a été son débat ? Comment s'est-il comporté ?
04:32Je rappelle qu'il vient quand même d'être condamné au pénal, il a une autre échéance judiciaire qui arrive d'ici une quinzaine de jours.
04:37Quel a été son débat ?
04:39Trump a fait exactement du Trump, c'est mon client favori depuis huit ans, depuis 2016.
04:48J'ai oublié de citer votre livre, L'art de Trumper, on en parlera tout à l'heure.
04:53Donc oui, Donald Trump a fait ce qu'il fait toujours, d'abord il dégageait une impression de vitalité,
04:59lui il était en pleine forme, et quand une question le gêne, il n'y répond pas.
05:04Et il a laissé, de mon point de vue, passer beaucoup d'occasions,
05:07parce qu'il aurait pu tout de même exposer un plan sur l'avenir, il en avait l'occasion.
05:13Contredire concrètement Joe Biden sur la façon, je ne sais pas, d'organiser la puissance militaire des Etats-Unis,
05:20à un moment on lui pose une question sur quelque chose qui est vraiment important pour les Américains,
05:26c'est les gardes d'enfants, c'est très quotidien, les crèches.
05:30Je possède une crèche, un mois de crèche à New York c'est 4000 dollars, les tarifs sont délirants.
05:36Les crèches sont plus chères que les loyers maintenant aux Etats-Unis.
05:39Je pense que c'est quelque chose que beaucoup de gens attendent.
05:41Et là il repart sur l'immigration, sur ce qu'il avait déjà dit plusieurs fois.
05:48Donc je ne pense pas que Trump ait été très bon, il a été, peut-être quand même, il s'est modéré.
05:55Ce que craignait son équipe, c'était un éclat.
05:59Alors, si, ils se sont quand même un peu insultés.
06:02Ils ont passé leur temps, on avait l'impression que c'était un match de ping-pong,
06:05que vous êtes le pire président des Etats-Unis.
06:08Ah bon ? Non, c'est vous le pire président.
06:10Alors, quand vous avez vécu, comme moi, ces deux présidents,
06:12on n'a quand même pas eu l'impression d'être au fin fond des enfers.
06:15Et à la fin, ils se sont même disputés sur leur score au golf.
06:18On avait l'impression que c'était le Muppet Show.
06:20Donc, impression quand même d'un Donald Trump qui a moins raté son débat que ce qu'en fasse Joe Biden.
06:28Je disais, alors maintenant qu'est-ce qui va se passer ?
06:30Ce qui est frappant, c'est de voir que nous sommes dans la nuit aux Etats-Unis du 27 au 28 juin.
06:35C'est extrêmement tôt comme pour un débat de démarrer 4 mois avant l'élection d'habitude.
06:40Les débats présidentiels, c'est septembre, octobre.
06:43Comment ça se fait que ça démarre aussi tôt ?
06:45D'abord, ça ne devrait même pas être parce qu'officiellement, ils ne sont pas candidats.
06:48Ils sont en train d'essayer de le prouver pour Biden.
06:50Ils ne sont pas encore investis.
06:52Un candidat devient candidat à partir du moment où, sur le parquet de la convention,
06:56une majorité de délégués a voté pour lui publiquement.
06:59La convention républicaine, le 11 juillet.
07:02Le 15 juillet, je crois.
07:04Le 15 juillet, oui, je confonds avec la sentence.
07:06J'avais les deux dates en tête.
07:08Le 11 juillet, il y a un autre rendez-vous important qui est la sentence qui sera prononcée contre Donald Trump
07:14à la suite de son dernier procès où il a été condamné au pénal.
07:20Donc, c'est quand même une échéance.
07:22Est-ce que ça va changer la donne ? Dans quel sens ?
07:24Cela dit, il n'y a aucun doute sur le fait que Donald Trump sera le candidat républicain.
07:29Le doute, c'est sur son vice-président qu'on attend toujours.
07:31Ça aussi, c'est inhabituel.
07:33Généralement, on n'attend pas d'être à deux semaines de la convention pour annoncer qui sera le colissier.
07:38Il aurait même dû être là ce soir, assister au débat.
07:41C'est-à-dire que vous pensez que Donald Trump ne sait pas qui il aura pour son ticket, qui comme vice-président ?
07:45Il est en train de se décider.
07:47C'est assez difficile parce que, normalement, un vice-président doit être quelqu'un qui apporte quelque chose,
07:54qui complète le président, qui est un peu son opposé.
07:56Alors, il a été échaudé avec Mike Pence, dont il estime qu'il l'a trahi au moment de l'élection.
08:01Et là, il veut à la fois quelqu'un qui lui apporte une partie de l'électorat,
08:08mais qui soit totalement loyal.
08:10Bon, ça tourne autour de cinq ou six noms.
08:14Ça pourrait être quelqu'un de la communauté noire, puisque c'est un électorat qu'il essaie de distraire
08:19avec quelques succès du Parti démocrate.
08:22Mais c'est quand même très curieux d'avoir un débat aussitôt.
08:25Et le suivant sera dans onze semaines.
08:27Ce qui veut dire que pendant onze semaines, on va rester sur cette première impression,
08:31qui va quand même peser beaucoup sur la campagne.
08:34Et donc, la convention des démocrates, c'est à fin août,
08:38et il y a cette hypothèse qui circule, pour le moment non confirmée,
08:41mais on ne sait pas trop, mais vous voyez, c'est un peu dans l'air du temps,
08:43des démocrates vont-ils débrancher Joe Biden, mais qui pour le remplacer ?
08:46Oui, parce qu'il faut rebrancher quelqu'un d'autre.
08:48Bill Clinton, Barack Obama, Michelle Obama ?
08:51Non, ni Bill Clinton, ni Barack Obama ne peuvent avoir un troisième mandat.
08:55Ah, on ne peut pas ?
08:57Non, même un autre mandat non consécutif, depuis Franklin Roussel,
09:02qui a été le dernier à le faire, on ne peut plus le faire.
09:04Bon, Michelle Obama, on en parle, mais ça paraît totalement fantaisiste,
09:08elle-même dit qu'elle ne le veut pas, elle n'a aucune expérience politique,
09:13et ce serait finalement offrir un troisième mandat virtuel à Barack Obama.
09:18Mais les gens n'en veulent pas non plus.
09:20S'ils avaient été tellement contents de la présidence de Barack Obama,
09:23ils n'auraient pas voté Trump.
09:25Donc, il y a beaucoup de candidats, mais on ne va pas les jeter dans l'arène,
09:29vous imaginez la bataille ?
09:31Vous avez quelques gouverneurs qui commencent à gratter le sol des quatre fers,
09:36ce sont d'ailleurs eux qui sont plus ou moins à l'origine de tous les bruits qu'il y a eu cette nuit,
09:40mais ça va être quelque chose, c'est ce qu'on appelle le Brokered Convention,
09:45c'est une convention où on négocie sur le tapis,
09:50en termes de rendu, pour le parti, c'est terrible,
09:54parce que les gens se battent comme des chiens.
09:56Merci beaucoup Anne Toulouse, la correspondante d'Europe 1 à Washington aux Etats-Unis,
10:00je renvoie les auditeurs vers votre livre, le dernier,
10:02L'art de Trumper, ou comment la politique de Donald Trump a contaminé le monde,
10:05c'est paru aux éditions du Rocher.
10:07Merci d'être venue nous voir ce matin dans le studio d'Europe 1.
10:09Merci à vous.

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