En 2003 et 2005, les fortes chaleurs ont amélioré la qualité du vin et donné naissance à des millésimes d'exception. Ainsi, quelques degrés en plus pourraient-ils faire de ces cuvées de qualité remarquable, la norme dans les grands crus de Bordeaux ?
Mais le scénario pourrait aussi être plus sombre : avec le manque d'eau, les pins maritimes seraient amenés à disparaître, le Bassin d'Arcachon à se fermer définitivement.
Les sommets des Pyrénées pourraient ne plus être recouverts de neige en hiver...
Mais le scénario pourrait aussi être plus sombre : avec le manque d'eau, les pins maritimes seraient amenés à disparaître, le Bassin d'Arcachon à se fermer définitivement.
Les sommets des Pyrénées pourraient ne plus être recouverts de neige en hiver...
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00:00Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org
00:30Comme chaque matin à l'aube, ils scrutent le ciel.
00:41Un rituel, chasseurs, pompiers, ornithologues, biologistes, pisteurs, ils observent les changements climatiques.
00:55Parfois sur leurs visages, on peut lire l'inquiétude.
00:59Ces hommes sont des sentinelles, des amoureux de la nature qui voient au jour le jour le climat de leur région évoluer.
01:08Comme ici sur le bassin d'Arcachon, ou dans le vignoble bordelais, ou encore dans la forêt d'Irati au Pays Basque,
01:14ou bien enfin à Gourette dans les Pyrénées, l'Aquitaine est touchée de plein fouet par le réchauffement de la planète.
01:28L'Aquitaine est la région la plus affectée en France. Pour 2100, les prévisions affichent une hausse de 4 à 6 degrés.
01:49En Aquitaine, les spécialistes estiment qu'avec ces quelques degrés supplémentaires, les sécheresses et les incendies vont se multiplier.
01:58Plus surprenant, les tempêtes et les inondations vont s'intensifier. Le climat perd la tête.
02:08Événement annonciateur, la canicule de l'été 2003 ou la tempête de l'hiver 99.
02:15Comment sensibiliser la population à ces dérèglements climatiques ?
02:19Depuis 15 ans dans son journal, Pierre Verdet tente de montrer, de démontrer ses changements.
02:26Le quotidien se fait l'écho de ses inquiétudes.
02:38Là vraiment, tous les gens de notre région se sont aperçus qu'il se passait quelque chose d'exceptionnel.
02:44Et à partir de là, les gens ont commencé à avoir peur.
02:49Une peur que ces événements entretiennent.
02:52À longueur de colonne, il raconte, décrypte, explique les causes de ce dérèglement climatique.
02:58À force, il a l'impression d'être enfin entendu.
03:02Quand je faisais des papiers sur ce sujet, j'apprêtais un petit peu à sourire au départ.
03:07Il y a une quinzaine d'années, les gens me disaient, on l'a déjà vu, des étés chauds, des hivers froids, des printemps humides.
03:14C'était pas vraiment très déclaré, si on peut dire.
03:19Puis il y a eu des événements très marquants qui se sont produits dans notre région, à savoir la tempête de 99, la canicule de 2003.
03:28Et là, à travers ces deux grands coups de tonnerre, si on peut dire, dans le paysage météorologique, si je peux permettre une telle expression,
03:38les gens ont tout d'un coup compris qu'il se passait quelque chose très près d'eux, devant leur porte.
03:44Et que les étés chauds comme celui de 2003, c'était pas normal.
03:48Et que la tempête, qui était en vérité un ouragan de 99, de la fin de l'année 99, était un événement climatique exceptionnel, certes.
03:57Mais qui risquait de se reproduire rapidement.
04:02Printemps 2008.
04:04Avis de tempête sur toute la côte aquitaine.
04:08Un vent violent secoue le bassin d'Arcachon.
04:13La marée affiche un coefficient qui dépasse les 100.
04:16La pression barométrique chute dangereusement.
04:20Claude Feynier est responsable du parc naturel du Tej.
04:24Il est inquiet.
04:26Les digues qui protègent le parc et la commune du Tej menacent de céder à tout moment.
04:39Hier, il y a la bouée du Quatre-Ferrées, la bouée qui enregistre les hauteurs de vagues,
04:43a enregistré des hauteurs de 8,50 m sur une moyenne de 6,40 m.
04:50Et il y a eu des vagues à 8,50 m de hauteur.
04:54Donc c'est énorme.
04:56Il ne faut pas mettre les nez dehors.
04:59Il vaut mieux rester au chaud.
05:01Comme à chaque avis de tempête, les questions se bousculent.
05:04Les vieilles écluses vont-elles résister à la pression ?
05:07Et les digues ?
05:09Les vieilles écluses vont-elles résister à la pression ?
05:12Et les digues vont-elles tenir ?
05:14Claude les surveille à la jumelle.
05:18Les tempêtes successives de ces dix dernières années ont fragilisé ces installations,
05:23pourtant régulièrement entretenues.
05:25Des installations qui datent du XVIIIe siècle.
05:28A chaque fois, ils tentent de réguler le débit de l'eau.
05:32Pour le vent, il n'y a rien à faire.
05:34Ce jour-là, Claude prie pour qu'il ne tourne pas.
05:37On serait sur du vent de nord-ouest.
05:39Là, on a quasiment 19 km de formation de houle.
05:44Donc il ne peut pas être très énorme.
05:46C'est 1 mètre en 1,50 m.
05:48Mais là, ça balaye tout sur le passage.
05:50Ça aurait été problématique.
05:52Dans plusieurs endroits, la digue aurait cassé.
06:00L'augmentation du niveau d'eau de la mer,
06:02que l'on voyait à des échelles de plusieurs dizaines d'années,
06:06voire du demi-siècle, il va falloir s'y attendre
06:09et s'en préoccuper à une échelle de quelques dizaines d'années seulement.
06:15Plus ça va, plus on raccourcit les échéances.
06:21Claude Feynier le sait, il verra peut-être de son vivant
06:24cette réserve naturelle complètement submergée par les eaux.
06:37Le lendemain matin, la tempête n'est plus qu'un lointain souvenir.
06:41Le bassin d'Arcachon a retrouvé sa tranquillité.
06:46Le danger semble écarté.
06:49Si Claude Feynier reste si inquiet,
06:51c'est que le parc du Teche est une réserve naturelle,
06:54un écosystème unique en France.
06:59Chaque jour, il l'observe.
07:01Il le parcourt de long en large.
07:04En route pour l'inspection.
07:07Claude vérifie là que le sentier du littoral n'a pas trop souffert de la tempête.
07:12Ce sentier, c'est plus de 3 km de digues
07:15empruntés chaque année par 150 000 personnes.
07:18Des touristes amoureux de la nature
07:21qui découvrent la faune et la flore du bassin d'Arcachon.
07:24Ça, c'est le sentier du littoral.
07:27Et à gauche, c'est la réserve du Teche.
07:30À droite, c'est le bassin et le delta de la Leyre.
07:33Donc nous, on assure l'entretien du sentier du littoral,
07:37la surveillance aussi.
07:39Et puis c'est notre digue de protection.
07:42C'est le dernier rempart avant le milieu naturel,
07:47avant les flots du bassin.
07:49Donc on surveille très souvent cet endroit.
07:55De l'eau à gauche, de l'eau à droite.
07:58Et au milieu, cette digue vulnérable
08:01qu'il faut surveiller en permanence.
08:04Justement, Claude Feynier vient de repérer un nouvel endroit
08:07qui paraît fragile.
08:14Là, tu vois, c'est les secteurs que j'ai un pas trop.
08:22Pourquoi ?
08:23Parce que c'est extrêmement creusé.
08:25C'est la digue d'argile.
08:28Donc là, on a un secteur très fragile sur 20-30 mètres
08:32qu'il faut absolument traiter.
08:34Même si on n'est pas trop exposé à la houle,
08:38là, on a un gros facteur risque.
08:41Et puis une fois qu'elle est partie, la digue,
08:44il faut refaire de la base au sommet.
08:46Ça coûte beaucoup plus cher que d'intervenir maintenant.
08:50Alors ici, tempête de 99,
08:53on a dû avoir à peu près un mètre, un mètre cinquante
08:57au-dessus du niveau où on est.
08:59Et ce morceau, cette pointe de digue
09:02qui est la plus exposée aux éléments,
09:05aux coups de vent, a disparu.
09:08L'eau est passée par-dessus, elle était assez fragile.
09:11Et le passage allé, le passage retour de l'eau,
09:14plus les vagues, ont creusé.
09:18Là où on est, c'est à la place de ces pierres, l'eau est...
09:21Ah oui, là, il y avait sans doute pas loin
09:24de 2 mètres, 2 mètres cinquante d'eau
09:27au moment le plus fort.
09:30Et un petit peu plus loin, on a eu une autre cassure dans la digue.
09:34En tout, on a dû rénover 500 mètres de digue dans l'urgence.
09:38Il y avait 500 mètres de digue qui avaient disparu.
09:41Jusqu'à la tempête de l'hiver 99,
09:44ces digues résistaient mieux.
09:47Claude nous emmène voir les fondations
09:50de ces remparts naturels qui ont affronté
09:532 siècles de tempête.
09:56Difficile à croire, mais ces défenses existent elles aussi
09:59depuis le 18e siècle.
10:02Là, c'est quoi, Claude ?
10:05Donc ça, c'est la base de la digue
10:08telle qu'elle a été constituée au 18e.
10:11Donc on a empilé de l'argile
10:14et on a protégé dans un premier temps
10:17ces digues d'argile qui n'étaient pas compactées
10:20en plantant tous les 50 centimètres
10:23des pieux de pin.
10:26Donc ça, c'est des pieux de pin
10:29qui ont au bas mot 120, 130 ans, 140 ans.
10:32Tout ça, c'était planté à la masse
10:35par les mecs.
10:38Et il y a 3 km de digue.
10:41Alors là, on l'aperçoit un petit peu.
10:44Après, on mettait des tapis de...
10:47On appelait ça des fascines.
10:50C'est des tapis de brambe.
10:53Quand ils construisaient les digues,
10:56ils plantaient aussitôt des tamaris
10:59sur la zone la plus salée
11:02et la zone la plus douce
11:05pour que les racines stabilisent l'argile.
11:08C'est un arbre.
11:11Le niveau de la terre
11:14a été à ce niveau-là.
11:17C'est toute cette partie de digue
11:20qui a disparu.
11:23Il y a 1,20 m à l'heure actuelle.
11:26Donc à très court terme,
11:29lui, il va tomber.
11:32On se demande comment il arrive à pousser.
11:35Ca a servi à protéger l'arrière-pays,
11:38le village qui est juste derrière.
11:41Et c'est essentiel aussi
11:44pour protéger le village à l'heure actuelle.
11:47Claude ne se fait pas d'illusions.
11:50La vieille digue d'argile
11:53ne résistera pas très longtemps.
11:56Avec la montée des eaux,
11:59des tempêtes de plus en plus violentes,
12:02elle sera forcément plus exposée.
12:05Exposée comme ces maisons
12:08qui se trouvent à une centaine de mètres de là.
12:11Nous sommes au Teixe,
12:14un village de près de 5000 habitants.
12:17François Delugas est le maire de cette commune.
12:20Conscient des dangers liés au réchauffement climatique,
12:23elle montre que dans 30 ans,
12:26une partie de sa ville pourrait bien être sous les eaux.
12:29Vous avez le PLU,
12:32avec la zone du delta,
12:35la montée des eaux qui viendra d'ici.
12:38L'étude nous montre que cette zone-là,
12:41derrière les écoles,
12:44un demi-cercle pourrait être submergé.
12:47Par conséquent, comme la commune possède des terrains ici,
12:50nous avons prévu de faire une digue ici.
12:53Et là, nous avons mis des emplacements réservés
12:56sur des terrains privés,
12:59de façon à acheter ces terrains et à construire la digue.
13:02Avec une digue qui fera ça,
13:05nous aurons protégé la totalité de la zone urbaine.
13:08On a une accentuation des extrêmes.
13:11Plus de pluie, plus de soleil, plus de coups d'orage,
13:14plus de tempête.
13:17Normalement, ici, il y aura 1 m d'eau dans 30 ans.
13:20Si les hypothèses moyennes se réalisent,
13:23et si les Etats-Unis ou la Chine
13:26continuent à ne pas vouloir entendre raison.
13:41Vu du ciel, le bassin d'Arcachon a pourtant des allures d'île paradisiaque.
13:45Avec la dune du Pila, ou l'île aux oiseaux.
13:53En chemin, nous croisons les fameuses cabanes chanquées.
13:56Elles sont construites sur pilotis.
13:59Peut-être une solution au cas où le niveau de l'eau augmenterait.
14:07Disons que c'est un habitat adapté
14:10de longue date.
14:13Je ne pense pas que ça évoluera vers ça,
14:16la construction de l'avenir.
14:19Mais c'est une solution qui n'est pas idiote
14:22et pas à rejeter.
14:25Pour les constructions qui vont être vraiment sur le front de mer,
14:28sur la première ligne,
14:31ça peut être intéressant d'avoir ce type de construction.
14:44C'est la somme un peu grosse,
14:47c'est plutôt pour le travail, pour le bassin.
14:50Sinon j'ai une petite paire dans le sac en permanence.
14:53Ça me permet de voir un groupe de courlis
14:56qui viennent se poser sur le sud de l'île.
14:59Sur un reposoir qui fonctionne un peu à cette saison.
15:02C'est toujours intéressant d'avoir ces informations.
15:09Le responsable du parc ornithologique du Tej
15:12traverse souvent le bassin d'Arcachon.
15:19Nous débarquons sur la presqu'île du Cap-Ferret.
15:22Ici, il rejoint Jean-Pierre Duval.
15:25Il est ingénieur à l'ONF, l'Office national des forêts.
15:28Depuis des années, il travaille de concert
15:31sur toutes les questions liées à la préservation de l'environnement.
15:34Les drames du passé et leurs conséquences
15:37leur permettent de mieux appréhender l'avenir.
15:43En 30 ans d'activité, Jean-Pierre, comme Claude,
15:46a pu constater un changement important du milieu naturel.
15:49Les mimosas fleurissent plus tôt.
15:52Et plus surprenant encore, une espèce envahissante
15:55venue des côtes méditerranéennes a colonisé les sous-bois.
15:58Ce qu'on peut observer sur la presqu'île du Cap-Ferret,
16:01c'est que l'arbousier témoigne d'un climat doux l'hiver.
16:04Des températures douces.
16:07Et notamment, il commence à geler quand la température est trop basse.
16:11Et on observe quand même une lente migration,
16:14une lente extension de ces arbousiers vers le nord,
16:17qui commence à gagner.
16:20C'est-à-dire que, globalement, il y a quand même des signes
16:23qui témoignent de ce lent réchauffement du climat.
16:28Ce lent réchauffement du climat aura, selon lui,
16:31de graves conséquences pour cette forêt de pin et les habitations.
16:34La Gironde est le département français
16:37où les départs de feu sont les plus nombreux.
16:44Ce qu'on pourra dire, c'est qu'au niveau de l'élévation de température,
16:48ce qui est à craindre, objectivement, à mon sens,
16:51c'est les risques d'incendie.
16:54C'est quand même quelque chose qui est présent,
16:57qui est objectif, c'est un risque réel.
17:00Et c'est vrai que quand il y a des étés très chauds,
17:03comme en 2003, par exemple,
17:06là, c'était vraiment une poudrière.
17:09Il fallait pas grand-chose pour que tout prenne.
17:12Donc ça, à mon sens, c'est un peu ce qu'on rencontre,
17:15ce qu'on peut observer actuellement au Portugal,
17:18où il y a des incendies estivaux récurrents.
17:21En fait, c'est ça. Il y a un moment où, quand il fait trop chaud,
17:24le risque est tellement important que le moindre départ de feu
17:27entraîne une catastrophe.
17:30Une catastrophe et une poudrière, dit-il.
17:33Comme en 2003, ou comme ici,
17:36sur ces images tournées en juillet 1989.
17:39Les sapeurs-pompiers ont mis 3 jours pour circonscrire le feu.
17:44Bilan, près de 4 000 ha de pins détruits.
17:47Un incendie qui s'est déclaré sur la commune du Porge,
17:50à seulement 30 km à vol d'oiseau du Cap-Ferret.
17:55Si Jean-Pierre Duval insiste autant sur les risques d'incendie,
17:58c'est qu'ici, dans la Presqu'Île,
18:01un tel événement aurait des conséquences dramatiques.
18:07Sa configuration géographique en fait un piège pour ses habitants.
18:14Cerné à l'ouest par l'océan Atlantique et à l'est par le bassin d'Arcachon,
18:18les 2 tiers de sa superficie sont recouverts de pins maritimes.
18:25Aujourd'hui, ce que redoutent le plus Jean-Pierre Duval et les pompiers,
18:28c'est le mitage du massif.
18:31Partout au beau milieu de cette forêt, il y a des maisons.
18:35Des milliers de résidences secondaires pas toujours bien entretenues.
18:41Eric Landre est conscient du danger.
18:43C'est le commandant du groupement des sapeurs-pompiers du sud-ouest.
18:51Il tient à nous montrer l'une de ces maisons qui pourrait, en cas d'incendie,
18:54devenir un piège infernal pour ses propriétaires.
18:58Une ville à parmi tant d'autres.
19:28On ne peut pas positionner des véhicules forcément à l'extérieur.
19:32Et donc, il y a un risque certain.
19:39Un risque pour des dizaines de milliers de personnes
19:42qui, chaque été, viennent en vacances dans la presqu'île du Cap-Ferret.
19:4680 000 personnes, soit 10 fois plus qu'en hiver.
19:50Le commandant ne cherche pas à minimiser le danger.
19:54Le risque, à ce niveau-là, c'est qu'on ait un feu de cime.
19:58Ca veut dire qu'il y a un feu qui se propage par la cime des pins
20:02et qui arrive du massif et qui, par un phénomène de saute de feu,
20:06propage le feu, quoi. Voilà.
20:08Donc là, je dirais, ça pourrait être un scénario
20:11qui, là, rentrerait, qui compliquerait fortement la situation.
20:18Pour Eric Landre, la tâche de ses équipes est d'autant plus complexe
20:21qu'il n'existe qu'une seule route qui traverse la presqu'île,
20:24la départementale 106.
20:27Le pire scénario serait l'évacuation des habitants par cette unique route.
20:31Une idée que le commandant ne veut même pas envisager.
20:35Il préfère se reposer sur un dispositif spécifique,
20:39avec cette piste forestière que les pompiers sont les rares à emprunter.
20:45Chaque jour, patrouille de routine.
20:47Un véhicule de pompiers la parcourt
20:49et veille à son entretien.
20:51C'est la seule voie praticable à travers les pins.
21:00Cette piste, je dirais, sert à acheminer les secours
21:04vers la pointe du Cap-Ferret, quoi.
21:07C'est important ?
21:08C'est relativement important, notamment l'été,
21:10avec la population estivale,
21:12qui est relativement importante sur la presqu'île.
21:14Cette population qui sera amenée à utiliser
21:17la départementale 106
21:19pour éventuellement évacuer la presqu'île
21:21si on avait à conduire ce type d'action.
21:23Et ce chemin sur lequel on se trouve
21:25permettrait justement d'avoir un accès
21:27exclusivement réservé aux véhicules de secours.
21:31Une fois par jour, une équipe de pompiers
21:33fait le point sur l'état des pare-feux.
21:35Elle vérifie le niveau des citernes d'eau
21:37installées le long de la piste forestière.
21:44Le débroussaillage régulier est contrôlé.
21:46Sans oublier l'examen du taux d'humidité des sous-bois.
21:50Si on gratte un petit peu au niveau de l'humus,
21:54donc on voit qu'on a une humidité dérelative,
21:58ce qui veut dire que si on a un départ de feu
22:02qui s'opère, le feu va se développer moins vite.
22:06C'est pour ça que la journée d'aujourd'hui
22:08est classée en risque habituel.
22:16Les pins maritimes de la Presqu'Île
22:18sont aussi sous haute surveillance.
22:20Mais toutes ces précautions suffiront-elles ?
22:23La canicule de 2003 deviendrait-elle la norme
22:25dans quelques dizaines d'années ?
22:27En 2100, la température pourrait augmenter
22:29de près de 5 degrés dans la région.
22:35Une tendance confirmée par Serge Planton.
22:41Il est chercheur en climatologie à Météo France.
22:44Actuellement, il y a à peu près,
22:46dans le sud-ouest de la France,
22:483 jours en moyenne de canicule.
22:51Quand on définit des jours caniculaires,
22:54ce sont vraiment des jours où la température dépasse
22:56des seuils typiquement de 35 degrés
22:58pendant une période de temps
23:00qui sont typiquement de 5 jours.
23:02Et donc cette moyenne de 3
23:04passerait à plutôt 30 dans un climat modifié.
23:09Donc ça veut dire que l'année 2003
23:11est assez représentative
23:13de ce qui pourrait devenir l'été normal
23:16à la fin du 21e siècle.
23:24Nous poursuivons notre enquête.
23:26Après le bassin d'Arcachon,
23:28nous nous rendons ici à Sous-Lac-Sur-Mer,
23:30dans le Médoc.
23:32Sous-Lac-Sous-Mer, selon les plus pessimistes.
23:35Nous sommes sur la plage de l'Amélie.
23:38Chris Castin est professeur en géologie marine.
23:41Depuis près de 30 ans,
23:43il étudie le recul de la côte Girondine.
23:50C'est l'endroit où la côte aquitaine recule le plus.
23:54C'est de l'ordre de 8 mètres en moyenne.
23:598 mètres par an, c'est presque 10 fois plus vite
24:01qu'ailleurs sur le littoral français.
24:05Ici, là, où vous avez des blocos,
24:07en 1850, il y avait des rues.
24:10Il y avait des rues, on a le plan cadastral de 1850.
24:13Et on voit qu'il y avait deux rues.
24:15Il y avait deux rues avec des villas.
24:18Et là, évidemment, tout est parti à l'eau.
24:21On a du mal à l'imaginer.
24:23On a du mal à l'imaginer, mais c'est pourtant la vérité.
24:26Et puis, ce que vous voyez là,
24:29mon collègue, dans 50 ans,
24:32il dira la même chose.
24:34Ici, vous aviez une rue avec des maisons,
24:36et puis, elles sont dans l'eau.
24:38Dans 50 ans, ça sera ça.
24:41Ça continuera à reculer.
24:46Donc, on peut penser qu'avec un peu
24:48l'accroissement de la température,
24:50s'il y a de plus en plus de tempêtes,
24:52ça vient en plus accentuer le phénomène, non ?
24:54Oui, parce que ça fait monter
24:56le niveau moyen des océans.
24:59Et donc, ça provoque une accentuation
25:02de la transgression marine.
25:04Mais ce qu'il faut voir, c'est que,
25:06même s'il n'y avait pas cet effet de réchauffement,
25:10ce surplus de réchauffement,
25:13eh bien, il y aurait une transgression marine quand même.
25:17Transgression marine, traduction faite,
25:19l'eau ronge la terre.
25:21Et pour le prouver,
25:23il nous montre les dommages déjà provoqués par l'océan.
25:27Ah oui, il y a du dégât.
25:29Regardez ça, c'est spectaculaire.
25:32Regardez les pins, les racines.
25:38Ah oui, et puis ça, c'est la villa.
25:41Je ne sais pas comment elle s'appelle, cette villa.
25:44C'est une villa qui est menacée, là, juste derrière.
25:48La Villa Surprise, condamnée à courte échéance.
25:52Vous voyez, cette petite villa,
25:54elle est condamnée.
25:56C'est dommage.
25:59Deux hivers, et puis c'est fini.
26:04La mairie tente d'enrayer ce phénomène
26:06en installant ce type de rempart.
26:08De grosses pierres qui ralentissent la puissance des vagues.
26:13Mais la montée des eaux est inéluctable.
26:15Depuis 1890,
26:17la mer a enlevé ici 1 million de mètres cubes de sable,
26:20soit l'équivalent de 50 000 km d'eau.
26:24Un camion de 40 tonnes.
26:27Les prévisions à 50 ans prévoient
26:29la disparition de 350 mètres supplémentaires de dunes.
26:33Un peu plus loin, au sud,
26:35le stade de Soulac et le camping,
26:37ils sont aussi menacés.
26:40Ils sont en première ligne.
26:42A l'octobre, il y avait une dune continue,
26:45devant le camping,
26:47et aujourd'hui, elle a disparu.
26:49Après la série de tempêtes qu'il y a eu,
26:51vous voyez bien, là.
26:53Il n'y a plus de dunes.
26:56Oui, tout le sable est parti.
27:00Et peut-être des maisons avec.
27:03Des bungalows.
27:08En seulement 6 mois,
27:10la dune a reculé de 10 mètres,
27:122 fois plus vite qu'en temps normal.
27:14Une véritable falaise de sable s'est créée.
27:18Le trait de côte se métamorphose très rapidement.
27:21Ces bungalows du camping
27:23ne sont plus qu'à quelques mètres de l'océan.
27:30Mais je suis impressionné, là.
27:32Oui, j'étais venu en octobre,
27:34et c'était pas du tout comme ça.
27:38Tout a été emporté.
27:41Si l'hiver prochain,
27:43il y a une série de tempêtes comme cette année,
27:46eh bien, toute cette ligne-là,
27:48elle va disparaître.
27:52Il faudra emporter les bungalows.
27:58Planter des pieux, enrocher la côte,
28:00des travaux qui semblent dérisoires
28:02face à la montée des eaux.
28:04Avec le réchauffement climatique
28:06de ces 20 dernières années,
28:08l'érosion marine débutée voici 16 000 ans
28:10ne fait que s'accélérer.
28:16Nous quittons la côte atlantique
28:18pour les montagnes pyrénéennes.
28:22Nous sommes au cœur du Pays basque,
28:24près de la forêt d'Irati.
28:31Johanna Kossebery est aujourd'hui à la retraite.
28:34Dès qu'il le peut, il part chasser.
28:36En cette saison, c'est la palongue qui l'intéresse,
28:39un pigeon ramié.
28:43Il n'est pas long, aujourd'hui ?
28:45Aujourd'hui, non.
28:47Hier, il faisait beau.
28:49Aujourd'hui, tout d'un coup,
28:51on est dans le brouillard.
28:53Le temps change vite, ici.
28:55En montagne...
28:59Ça fait partie de la culture
29:01du Pays basque, la chasse à la palongue ?
29:03Ah oui, tout à fait, oui.
29:05Moi, j'ai des enfants qui chassent.
29:08Je les ai initiés dès le jeune âge,
29:11à 5 ans.
29:13Je les ai amenés à la chasse,
29:15y compris la fille.
29:19Rien n'échappe à cet enfant du Pays.
29:21Pour lui, c'est évident,
29:23même au fond des vallées,
29:25le changement du climat se fait sentir.
29:27Les palongues qui, en cette période,
29:29migrent vers l'Afrique
29:31ne sont plus aussi nombreuses qu'avant.
29:37Il y a...
29:39Il y a nettement moins de palongues
29:41par rapport à autrefois.
29:43On ne sait pas pourquoi.
29:45C'est parce que...
29:47C'est peut-être dû
29:49à ce réchauffement climatique.
29:51Maintenant, dans les Gerces,
29:53dans les Landes,
29:55il y a des milliers de palongues
29:57qui restent tout l'hiver.
29:59Et nous, ici, en montagne,
30:01euh...
30:03C'est la même chose.
30:05C'est la même chose.
30:07Euh...
30:09Nous avons, depuis deux ans,
30:11des tourterelles qui...
30:13C'était une chose qui n'a jamais existé.
30:15Toute l'année, elles sont là.
30:17Euh...
30:19Je ne sais pas si...
30:21À quoi c'est dû.
30:23C'est dû...
30:25À la pollution.
30:27...
30:29...
30:31...
30:33...
30:35...
30:37...
30:39...
30:41...
30:43...
30:45...
30:47...
30:49...
30:51...
30:53...
30:55...
30:57...
30:59...
31:05...
31:13...
31:15...
31:19...
31:21...
31:23à Gourette. Depuis une quinzaine d'années, pendant la saison hivernale, Philippe Padelli
31:29travaille pour cette station des Pyrénées. Il est l'un des 25 pisteurs secouristes du
31:35domaine skiable. Deux fois par jour, il se rend au poste météo situé à 1800 mètres d'altitude.
31:42Un poste clé qui permet d'observer les conditions climatiques.
31:46On a un hygromètre pour l'humidité, on a une température thermomètre maximale, minimum,
32:00ainsi que la température de l'air. On relève la quantité de neige qui est tombée ou la
32:08quantité d'eau qui est tombée. On va relever la quantité de neige au sol, la pénétration du tube
32:14sonde. Je vous montre. Ici, c'est un tube sonde. On va contrôler, noter l'enfoncement du tube.
32:26Toutes ces observations, on les renvoie à Météo France. On va regarder aussi la qualité de neige
32:34que l'on a en surface. Avec ce soleil, on est quand même maintenant en début d'après-midi,
32:45milieu d'après-midi. La neige s'est transformée. Le matin, elle est très dure, c'est une croûte
32:49d'orogel. Là, on est sur du grain rond. Ça, c'est la neige naturelle. Chaque jour,
33:01Philippe parcourt des dizaines de kilomètres. Il surveille l'état d'enneigement des pistes. Au
33:07fil des années, il a pu observer un recul de la couverture neigeuse naturelle, souvent remplacée
33:12par de la neige de culture. Là, on est sur de la neige artificielle. Ça, c'est de la neige qui a
33:18été fabriquée ce matin. En ce moment, on est dans une période de froid et on en profite. On voit bien
33:27cette neige. Bon, mais finalement, elle est légère, elle est agréable à skier. Les
33:31températures ont permis de fabriquer une bonne neige. Eh bien, c'est du plaisir pour le skieur.
33:36Aujourd'hui, 60% du domaine skiable de Gourette est équipé de canons à neige comme celui-ci. Cette
33:46saison, il fonctionne un jour sur deux. Un investissement élevé, mais pour Philippe,
33:51cela présente quelques avantages. La différence, c'est que la neige artificielle reste plus longtemps
33:59que la neige naturelle. Il faut bien se le dire, la neige naturelle a tendance à partir plus vite
34:10que cette neige artificielle qui est très compacte. Dans les prochaines années, la situation ne risque
34:16pas de s'améliorer. Les prévisions de Météo France invitent les stations de moyenne altitude à
34:23investir dans des canons supplémentaires. Gourette va en acheter 20 de plus. Un investissement rendu
34:29obligatoire par le réchauffement progressif de la région. Pascal a vu arriver les premiers canons
34:36à neige. C'était dans les années 80. Comme Philippe, il est pisteur. En près de 30 ans,
34:43son métier a évolué. Désormais, il est nivologue. On est à l'usine à neige. On va arriver dans le
34:55dans le mystère de la fabrication de la neige. Son rôle désormais consiste à superviser la
35:06fabrication de la neige artificielle dans l'une des cinq usines de Gourette. Grâce à une combinaison
35:13savante d'eau et d'air comprimé, chaque unité est capable de produire dix qualités de neige
35:17différentes. Amoureux de la nature et de la montagne, Pascal est convaincu que le recours
35:22à la neige artificielle est incontournable. Ça va être quelque chose d'indispensable pour soupler
35:27à tous les caprices de la météo. C'est le plus compliqué de travailler maintenant ? Pas dans la
35:33technique elle-même, de s'adapter au temps, oui. C'est très changeant. C'est très très très
35:40changeant. C'est des conditions assez spéciales avec des taux d'humidité qu'on n'avait pas jusqu'à
35:44présent qui sont très très bas et des températures qui sont elles très très hautes. Donc on va
35:51exagérer un tout petit peu. On va dire il fait plus 20 dans la journée et moins de 10 la nuit.
35:56Et ça pour moi, 30 degrés, j'exagère un peu. 30 degrés, c'est des choses qu'on ne voyait pas avant.
36:03Et ça c'est quoi ? Ça c'est l'égourette l'année dernière, au mois de janvier.
36:13Et là il n'y a pas de neige ici ? Si, là où il y a des canons. Et là si vous n'aviez pas les canons ?
36:18Si on n'avait pas les canons, je pense qu'à partir de 2000, on ne se quitterait pas jusqu'en bas.
36:24Je crois que c'est ça à peu près. Qu'est-ce qui se passe là si vous n'avez plus de neige ?
36:30Je ne sais pas, c'est jamais arrivé. Vous aurez du quoi reproduire encore ? Oui, et si on fera le maximum.
36:41Pour survivre, la station devra utiliser de plus en plus de canons à neige et donc
36:49consommer de plus en plus d'eau et de plus en plus d'énergie. Avec un réchauffement des
36:54températures de 4 à 6 degrés d'ici la fin du siècle, cela ressemble bel et bien à une fuite
36:59en avant. Les professionnels de la montagne les plus anciens comme Jean-Paul observent,
37:03saison après saison, la hausse des températures. Constat amer. Il neige beaucoup moins. C'est vrai qu'il y a 30 ans,
37:10l'hiver à Gourette c'était l'hiver, il neigeait bien. Et après on avait facilement 1,50 mètre
37:22de la station. Et puis après on avait de la neige pour toute la saison, jusqu'à maintenant.
37:30Cette année, il a neigé pendant trois fois et trois fois derrière on a eu de l'eau ou du
37:39retour. Avant, on ouvrait pour Noël et on travaillait jusqu'au 1er mai. Puisque maintenant, fin mars, la station est fermée.
38:00Pour Jean-Paul, les canons à neige sont une solution mais à court terme. A plus longue
38:04échéance, c'est à ses yeux tout un pan de l'économie de montagne qui semble compromis.
38:09Les pisteurs et les autres personnels des stations de ski pourraient bien être en France
38:13les premières victimes des changements climatiques. Leur métier va progressivement disparaître.
38:18Maintenant, c'est difficile de ne faire que les saisons. Avant, on pouvait se permettre sur quatre
38:29mois et demi de saison avec les salaires qu'il y avait il y a 20 ans. On pouvait prétendre à passer
38:36le printemps ou l'automne plus ou moins tranquille. Maintenant, c'est plus le cas.
38:44Tout le monde va chercher du travail à l'intersaison. Quand on nous dit, j'entends des fois,
38:51les saisonniers à l'intersaison ont le chômage, ça c'est faux. Si je vous dis combien j'ai,
38:57j'ai 10,60€ par jour. Vous voyez l'indemnisation. Ça pousse au travail et à chercher
39:06du travail. Mais ce n'est pas évident parce que c'est saisonnier. En 30 ans, les saisonniers ont
39:12perdu en moyenne deux mois et demi d'activité. Alors forcément, ils ont de plus en plus de
39:16mal à joindre les deux bouts. Certains ici avaient déjà changé de profession, comme Jean-Bert,
39:24le paysan pisteur. Pour lui, c'est un éternel recommencement. A chaque fois, il s'adapte.
39:33Je suis fils d'agriculteur. Chez nous, on a arrêté l'activité. Je n'ai pas voulu être paysan
39:37parce qu'il fallait beaucoup de superficie pour faire le paysan. On avait 5 hectares,
39:41donc je ne pouvais pas vivre sur ça. Je me suis rabattu sur les sports d'hiver,
39:46qui avaient de l'avenir. Maintenant, je m'aperçois qu'il y a beaucoup moins d'avenir
39:49sur les sports d'hiver. Je suis revenu à mon ancien métier, c'est-à-dire que la ferme,
39:53je l'ai transformée en chambre d'hôtes. Je fais des chambres d'hôtes à la Reims et j'ai
39:57une activité complémentaire. On va s'adapter, mais jusqu'à quand, on ne sait pas trop.
40:03On est un paquet de saisonniers dans ce cas-là. On essaie toujours de s'arranger,
40:07mais le pouvoir d'achat diminue, on est comme tout le monde. Il va falloir acheter des poules,
40:13des cochons et redémarrer sur ce qu'ils faisaient autrefois. Je ne sais pas,
40:18c'est compliqué, on touche un problème compliqué. Il est assez délicat.
40:28Et les ingénieurs de Météo France ne vont pas le rassurer.
40:33Chaque semaine, une équipe part sur le terrain.
40:38Philippe Valade et Dominique Vrecourt viennent faire des relevés dans la neige à 2400 mètres
40:43d'altitude. Nous sommes à la pierre Saint-Martin. Avant même d'avoir posé les sondes, leur constat
40:54est sans appel. De toute façon, c'est représentatif ici, on le voit bien sur ce
41:02versant à ouest, là, ça manque de neige. Une impression confirmée par des relevés
41:12hebdomadaires, des relevés qui sont effectués dans différents endroits de la chaîne pyrénéenne.
41:16Ces éléments, une fois analysés, permettront de mieux comprendre les
41:20effets du changement climatique sur les espaces de montagne.
41:23Plus haut à 2400 mètres d'altitude, actuellement on devrait être à 1,60 mètre et on est à 70
41:37centimètres actuellement, alors on est très déficité plus haut en altitude. En gros,
41:42on est à la moitié de ce qu'on devrait avoir cette saison.
41:43Donc il est déjà avéré, il est confirmé pour l'avenir, ce réchauffement, il va se
41:52retrouver en montagne, c'est sûr. Donc l'enneigement va en pâtir. Donc il va en pâtir de
41:57quelle façon ? Ce que l'on voit actuellement, aussi bien dans les Alpes que dans les Pyrénées,
42:01c'est globalement une diminution de l'enneigement dans la tranche 15 et 1800 mètres, en dessous de
42:062000 mètres dans tous les cas. Et en moyenne, on perd environ un centimètre par an et un jour
42:13de durée d'enneigement sur la saison. Le constat est clair, avant la fin du siècle,
42:20certaines stations de ski n'auront plus suffisamment de neige. Mais lorsque l'on
42:28évoque cette hypothèse, l'ingénieur météo préfère éluder la question. Pour l'instant,
42:33il n'y a aucune station qui a fermé, donc je ne sais pas si elles vont pouvoir continuer à s'en
42:40sortir en faisant de la neige artificielle ou en travaillant toujours mieux les pistes comme
42:45elles le font actuellement. Donc là, je ne sais pas si elles vont pouvoir continuer à trouver des
42:51solutions à l'avenir. Fermer, je ne veux pas le dire. Depuis 2001, la France est dotée d'un
43:00observatoire national des effets du réchauffement climatique. Il est basé à Paris au ministère de
43:06l'Environnement. Son directeur, Marc Gillet, travaille sur ces questions. Son bureau centralise
43:12toutes les études réalisées en France. Je pense que vers la fin du siècle, ça sera
43:21difficile effectivement de faire du ski en avril dans les pyrénées. Seulement en avril ou même
43:27avant ? Même avant. Tout dépend bien sûr du changement climatique qui se produira
43:34effectivement. L'Union européenne dit qu'on doit, et la France, qu'on doit absolument tout faire pour
43:41limiter l'augmentation de température à 2 degrés en moyenne sur le globe. Bon, si on y parvient,
43:48je pense que les conséquences sur la vie des gens ne seront pas trop importantes. Par contre,
43:53si on continue à laisser filer, comme c'est le cas actuellement, les émissions de gaz à effet de
43:58serre, là on arrivera effectivement à des températures beaucoup plus élevées. Et il n'y aura plus de ski dans les pyrénées.
44:05Là, il n'y aura plus de ski dans les pyrénées, c'est clair. Donc disparition d'une activité économique. Voilà, tout à fait.
44:12Nous partons à présent dans un lieu prestigieux. Au cœur du vignoble bordelais, le château d'Iquem
44:21à Sauternes. Ici est élaboré l'un des vins les plus cotés au monde. Un vin blanc licoreux.
44:28À l'abri des regards et dans un silence quasi religieux, nous assistons à une séance de
44:34travail. C'est un moment unique dans l'élaboration d'un vin, l'assemblage. Il s'agit de mélanger
44:41plusieurs cépages. Autour de la table, Pierre Lurton, le directeur du château, a réuni les
44:47alchimistes qui font la notoriété d'Iquem. Des zoonologues de réputation mondiale. C'est de leurs
44:53échanges que naîtra ou non un grand millésime. C'est Denis Dubourdieu qui prend la parole en premier.
44:58Il y en a un pour lequel j'ai un doute, mais peut-être que ça dépend si l'assemblage manque un peu de
45:05liqueur. C'est le 3. Je suis entièrement d'accord avec toi, moi le 3 c'est le seul que j'ai mis vraiment
45:11en retrait. J'ai une certaine amertume en fin de bouche, il y a quelque chose qui me déplaît dans le 3.
45:17La naissance d'un grand cru peut-être, mais le savoir-faire de ces alchimistes du vin ne serait
45:25rien sans la matière première, le raisin. Cette cuvée 2007 sera-t-elle une très grande année ?
45:34Retour en arrière. Nous sommes au début de l'automne, au coeur du domaine d'Iquem. 113 hectares
45:42de vignes et ici pour produire le meilleur des nectars, il faut attendre que le raisin arrive à
45:47maturité, qu'il pourrisse. On appelle cela de la pourriture noble. Le raisin est attaqué par un
45:53champignon, le botrytis. C'est ce qui fait la particularité de ce vin. Mais pour se développer,
45:59le botrytis a besoin d'un climat particulier. Aujourd'hui, c'est une espèce d'attente depuis
46:0610-12 jours d'un botrytis sous-jacent. On sait qu'il est là, la concentration est là,
46:11mais elle n'est pas suffisante. Le temps change et c'est la magie. Je crois que c'est la journée
46:16où on fera le plus d'Iquem. Alors vous allez me dire mais vous faites de la quantité,
46:20c'est pas extraordinaire, pas du tout. C'est la loi du tout ou rien ici. Soit il n'y a rien de bon,
46:25ou soit tout ce que vous ramassez est absolument extraordinaire. Et ça, c'est vraiment dû aux
46:31hommes, aux vignobles, aux terroirs, mais surtout à la climatologie. La climatologie a énormément
46:36d'incidence. Comment allez-vous ? Ça colle, mais c'est rassurant. C'est bon de dire que ça colle
46:43pas, moi je vous dirais que c'est pas sucré. Le climat a des incidences directes sur le sucre,
46:49sur l'acidité ou sur la teneur en fruits. Pour preuve, les plus grands millésimes d'Iquem
46:54correspondent aux années les plus chaudes. A l'inverse, certaines années froides,
46:58le millésime n'a pu être commercialisé. Dans la tour du château, une cave unique.
47:05C'est là que sont entreposées religieusement les plus grandes années, les plus grands
47:13millésimes d'Iquem.
47:14Regardez la couleur du 21, c'est un peu ce que tu disais tout à l'heure pour le 49,
47:31on a une couleur qui est en vrai assez foncée à cajou. 21, c'est un millésime d'anthologie.
47:39Il faisait chaud en 21, je crois que c'était une année assez sèche. Donc finalement,
47:46les millésimes sont là pour témoigner d'une climatologie et d'une période.
47:51Pour les meilleures années, il ne reste seulement que quelques bouteilles. Mais
47:57tout raconte l'histoire climatique d'une région sur près de deux siècles.
48:00Le vin, c'est le résultat d'une réaction d'une plante au climat, au climat et au sol,
48:06évidemment. Mais la composition du vin dépend énormément. Le sol ne change pas dans un cru,
48:12la variation tient au climat. Et ça va moins bien qu'un divet froid, c'est sûr.
48:20Le danger, c'est que ça ne mûrisse pas. Si ça mûrit un peu mieux, ce n'est pas très grave.
48:25Le danger, c'est que ça ne mûrisse pas. Donc il y a une corrélation sur 200 ans ou 300 ans,
48:31sans aucune exception, entre les étés chauds et les grands vins, dans un endroit donné comme
48:37la Bourgogne ou Bordeaux, ça marche toujours. Le réchauffement climatique serait-il bénéfique
48:45pour le vin ? Francis Meyer, l'onologue du château, en est sûr. Il l'a constaté. Il
48:51surveille toutes les étapes de fabrication du vin, de la récolte jusqu'à la mise en bouteille. Mais
48:57il est surtout gardien du temple. Dans son bureau, des manuscrits, uniques témoignages de
49:02l'histoire du château et de ses vins. On a une mine d'or de renseignements à ce niveau-là,
49:10dans tous ses vieux registres. Vous pouvez regarder ici, 1893, qui à ce jour est l'année
49:16la plus précoce au niveau viticole connu en tout cas, puisque nous avons, vous pouvez le voir ici,
49:21la floraison le 5 mai, soit déjà un mois d'avance sur une année normale entre guillemets. Progrès
49:27général, sans substituts, etc. 15 juillet, véraison, un mois aussi d'avance. Et surtout ce chiffre,
49:3128 août, début des vendanges. Donc une année d'une précocité absolument extraordinaire,
49:36pour laquelle hélas, nous n'avons pas les relevés météo. Ils ont commencé trois ans plus tard,
49:40seulement à Aikem, mais qui devait être absolument extraordinaire en termes de réchauffement. Il est
49:45certain qu'un gain de 2 ou 3 degrés ou 4 degrés, disons au maximum, un gain par rapport aux moyennes
49:50du siècle, vers le haut, bien entendu, de réchauffement, nous conduirait à avoir des
49:56conditions plus favorables à récolter plus régulièrement du sauterre. C'est un peu ce qu'on
50:01peut vous montrer sur un dessin de ce type. Ce rectangle représentant les années chaudes et
50:08sèches. Ce rectangle, les années froides et humides. On a représenté en jaune tous les grands
50:12millésimes d'Aikem. Aussi bien récents, 2003, 1947, 1921, des millésimes mythiques au niveau de la
50:19propriété. Et vous remarquerez sans effort qu'ils se situent tous dans une zone, grosso modo,
50:242-3 degrés au-dessus des températures moyennes. Inversement, des millésimes sans Aikem, dans
50:30lesquelles on n'a pas pu faire du tout de production, se situent majoritairement dans
50:34cette zone-là. Donc un peu de réchauffement, je dirais, pourquoi pas. La hausse programmée des
50:41températures devrait permettre de produire des millésimes de plus en plus exceptionnels. Mais
50:46jusqu'à quand ? Déjà dans les vignobles rouges, on s'inquiète. En 20 ans, la teneur en alcool et
50:51en sucre a augmenté, ainsi que le taux d'acidité. Le caractère des vins change, avec le risque que
50:58les AOC, les appellations d'origine contrôlée, soient refusées à de nombreux producteurs. Leurs
51:04vins ne correspondent plus aux critères de sélection. Deux degrés d'augmentation des
51:09températures et c'est un déplacement de 400 kilomètres du climat vers le nord. Soit les
51:14températures de Madrid à Bordeaux. Les professionnels aquitains du vin seront-ils
51:19les premières victimes du climat ? Ou partageront-ils ce triste privilège avec
51:24les pisteurs de gourette ? Réponse en 2050 peut-être.
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