• il y a 4 mois
À 8H20, un Grand Entretien à trois voix, consacré aux élections législatives, avec Blanche Leridon, directrice éditoriale de l'Institut Montaigne, Gilles Finchelstein, directeur de la Fondation Jean-Jaurès, et Brice Teinturier, politologue, directeur général délégué d’Ipsos.

Retrouvez tous les entretiens de 8h20 sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien

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Transcription
00:00Et table ronde autour du nouveau volet de l'enquête Ipsos pour Le Quotidien Le Monde,
00:05la Fondation Jean Jaurès, le Cvipof, l'Institut Montaigne, Radio France et France Télévision,
00:12j'ai cité tout le monde, enquête électorale sur un échantillon de près de 12 000 personnes.
00:17Elle a été publiée ce matin et propose donc une image de la France qui s'apprête
00:23à aller voter dimanche pour le premier tour des élections législatives.
00:28Amis auditeurs, amies auditrices, j'attends vos questions au 01 45 24 7000 et sur l'application
00:34de France Inter pour en parler ici en studio, Brice Teinturier, politologue, directeur général
00:40délégué d'Ipsos, bonjour, bonjour Nicolas Demorand, Gilles Finkelstein, secrétaire
00:45général de la Fondation Jean Jaurès, bonjour, bonjour, et on termine ce tour de table avec
00:50Blanche Leridon, directrice éditoriale de l'Institut Montaigne, bonjour, bonjour,
00:55et bienvenue donc sur France Inter, on va parler dans un instant des rapports de force
01:00entre les différents blocs en lice dans cette élection, de ce qui vous semble d'ores
01:05et déjà « cristallisé » et de ce qui peut encore évoluer, mais un mot pour commencer
01:12sur les sentiments ressentis suite à la dissolution.
01:17Vous avez interrogé votre échantillon sur le sujet, 56% de cet échantillon exprime
01:25un sentiment négatif, incompréhension, peur, colère, avez-vous été surpris, surprise
01:33pardon, Blanche Leridon, par ces réponses ?
01:36Oui, effectivement, moi ce qui m'a le plus surprise dans ces réponses, c'est non pas
01:41ces sentiments négatifs que vous venez de décrire, c'est qu'effectivement l'incompréhension
01:45arrive en premier, avec 26% des répondants, mais juste après, deux petits points en
01:49dessous, à 24%, vous avez de l'espoir, et ça je trouve que ça traduit aussi l'immense
01:54décalage qu'il peut y avoir avec la façon dont nous, on évoque et on commente cette
01:58séquence politique, nous les politiques aussi, les journalistes, sur le ton de la crise politique,
02:04de la guerre civile, de l'immense danger, en oubliant un petit peu que pour un quart
02:08de nos concitoyens, c'est-à-dire que là il n'y avait qu'un choix impossible parmi
02:10l'ensemble des mots qui étaient proposés, et bien un quart décide de choisir l'espoir.
02:16Et cet espoir, il n'est pas uniquement l'apanage des électeurs du RN, certes 45% des électeurs
02:22du RN le choisissent, mais vous avez des choses un peu étonnantes, il a suscité l'espoir
02:25aussi chez 27% des électeurs insoumis, chez 25% des électeurs du Parti Communiste, et
02:30aussi étonnant, chez 20% des électeurs de la majorité présidentielle, donc oui, le
02:35sentiment négatif, disons, on s'y attendait, étant donné la façon dont on commente cette
02:39conséquence, mais il y a aussi quand même, voilà, 34% si vous ajoutez ceux qui ressentent
02:44de l'espoir, du soulagement, et ces petits 3% qui ressentent de la joie.
02:47De la joie, oui.
02:48Brice Tinturier sur les sentiments, les sensations, le ressenti de cette dissolution ?
02:53Ce qui est très très frappant, c'est de voir que dans tous les électorats, à l'exception
02:58du seul RN, les sentiments négatifs malgré tout l'emportent sur les sentiments positifs.
03:02Donc il y a de l'espoir, massivement chez les électeurs du RN, et également, vous
03:07avez raison, chez une bonne partie des électeurs de la France Insoumise, ou des électeurs
03:11de gauche, mais pourquoi ? Parce qu'en appuyant sur le bouton de la dissolution, le président
03:15de la République a donné la possibilité à ces électorats-là de se dire, l'alternance,
03:19ça peut être demain.
03:20C'est pas dans 3 ans, c'est potentiellement demain.
03:22Donc ceux-là sont plutôt satisfaits, mais c'est surtout un tropisme du RN, qui est
03:26très très puissant au RN, ils se disent, demain, c'est pour nous.
03:29Gilles Finkelstein, votre lecture de ce 56-34 ?
03:34Oui, peut-être pour prolonger ce que viennent de dire Blanche et Brice.
03:38Ce qui est frappant, c'est dans l'électorat du président de la République, le premier
03:45sentiment qui prédomine après la décision du président de la République, c'est l'incompréhension.
03:51Et elle est plus forte chez les électeurs de RN que dans les autres électorats.
03:56Et pourquoi ? Parce qu'il y a une autre question qui est sur la dissolution, comment on juge
04:00l'acte de dissolution ? Ce qui prédomine chez les électeurs de la majorité, c'est
04:05« c'était dangereux ». Et donc, on comprend bien, derrière cette apparence, on a des
04:10choses relativement équilibrées entre incompréhension, espoir, mais c'est très distribué selon
04:18les différents électorats.
04:19Venons-en aux intentions de vote, vous donnez le rassemblement et ses alliés à 36, légère
04:26hausse, 32 pour le RN, 4% pour les LR d'Éric Ciotti qui se sont ralliés.
04:32Le nouveau front populaire de son côté est donné à 29, ensemble à 19,5, loin derrière.
04:40Brice Tinturier, comment analysez-vous cette image ? Vous parliez de l'image à quelques
04:46jours du vote, comment analysez-vous les grandes masses ?
04:48C'est assez simple, on a un bloc RN et ses alliés qui domine, qui domine très largement,
04:54qui se maintient par rapport à ce qu'on a déjà mesuré et observé lors des européennes.
04:58Le contraire eût été étonnant, pourquoi est-ce que tout à coup ces électeurs qui
05:02viennent de s'exprimer ne voteraient plus pour le RN trois semaines après ? Et puis,
05:06au-delà de cette domination, le bloc de gauche est un peu en dessous, en deçà de ses résultats
05:12sur l'ensemble des gauches aux européennes, il progresse par rapport à l'échetif de
05:162022, mais insuffisamment, on est quand même très loin du bloc d'extrême droite et pour
05:20l'ensemble le résultat est assez terrible, en dessous des 20% et donc extrêmement loin
05:25des deux premiers blocs, ça augure de ce qui peut se passer dimanche soir.
05:29A 32, le RN atteint son étiage selon vous ou est-il encore en dynamique ?
05:35Je dirais pas qu'il est en dynamique parce qu'il n'y a pas une dynamique par rapport
05:39aux européennes, il y a une dynamique très forte par rapport à 2022, mais là finalement
05:43il se maintient et se maintenir à un tel niveau c'est déjà tout à fait exceptionnel.
05:48On regarde la gauche, Gilles Finkelstein, le nouveau Front populaire à 29%, vous écrivez
05:55dans Le Monde que ce bloc est solide, porté par un vote d'adhésion et d'espoir, vous
06:02dites que cela présage d'un très bon premier tour, expliquez-nous.
06:06En tout cas peut-être pas d'un très bon mais d'un bon premier tour, et d'un bon
06:11premier tour parce que si on prend comme critère pas seulement le score mais le nombre de
06:17candidats qui vont être qualifiés pour le second tour, il est vraisemblable qu'il
06:20y en ait davantage en 2024 qu'il y en a eu en 2022, je dis à la fois que c'est solide
06:26de l'intérieur mais que c'est aussi répulsif de l'extérieur, ce qui pose la question
06:31du second tour, c'est-à-dire que je dis à la fois sans doute bon premier tour mais
06:36second tour très incertain.
06:39Ce qui m'a le plus frappé, c'est ce que vous avez évoqué, c'est le vote d'espoir,
06:44et notamment le fait que les électeurs du Nouveau Front Populaire majoritairement pensent
06:50que le Nouveau Front Populaire va gagner ces élections, quand on regarde le rapport de
06:55force globale, ce n'était pas une évidence.
06:59Brice et puis Blanche Leridon, on va venir à la question du camp présidentiel.
07:06Oui, on a posé évidemment des indicateurs de pronostic et de souhait, ce qui est très
07:10remarquable, c'est que chez les électeurs du RN, les deux sont parfaitement alignés.
07:14Ils nous disent dans des proportions massives, c'est le RN qui va l'emporter et le souhait
07:19à 97%.
07:20Et on observe la même chose au sein du bloc de gauche, dans des proportions malgré tout
07:25un peu moindres.
07:26Donc on voit bien qu'on a un électeur à RN gonflé à bloc, qui pense qu'ils vont
07:30gagner, qu'ils vont gagner en plus avec une majorité absolue plutôt que relative,
07:35le souhait et le pronostic sont alignés, d'autres leviers sont là, le vote d'espoir
07:39on l'a souligné, mais également le sentiment qu'en termes d'incarnation et s'ajout,
07:43on y viendra, qu'ils ont une incarnation qui n'existe pas du coup dans le bloc de
07:47gauche.
07:48Donc tous les indicateurs sont quand même très bien alignés en faveur du RN.
07:52Blanche Leridon, ensemble à 19,5%, où est passé l'électorat d'Emmanuel Macron ?
07:59Alors déjà à 19,5%, ils font quand même un petit peu mieux qu'aux européennes.
08:03Il ne faut pas oublier qu'ils étaient à 14,5%.
08:06Remobilisation.
08:07Quand on a parlé d'incarnation à l'instant, quand on teste une quinzaine de personnalités
08:11premiers ministrables, Gabriel Attal s'en sort pas si mal, c'est-à-dire qu'il reste
08:15dans les cinq premiers, alors certes derrière Jordan Bardella qui caracole en tête, derrière
08:19Marine Le Pen, derrière Edouard Philippe, mais il arrive juste après.
08:22Donc là il y a quelque chose quand même, autant l'effet repoussoir du président
08:25de la République aussi bien que celui de Jean-Luc Mélenchon, dont on va sûrement
08:28parler dans un instant, est fort, autant lui ne subit pas du tout ce revers-là.
08:34Alors ensuite, où sont passés les électeurs ?
08:36Il y a un chiffre qui m'a frappée, c'est que vous avez 57% seulement des électeurs
08:41d'Emmanuel Macron au premier tour de l'élection présidentielle de 2022, premier tour, qui
08:45comptent voter pour la liste ensemble.
08:47Alors où vont-ils ? Essentiellement, ils vont aller vers le Nouveau Front Populaire
08:53et ils vont aller aussi un petit peu vers les Républicains, une petite minorité vont
08:57aller vers le Rassemblement National.
08:59Donc on a quand même, quand on compare ce chiffre de 57% des électeurs d'Emmanuel
09:04Macron, qui vont voter ensemble aux 80% des électeurs de Jean-Luc Mélenchon, qui
09:08avaient voté Jean-Luc Mélenchon au premier tour de 2022 et qui vont voter en toute logique
09:12pour le Nouveau Front Populaire, ou bien les 92% des électeurs, là c'est encore plus
09:16massif, de Marine Le Pen qui avait voté pour elle au premier tour de 2022 et qui voteront
09:21pour elle.
09:22On voit à quel point, effectivement, il y a eu, et Gilles pourra en parler puisqu'il
09:26avait écrit un papier à ce sujet, une déperdition des électeurs macronistes.
09:29Mais je voudrais ajouter quelque chose quand même sur l'électorat d'ensemble, c'est
09:33qu'on a, avec la reconfiguration politique qui s'est dessinée aussi, ce qui m'a un
09:38peu surprise moi, des électeurs de Yannick Jadot, 17% des électeurs de Yannick Jadot
09:43au premier tour de la présidentielle qui souhaitent voter pour ensemble dimanche prochain.
09:48Alors c'est un petit peu plus faible quand vous regardez les électeurs de Marie Toussaint,
09:51donc une élection un petit peu plus proche, c'est 13%, mais c'est pas négligeable.
09:54Donc ce transfert-là, il est intéressant, il vient aussi pour moi un petit peu en écho
10:01avec le sentiment de peur qui prédomine chez les électeurs écologistes.
10:05Gilles, Finkelstein, puis Brice Tinturier.
10:07Blanche disait, il peut y avoir des espoirs pour la majorité au sens où il y a une progression
10:12par rapport aux élections européennes, au sens où Gabriel Attal reste relativement
10:17solidement installé.
10:18J'ajoute que les souhaits de victoire sont plus importants encore pour la majorité,
10:23on est à 29%.
10:24Malgré tout, je crois que ces résultats sont extrêmement inquiétants pour le bloc
10:29présidentiel.
10:30D'abord parce que son socle sociologique a disparu.
10:33Il reste un socle ou pas ?
10:35Il reste un socle, ce sont les plus de 70 ans.
10:38Et même dans un pays qui vieillit, être fort seulement chez les plus de 70 ans, c'est
10:44insuffisant pour gagner une élection.
10:46Et ces espoirs-là, je crois, sont largement factices parce que dès dimanche, la question
10:52qui va se poser est dans combien de circonscriptions chaque camp est qualifié.
10:56Il y en avait un peu plus de 400 pour le bloc présidentiel en 2022, la réduction
11:02va être sans doute considérable.
11:04D'abord, dimanche, avec une participation qu'on estime aux alentours de 63%, vous aurez
11:10une explosion des triangulaires.
11:11Et dans ces triangulaires, il faudra tout de suite regarder si Ensemble arrive en troisième
11:15position et dans quelle proportion ou pas.
11:18Et puis vous aurez beaucoup moins de duels, bien évidemment, opposant Renaissance-ORN
11:22comme on l'avait en 2022.
11:24La hausse par rapport aux européennes, elle est très simple.
11:27On passe de 14,5 à 19,5, environ 5 points.
11:30Il y a 3,5 points qui viennent de la gauche, qui viennent principalement d'électeurs
11:34qui ont voté Glucksmann et qui repartent sur Ensemble.
11:36Ça, ce sont les enjeux autour de la France insoumise qui font que ces électeurs-là
11:41reviennent sur du macroniste.
11:42Et puis vous avez 2,5 points qui viennent d'électeurs plutôt de droite et qui vont
11:46sur Ensemble.
11:47Mais une fois que vous avez ça, le potentiel à la hausse, on le voit effectivement dans
11:51les souhaits.
11:52On voit que là, il n'y a pas d'alignement entre la logique électorale et les souhaits,
11:56mais malgré tout, la logique électorale fait qu'on a du mal à imaginer comment
12:00Ensemble peut s'en tirer.
12:01Autre enseignement de cette mobilisation en forte hausse, vous l'avez dit, les triangulaires.
12:13Quels sont encore les abstentionnistes à ce stade ? Comment les décrire ? Qui sont-ils
12:19? Avez-vous des éléments de réponse ?
12:22Oui, d'abord, on voit qu'on a une dynamique quand même de participation qui est tout à
12:27fait notable.
12:28Elle touche un peu tout le monde.
12:29Elle touche les jeunes comme les plus âgés.
12:32Malgré tout, l'écart entre les plus jeunes et les plus âgés reste extrêmement conséquent.
12:36Elle touche aussi, en termes de catégorie socioprofessionnelle, un peu tout le monde
12:40et on ne voit pas de potentiel chez les abstentionnistes qui permettrait de dire « ça va avantager
12:47tel ou tel camp ».
12:48Anne Muxel et le Cevipof ont produit une analyse de ces abstentionnistes que vous trouverez
12:54dans le monde.
12:55C'est très éclairant parce que vous avez un petit bout qui, véritablement, n'était
12:59pas mobilisé et là qui va se mobiliser pour les européennes.
13:02Mais vous ne pouvez pas en déduire qu'il avantage tel ou tel camp.
13:06Ça se distribue même pas trop mal, y compris pour le Rassemblement National.
13:10Ça veut dire concrètement que l'augmentation que l'on voit de la participation et qui
13:14peut encore se poursuivre de quelques points jusqu'à dimanche, peut ne pas avoir d'effet
13:19sur la modification du rapport de force, a en revanche un effet extrêmement puissant
13:24parce qu'elle baisse le seuil de la qualification pour le second tour et donc elle augmente
13:28potentiellement le nombre de triangles.
13:30Juste un mot aussi sur les abstentionnistes et les jeunes.
13:32On n'a quand même que 48% des 24-35 ans qui comptent aller voter, 51% des 18-25.
13:40Donc c'est vrai qu'il y a quand même une déperdition du côté de la jeunesse.
13:43Une jeunesse qui vote quand même très massivement, soit pour le nouveau fonds populaire autour
13:46de 40-45%, il me semble, soit pour le RN plutôt autour de 30% et qui a totalement abandonné
13:51par contre la majorité présidentielle puisqu'on est autour de 10%.
13:55Et deuxième élément, sur les catégories socio-professionnelles, c'est vrai qu'on
13:59voit que les ouvriers et les employés, autour de 53-54%, sont aussi ceux qui sont les moins
14:05susceptibles d'aller voter dimanche.
14:06On va passer au standard d'Inter où nous attend Olivier, bonjour et bienvenue Olivier.
14:11– Bonjour, merci.
14:13Écoutez, moi je voulais témoigner effectivement de la situation,
14:15c'est-à-dire que je suis un électeur historique de la gauche,
14:19j'ai toujours voté soit vert, soit socialiste, tout simplement.
14:24Et au vu de la situation actuelle et du bouclier qu'on a mis en place à chaque fois,
14:29quand il a fallu voter à droite, on a tous été voté à droite pour Jacques Chirac.
14:33Quand il a fallu voter pour un deuxième mandat, pour justement sauver un peu la situation,
14:40on y a été, pour M. Macron, et au vu de la politique qu'il a tenue et de l'attitude
14:49qu'il a envers la population, moi je vais voter encore une fois à gauche pour le premier tour.
14:55Mais politiquement, je vous avoue que j'ai 50 ans et que maintenant il y en a marre,
15:00et qu'on a eu des droits de vote pour donner des idées et pas pour voter pour le moins pire.
15:05Et maintenant en fait ça suffit, c'est-à-dire que tout le monde est d'accord avec moi.
15:07– Vous allez vous abstenir, c'est ça ?
15:10– Ah non, je ne vais pas m'abstenir, je vais aller voter.
15:12Ça c'est, il est hors de question de s'abstenir, mais j'irai voter blanc.
15:14– Vous irez voter blanc, d'accord. – Exactement.
15:16– Merci Olivier pour votre appel et ce témoignage.
15:21Gilles Finkelstein voudrait y répondre.
15:25– Oui, c'est un témoignage qui est très intéressant.
15:27On l'entend chez des électeurs de gauche disant, il y en a marre, on a déjà fait barrage,
15:33et il y a une forme d'équivalence entre Macron et Le Pen.
15:37On l'entend beaucoup dans la majorité actuelle et à droite,
15:41il y a une équivalence entre soit LFI et le Rassemblement national,
15:46soit l'extrême gauche et l'extrême droite, pour reprendre les vocables de cette campagne.
15:50Et la question n'est pas, je crois, seulement de savoir s'il y a une équivalence des dangers.
15:57Ça peut être un débat, mais même si on part, j'accepte le postulat d'Olivier
16:02ou de ceux qui disent équivalence entre LFI et le Rassemblement national,
16:07il y a équivalence des dangers.
16:09Partons simplement pour le raisonnement de cette idée-là.
16:13S'il y a équivalence des dangers, il n'y a pas équivalence dans l'éminence des dangers.
16:18Parce que dans la situation dans laquelle nous sommes avec cette enquête,
16:22il n'y a plus qu'une possibilité de majorité absolue,
16:26elle est pour le Rassemblement national.
16:28Et donc, je crois qu'on va voir quel va être l'effet dimanche de ces résultats
16:34face à ce qui va apparaître, ce que je viens d'évoquer,
16:37la seule hypothèse de majorité absolue, c'est le Rassemblement national.
16:42Et donc, pour les uns et pour les autres, la question va se poser de savoir
16:45s'il faut prendre l'adversaire dans l'ordre dans lequel il se présente.
16:48Il n'y a plus d'autres...
16:49Enfin, les scénarios se sont simplifiés pour reprendre...
16:54C'est ça ce que vous dites ?
16:55Je dis que l'alternative, la seule alternative à ce stade qui reste,
16:59c'est soit une majorité absolue pour le Rassemblement national,
17:02soit une majorité introuvable qu'il faudra trouver plus tard.
17:06Blanche Leridon ?
17:08Je voudrais juste rebondir sur une petite phrase qu'a prononcée Olivia à l'instant,
17:12on vote pour des idées.
17:13Vous n'êtes pas le seul, et je crois que c'est très important de le rappeler,
17:15on l'oublie un petit peu, mais on a tendance à surpersonnaliser cette élection,
17:19c'est quand même 577 députés qu'on élit, et non pas directement un Premier ministre.
17:24Et quand on s'intéresse, quand on interroge les Français sur le poids
17:28que représentent les programmes dans leurs décisions,
17:30ils sont 73% à dire que c'est important de prendre compte des partis politiques.
17:35Ensuite, il faut mettre en regard de ces chiffres-là la crédibilité qu'ils accordent à ces programmes,
17:39et le caractère réaliste qu'ils estiment pouvoir leur rattacher.
17:43Mais quand même, il ne faut pas oublier qu'on n'est pas sur un vote massivement de rejet,
17:46mais qu'il y a un vote aussi d'adhésion, un vote d'idées,
17:49et que cette idée-là, il ne faut pas l'oublier.
17:51Brice Tinturier ?
17:52Je voudrais revenir sur le point clé de l'équivalence.
17:55Parce que le choix n'est pas entre la France insoumise et le Rassemblement national.
18:00Il est entre la coalition de gauche dans laquelle il y a la France insoumise et l'ERN,
18:04ce qui n'est pas la même chose.
18:06Le choix n'est également pas symétrique en termes de danger immédiat,
18:10pour ceux qui considèrent que c'est un danger.
18:12C'est l'ERN, avec 36% on l'a dit, qui demain est aux portes de Matignon,
18:16ce qui n'est absolument pas le cas de la France insoumise.
18:19Et c'est le point que les électeurs, et c'est ça qui est très important,
18:23y compris de Renaissance, ont intégré.
18:25Dans le vote barrage des électeurs de Renaissance,
18:28ceux qui nous disent « je vote pour faire barrage à un bloc »,
18:30on leur a demandé « et lequel ? »,
18:32ils sont plus nombreux à se dire « il faut faire barrage au REN
18:36qu'à faire barrage au bloc de gauche ».
18:38Et ça, c'est une donnée que les dirigeants de Renaissance
18:41doivent véritablement prendre en compte
18:43dans ce qu'ils vont annoncer comme consigne dimanche soir.
18:46Ce qu'ils ne font pas jusque-là.
18:47Ce qu'ils ne font pas pour l'instant,
18:49et donc je les invite à regarder notre enquête.
18:51Patrick est au standard.
18:53Vous nous appelez de Montpellier, je vous salue et vous donne la parole.
18:57Bonjour Nicolas Demorand, merci d'avoir sélectionné mon témoignage.
19:01Moi, ce qui me frappe depuis trois semaines,
19:03et je ne suis pas un partisan d'Emmanuel Macron,
19:05c'est-à-dire je ne suis pas un militant,
19:07et je ne vais pas le défendre, je ne suis pas son apologue,
19:09mais ce qui me frappe, c'est que depuis trois semaines,
19:11Emmanuel Macron est devenu l'ennemi public numéro un politique en France.
19:15Le responsable, l'unique, l'exclusif responsable de notre situation,
19:19c'est-à-dire ce que disait Gilles Bonsaï tout à l'heure,
19:21l'hypothèse de majorité absolue du Rassemblement national,
19:23qui sera inédite évidemment,
19:25et puis ces choix négatifs que nous avons finalement
19:29comme spectre pour dimanche,
19:31eh bien tout ça, c'est la faute d'Emmanuel Macron.
19:33Et je pense que, et c'est mon témoignage,
19:35et je voudrais avoir évidemment l'avis de vos techniciens sur le plateau,
19:38c'est que je pense que la situation devant laquelle nous sommes
19:42est en partie expliquée,
19:43est en partie évidemment expliquée par ce manque de solidarité patent,
19:46et les témoignages successifs de Gabriel Attal le montrent,
19:51ce manque de solidarité patent de la majorité présidentielle,
19:54de tous ces députés sortants,
19:56y compris chez moi, là, dans l'héros,
19:57qui se représentent et qui se disent
20:00« surtout pas Emmanuel Macron »,
20:01alors qu'ils ont été portés et faits politiquement par Emmanuel Macron.
20:05Eh bien cette situation-là, elle est claire,
20:08elle dégoûte les citoyens que nous sommes et les électeurs que nous sommes.
20:11– Bien compris, merci infiniment Patrick,
20:14d'être intervenu à l'antenne, Brice Tinturier.
20:18– Oui, il y a probablement une polarisation sur la personne d'Emmanuel Macron,
20:22qui est extrêmement forte et peut-être démesurée,
20:25mais c'est Emmanuel Macron qui a appuyé sur le bouton de la dissolution,
20:29et on a vu à quel point cela suscitait de l'incompréhension,
20:31voire du rejet, y compris parmi ses propres électeurs.
20:35Et puis la grande difficulté aussi, c'est que depuis 2022,
20:38Emmanuel Macron n'a qu'une majorité relative,
20:40et n'a pas donné le sentiment pour l'ensemble de ses électeurs
20:44qu'il prenait en compte cette situation.
20:46Donc quand aujourd'hui, dans sa lettre,
20:48ou dans cette idée de fédération de projet, il dit « je vais changer
20:51dans ma manière de présider ou de gouverner »,
20:54la crédibilité, elle n'est pas au rendez-vous,
20:56et c'est ça qui cristallise aussi le rejet de la figure d'Emmanuel Macron.
21:00– Un mot, Gilles Finkelstein, et non pas Brandstein.
21:06– Oui, il y a sans doute une polarisation,
21:08et peut-être même une polarisation excessive autour d'Emmanuel Macron.
21:14Je trouve qu'on est beaucoup dans une campagne de polarisation négative
21:18de chaque bloc qui considère que les autres blocs
21:21constituent un ennemi à abattre.
21:26Ce manque de solidarité sur le terrain
21:28qu'a ressenti Patrick, des candidats de la majorité,
21:32il tient sans doute à l'impopularité du Président de la République,
21:35même antérieure à l'élection,
21:38elle tient beaucoup à la décision elle-même qui n'a pas été comprise.
21:42Et c'est ça, je crois, le cœur de la difficulté de la majorité
21:46dans cette campagne, c'est que la décision de départ n'a pas été comprise.
21:51– Un mot rapide, Blanche Leraydon.
21:52– Oui, elle tient effectivement à la décision du Président de la République,
21:55mais aussi elle s'inscrit dans une logique
21:57qui a déjà été démontrée par le passé.
21:59L'impopularité du Président de la République,
22:01elle vient aussi de 7 ans de pouvoir.
22:02C'est-à-dire que si vous regardez les chiffres de la fin
22:04du quinquennat François Hollande-Nicolas Sarkozy,
22:06il y avait des taux d'impopularité qui étaient à peu près similaires.
22:09Donc là aussi, il y a l'usure du pouvoir qui rentre beaucoup en compte
22:14et qui doit abîmer aussi l'image du Président de la République,
22:17à la fois dans son camp et de façon plus générale.
22:20– Dernier mot, dernière question, dernier tour de table.
22:23Je reviens aux scénarios les plus probables.
22:26Une majorité absolue pour le RN,
22:29une Assemblée nationale divisée en plusieurs blocs.
22:32Brice Tinturier.
22:35– Alors nous, nous avons pris la décision
22:37de ne pas faire de simulation électorale avant le premier tour
22:40parce que les hypothèses que vous devez cumuler sont tellement difficiles.
22:44On n'a pas les configurations de second tour,
22:46on ne peut pas faire de report, il y aura beaucoup de triangulaires
22:49que ça nous paraît peu raisonnable de diffuser une information non fiable
22:54qui peut avoir des effets.
22:55Malgré tout, une fois que vous avez dit ça,
22:57compte tenu des rapports de force en voie,
23:00la perspective, c'est beaucoup plus une perspective de majorité absolue
23:04ou peut-être relative pour le bloc du RN.
23:08Mais on est bien dans cette direction
23:10et on ne peut absolument pas exclure l'idée d'une majorité absolue.
23:13– Gilles Finkelstein, je partage, c'est la tendance.
23:19Ça tient à la fois au socle les 36%,
23:22il faut se souvenir qu'en 2017,
23:25lorsque Emmanuel Macron a une majorité absolue,
23:27La République En Marche n'obtient que 31% au premier tour de l'élection.
23:31Mais ce n'est pas seulement la question du niveau,
23:33je crois que c'est beaucoup l'analyse des dynamiques
23:36et des comportements des électeurs,
23:38de ce que seront vraisemblablement les reports.
23:40C'est là que se situe le risque avec une réserve,
23:44c'est quelle va être l'ampleur du choc à la lecture des résultats dimanche ?
23:50– Blanche le rideau.
23:50– Un dernier mot peut-être, c'est que pour 60% des Français,
23:53c'est le RN qui va l'emporter.
23:54Donc ça déjà, nous, quand on les interroge et indépendamment.
23:57Alors 60% des Français le prédisent, mais 40% le souhaitent.
24:01Donc il y a quand même un petit décalage entre la prédiction et le souhait.
24:05Peut-être dernier élément pour ajouter au caractère encore incertain,
24:10quand on interroge qu'au départ,
24:12cette grande enquête est portée sur les Européennes
24:14et on l'a poursuivie dans un contexte un peu particulier
24:16qui est celui des législatives.
24:17Mais quand on interroge les électeurs aux Européennes
24:19sur le moment où ils ont pris leur choix,
24:2112% l'ont pris au tout dernier moment.
24:23Là, on pense que ça va être encore plus important.
24:25Donc il y a encore des indécis qui pourraient changer d'avis
24:28dimanche dans l'isoloir.

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