• il y a 6 mois
DANS NOS COULISSES. Alors que l'extrême droite est aux portes du pouvoir en France et pourrait arriver en tête des élections législatives anticipées des 30 juin et 7 juillet prochains, nous vous détaillons la manière dont nous traitons le Rassemblement national dans notre magazine, sur notre site internet et à travers nos publications sur les réseaux sociaux.

Cette vidéo est extraite de notre revue de presse hebdomadaire, en direct sur TikTok, Instagram et YouTube. Dans cet épisode, Sylvain Courage, directeur adjoint de la rédaction du "Nouvel Obs", était invité à répondre aux nombreuses questions des spectateurs, transmises par Marie Fiachetti, journaliste pour le site web du "Nouvel Obs".

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Transcription
00:00Il ne s'agit certainement pas d'imposer un point de vue à nos lecteurs.
00:04Ils sont grands, ils s'informent à diverses sources.
00:08Et donc si on veut les convaincre, on a intérêt à être bons.
00:10C'est pour ça que pour faire ce genre de dossier,
00:13on va vraiment enquêter sur les conséquences réelles du projet du Rassemblement national
00:20et faire un travail de journaliste.
00:22Alors c'est vrai que la diabolisation, ça ne sert pas forcément à grand-chose.
00:26Ce qu'il faut, c'est montrer la réalité du projet.
00:29Et finalement, ce qui assure la continuité entre cette organisation, le FN,
00:34son dirigeant de l'époque, Jean-Marie Le Pen,
00:36et le RN d'aujourd'hui avec sa fille, Marine Le Pen,
00:39qui a beaucoup changé dans la doctrine, qui a beaucoup changé dans l'organisation,
00:44dans l'apparence, dans la communication et dans le programme de son parti
00:47pour essayer de capter un électorat de plus en plus large.
00:49Mais il y a une chose qui est restée et qui était là dès l'origine
00:52et qui a été dénoncée depuis l'origine par nos nouveaux observateurs,
00:55c'est évidemment la stratégie du bouc émissaire,
00:58c'est-à-dire désigner l'étranger, désigner l'immigration,
01:02les descendants de l'immigration comme étant la cause de tous les problèmes du pays.
01:08On comprend bien que ça, c'est un mensonge
01:10et que c'est très dangereux pour la cohésion d'un pays comme la France.
01:16Et c'est pour ça que, depuis 40 ans, et vraiment, on peut le retracer dans nos archives,
01:22le Nouvel Obs combat cette idée-là du Front national et du Rassemblement national.
01:28C'est cette idée-là qui fait notre opposition à ce parti.
01:33Alors c'est vrai qu'il faut aussi s'intéresser à ce que vivent les Français
01:37dans les différents quartiers, dans les différents environnements,
01:40urbains, ruraux, citadins, pour comprendre.
01:43Parce que derrière le vote, il y a forcément des motivations
01:47qui doivent être recherchées, expliquées.
01:52Et donc c'est pour ça qu'on fait beaucoup de reportages.
01:55À l'Obs, on a une règle, c'est qu'on ne donne pas la parole directement au Rassemblement national.
02:00En revanche, on s'est toujours intéressé à son électorat,
02:03aux gens qui lui apportent des suffrages pour essayer d'expliquer
02:07comment ils en viennent à concevoir cette solution à des problèmes qui sont différents.
02:14Je veux dire, il peut y avoir un problème social,
02:16il peut y avoir des problèmes de revenus,
02:17il peut y avoir des problèmes d'éloignement des services publics,
02:19il peut y avoir des problèmes générationnels.
02:21Bref, il y a toutes sortes de sujets qui doivent être pris en compte
02:24par les journaux, par la sphère médiatique et par les politiques.
02:27Mais tout ramener à cette question de l'immigration,
02:29c'est ça le raisonnement faux du Rassemblement national.
02:36Et celui-là, on le combattra toujours,
02:38même si on ira toujours à la rencontre de ceux qui votent pour lui
02:42et on essaiera toujours d'expliquer pourquoi ils le font.
02:44On a toujours eu une tradition aussi d'indépendance vis-à-vis de la gauche,
02:48vis-à-vis des partis de la gauche.
02:49On a souvent été critique sur les programmes économiques,
02:52même en 1981 par exemple,
02:55le Nouveau Observateur soutenait évidemment la candidature de François Mitterrand
03:00mais critiquait son programme économique.
03:02Donc on va faire ce débat dans nos colonnes la semaine prochaine
03:06et s'il y a des choses et des critiques à faire sur le programme,
03:10notamment économique et social,
03:12mais aussi sur certains dérapages du Nouveau Front populaire, on le fera.
03:17Non, heureusement on est dans une république et dans une démocratie,
03:23on s'en fait ici tous les jours et on est parfaitement indépendants,
03:26c'est aussi ça qui fait le prix de notre travail.
03:29S'informer aujourd'hui, c'est très important de savoir
03:33d'où parlent les porteurs de messages, les journalistes, les gens qui expliquent.
03:37Au Nouvel Observateur, on n'a pas de pression.
03:42Je sais qu'on nous parle souvent de notre actionnaire,
03:43mais depuis quelques semaines,
03:46nous appartenons à un fonds d'indépendance pour la presse,
03:49qui est une fondation qui met notre capital à l'abri
03:52de toutes les pressions économiques.
03:55Donc on travaille sur ce sujet de l'indépendance
03:58et on sait que c'est notre bien le plus précieux.
04:00Parce que c'est des liens qu'il faut étudier,
04:04c'est-à-dire qu'effectivement, par exemple,
04:08si on parle de l'insécurité et de la violence,
04:10on sait, tous les sociologues et tous les criminologues le savent depuis toujours,
04:14que c'est quand même lié au problème de précarité économique,
04:20de pauvreté, pour dire les choses plus simplement.
04:23Et donc il y a sûrement un lien entre la criminalité et la pauvreté,
04:29mais c'est beaucoup moins évident qu'il y ait un lien
04:31entre la criminalité et l'immigration,
04:34sinon que l'immigration est associée à la pauvreté.
04:37Donc en fait, le problème de l'interprétation statistique,
04:39c'est qu'il faut mettre de l'ordre dans les critères et dans les causes.
04:43Et que quand on commence à faire ce travail-là,
04:45on s'aperçoit qu'il n'y a pas de lien direct
04:47entre le fait d'être immigré quelque part, et ça on comprend très bien,
04:51et le fait de représenter une menace pour la sécurité.
04:56L'objectivité est un objectif qu'on n'atteint pas quand on est journaliste,
05:00il faut le savoir, mais il faut garder toujours cet objectif en tête.
05:03Effectivement, on doit absolument essayer d'établir les faits,
05:08et pour ça, il y a une question de méthode,
05:10c'est-à-dire qu'il faut évidemment s'informer à plusieurs sources,
05:13les recouper, sourcer les choses, chiffrer, être le plus précis possible.
05:20Ensuite, il y a la part d'interprétation,
05:23là aussi, on peut, dans la présentation des arguments idéologiques,
05:29il faut être rigoureux, ce n'est pas parce qu'on donne son avis
05:33qu'il n'y a pas des règles de logique à respecter.
05:37Et puis après, il y a la part subjective, tout le monde en a une.
05:40Elle est corrigée de plusieurs façons, dans un journal comme le nôtre,
05:42et tu le sais, c'est que d'abord, on discute entre nous,
05:45c'est-à-dire qu'entre nous, même à l'intérieur de cette rédaction,
05:47il y a plusieurs points de vue, autant de points de vue que de journalistes,
05:51et c'est ça qui fait l'intérêt et la richesse de notre métier,
05:53c'est que, avant de prendre des positions,
05:55et tu me faisais référence à l'éditorial par exemple,
05:57c'est une chose qui est discutée à l'intérieur de la direction de la rédaction,
06:01pour que, finalement, ce qu'on exprime dans le journal dépasse notre subjectivité.
06:07Notre subjectivité est présente dans le résultat final,
06:10mais un journal, ça dépasse le point de vue subjectif des gens qui l'écrivent.
06:14Ensuite, un journal a une ligne.
06:15C'est vrai que le Nouvel Observateur a toujours été un journal progressiste, de gauche,
06:20démocrate, c'est très important, qui a beaucoup critiqué la gauche totalitaire dans les années 70,
06:25qui a beaucoup critiqué l'intolérance sous toutes ses formes,
06:29et donc, il est fidèle à ses valeurs humanistes.
06:32Il n'y a aucune raison qu'il en change,
06:33puisque ce sont plutôt des valeurs utiles à la collectivité.
06:37Donc oui, ça, on l'assume, et les gens qui nous lisent le savent,
06:41mais ça ne veut pas dire qu'ils sont obligés d'adhérer à tout ce qu'on dit.
06:43Ils peuvent aussi prendre d'autres points de vue, nous critiquer, nous engueuler,
06:47ou discuter avec nous à travers TikTok, ça nous aide aussi.
06:51– Merci beaucoup Sylvain d'être venu répondre à nos questions.
06:54Merci beaucoup aux tchats pour toutes ces questions, vous avez été nombreux.
06:58J'espère qu'on a pu répondre à vos interrogations.

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