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- Grand témoin : Thomas Piketty, économiste, directeur d'études à l'EHESS, professeur à l'école d'économie de Paris et co-auteur de "Une histoire du conflit politique" (Seuil)

GRAND DÉBAT / Emmanuel Macron après la dissolution : tenté par la stratégie du "ni-ni" ?

« Le récap » par Bruno Donnet

Quelle consigne de vote donner en cas de duels RN-LFI au second tour des prochaines législatives ? C'est la question que se pose actuellement le camp présidentiel, dont les ténors se sont retrouvés le 26 juin 2024, en visioconférence, autour d'Emmanuel Macron. Bilan de cette réunion : la stratégie du « ni RN, ni LFI » semble faire consensus. Une grave erreur selon l'ancien Premier ministre socialiste, Jean-Marc Ayrault, qui pointe l'irresponsabilité des marconistes. Même reproche formulé par la patronne des Écologistes Marine Tondelier. Elle cosigne une tribune dans « Le Monde » prônant le désistement des « forces démocratiques » pour faire barrage au RN au second tour. Olivier Faure (Parti socialiste), Raphaël Glucksmann (Place Publique) ou encore les anciens ministres Clément Beaune et Aurélien Rousseau, font aussi partie des signataires. Le Président élu en 2017 et en 2022 sur sa promesse de faire barrage à l'extrême-droite reviendra-t-il sur sa position ?

Invités :
- Anne-Charlène Bezzina, politologue, maîtresse de conférences en droit public
- Yaël Goosz, éditorialiste et chef du service politique de France Inter
- Stéphane Zumsteeg, directeur du département opinion à l'institut de sondage Ipsos
- Sophie de Ravinel, grand reporter au Figaro

GRAND ENTRETIEN / Thomas Piketty : le programme économique du Nouveau Front Populaire, un matraquage fiscal ?

Depuis la publication du programme du « Nouveau Front Populaire », de nombreuses mesures proposées ont fait débat, notamment celles qui concernent le domaine de l'économie et plus généralement le financement du programme. Bruno Le Maire le décrit ainsi comme un « délire total » qui ne correspondrait « absolument pas aux attentes du temps ». L'économiste Olivier Blanchard a par exemple indiqué au sujet de l'augmentation du SMIC, mesure phare du programme, qu'elle « provoquera la faillite de nombreuses entreprises » et un recul de la croissance. Face à ces critiques, le NFP a cependant reçu le soutien de plusieurs économistes comme Julia Cagé ou Thomas Piketty. Ce-dernier a notamment félicité le mouvement en soulignant qu'il était le seul à « dire où il va prendre l'argent » pour financer son programme. Grand défenseur d'un nouvel impôt sur la fortune pour financer les services publics et la protection sociale, l'auteur et directeur d'études à l'EHESS soutient le programme de l'union de la gauche. Comment évalue-t-il le débat et les oppositions du monde politique et intellectuel face aux mesures économiques du NFP ?

- Grand témoin : Thomas Piketty, économiste, directeur d'études à l'EHESS, professeur à l'école d'économie de Par

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Transcription
00:00:00Bonsoir, bienvenue, très heureuse de vous retrouver dans ça vous regarde ce soir l'économiste
00:00:10qui a inspiré le programme fiscal du nouveau Front Populaire, Messie, Messie, Thomas Piketty,
00:00:15bonsoir.
00:00:16Bonsoir.
00:00:17Et merci d'être notre grand témoin ce soir, directeur d'études à l'EHESS, professeur
00:00:21à l'école d'économie de Paris, on va revenir dans le détail sur ce programme économique
00:00:25de cette nouvelle alliance de gauche, c'est un projet radical, c'est un projet financé
00:00:30aussi, pas tous les autres le sont, et c'est un projet chiffré qui inquiète les marchés,
00:00:35les entreprises, mais aussi les ménages, 150 milliards sur 3 ans, qui va payer ? Y-a-t-il
00:00:39vraiment des raisons de s'affoler ? On en parlera tout à l'heure, tous les deux, dans
00:00:43la deuxième partie.
00:00:44Une question dans notre grand débat ce soir qui donne déjà des mots de tête au camp
00:00:48présidentiel, quels consignes de vote en cas de duel, RN, LFI ou de triangulaire ? La
00:00:54Macronie se trouve face à un dilemme, faut-il qu'elle se sacrifie partout où le RN peut
00:00:59l'emporter ? Jusqu'où doit aller le front républicain pour empêcher Jordan Bardella
00:01:05de gouverner ? Grand décryptage dans un instant avec mes invités, enfin, nos affranchis
00:01:10ce soir, la France Vue d'Europe avec Richard Verli, le billet d'humeur de maître Bertrand
00:01:15Perrier et puis votre nouveau rendez-vous Campagne Express, Elsa Mondingava, voilà
00:01:19pour le programme, ça vous regarde J-4 avant le premier tour.
00:01:23On y va ? Comme appliqué, tu sais ? Top générique.
00:01:38Il a bénéficié par deux fois du front républicain anti-RN en 2017 et en 2022, cette fois, c'est
00:01:46lui, Emmanuel Macron, qui est à l'heure des choix, même si officiellement, elle est
00:01:51prématurée.
00:01:52La question cruciale des consignes de vote pour le second tour est déjà dans toutes
00:01:56les têtes et elle divise le camp présidentiel.
00:01:59Bonsoir Anne-Charlene Bézina.
00:02:01Bonsoir Myriam.
00:02:02Merci d'être là, vous êtes constitutionnaliste, politologue, maîtresse de conférences en
00:02:06droit public.
00:02:07Bonsoir Yael Ghoz.
00:02:08Bonsoir Myriam.
00:02:09Ravie de vous accueillir à nouveau parmi nous dans la partie débat de cette émission,
00:02:12chroniqueur régulier dans cette émission, vous êtes éditorialiste et chef du service
00:02:14politique de France Inter.
00:02:16Bonsoir Sophie Dravinel.
00:02:18Bonsoir à vous.
00:02:19Bienvenue sur ce plateau, grand reporter au Figaro, au sein du service politique, enfin,
00:02:23bonsoir Stéphane Zumsteig.
00:02:25Bonsoir.
00:02:26Bienvenue aussi à vous, vous dirigez le département opinion de l'Institut de sondage Ipsos.
00:02:30Thomas Piketty, vous intervenez quand vous le souhaitez, on a envie d'entendre l'homme
00:02:34de gauche sur ce nini présidentiel.
00:02:37Avant de vous entendre, évidemment, on plante le décor, le point sur ce casse-tête des
00:02:42consignes de vote, c'est dans le récap de Bruno Donnet.
00:02:44On accueille tout de suite.
00:02:55Bonsoir Bruno.
00:02:56Bonsoir Myriam.
00:02:57Bonsoir à tous.
00:02:58Dans votre récap, ce soir, un front républicain à front renversé.
00:03:02Oui, alors pour bien comprendre ce dont on parle ce soir Myriam, il faut commencer par
00:03:05faire une petite plongée dans les archives.
00:03:08Ne composez jamais avec l'extrémisme, le racisme, l'antisémitisme ou le rejet de
00:03:15l'autre.
00:03:16Car jusqu'à des temps relativement récents, lorsqu'on évoquait l'extrémisme politique
00:03:22en France, il s'agissait sans la moindre ambiguïté de l'extrême droite, contre
00:03:28laquelle toutes les autres formations appelaient à s'opposer sans hésiter.
00:03:32Il est clair qu'il faut faire barrage à l'extrême droite et voter Jacques Chirac,
00:03:36il faut que tous les démocrates et les républicains votent Jacques Chirac.
00:03:38Seulement voilà 22 ans après le 21 avril 2002, le front républicain et sa fameuse
00:03:45ambition de faire barrage à l'extrême droite s'est fracassé, retourné sur l'autel
00:03:51d'un nouvel extrémisme.
00:03:53Toutes les forces républicaines patriotes du pays doivent se rassembler pour faire barrage
00:03:59au pire du pire et à ce péril de voir l'extrême gauche remporter cette élection législative.
00:04:06Telle l'arroseur arrosé, l'extrême droite ne parle plus de gauche, elle évoque désormais
00:04:11l'extrême gauche, bien aidée par un président de la République qui agite lui-même très
00:04:16volontiers ce grand péril.
00:04:18Je vous invite à vous poser la question de savoir qui est le candidat du bloc d'extrême
00:04:24gauche et associé ? C'est monsieur Mélenchon je pense.
00:04:29Jean-Luc Mélenchon fait figure d'extrême épouvantail et Emmanuel Macron a donc choisi
00:04:34pour le moment de ne pas choisir, de renvoyer dos à dos l'extrême droite et l'extrême
00:04:39gauche.
00:04:40Quelques grandes voix républicaines ont dénoncé un choix qu'ils jugent manœuvrier.
00:04:45C'est une lutte politique et c'est une irresponsabilité et surtout un affront à ceux qui en 2017 mais
00:04:52aussi en 2022 au deuxième tour de l'élection présidentielle n'ont pas hésité un instant
00:04:56à voter pour Emmanuel Macron.
00:04:59Mais d'autres grandes voix sont totalement d'accord avec le président de la République
00:05:03pour affirmer que le pire a désormais en France la forme d'une hydre à deux têtes.
00:05:09A chacun des responsables politiques de dire son refus du pire ou si j'ose dire le refus
00:05:17de son pire.
00:05:19Et alors donc quelles sont les conséquences de cette situation sur les consignes de vote ?
00:05:23Et bien le flou Myriam est absolu.
00:05:26Aux représentants de la majorité une question lancinante est posée constamment.
00:05:32Que ferez-vous en cas de duel entre le front national et entre le front populaire ?
00:05:37J'ai vraiment besoin de votre réponse.
00:05:40Jusqu'à avant-hier, comme Bruno Le Maire, les partisans de la majorité se contentaient
00:05:44donc de botter en touche.
00:05:47Je comprends, je vous le dirai le 1er juillet.
00:05:50Mais aujourd'hui la nouvelle ligne qui semble se dessiner ressemble de plus en plus à un
00:05:54refus, un refus de choisir.
00:05:57Pour moi, un parti qui piétine la laïcité, qui piétine notre pacte républicain est
00:06:04un parti pour lequel nous ne pouvons pas avoir de soutien, ni RN, ni LFI, effectivement
00:06:10dans ces situations-là.
00:06:12Alors dans ce contexte opaque, la chef des écologistes a appelé ce matin à un désistement
00:06:18républicain avant de préciser quelle serait l'attitude du nouveau front populaire dont
00:06:23elle est membre.
00:06:24Il n'y aura pas d'hésitation chez nous, pas de tergiversation.
00:06:27Un deuxième tour avec trois candidats, si nous sommes en troisième position et que
00:06:31nous risquons de faire élire quelqu'un d'extrême droite, nous nous désisterons.
00:06:35Vous l'aurez compris Myriam, le front républicain a vieilli, il est très mal en point.
00:06:40La politique est ces jours-ci un sport extrême qui dit sous tout sur son passage.
00:06:45Merci beaucoup, merci pour ce billet, excellent comme chaque soir.
00:06:51Yael Ghosn, on va venir sur les consignes de vote, les stratégies de positionnement
00:06:55en vue du second tour.
00:06:56Déjà, on est à quatre jours, quatre jours de dimanche, de ce premier tour qu'on sent
00:07:00bien vraiment historique.
00:07:02Ils vont comment les macronistes ? Est-ce qu'ils sont prêts à se sacrifier ? Est-ce
00:07:05qu'ils ont compris que c'était difficile, plus que difficile pour eux ?
00:07:09Ah ben non, vous avez compris les mots de Bruno Le Maire, c'est d'attendre la vérité
00:07:13des prix, entre guillemets, dimanche soir à 20h.
00:07:16C'est là qu'il y aura une consigne claire ou pas claire, mais pour l'instant, ce qui
00:07:20se dessine, c'est vraiment le ni-ni.
00:07:22Ni Front Populaire, sous-entendu ni LFI dans le Front Populaire, ni le RN.
00:07:29En fait, on peut comprendre cette stratégie parce que, effectivement, dire maintenant
00:07:35ce qu'on veut faire, c'est aussi partir un peu perdant, c'est partir troisième.
00:07:39Pourquoi est-ce qu'on parle de ça en fait ? Parce que la participation va être forte
00:07:43dimanche, beaucoup plus forte qu'aux européennes.
00:07:45Au-delà des 60%, on en parlera.
00:07:47On en parlera tout à l'heure.
00:07:49Ce qui veut dire, mécaniquement, plus de triangulaires.
00:07:51Combien ?
00:07:52On parle de centaines de triangulaires.
00:07:53Il n'y en avait eu qu'une en 2017 et que huit seulement en 2022.
00:07:58Donc ça change beaucoup de choses.
00:07:59La question, c'est qui est troisième, qui arrive troisième dans l'ordre des blocs.
00:08:03Aujourd'hui, au vu des sondages, au vu du rapport de force, c'est plutôt le mystic
00:08:07gris du désistement et il passe chez Renaissance et ses alliés.
00:08:11Donc c'est à eux de se mettre en position d'arbitre moral, de dire est-ce que je laisse
00:08:16passer le RN face aux Nouveaux Fonds Populaires ou est-ce que je dis aux Nouveaux Fonds Populaires
00:08:20de bloquer le RN ? En sachant aussi que cette habitude des consignes, elles sont rarement
00:08:27suivies d'effet en 2022.
00:08:29On a déjà acté la mort du Front républicain en 2022.
00:08:32Vous désistez, ça a un effet.
00:08:34Ça retire un bulletin, mais c'est vrai que c'est moins suivi par les Français.
00:08:40Juste pour comprendre, on s'achemine vers le ni-ni, ni RN, ni LFI, Sophie Drabinelle,
00:08:46en cas de duel, ou même peut-être si les écarts sont très importants de voix,
00:08:53si le RN est très haut, alors désistement, si c'est un cadre triangulaire.
00:08:57Le dire maintenant, c'est aussi parler aux macronistes qui ont besoin de savoir ça,
00:09:01pour savoir pour qui ils vont voter dès le premier tour.
00:09:04Parce qu'on sait qu'il y a beaucoup d'électeurs de Raphaël Glucksmann qui ont choisi Raphaël Glucksmann
00:09:09et qui en veulent de son alliance avec le Nouveau Front Populaire.
00:09:13Le dire sans le dire avant le premier tour, pourquoi ?
00:09:16En fait, il y a deux choses.
00:09:18Il y avait un argument présenté par le Premier ministre, candidat à Gabriel Attal,
00:09:23qui est de dire que si vous votez pour nous dès le premier tour, c'est le vote utile
00:09:26contre le RN, parce que vous n'aurez pas à vous poser la question au deuxième tour.
00:09:31Ce qu'il y a, c'est que là, Marine Tondelier, d'Europe Écologie des Verts,
00:09:35a décidé de lancer avant pour essayer de clarifier les choses justement
00:09:39et empêcher une partie d'efficacité de cet argument.
00:09:44Ce nimi qu'on devine dans le camp macroniste, très clairement,
00:09:48il met en colère toute la gauche ?
00:09:50Il met en colère toute la gauche, mais il n'est pas forcément inéluctable.
00:09:54C'est-à-dire qu'ils attendent et ils regardent voir si chez Édouard Philippe,
00:09:58il ne pourrait pas y avoir un petit bouger.
00:10:00Disons qu'ils l'espèrent, parce que ce qu'ils se disent...
00:10:02Attendez, expliquez-nous ça. Pourquoi Édouard Philippe ?
00:10:04Lui choisirait, comme certains dans la majorité, LFI plutôt que le RN ?
00:10:10En tout cas, pas forcément LFI, mais évidemment le NFP, le Nouveau Front Populaire,
00:10:14qui pourrait, s'il est fort, se débarrasser d'autant plus facilement de Jean-Luc Mélenchon,
00:10:20qui est jugé encombrant par une majorité de ce Nouveau Front Populaire.
00:10:24C'est un peu compliqué à dire pour le moment.
00:10:26Donnez les clés à la partie non-mélenchoniste du Front Populaire pour dégager Mélenchon.
00:10:31En surtout, Édouard Philippe, ce qu'ils espèrent en tout cas,
00:10:35certains au Nouveau Front Populaire, c'est de se dire,
00:10:38il est sans doute, au camp du centre, celui qui est le plus engagé pour 2027.
00:10:42Il aura besoin de nous, il le sait.
00:10:44Si jamais il se trouvait...
00:10:46Alors, ils peuvent espérer, à gauche, être eux-mêmes au deuxième tour en 2027.
00:10:50Si jamais il s'agissait d'Édouard Philippe, face au candidat du RN,
00:10:55lui sait qu'il aura besoin de ces voix de la gauche.
00:11:00Ce ni-ni, juste pour comprendre, c'était intéressant avec Bruno Donnet
00:11:04de réentendre Jacques Chirac le 21 avril.
00:11:07On a tout ça en mémoire pour ceux qui ont allé plus de 40 ans.
00:11:11C'est un tournant, ou pas, de dire ni LFI ni RN
00:11:15quand on appartient à un bloc central démocrate ?
00:11:18Alors, je crois que le sujet l'a bien montré.
00:11:21En effet, on a cette idée d'être frontiste, aujourd'hui,
00:11:24mais on ne sait plus vraiment pour quel front.
00:11:27C'est-à-dire qu'on a le sentiment qu'il y a,
00:11:30et chez les citoyens électeurs français,
00:11:32ce n'est pas uniquement le Sénat que le politique parle comme ça.
00:11:34C'est-à-dire qu'on a le sentiment qu'il y a eu plusieurs repoussoirs
00:11:37au point, peut-être, de normaliser parfois le RN.
00:11:39Je pense à Éric Zemmour, je pense à Jean-Luc Mélenchon
00:11:42qui, dans leur effet un peu passionnel, parfois, dans la manière d'incarner la politique,
00:11:46ont réussi à reléguer le RN en parti qui rassure une partie de l'électorat.
00:11:52Néanmoins, moi, je reviens sur le jeu des alliances.
00:11:55Ce qui va se déterminer entre lundi et mercredi prochains,
00:11:58c'est le visage de la nouvelle Assemblée nationale.
00:12:01Donc, ça me paraît assez logique que le bloc central prenne du temps pour réfléchir
00:12:06parce qu'il faut savoir qu'ensuite, c'est ce qu'on leur répliquera
00:12:09à chaque nouvelle loi, nouveau budget.
00:12:12Vous avez fait alliance avec un tel, vous avez choisi entre...
00:12:15Et je pense que, précisément, tout l'objet de la tergiversation du bloc centriste,
00:12:21c'est d'essayer, peut-être, de faire exploser le nouveau Front populaire.
00:12:27Parce que la question qui va être centrale, c'est est-ce que ce nouveau Front populaire
00:12:31aura un seul groupe à l'Assemblée nationale, parlera d'une seule voix
00:12:34ou est-ce que c'est une nupèce 2.0 au sein de l'Assemblée nationale ?
00:12:37On entend déjà parler certains insoumis purgés par Jean-Luc Mélenchon
00:12:41réfléchir à un groupe autonome.
00:12:43C'est-à-dire que le bloc centriste peut choisir de fissurer ce bloc dès l'entre-deux-tours
00:12:48pour pouvoir ensuite trouver des alliances plus simples d'opposition au sein de l'Assemblée nationale.
00:12:53Il y a une cause pour bien comprendre, parce que c'est pas évident,
00:12:55pour ceux qui ne sont pas familiers non plus à chaque nouvelle élection législative,
00:12:59il y a des jeux d'appareils.
00:13:00C'est ni LFI ni RN ou c'est ni LFP, nouveau Front populaire, ni RN.
00:13:05Ça fait quand même une grosse différence.
00:13:07C'est pas complètement clair.
00:13:09Comment ça, c'est pas clair ?
00:13:10Ils n'appelleront pas à voter pour un socialiste ou un communiste ?
00:13:13Ça n'est pas une évidence dans la tête des macronistes ?
00:13:15Non, moi je n'ai pas cette évidence.
00:13:16C'est la même face à Hollande.
00:13:17Ils ont appelé à voter pour un candidat LR qui avait voté la motion de censure contre eux-mêmes.
00:13:21Ils vont très très loin dans leur histoire.
00:13:23Il y a vraiment une géographie à dessiner, peut-être du cas par cas qui se dessinera dimanche soir.
00:13:27Moi, ce qui me frappe, pardon, mais on en parlait à l'instant dans le billet d'introduction,
00:13:342022-2017, Emmanuel Macron est devenu président grâce à un front républicain massif,
00:13:43des voix de gauche en sa faveur.
00:13:46Il a dit devant le Louvre en 2017, face à la pyramide,
00:13:50la pyramide dans le dos, pardon,
00:13:52je ferai en sorte que dans les cinq années qui viennent,
00:13:54il n'y ait plus aucune raison pour vous, Français, de voter pour l'extrême droite.
00:13:58On est en 2024, il dissout.
00:14:01Campagne express, impossible de la rendre parfaite, cette campagne, en moins de trois semaines.
00:14:05Il dissout et derrière, il y a la possibilité que le RN ait les clés du pouvoir.
00:14:10Comment justifier un tel nini quand on a soi-même été, quelque part,
00:14:17bénéficiaire du fonds républicain ?
00:14:20C'est un renversement complet des valeurs.
00:14:22Ça veut dire que le Bloc central, lui-même, normalise le RN de Jordan Bardella et de Marine Le Pen.
00:14:28Vous êtes d'accord avec ça, Thomas Piquet ?
00:14:30C'est bien pire que ça encore.
00:14:31Le Bloc central, comme on dit, il a déjà fait l'union des droites en votant la loi sur l'immigration de décembre dernier.
00:14:37Il est venu sur les plateaux défendre le retour au code de la nationalité de Charles Pasqua,
00:14:43qui n'est pas passé pour des raisons constitutionnelles,
00:14:45mais ils ont été faire le job sur les plateaux pour dire pourquoi ils voulaient un retour au droit du sol
00:14:49et au code de la nationalité de Charles Pasqua, il y a 30 ans.
00:14:53Pour des gens venus de la gauche, c'est quand même assez fort.
00:14:55Ils ont effectivement été élus grâce au Front républicain.
00:14:57Moi, j'ai voté pour Emmanuel Macron en 2017, en 2022, au second tour.
00:15:01Et maintenant, ils arrivent entre les deux tours et Emmanuel Macron stigmatise la gauche immigrationniste.
00:15:08La gauche immigrationniste, à dix jours d'une élection, qui peut voir le RN arriver au pouvoir.
00:15:13On a un niveau d'irresponsabilité.
00:15:16Les extrêmes, comme il les appelle.
00:15:17Mais bon, c'est pas grave, les autres feront le travail à sa place.
00:15:21C'est qui, les autres ?
00:15:22C'est d'abord les Français, les électeurs.
00:15:24Je pense que les électeurs ont parfaitement compris que le Bloc central s'était terminé, s'était effondré.
00:15:28Donc maintenant, on a une union des droites, un Bloc, disons, national libéral.
00:15:33Parce que cette alliance qu'il y a sous nos yeux entre Jordan Bardella, Marion Maréchal, Éric Ciotti,
00:15:38c'est évidemment l'amorce d'un Bloc national libéral.
00:15:41C'est-à-dire que l'union des droites aurait pu se faire autour de Macron et de LR,
00:15:45en restant avec la majorité qu'ils avaient déjà, en piochant de temps en temps sur RN.
00:15:49Alors, quelle alternative, vous voyez ?
00:15:51Là, ils vont avoir une union des droites autour du RN.
00:15:52En face ?
00:15:53Bon, c'est leur choix.
00:15:54Il y a une union des gauches qui, je pense, peut tout à fait arriver en tête en termes de majorité relative.
00:15:59La résurgence d'un clivage gauche-droite, on ne connaît pas les barils centres encore.
00:16:04Est-ce que c'est modéré ou est-ce que c'est plus extrême ?
00:16:06C'est exactement ce qui se passe.
00:16:07L'union des gauches est très modérée par rapport à l'union des gauches qu'on a eue en 81, en 1945, en 1936,
00:16:13qui voulait nationaliser toute l'économie.
00:16:14Si on essaie de regarder les choses objectivement, en termes de politique économique et sociale,
00:16:18moi, je fais de l'histoire de l'économie, des politiques économiques.
00:16:22On s'est fait peur avec le parti communiste, bolchevique, soviétique, dans le passé,
00:16:26pour des raisons beaucoup plus fortes, d'une certaine façon.
00:16:29Enfin, l'affrontement entre Maurice Torres, Guy Mollet, c'est autre chose qu'entre Mélenchon et Hollande,
00:16:33qui, dans le fond, ont discuté d'augmenter les budgets de l'hôpital public.
00:16:36Bon, ce sont des questions très importantes.
00:16:38Mais aller parler de radicalité là-dedans, franchement...
00:16:42Alors, vous l'avez dit, les Français vont faire le travail.
00:16:45Pas si sûr.
00:16:46Ce n'est pas si facile, mais je pense qu'ils vont le faire.
00:16:48Je vous propose, avant de savoir s'il y a un vrai poids ou non à ces consignes de vote,
00:16:53de regarder le reportage de Dario Borgogno, tourné à Boulogne-Billancourt.
00:16:57Justement, sont-elles suivies par les Français, ces appels à voter ou à faire barrage ?
00:17:02Regardez le reportage.
00:17:11Au marché de Boulogne, les consignes de vote au second tour agacent déjà les électeurs,
00:17:16notamment Agnès, habitante du 16e arrondissement.
00:17:34La dernière fois que Nicolas a suivi des consignes de vote, c'était en 2002.
00:17:46Que va dire Emmanuel Macron à ses électeurs ?
00:17:54La consigne pour être du nini, cela irrite déjà certains.
00:18:04Plus sévère encore, Martine, chef de projet en informatique et électrice de gauche.
00:18:16On sent bien qu'il essaie de mettre en opposition et l'extrême droite, et ce qu'il appelle l'extrême gauche,
00:18:24qu'il essaie de les mettre en opposition pour faire gagner un pseudo centre.
00:18:30Laissons déjà le premier tour se faire.
00:18:32Mais peu importe les consignes de vote, pour Raphaël, aide-soignante à la retraite, la victoire ne sera pour personne.
00:18:38Ça fait peur tout ça.
00:18:40Aucun n'aura la majorité, je pense.
00:18:43Il y aura deux blocs, ça sera ingouvernable.
00:18:45Donc on va être dans une merde noire.
00:18:50Stéphane Zumsteig, vous retrouvez ces paroles de français dans vos enquêtes.
00:18:54Ces consignes de vote, ces barrages républicains anti-RN ne valent plus rien aujourd'hui ?
00:18:59Ils sont de moins en moins opérants.
00:19:01Yael le disait tout à l'heure, on part d'un référent il y a deux ans, les élections législatives.
00:19:07Quand on regarde les reports de voix dans l'entre-deux-tours,
00:19:10là où un candidat du Rassemblement national, c'est-à-dire dans les 200 circonscriptions,
00:19:13ils sont présents à ce moment-là,
00:19:15et quand on analyse le comportement des gens qui ont voté soit pour un candidat Macroni,
00:19:19soit pour un candidat de la NUPES à l'époque,
00:19:21vous avez la moitié de ces gens-là qui s'abstiennent quand leur candidat a été éliminé.
00:19:24Le Front républicain a disparu déjà il y a deux ans.
00:19:27Et quand on voit à quel point les choses se sont dégradées,
00:19:29le climat d'élite délétère entre la gauche et la Macroni ces deux dernières années,
00:19:33la violence des échanges, je note quand même que ces deux forces politiques
00:19:36ont dépensé beaucoup plus d'énergie à s'attaquer l'une l'autre,
00:19:39qu'elles n'ont passé de temps et qu'elles ont utilisé de l'énergie
00:19:42à attaquer l'extrême droite.
00:19:43Comment voulez-vous que l'électeur...
00:19:45Donc pour vous, ça fait partie aussi des erreurs potentielles d'Emmanuel Macron ?
00:19:49Alors, d'Emmanuel Macron, on peut aussi s'interroger sur le choix d'une partie de la gauche,
00:19:53qui a joué son rôle d'opposante et qui l'a fait de façon très virulente.
00:19:56Comment, quand vous êtes un électeur de gauche,
00:19:58notamment de gauche radicale, pouvez-vous imaginer voter pour un candidat macroniste,
00:20:01en supposant qu'il reste qualifié, compte tenu de tout ce qui s'est passé ?
00:20:05Et comment, quand vous êtes un candidat macroniste,
00:20:08dans cette coalition de majorité relative,
00:20:10pouvez-vous voter pour un candidat LFI,
00:20:12quand vous avez entendu tous vos leaders,
00:20:14et qu'on les entend encore aujourd'hui,
00:20:16expliquer qu'en gros, ce sont des bolchéviques dangereux avec un couteau entre les dents ?
00:20:20Voilà, je critique les deux parties.
00:20:22Et à partir de là...
00:20:24Mais ce qui est intéressant, c'est la figure du repoussoir.
00:20:26Ce repoussoir a l'intérêt de montrer que les Français veulent rester indépendants,
00:20:31ils le disent bien, ils ne vont pas s'assujettir à des consignes de vote,
00:20:35ça c'est normal, ça n'a jamais fonctionné,
00:20:38un parti n'est pas propriétaire de ses voix, on le dit depuis toujours,
00:20:41mais là, c'est différent, c'est qu'ils ne suivront pas les consignes,
00:20:44mais ils iront massivement s'abstenir.
00:20:46Et cette stratégie, elle est mortifère pour Renaissance.
00:20:49Vous le disiez tous, on a vraiment l'impression
00:20:51que le Bloc central ne souhaite pas activer ce front républicain,
00:20:54parce que le Bloc central, sur la base des enquêtes d'opinion,
00:20:56évidemment, c'est les seuls éléments dont nous disposons pour l'instant,
00:20:59va, vous le disiez à l'instant, peut-être pas être effacé...
00:21:01Pour vous, le Bloc central, quoi, veut la victoire du RN ?
00:21:04Pourquoi ils ont dit ça ?
00:21:07J'essaye de comprendre votre raisonnement.
00:21:09On a beaucoup parlé du ni-ni, mais il y a aussi ce terme développé
00:21:12par un certain nombre de responsables dans le gouvernement,
00:21:14du cas par cas, on fera au cas par cas,
00:21:16mais si vous voulez barrer la route au RN,
00:21:18parce que la question qui se pose aujourd'hui, c'est,
00:21:20oui ou non, le RN aura-t-il la majorité absolue ?
00:21:22Vous ne pourrez pas choisir en disant, on aide les socialistes,
00:21:24on aide les écologistes, allez, on aide aussi quelques communistes...
00:21:26Le seul moyen aujourd'hui, c'est le barrage global.
00:21:28Le barrage global, et celui-là,
00:21:30personne ne semble en vouloir véritablement.
00:21:32Anne-Charlene Bézina.
00:21:33Je vais peut-être tempérer un petit peu,
00:21:34c'est que je pense que pour les élections législatives,
00:21:36vraiment, eu égard au mode de scrutin qu'on a
00:21:38sous la Ve République,
00:21:40l'appréciation est quand même très profondément localisée.
00:21:43On va prendre, par exemple, des exemples historiques.
00:21:45Même avec l'enjeu de...
00:21:4667, 78, on a des partis qui, en termes de voix,
00:21:50par exemple, même en 67, c'est carrément De Gaulle
00:21:52et le Parti communiste qui sont presque proches,
00:21:54et pourtant, l'un obtient, je crois, 112 sièges de plus
00:21:57entre le premier et le deuxième tour, alors que l'autre en a 10.
00:22:00Parce que, en fait, ça ne sert à rien de séduire des Français
00:22:03à partir du moment où on ne les séduit pas
00:22:05sur des territoires relativement différents,
00:22:07parce que c'est comme ça qu'on va savoir combien on a
00:22:09en nombre de députés, d'accord ?
00:22:11Donc, il y a quand même une logique locale,
00:22:13c'est-à-dire qu'on peut tout à fait avoir,
00:22:15puisqu'on a dit qu'on aurait une augmentation
00:22:17du nombre de triangulaires.
00:22:18Je ne suis pas sûre qu'on parle en termes de consignes de vote.
00:22:20On parle aussi, dans ce ligne, de consignes aux candidats
00:22:23qui seront ceux des triangulaires.
00:22:24Est-ce qu'ils se retirent ?
00:22:25Et est-ce qu'ils se retirent au profit de qui ?
00:22:27Donc, ce n'est pas uniquement une tentation
00:22:29de vouloir diriger le vote des Français.
00:22:31Cette question de la consigne, elle va s'appliquer aux candidats.
00:22:33Et il va falloir savoir, territoire par territoire,
00:22:36si la majorité va systématiquement proposer
00:22:40à celui qui est troisième, par exemple,
00:22:42de se désister et au profit de qui.
00:22:44C'est vraiment là que ça se joue, à mon avis.
00:22:47Donc, n'oublions pas de bien localiser ce débat
00:22:49pour le comprendre.
00:22:51Les États-majors, à commencer par Renaissance,
00:22:53ont l'air de considérer qu'il faut une consigne claire
00:22:56pour éviter, au fond, le cas par cas
00:22:59et des situations locales qui mèneraient à la confusion.
00:23:03Est-ce que c'est le cas ?
00:23:06Et surtout, pourquoi ils mettent en scène, au fond,
00:23:10une véritable division ?
00:23:11Parce que tout le monde n'est pas d'accord, au fond, sur ce niveau.
00:23:13Je crois qu'il n'y a pas de mise en scène de la division.
00:23:16C'est la réalité.
00:23:17Ils sont complètement divisés, ce bloc central,
00:23:19est éparpillé, aujourd'hui,
00:23:20dans des trajectoires complètement différentes.
00:23:22Renaissance en fin de cycle,
00:23:23Edouard Philippe qui essaie, au contraire,
00:23:25d'en ouvrir un nouveau avec ses 82 candidatures,
00:23:28beaucoup plus qu'en 2022, il en avait 58.
00:23:31Et donc, les consignes seront-elles suivies ?
00:23:35Ce n'est même pas sûr.
00:23:36Parce qu'appeler des candidats qui vont à la fleur au fusil,
00:23:40tenter de sauver leur circonscription,
00:23:42qui ont pris le coup de massue de la dissolution sur la tête,
00:23:45sans quasiment aucun espoir d'être élus le 7 juillet,
00:23:49aller leur demander de se désister ou pas,
00:23:52les consignes d'Emmanuel Macron, non merci, ça suffit.
00:23:57Les consignes ne sont plus suivies,
00:23:59ni par les électeurs, ni par les candidats.
00:24:01Emmanuel Macron n'est plus écouté par ses troupes.
00:24:03Il n'est plus écouté par ses troupes.
00:24:05C'est aussi ça, l'enseignement de cette campagne législative.
00:24:07Vous avez un président de la République
00:24:09qui se retrouve totalement démuni, là, dans cette campagne,
00:24:12parce qu'il n'est plus écouté par même Gabriel Attal,
00:24:15qui fait sa campagne à sa sauce, avec sa photo.
00:24:18Le projet c'est lui, avec la photo.
00:24:22C'est le jour d'après de Gabriel Attal.
00:24:24Élisez-moi Matignon, on dirait Mélenchon 2022 inversé.
00:24:28C'est fou.
00:24:29Ce que nous décrit Yael Ghos, c'est la confusion.
00:24:32La confusion la plus totale, puisque chacun fait ce qu'il veut.
00:24:35Emmanuel Macron, avec le niveau de rancœur
00:24:39accumulé après cette dissolution, n'est même plus écouté.
00:24:42Les candidats auront jusqu'à lundi 18h
00:24:44pour déposer leur candidature en préfecture.
00:24:47On saura à ce moment-là.
00:24:49Qu'est-ce qui va se passer entre dimanche soir et lundi ?
00:24:51Évidemment qu'il va y avoir des consignes
00:24:53de ce qui reste des partis.
00:24:55LR, c'est la droite la plus fluide au monde.
00:24:58On ne sait même plus exactement ce qu'il en reste.
00:25:00Renaissance, les indications,
00:25:03pour ceux qui ont mis Emmanuel Macron sur leurs affiches,
00:25:06compteront peu.
00:25:08Je pense que ce qui comptera, c'est la musique
00:25:10qui a circulé jusque-là.
00:25:12Cette atmosphère, effectivement,
00:25:14un peu folle de campagne très axée sur Gaza,
00:25:18chez les Insoumis.
00:25:20Évidemment, tout le dossier de l'antisémitisme
00:25:22extrêmement lourd, ce rejet des Insoumis
00:25:25sur ce point-là, au moins,
00:25:27qui reste très présent.
00:25:29On peut s'attendre à ce que Jean-Luc Mélenchon
00:25:31reprenne la parole claire et haut et fort
00:25:33entre deux tours.
00:25:35Ce qui va compter pour les candidats,
00:25:37c'est cette musique-là, plus que les consignes
00:25:39des uns et des autres, et qui vont,
00:25:41au moins pour ceux du Bloc centriste,
00:25:43qui arriveraient en 3e position, se décider
00:25:45sur un propre ressenti personnel.
00:25:47Finalement, chacun est son propre média,
00:25:49aujourd'hui, et chaque candidat
00:25:51est son propre parti politique.
00:25:53C'est un peu affolant, parce qu'effectivement,
00:25:55c'est la dissolution médiatique.
00:25:57On le voit dans un feuilletonnage permanent
00:25:59qui ne fait appel qu'aux émotions
00:26:01et plus du tout aux arguments rationnels,
00:26:03avec des arguments de campagne
00:26:05qui sont délirants, qui évoluent
00:26:07d'un jour à l'autre, de façon totalement...
00:26:09Sauf peut-être le programme du Nouveau Front Populaire,
00:26:12qui reste stable de son côté.
00:26:14En tout cas, pour celui du RN,
00:26:16c'est un peu de la folie.
00:26:18Et du coup, je pense
00:26:20qu'il va y avoir...
00:26:22Évidemment, personne ne va dormir dans la nuit,
00:26:24et ça va beaucoup se jouer
00:26:26sur les relations personnelles
00:26:28dans chacune des circonscriptions.
00:26:30Stéphane Zumsteig, on parle d'une campagne
00:26:32d'émotion, c'est que la peur a été
00:26:34l'un des carburants de ces trois semaines
00:26:36de campagne. Qui fait le plus peur
00:26:38dans les enquêtes, aujourd'hui ?
00:26:40Parce que le barrage, c'est la peur
00:26:42qui le commande.
00:26:44C'est Jean-Luc Mélenchon
00:26:46ou c'est Jordan Bardella ?
00:26:48Quand vous demandez aux Français
00:26:50contre qui ils comptent établir un barrage,
00:26:52c'est contre Emmanuel Macron et la Macronie.
00:26:54Le problème n'est pas ou n'est plus
00:26:56le RN. Le problème n'est pas
00:26:58ou n'est plus celui de la gauche, y compris
00:27:00de la gauche radicale. C'est ça.
00:27:02Sur Jean-Luc Mélenchon, qu'est-ce que vous observez ?
00:27:04Non, mais attendez !
00:27:06Il est toujours là, moi.
00:27:08Il y a que lui qui y croit.
00:27:10Qu'est-ce qu'on observe ?
00:27:12J'ai l'impression qu'il y a deux figures repoussoires.
00:27:14Tous les candidats, y compris LFI, sur les marchés,
00:27:16ils savent très bien que Jean-Luc Mélenchon,
00:27:18c'est plus le sujet. Il y a une demande de renouvellement
00:27:20chez l'électorat de gauche.
00:27:22C'est presque plus votre souhait que la réalité.
00:27:24Il a encore pris la parole il y a deux jours.
00:27:26On lui donne la parole, il la prendra tant qu'on lui donnera.
00:27:28Mais simplement, la réalité...
00:27:30Est-ce que vous...
00:27:32Franchement, c'est pas grave. Je pense que le Front Populaire
00:27:34doit faire ce qu'il a fait jusqu'ici,
00:27:36c'est-à-dire parler de son programme.
00:27:38La chose importante dans cette discussion,
00:27:40c'est qu'on voit plus de 300 économistes
00:27:42ont signé un appel de soutien à ce programme.
00:27:44C'est pas qu'il est parfait, parce que ça a été fait en peu de temps.
00:27:46Tous les programmes ont été faits en peu de temps.
00:27:48Mais il a un mérite, c'est celui de dire clairement
00:27:50où il va trouver des ressources pour investir.
00:27:52Dans la santé, dans la formation,
00:27:54dans la recherche, dans les infrastructures.
00:27:56On vit dans un pays où le nombre de généralistes
00:27:58a baissé depuis dix ans. Vous avez des départements
00:28:00entiers sans maternité, sans centre de santé...
00:28:02On va en parler dans le détail.
00:28:04C'est de ça dont il faut parler, parce que les électeurs,
00:28:06ils ont aussi envie de voter pour quelque chose
00:28:08et pas simplement contre l'ORN.
00:28:10Le temps du second tour viendra,
00:28:12et moi, je pense que la gauche
00:28:14ne tergiversera pas.
00:28:16Quand la gauche ne peut pas gagner face aux ORN,
00:28:18elle fera exactement ce qu'a dit Marine Tendelier
00:28:20très clairement, elle se retirera.
00:28:22Et moi, comme beaucoup d'autres électeurs de gauche,
00:28:24je n'aurai pas d'hésitation sur le fait,
00:28:26et même s'il n'y en a que la moitié...
00:28:28Thomas Piketty, là, c'est pas le sujet.
00:28:30La gauche fera ce qu'elle doit faire.
00:28:32Mais en attendant, là, il faut d'abord essayer
00:28:34que les gens votent pour quelque chose.
00:28:36C'est quand même très important.
00:28:38Tout en étant clair sur ce qui suivra.
00:28:40Et la gauche est claire.
00:28:42Vous ne pouvez pas faire comme si Jean-Luc Mélenchon
00:28:44avait disparu des écrans radars.
00:28:46Mais parler à tous les jeunes qui ont voté pour la gauche,
00:28:48vous savez, ce qui est très frappant...
00:28:50Quelle est son intention réelle ?
00:28:52Est-ce qu'il souhaite vraiment la victoire
00:28:54du Nouveau Front Populaire ?
00:28:56On peut parfois en douter,
00:28:58de même qu'on ne sait pas ce que Macron souhaite vraiment.
00:29:00Vous en doutez, j'ai l'impression, vous-même.
00:29:02Moi, ce que je sais, c'est que les électeurs de gauche...
00:29:04C'est quand même les électeurs qui la font.
00:29:06Et les électeurs de gauche, vous savez,
00:29:08ils ont une volonté d'union qui va très au-delà des leaders.
00:29:10Ils veulent quelque chose de collectif.
00:29:12Et je pense que les Français aussi veulent quelque chose de collectif.
00:29:14C'est-à-dire que l'idée du sauveur suprême
00:29:16qui devient président au Premier ministre
00:29:18et qui sauve à lui tout seul le pays...
00:29:20Mais enfin, personne n'y croit.
00:29:22Le problème, c'est que le système présidentiel
00:29:24finit par fabriquer des égaux,
00:29:26que ce soit chez Macron, chez Le Pen ou chez Mélenchon,
00:29:28qui s'imaginent comme ça que c'est des êtres uniques.
00:29:30Les Français ne le croient pas du tout.
00:29:32Les Français ne le croient pas du tout.
00:29:34Et les jeunes électeurs votaient très fortement pour la gauche.
00:29:3651% des 18-24 ans, ceux qui ont voté en tout cas,
00:29:38ont voté pour la gauche contre 25% pour le RN.
00:29:40Donc là, les jeunes se sont mobilisés très fortement
00:29:42quand ils ont voté pour la gauche.
00:29:44Vous croyez que leur rêve...
00:29:46Ils ont des posters de Mélenchon dans leur chambre.
00:29:48C'est vrai que c'est un habitude.
00:29:50C'est presque un réflexe pavlovien pour la gauche.
00:29:52Moi, c'est surtout que je crois qu'on ne peut pas faire
00:29:54comme s'il n'y avait pas une logique historique et institutionnelle
00:29:56qui fasse qu'une législative ne soit pas liée à un nom.
00:29:58Pourquoi ?
00:30:00Le bloc majoritaire qui sort des urnes
00:30:02désigne en son sein le Premier ministre.
00:30:04Alors, on parle de vote interne, d'accord,
00:30:06mais il semble quand même que Jean-Luc Mélenchon,
00:30:08dans ses derniers tweets, désigne un peu au sein de LFI
00:30:10qui pourrait être le plus premier ministrable.
00:30:12Il essaie de garder un peu la main, mais il a du mal.
00:30:14Cette incarnation, elle est historique.
00:30:16On ne peut pas faire une législative avec uniquement un programme.
00:30:18Bien sûr que le programme est important,
00:30:20mais la question de savoir qui gouvernera
00:30:22et qui mènera le cap de ce programme
00:30:24est tout aussi déterminante.
00:30:26Ce sera décidé.
00:30:28Le débat s'achève.
00:30:30Un dernier petit point.
00:30:32On dit beaucoup que le bloc central est affaibli.
00:30:34Et c'est une réalité.
00:30:36A priori, en sortie des urnes, ça sera le troisième.
00:30:38Mais il faut aussi se projeter un petit peu dans la gouvernance
00:30:40de l'Assemblée nationale.
00:30:42Ce bloc central pourrait aussi récupérer
00:30:44la polarisation des groupes
00:30:46au sein du Nouveau Front Populaire
00:30:48et de la Nouvelle Alliance des Droites
00:30:50qui sont les plus au centre.
00:30:52Il ne faut pas se débrouiller
00:30:54sur le fait que
00:30:56si le Nouveau Front Populaire
00:30:58choisit d'avoir différents groupes
00:31:00au sein de l'Assemblée nationale,
00:31:02on peut avoir la même indiscipline de vote
00:31:04qu'on a eue depuis 2022-2020.
00:31:06Donc une forme de coalition des modérés
00:31:08autour du bloc central
00:31:10en cas d'absence de majorité absolue.
00:31:12C'est possible, vraiment ?
00:31:14En tout cas, la question des alliances d'opposition
00:31:16va être cruciale.
00:31:18La question de savoir si ce centre
00:31:20ne s'élargira pas au fil des votes
00:31:22ou vote par vote, texte après texte,
00:31:24ça va quand même être déterminant.
00:31:26Stéphane Zumsteig, vous aurez le mot de la fin.
00:31:28A condition, ce scénario,
00:31:30que Jordan Bardella n'atteigne pas les 289.
00:31:32Est-ce que c'est à leur portée ?
00:31:34Oui ou non ?
00:31:36Bien sûr que c'est à leur portée.
00:31:38Je ne dis pas que les choses vont se passer.
00:31:40Il faudra attendre l'entrée de tour.
00:31:42Jordan Bardella obtient 31,5% des voix
00:31:44dans les enquêtes d'opinion
00:31:46avec ses alliés.
00:31:48C'est une nouveauté pour ce parti.
00:31:50Il y a enfin des ralliements.
00:31:52Il est crédité de 35 ou 36%
00:31:54dans le scrutin majoritaire
00:31:56à deux tours.
00:31:58C'est tout à fait envisageable qu'il y arrive.
00:32:00C'est pour ça qu'un sursaut républicain
00:32:02est possible, mais pas au cas par cas.
00:32:04Ça devra concerner l'intégralité des circonscriptions.
00:32:06Merci beaucoup
00:32:08pour ce grand décryptage.
00:32:10On va continuer jusqu'à dimanche.
00:32:12Grande soirée électorale à suivre
00:32:14avec France 24
00:32:16sur LCP.
00:32:18Vous restez avec moi.
00:32:20Vous avez commencé à l'évoquer
00:32:22de ce programme économique du Nouveau Front Populaire.
00:32:24Hausse du SMIC,
00:32:26retour de la retraite à 60 ans,
00:32:28abrogation de la réforme de l'assurance-chômage,
00:32:30Big Bang fiscale dont vous êtes
00:32:32l'un des inspirateurs.
00:32:34On va parler de ces nouvelles tranches
00:32:36qu'il y a 14 exactement dans ce programme
00:32:38juste après l'invitation de
00:32:40Baptiste Gargi-Chartier.
00:32:44Thomas Piketty,
00:32:46si on vous invite ce soir,
00:32:48vous êtes expert du programme économique
00:32:50du Nouveau Front Populaire.
00:32:52Coalition que vous soutenez et d'ailleurs,
00:32:54vous croyez en sa victoire le 7 juillet prochain.
00:32:56Je pense que oui,
00:32:58la gauche peut parfaitement arriver en tête.
00:33:00Avoir une majorité absolue, c'est sans doute difficile,
00:33:02mais avoir une majorité relative
00:33:04et être devant le groupe RN,
00:33:06c'est parfaitement possible.
00:33:08Thomas Piketty,
00:33:10vous êtes économiste et enseignant-chercheur.
00:33:12Engagé à gauche,
00:33:14vos nombreuses publications en témoignent
00:33:16dont le monumental ouvrage
00:33:18Capital au XXIe siècle
00:33:20qui revient sur la répartition des richesses.
00:33:22Fervent défenseur de la redistribution,
00:33:24vous pensez qu'il faut imposer
00:33:26massivement les plus riches.
00:33:30La gauche doit absolument se concentrer
00:33:32sur l'idée d'un ISF service public
00:33:34qui permette de financer
00:33:36un plan de réinvestissement
00:33:38dans les maternités, les IUT,
00:33:40les centres de santé, les lignes de train,
00:33:42parce que tout ça, ça se finance.
00:33:44Dans ce programme figure aussi
00:33:46la brogation de la réforme des retraites,
00:33:48l'impôt sur le revenu découpé en 14 tranches
00:33:50au lieu de 5,
00:33:52ou encore le SMIC porté à 1600 euros.
00:33:54Budget intégral
00:33:56chiffré à 150 milliards d'euros
00:33:58d'ici la fin du quinquennat.
00:34:00On a des dépenses
00:34:02qui couvrent les recettes.
00:34:04Donc, par définition, il n'y a pas d'accroissement
00:34:06envisageable du déficit public.
00:34:08Pourtant, des économistes de renom
00:34:10alertent sur les effets pervers
00:34:12d'un tel régime économique.
00:34:14Les programmes du Nouveau Front Populaire
00:34:16et du RN sont irréalistes.
00:34:18Dixier de Philippe-Aguion.
00:34:20Analyse partagée
00:34:22par les opposants politiques.
00:34:24Ceux qui vous disent, on va augmenter les impôts,
00:34:26mais ça va concerner que les plus riches.
00:34:28Les Français, ils ne sont pas bêtes.
00:34:30C'est comme les travaux, ils savent comment ça commence,
00:34:32jamais comment ça finit.
00:34:34Vous allez alourdir le fardeau fiscal
00:34:36sur nos compatriotes les plus modestes
00:34:38et sur la France qui travaille.
00:34:40Une autre question, Thomas Piketty.
00:34:42Si l'union de la gauche arrive au pouvoir demain,
00:34:44les classes moyennes
00:34:46paieront-elles plus d'impôts ?
00:34:48Thomas Piketty, réponse.
00:34:50Les classes moyennes, il n'y a pas de définition,
00:34:52mais on va dire environ
00:34:542 000 euros par mois.
00:34:56Personne ne propose de faire
00:34:58payer plus.
00:35:00Sur l'impôt sur le revenu
00:35:02pour un foyer de deux personnes,
00:35:04sur un couple, on est éventuellement sur des augmentations
00:35:06à partir de 8 000, 9 000 euros par mois
00:35:08dans un foyer fiscal à deux.
00:35:10Il faut commencer d'abord
00:35:12par mettre à contribution
00:35:14les plus grandes fortunes.
00:35:16Je pense que c'est un des grands échecs de la gauche
00:35:18depuis les années 80,
00:35:20c'est que l'impôt sur les grandes fortunes créé en 81
00:35:22qui est devenu ISF en 88,
00:35:24a toujours, par un jeu d'exonération
00:35:26suite à des opérations de lobbying extrêmement bien réussies
00:35:28des plus grandes fortunes,
00:35:30laissé passer souvent les plus grandes fortunes.
00:35:32Or, il y a quand même une nouveauté dans notre pays,
00:35:34je veux juste rappeler qu'au cours des dix dernières années,
00:35:36le classement des plus grandes fortunes
00:35:38est absolument sans précédent.
00:35:40Si vous prenez vos collègues de Challenge
00:35:42qui ne sont pas du tout un repère de gauchistes,
00:35:44d'après eux, les 500 plus grandes fortunes
00:35:46actuellement, cumulées, valent 1200 milliards d'euros.
00:35:48Il y a dix ans,
00:35:50le même classement de Challenge
00:35:52était à 200 milliards d'euros.
00:35:54Donc ils ont été multipliés par six.
00:35:56C'est passé de l'équivalent de 10% d'une année
00:35:58de production nationale de produits intérieurs bruts
00:36:00à plus de 50% aujourd'hui.
00:36:02Un enrichissement de l'ordre de 40%
00:36:04C'est plus que toute la croissance
00:36:06cumulée de l'économie française
00:36:08depuis dix ans.
00:36:10C'est des conséquences très concrètes.
00:36:12Juste un taux de 2 ou 3% par an
00:36:14sur ces 500 plus grandes fortunes,
00:36:16ça rapporte 20, 30 milliards d'euros.
00:36:18On est sur des sommes considérables.
00:36:20Si vous avez des taux de 4 ou 5%,
00:36:22c'est possible, parce que les personnes en question
00:36:24peuvent tout à fait vendre 2, 3, 4%
00:36:26de leurs actions chaque année
00:36:28sans pour autant devenir pauvres.
00:36:30Ça, c'est très convaincant.
00:36:32C'est la manière de rassembler
00:36:34des ressources pour des services publics,
00:36:36pour des mesures très concrètes
00:36:38dont les Français ont besoin.
00:36:40Sur la fiscalité, on va venir au revenu.
00:36:42Vous proposez depuis des années
00:36:44dans vos ouvrages et qui est repris
00:36:46cette révolution fiscale dans le programme.
00:36:48Vous avez lu Olivier Blanchard,
00:36:50l'ancien économiste du FMI.
00:36:52Lui, il parle
00:36:54d'asphyxie fiscale.
00:36:56Il dit que c'est totalement confiscatoire.
00:36:58Philippe Aguillon du Collège de France
00:37:00dit que trop d'impôts tuent l'impôt.
00:37:02Vous voyez bien que ça va bien au-delà.
00:37:04D'ailleurs, le simulateur fiscal le montre.
00:37:06Sans une contribution massive
00:37:08de l'ensemble des contribuables,
00:37:10aisées, on va dire,
00:37:12assez aisées, vous n'arriverez pas
00:37:14à financer vos 150 milliards.
00:37:16Au-delà des très riches.
00:37:18Les deux personnes que vous avez citées
00:37:20sont les soutiens d'Emmanuel Macron.
00:37:22Ils ont pris leur distance.
00:37:24Tout le monde a pris ses distances.
00:37:26C'est un peu facile.
00:37:28Ils étaient à fond là-dessus.
00:37:30Sur l'aspect matraquage fiscal.
00:37:32Ce que je réponds, c'est qu'on a
00:37:34un besoin d'investissement
00:37:36dans la santé, dans la formation,
00:37:38dans la recherche, dans les infrastructures
00:37:40qui est la clé de la prospérité
00:37:42à long terme. Vous savez, il y a un siècle,
00:37:44vous aviez des économistes,
00:37:46des Philippe Aguillon ou des Olivier Blanchard
00:37:48à l'époque, qui disaient, il faut en rester
00:37:50à un Etat minimal
00:37:52qui a des impôts de moins de 10 %
00:37:54du revenu national. Si on leur avait dit
00:37:56qu'un siècle plus tard, on serait
00:37:58au Danemark, en Suède, en Finlande,
00:38:00en France, en Allemagne, à 40-50 %
00:38:02du revenu national en parlement obligatoire,
00:38:04ils auraient dit, c'est le communisme,
00:38:06le monde va s'effondrer.
00:38:08Sauf qu'en fait...
00:38:10Je préfère qu'on soit plus proche
00:38:12de la Suède, du Danemark, de la Finlande.
00:38:14Sur la santé et sur les universités,
00:38:16qui sont des secteurs...
00:38:18Personne ne remet en cause l'importance
00:38:20d'investir dans ces secteurs.
00:38:22Si on ne le fait pas avec de l'argent public,
00:38:24de toute façon, ça va se faire
00:38:26avec de l'argent privé, mais ça va se faire
00:38:28de façon très inégalitaire et aussi très inefficace.
00:38:30On parle souvent de l'efficacité
00:38:32de la dépense publique. On a besoin
00:38:34de regarder l'efficacité de la dépense publique.
00:38:36Mais l'efficacité de la dépense privée
00:38:38en matière de santé... Les Etats-Unis,
00:38:40leur système de santé leur coûte 20 % du PIB.
00:38:42Donc c'est beaucoup plus coûteux
00:38:44pour un Américain moyen que le système français.
00:38:46Est-ce que ça marche ? Non.
00:38:48Tous les indicateurs de santé publique montrent
00:38:50que ça ne marche pas. Si on n'augmente pas
00:38:52la dépense publique dans la santé,
00:38:54mais c'est la même chose pour l'université,
00:38:56ça va nous coûter encore plus cher.
00:38:58Il faut bien les trouver, ces recettes,
00:39:00et elles sont largement fiscales.
00:39:02La redistribution historique des riches
00:39:04envers les pauvres avec un taux d'imposition.
00:39:06Et là, je parle des revenus.
00:39:08On n'est plus sur la question d'un nouvel ISF
00:39:10que vous rétablissez. Sur les hauts revenus,
00:39:12il faut aller jusqu'à combien ?
00:39:14On se souvient des 70 % de François Hollande
00:39:16auxquels il avait renoncé.
00:39:18Eric Coquerel parle de 90 %
00:39:20sans compter dans ce programme.
00:39:22Il y a de la taxation
00:39:24beaucoup plus importante sur le capital,
00:39:26sur l'impôt sur les sociétés, sur les entreprises.
00:39:28Sur les revenus les plus élevés,
00:39:30jusqu'où le taux ?
00:39:32Je vais vous donner mon opinion
00:39:34personnelle et après, vous savez,
00:39:36le débat à l'intérieur de la gauche va continuer
00:39:38et à l'intérieur du pays, il va continuer.
00:39:40Il y aura une assemblée nationale.
00:39:42C'est un débat de tout ça.
00:39:44Les forces syndicales qui doivent jouer un rôle plus important.
00:39:46Vous savez, un élément, peut-être pour moi,
00:39:48le plus important du programme du Nouveau Front Opulaire,
00:39:50c'est d'avoir au moins un tiers des sièges
00:39:52dans les conseils d'administration des entreprises
00:39:54pour les représentants des salariés,
00:39:56c'est-à-dire d'impliquer beaucoup plus
00:39:58les représentants syndicaux dans la définition
00:40:00des stratégies à long terme des entreprises.
00:40:02C'est ce qui se fait en Suède, en Allemagne,
00:40:04depuis 50 ans et on aurait dû le faire
00:40:06depuis très longtemps en France.
00:40:08C'est une mesure très classiquement sociale-démocrate
00:40:10sauf qu'on ne l'a jamais fait en France.
00:40:12Tout ça pour dire qu'il va y avoir un débat
00:40:14à l'Assemblée nationale avec les forces syndicales.
00:40:16La priorité, aujourd'hui,
00:40:18c'est d'abord de récupérer des recettes
00:40:20très substantielles des grandes fortunes
00:40:22et de l'impôt sur les multinationales.
00:40:24D'ailleurs, si vous regardez le programme du Nouveau Front Opulaire...
00:40:26Là, on parle des superprofits, notamment.
00:40:28C'est les superprofits, par exemple, dans l'énergie,
00:40:30mais c'est aussi toutes les multinationales
00:40:32qui sont domiciliées en Irlande,
00:40:34qui sont domiciliées au Luxembourg,
00:40:36au Caïman, etc.,
00:40:38qui payent des impôts ridicules,
00:40:40qui exportent des biens et des services en France
00:40:42et qui sont en concurrence déloyale
00:40:44avec les entreprises basées en France.
00:40:46C'est beaucoup plus que la chasse à l'exode fiscal.
00:40:48Il faut absolument, parmi les mesures
00:40:50qui sont proposées dans le programme du Nouveau Front Opulaire,
00:40:52il y a une mesure qu'on appelle l'impôt universel
00:40:54sur les multinationales, qui consiste à dire
00:40:56si nous, on décide que c'est, mettons, 25 %,
00:40:58ça peut être plus élevé,
00:41:00mais mettons qu'on décide que c'est 25 %
00:41:02le taux d'imposition des bénéfices des multinationales.
00:41:04Si vous exportez des biens et des services
00:41:06depuis l'Irlande, où le taux est à 10 %,
00:41:08je suis désolé, mais vous êtes en concurrence déloyale
00:41:10avec les entreprises qui travaillent en France.
00:41:12Donc, de notre point de vue, il y a un manque à gagner
00:41:14de 15 %. Eh bien, quand vous allez
00:41:16exporter des biens et des services chez nous,
00:41:18on va prélever la différence
00:41:20aux frontières absolument, unilatéralement.
00:41:22Et c'est la seule façon...
00:41:24Vous savez, ça a été étudié
00:41:26par Gabriel Zucman,
00:41:28qui est directeur de l'Observatoire européen de la fiscalité,
00:41:30qui soutient également ce programme,
00:41:32et il a montré que ça pouvait rapporter
00:41:34rien que ça, 25 milliards d'euros
00:41:36à la France. Donc, le gros des recettes nouvelles,
00:41:38si vous regardez dans le détail le programme du Nouveau Front Opulaire,
00:41:40il y a le multinational des grandes fortunes.
00:41:42Sur l'impôt sur le revenu...
00:41:44Vous n'avez pas répondu sur le taux.
00:41:46On avait en tête ces 70 %, on a vu que ça avait provoqué.
00:41:48Je vais vous parler de ce qu'il y a dans le programme,
00:41:50et je vais vous dire ce que, moi, dans l'absolu,
00:41:52je pourrais envisager à long terme.
00:41:54Sur les revenus des plus riches.
00:41:56Là, ce qui est proposé sur l'imposition des revenus
00:41:58dans ce programme, quand on dit 14 tranches
00:42:00d'impôt sur le revenu, c'est d'abord
00:42:02de graduer beaucoup plus la façon
00:42:04dont on demande des efforts,
00:42:06si vous êtes à 1 000, 2 000, 3 000, 5 000,
00:42:088 000, 20 000 euros par mois,
00:42:1030 000 euros par mois. Tout ça, si vous avez juste
00:42:123 ou 4 tranches, vous ne pouvez pas bien...
00:42:14Là, c'est beaucoup plus progressif.
00:42:16Ça permet très concrètement de réduire
00:42:18les impôts sur 92 % des Français.
00:42:20En gros, pour un foyer, en dessous de 8 000 euros
00:42:22par mois, vous pouvez réduire les impôts.
00:42:24Entre 4 000 et 8 000, on ne va pas les réduire massivement.
00:42:26Ma question, elle portait sur le taux des plus riches
00:42:28parce que vous savez bien ce que vont vous rétorquer
00:42:30beaucoup d'économistes et même
00:42:32l'opposition dans cette campagne,
00:42:34c'est attention, il faut garder les investisseurs,
00:42:36attention à ne pas tellement
00:42:38renchérir le coût du travail
00:42:40ou tout simplement des impôts des plus riches,
00:42:42ils vont partir.
00:42:44Oui, alors, écoutez, là, ça se pose surtout
00:42:46sur les plus grandes fortunes,
00:42:48les plus grands patrimoines, qui peuvent effectivement
00:42:50se délocaliser. Là, je pense que la réponse,
00:42:52elle doit vraiment être qu'à partir du moment
00:42:54où vous vous êtes enrichi en France,
00:42:56que vous avez bâti votre fortune
00:42:58en utilisant les infrastructures
00:43:00qui existent en France, le système de transport,
00:43:02le système éducatif, le système de santé, les tribunaux,
00:43:04le système légal, vous ne vous enrichissez pas
00:43:06tout seul comme ça. À partir du moment où vous êtes enrichi comme ça,
00:43:08eh bien, vous pouvez déménager si vous voulez,
00:43:10mais vous devez tout le temps l'impôt.
00:43:12C'est-à-dire qu'on pourrait, par exemple,
00:43:14proportionner l'impôt. Alors, il y a différents systèmes.
00:43:16Aux États-Unis, par exemple, tant que vous gardez
00:43:18la nationalité étatsunienne,
00:43:20vous pouvez habiter en Suisse autant que vous voulez,
00:43:22vous devez les mêmes impôts que si vous habitez à New York.
00:43:24Il faudrait cette règle en France. Alors, je pense que ce serait plus malin,
00:43:26plutôt que de tout baser sur la nationalité,
00:43:28de baser plutôt sur les années de résidence.
00:43:30Par exemple, mettons, vous avez vécu 40 ans,
00:43:32vous avez fait haute fortune pendant 40 ans
00:43:34depuis que vous êtes passé adulte, à l'âge adulte,
00:43:36en France, et vous partez en Suisse,
00:43:38vous passez un an en Suisse,
00:43:40vous continuez de devoir payer 40, 41e
00:43:42des impôts que vous devriez payer.
00:43:44Et si vous faites ça,
00:43:46vous voyez, les gens peuvent partir s'ils veulent,
00:43:48mais ça ne change presque rien
00:43:50au fait qu'ils doivent payer l'impôt.
00:43:52Et ça, c'est très important de s'enrichir.
00:43:54C'est très clair, il y a une vraie philosophie
00:43:56et les chiffres, vous les retrouvez sur le site.
00:43:58Je voudrais qu'on dise un tout petit mot sur les PME,
00:44:00sur les petites entreprises,
00:44:02parce que ça, peut-être que vous n'êtes pas d'accord avec le programme.
00:44:04Vous le soutenez, mais pas forcément l'ensemble.
00:44:06Les 1 600 euros, 1 400, 1 600 pour le SMIC,
00:44:08ça, c'est compliqué,
00:44:10vous le savez, pour les petites entreprises.
00:44:12Certaines redoutent même de devoir mettre la clé sous la porte
00:44:14s'il faut endosser
00:44:16cette hausse du coût du travail.
00:44:18Alors, je l'entends, il faut l'entendre.
00:44:20Là, ce qui est proposé, mais c'est peut-être insuffisant,
00:44:22il faudra l'améliorer, mais ce qui est proposé,
00:44:24c'est un fonds interprofessionnel
00:44:26de solidarité salariale qui, en gros,
00:44:28serait au sein des caisses de sécurité sociale
00:44:30de mettre à contribution
00:44:32des secteurs à très haut salaire,
00:44:34la finance, le conseil,
00:44:36pour aider, notamment,
00:44:38des petites et moyennes entreprises dans des secteurs
00:44:40plus intensifs en bas salaire et donc
00:44:42plus fortement impactés par cette mesure.
00:44:44Et là encore, je crois qu'impliquer
00:44:46les syndicats, les représentants syndicaux
00:44:48qui, maintenant, joueront un vrai rôle
00:44:50dans les conseils d'administration des entreprises,
00:44:52ça ne règle pas tous les problèmes.
00:44:54Il reste des choses à discuter, tout ça doit être amélioré.
00:44:56Mais non, je pense que c'est une difficulté
00:44:58qui peut et qui doit être réglée.
00:45:00J'ai une toute dernière question, très rapidement,
00:45:02parce que le temps qui nous est imparti s'achève.
00:45:04Et les marchés ? Vous vous souvenez de ce qui s'est passé
00:45:06avec Listreuse ? Elle a essayé de rendre du pouvoir d'achat
00:45:08et puis elle a dû partir au bout de 44 jours
00:45:10du Downing Street,
00:45:12la ministre britannique.
00:45:14Ils sont là, on est en économie ouverte,
00:45:16on a beaucoup de dettes, 3 000 milliards,
00:45:18il pourrait y avoir une attaque sur nos marchés.
00:45:20Est-ce qu'elle est encore soutenable
00:45:22dans ces positions-là, avec toutes ces dépenses,
00:45:24malgré tout, même si elles sont, voilà,
00:45:26financées, que vous annoncez ?
00:45:28D'abord, Listreuse, elle, elle voulait baisser
00:45:30les impôts des plus riches, même les marchés
00:45:32se sont rendus compte que son histoire...
00:45:34Mais ce scénario-là, il est quand même présent.
00:45:36Je pense qu'il y a beaucoup de différences.
00:45:38La première différence, c'est qu'on est dans la zone euro,
00:45:40on a une banque centrale européenne qui est extrêmement puissante,
00:45:42qui a démontré, après la crise grecque,
00:45:44après quelques errements initiaux
00:45:46au début de la crise grecque, mais qui, au bout d'un certain temps,
00:45:48a compris qu'elle devait absolument
00:45:50sauvegarder l'unité de la zone euro.
00:45:52Et donc, je pense que les capacités
00:45:54de la banque centrale européenne à stabiliser
00:45:56la situation ne doivent pas être négligées.
00:45:58Et la zone euro,
00:46:00ou l'Union Européenne, sans la France,
00:46:02ça n'existe tout simplement pas.
00:46:04Donc, avec ce programme, vous restez dans l'Union Européenne,
00:46:06contrairement à ce que dit Bruno Le Maire,
00:46:08parce qu'il dit que les 3% ne seront pas respectés,
00:46:10les déficits vont se creuser.
00:46:12Bruno Le Maire, il ne sait pas compter, ce qui est quand même embêtant
00:46:14pour un ministre des Finances.
00:46:16Il a jamais su compter, c'est pas nouveau,
00:46:18mais c'est vraiment, quand même, pour un ministre des Finances,
00:46:20et puis surtout, il ne connaît pas l'histoire économique.
00:46:22C'est-à-dire que l'histoire économique de notre pays,
00:46:24comment on est devenu aujourd'hui une économie
00:46:26de très haute productivité ?
00:46:28Vous savez, aujourd'hui, en France, pour chaque heure travaillée en France,
00:46:30le produit intérieur brut, c'est plus de 60 euros par heure travaillée.
00:46:33Il y a un siècle, on n'était même pas 3 euros.
00:46:35Comment on est passé de 3 euros par heure
00:46:37à 60 euros par heure ? Parce qu'on a investi
00:46:39dans le capital humain, dans la formation,
00:46:41dans la santé, dans la recherche.
00:46:43Et donc, si vous croyez que c'est simplement
00:46:45avec quelques premiers de cordée, à qui on donne toujours plus,
00:46:47qu'on est passé à 60 euros par heure,
00:46:49mais c'est cette vision de l'économie
00:46:51qui, pour le coup, est complètement à côté de la plaque.
00:46:53Et donc, il faut continuer d'investir dans le capital humain.
00:46:55La relance par l'investissement, c'est très clair.
00:46:57Voilà, par la relance, par l'investissement.
00:46:59Ce n'est pas juste la consommation, là, c'est plutôt par l'investissement.
00:47:01C'est bien entendu le raisonnement.
00:47:03Mais l'investissement, notamment, public.
00:47:05Bien compris. Merci beaucoup.
00:47:07On entend votre fougue et la passion que vous mettez à convaincre.
00:47:09Vous restez avec moi.
00:47:11On en est à notre étape circo,
00:47:13parce que tous les soirs, on vous propose un focus,
00:47:15une circonscription, une bataille législative.
00:47:17On va prendre la direction, ce soir, de la Bretagne.
00:47:19Vous le savez longtemps, terre de mission
00:47:21pour le Rassemblement national,
00:47:23et bien à l'Orient, dans le Morbihan, ça n'est plus le cas,
00:47:25puisque le RN est arrivé largement en tête aux Européennes.
00:47:27Reportage Marco Pommier.
00:47:37Bonjour Monsieur. Je suis Lysiane Mettayer,
00:47:39votre députée sortante.
00:47:41En campagne sur le marché de l'Annester,
00:47:43Lysiane Mettayer est interpellée
00:47:45par certains électeurs mécontents,
00:47:47comme sur le repas à un euro pour les étudiants.
00:47:49Pourquoi vous n'avez pas voté ?
00:47:51Je vais vous expliquer Madame.
00:47:53Pourquoi je n'ai pas voté un euro ?
00:47:55Parce que je ne suis pas d'accord que les gens les plus aisés en France
00:47:57aient le repas à un euro pour leurs enfants.
00:47:59Avec son suppléant, la candidate défend
00:48:01son bilan national et local.
00:48:03Face à ses adversaires,
00:48:05elle se présente comme la solution.
00:48:07On n'est ni dans le chaos, ni dans la haine.
00:48:09On défend un projet
00:48:11qui est réaliste,
00:48:13on peut porter des projets totalement irréalistes,
00:48:15c'est assez facile.
00:48:17C'est pire, c'est pire pour la population
00:48:19quand on se réveille ensuite
00:48:21et qu'on se rend compte qu'on s'est fait trahir.
00:48:23Son programme tient en un mot
00:48:25protégé.
00:48:27Bonjour, l'élection 2024.
00:48:29Un argument de campagne face à la candidate
00:48:31du Rassemblement National, prise à partie
00:48:33par un militant de gauche,
00:48:35Aurélie Le Goff défend le retour
00:48:37d'un état fort.
00:48:39Pourriez-vous me donner un argument
00:48:41pour rétablir l'autorité
00:48:43des enseignants ?
00:48:45Autorité qui manque cruellement
00:48:47parce qu'ils sont abandonnés
00:48:49face aux atteintes à la laïcité.
00:48:51Débat sous tension dans ce bastion
00:48:53de gauche.
00:48:55Ici, c'est pourtant bien le Rassemblement National
00:48:57qui a fini en tête aux européennes.
00:48:59On a évidemment toujours un petit peu
00:49:01des personnes
00:49:03qui votent à gauche
00:49:05et qui ont cette réaction de rejet.
00:49:07Réaction de rejet qui,
00:49:09généralement, quand on leur pose la question,
00:49:11n'est pas forcément
00:49:13très argumentée, qui repose surtout sur des préjugés
00:49:15qui sont véhiculés par certains médias.
00:49:17Merci d'être venus aussi nombreux.
00:49:19Contrer la dynamique en faveur
00:49:21du RN, c'est l'objectif de
00:49:23Damien Girard, candidat du Nouveau Front Populaire,
00:49:25au programme
00:49:27Tractage et Portes à Portes à Lorient.
00:49:29Vous êtes convaincue ou vous n'êtes pas convaincue
00:49:31par ce qu'on propose ?
00:49:33Je vais parce que je suis une bonne citoyenne.
00:49:35Mais vous n'y croyez plus ?
00:49:37Évidemment, la gauche
00:49:39notamment a failli par le passé.
00:49:41On n'a pas fait ce qu'on a dit et tout ça,
00:49:43mais on n'a plus beaucoup de chance.
00:49:45Autrement, c'est l'extrême droite au pouvoir.
00:49:47Eux, ils casseront tout parce que c'est leur projet, mine de rien.
00:49:49Nous, on a prévu d'aller chercher
00:49:51l'argent dans les poches des gens qui en ont trop
00:49:53aujourd'hui.
00:49:55Convaincre, ceux qui hésitent encore,
00:49:57indispensable pour Damien Girard,
00:49:59lui qui avait perdu face à Lysiane Méthayer
00:50:01aux dernières législatives, à mille voix près.
00:50:03Lysiane Méthayer, la députée sortante,
00:50:05a largement démontré qu'elle n'était jamais de gauche
00:50:07sur aucun des votes.
00:50:09Elle n'a jamais eu un seul pas de côté.
00:50:11Une seule autre candidate se présente
00:50:13dans cette circonscription.
00:50:15Voilà, c'est l'heure à présent d'accueillir
00:50:17nos chroniqueurs. On va ouvrir la page
00:50:19opinion de cette émission pour terminer.
00:50:21Mais d'abord, le carnet de campagne d'Elsa Mondingava.
00:50:23C'est Campagne Express tout de suite à J-4.
00:50:25Musique
00:50:27Musique
00:50:29Musique
00:50:31Musique
00:50:33Bonsoir Elsa. Bonsoir.
00:50:35Campagne Express avec, à la une ce soir,
00:50:37un républicain qui quitte son parti.
00:50:39Exactement, Aurélien Pradié,
00:50:41le trublion des LR, quitte son parti.
00:50:43Il l'annonce ce matin dans la dépêche du midi.
00:50:45Le gaullisme n'est pas mort, il est plus vivant
00:50:47que jamais, mais LR est mort,
00:50:49je le dis avec une douleur personnelle
00:50:51car la fidélité est une de mes valeurs cardinales.
00:50:53Mais il est temps que je reprenne
00:50:55ma liberté. Il affirme embarquer
00:50:57avec lui une trentaine de candidats
00:50:59sous son parti intitulé sobrement
00:51:01« Du Courage ». Petite précision tout de même
00:51:03puisque rien n'est simple dans cette campagne.
00:51:05Tout à l'heure, au Parisien, il déclare qu'il n'est pas question
00:51:07de quitter ou non le parti, c'est le parti lui-même
00:51:09qui n'existe plus. Dans la majorité
00:51:11aussi, on n'est pas très alignés.
00:51:13Non, regardez, il y a des dissensions parfois
00:51:15entre le parti libre et loyal
00:51:17d'Edouard Philippe-Horizon, mais là,
00:51:19regardez, Jean Lossuc, il est candidat
00:51:21à la deuxième circonscription de Paris.
00:51:23Gilles Legendre, il est candidat dans cette même
00:51:25seconde circonscription de Paris.
00:51:27Ils se revendiquent tous les deux de la majorité
00:51:29présidentielle. La vérité, c'est que
00:51:31Gilles Legendre, bien qu'ancien président de groupe
00:51:33ici à l'Assemblée, n'a pas été investi.
00:51:35Chacun rivalise de soutien.
00:51:37Jean Lossuc
00:51:39a fait venir chez lui donc Rachida Dati.
00:51:41C'est elle, la maire du 7e,
00:51:43qui l'a poussée pour cette candidature.
00:51:45Il a aussi le soutien de Gérald Darmanin.
00:51:47Gilles Legendre, lui, peut compter sur deux anciens présidents
00:51:49de l'Assemblée, Richard Ferrand et Yael Bounpivy.
00:51:51Et l'ambiance n'est pas forcément meilleure
00:51:53du côté de la gauche, Nouveau Front Populaire.
00:51:55Non, on le sait, la rupture est consommée
00:51:57entre François Ruffin et Jean-Luc Mélenchon.
00:51:59Il affirme que celui-ci
00:52:01est un obstacle à la victoire du Nouveau Front Populaire.
00:52:03Regardez la réponse sur
00:52:05le réseau Twitter d'Adrien Quatennens,
00:52:07qui, je le rappelle, n'est pas candidat.
00:52:09C'est plus un melon, là, c'est une pastèque.
00:52:11Attention à force de gonfler,
00:52:13ça va exploser. Rejoins l'ERN
00:52:15direct, on gagnera du temps
00:52:17et de l'énergie.
00:52:19Ambiance, ambiance, donc. C'est à se demander
00:52:21au sein de quel groupe vont siéger
00:52:23ceux qu'on appelle un peu les frondeurs
00:52:25chez les Insoumis, François Ruffin,
00:52:27mais aussi Raquel Garrido, Alexis Corbière,
00:52:29Clémentine Autain. S'ils sont réélus,
00:52:31peut-être qu'ils fonderont leur groupe à part.
00:52:33Pour rappel, il faut 15 députés
00:52:35ici à l'Assemblée pour pouvoir avoir son propre groupe.
00:52:37Merci beaucoup, Elisabeth Mondingava.
00:52:39On va évidemment suivre ça de très près
00:52:41après le premier tour. Ça flingue, hein, à gauche.
00:52:43Non, mais là, c'est n'importe quoi, parce que François Ruffin
00:52:45se bat, et il a obtenu en 2022,
00:52:47il a fait un bien meilleur score que Mélenchon
00:52:49dans sa circonscription, en particulier
00:52:51dans des petites villes, ouvrières,
00:52:53touchées par la désintégration.
00:52:55Il se bat pour être élu dans une circonscription difficile.
00:52:57Mélenchon, quand il avait essayé
00:52:59à Nîmes-Boulogne, il a perdu
00:53:01et il est parti en courant pour aller dans des
00:53:03circonscriptions plus faciles. Donc,
00:53:05Catenin, c'est Mélenchon, au lieu de taper...
00:53:07Il ferait mieux d'aller se présenter dans des circonscriptions
00:53:09difficiles et de montrer qu'ils y arrivent.
00:53:11Ils vont répondre, peut-être. Allez, on enchaîne.
00:53:13Il nous reste peu de temps. Les Affranchis,
00:53:15leur parti pris tout de suite.
00:53:17Musique
00:53:19Musique
00:53:21Musique
00:53:23Musique
00:53:25Richard Verly,
00:53:27du quotidien Suisse,
00:53:29blique pour son regard européen,
00:53:31Bertrand Perrier, maître Bertrand Perrier,
00:53:33pour son biais d'humeur, pour terminer
00:53:35cette émission. Richard, on commence avec vous.
00:53:37Demain, il y a un Conseil européen très important.
00:53:39Les 27 se retrouvent pour se
00:53:41désigner, décider
00:53:43les fameux top jobs,
00:53:45c'est-à-dire les postes-clés
00:53:47au sein de l'Union européenne. La France veut pousser
00:53:49son commissaire. Oui, alors, on savait
00:53:51que les élections européennes du 9 juin, elles
00:53:53auraient un impact sur les institutions communautaires.
00:53:55C'est normal, il est prévu d'après les traités
00:53:57que les nominations à la tête de la
00:53:59Commission et du Conseil reflètent
00:54:01la donne issue des urnes. Alors,
00:54:03on y est, sans trop de surprises. Ce jeudi,
00:54:05les dirigeants du 27 vont à priori s'entendre
00:54:07sur la reconduction d'Ursula
00:54:09von der Leyen à la tête de la Commission.
00:54:11Elle était soutenue par les conservateurs.
00:54:13A priori, c'est aussi bien parti pour
00:54:15l'ancien Premier ministre socialiste
00:54:17portugais, Antonio Costa, à la tête
00:54:19du Conseil européen. Et
00:54:21il semble que c'est fait pour
00:54:23Kaya Kallas, la première ministre
00:54:25d'Estonie, qui est très anti-russe
00:54:27et qui aurait le poste de diplomate
00:54:29en chef de l'Union européenne. D'accord,
00:54:31donc ça veut dire que l'élection
00:54:33en force des Rassemblements nationals
00:54:35français n'a pas
00:54:37posé là-dessus ? Alors, le Rassemblement national
00:54:39et ses alliés regardent l'étape
00:54:41suivante. Sur celle-ci, ils n'avaient
00:54:43pas le moyen d'influer puisque c'est Emmanuel
00:54:45Macron qui décide et que pour l'instant,
00:54:47ils ne sont pas au gouvernement. Ils ne pouvaient
00:54:49donc rien bloquer. Alors,
00:54:51attendons-nous quand même demain à quelques bisbilles
00:54:53peut-être de la part de Victor Orban. Je rappelle
00:54:55qu'il présidera de manière
00:54:57tournante l'Union européenne à partir du 1er juillet.
00:54:59Alors, lui, il n'aime pas du tout Kaya Kallas
00:55:01qui est anti-Poutine alors que lui
00:55:03soutient la Russie. Mais à part
00:55:05ça, pour Orban,
00:55:07Mélanie, Bardella et les autres, c'est la prochaine
00:55:09étape qui compte. Ce sera l'automne.
00:55:11C'est quand les capitales désigneront
00:55:13leurs commissaires. Et là, c'est les gouvernements
00:55:15qui vont désigner leurs commissaires.
00:55:17Et Rome, par exemple, a déjà fait savoir
00:55:19qu'il voulait que...
00:55:21Giorgia Meloni voulait un vice-président
00:55:23italien de la commission avec de préférence
00:55:25un œil sur les affaires économiques.
00:55:27Et voilà que le RN avance un nom.
00:55:29Fabrice Leggeri, numéro 3
00:55:31sur la liste, ancien patron de Frontex
00:55:33pour obtenir quoi ? Commissaire européen
00:55:35à l'immigration. Alors, ça suppose
00:55:37bien sûr que le Rassemblement
00:55:39national soit le gouvernement.
00:55:41Emmanuel Macron pourrait s'y opposer.
00:55:43Mais attention, parce qu'il y a
00:55:45d'autres sujets compliqués. Par exemple,
00:55:47que va-t-il se passer pour le siège de la France
00:55:49au Conseil européen ? Avant, à l'époque des cohabitations,
00:55:51vous vous souvenez, le président y allait
00:55:53avec le Premier ministre. C'est plus possible.
00:55:55Une chose est sûre, le RN a Bruxelles
00:55:57dans son viseur avec deux objectifs.
00:55:59Obtenir un rabais budgétaire pour la France
00:56:01et placer les siens au poste
00:56:03de commande. Merci beaucoup, c'était très complet.
00:56:05On y reviendra d'ailleurs demain soir dans notre débat
00:56:07sur ce Conseil européen
00:56:09à fort enjeu. Allez, 3 minutes
00:56:11pour terminer avec vous, Bertrand Perrier.
00:56:13Ça va vous intéresser, Thomas Piketty,
00:56:15parce que Bertrand, ce soir, est allé chercher
00:56:17un point de programme dans les différents
00:56:19partis politiques, les différents blocs
00:56:21qui se présentent, la question des droits de succession.
00:56:23Oui, c'est un point qui est un peu un angle mort
00:56:25dans la campagne et qui est pourtant très important
00:56:27puisque, en moyenne, 60%
00:56:29de notre patrimoine est issu de l'héritage.
00:56:31Et puis, il y a des mouvements de temps long
00:56:33qui tiennent notamment à l'allongement
00:56:35de la durée de vie qui fait qu'en moyenne, aujourd'hui,
00:56:37on hérite à 57 ans, c'est-à-dire
00:56:39à un âge où on a
00:56:41globalement fait sa vie professionnelle.
00:56:43Et puis, dernière chose, c'est un enjeu budgétaire
00:56:45important puisque chaque année,
00:56:47les droits de succession représentent dans le budget de l'État
00:56:49environ 15 milliards. Alors, qui propose quoi ?
00:56:51Alors, on est entre exonération et
00:56:53alourdissement, évidemment. La première chose qu'il faut
00:56:55savoir, c'est qu'en dessous de 100 000 euros,
00:56:57les successions sont exonérées.
00:56:59C'est très important parce que ça représente
00:57:01environ 80% des
00:57:03successions qui sont inférieures
00:57:05à 100 000 euros.
00:57:07Par enfant et par parent.
00:57:09Emmanuel Macron avait proposé, en 2022,
00:57:11de porter ce seuil
00:57:13à 150 000 euros.
00:57:15Il ne l'a jamais fait, tout simplement parce que ça coûte
00:57:17trop cher. Ça coûte 3 milliards d'euros
00:57:19et les finances publiques sont dans l'État
00:57:21que nous connaissons. Le Rassemblement
00:57:23national, dans la campagne législative,
00:57:25a simplement proposé
00:57:27de supprimer les droits de succession
00:57:29pour, je cite, les familles modestes
00:57:31et les classes moyennes. On ne sait pas ce que cela
00:57:33recouvre. A l'autre bout du spectre,
00:57:35le nouveau Front populaire propose de
00:57:37taxer davantage les successions
00:57:39les plus importantes pour qu'il y ait un rendement
00:57:41plus important du
00:57:43droit de succession sur les 1%
00:57:45de succession les plus importantes.
00:57:47Et il y a notamment l'idée d'une
00:57:49succession maximale au-delà de laquelle
00:57:51tout serait pris. Évidemment,
00:57:53le montant est très important. Il n'est pas
00:57:55défini, mais en 2022, la NUPES avait
00:57:57parlé de 12 millions d'euros.
00:57:59Des successions évidemment tout à fait exceptionnelles.
00:58:01Très peu dans ce cas-là de succession
00:58:03et d'héritage. Il y a les successions, il y a les donations
00:58:05aussi que peuvent faire les parents à leurs
00:58:07enfants ou les grands-parents à leurs petits-enfants
00:58:09auxquels tiennent les Français.
00:58:11Oui, là aussi, c'est très important. Vous le savez,
00:58:13les parents peuvent donner à leurs enfants
00:58:15en exonération d'impôts
00:58:17100 000 euros tous les 15 ans.
00:58:19Eh bien, Gabriel Attal a proposé de porter
00:58:21ce montant à 150 000 euros
00:58:23par enfant. Le Rassemblement
00:58:25national lui propose de maintenir 100 000
00:58:27mais de permettre de faire une donation
00:58:29en exonération tous les 10 ans. Et puis,
00:58:31dans le sens grands-parents-petits-enfants,
00:58:33aujourd'hui, c'est en franchise
00:58:35d'impôts 30 000 euros
00:58:37par grand-parent, par petit-enfant tous les
00:58:3915 ans. Et le Rassemblement national
00:58:41propose 100 000 euros tous les 10 ans.
00:58:43Vous voyez que l'idée au-delà des
00:58:45chiffres, c'est de favoriser la transmission
00:58:47du patrimoine, la circulation des
00:58:49liquidités, l'accession à la propriété
00:58:51avec, en filigrane, une question
00:58:53presque philosophique de société,
00:58:55d'économie, de famille,
00:58:57savoir si la fortune
00:58:59s'érite ou se mérite.
00:59:01Eh bien, ça se mérite, selon vous,
00:59:03plus que ça s'érite.
00:59:05Ce serait mieux, mais souvent, ça s'érite.
00:59:07Le système actuel est trop complexe
00:59:09parce que, vous voyez, 100 000 euros par enfant,
00:59:11par parent, mais en fait, comme vous pouvez le faire tous les 15 ans,
00:59:13même à un moment, c'était tous les 8 ans, et là,
00:59:15tous les 10 ans, si vous vous organisez bien,
00:59:17vous pouvez finalement faire
00:59:192 parents, 2 enfants, donc c'est les 400 000 euros
00:59:21à 4 fois, 5 fois, vous pouvez transmettre 2 millions d'euros
00:59:23à un moment sans aucun impôt.
00:59:25Je pense qu'on ferait mieux d'avoir une franchise globale
00:59:27sur un patrimoine parental, mettons,
00:59:29à 300, 400 000 euros, en dessous duquel
00:59:31vous ne payez rien, plutôt qu'avoir
00:59:33ce morcellement des exonérations de 100 000 euros
00:59:35dont vous pouvez bénéficier 25 fois.
00:59:37Tout le système est très peu lisible
00:59:39et c'est ça qu'il faudrait améliorer.
00:59:41Merci à vous, merci beaucoup Thomas Piketty
00:59:43et merci à vous, les Affranchis.
00:59:45Merci de nous avoir suivis.
00:59:47Un petit rendez-vous à ne pas manquer, ce soir,
00:59:4921h30, c'est un nouveau rendez-vous,
00:59:51ça s'appelle Légistrim,
00:59:53c'est notre chaîne YouTube
00:59:55qui vous le propose, ainsi que la plateforme
00:59:57Twitch, les représentants des différents
00:59:59blocs politiques dans cette bataille législative
01:00:01vont dialoguer avec des influenceurs
01:00:03et répondre à toutes vos questions
01:00:05en live, ne manquez pas,
01:00:07ça n'est pas sur la TNT, mais sur
01:00:09YouTube et Twitch, voilà.
01:00:1121h30, ce sera avec Valérie Brochard,
01:00:13très belle soirée, à demain.
01:00:15Musique
01:00:17...
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01:00:25...

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