Grand témoin : Edwige Diaz, députée RN sortante de Gironde, candidate à sa réélection, vice-présidente du RN
GRAND DÉBAT / Dissolution : la Vème République à l'épreuve
« Le récap » par Bruno Donnet
À quelques jours des élections législatives, plusieurs sondages comme celui d'Ipsos indiquent un important recul du parti présidentiel face à des scores importants du « Rassemblement National » (35,5%) et du « Nouveau Front Populaire » (29,5%). Cependant, aucun parti semble actuellement capable d'atteindre une majorité absolue au palais Bourbon, soit 289 sièges sur 577. Une situation de cohabitation comme sous le Président Jacques Chirac entre 1997 et 2002 n'est donc pas à écarter. Face à ce risque d'instabilité politique, l'exécutif d'Emmanuel Macron pourrait, sous risque d'une motion de censure, se contenter de chercher des coalitions politiques uniques pour faire passer ses textes individuellement. L'usage controversé du puissant article 49.3 permettant d'éviter un vote à l'Assemblée, fait également partie des recours possibles de l'exécutif. La nomination d'un gouvernement « technicien » voire « apolitique » qui se chargerait des affaires courantes jusqu'à ce qu'une coalition plus durable soit trouvée au sein de l'hémicycle est aussi envisageable. Les institutions de la Ve République pourront-elles faire face aux résultats des législatives du 30 juin et 7 juillet ?
Invités :
- Jean-Philippe Derosier, constitutionnaliste, Professeur de Droit public à l'Université de Lille,
- Jean Garrigues, historien,
- Dominique Rousseau, professeur de droit public à l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne,
- Marie-Anne Cohendet, constitutionnaliste, professeure de droit constitutionnel à La Sorbonne.
GRAND ENTRETIEN / Edwige Diaz : les grands axes du programme du Rassemblement National
Mercredi 24 juin 2024 lors d'une conférence de presse, le Président du Rassemblement National, Jordan Bardella, a présenté le programme de son parti en cas de victoire lors des élections législatives des 30 juin et 7 juillet 2024. L'eurodéputé a d'ores et déjà prévenu qu'il accepterait de devenir Premier ministre uniquement si le RN obtient la majorité absolue à l'Assemblée nationale. Immigration, sécurité, école, pouvoir d'achat : quelles sont les priorités du RN ?
Grand témoin : Edwige Diaz, députée RN sortante de Gironde, candidate à sa réélection, vice-présidente du RN.
Ça vous regarde, votre rendez-vous quotidien qui prend le pouls de la société : un débat, animé par Myriam Encaoua, en prise directe avec l'actualité politique, parlementaire, sociale ou économique.
Un carrefour d'opinions où ministres, députés, élus locaux, experts et personnalités de la société civile font entendre leur voix.
Abonnez-vous à la chaîne YouTube LCP - Assemblée nationale : https://bit.ly/2XGSAH5
Suivez-nous sur les réseaux !
Twitter : https://twitter.com/lcp
Facebook : https://fr-fr.facebook.com/LCP
Instagram : htt
GRAND DÉBAT / Dissolution : la Vème République à l'épreuve
« Le récap » par Bruno Donnet
À quelques jours des élections législatives, plusieurs sondages comme celui d'Ipsos indiquent un important recul du parti présidentiel face à des scores importants du « Rassemblement National » (35,5%) et du « Nouveau Front Populaire » (29,5%). Cependant, aucun parti semble actuellement capable d'atteindre une majorité absolue au palais Bourbon, soit 289 sièges sur 577. Une situation de cohabitation comme sous le Président Jacques Chirac entre 1997 et 2002 n'est donc pas à écarter. Face à ce risque d'instabilité politique, l'exécutif d'Emmanuel Macron pourrait, sous risque d'une motion de censure, se contenter de chercher des coalitions politiques uniques pour faire passer ses textes individuellement. L'usage controversé du puissant article 49.3 permettant d'éviter un vote à l'Assemblée, fait également partie des recours possibles de l'exécutif. La nomination d'un gouvernement « technicien » voire « apolitique » qui se chargerait des affaires courantes jusqu'à ce qu'une coalition plus durable soit trouvée au sein de l'hémicycle est aussi envisageable. Les institutions de la Ve République pourront-elles faire face aux résultats des législatives du 30 juin et 7 juillet ?
Invités :
- Jean-Philippe Derosier, constitutionnaliste, Professeur de Droit public à l'Université de Lille,
- Jean Garrigues, historien,
- Dominique Rousseau, professeur de droit public à l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne,
- Marie-Anne Cohendet, constitutionnaliste, professeure de droit constitutionnel à La Sorbonne.
GRAND ENTRETIEN / Edwige Diaz : les grands axes du programme du Rassemblement National
Mercredi 24 juin 2024 lors d'une conférence de presse, le Président du Rassemblement National, Jordan Bardella, a présenté le programme de son parti en cas de victoire lors des élections législatives des 30 juin et 7 juillet 2024. L'eurodéputé a d'ores et déjà prévenu qu'il accepterait de devenir Premier ministre uniquement si le RN obtient la majorité absolue à l'Assemblée nationale. Immigration, sécurité, école, pouvoir d'achat : quelles sont les priorités du RN ?
Grand témoin : Edwige Diaz, députée RN sortante de Gironde, candidate à sa réélection, vice-présidente du RN.
Ça vous regarde, votre rendez-vous quotidien qui prend le pouls de la société : un débat, animé par Myriam Encaoua, en prise directe avec l'actualité politique, parlementaire, sociale ou économique.
Un carrefour d'opinions où ministres, députés, élus locaux, experts et personnalités de la société civile font entendre leur voix.
Abonnez-vous à la chaîne YouTube LCP - Assemblée nationale : https://bit.ly/2XGSAH5
Suivez-nous sur les réseaux !
Twitter : https://twitter.com/lcp
Facebook : https://fr-fr.facebook.com/LCP
Instagram : htt
Category
🗞
NewsTranscription
00:00:00Générique
00:00:02...
00:00:05Bonsoir à tous et bienvenue dans Ça vous regarde.
00:00:08On se penche ce soir sur notre Constitution
00:00:10et sur sa capacité à faire face aux différents scénarios
00:00:14qui pourraient ressortir de ces législatives.
00:00:17Peut-on éviter une paralysie du pays ?
00:00:19Quels seraient les pouvoirs d'Emmanuel Macron
00:00:21en cas de cohabitation ?
00:00:23Peut-on envisager que notre 5e République
00:00:25se transforme en pur régime parlementaire ?
00:00:28Autant de questions à répondre avec nos invités.
00:00:31Dans l'actualité, le Rassemblement national
00:00:33précise son programme, pouvoir d'achat, immigration, sécurité.
00:00:37Jordan Bardella a détaillé ses priorités
00:00:39en cas de victoire aux législatives.
00:00:41On passera en revue ses propositions
00:00:43avec notre invité, la vice-présidente du RN,
00:00:46Edwige Diaz.
00:00:47Tout ce qu'il faut savoir sur la campagne des législatives,
00:00:50ce sera Campagne Express avec Stéphanie Despierre.
00:00:53C'est parti pour une heure de débat et d'analyse.
00:00:57Générique
00:00:58...
00:01:09Notre Constitution a été conçue pour garantir
00:01:12un exécutif stable et fort, mais permet-elle de faire face
00:01:15aux différents scénarios qui se profilent
00:01:17pour l'après-législative ? On en débat ce soir
00:01:20avec les meilleurs experts du droit public en France,
00:01:23Marianne Candé. Bonsoir.
00:01:24Vous êtes professeur de droit public à la Sorbonne,
00:01:27spécialiste du pouvoir en période de cohabitation.
00:01:30Vous y avez consacré beaucoup de temps.
00:01:32On va en parler, ce soir,
00:01:34de la perspective éventuelle d'une cohabitation.
00:01:37Dominique Rousseau, bonsoir.
00:01:38Vous êtes professeur de droit constitutionnel
00:01:41à Paris 1 Panthéon-Sorbonne et ancien membre
00:01:43du Conseil supérieur de la magistrature.
00:01:46Jean-Philippe Derosier, bonsoir.
00:01:47Vous êtes professeur de droit public à l'université de Lille
00:01:51et membre de l'Institut universitaire de France.
00:01:54Nous sommes avec Jean Garrigue.
00:01:56Vous êtes historien spécialiste de l'histoire politique française,
00:01:59notamment de l'histoire parlementaire.
00:02:02Pour commencer, nous accueillons Bruno Deney,
00:02:04qui va nous aider à y voir plus clair.
00:02:16Bonsoir, Clément.
00:02:18Pour commencer, dans votre récap, ce soir, une question.
00:02:21Le prochain Premier ministre peut-il s'avérer introuvable ?
00:02:24C'était Emmanuel Macron, Clément,
00:02:26qui nous a inspiré cette vertigineuse interrogation.
00:02:29Dans la longue lettre qu'il vient d'adresser aux Français,
00:02:32j'ai noté cette petite phrase.
00:02:35Cette élection, écrit-il, est celle d'une seule question.
00:02:39Qui pour gouverner la France ? Une excellente question.
00:02:42Sauf que, quel que soit le résultat qui sortira des urnes,
00:02:45la réponse semble bigrement compliquée.
00:02:48Je vous explique pourquoi.
00:02:49A l'extrême-droite,
00:02:51Jordan Bardella l'a redit ce matin.
00:02:53Il acceptera Matignon, oui, mais à une condition.
00:02:56Je l'ai dit, nous accepterons de constituer un gouvernement
00:03:00si nous avons non seulement la légitimité démocratique
00:03:03pour le faire, mais naturellement, si nous avons une majorité absolue.
00:03:07Or, pour l'instant, les derniers sondages
00:03:10ne créditent le Rassemblement national
00:03:13que d'une majorité relative.
00:03:15Dans le camp présidentiel maintenant,
00:03:17un peu comme sur cette photo,
00:03:19personne ne s'est remis de la gueule de bois post-dissolution
00:03:22et plus personne ne croit en la possibilité d'une victoire.
00:03:26Car si l'on suit bien Edouard Philippe,
00:03:28la majorité serait tout simplement passée de vie à trépas.
00:03:32C'est le président de la République
00:03:34qui a tué la majorité présidentielle.
00:03:36Il l'a dissous. C'est pas moi qui suis parti,
00:03:38c'est pas les fondeurs qui l'auraient énervé.
00:03:41Il aurait pu ne pas la tuer.
00:03:43Il a décidé de la dissous. On passe à autre chose.
00:03:45Il n'y a pas de solution à l'extrême-droite,
00:03:48du côté de la majorité.
00:03:49Est-ce plus facile, Bruno, si la gauche l'emportait ?
00:03:53Non, monsieur.
00:03:54Car à gauche, personne n'est d'accord.
00:03:57La faute à un mystigri nommé Jean-Luc Mélenchon.
00:04:01Il y a huit jours, on avait cru comprendre
00:04:03que le leader des Insoumis avait renoncé à son idée
00:04:06de briguer le poste de Premier ministre.
00:04:08Je ne serai jamais le problème.
00:04:11Je serai toujours du côté de la solution.
00:04:13Je répète, je ne serai jamais le problème.
00:04:16Si vous pensez que je ne dois pas être Premier ministre,
00:04:20je ne le serai pas.
00:04:21Mais ce week-end, changement de pied,
00:04:24la solution a finalement décidé de replonger
00:04:27la tête la première dans les problèmes.
00:04:29J'ai l'intention de gouverner ce pays.
00:04:32C'est pas le bazar, c'est pas l'Assemblée générale permanente,
00:04:35le pia-pia des gauchistes qui passent leur temps à s'engueuler.
00:04:38Aïe, vive émotion à gauche.
00:04:41Fabien Roussel et Churibar, Olivier Faure réclament un vote,
00:04:44Marine Tondelier écrit qu'il ne sera jamais Premier ministre.
00:04:48Quant au revenant, Francois Hollande,
00:04:50il a une ambition on ne peut plus claire pour Jean-Luc Mélenchon.
00:04:54Aujourd'hui, s'il veut rendre service au nouveau Front populaire,
00:04:58il faut qu'il se mette de côté, qu'il se taise.
00:05:02Alors voilà, il y a 15 jours, une heure seulement,
00:05:05après les résultats des Européennes,
00:05:07Emmanuel Macron a donné 3 semaines, 3 semaines seulement,
00:05:10à la Ve République pour se réinventer.
00:05:13J'ai décidé de vous redonner le choix de notre avenir
00:05:17parlementaire, par le vote.
00:05:21Je dissous donc ce soir l'Assemblée nationale.
00:05:24Reste à savoir, cher Clément,
00:05:26si notre régime peut supporter autant d'instantanéité
00:05:30et se trouver en toute hâte quelqu'un pour l'incarner.
00:05:34On va en débattre avec nos invités en plateau.
00:05:36Merci à vous, Bruno Donnet.
00:05:38Tout le monde se projette, d'ores et déjà,
00:05:40dans la pré-législative, y compris Emmanuel Macron.
00:05:43On l'a vu, dans sa lettre aux Français,
00:05:45il semble anticiper une possible cohabitation.
00:05:48Du côté du RN, c'est clair,
00:05:50le RN refusera Matignon s'il obtient
00:05:52une simple majorité relative.
00:05:55D'un point de vue juridique, Marianne Kohandé,
00:05:57Jordan Bardella a raison quand il dit
00:06:00qu'accepter le pouvoir sans pouvoir exercer pleinement le pouvoir,
00:06:04ce serait un risque pour le RN.
00:06:06Je dis simplement qu'il constate un fait.
00:06:09Je vais pas dire qu'il a raison, il constate un fait.
00:06:11S'il n'a pas la majorité absolue, il sera renversé très vite.
00:06:15Point final.
00:06:16-"Renverser un gouvernement", c'est prendre des responsabilités
00:06:20lourdes de la part de l'opposition.
00:06:22Mais laisser l'extrême-droite gouverner la France,
00:06:24c'est une responsabilité autrement grave.
00:06:27Votre point de vue à vous, Dominique Rousseau,
00:06:29quand Bardella dit qu'il veut le pouvoir pour pouvoir l'exercer,
00:06:33on peut pas exercer le pouvoir en majorité relative ?
00:06:36On ne peut pas exercer le pouvoir en majorité relative
00:06:39de manière plus difficile...
00:06:41-"L'année entière". -...comme majorité absolue.
00:06:44Et par conséquent,
00:06:45comment dire,
00:06:47Jordan Bardella, sans majorité absolue,
00:06:49serait obligé de faire des alliances.
00:06:53Alors peut-être, peut-être que s'il a 270 députés,
00:06:57il pourrait, comment dire, obtenir le soutien
00:07:00de LR compatibles et arriver à 289.
00:07:04Mais pour quelqu'un qui veut gouverner,
00:07:07effectivement, il faut une majorité absolue.
00:07:10Ce qui est intéressant dans la lettre d'Emmanuel Macron,
00:07:13c'est qu'il pose une question surprenante
00:07:16pour un président de la République.
00:07:18-"Qui pour gouverner ?"
00:07:19Je croyais que c'était le président de la République
00:07:22qui gouvernait. Il dit qui peut gouverner.
00:07:24D'une certaine manière, il abdique le pouvoir
00:07:27en disant que vous allez choisir celui qui va gouverner.
00:07:31Donc, il y a là un vrai problème.
00:07:34Vous pensez qu'il s'exclue du champ de sa question ?
00:07:36C'est pas lui qui va gouverner,
00:07:38puisque nous allons choisir celui qui va gouverner.
00:07:41Jean-Philippe Desrosiers, partir du principe
00:07:44que son gouvernement tomberait en majorité relative,
00:07:47c'est une évidence pour vous, quand Jordan Bardella dit ça ?
00:07:50D'émotions de censure, il n'y en a qu'une
00:07:52qui a été adoptée sous la Ve République.
00:07:54C'est pas une évidence en soi.
00:07:56Effectivement, on peut assez aisément s'y attendre
00:08:00à l'égard d'un gouvernement d'extrême droite,
00:08:02parce qu'il suscite à ce point le rejet de tous les autres,
00:08:05qu'il risque de s'allier tous ces autres pour le faire tomber.
00:08:09Mais moi, ce qui me surprend particulièrement
00:08:12dans le propos de Jordan Bardella,
00:08:14c'est la contradiction avec ses convictions profondes.
00:08:17Le FN a toujours été convaincu des bienfaits de la proportionnelle.
00:08:21Or, le scrutin proportionnel, généralement,
00:08:24ne conduit pas à la majorité absolue.
00:08:26Là, il nous dit, je ne gouvernerai que si j'ai la majorité absolue,
00:08:30donc, à rebours de toutes les convictions
00:08:32qu'ils ont pu forger dans leurs différents programmes
00:08:35par le passé, dans ce scrutin qui favorise le pluralisme,
00:08:40confirmant, en effet, qu'ils auraient toutes les peines du monde,
00:08:44et c'est un fait, à créer des alliances et des coalitions.
00:08:48Le scénario d'une cohabitation reste sur la table.
00:08:51Il y a plusieurs cas de figure.
00:08:53Il y a celui où le nouveau FN obtiendrait
00:08:55une majorité relative ou absolue.
00:08:57Il y a celui d'une coalition majoritaire
00:08:59qui irait de la droite au centre-gauche,
00:09:01en passant par l'actuelle majorité présidentielle.
00:09:04Et le dernier cas de figure qu'on a évoqué,
00:09:06si le RN obtient lui-même la majorité absolue.
00:09:09Il y a déjà eu trois cohabitations
00:09:11sous la Ve République.
00:09:12François Mitterrand-Jacques Chirac, 86-88,
00:09:15François Mitterrand-Édouard Balladur, 93-95
00:09:17et Jacques Chirac-Lionel Jospin, 97-2002.
00:09:20Est-ce qu'une quatrième cohabitation
00:09:23ressemblerait forcément à ce qu'on a connu jusqu'à présent ?
00:09:26Non, celle-ci sera forcément différente
00:09:28s'il s'agit du rassemblement...
00:09:30Mais je voulais compléter quelque chose,
00:09:33puisque je suis historien.
00:09:34En 1986, la majorité RPR-UDF,
00:09:38c'est 290 sièges.
00:09:40Une seule voix de majorité
00:09:42pour la majorité absolue, si vous voulez.
00:09:44Donc, vous voyez qu'on pouvait, malgré tout,
00:09:47gouverner avec une majorité très étroite
00:09:49en période de cohabitation.
00:09:51En période de cohabitation, vous revenez,
00:09:53j'allais dire, à l'esprit et à l'os
00:09:55de ce que sont les institutions de la Ve République,
00:09:58qui, en réalité,
00:10:00ce que vous direz mieux que moi, les constitutionnistes,
00:10:03sont des institutions parlementaires
00:10:05où le gouvernement doit gouverner
00:10:08et où le Premier ministre est responsable
00:10:11devant le Parlement.
00:10:12C'est ce qui s'est passé lors de ces trois périodes
00:10:15de cohabitation, mais qui se faisait dans le cadre,
00:10:18je dirais, d'une alternance régulée
00:10:23et qui opposait deux partenaires
00:10:26qui connaissaient les règles du jeu
00:10:28et surtout qui étaient prêts à les jouer.
00:10:31Une cohabitation avec le Rassemblement national,
00:10:35c'est un saut dans l'inconnu.
00:10:37C'est un saut dans l'inconnu parce que, d'abord,
00:10:40le RN n'a jamais été, et pour cause, au pouvoir,
00:10:43c'est même presque son slogan de campagne,
00:10:45et parce que les mécanismes,
00:10:49les mécanismes des rapports institutionnels,
00:10:51mais aussi des mécanismes de ce que sont les rapports
00:10:54entre un directeur de cabinet de Premier ministre
00:10:57et un secrétaire général de l'Elysée,
00:10:59ne leur sont pas familiers.
00:11:01Il y a tout cet ensemble de choses qui mettait des rouages,
00:11:04de l'huile, dans les rouages de la cohabitation,
00:11:07qui n'existeraient pas aujourd'hui.
00:11:09Et puis, il y aurait la réaction de la société française
00:11:12par rapport à ce que constitue, comme brutalisation,
00:11:16on va dire, de la vie publique,
00:11:18l'arrivée au pouvoir du RN.
00:11:20Donc, il y aurait des éléments, si vous voulez,
00:11:23qui sont très nouveaux par rapport aux autres cohabitants.
00:11:26Vous vouliez réagir à ce que disait Jean Garry ?
00:11:29D'un mot pour compléter ce qui vient d'être dit.
00:11:31Si on a une quatrième cohabitation,
00:11:33je parle sous le contrôle de ma collègue,
00:11:36si on a une quatrième cohabitation,
00:11:38elle sera nécessairement différente des trois précédentes
00:11:41parce que la cohabitation entre le président Macron
00:11:45et une majorité absolue du Rassemblement national
00:11:49conduit nécessairement
00:11:51à une conflictualité continue et permanente.
00:11:54Ils sont en désaccord sur le programme.
00:11:57Si, par exemple, Emmanuel Macron...
00:11:59Si le Front national fait voter la suppression du droit du sol,
00:12:03s'il fait voter la réduction de l'aide de la France,
00:12:07de l'aide financière de la France à l'Europe,
00:12:10que va faire Emmanuel Macron ?
00:12:12Il va promulguer ses lois, autrement dit,
00:12:15alors que sous Mitterrand, Chirac,
00:12:17Oussou, Chirac, Jospin,
00:12:19il y avait un consensus sur la politique étrangère,
00:12:22un consensus sur le respect des droits constitutionnels.
00:12:25Le programme du Rassemblement national
00:12:28est contraire aux principes constitutionnels.
00:12:30On a entendu Jordane Bardet, là, justement, là-dessus,
00:12:34essayer de rassurer, ce matin, lors de sa conférence de presse.
00:12:37Comment accueillez-vous les mots qu'il a prononcés
00:12:40sur cette éventuelle cohabitation ?
00:12:42C'est un langage de campagne politique.
00:12:45Je n'y crois pas un quart de seconde.
00:12:46C'est quelqu'un qui a toujours été
00:12:49dans un mouvement très agressif
00:12:50et qui remet en cause les fondements de la démocratie.
00:12:54En hypothèse de cohabitation...
00:12:55Il remet en cause les fondements de la démocratie ?
00:12:58Oui, il remet en cause les droits de l'homme.
00:13:01Les droits de l'homme sont au coeur de la démocratie.
00:13:04On voit bien que, depuis des années,
00:13:07et M. Jospin l'a justement rappelé,
00:13:09on a un parti au Front national,
00:13:13au Rassemblement national,
00:13:14qui est profondément raciste,
00:13:16qui est profondément antisémite,
00:13:18ce qui est donc nier la dignité égale de tous les hommes.
00:13:22Les premiers principes de 1789
00:13:25sont les hommes naissent et demeurent
00:13:28libres et égaux en droit,
00:13:30les hommes et non pas les nationaux.
00:13:32Donc, on a une remise en cause
00:13:34des libertés fondamentales
00:13:37qui est dangereuse avec ce parti-là.
00:13:39Et donc, on aurait une cohabitation
00:13:42qui serait explosive.
00:13:43Si le Front populaire a la majorité absolue,
00:13:46la cohabitation se passera comme les précédentes.
00:13:48Mais si c'est une cohabitation avec le Rassemblement national,
00:13:52elle sera extrêmement dangereuse
00:13:54en matière de politique étrangère et de...
00:13:57On va évoquer la question du domaine réservé.
00:14:00Jean-Philippe Desrosiers,
00:14:02cette perspective d'une cohabitation,
00:14:04comment l'abordez-vous de votre côté ?
00:14:06Il n'y a pas que la possibilité
00:14:08d'une cohabitation avec le RN ?
00:14:10Non, bien sûr, il n'y a pas que cette possibilité-là.
00:14:13J'ai peut-être une voix un tout petit peu plus nuancée
00:14:16que celle de mes collègues.
00:14:18Moi, je m'en rapporte
00:14:22à la phrase de François Mitterrand, en 1986,
00:14:24à la veille des élections législatives,
00:14:26qui avait dit toute la Constitution,
00:14:28rien que la Constitution.
00:14:30Phrase qui, d'ailleurs, a été reprise
00:14:32par Jordan Bardella aujourd'hui.
00:14:34Et à mon avis, je ne suis pas devin,
00:14:37si cohabitation, il devait y avoir,
00:14:39ce qui n'est pas encore acquis,
00:14:41entre le président de la République
00:14:43et l'extrême droite, à mon avis,
00:14:45ce ne serait pas tellement différent
00:14:47de ce que l'on a pu connaître.
00:14:48Ce serait différent sur le plan de la politique.
00:14:51Ce ne sera pas le même choix qui serait fait.
00:14:53Il y aura peut-être plus de tensions politiques,
00:14:56mais les prérogatives ne changeront pas.
00:14:58Elles resteront celles prévues par la Constitution.
00:15:01Il sera tenu de promulguer une loi
00:15:03sauf à demander une nouvelle délibération,
00:15:06à la renvoyer au Parlement,
00:15:07à le dire au Conseil constitutionnel.
00:15:09Si cette loi remet en cause des principes fondamentaux,
00:15:12des droits de l'homme, le Conseil sera là pour y veiller.
00:15:15Peut-être qu'on aura un président plus vaillant
00:15:18sur la préservation de la Constitution
00:15:20qu'il n'a pu l'être jusqu'à présent,
00:15:22mais sur l'architecture globale de la cohabitation,
00:15:25on aura...
00:15:26Vous évoquiez les pouvoirs qui sont conférés par la Constitution
00:15:30au président de la République et qui détermineront en partie
00:15:33la forme que pourrait prendre cette cohabitation.
00:15:35On voit cela avec Katia Gilder.
00:15:38-"La Constitution définit les pouvoirs propres
00:15:40du président de la République,
00:15:42ceux qu'il exerce seul, sans le contresein du gouvernement.
00:15:45D'abord, le pouvoir de nomination.
00:15:47Il choisit le Premier ministre et peut nommer
00:15:50le président du Conseil constitutionnel
00:15:52et trois de ses membres.
00:15:54Il peut soumettre un projet de loi au référendum
00:15:56sur des sujets précis définis à l'article 11,
00:15:59mais sur proposition du gouvernement.
00:16:01Il peut aussi dissoudre l'Assemblée nationale
00:16:04dans un délai d'un an.
00:16:05En cas de menaces graves sur le pays,
00:16:07si certaines conditions sont réunies,
00:16:09le chef de l'Etat peut mettre en oeuvre
00:16:11les pouvoirs exceptionnels.
00:16:13C'est l'article 16, utilisé une seule fois dans l'histoire,
00:16:16en 1961, pendant la guerre d'Algérie.
00:16:19Selon l'usage, le président a la primauté
00:16:21sur la politique extérieure de son pays,
00:16:23tandis que le chef du gouvernement détermine
00:16:26et conduit la politique de la nation.
00:16:28Mais dans ce domaine, la Constitution est beaucoup moins claire
00:16:31sur le partage des compétences.
00:16:33En période de cohabitation,
00:16:35ce domaine réservé est en réalité partagé.
00:16:37Le président de la République est garant du respect des traités,
00:16:41il préside les conseils de défense nationale
00:16:43et, comme chef des armées,
00:16:45il est le seul détenteur du feu nucléaire.
00:16:47Le Premier ministre, lui,
00:16:48est responsable de la défense nationale
00:16:50et son gouvernement dispose de la force armée.
00:16:53Enfin, le président négocie et ratifie les traités,
00:16:56mais certains textes ne peuvent être approuvés
00:16:59qu'en vertu d'une loi.
00:17:00Le chef de l'Etat a aussi besoin du feu vert du Parlement
00:17:03pour engager des troupes sur un théâtre extérieur.
00:17:06On voit que la Constitution répartit très clairement
00:17:09les pouvoirs entre le Premier ministre
00:17:11et le président. Au vu des pouvoirs qu'il dispose,
00:17:14est-ce qu'Emmanuel Macron serait en capacité
00:17:16d'empêcher un Premier ministre RN ou nouveau front populaire
00:17:20d'appliquer tout au parti de son programme ?
00:17:22Alors...
00:17:23En matière de défense et de diplomatie
00:17:25ou dans les autres secteurs ?
00:17:27Si on prend l'intégralité des pouvoirs
00:17:29aux mains du président, est-ce qu'il est capable
00:17:32de freiner, ralentir ou empêcher la mise en oeuvre
00:17:34d'un programme par le Premier ministre ?
00:17:37Très peu. Il faut bien voir que la cohabitation
00:17:39n'est pas la cogestion et qu'en période de cohabitation,
00:17:42la politique de la nation est celle qui a été choisie
00:17:45par le peuple au moment des élections législatives.
00:17:48Nous choisissons nos députés qui, eux-mêmes,
00:17:50forment une majorité, se choisissent un chef
00:17:53et c'est cette politique-là qui sera appliquée
00:17:55pendant les trois cohabitations précédentes.
00:17:58C'est la politique voulue par l'Assemblée
00:18:00qui a été appliquée.
00:18:02Avec, quand même, quelques freins possibles.
00:18:04On a vu François Mitterrand,
00:18:06qui a refusé de signer certaines ordonnances.
00:18:08Il a refusé de signer des ordonnances,
00:18:11de convoquer le Parlement en session extraordinaire,
00:18:14qui a négocié des nominations...
00:18:15Et c'est à la marche, pour vous ?
00:18:17C'est assez à la marche, oui.
00:18:19Ca peut être sur des choses importantes,
00:18:21sur une loi inconstitutionnelle, bien sûr que c'est important.
00:18:24Mais ça ne peut pas empêcher la politique d'être appliquée.
00:18:28Si les Français donnent une majorité absolue
00:18:30au Rassemblement national,
00:18:32ils auront une politique d'extrême droite
00:18:34et le président ne pourra pratiquement pas l'empêcher.
00:18:37Dominique Rousseau, il y a la question du référendum.
00:18:40Est-ce que le président de la République
00:18:43peut seul se tourner vers les Français ?
00:18:45Non, c'est ce que votre collègue rappelait tout à l'heure.
00:18:48Le référendum, il faut une proposition
00:18:50du Premier ministre et le président peut agir.
00:18:53Le Premier ministre et le président peuvent accepter...
00:18:56Ou refuser.
00:18:57Non, une proposition du Premier ministre
00:19:00pour faire un référendum, article 11.
00:19:03Et ensuite, à supposer que le président de la République
00:19:06accepte, cette proposition doit être soumise
00:19:08avant d'être soumise au peuple,
00:19:10d'être soumise au Conseil constitutionnel,
00:19:13qui doit vérifier que la proposition référendaire
00:19:16respecte les droits et libertés garantis par la Constitution.
00:19:19Le Conseil l'a encore rappelé
00:19:21à sa décision du 11 avril 2024.
00:19:25Donc, si vous voulez, le président,
00:19:28de mon point de vue, du point de vue de la Constitution,
00:19:32le président n'a pas le pouvoir, seul,
00:19:35de décider d'un référendum.
00:19:38S'agissant des pouvoirs du président,
00:19:41le président a un pouvoir, disons, de retarder.
00:19:46Il a un pouvoir de bloquer momentanément,
00:19:51de prendre à témoin l'opinion publique,
00:19:53ce que faisait Mitterrand, le pouvoir tribunicien,
00:19:56en disant que c'est le Premier ministre,
00:19:59mais il fait n'importe quoi.
00:20:00Donc, il a ce pouvoir tribunicien,
00:20:03qui est pas mince, dans une démocratie d'opinion,
00:20:06mais, comme disait Marianne,
00:20:09il n'a pas le pouvoir, comment dire, d'empêcher.
00:20:13S'il y a une majorité Rassemblement national
00:20:15à l'Assemblée nationale,
00:20:17c'est le programme du Rassemblement national
00:20:20qui sera appliqué, avec, alors,
00:20:22cette fameuse phrase qu'on rappelle de temps en temps de Gambetta,
00:20:25se soumettre ou se démettre.
00:20:28-"Le peuple aura fait entendre sa voix souveraine."
00:20:31-...jusqu'à quel point Emmanuel Macron
00:20:34accepterait de se soumettre
00:20:37et de promulguer une loi, par exemple,
00:20:40qui met fin à l'aide militaire à l'Ukraine,
00:20:44parce que Jordan Bardella aurait décidé
00:20:47de mener une politique plutôt favorable à Poutine.
00:20:51On va évoquer le domaine réservé, dont parlait Katia Gilder,
00:20:54qui inclut politique étrangère
00:20:56et au moins une partie de la politique de défense.
00:20:59Ce domaine réservé n'existe pas en tant que tel
00:21:01dans la Constitution.
00:21:03Comment est né ce concept ?
00:21:04C'est une pratique qui est née sous la présidence
00:21:07du général de Gaulle,
00:21:08et ça avait d'ailleurs été théorisé, formulé
00:21:11par Jacques Chaban-Delmas,
00:21:13qui, à l'époque, était président de l'Assemblée nationale,
00:21:16imposé comme président de l'Assemblée nationale
00:21:19au général de Gaulle, mais c'est une autre histoire.
00:21:21Il avait théorisé l'idée que ce qui relevait
00:21:26des affaires étrangères, de la diplomatie et de la défense
00:21:29relevait des pouvoirs, de la compétence
00:21:32du général de Gaulle,
00:21:34ce qui était, au fond, une réalité,
00:21:36car le général de Gaulle avait placé ces enjeux-là
00:21:39au coeur de sa présidence
00:21:42et de sa manière de concevoir la fonction présidentielle.
00:21:45Mais, du temps du général de Gaulle,
00:21:47le périmètre qui était celui du Premier ministre,
00:21:51Michel Debré et même de Georges Pompidou ensuite,
00:21:54moins de Maurice Couvre-de-Murville,
00:21:56était très important.
00:21:58Je veux dire qu'il appliquait quasiment
00:22:01dans son intégralité les articles 20 et 21 de la Constitution.
00:22:05C'est vrai que, sur les aspects
00:22:08d'affaires étrangères et de défense,
00:22:11c'est le président de la République qui décidait.
00:22:13Par le truchement de ministres dédiés,
00:22:16qui étaient Maurice Couvre-de-Murville
00:22:18pour les affaires étrangères et Pierre Messmer pour la défense.
00:22:21C'est quelque chose qui, finalement, est devenu une pratique
00:22:25et qu'on a retrouvé, y compris sous les périodes de cohabitation,
00:22:29et ça a plutôt bien fonctionné.
00:22:31Il y a eu des petites amies proches, au début,
00:22:34entre Mitterrand et Chirac.
00:22:37Il y en a eu entre Chirac et Jospin,
00:22:39mais ça a plutôt bien fonctionné.
00:22:40On a vu dans le sujet que, notamment dans le domaine de la défense,
00:22:44les pouvoirs sont un peu partagés
00:22:46entre le Premier ministre et le président de la République.
00:22:49Est-ce qu'on peut imaginer un Premier ministre
00:22:52qui empiète dans le champ du domaine réservé ?
00:22:54Oui, c'est tout à fait possible.
00:22:56En réalité, ils ne sont pas que un peu partagés.
00:22:59Le domaine réservé n'existe qu'à la bonne volonté
00:23:02du Premier ministre et du ministre de la Défense.
00:23:04Tous les pouvoirs cités dans le reportage
00:23:07sont tous des pouvoirs soumis à contresens.
00:23:09Avec contresens du Premier ministre, en premier lieu,
00:23:12et des ministres chargés de leur exécution.
00:23:15Il a été dit, et c'est très juste,
00:23:16que c'est le président qui négocie et ratifie les traités,
00:23:20que certains doivent être ratifiés par autorisation législative,
00:23:23mais même ceux qui ne sont pas soumis à l'autorisation législative
00:23:27ne peuvent être ratifiés qu'avec contresens
00:23:29du Premier ministre et du ministre des Affaires étrangères.
00:23:33Un Conseil européen, qui ira siéger pour la France ?
00:23:35Quand on voit qu'il y a deux politiques européennes
00:23:38très différentes, entre celles prônées par le RN
00:23:41et celles d'Emmanuel Macron ?
00:23:42Le Conseil européen, c'est la réunion des chefs d'Etat
00:23:46et de gouvernement, donc on ne peut interdire
00:23:48ni à l'un ni à l'autre d'y aller.
00:23:50L'exception française dans cette enceinte,
00:23:53c'est d'être représenté par les deux
00:23:55et de faire entendre parfois des voix discordantes,
00:23:58voire opposées.
00:23:59Parmi les différents... Oui, vous voulez ajouter un mot ?
00:24:02Ca avait provoqué des tensions,
00:24:05notamment pour l'avenue où G7,
00:24:07entre Mitterrand et Chirac,
00:24:09parce que Chirac voulait venir au G7 avec Mitterrand,
00:24:12alors qu'il y avait un ministre qui venait avec le président.
00:24:15Résultat, Chirac est venu, je sais plus,
00:24:18juste avant ou juste après,
00:24:19il ne logeait pas à l'ambassade de France,
00:24:22contrairement à François Mitterrand.
00:24:24Il y avait un jeu de préséance,
00:24:26mais globalement, tout ça avait pu s'enrober
00:24:28parce que, sur le fond des choses,
00:24:30les visions n'étaient pas fondamentalement différentes.
00:24:33Avec le président Emmanuel Macron
00:24:36et un Premier ministre
00:24:38issu du Rassemblement national,
00:24:39là, vous auriez des visions radicalement différentes
00:24:42sur la guerre en Ukraine, sur la place dans l'OTAN,
00:24:45sur l'Union européenne.
00:24:47Là, ce serait quand même plus compliqué.
00:24:49Il faut qu'on avance un peu dans notre débat.
00:24:52Il y a un autre scénario que celui de la cohabitation,
00:24:55c'est celui d'une assemblée qui serait ingouvernable
00:24:58avec trois blocs à peu près équivalents
00:25:00et aucune coalition capable de dégager une majorité.
00:25:04Dominique Rousseau, c'est le scénario
00:25:06dont était censée nous prémunir la Ve République.
00:25:09Elle l'a fait, à peu près, jusqu'à présent.
00:25:11Est-ce qu'on peut éviter une paralysie du pouvoir
00:25:14dans un tel cas de figure ?
00:25:15Tout dépend de la capacité qu'aura la personnalité
00:25:18désignée par le président de la République,
00:25:21dans l'hypothèse où il n'y a pas de majorité absolue,
00:25:24à construire cette coalition majoritaire.
00:25:27Vous partez de l'hypothèse
00:25:30où aucun groupe politique n'a la majorité absolue.
00:25:33Il y a une majorité, il y a des majorités relatives.
00:25:36Donc le président de la République retrouve une marge de manoeuvre
00:25:40et il devra désigner une personnalité
00:25:42dont il peut espérer qu'elle constitue une coalition,
00:25:46qui pourrait aller du centre-droit au centre-gauche.
00:25:51Je ne crois pas beaucoup à cette hypothèse.
00:25:53Je ne crois pas beaucoup à cette hypothèse.
00:25:56Dans l'état actuel du rapport de force,
00:25:58je ne vois pas des socialistes, après les élections,
00:26:00dénoncer le nouveau front populaire
00:26:03pour une raison simple,
00:26:05celle d'un scrutin majoritaire et pas proportionnel,
00:26:08et surtout parce qu'Emmanuel Macron est à la fin de son mandat.
00:26:12Donc je ne vois pas comment, à la fin du mandat,
00:26:16des socialistes ou des écologistes
00:26:18pourraient rejoindre une majorité de fin de mandat.
00:26:23Donc le scénario serait, à mon avis, très difficile
00:26:26de constituer une coalition majoritaire.
00:26:30En revanche, il peut y avoir
00:26:32un gouvernement minoritaire
00:26:35avec des oppositions
00:26:36qui ne déposeraient pas de motion de censure.
00:26:40Marianne Corandet,
00:26:42est-ce qu'on peut basculer
00:26:43dans une quatrième République ressuscitée
00:26:46avec des coalitions qui se font, qui se défont,
00:26:49des gouvernements qui tombent,
00:26:50une instabilité politique permanente ?
00:26:53Oui, mais je crois qu'il faut un peu dédramatiser tout ça.
00:26:56Tous les pays de l'Union européenne
00:26:58fonctionnent avec des majorités relatives.
00:27:01Ils ont tous un scrutin proportionnel,
00:27:04sauf la France,
00:27:05et donc tous ont des majorités divisées
00:27:08et sont habitués à faire des alliances.
00:27:10Ce qui me frappe beaucoup, on entendait Mme Le Pen dire
00:27:13qu'en cas de crise,
00:27:15soit le changement de gouvernement, ça a déjà été fait,
00:27:19soit la dissolution, ça a déjà été fait,
00:27:21donc la seule issue qui reste,
00:27:23ce serait la démission du président.
00:27:25Mais pourquoi aller toujours exclusivement
00:27:28dans des hypothèses de haine,
00:27:31de violence, de conflit ?
00:27:33Ne pourrait-on pas être un peu plus adulte,
00:27:37raisonnable et penser à la paix de la France,
00:27:39à la protection de la France,
00:27:41au lieu de penser à semer la zizanie et la haine ?
00:27:44On a vu depuis 2022 que ça a été très compliqué
00:27:47de former une coalition
00:27:49qui dépasse les clivages politiques traditionnels.
00:27:52Vous pensez que c'est possible de le faire en France,
00:27:55dans la culture politique de notre classe politique,
00:27:58et des Français ?
00:27:59Ce n'est pas pour l'instant dans notre culture politique,
00:28:02mais on peut le faire. Les Français ne sont pas des imbéciles.
00:28:06Ils ne sont pas plus bêtes que les habitants des autres pays.
00:28:09Au moment de la première cohabitation,
00:28:11on avait montré que l'opinion des Français avait changé très vite.
00:28:15Six mois avant la cohabitation, ils trouvaient ça une ineptie
00:28:19que le gouvernement gouverne et non pas le président.
00:28:22Six mois après, ils trouvaient ça tout à fait normal
00:28:25que le gouvernement gouverne.
00:28:27J'ai confiance dans les Français, dans la paix,
00:28:29dans le respect de l'autre et dans les compromis.
00:28:32Jean-Philippe Desrosiers ?
00:28:33Au départ, vous avez dit que la Ve République
00:28:36devait nous prémunir face à un scénario de majorité relative.
00:28:40En réalité, non.
00:28:41A une instabilité.
00:28:42On sortait d'une période de très forte instabilité.
00:28:45Précisément parce qu'elle a été écrite
00:28:47en vue de gérer des configurations de majorité relative.
00:28:50En 1958, le fait majoritaire n'existait pas.
00:28:53Il n'apparaît que plus tard.
00:28:55Les hypothèses où un seul groupe avait la majorité absolue,
00:28:59elles sont rares, même dans la Ve République.
00:29:02Il n'y en a eu que quatre.
00:29:04Et jusqu'à présent, vous avez cité l'exemple depuis 2022,
00:29:07évidemment, c'est pas le confort qu'on peut rêver
00:29:10à un gouvernement, mais il a pu gouverner depuis deux ans.
00:29:13Tant bien que mal, mais il a pu gouverner.
00:29:16Il a fait adopter ses budgets,
00:29:17il a passé des réformes avec lesquelles on peut être d'accord
00:29:21ou pas, ce n'est pas la question, mais il a pu gouverner.
00:29:24Un gouvernement minoritaire peut tout à fait gouverner
00:29:27parce que le principe de notre Constitution,
00:29:29c'est que le gouvernement n'a jamais à prouver
00:29:32qu'il est soutenu par une majorité,
00:29:34c'est au contraire à une majorité de prouver
00:29:36qu'elle ne soutient plus le gouvernement.
00:29:39Tant qu'il y a une majorité de convenance,
00:29:41c'est-à-dire quelques-uns qui soutiennent
00:29:43et quelques-uns qui se taisent, ce qui se passe depuis 2022,
00:29:47un gouvernement peut tout à fait gouverner la France.
00:29:50Vous êtes optimiste sur les perspectives ?
00:29:52Je ne suis pas optimiste sur les perspectives,
00:29:55je suis optimiste vis-à-vis de notre Constitution.
00:29:58Je suis attaché à la Ve République.
00:30:00Je pense qu'elle a créé des institutions
00:30:03qui sont plus fortes que les hommes,
00:30:05comme le disait Ngui Carcassonne,
00:30:07et qu'elle permettra de surmonter encore la crise
00:30:11qui probablement va s'annoncer,
00:30:13ou va tenter de s'installer au lendemain du 7 juillet,
00:30:16mais la Constitution permettra d'y faire face.
00:30:19Est-ce que vous partagez cette forme d'optimisme
00:30:21sur la capacité de nos institutions,
00:30:24de notre Constitution, à répondre à cette situation ?
00:30:27Je la partage. En précisant, au passage,
00:30:29que ce type de construction de majorité
00:30:31sur telle ou telle loi, c'est des choses
00:30:34qui existaient très couramment dans notre culture parlementaire,
00:30:38sous la Troisième et la Quatrième Républiques.
00:30:40Au passage, la Quatrième République n'est pas cet antéchrist
00:30:44qu'on nous a décrit dans cette culture de la Ve République,
00:30:47qu'on décrivait comme un répulsif.
00:30:49La Quatrième République a fait beaucoup de choses.
00:30:52Beaucoup de gouvernements ont duré quelques jours.
00:30:55D'autres ont lancé la France sur les rails de la croissance,
00:30:58du miracle économique, de l'Europe, etc.
00:31:00Je ne suis pas là pour faire un cours sur la Quatrième République,
00:31:04mais pour dire que, précisément, il y a cette plasticité
00:31:07et, effectivement, cette idée que le Parlement,
00:31:10c'est le lieu du dissensus régulé.
00:31:12Alors, on a un petit peu perdu, depuis quelques temps,
00:31:16du fait d'intérêts politiques, je dirais, divers,
00:31:20cette idée du dissensus régulé,
00:31:23mais c'est vrai que revenir,
00:31:25y compris avec un gouvernement, évidemment, minoritaire,
00:31:29ça pourrait être aussi...
00:31:31Très bien, ça pourrait fonctionner, en tout cas.
00:31:33Ca n'est pas incompatible avec nos institutions.
00:31:36On parle beaucoup d'un ministère technicien,
00:31:39d'un gouvernement technicien.
00:31:40Ce sont des choses qui pourraient très bien se faire,
00:31:43même avec nos institutions, qui, il est vrai,
00:31:46sont plus présidentialistes que les autres,
00:31:48mais qui restent des institutions parlementaires.
00:31:51Donc, voilà, pratiquons ce jeu parlementaire
00:31:54comme il doit l'être.
00:31:55Le gouvernement technique est une autre solution.
00:31:58Donc, le gouvernement technique, on donnait les clés du gouvernement
00:32:02à quelqu'un qui ne serait pas engagé politiquement,
00:32:05mais qui aurait une forme d'expertise dans un domaine précis.
00:32:08Une capacité de rassemblement.
00:32:10Le titre de votre émission, c'est
00:32:12la Ve République à l'épreuve.
00:32:15Il faut bien voir que, depuis 1958,
00:32:18la Ve République a connu beaucoup d'épreuves.
00:32:21Je veux dire, il y a eu...
00:32:23On l'a peut-être oublié, mais l'élection de Giscard d'Estaing
00:32:26a été considérée comme une épreuve
00:32:28car l'Elysée devait appartenir au Parti gaulliste.
00:32:31Ensuite, il y a eu l'épreuve de la grande alternance
00:32:34avec Mitterrand, puis l'épreuve de la petite alternance,
00:32:37puis l'épreuve de la cohabitation droite-gauche-gauche-droite.
00:32:41Là, c'est un peu différent, c'est-à-dire que c'est
00:32:44la dernière épreuve, l'ultime épreuve
00:32:46pour la Ve République, dans la mesure où il y a
00:32:50une incompatibilité fondamentale
00:32:53entre le programme du Rassemblement national
00:32:57et la Constitution, qui, le principe d'égalité,
00:33:00le principe de fraternité, le principe de solidarité,
00:33:04il y a une contradiction entre ce que propose
00:33:08le Rassemblement national, s'il avait une majorité absolue,
00:33:11et la Constitution.
00:33:13Je vous donne une phrase prononcée par Emmanuel Macron ce soir.
00:33:16Les programmes des deux extrêmes mènent à la guerre civile.
00:33:20Non, mais ça, c'est n'importe quoi.
00:33:22Mais si vous voulez, on voit bien, par exemple...
00:33:25En revanche, une phrase qui est très sérieuse,
00:33:28c'est, je crois, du vice-président de l'Assemblée nationale,
00:33:32M. Chenu, qui a dit qu'on ne pourra réaliser notre programme
00:33:35qu'en supprimant le Conseil constitutionnel,
00:33:38c'est-à-dire en supprimant la Constitution.
00:33:41Le mot de la fin, il est pour vous.
00:33:43-"On ne peut absolument pas mettre sur un pied d'égalité
00:33:46l'extrême droite, qui remet en cause les principes fondamentaux
00:33:49de la démocratie de la République, et le Front populaire,
00:33:53qui lui est démocrate, et chose inédite dans l'histoire.
00:33:56Jamais il n'a été aussi dangereux de remettre le pouvoir
00:33:59de l'extrême droite à l'heure où les nouvelles technologies
00:34:02permettent la surveillance de masse de l'opinion
00:34:05et avec des mesures de police extrêmement dangereuses
00:34:08par l'Internet, comme on le voit en Chine ou en Russie."
00:34:11Ce débat touche à sa fin. Merci à tous les quatre
00:34:14d'être venus sur le plateau d'LCP
00:34:16pour évoquer ces différents cas de figure,
00:34:18ces différents scénarios possibles au lendemain des législatives.
00:34:22On passe à l'invité du jour, cette Edwige Diaz,
00:34:24ancienne députée Rassemblement national de Gironde.
00:34:27Avec elle, on va parler du programme du RN
00:34:30que Jordane Bardella a détaillé ce matin,
00:34:32notamment de son volet immigration,
00:34:34puisque c'est le dossier dont elle était en charge
00:34:37au sein du groupe RN à l'Assemblée.
00:34:39L'invitation du soir est signée Hélène Bonduelle.
00:34:42Musique douce
00:34:44-"Si on vous invite, Edwige Diaz,
00:34:46c'est que vous étiez l'une des députées phares
00:34:49du groupe Rassemblement national à l'Assemblée.
00:34:51Élue de Gironde, vous êtes de nouveau candidate
00:34:54et en tant que vice-présidente du parti,
00:34:56vous étiez aux côtés de Jordane Bardella ce matin
00:34:59pour la présentation du programme du RN.
00:35:02A six jours du premier tour,
00:35:04plus question de promettre l'irréalisable.
00:35:07Il faut, je cite, parer à l'urgence.
00:35:09Le reste viendra avec les réformes sur le temps long.
00:35:12En cas de victoire aux législatives,
00:35:14la réforme des retraites ne sera donc plus abrogée,
00:35:17mais la priorité sera donnée aux carrières longues.
00:35:20-"A compter de l'automne, les Français qui ont commencé
00:35:23à travailler avant 20 ans,
00:35:25et qui justifient de 40 annuités,
00:35:27pourront partir à la retraite dès 60 ans.
00:35:30Pour les autres, une progressivité sera mise en oeuvre,
00:35:33avec un âge légal de 62 ans et un nombre d'annuités
00:35:36allant jusqu'à 42 années de cotisation."
00:35:39Pour ce qui est du calendrier, il sera progressif.
00:35:43Le RN s'en remet à un audit budgétaire
00:35:45des finances publiques qui permettra d'identifier les marges.
00:35:49Sur le financement du programme, pas de chiffrage global.
00:35:52Seul le coût de la baisse de l'ATVA
00:35:54sur les énergies est évalué à 12 milliards d'euros
00:35:57en année pleine.
00:35:58Le nouvel allié du parti n'y voit, lui,
00:36:01aucun renoncement, aucun problème de financement du programme.
00:36:05-"Le coût du programme est équilibré.
00:36:08Il est équilibré.
00:36:09D'ailleurs, on a entendu beaucoup de fantasmes.
00:36:12Je sais pas ce chiffre à 100 milliards d'où il est sorti.
00:36:15L'IFRAP, qui, pour moi, est un institut
00:36:19qui est objectif et qui n'est pas politisé,
00:36:22a fixé un coût de 8 milliards d'euros.
00:36:25Il faudra trouver 8 milliards d'euros d'économie."
00:36:28D'ailleurs, Jordan Bardella n'a aucun doute
00:36:31sur l'application de son programme.
00:36:33-"En trois mots, nous sommes prêts."
00:36:35-"Et vous, Edwige Diaz, êtes-vous prête à gouverner ?"
00:36:39Bonsoir, Edwige Diaz.
00:36:41Je vous pose la question, êtes-vous prête à gouverner ?
00:36:44On sait que Marine Le Pen, depuis 2022,
00:36:46a demandé à plusieurs députés de se préparer
00:36:49à la perspective d'accéder au pouvoir,
00:36:51de devenir ministre.
00:36:52Faites-vous partie de ces députés ?
00:36:54-"Déministrables".
00:36:55Ca, on verra.
00:36:56Elle vous a demandé de vous préparer
00:36:58à cette éventualité ?
00:37:00Elle a demandé à tous les députés de se préparer.
00:37:02C'est la raison pour laquelle, pendant ces deux années
00:37:05que nous avons passé à l'Assemblée,
00:37:07nous avons été des députés constructifs
00:37:09à l'Assemblée, mais aussi des députés très présents
00:37:12sur le terrain, parce que notre rôle,
00:37:15c'était de faire remonter les problèmes des citoyens
00:37:18à l'Assemblée nationale pour nous aider
00:37:20à rédiger des propositions de loi
00:37:22pour, le jour où nous arriverons au pouvoir,
00:37:24que nous n'ayons plus qu'à ouvrir le tiroir
00:37:26pour se servir de ce que nous avons déjà produit
00:37:29afin de répondre rapidement aux demandes des Français.
00:37:32Avant d'évoquer les questions d'immigration,
00:37:35dont vous aviez la charge au groupe RN à l'Assemblée,
00:37:38on va passer en revue plusieurs mesures
00:37:40du projet du RN qui ont été développées ce matin
00:37:42par Jordan Bardella.
00:37:44On va commencer par les retraites.
00:37:46En mai 2021, Marine Le Pen avait eu cette phrase,
00:37:48je n'abandonnerai la retraite à 60 ans.
00:37:51Si j'ai bien compris, si vous arrivez au pouvoir,
00:37:53la retraite à 60 ans sera réservée aux seules carrières longues.
00:37:57Il faut compléter la phrase.
00:37:59Marine Le Pen a toujours dit, en effet,
00:38:02qu'elle mettait au coeur de ses priorités
00:38:04les carrières longues.
00:38:05Et donc, nous assumons de vouloir abroger
00:38:09la réforme des retraites imposée, dans la douleur,
00:38:12par Emmanuel Macron, en sanctuarisant
00:38:15les carrières longues.
00:38:16Si vous avez commencé à travailler entre 17 et 20 ans
00:38:20et que vous disposez de 40 annuités de cotisation,
00:38:23oui, vous pourrez partir à 60 ans.
00:38:25Pour les autres, ce sera quoi ? 62, 64 ?
00:38:28Pour les autres, nous attendons,
00:38:30vous avez entendu Jordan Bardella expliquer
00:38:33qu'il mettrait en place la commission du bilan.
00:38:35Nous n'avons pas confiance dans les chiffres communiqués
00:38:38par le gouvernement, donc nous n'avons pas une confiance
00:38:41sur l'état des finances de notre pays.
00:38:43Notre objectif, c'est d'appliquer la réforme des retraites
00:38:47proposée par Marine Le Pen durant l'élection présidentielle,
00:38:50tout en prenant en considération que, depuis deux ans,
00:38:53à cause d'Emmanuel Macron, il y a 300 milliards d'euros
00:38:56de dettes en plus.
00:38:57Donc, 62 ans avec combien d'annuités ?
00:38:5942 ans. C'est l'objectif que nous mettrons en oeuvre.
00:39:02C'est ça, tout à fait.
00:39:03Vous vous engagez à baisser la TVA sur les carburants,
00:39:06sur le gaz, sur l'électricité et le fuel dès cet été.
00:39:09Le problème, c'est que c'est la Commission européenne
00:39:12qui a la main sur ce sujet.
00:39:14Comment comptez-vous imposer vos vues ?
00:39:16C'est autorisé.
00:39:17Oui, je vous confirme en préambule
00:39:19que, parmi nos propositions phares,
00:39:21qui étaient déjà développées à l'occasion
00:39:24de l'élection présidentielle, mais qui sont maintenues
00:39:27pour les mesures que nous voulons appliquer dès le début
00:39:30de l'accession de Jordan Bardella à Matignon,
00:39:33nous voulons redonner du pouvoir d'achat aux Français
00:39:36en baissant la TVA de 20 % à 5,5 % sur le gaz, le fuel,
00:39:39l'électricité et le carburant.
00:39:41Contrairement à ce que certains observateurs disent,
00:39:44la Commission européenne autorise cette baisse de la TVA.
00:39:47Nous allons nous saisir de cette...
00:39:49Elle l'autorise à vos yeux.
00:39:50Elle l'autorise sur l'énergie et le gaz.
00:39:53En ce qui concerne le carburant et le fuel,
00:39:55il faudra négocier, mais je ne vois pas
00:39:57pourquoi la Commission européenne nous le refuserait à nous,
00:40:01alors qu'elle l'a autorisé pour la Pologne, l'Espagne et le Portugal,
00:40:04alors que la France dispose de la plus grande délégation
00:40:07de députés européens, 30, à la suite des élections européennes,
00:40:11et surtout parce que la France est le deuxième contributeur net
00:40:14au budget de l'Union européenne.
00:40:16Je ne vois pas pourquoi l'Union européenne se braquerait
00:40:19alors que nous demandons de rendre du pouvoir d'achat aux Français.
00:40:23Vous promettiez de supprimer la TVA
00:40:25sur une centaine de produits de première nécessité.
00:40:28C'est toujours dans votre programme ?
00:40:30J'ai pas entendu Jordan Bardella en parler.
00:40:32C'est toujours d'actualité et nous le mettrons en oeuvre
00:40:35parce que nous considérons que les Français ont besoin
00:40:38de retrouver du pouvoir d'achat dès que possible,
00:40:40potentiellement dès cet automne, au moment du budget.
00:40:43En tout cas, c'est toujours un axe que nous n'avons pas oublié
00:40:46parce qu'il y a de plus en plus de Français
00:40:49qui renoncent, par exemple, à l'hygiène,
00:40:51précisément faute de moyens,
00:40:53et donc nous ne pouvons nous satisfaire de cette situation.
00:40:56En matière de fiscalité, vous proposez la suppression
00:40:59de l'impôt sur le revenu pour les moins de 30 ans,
00:41:01sauf que vous expliquez que ce sera pas voté tout de suite.
00:41:05Nous attendrons les conclusions de la commission du bilan
00:41:08pour savoir où nous en sommes exactement au niveau financier.
00:41:12Vos propositions sont conditionnées à l'état des finances publiques.
00:41:15Vous le connaissez, il est public, les comptes de l'Etat
00:41:19sont contrôlés quand même par la Cour des comptes.
00:41:22Vous ne faites pas confiance à nos institutions sur cela.
00:41:25Nous en avons, mais nous n'avons pas confiance en monsieur le maire
00:41:28qui, souvenez-vous, nous avait annoncé un déficit
00:41:31qui finalement s'est révélé être beaucoup plus élevé
00:41:34que ce qu'il avait annoncé.
00:41:36Il avait annoncé une croissance plus élevée que ce qu'elle est.
00:41:39Et il a été accusé par la commission des finances du Sénat
00:41:44de dissimulation et de rétention d'informations.
00:41:47Donc, au contraire, nous nous faisons confiance
00:41:50à nos institutions.
00:41:51Je vous interromps, mais en disant cela,
00:41:53ça vous permet de promettre énormément de choses
00:41:56sans aucune garantie pour les électeurs qui voteraient pour vous.
00:41:59Juste pour rassurer tout le monde,
00:42:02notre projet présidentiel de 2022 est un objectif.
00:42:06Sauf qu'aujourd'hui, nous sommes en 2024,
00:42:08avec Emmanuel Macron qui a créé 300 milliards d'euros
00:42:11de dettes supplémentaires, avec des suspicions
00:42:13quant à la dissimulation de chiffres de Bruno Le Maire.
00:42:17Donc, notre programme reste intact.
00:42:19C'est simplement que nous devons peut-être différer le calendrier,
00:42:22le temps de maîtriser toutes ces données.
00:42:25Avec Jordan Bardella, nous tenons un discours de vérité
00:42:28et nous n'allons pas faire des promesses aux Français.
00:42:31Nous, comparés à d'autres candidats,
00:42:33nous avons nos objectifs, un calendrier précis
00:42:35pour les mesures d'urgence, pour le temps des réformes,
00:42:38et l'objectif est, juste pour terminer,
00:42:41que nous sommes dans une campagne législative,
00:42:43pas une élection présidentielle, et que le président de la République
00:42:47reste Emmanuel Macron jusqu'en 2027 ou peut-être avant.
00:42:50Il y a une dernière mesure fiscale importante
00:42:53évoquée par Jordan Bardella.
00:42:54Le RN souhaite qu'un deuxième enfant donne droit
00:42:57à une part fiscale entière au lieu d'une demi-parte jusqu'à présent.
00:43:01Ca, c'est pour...
00:43:03Quelle perspective dans votre projet de gouvernement ?
00:43:06Ca fait partie des objectifs.
00:43:07Pour répondre à ce que vous disiez, la jeunesse est au coeur
00:43:11de nos préoccupations. Nous confirmons qu'à terme,
00:43:13nous voulons que les jeunes de moins de 30 ans...
00:43:16C'est encore dans une perspective lointaine.
00:43:19Vous l'avez chiffrée, cette mesure ?
00:43:21Combien de manque à gagner ça représenterait ?
00:43:23Nous l'avons chiffrée pendant l'élection présidentielle,
00:43:26mais quand vous misez sur les jeunes,
00:43:28la vision comptable caractérise Emmanuel Macron.
00:43:31Nous considérons que les jeunes constituent
00:43:34une richesse pour notre pays.
00:43:35C'est pour ça que nous souhaitons exonérer d'impôts sur le revenu
00:43:39tous les jeunes de moins de 30 ans.
00:43:41Exonérer de sérieux comptables, ça veut dire quoi ?
00:43:43Les objectifs de réduction des déficits,
00:43:46vous en affranchissez ?
00:43:47Non, ce n'est pas ce que je dis,
00:43:49mais permettez-moi de terminer sur les jeunes
00:43:52pour qu'ils soient nombreux à se déplacer dimanche,
00:43:54sachent ce que nous avons envisagé pour eux.
00:43:57Je le dis, suppression de l'impôt sur le revenu
00:43:59pour les moins de 30 ans,
00:44:01accorder une deuxième part fiscale pleine dès le deuxième enfant.
00:44:05Nous souhaitons aussi favoriser la natalité
00:44:07et l'accession à la propriété.
00:44:09Nous ne souhaitons pas que les jeunes quittent le territoire national.
00:44:13Ils contribuent à la richesse, ils créent des emplois,
00:44:16ils contribuent au rayonnement international.
00:44:18Nous voulons garder les jeunes sur notre territoire.
00:44:21Comment financez-vous tout cela ?
00:44:23Quand on regarde dans le détail toutes ces mesures,
00:44:26ça implique beaucoup de recettes fiscales
00:44:28ou de cotisations sociales en moins,
00:44:30cotisation patronale sur les salaires,
00:44:33cotisation retraite avec ce retour à 60 ans
00:44:35pour les carrières longues, la fiscalité sur les donations.
00:44:38A combien vous chiffrez ce manque à gagner ?
00:44:41Il est financé par...
00:44:42A combien vous le chiffrez ?
00:44:44Juste, l'IFRAP indique que c'est 9 milliards d'euros.
00:44:47Tout ça, c'est 9 milliards d'euros de manque à gagner
00:44:50pour les caisses de l'Etat ?
00:44:51Il y a des économies que nous avons réalisées
00:44:54et il y a le côté vertueux de notre programme.
00:44:57Nous allons redonner un souffle à l'économie,
00:44:59faire en sorte que les entreprises arrêtent de faire faillite.
00:45:02Dans ma région, la Nouvelle-Aquitaine,
00:45:05l'année dernière,
00:45:065 000 entreprises ont été mises en situation de défaillance,
00:45:09avec des pertes d'emplois.
00:45:11Notre programme est un programme gagnant-gagnant,
00:45:14un programme de justice fiscale,
00:45:16de redressement national et de soutien à l'économie.
00:45:18Nous ferons des économies dans les mauvaises dépenses,
00:45:21comme l'immigration,
00:45:23les niches fiscales qui ne sont plus justifiées.
00:45:25Notre contribution à l'UE est la lutte massive
00:45:28contre la fraude sociale et la fraude fiscale.
00:45:31C'est l'heure de notre focus sur ce que proposent les différents partis
00:45:35sur un thème précis de cette campagne des législatives.
00:45:38LCP vous plonge au coeur des programmes.
00:45:45L'immigration, un thème central de la campagne.
00:45:48Ce soir, au coeur des programmes,
00:45:50passent à la loupe les propositions des différents partis
00:45:53et tous s'opposent.
00:45:56Dans la ligne de mire du RN et des proches d'Eric Ciotti,
00:46:00expulsés les clandestins, délinquants et criminels étrangers,
00:46:03les candidats militent pour réformer le droit actuel
00:46:06en limitant l'accès à la nationalité
00:46:08et en supprimant le droit du sol,
00:46:11c'est-à-dire la nationalité française à 18 ans,
00:46:13pour les enfants nés de parents étrangers.
00:46:16Le droit du sol est symbolique.
00:46:18Je ne souhaite plus que la France soit un hall de gare
00:46:21où l'on arrive, où l'on dépose ses bagages, sa culture,
00:46:24ses coutumes, sa langue et bénéficie de droit,
00:46:27bénéficie de toute la palette de soins.
00:46:29Une mesure appliquée sous réserve
00:46:31que le Conseil constitutionnel la valide.
00:46:33Pour les Républicains en rupture avec Eric Ciotti,
00:46:36la suppression du droit du sol est jugée trop radicale.
00:46:39Ils préfèrent donc le restreindre.
00:46:41Le camp présidentiel compte au contraire
00:46:44reprendre en main la question des mineurs étrangers
00:46:46non accompagnés pour, dit-il, répondre à la montée de la violence.
00:46:50Aujourd'hui, les mineurs non accompagnés sont gérés,
00:46:53sont une compétence des départements.
00:46:55C'est assez compliqué, c'est difficile et ça coûte cher.
00:46:58Nous allons renationaliser cette politique
00:47:00pour la coordonner, la rendre plus efficace.
00:47:03Les macronistes sont favorables au titre de séjour,
00:47:06mais sous certaines conditions, comme par les Français.
00:47:09L'exécutif plaide aussi pour régulariser les sans-papiers
00:47:12dans les métiers en tension.
00:47:13Des mesures prévues par la loi immigration
00:47:16mais le Front populaire n'en veut pas.
00:47:18La coalition veut abroger le texte
00:47:20pour mettre en place une agence de sauvetage en mer et sur terre
00:47:24pour l'asile, afin de régulariser davantage.
00:47:27Oui, c'est un accueil digne,
00:47:29parce que quand un Ukrainien fuit la guerre en Ukraine
00:47:32ou quand un Syrien fuit la guerre en Syrie,
00:47:35qui n'a pas d'autre alternative,
00:47:37on a un devoir d'accueil et d'humanité.
00:47:39Le parti d'Eric Zemmour met en avant la suppression
00:47:42du droit au regroupement familial
00:47:44et souhaite durcir l'accès aux droits d'asile.
00:47:46On va s'arrêter en longueur sur vos différentes propositions
00:47:50en matière d'immigration, en commençant par la suppression
00:47:53du droit du sol, que vous voulez appliquer dès cette année,
00:47:56si jamais vous accédez au pouvoir.
00:47:58Un enfant né en France de parents étrangers
00:48:01n'accéderait plus de droit à la nationalité française.
00:48:05Quelle perspective offrez-vous à ces enfants
00:48:07qui auront grandi en France,
00:48:09qui seront allés à l'école de la République ?
00:48:11Nous ne leur interdisons pas de devenir français.
00:48:14Nous disons juste qu'il n'y aura plus d'automaticité
00:48:18dans la délivrance de la nationalité française.
00:48:21Donc, si un enfant né en France
00:48:24va à l'école française, se comporte bien,
00:48:27qu'il se sent français, qu'il a envie d'adhérer,
00:48:30de faire partie de cette grande communauté nationale,
00:48:33eh bien, il pourra tout à fait demander sa nationalité,
00:48:37qui lui sera très probablement accordée.
00:48:39Nous supprimons l'automaticité.
00:48:41Il y aura trois cas de figure, régularisation au cas par cas,
00:48:44titre de séjour provisoire ou reconduite aux frontières.
00:48:49Pour les enfants ? Non, pas pour les enfants.
00:48:51Pour les enfants devenus majeurs à leurs 18 ans.
00:48:54Il n'y a pas de régularisation,
00:48:56ils ne sont pas clandestins, ils sont nés en France.
00:48:58On n'a pas de discours anxiogène à délivrer.
00:49:02Nous disons juste que nous nous souhaitons
00:49:04retrouver de la cohésion nationale.
00:49:07Nous voulons que ceux qui possèdent des papiers français
00:49:10se sentent pleinement français et nous considérons
00:49:13qu'une démarche, que des procédures administratives
00:49:16doivent être engagées pour faire prendre conscience
00:49:19aux personnes qui deviennent françaises
00:49:21qu'elles le sont réellement.
00:49:23Quand c'est automatique, vous ressentez moins
00:49:25ce sentiment d'appartenance à la communauté nationale.
00:49:28Quelle part de ces enfants, à leurs 18 ans,
00:49:31se retrouveront sans la nationalité française ?
00:49:33Quelle part de ces enfants, à vos yeux,
00:49:35ont vocation à quitter le territoire français ?
00:49:38C'est pas parce qu'ils n'ont pas la nationalité française
00:49:41qu'ils ne pourront pas rester en France.
00:49:43Il y en a qui resteront en France.
00:49:45Ils pourront rester en France de manière légale,
00:49:48mais ils ne possèderont pas la nationalité.
00:49:50Il n'y a rien angoissant dans ce qu'on dit,
00:49:52contrairement à ce qu'essayent de faire croire nos détracteurs.
00:49:56Pas de panique en la matière.
00:49:58Nous, ce que nous voulons, c'est réserver la nationalité française,
00:50:01les papiers français à ceux qui aiment la France
00:50:04et envoyer un signal clair aux autres.
00:50:06Aujourd'hui, vous ne pourrez plus être de simples Français de papier.
00:50:10Plus de 3 millions de Français, je crois, sont des binationaux.
00:50:14Vous avez renoncé à supprimer la binationalité,
00:50:16mais les binationaux n'auront pas accès à certains emplois publics.
00:50:21Est-ce que cela se limite strictement
00:50:24aux postes dans le secteur de la défense ?
00:50:26Oui, en fait, ce sont des postes stratégiques.
00:50:29Là, pareil, je voudrais rassurer.
00:50:31Il y a, comme vous l'avez dit, 3 millions de binationaux.
00:50:34Ils ne sont pas concernés
00:50:36par une interdiction d'exercer des postes.
00:50:39Là, en fait, on parle beaucoup,
00:50:41et je pense de manière disproportionnée,
00:50:43de ce sujet, alors que cette perspective
00:50:48ne concerne qu'une poignée de personnes,
00:50:50parce que ça ne concerne que des postes éminemment stratégiques,
00:50:54qui nous permettraient d'éviter les ingérences étrangères.
00:50:57Donc, seulement quelques postes pour quelques nationalités
00:51:00et seulement pour quelques durées.
00:51:02Ca dépendra de la situation géopolitique.
00:51:05D'un point de vue juridique,
00:51:06vous assumez de créer deux catégories de Français
00:51:09qui n'auraient pas les mêmes droits ?
00:51:11Nous souhaitons protéger l'Etat français.
00:51:13Je vais vous donner un exemple très concret.
00:51:16Je ne vois pas comment nous pourrions...
00:51:18Il y aura deux catégories de Français,
00:51:20certains qui auront plus de droits que d'autres.
00:51:23Comment vous voulez rendre cela compatible ?
00:51:26L'immense majorité des binationaux
00:51:28aura accès, pour l'immense majorité du temps,
00:51:30à l'immense majorité des emplois.
00:51:32Simplement, pour vous donner un exemple,
00:51:34est-ce que vous envisagez, vous,
00:51:36nommer à un poste éminemment stratégique
00:51:39comme, par exemple, les renseignements ?
00:51:41Pensez-vous qu'en cette période de crise,
00:51:43de guerre entre l'Ukraine et la Russie,
00:51:46est-ce qu'il serait préférable pour la France
00:51:48de nommer un binational franco-russe
00:51:50à un poste de renseignement ?
00:51:52Je ne le pense pas.
00:51:54C'est pour ça que nous voulons protéger les Français
00:51:57de toute ingérence, de tout risque,
00:51:59de risque de transmission d'informations.
00:52:02Mais je le dis, pas de panique pour les binationaux.
00:52:05C'est une infime minorité de personnes
00:52:08qui seront concernées dans des postes très stratégiques
00:52:11et de manière temporaire et en fonction de la situation.
00:52:14On va s'intéresser à la campagne des législatives sur le terrain
00:52:18avec un coup de projecteur sur la troisième circonscription
00:52:21du Tarn. C'est l'une des 63 circonscriptions
00:52:24où Eric Ciotti a investi un candidat
00:52:26dans le cadre de son alliance avec le Rassemblement national.
00:52:29Reportage de Clément Perreault avec Marion Devauchelle.
00:52:32Musique douce
00:52:35...
00:52:40L'alliance avec le Rassemblement national,
00:52:43voulue par Eric Ciotti, a provoqué un séisme à droite.
00:52:46Mais Guilhem Carréon, président des Jeunes Républicains
00:52:49et candidat dans le Tarn, assume son choix.
00:52:51Il fait campagne pour Jordan Bardella, Premier ministre,
00:52:54et autour de lui, les militants LR n'ont pas d'état d'âme.
00:52:57...
00:53:03Le RN, il y a beaucoup d'électeurs de droite qui sont partis chez eux
00:53:07parce qu'ils ont été déçus des rediments de LR.
00:53:09On est là pour allier tous les patriotes sincères
00:53:12qui aiment leur pays et qui veulent qu'on le redresse.
00:53:15Si cette alliance semble acceptée par les militants LR du Tarn,
00:53:18qu'en est-il des électeurs ?
00:53:20Sur les marchés, les avis sont contrastés.
00:53:23Pourquoi vous avez fait ce coup ? Je suis désolée.
00:53:26Il faut battre l'extrême-gauche.
00:53:27On a besoin d'une droite modérée.
00:53:29Il faut que tout le monde s'entende.
00:53:32Il ne faut pas être en guerre, on est tous français.
00:53:35Sur le même marché, le député sortant Renaissance,
00:53:37Jean Terlier, est aussi en campagne.
00:53:40Il dénonce une tambouille électorale.
00:53:42C'était le porte-parole de Valéry Pécresse,
00:53:44qui prenait la retraite à 65 ans.
00:53:46Il soutient le programme de Jordan Bardella,
00:53:49qui veut revenir à 62 ans.
00:53:50Vous voudriez bien, quand même,
00:53:52le Rassemblement national au 2e mai ?
00:53:54Je ne crois pas, non.
00:53:56Je ne crois pas, non.
00:53:57J'ai aujourd'hui une position,
00:53:59comme candidat de la majorité, qui est difficile.
00:54:02Je l'assume. Je ne vais pas à la soupe
00:54:04et je ne vends pas mon âme pour un plat de lundi.
00:54:07On n'aime pas les girouettes.
00:54:08Ici, on est dans une circonscription
00:54:10qui est rurale, avec des gens qui ne sont pas dupes
00:54:13de ce que... On a retourné sa veste
00:54:15du côté du candidat ex-républicain,
00:54:18qui est maintenant candidat des amis d'Eric Ciotti.
00:54:20Musique douce
00:54:23A gauche aussi, l'alliance des droites est fustigée.
00:54:26L'insoumis Julien Lassalle,
00:54:28candidat du nouveau Front populaire,
00:54:30a identifié sa cible.
00:54:31Sur la circonscription,
00:54:33Guilhem Carillon, hop, je passe un coup,
00:54:35DLR, après, je vais au Rassemblement national,
00:54:38parce que je sens que là, peut-être,
00:54:40je vais réussir à être élu.
00:54:42Le candidat veut mobiliser tous ses soutiens
00:54:44pour faire barrage au Rassemblement national,
00:54:47quel que soit son visage.
00:54:49Je pense aussi à une histoire particulière
00:54:51et j'en fais partie, je m'inclue là-dedans.
00:54:53On est beaucoup d'enfants d'immigrés
00:54:56ou petits-enfants d'immigrés espagnols,
00:54:58de gens venus des autres rives de la Méditerranée.
00:55:01Il y a une sensibilité
00:55:02de ne pas laisser l'extrême droite arriver.
00:55:05Dans la 3e circonscription du Tarn,
00:55:07l'alliance inattendue des droites a presque mis au second plan
00:55:10un sujet local pourtant brûlant,
00:55:12la construction controversée de l'autoroute A69.
00:55:16Elle est soutenue par Renaissance et le Rassemblement national.
00:55:19Le Front populaire, lui, veut lui opposer
00:55:22un moratoire immédiat.
00:55:23Trois autres candidats sont en course pour cette élection
00:55:26où le rapport de force fait présager
00:55:29une possible triangulaire.
00:55:3063 candidats pour cette alliance entre Eric Ciotti et votre parti.
00:55:34Est-ce que c'est pas en dessous de ce que vous pouviez espérer ?
00:55:38Non, c'est historique.
00:55:39C'est la 1re fois que le cordon sanitaire
00:55:41autour du RN se brise.
00:55:43Moi, je voudrais dire qu'avec nos partenaires d'Eric Ciotti,
00:55:47nous n'avançons pas masqués.
00:55:49Nous, nous choisirons Jordan Bardella
00:55:51comme Premier ministre.
00:55:52Ca n'est pas le cas des candidats républicains hors-ciottistes
00:55:56qui, eux, souvent, n'ont pas de candidats macronistes
00:55:59face à eux et qui devront une certaine forme d'allégeance
00:56:02à Gabriel Attal.
00:56:03C'est l'heure de Campagne Express.
00:56:07...
00:56:14Alors, nous avons...
00:56:15...
00:56:22Bonsoir, Stéphanie Despierre.
00:56:23On commence avec une nouvelle interview d'Emmanuel Macron.
00:56:27La semaine dernière, une partie de son camp
00:56:29appelait le président à se faire discret,
00:56:31conscient de la colère provoquée par la dissolution.
00:56:34Emmanuel Macron fait l'inverse.
00:56:36Il parle plus que jamais et tous azimuts.
00:56:38Hier, c'était sous la forme d'une lettre aux Français
00:56:41publiée dans la presse quotidienne régionale.
00:56:44Aujourd'hui, il donne une interview à un podcast
00:56:46génération Do It Yourself.
00:56:48Ce n'est pas celui d'un journaliste,
00:56:50mais celui d'un entrepreneur, Mathieu Stéphanie,
00:56:53qui part à la rencontre de celles et ceux
00:56:55qui se sont construits par eux-mêmes,
00:56:57des PDG, des sportifs, des animateurs télé.
00:56:59Derrière le micro, il y avait Emmanuel Macron,
00:57:02presque deux heures d'entretien, enregistré vendredi
00:57:05et diffusé en début de soirée.
00:57:07Le président de la République a à nouveau défendu
00:57:09son choix de la dissolution.
00:57:12Il a expliqué que ce n'était pas un pari,
00:57:14mais une confiance envers les électeurs.
00:57:16Il est revenu sur les enjeux des législatives.
00:57:19Il affirme notamment que les programmes
00:57:21des deux extrêmes pourraient mener à la guerre civile.
00:57:26Le RN et la FI répondent à des vrais problèmes,
00:57:29à des vraies colères, des vraies angoisses.
00:57:32Celle de la personne qui se dit
00:57:33qu'elle ne répond pas aux problèmes de sécurité,
00:57:36qui dit qu'elle n'est pas protégée.
00:57:38Mais elle y répond mal, à mes yeux,
00:57:40parce qu'elle y répond en accroissant
00:57:42la conflictualité et la guerre civile.
00:57:44Moi, je crois qu'il y a une réponse
00:57:46par plus d'efficacité, mais dans la République.
00:57:49C'est la dernière nuit droite dans cette campagne.
00:57:52C'est le moment des débats télévisés
00:57:54entre les chefs de file aux législatives.
00:57:56Le premier, c'est demain sur TF1,
00:57:58avec sur le plateau le Premier ministre,
00:58:01le président du RN,
00:58:02Jordan Bardella, Emmanuel Bompard,
00:58:04le coordinateur de la France insoumise,
00:58:06bras droits de Jean-Luc Mélenchon,
00:58:08mais tout le monde n'est pas d'accord sur ce casting,
00:58:11surtout les principaux intéressés.
00:58:13Gabriel Attal, qui est aussi le chef de file
00:58:15pour le camp présidentiel dans ces législatives,
00:58:18veut de la clarté et voudrait que Jean-Luc Mélenchon
00:58:21prenne part au débat.
00:58:22Il a réaffirmé son souhait d'être Premier ministre
00:58:25et de diriger le pays.
00:58:26Dans ces conditions, il devrait venir débattre avec moi,
00:58:29plutôt que d'envoyer son porte-parole,
00:58:32Emmanuel Bompard.
00:58:33C'est la même demande du côté du RN,
00:58:35puisque ce matin, Jordan Bardella estimait
00:58:38que la gauche cherchait à planquer Jean-Luc Mélenchon,
00:58:41mais cet après-midi, le chef des Insoumis
00:58:43a redit non au débat.
00:58:45Il y en aura un deuxième, jeudi,
00:58:47et là, c'est toujours non pour Mélenchon,
00:58:49sur France 2. On prend presque les mêmes,
00:58:51cette fois, Gabriel Attal, Jordan Bardella
00:58:54et, pour le nouveau Front populaire,
00:58:56Olivier Faure, le premier secrétaire du PS.
00:58:58Ca a été compliqué à gauche.
00:59:00Ils ont décidé de faire un roulement
00:59:02entre les principaux responsables
00:59:04des quatre parties du nouveau Front populaire.
00:59:07Roulement à tour de rôle.
00:59:08Ils seront sur les plateaux d'ici cette semaine
00:59:11et la semaine prochaine.
00:59:12On parle des trois blocs dans cette campagne,
00:59:14mais il y a aussi d'autres voix, à gauche, notamment.
00:59:17Des voix qui ne sont pas dans l'alliance
00:59:19du nouveau Front populaire.
00:59:21Il y a l'hôte ouvrière de l'infatigable Nathalie Arthaud.
00:59:24Elle a tenu un meeting samedi.
00:59:26L'hôte ouvrière va présenter
00:59:28des candidats dans la plupart des circonscriptions,
00:59:30550 sur 577,
00:59:32et sa ligne, depuis toujours, reste la même.
00:59:35Elle appelle à faire entendre la voix des travailleurs.
00:59:39Devant le profond recul de la conscience de classe
00:59:42qui ouvre la porte à des aventures mortelles,
00:59:46il n'y a ni baguette magique ni raccourci.
00:59:49Il n'y a qu'une seule voix, défendre une politique de classe,
00:59:52réveiller la conscience de classe qui sommeille,
00:59:55y compris chez les travailleurs les plus écrasés
00:59:58qui croient trouver le changement dans l'ERN.
01:00:00Laissons de côté les mesures toutes faites des politiciens,
01:00:03qui sont aussi vagues que mensongères.
01:00:06Nous n'avons pas besoin de leurs larmes de crocodile
01:00:08pour mesurer la flambée des prix et le recul de notre pouvoir d'achat.
01:00:12Nous avons notre portefeuille pour le rappeler tous les jours.
01:00:15Et lui, il ne ment pas.
01:00:18Nous n'avons absolument besoin de personne pour...
01:00:21Merci beaucoup, Stéphanie Despierre,
01:00:24pour cette chronique Campagne Express.
01:00:26C'est la fin de cette émission.
01:00:28Merci à vous, Edwige Diaz, d'y avoir participé.
01:00:30Merci à vous, chers téléspectateurs, pour votre fidélité.
01:00:33Passez une bonne soirée sur LCP. Portez-vous bien.
01:00:50Sous-titrage ST' 501