• il y a 5 mois
Alors que la France est en pleine campagne des élections législatives à l'approche du premier tour, plusieurs titres de presse étrangers ont les yeux rivés sur la politique française. 

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00:00Oui, exactement, c'est le pays du Brexit, mais c'est aussi le pays où il y a une autre élection.
00:05Les élections britanniques ont lieu le 4 juillet prochain, entre les deux tours donc.
00:10Alors forcément, on compare ces deux élections.
00:13Ici, les conservateurs sont au pouvoir depuis 14 ans et on s'attend à leur pire défaite
00:19avec le parti travailliste qui va rafler une très grosse majorité des sièges.
00:25Et pourtant, le Daily Mail, par exemple, explique que Macron aura une défaite encore plus importante
00:32que les conservateurs, comme si les Britanniques cherchaient une petite normalité en se comparant
00:38avec les Français.
00:40Mais la BBC va encore plus loin arrêter les comparaisons, explique-t-elle, en expliquant
00:46que oui, il y aura cette défaite politique en France et au Royaume-Uni, mais qu'en France,
00:53c'est pire car la démocratie est en jeu.
00:56Et puis, vous parliez de Brexit.
00:59Oui, ici, on cherche tous les signes avant-coureurs de Frexit avec, par exemple, l'annonce de
01:04Jordan Bardella de diminuer le budget attribué à l'Union européenne.
01:10Alors ici, on compare ça aux annonces de 1980 de Margaret Thatcher avec cette célèbre phrase
01:18« I want my money back ».
01:20« I want my money back », effectivement.
01:22Merci, Laurent Calmus.
01:23De Frexit, il n'est plus tellement question, mais plus du tout question de réalité.
01:26Dans la campagne, il y a un mouvement qui est très, très, très minoritaire, qu'on
01:30n'entend pas dans cette campagne des législatives, mais globalement, y compris Jordan Bardella,
01:34y compris l'Assemblée nationale, plus question de Frexit.
01:36On est dans le principe de réalité avec des rééquilibrages à venir.
01:40On a bien noté du côté du Rassemblement national qu'il y avait tout de même une
01:43lame de fond d'extrême droite ou de droite très poussée qui allait peut-être rééquilibrer
01:49les choses en Europe, mais il n'est plus question.
01:51On est peut-être sur de l'euroscepticisme, mais pas sur de l'anti-européanisme à propos
01:56d'en parler, comme on a pu le voir ou comme on le voit chez Florian Philippot, puisque
01:59vous faites référence à ça.
02:01Absolument.
02:02Mais la référence à Margaret Thatcher est pas mal, qui, elle aussi, voulait qu'on
02:05lui rende son argent, que l'Union européenne lui rende de l'argent.
02:08Et l'Assemblée en finit par partir.
02:09Quelques années après…
02:10Quelques années.
02:11Mais c'est aussi ce que veut faire Jordan Bardella.
02:12Récupérer une partie de ce que la France verse à l'Union européenne pour financer
02:17un certain nombre de mesures ici.
02:18Oui, ce sera le cas aussi pour l'OTAN, c'est ce que disent les responsables du
02:23Rassemblement national.
02:24Encore une fois, on cherche à…
02:26Finalement, c'est un mot plutôt américain sur l'OTAN, qui est de vraiment avoir le
02:30fardeau et essayer de partager un peu plus le fardeau.
02:34Et effectivement, puisqu'on est en train de faire un programme très français qui
02:37coûte très très cher, et bien pourquoi pas aller chercher de l'argent où on pourrait
02:41en trouver assez facilement.
02:42Et évidemment, chez les eurosceptiques, on a tout de suite regardé vers Bruxelles.
02:46Le pays de Poutine, est-ce que la campagne législative en France, comment dire, émerge
02:53dans le paysage médiatique en Russie ?
02:56Oui, et en fait, on en parle à peu près une fois, deux fois par jour dans la presse
03:01russe.
03:02Je regardais ce matin, j'ai acheté la presse russe encore.
03:04Il est question de deux lionceaux.
03:06Le lionceau Bardella, le lionceau Attal.
03:09Et pour la presse russe, c'est à peu près le seul enjeu de cette élection, c'est
03:13de savoir qui sera le prochain Premier ministre.
03:15Et ce qui est très intéressant, voire presque amusant, c'est de voir qu'à chaque fois,
03:19la presse russe, elle a son favori.
03:21Son favori, évidemment, c'est le candidat du Rassemblement national.
03:25J'ai trouvé quelques qualificatifs qui ont été utilisés dans ce journal, le Komsomol
03:32de Moscou.
03:33Jordan Bardella est qualifié de jeune lion et l'article commence, le passage sur le
03:39candidat commence par ce beau mec d'extrême droite, il faut vous prévenir tout de suite,
03:43l'article d'extrême droite est déjà pris.
03:45Donc ça donne un peu le ton des articles qui parlent de Jordan Bardella.
03:49Dans un autre journal, le Komsomol de Skyapravda, il est qualifié de prodige, de Ken, de Barbie.
03:55Et évidemment, tous ces médias ont choisi en quelque sorte leur candidat, tout simplement
04:00parce que le seul point qui est retenu de tous ces programmes politiques, de tout ce
04:05programme politique, celui du RN, c'est cette volonté d'affaiblir un peu l'aide à l'Ukraine.
04:11Et donc forcément, le Kremlin et les médias qui vont avec le Kremlin voient une sorte
04:15d'opportunité dans cette possibilité que le RN prenne plus de pouvoir en France, avec
04:21ce rappel réculier dans la presse russienne que le RN peut avoir avec la Russie.
04:27Il se rappelle qu'en 2017, c'est une petite anecdote, Marine Le Pen avait été tellement
04:31bien accueillie au Kremlin par Vladimir Poutine qu'il y avait eu des embouteillages dans
04:35tout Moscou parce que son cortège était quasiment un cortège présidentiel.
04:39Tous les honneurs avaient été donnés et rendus au RN.
04:42Donc on comprend que vu de Moscou, le candidat du Kremlin, en tout cas le parti du Kremlin,
04:48c'est bien le Rassemblement national.
04:50Vous parlez du Kremlin, est-ce que Poutine en personne a pu parler des élections en France ?
04:55Non, alors Vladimir Poutine, il est très concentré en ce moment sur les Jeux olympiques
05:00et la guerre en Ukraine.
05:01C'est un peu les deux combats du Kremlin en ce moment.
05:04Lui, il essaie de soutenir les athlètes russes en leur expliquant que ce n'est pas grave
05:08s'ils ne participent pas aux Jeux olympiques à Paris, que finalement, ils valent mieux que ça.
05:12C'est un peu le message qui est fait passer, que de toute façon, la Russie est victime
05:16de russophobie.
05:17Mais tout ça est un ensemble, évidemment, parce que l'idée, c'est de montrer que la
05:21démocratie, ça affaiblit un pays, que le débat politique affaiblit un pays et que
05:26peut-être que les Jeux olympiques seront gâchés parce qu'il y a cette situation politique
05:31qui est qualifiée d'instable par les médias russes.
05:34Donc, il y a un lien général qu'on arrive à faire de tout ça avec, encore hier soir,
05:38à la télévision russe, par exemple, une liste de tout ce qui allait mal sur les Jeux
05:42olympiques, la préparation des Jeux olympiques, avec notamment, c'était assez amusant à
05:46observer, des transports en commun qui ne fonctionneraient pas pendant les Jeux olympiques
05:50parce que tout l'argent des transports en commun de Paris serait parti d'après la
05:54télévision russe à l'aide à l'Ukraine.
05:57Pardon.
05:58Merci beaucoup.
05:59Merci, Paul Gogo.
06:00Ça me fait sourire, Patrick Saussure.
06:02Oui, c'est souriant et je rappellerai d'ailleurs qu'en ce moment même se tiennent les Jeux
06:06des BRICS, c'est-à-dire que Moscou a décidé, puisqu'il y avait des Jeux olympiques de
06:11l'Occident, même s'il y aura tous les pays du monde, y compris d'Asie et d'Afrique,
06:15il y a les Jeux des BRICS avec 97 pays et ce que me disait Paul il y a quelques jours,
06:19c'est que moi je me demandais mais 97 pays, d'où on les sort ? Il a vu la cérémonie
06:23d'ouverture, il y avait des portes aux drapeaux, mais pas d'athlètes.
06:27La Russie a gagné toutes les médailles ou presque, ils ont fait leur propre jeu.
06:31Il n'y a pas tellement de réserve.
06:32Moscou a choisi son candidat.
06:33Oui, mais je reste persuadé que malgré ce qu'on a pu voir notamment des responsables
06:39du RN qui ont été observateurs internationaux, d'autres qui sont largement liés à des
06:44forums de discussion très russophiles, ce que cherche Vladimir Poutine, c'est d'abord
06:48la déstabilisation.
06:50Grosso modo, si la LFI avait remporté énormément de suffrages lors des européennes, j'ai
06:58pas forcément le nouveau front populaire, ça aurait été aussi.
07:01Ce qui compte, c'est de déstabiliser.
07:03En ce moment, effectivement, à la télé russe, on est à fond sur les Jeux olympiques
07:06qui ne marcheront pas.
07:07On parle même d'une canicule totalement mortelle qui s'annonce sur la France au
07:10moment des Jeux olympiques.
07:11On demandera à Christophe Persson ou à Marc Emme, mais je ne crois pas qu'on ait ça.
07:14Pour l'instant, ils auront du mal à le dire.
07:15Ils sont vraiment sur la déstabilisation plus qu'un ami qui viendrait finalement arrêter
07:21totalement la guerre en Ukraine parce que là aussi, le principe de réalité est revenu
07:24aux oreilles de Jordan Bardella, notamment sur l'aide à l'Ukraine.
07:27Ah, Blandine Hugonnet, on vous a retrouvée.
07:29Qu'est-ce qu'on dit de notre campagne chez vous à Rome ?
07:33Oui, alors ça ne fait pas la une en soi des journaux, mais on en parle évidemment
07:37beaucoup.
07:38C'est très suivi ce qu'il se passe, ce séisme politique français.
07:41Le pari à la fois hasardeux et courageux d'Emmanuel Macron, comme on en parle ici.
07:47Les médias tentent de décrypter un peu ce qu'il se passe, notamment les scénarios
07:52évoqués, notamment celui du gouvernement technique, donc celui à l'italienne dont
07:57on parle beaucoup.
07:58Ça serait une réponse à un blocage total pour le Huffington Post en Italie.
08:02Il y aurait même une italianisation de la politique française.
08:07Emmanuel Macron chercherait même son propre Mario Draghi.
08:10C'était l'ancien directeur de la BCE qui était devenu dirigeant du gouvernement
08:15d'experts en 2021.
08:17Avant lui, c'était Mario Monti en 2011.
08:19Bref, l'Italie est habituée à ce type de gouvernement technique et finalement, ce
08:23serait, selon les médias ici, une solution pour tenir les rênes d'une large cohabitation
08:29en France.
08:30En tout cas, c'est très commenté cette option du modèle italien, celui aussi de
08:34l'union des droites et extrêmes droites, comme Giorgia Meloni.
08:37Ce serait même un gage de stabilité pour la presse radicale de droite.
08:42C'est très commenté ici.
08:44La presse italienne est aussi inquiète.
08:46Elle craint une paralysie de la France avec une cohabitation et même une Europe affaiblie
08:50face à Vladimir Poutine.
08:52En tout cas, au pays des précurseurs de la dédiabolisation de l'extrême droite, comme
08:55le dit le journal de gauche Domani, on sait de quoi on parle quand on regarde la France
09:00et l'arrivée de l'extrême droite au pouvoir.
09:02On vous écoute en tous les trois que chacun voit midi à sa porte.
09:05On aura bien compris.
09:06Merci Laura, Paul, Blandine d'avoir été avec nous.
09:09Ça faisait plaisir de voyager un peu avec vous.
09:11Merci Patrick.

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