• il y a 6 mois
Enregistrement de l'interview du président à la télévision française TF1.

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Transcription
00:00On s'est parlé des guerres de 2024, l'Ukraine, Gaza et nous consacrerons quelques minutes aux élections européennes, c'est très bientôt.
00:08Mais d'abord vous avez souhaité prendre la parole à trois jours des élections européennes et ça a suscité les critiques, la colère même des candidats notamment.
00:17Ils vous reprochent d'accaparer la parole au risque de fausser le scrutin. Est-ce qu'un président peut faire ça ?
00:24D'abord nous allons parler, je l'espère, des commémorations de l'Ukraine, de ce qui se passe au proche Moyen-Orient et c'est je crois le rôle d'un président de la République de s'exprimer.
00:34Parler un 6 juin est une chose importante pour ne pas qu'on confonde la mémoire et ce qui se passe dans la vie de la nation.
00:40Et ce n'est pas moi qui ai choisi la date du 6 juin, elle est là. Et parler des européennes au moment où nous vivons, j'essaierai de dire pourquoi, c'est essentiel pour la vie du pays et le cours de la nation.
00:52Je pense que c'est aussi mon rôle, il faut le faire à la place qui est celle du président de la République.
00:57Et je tiens à remercier le maire de Caen, la ville de Caen qui nous accueille, nous sommes dans cette abbaye aux hommes.
01:02Et je crois que nous pouvons être aussi fiers de ce patrimoine qui est celui de la France.
01:08Votre rôle ce n'est pas de rester au-dessus de la mêlée ?
01:10Notre interview de ce soir nous dira si je suis au-dessus, dedans ou en dessous. J'espère être au-dessus, c'est bien mon rôle, c'est comme ça que je le vis.
01:17Et vous ne comprenez pas alors que c'est...
01:19J'ai du mal à comprendre pourquoi parler du débarquement, parler de ce qui se passe en Russie, parler de ce qui se joue avec ces élections européennes, c'est ne pas être dans mon rôle.
01:28Monsieur le Président, quelle est à votre sens la signification de ces commémorations ?
01:33Le président Joe Biden, président américain, a une idée très précise.
01:37Ces commémorations commémorent la lutte contre la barbarie, la tyrannie nazie et il fait un parallèle avec une autre tyrannie aujourd'hui en Russie.
01:47Vous employez ces mots-là ?
01:48D'abord je veux dire que les Français étaient au rendez-vous de ce jour, y compris hier.
01:53On était hier pour célébrer aussi la résistance bretonne et le débarquement a commencé le jour d'avant du débarquement,
02:00quand les premiers parachutistes français et britanniques sont arrivés en Bretagne.
02:04On a commémoré Saint-Lô et cette mémoire civile de celles et ceux qui ont été sacrifiés par les bombardements alliés de l'été 44.
02:14Et là nous allons célébrer à la fois nos Français, ceux du bataillon Kieffer, mais aussi nos alliés de ce débarquement avant au moins d'août de faire le débarquement de Provence.
02:23Les Français sont là parce qu'ils tiennent à ce moment de notre histoire.
02:2680 ans après, ce sont sans doute les dernières grandes célébrations où nous pouvons avoir des anciens combattants, des vétérans qui sont encore là, qu'on doit célébrer et chérir.
02:36C'est ça pour moi le premier objectif, c'est ensuite de transmettre cette mémoire, d'en transmettre la force, la charge symbolique.
02:42Et oui, on ne peut pas s'empêcher de faire un parallèle et de se dire notre pays avait résisté pendant quatre années,
02:48quand tout poussait à céder, et nous avons eu cette force de nos alliés qui nous a permis d'aller à la victoire et à la liberté.
02:58Nous avons en Europe aujourd'hui l'Ukraine, le président ukrainien était là, vous avez vu d'ailleurs la réaction de nos compatriotes.
03:04Un peuple qui est face à une puissance que je ne compare pas à l'Allemagne nazie, elle n'a pas la même idéologie,
03:09mais une puissance qui est impérialiste, qui au fond fout le pied du droit international, la Russie, et qui a dit moi je vais vous envahir.
03:16L'aider à résister c'est protéger en effet ses valeurs, notre droit, la souveraineté des Ukrainiens, leur intégrité territoriale, et donc c'est éviter la loi du plus fort.
03:27Mais il y a dix ans ici même sur les plages du débarquement, pour le 70e anniversaire, le président Vladimir Poutine,
03:32qui avait déjà un excès de force, l'a crimé, était invité. Aujourd'hui il n'est pas le bienvenu.
03:36Non, parce que vous l'avez très bien dit, il s'est passé une rupture en 2022.
03:40Il avait déjà violé le droit international en 2014.
03:43Mais je pense qu'à l'époque le président Hollande et la chancelière Merkel ont eu raison d'essayer d'engager.
03:47Il avait violé le droit international mais il s'était arrêté. Il avait une position gelée.
03:51Il l'avait d'ailleurs violé quelques années plus tôt en Géorgie.
03:54Et il avait poussé aussi des alliés à lui pour le violer dans d'autres pays.
03:59Mais je pense qu'ils ont eu raison à l'époque d'essayer, par la voie de la diplomatie, d'abord à Minsk de signer ses accords,
04:06parce qu'il y avait un chemin qui était possible pour retrouver la paix, et une paix durable.
04:12Et ça avait été accepté par les Ukrainiens et les Russes.
04:15Le président Poroshenko à l'époque et le président Poutine avaient signé à Minsk un peu avant, en février.
04:20Et donc c'était tout à fait légitime de les inviter.
04:22Là, qu'est-ce qui s'est passé ?
04:24En février 2022, le président Poutine a décidé de lancer une guerre complète, il faut bien le dire.
04:31Et donc de ne pas respecter ce qu'il avait lui-même signé, de se mettre en infraction complète,
04:36et de procéder à des vrais crimes de guerre qu'on a pu déjà constater.
04:40Et en effet, de fouler au pied le droit international.
04:43Et aujourd'hui, l'Ukraine est une nation qui résiste, se bat,
04:45et ce faisant, la Russie a un peu trahi le message de la libération et du débarquement.
04:51Est-ce que ça signifie qu'aujourd'hui, le seul moyen de faire la paix, c'est de gagner la guerre ?
04:57On ne négociera plus avec Vladimir Poutine, il faut attendre de mener sur le terrain.
05:02La France veut la paix, et nous nous battons depuis le premier jour pour la paix.
05:07Mais il faut être d'abord tout de suite clair, la paix, ça ne peut pas être la capitulation de l'Ukraine.
05:12J'entends beaucoup de gens qui disent, faisons la paix, ça s'arrête là où c'est,
05:15puis les Ukrainiens ont qu'à se mettre d'accord, le président Poutine a dit qu'il était d'accord.
05:19Ça c'est la capitulation, et ça n'est pas une paix durable,
05:22parce que c'est une paix qui reconnaîtrait le fait accompli, la loi du plus fort.
05:27Et le jour d'après, elle nous met tous en danger, parce que qui dit que la Russie s'arrêtera là ?
05:31Nous sommes sûrs du contraire, et la Russie est à nos frontières.
05:35Donc la seule paix que nous défendons, c'est une paix qui d'abord est négociée par les deux parties,
05:41et qui permet de respecter le droit international.
05:43Et donc qui, dans le cadre du droit international, donne une place au Donbass,
05:48cette région de l'Est qui a été envahie, à la Crimée, par la négociation.
05:53Et donc pour répondre très précisément à votre question,
05:55la paix doit arriver par le biais d'une négociation, qui doit se faire à un moment donné.
06:00Ce moment n'est pas encore là, puisque la Russie continue d'avancer, et la Russie continue d'envahir.
06:05Je vais vous dire, déjà le moment ne peut arriver que si l'Ukraine résiste.
06:10Et donc si nous n'avions pas fait, nous Européens, nous Américains, Canadiens, Japonais,
06:16et l'ensemble de ceux qui aident depuis deux ans, massivement,
06:19si nous n'avions pas fait tout ça, au moment où nous nous parlons ce soir,
06:22l'Ukraine serait déjà un satellite russe, elle aurait été envahie.
06:26Donc elle résiste, elle tient, et quand elle en décidera,
06:30quand on verra tous que les conditions sont réunies, une négociation se fera.
06:33Elle n'est pas au bord de l'effondrement, parce que vous dites, elle résiste, elle tient.
06:36Vous craignez, il y a quelques mois, qu'elle s'effondre.
06:39Je le disais en janvier, février, et avec vous au mois de mars,
06:43elle est sous une forte pression.
06:45Et aujourd'hui, la Russie, on le voit à Kharkiv, est en train vraiment d'assainer des coups de boutoir.
06:51Les infrastructures énergétiques, tout ce qui permet de tenir, et permettra de tenir en hiver, est attaqué.
06:56Et donc la situation est difficile.
06:58C'est pour ça que j'avais appelé de mes voeux un renforcement de notre aide,
07:01ce que nous sommes tous en train de faire, et ce que nous ferons demain avec le président Zelensky.
07:05Ce renforcement, Volodymyr Zelensky va inévitablement vous le demander demain, vous allez le rencontrer.
07:09Est-ce que la France va franchir un pas en qualité, en quantité, en nature, dans l'aide fournie à l'Ukraine ?
07:14Oui. D'abord, nous avons toujours la même philosophie.
07:18Nous aidons les Ukrainiens à résister, mais nous ne voulons pas l'escalade de la guerre,
07:23et en aucun cas, nous ne sommes en guerre contre la Russie et son peuple.
07:26C'est très différent.
07:27Concrètement, qu'est-ce que vous allez donner aux Ukrainiens ?
07:29Demain, nous allons lancer une nouvelle coopération et annoncer la cession de Mirage 2000-5,
07:34qui sont des avions de combat français, qui permettront à l'Ukraine de protéger son sol, son espace aérien.
07:42Et donc dès demain, nous allons lancer un programme de formation des pilotes,
07:46et puis de cession de ces avions, qui permettra d'ici à la fin de l'année.
07:50Alors, la France va s'exprimer pour elle-même demain,
07:52mais surtout, nous sommes en train de bâtir une coalition avec d'autres partenaires.
07:56Donc, je ne serai pas définitif ce soir sur le nombre,
07:59mais l'objectif, c'est que comme nos partenaires le font sur le F-16, qu'on puisse le faire.
08:05Ce qui est le facteur dimensionnant, c'est le temps de formation des pilotes.
08:08Et donc, on va proposer au Président Zelensky que les pilotes puissent être formés dès cet été.
08:13Il faut normalement 5 à 6 mois.
08:15Et donc, que d'ici à la fin de l'année, ils puissent avoir pilotes et avions.
08:18Formés en France ou là-bas ? En France ou en Ukraine ?
08:20C'est en France que nous formerons les pilotes.
08:21Tous les pilotes ukrainiens sont formés en France.
08:23Il n'y aura pas de formateurs français en Ukraine ?
08:25Pour revenir, c'est la question de la formation, si vous le souhaitez, qui est distincte.
08:28Mais ça, oui.
08:29La deuxième chose, c'est que notre souhait, c'est aussi de former une brigade.
08:34Le défi qu'a l'Ukraine, c'est qu'elle a mobilisé, on en a beaucoup parlé, vous en avez parlé dans vos antennes,
08:39et elle est en train de mobiliser plusieurs dizaines de milliers d'hommes pour aller au front.
08:46Le défi, c'est évidemment de les former, de les équiper.
08:49Ce que nous proposons, c'est de former 4 500 soldats ukrainiens.
08:54Donc de les équiper, de les entraîner, et puis de leur apporter justement les munitions, les armes,
09:00ce qui leur permettra de défendre leur sol.
09:02Et ça, cette brigade, si je puis dire, française, c'est un facteur très dimensionnant.
09:07On a déjà beaucoup fait avec nos partenaires allemands, polonais, et quelques autres,
09:11en formation depuis le début du conflit.
09:13On passe à un nouveau stade, et on dit là, une brigade, donc 4 500 hommes, on va la former.
09:18Donc il y aura des formateurs français sur le sol ukrainien ?
09:20Alors, ça, c'est une autre question qui est un changement de nature,
09:23dont nous avons débattu en février dernier, quand vous vous souvenez, j'avais...
09:26Mais depuis, la situation a changé ?
09:27Accueilli. Donc moi, je pense qu'il ne doit pas y avoir de tabou sur ce sujet.
09:30Le sol ukrainien est souverain. Il ne s'agit pas d'aller former sur la zone de combat.
09:34Mais au moment où l'Ukraine a un défi, on doit y répondre comme on l'a fait à chaque fois.
09:39Mais les Russes vous ont entendu ?
09:40Le Président, j'explique juste la situation pour que ça soit clair pour nos compatriotes,
09:44parce que sinon, on s'attache toujours, et quelque part, pardon,
09:47mais tombez tous dans le piège de Poutine, qui vous indique un endroit en faisant peur,
09:51et tout le monde dit est-ce qu'ils ont réagi ou pas à ça ?
09:53Il faut d'abord savoir ce qui a du sens.
09:54Il nous indique même une cible.
09:55Ce qui a du sens.
09:56Les formateurs, c'est autre chose.
09:57Oui, mais ce qui a du sens, vous demandez d'abord aux Ukrainiens.
10:00Vas-y, qu'est-ce qui a du sens pour les Ukrainiens ?
10:02Ils sont en train de former des milliers, je le disais, de soldats.
10:06On voit bien que quand ils en avaient quelques centaines, ou que ça a été plus lent,
10:10on pouvait aller les former, ce qu'on a fait en France, en Allemagne, en Pologne, ou ailleurs.
10:15Là, il y a un défi capacitaire.
10:17Il faut aller beaucoup plus vite.
10:18La masse est plus importante.
10:20Et c'est pourquoi le président ukrainien, son ministre de la Défense,
10:25a appelé l'ensemble des alliés, il y a 48 heures, par une lettre officielle,
10:30en disant nous avons besoin que vous nous aidiez à former plus vite,
10:33et que vous veniez le faire sur notre sol.
10:35Donc ça, ça veut dire qu'il y a une demande.
10:36Chaque fois qu'il y a une demande, on a regardé, puisqu'on veut aider.
10:39La deuxième chose qu'on doit se demander, c'est est-ce que c'est quelque chose qui est un facteur d'escalade ?
10:44La réponse est non.
10:45Aller former quelqu'un dans la zone ouest, qui est une zone libre en Ukraine,
10:49ça n'est pas agressif à l'égard de la Russie.
10:52Mais c'est un facteur d'escalade s'ils sont tués, s'ils sont ciblés et tués.
10:56Mais pourquoi voulez-vous que ce soit en soi un facteur d'escalade ?
10:59Sachant qu'aujourd'hui, nous avons des compatriotes qui sont en Ukraine,
11:02ils ne sont pas soldats, mais ils sont civils.
11:04Mais vous nous dites que si les formateurs sont ciblés parce que formateurs,
11:07comme il l'indique les Russes aujourd'hui.
11:09Vous pensez que c'est moins grave d'avoir un civil français, allemand, britannique,
11:15qui est tué en Ukraine, qu'un soldat ?
11:17Symboliquement, c'est très différent.
11:19Mais s'il est ciblé ?
11:20Pas symboliquement, parce que c'est le rôle aussi de ces soldats de s'engager dans ce conflit.
11:24Donc on a une drôle d'approche.
11:25Ce que je dis juste, c'est que la question de la formation en Ukraine aujourd'hui
11:28est demandée par les Ukrainiens.
11:30La deuxième chose, c'est qu'elle n'est pas en soi un facteur d'escalade.
11:33Troisième, c'est que nous sommes en train de travailler avec l'ensemble de nos partenaires,
11:37et c'est sur la base d'une décision collective que, à ce moment-là, nous déciderons en coalition.
11:42Vous dites que ce n'est pas un facteur d'escalade.
11:44Mais si on additionne les choses, c'est-à-dire que vous avez autorisé à utiliser les armes françaises
11:49pour tirer sur des troupes.
11:51Et vous aurez noté que tous les alliés ont fait comme nous.
11:53Exactement. Mais en plus, vous, vous rajoutez cette possible formation sur le terrain.
11:58Mais comme plusieurs alliés sont en train de le considérer.
11:59Donc ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit.
12:01Je n'ai pas dit qu'aujourd'hui, vous avez des formateurs sur le terrain français.
12:05Non, ni nous n'allons le faire demain.
12:07Ce que je vous dis, c'est que pourquoi l'exclurions-nous ?
12:10Parce que ça reste dans notre axe, c'est-à-dire qu'on protège.
12:13Et je vous invite à regarder ce qui s'est passé durant les deux années, un peu plus, qui viennent de s'écouler.
12:17Parce que vous avez annoncé les nouveaux, monsieur le Président.
12:19Oui, mais ce n'est pas ça ce que j'ai annoncé.
12:21Ce sont les avions.
12:23Ces Mirages pourront-ils viser des cibles sur le sol russe ?
12:26Ces Mirages qui seraient, par hypothèse, sur le territoire ukrainien, peuvent-ils viser des cibles dans l'espace aérien russe ?
12:32Répondre très précisément à cette question, à laquelle j'ai déjà répondu aussi précisément il y a quelques jours en Allemagne, à côté du chancelier.
12:39C'est toujours la même chose.
12:41Nous sommes aux côtés des Ukrainiens pour qu'ils se défendent et nous ne voulons pas d'escalade.
12:45Donc on a, depuis le début, donné des armes qui permettaient d'atteindre.
12:48Durant des mois, les Russes attaquaient sur la ligne de front.
12:53La question ne se posait pas.
12:55Ensuite, ils ont décalé les équipements, plus en profondeur, sur le sol ukrainien.
13:00C'est à ce moment-là que vous avez vu les Britanniques, les Américains, les Français envoyer des missiles qui permettaient d'atteindre ces points, qui avaient une plus longue portée.
13:08Certains autres n'ont pas fait ce choix, n'ont pas pu pour des raisons politiques. Nous, on l'a fait.
13:12Maintenant, les Russes font autre chose, en particulier sur la partie nord du front, depuis Belgorod et d'autres points.
13:18Ils attaquent depuis le sol russe.
13:20Si on dit aux Ukrainiens, vous ne pouvez pas neutraliser ces capacités russes, c'est-à-dire les armes que mettent les Russes pour vous attaquer,
13:28à ce moment-là, on leur dit, vous ne pouvez plus vous défendre.
13:30Parce que ça veut dire que tous les jours, ils peuvent supporter une pluie de missiles et de bombes qui tuent, qui détruit.
13:37Et donc, on dit, on ne vous permet pas d'utiliser nos armes pour attaquer des civils, pour toucher tel ou tel point en Russie,
13:43mais pour neutraliser les points depuis lesquels vous êtes attaqué.
13:46Mais avec une limite. Le président Biden, aujourd'hui même, dans une interview, dit, pas à 300 kilomètres à l'intérieur du territoire russe.
13:53Vous-même, vous avez fixé une limite, 50 kilomètres, 100 kilomètres ?
13:56La limite, elle est fixée par ce que font les Russes.
13:59Nous n'avons jamais été dans l'escalade. Il faut quand même qu'on remette les choses dans le bon ordre, dans notre approche.
14:05Ce n'est pas nous qui avons attaqué l'Ukraine.
14:07Ce n'est pas nous qui décidons maintenant qu'on change la méthode et qu'on va, depuis le sol russe, attaquer l'Ukraine.
14:11Ça fait 80 ans que la France n'a pas bombardé la Russie depuis un pays autre, un pays tiers.
14:18Mais je ne vous ai pas dit que nous allons nous bombarder, puisque nous n'allons pas nous envoyer des pilotes.
14:22Des avions français formés par des pilotes français.
14:25Mais aujourd'hui, vous avez des munitions, des équipements, depuis le début de la guerre, français, allemand, anglais, américain.
14:31Et s'ils n'existaient pas, aujourd'hui, nous serions là pour déplorer que l'Ukraine a capitulé.
14:36Les Russes, ils vous ont bien entendu. Ils ont entendu que vous alliez les cibler.
14:40Enfin, qu'on allait pouvoir utiliser nos armes françaises pour les cibler.
14:44Ils ont dit, on va faire pareil. On va vendre, on va donner des armes à des ennemis de la France et ils vont pouvoir les attaquer.
14:50Alors, évidemment, on pense aux tentatives de déstabilisation.
14:53On pense également à l'arrestation d'un russo-ukrainien hier avec un matériel explosif.
14:58Est-ce que vous ne craignez pas le terrorisme russe ?
15:01Écoutez, d'abord, depuis le premier jour...
15:03Juste pour compléter la question d'Anne-Sophie, on a appris également aujourd'hui qu'un ressortissant français avait été arrêté à Moscou
15:08parce qu'il est soupçonné d'espionnage militaire depuis de longues années, nous disent les Russes.
15:13D'abord, qu'en savez-vous et que savez-vous du sort de cet homme ?
15:17Alors, vous voyez, on passe beaucoup de temps à commenter ce que les Russes font, à dessein, pour nous intoxiquer ou nous faire peur.
15:25C'est pour ça que je remets toujours en perspective en disant...
15:27Bien sûr, non. Non, il faut être déterminé.
15:30Et il faut toujours, je vous le dis, nous on veut la paix.
15:33La paix ne se fera que si l'Ukraine peut résister.
15:36C'est ce qu'on veut. Mais nous on ne veut pas d'escalade, on n'est pas en guerre avec la Russie.
15:39C'est exactement dans ce cadre qu'on agit, que je ferai les annonces de demain, qu'on continuera d'agir.
15:44Et d'ailleurs, les Français le comprennent très bien.
15:46Quand je vois leur soutien, la réaction tout à l'heure de nos compatriotes, au président ukrainien, aux messages, était probante.
15:53Donc, pour être très précis et très clair par rapport à ce que vous dites,
15:57depuis le premier jour, les Russes menacent.
16:00De la bombe nucléaire, de telle ou telle attaque, ça ne change rien.
16:03Le tout, c'est que nous ne soyons pas en faute, nous ne le sommes pas.
16:06On est dans ce cadre.
16:07Donc, il faut prendre cela comme des menaces, un signe aussi de fébrilité de la part de la Russie.
16:12Mais nous nous sommes organisés, si je puis dire, pour faire face à tous les risques.
16:17Les attaques cyber, les risques de provocation, comme on en a eu encore ces derniers jours, les attaques informationnelles.
16:23Et en effet, qui des services spéciaux ou des gens qu'ils actionneraient pour essayer telle ou telle action ?
16:30Nous sommes prêts à cela, nous sommes équipés, nous nous préparons.
16:33Vous confirmez qu'un Français a été arrêté ?
16:35Oui. Un de nos compatriotes a été arrêté en Russie.
16:39Et donc, il s'agit, pour être très clair, parce que beaucoup de choses ont été dites par les autorités russes sur son sujet,
16:45il s'agit d'un de nos compatriotes qui travaille pour une organisation non-gouvernementale suisse,
16:50qui a été fondée par l'ancien secrétaire général des Nations Unies, Kofi Annan,
16:54et qui fait de la diplomatie, des travaux de discussion.
16:58Ce n'est pas ce que disent les Russes.
17:00Espionnaient depuis de longues années, disent-ils.
17:02Oui, d'abord, je le dis parce que c'est important.
17:04C'est un compatriote français.
17:06Qui travaille pour une ONG suisse et qui, donc, sert beaucoup de grandes figures internationales.
17:12En aucun cas, ça n'était quelqu'un qui travaillait, qui travaillait pour la France.
17:15Maintenant, nous sommes très vigilants.
17:17Il recevra toutes les protections consulaires qui conviennent dans un tel cas.
17:20Mais je veux ici rétablir la vérité face aux intoxications qu'on entend.
17:24Encore juste un mot sur Volodymyr Zelensky, qui vient vous voir demain.
17:27Il a aussi une autre demande à vous faire, c'est celle d'intégrer l'Union Européenne.
17:31Quelle est, vous, lui répondre ?
17:33La France, quand nous avions la présidence de l'Union Européenne, a eu un rôle, je crois, moteur.
17:40Et nous avons eu ce déplacement avec le chancelier Scholz et, à l'époque, le président du conseil Mario Draghi
17:46et le président Ioannis de Roumanie pour proposer qu'on reconnaisse le statut de candidat de l'Ukraine à l'Union Européenne.
17:54Vous allez plus vite, là, aujourd'hui.
17:56Oui, mais nous, on ira au rythme qui est à la fois bon.
17:58Le signal politique est envoyé. Et nous, après, c'est un rythme qui est aussi celui de la capacité à intégrer l'acquis communautaire.
18:04Et donc, nous allons l'aider à le faire.
18:06Et je pense que c'est aussi un levier qui permet à l'Ukraine de faire des réformes qui sont importantes, de s'améliorer.
18:11Mais on doit le faire aussi en gardant l'unité, l'intégrité, la force de notre Europe.
18:16Et il faudra du temps.
18:18En tout cas, ce n'est pas une question de moi, c'est une certitude.
18:20Mais je pense que c'est aussi une opportunité pour que l'Ukraine conduise toutes les réformes qui sont indispensables.
18:27Et ça rime à notre Europe.
18:29Et je pense qu'à cet égard, c'est une chance pour l'Ukraine et pour nous.
18:31Mais ce n'est pas pour demain.
18:33Je voudrais qu'on parle d'un autre conflit.
18:35Gaza. Aujourd'hui, 17 pays, dont la France, appellent le Hamas à accepter une proposition de cesser le feu.
18:41Est-ce que vous croyez qu'avec tant de haine accumulée de part et d'autre, un cessez-le-feu est à portée de main, rapidement, réalistiquement ?
18:49Il le faut.
18:51Parce que, comme vous l'avez dit, chaque jour qui passe d'abord accroît le drame humanitaire.
18:55Et nous sommes tous bouleversés par ce qui se passe.
18:57Et accroît, en quelque sorte, l'impossibilité du débat, de la discussion politique indispensable.
19:03Donc, nous soutenons très fortement cette initiative.
19:07Et nous l'appelons de nos voeux, depuis le mois d'octobre.
19:09Nous avons plusieurs fois, depuis le mois d'octobre, poussé des résolutions, ou pris l'initiative de résolution aux Nations Unies, allant dans ce sens.
19:16La position de la France est claire.
19:18Là aussi, c'est la paix, et c'est l'unité à la maison, si je puis dire, chez nous.
19:24C'est la condamnation implacable des attaques terroristes du Hamas, le 7 octobre.
19:30C'est la demande de libération immédiate de tous les otages.
19:34C'est le respect du droit humanitaire, et donc le cessez-le-feu le plus tôt possible.
19:40Et c'est la promotion d'une solution politique permettant à deux États de vivre côte à côte en sécurité pour chacun.
19:48Deux ressortissants français sont possiblement, aujourd'hui, otages, vivants. Avez-vous de leurs nouvelles ?
19:55Non, nous n'avons pas de leurs nouvelles.
19:57Et je pense ici à leur famille, à l'angoisse qu'elles vivent depuis le 7 octobre, comme je pense aux familles de nos victimes.
20:04Nous nous faisons tout pour, et c'est évidemment un des éléments importants pour nous, de ce plan qui est sur la table,
20:10qui est un plan de cessez-le-feu, de libération d'otages et de reprise de dialogue.

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