100% Sénat - JO : la géopolitique des grands événements

  • il y a 3 mois
100% Sénat diffuse et décrypte les moments forts de l'examen des textes dans l'Hémicycle, ainsi que des auditions d'experts et de personnalités politiques entendues par les commissions du Sénat.
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00:00:00Bonjour à tous, ravi de vous retrouver sur Public Sénat pour un nouveau numéro de 100% Sénat,
00:00:14l'émission qui vous fait vivre les travaux de la Haute Assemblée.
00:00:17On va parler des Jeux Olympiques Paris 2024 aujourd'hui puisque les sénateurs ont auditionné des chercheurs
00:00:22sur la géopolitique des grands événements sportifs dans la perspective des Jeux Olympiques.
00:00:26Je vous laisse écouter cette audition.
00:00:28Il y a quelques semaines du début des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024,
00:00:33il nous a semblé intéressant de vous entendre sur les enjeux géopolitiques de ces Jeux.
00:00:37Je pense que les événements récents en France ne vont pas amoindrir l'intérêt de votre audition.
00:00:43Le sport a toujours été un enjeu politique, notamment pendant la guerre froide.
00:00:46Les Jeux de Pékin en 2008 ont mis en évidence le retour de la puissance chinoise au premier plan,
00:00:51tandis que la puissance des marques américaines nous rappelle régulièrement le lien entre sport et business lors de ces événements.
00:00:57Depuis une dizaine d'années, la diplomatie du sport a pris une nouvelle dimension avec l'implication des pays du Golfe.
00:01:03On peut penser aux investissements du Qatar, des Émirats arabes unis et plus récemment de l'Arabie saoudite
00:01:08dans le financement du sport et plus particulièrement du football comme outil d'influence.
00:01:13Avec la guerre en Ukraine et à Gaza, les Jeux de Paris risquent d'être un miroir des tensions internationales et nationales.
00:01:20Sans être nouveau, ce phénomène va-t-il prendre une nouvelle dimension du fait de l'émergence d'un Sud global
00:01:25qui voudrait contester les positions occidentales ? Faut-il craindre, selon vous, que cet événement sportif ne devienne un lieu d'affrontement
00:01:31à travers les tentatives de cyberattaques ou des contestations organisées par des militants,
00:01:36comme on a pu le voir récemment dans certaines universités aux États-Unis et en Europe ?
00:01:41Est-ce que ces nouvelles ingérences politiques dans le sport pourraient être de nature à faire hésiter les États
00:01:47ou en tout cas les États démocratiques à organiser ce type d'événements qui, par ailleurs, coûtent de plus en plus cher ?
00:01:52On sait qu'il y a de moins en moins de candidats pour organiser les Jeux d'été et les Jeux d'hiver.
00:01:57Voici quelques questions très actuelles que nous avions envie de vous poser afin que vous puissiez esquisser cette géopolitique du sport
00:02:03qui est évidemment l'objet de vos recherches.
00:02:06Comme d'habitude, je vous propose de commencer par présenter les résultats de vos travaux dans le cadre d'une intervention liminaire d'une quinzaine de minutes,
00:02:14en quoi après je laisserai la parole à nos collègues.
00:02:17Je suis désolé pour un peu le rétrécissement, j'allais dire, de l'auditoire, mais la période actuelle complique un petit peu les choses.
00:02:26Je vous rappelle que cette audition est captée et diffusée en direct sur le site du Sénat et qu'elle fera donc l'objet d'un compte rendu qui sera publié.
00:02:34Je vous propose de vous laisser la parole et ensuite nos collègues auront l'occasion de vous interroger. Merci beaucoup en tout cas.
00:02:41Merci M. le Président. Mesdames, Messieurs, je vais commencer l'intervention, Lucas la poursuivra.
00:02:52Vous présentiez justement les Jeux olympiques dans leur contexte actuel. Je vais me permettre de revenir rapidement dessus.
00:03:00Les Jeux de Paris s'inscrivent dans un contexte qui est assez particulier, je pense qu'on en a parlé aussi un peu avant.
00:03:06On est sur les Jeux les plus politisés depuis la fin de la guerre froide, un siècle après les derniers Jeux de Paris.
00:03:11On est dans un contexte où le sport a pris une place définitivement différente.
00:03:16Aujourd'hui, les Jeux sont, à l'instar des grandes manifestations sportives internationales, l'avant scène des relations entre Etats.
00:03:23On y établit un état des lieux, finalement des rapports de force mondiaux.
00:03:27C'est un endroit où finalement les Etats vont s'étalonner les uns les autres, vont se concurrencer.
00:03:32On les voit finalement échanger, se jauger, que ce soit par le classement des médailles ou autrement, s'y jouent leurs images, leurs représentations internationales.
00:03:42Donc, quantité d'enjeux sont liés à ce que longtemps on a présenté comme une bagatelle.
00:03:49Et c'est dans ce contexte-là que finalement s'inscrivent les Jeux de Paris.
00:03:55A la suite finalement des réussites qu'ont constituées Barcelone 92, Londres 2012 ou encore la Coupe du monde au Qatar pour l'actualisation des représentations de ces Etats.
00:04:04Aujourd'hui, ces Jeux s'inscrivent dans un contexte bien particulier.
00:04:07D'abord dans un contexte national, cela ne vous a pas échappé, a considérablement changé depuis dimanche aussi.
00:04:15La dissolution va accroître les tensions nationales.
00:04:21Ces Jeux vont s'inscrire dans cette logique-là.
00:04:24Or, le monde et l'Europe regardent la France.
00:04:26On se retrouve donc au centre de la tension, à un moment où justement les tensions n'ont jamais été aussi élevées.
00:04:32Mais aussi à un moment où se joue la marque France, c'est-à-dire en termes de national branding.
00:04:38Le pays joue une carte importante pour la décennie qui vient.
00:04:42D'autant qu'il a considérablement investi en termes d'images sur cette question-là.
00:04:48On a pu voir par exemple dans le cadre du programme Shoes France l'image des Jeux être poussée.
00:04:53Tout un ensemble de manifestations et d'actions a été mis en place dans ce contexte-là.
00:04:58Sauf que ces Jeux s'inscrivent aussi dans une trajectoire historique plus complexe.
00:05:04C'est le souvenir des émeutes urbaines, c'est le souvenir des Gilets jaunes, c'est le souvenir des attentats.
00:05:09Ce contexte national reste extrêmement heurté.
00:05:14Ces Jeux vont être l'occasion dans le contexte national de montrer finalement une autre image de la France.
00:05:20Une image maîtrisée, ce qu'on appelle un récit.
00:05:24Ce récit national va donc être compliqué à construire en ce moment.
00:05:28Et c'est pour ça aussi qu'il va y avoir un intérêt à réfléchir à cette question-là.
00:05:33D'autant qu'après les Jeux de Paris, et si ces Jeux sont une réussite, il y a la perspective des Jeux 2030 dans les Alpes.
00:05:41Et puis il y a des questions d'ambition aussi personnelles.
00:05:44Il ne vous a pas échappé que ceux qui organisent aujourd'hui ces Jeux, et finalement le pays,
00:05:48vont voir leur trajectoire être littéralement affectée par cette dimension.
00:05:52Du président du CNESF, David Lepartien, en passant par la maire de Paris,
00:05:56jusqu'à la présidence et aux ministres qui sont en charge, et qui seront en charge à ce moment-là.
00:06:01Là, la question se pose.
00:06:03Donc on est aussi dans un contexte national compliqué, qui s'ajoute à un contexte régional européen,
00:06:09où les extrémismes montent, on l'a vu avec les élections européennes,
00:06:13où le risque sécuritaire et géopolitique n'a jamais été aussi fort,
00:06:16et où la pression des régimes libéraux et autoritaires n'aident en rien à la sérénité avant les Jeux.
00:06:22Tout ça s'inscrit donc dans un contexte plus général, et finalement plus global,
00:06:26où on a un retour de la guerre, où on a une réactivation du conflit israélo-palestinien
00:06:30qui menace directement l'événement, avec finalement un ensemble de difficultés qui s'ajoutent.
00:06:40C'est ce que moi j'appelle la somme de toutes les peurs.
00:06:42C'est-à-dire que si vous regardez aujourd'hui ces Jeux, vous êtes face à une série de défis, si on est positif,
00:06:48de challenges, et plus exactement de risques.
00:06:52D'autant que ce réactif à ce moment-là des mémoires, c'est la mémoire des Jeux de Munich,
00:06:56avec ce qui est arrivé à la délégation israélienne, finalement assassinée par le commando septembre noir.
00:07:03C'est aussi le spectre de l'attentat des Jeux d'Atlanta en 1996.
00:07:07Au cœur du village olympique, un attentat se déroule,
00:07:10et vous avez derrière toutes les analogies plus ou moins ineptes, il faut le reconnaître, avec les Jeux de 1936.
00:07:16On est donc ici face à un ensemble d'aléas et d'enjeux qui font exploser le nombre de risques.
00:07:23On a d'abord un risque réputationnel.
00:07:25Vous avez 4 milliards de personnes qui vont regarder ces Jeux.
00:07:28C'est-à-dire que c'est simple, avec le coronavirus, ça va être la chose la plus partagée.
00:07:32C'est la manifestation humaine qui va être la plus regardée.
00:07:35La moitié de l'humanité va être touchée par ces images.
00:07:38Et donc, ça pose aussi une question informationnelle.
00:07:42C'est-à-dire que derrière, il va falloir être en capacité de construire le récit qui accompagne cette manifestation.
00:07:48Il y a évidemment la dimension sécuritaire.
00:07:50On en parlera si vous voulez.
00:07:52Il y a la question cyber aussi, puisque tout ça, aujourd'hui, s'associe.
00:07:55Vous ajoutez à ça la question organisationnelle.
00:07:58Alors, on a une compétence en France, on l'a vu avec la Coupe du monde de rugby,
00:08:01mais on l'a aussi vu avec la Ligue des champions,
00:08:03lorsqu'on a accueilli la finale entre Liverpool et Real Madrid.
00:08:07Aujourd'hui, c'est donc devenu une question politique, dans un contexte local inflammable.
00:08:11Alors, le pire n'est jamais certain.
00:08:13L'ensemble des défis est conséquent.
00:08:15Ça met en jeu énormément d'acteurs.
00:08:17Et je vais laisser la place et la parole à mon camarade.
00:08:25Merci.
00:08:26Merci, Jean-Baptiste.
00:08:28Monsieur le Président, mesdames et messieurs,
00:08:30je vais continuer la prise de parole de mon camarade.
00:08:34Et je vais commencer par un contexte qui est assez intéressant.
00:08:40Pour que vous le sachiez, mes travaux de recherche portent initialement sur la Russie.
00:08:45Et sur les usages, justement, géopolitiques du sport par le régime de Vladimir Poutine.
00:08:50Et aujourd'hui est un moment assez intéressant,
00:08:53puisque les Jeux des BRICS, donc Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud,
00:08:57commencent justement à Kazan.
00:09:01Les Jeux des BRICS, c'est quoi ?
00:09:03C'est une des manifestations sportives parallèles que Vladimir Poutine organise cette année,
00:09:09pour concurrencer directement les Jeux olympiques et paralympiques de Paris.
00:09:14Il a annoncé que 97 pays différents allaient y participer,
00:09:19que la manifestation allait être regardée par plus d'un milliard de téléspectateurs.
00:09:25Donc il a évidemment gonflé ces chiffres, bien sûr.
00:09:29Mais ce qu'il faut retenir, c'est que le sport est un instrument de pouvoir,
00:09:35et que la Russie, évidemment, dans le contexte de la guerre qu'on connaît,
00:09:39a été exclue d'un certain nombre de manifestations sportives.
00:09:43On le sait, les athlètes russes et bélarus seront présents à Paris,
00:09:49mais sous bannière neutre, sans drapeau, sans hymne,
00:09:52et ne participeront pas à la cérémonie d'ouverture.
00:09:56Ceci a été perçu par le régime russe comme une humiliation à laquelle il fallait répondre,
00:10:02et la réponse se décline à différents niveaux.
00:10:06C'est là qu'on va pouvoir évoquer les risques concrets qui peuvent peser sur Paris 2024.
00:10:13Le premier niveau de réponse de Vladimir Poutine, c'est justement de créer ces événements sportifs parallèles,
00:10:20jugeant que le CIO et les organes internationaux du sport, de manière générale,
00:10:27étaient sous le contrôle des puissances occidentales, les Etats-Unis en tête,
00:10:33et Maria Zakharova, la porte-parole du Kremlin, a qualifié le CIO d'une organisation néo-nazie et russophobe.
00:10:44C'est pour vous donner une idée du ton employé en ce moment,
00:10:49un ton qu'on connaît déjà.
00:10:51Pour répondre à cela, des manifestations sportives parallèles sont organisées d'une part,
00:10:57l'idée étant de concurrencer directement les Jeux traditionnels,
00:11:02les Jeux olympiques, les Coupes du monde de football, etc.
00:11:06Dans un deuxième temps, l'idée va être d'utiliser Paris 2024 comme une plateforme
00:11:12pour diffuser le narratif russe et potentiellement désinformer.
00:11:17Cela va être probablement par le biais de cyberattaques,
00:11:21de diffusion de fake news sur les réseaux sociaux,
00:11:25de création de vidéos à potentiel viral,
00:11:30ce qui peut être des vidéos de 15 secondes type TikTok,
00:11:33des vidéos plus longues de 5 minutes, 10 minutes,
00:11:36qui vont être diffusées sur les réseaux sociaux, sur Youtube, etc.
00:11:40Cela peut aussi être la création de sites internet miroirs type France 24,
00:11:45comme on a pu le voir récemment,
00:11:47sur lesquels vont être diffusées des informations qui vont être destinées à décrédibiliser
00:11:52les JO de Paris 2024.
00:11:55L'idée, de manière générale, est double.
00:11:58C'est diffuser d'une part le narratif russe
00:12:01et d'autre part, c'est créer la confusion dans les démocraties occidentales
00:12:06et notamment dans la démocratie française.
00:12:09On pourrait résumer cette stratégie en une phrase,
00:12:12c'est diviser l'Occident pour mieux régner.
00:12:16On est dans ce contexte-là.
00:12:18Plus largement, et je vais essayer de ne pas être trop long, on y reviendra tout à l'heure, je pense.
00:12:22Plus largement, le sport est devenu une arme au XXIe siècle,
00:12:26elle l'était déjà au XXe siècle, et même au XIXe.
00:12:29On connaît cette phrase de George Orwell, qui est très connue maintenant,
00:12:33qui dit que le sport, c'est la guerre sans les balles.
00:12:36C'est une punchline, mais elle a un sens,
00:12:40surtout à l'aune des guerres hybrides qu'on connaît actuellement.
00:12:44C'est-à-dire qu'on a des guerres traditionnelles qui se déroulent notamment en Ukraine,
00:12:48avec des moyens cinétiques, mais les puissances émergentes,
00:12:52qui ont déjà émergé pour un certain nombre d'entre elles d'ailleurs,
00:12:55utilisent la guerre hybride et un certain nombre d'instruments non cinétiques
00:13:01pour diffuser leur influence.
00:13:03Le sport, aujourd'hui, c'est un instrument puissant dans ce contexte-là.
00:13:07Pourquoi ? Pour deux raisons, Jean-Baptiste, tu l'as rappelé tout à l'heure.
00:13:11En France, les événements sportifs sont regardés souvent,
00:13:14pour ce qu'on appelle la Coupe du Monde et les Jeux Olympiques,
00:13:17par la moitié de l'humanité, donc c'est évidemment énorme.
00:13:20Mais d'un point de vue économique, le mouvement sportif mondial
00:13:24représente entre 1 et 2 % du PIB mondial.
00:13:29Évidemment, c'est énorme.
00:13:31Le mouvement sportif, c'est évidemment les salaires de Cristiano Ronaldo, Lionel Messi, etc.
00:13:36Mais c'est aussi, si vous achetez une paire de Nike ou d'Adidas par exemple,
00:13:40c'est assez vaste, évidemment.
00:13:42Mais dans ce contexte, on a un certain nombre de nouvelles puissances
00:13:45qui cherchent à s'accaparer le sport.
00:13:47Longtemps, c'était l'apanage d'une part de l'Occident, au XXe siècle,
00:13:52avec l'Union soviétique en partie aussi,
00:13:56mais c'était globalement surtout les puissances occidentales qui le possédaient.
00:14:00Depuis 1991, les choses ont changé.
00:14:02On a évidemment maintenant un monde face à nous qui est multipolaire,
00:14:06avec un certain nombre de nouvelles puissances,
00:14:08le Qatar, l'Arabie Saoudite, la Chine, la Russie, l'Inde potentiellement aussi qui vient,
00:14:15un certain nombre de pays d'Afrique aussi,
00:14:17qui cherchent à utiliser le sport comme un instrument de puissance pour diffuser leur influence.
00:14:23Et donc, on est dans ce contexte-là.
00:14:25Et le sport repose, et je m'arrêterai là pour vous laisser la parole pour les questions,
00:14:29le sport repose à l'origine sur un hiatus assez intéressant
00:14:34qui en fait un instrument politique malléable.
00:14:37Ce hiatus, c'est quoi ?
00:14:39C'est ce que Pierre de Coubertin souhaitait à l'origine,
00:14:43c'est-à-dire que lui souhaitait séparer le sport de la politique.
00:14:47Quand il a créé les Jeux Olympiques modernes en 1896 à Athènes,
00:14:51il avait cet objectif, il disait,
00:14:53le sport et la politique doivent être séparés pour rassembler les peuples
00:14:57à l'occasion justement de compétitions sportives comme les Jeux Olympiques.
00:15:01Le problème, c'est que lui-même, Pierre de Coubertin,
00:15:04avait ses propres représentations politiques du monde
00:15:07et qu'il a lui-même à l'origine politisé sa propre compétition
00:15:11pour tout un tas de raisons qu'on pourra évoquer si vous le souhaitez par la suite.
00:15:15Mais toujours est-il qu'aujourd'hui, les grands organes du sport mondial
00:15:21se revendiquent toujours d'un apolitisme
00:15:24là où, justement, un certain nombre d'acteurs autoritaires,
00:15:28je pense au Qatar, je pense à la Russie par exemple,
00:15:31se servent de ce hiatus, cette politique de l'apolitisme, pour s'en servir.
00:15:36Vladimir Poutine répète régulièrement, par exemple,
00:15:39que le CIO ne respecte plus cet apolitisme du sport
00:15:42et que c'est pour ça que la Russie construit ces événements sportifs parallèles
00:15:46et que c'est pour ça que la Russie va utiliser ces événements
00:15:49comme les Jeux Olympiques et Paralympiques
00:15:51comme des plateformes médiatiques pour diffuser leur propre narratif.
00:15:55Je vous remercie.
00:15:57Merci beaucoup, mes chers collègues. Je vous invite à vous inscrire pour les questions.
00:16:00J'ai une première question de Jean-Marc Vesoussefort.
00:16:03Merci. Je ne pensais pas que ça allait passer si vite.
00:16:07Moi, je me suis aperçu que le CIO reconnaissait des États que ne reconnaît pas l'ONU,
00:16:14notamment la Palestine, notamment Taïwan.
00:16:17Donc je voulais comprendre le processus de reconnaissance par le CIO
00:16:23des États qui pouvaient participer au JO
00:16:26et si ça pouvait avoir une incidence politique.
00:16:29Donc est-ce que parfois la reconnaissance par le CIO
00:16:32a pu favoriser la reconnaissance de ces pays par l'ONU ?
00:16:36Si on considère le CIO, il va fonctionner par la reconnaissance d'un comité national olympique.
00:16:44Et donc vous n'avez pas besoin d'être représenté à l'ONU pour ça.
00:16:47Et donc du fait de l'apolitisme de façade, voire du mythe apolitique du sport et de l'olympisme,
00:16:53vous pouvez, et c'est le cas par exemple de la Palestine justement,
00:16:57utiliser le sport et être présent dans le sport sans forcément que vous soyez reconnu
00:17:03et membre finalement de l'ONU.
00:17:07Le cas palestinien est assez intéressant parce que si on compare par exemple
00:17:10les relations entre le CNO israélien et le CNO palestinien,
00:17:14elles sont relativement cordiales, ce qui n'était pas forcément le cas avant.
00:17:18Et on voit que certains pays ont utilisé le sport pour leur reconnaissance.
00:17:21Le premier exemple qui me vient, c'est l'Algérie.
00:17:24Au travers du football notamment, dans le cadre de la FIFA,
00:17:28elle a d'abord construit une équipe, la fameuse équipe du FLN.
00:17:32Elle s'en est servie pour faire exister son drapeau.
00:17:35Ça a servi la lutte coloniale dans ce cadre-là.
00:17:39Et donc ce processus a accompagné quasiment tous les pays qui sont inscrits dans la lutte décoloniale.
00:17:45C'est-à-dire qu'à chaque fois que vous avez eu un État qui a obtenu son indépendance
00:17:48ou un ensemble d'acteurs qui ont voulu aller vers l'indépendance,
00:17:51ils sont passés par la case sportive. Pourquoi ? Parce que c'est plus simple.
00:17:56Parce que vous avez ce mythe très pratique de la politisme du sport.
00:17:59Je prends un exemple, c'est le Kosovo.
00:18:01Quasiment tous les États issus de l'ex-Yougoslavie et de sa dislocation
00:18:05se sont d'abord positionnés dans le sport.
00:18:07Et en ont même fait un élément de politique national.
00:18:10Nous on parle de « nation building », c'est-à-dire la capacité à construire une unité et une cohésion nationale.
00:18:15Je pense à la Croatie par exemple, qu'on a déjà rencontré à de nombreuses reprises,
00:18:18qui s'en sert justement de manière extrêmement puissante.
00:18:23Oui, c'est intéressant effectivement de voir que la géographie du sport est plus grande,
00:18:30plus nombreuse disons que la géographie de l'ONU.
00:18:33C'est intéressant de voir que ces dernières années, en revanche,
00:18:37le CIO avait limité justement ses reconnaissances pour éviter un certain nombre de problèmes.
00:18:44Néanmoins, en 2016, le CIO a créé une équipe olympique des réfugiés,
00:18:50qui montre bien que cette cartographie continue d'évoluer.
00:18:54Ce qui montre bien aussi que le sport reste un objet assez spécifique
00:18:57quand même dans le cadre des relations internationales et de la géopolitique.
00:19:01Après, de manière générale, c'est aussi intéressant de se rendre compte que les États-nations,
00:19:06avant même d'exister, existent à travers un drapeau, un hymne, une constitution
00:19:12et une équipe nationale.
00:19:14Et ça, ça se vérifie encore aujourd'hui.
00:19:16On a un certain nombre d'États non reconnus, ce qu'on pourrait appeler les États de facto,
00:19:21qui disposent d'une équipe nationale de football et qui participent à des compétitions.
00:19:25Alors là, pas forcément dans le cadre des compétitions du CIO ou de la FIFA,
00:19:30mais dans le cadre de compétitions dites de la CONIFA,
00:19:33donc c'est la coupe de football des États non reconnus.
00:19:40Et donc on peut voir par exemple le comté de Nice y participer, pour vous donner une idée.
00:19:44On peut voir l'Abkazi y participer, l'Ossétie du Sud, etc.
00:19:48Un certain nombre d'États qui ne sont pas reconnus au CIO,
00:19:50mais qui commencent leur quête d'indépendance par ce biais-là.
00:19:54Et donc effectivement, le sport aujourd'hui est un attribut des nations
00:19:58et je crois que c'est ça qu'il faut retenir.
00:20:00Et on a vu pendant tout le long du XXème siècle que le CIO, la FIFA,
00:20:05tous les organes du sport étaient souvent en avance par rapport à l'ONU.
00:20:12Merci beaucoup. Olivier Kadic.
00:20:15Merci Monsieur le Président, merci pour votre présentation.
00:20:18Effectivement, vous avez rappelé l'approche de Monsieur Poutine
00:20:23et je pense que ce n'est pas la première fois.
00:20:25En 1980, nous-mêmes, nous avons boycotté les Jeux Olympiques de Moscou
00:20:29et qu'en échange, en 1984, il y avait donc des Jeux qui avaient été organisés
00:20:34pour les pays qui avaient boycotté.
00:20:36Et qu'en 1984, en retour, les Russes et les pays de l'Union soviétique
00:20:40avaient boycotté les Jeux de Los Angeles.
00:20:43Et qu'effectivement, cette situation n'est pas nouvelle.
00:20:47Et le fait des calomnies de Monsieur Poutine, ça n'engage que ceux qui veulent bien les écouter.
00:20:52Mais effectivement, il y a quand même quelque chose qui apparaît,
00:20:55et on l'a vu avec la Coupe du monde de football au Qatar,
00:20:59c'est qu'en cherchant à se mettre en avant un pays quand il organise des Jeux
00:21:03ou une Coupe du monde de football, il ouvre aussi la voie à tous les pays qui veulent le dénigrer.
00:21:07Et j'ai l'impression que c'est un peu ça.
00:21:10Quand on regardait ce qui se passait avec le Qatar,
00:21:12ça nous permettait aussi de préparer ce qui allait se passer avec les Jeux Olympiques.
00:21:16Donc on peut imaginer que la prochaine Coupe du monde de football,
00:21:19qui est organisée sur un continent, va avoir, elle aussi, ces contradicteurs
00:21:24qui vont dire, regardez, pour aller passer d'un match à l'autre,
00:21:27il va falloir traverser tout un continent.
00:21:29Quand on voit les reproches qu'avait le Qatar sur l'empreinte carbone,
00:21:33soi-disant, pour la Coupe du monde, on peut imaginer effectivement la suite.
00:21:38Donc effectivement, est-ce que vous ne pensez pas que finalement,
00:21:41désormais, quand on se porte candidat, on se porte aussi candidat au dénigrement ?
00:21:45Ça, c'est le premier point.
00:21:47Et quand j'observe pour les pays du Golfe, en fait,
00:21:50l'importance qui est accordée justement à cette diplomatie du sport,
00:21:54je vois donc avec le Qatar, puisque la Coupe du monde n'était qu'un des grands événements,
00:21:59c'était le plus visible, mais ils organisent beaucoup d'événements,
00:22:02les Jeux asiatiques, je crois prochainement, et ainsi de suite.
00:22:05Mais on voit l'Arabie Saoudite aussi, très engagée avec le Golfe,
00:22:08avec le circuit automobile, avec aussi les Jeux Olympiques d'hiver.
00:22:13Donc est-ce que pour vous, cette stratégie de diplomatie du sport est effectivement efficace ?
00:22:21Et est-ce qu'on peut considérer qu'elle a apporté, effectivement,
00:22:25des avantages pour les pays qui s'investissent autant sur ce sujet ?
00:22:31Merci.
00:22:34Juste, je vais commencer et je laisserai Jean-Baptiste la suite sur le Golfe.
00:22:39De manière générale, effectivement, le sport est une arme,
00:22:43on l'appelle comme ça dans l'ouvrage d'ailleurs, à double tranchant.
00:22:46C'est-à-dire qu'effectivement, elle peut servir de plateforme pour diffuser son propre narratif,
00:22:52mais elle peut aussi servir de tribunal.
00:22:55En fait, on peut être sujet, en tant qu'acteur, en tant que pays hôte,
00:23:00à un certain nombre de critiques.
00:23:01C'était le cas pour le Qatar, ça a été le cas pour la Russie,
00:23:05ça a été le cas pour le Brésil, pour la Chine, pour l'Afrique du Sud, etc.
00:23:09Après, je crois qu'il faut bien se rendre compte que ces critiques,
00:23:14souvent et majoritairement, émanent de pays occidentaux.
00:23:20Et donc, un certain nombre de pays dits du Sud global,
00:23:24même si on sait la limite de cette expression,
00:23:26eux ne se reconnaissent pas forcément dans ces critiques.
00:23:30On sait que, par exemple, pour la Coupe du Monde au Qatar,
00:23:32mais je te laisserai développer,
00:23:34un certain nombre de pays en Afrique ont perçu les critiques venues d'Occident
00:23:39comme une marque, finalement, de néocolonialisme.
00:23:42En réalité, donc, je crois qu'il faut faire attention à l'effet loupe, aussi.
00:23:46Et, à mon sens, pour des pays comme la Chine, par exemple,
00:23:50qui ont accueilli en 2008-2022 les JO d'été et d'hiver,
00:23:55finalement, les retombées à terme sont plus, je pense, positives que négatives.
00:24:00Surtout si on part du principe que ces pays n'avaient jamais accueilli
00:24:04de méga événements par le passé.
00:24:07Ça a permis de les installer dans le paysage géopolitique mondial
00:24:12comme des acteurs majeurs, en fait.
00:24:14Tout simplement, aujourd'hui, tout le monde connaît le Qatar.
00:24:18Il y a une trentaine d'années, c'était très difficile de le placer sur une carte.
00:24:22Alors, je vais compléter ce que vient de dire Lucas.
00:24:25Je suis un des spécialistes du Qatar en France et du sport en Arabie Saoudite.
00:24:28Donc, on peut en parler.
00:24:30Ce qui est assez intéressant, c'est que vous parliez, justement, de l'effet loupe.
00:24:33Lucas incitait aussi là-dessus.
00:24:35C'est ce qu'on appelle le soft disempowerment.
00:24:37C'est finalement le pendant du soft power.
00:24:39C'est-à-dire que quand vous cherchez la lumière, à un moment donné, ça arrive.
00:24:41Alors, dans des stratégies de communication, ça peut être anticipé.
00:24:43À Paris, par exemple, vous pouvez être sûr que,
00:24:45que ce soit pour les acteurs extérieurs qui ont envie de déstabiliser le pays
00:24:48ou pour des acteurs internes qui ont besoin de se visibiliser.
00:24:51Je pense à des ONG ou à des partis extrémistes.
00:24:53C'est une occasion rêvée.
00:24:55Donc, il faut anticiper ça dans la stratégie de communication.
00:24:57Je sais que pour les JO de Paris 2004, ça a été envisagé.
00:25:01Et par exemple, ce qui va fonctionner pour une démocratie
00:25:04ne fonctionne pas forcément pour des régimes autoritaires.
00:25:06Pour le Qatar, par exemple, la stratégie de développement utilisée a fonctionné.
00:25:10Nous, on a énormément parlé de l'appel au boycott,
00:25:12qui a été très peu suivi, finalement, quand on regarde les chiffres,
00:25:14quand on regarde les audiences.
00:25:16Et ça correspond aussi à un biais qu'on a.
00:25:18C'est que cette Coupe du Monde au Qatar, elle n'était pas faite pour nous, Européens.
00:25:21Elle n'était pas faite non plus pour nous, Occidentaux.
00:25:23Elle visait d'abord à parler à l'Asie et à l'Afrique.
00:25:27Ça a fonctionné.
00:25:28C'est-à-dire qu'il n'y a pas eu d'appel au boycott.
00:25:30Il y a eu une sorte d'indifférence, une incompréhension aussi
00:25:32par rapport à la projection de nos valeurs.
00:25:34Et quand on regarde, finalement, ce qu'est le monde aujourd'hui,
00:25:37cette désoccidentalisation du monde,
00:25:39et finalement le fait que nos normes, nos valeurs sont aujourd'hui contestées,
00:25:44on le voit aussi au travers du football, on le voit au travers du sport en général.
00:25:47Et ce qui s'est passé avec la Coupe du Monde au Qatar est assez révélateur.
00:25:52Le Qatar a mis en scène son récit.
00:25:54Il a montré ses relations internationales,
00:25:56notamment son rapprochement avec l'Arabie Saoudite de manière évidente.
00:25:59Mohamed bin Salman était l'invité d'honneur de la manifestation.
00:26:03On a vu aussi ceux qui n'étaient pas là.
00:26:06C'est-à-dire que si vous prenez par exemple Mohamed bin Zayed des Émirats,
00:26:12il est arrivé volontairement après.
00:26:14Son absence a fait beaucoup parler.
00:26:16Ce qu'on voit, c'est que le sport aujourd'hui est utilisé d'abord pour exister.
00:26:19Ça fonctionne.
00:26:20Ça a été la stratégie du Qatar.
00:26:21Il y a 25 ans, personne ou peu, personne savait ce qu'était le Qatar.
00:26:25Et personne n'avait de représentation de ce qu'était Doha.
00:26:28Aujourd'hui, tout le monde a une image de Doha.
00:26:30C'est pour ça que pour les Jeux, ça va être intéressant.
00:26:32Parce que si on veut sortir de l'image de Paris et de toutes les représentations qui l'accompagnent,
00:26:37il y a un vrai travail à faire.
00:26:39Après, ce qu'on voit, c'est que de plus en plus d'États, à commencer par le Golfe,
00:26:42ne se limitent pas simplement à une stratégie de visibilité ou d'exposition.
00:26:45C'est une vraie stratégie de diversification économique.
00:26:48On estime à plusieurs dizaines de milliards de dollars les retombées des événements sportifs dans le Golfe.
00:26:54En France, si les Jeux vont être responsables d'une augmentation d'un pour cent du PIB sur l'année,
00:27:01on va se rendre compte que c'est toute une filière que ça irrigue.
00:27:04Et ça va peser aussi sur les représentations qu'on a.
00:27:08Et ça, ça n'a pas de prix.
00:27:09Si vous êtes un État comme l'Arabie Saoudite ou le Qatar et que vous voulez normaliser votre image,
00:27:12attirer des touristes, des talents, des investisseurs et des entreprises,
00:27:16c'est le meilleur moyen.
00:27:17Et ça fonctionne.
00:27:18La preuve y continue.
00:27:19La preuve y continue.
00:27:20Et quand vous voyez les sommes engagées,
00:27:21là, ils sont positionnés sur la création d'une ligue de boxe
00:27:24pour rassembler la totalité des grandes compétitions qui sont aujourd'hui lisibles.
00:27:29Quand vous voyez leurs investissements dans le foot et quand vous voyez les résultats que ça donne,
00:27:33ça fonctionne.
00:27:34Et aujourd'hui, ce n'est pas vers nous qu'ils le regardent.
00:27:36La preuve, tout est à vendre chez nous.
00:27:38Regardez l'état du foot français aujourd'hui, regardez l'état des droits
00:27:42et regardez la cour qui est faite au Qatar.
00:27:44Aujourd'hui, nous ne sommes pas leur sujet.
00:27:46Et c'est là où c'est intéressant.
00:27:48C'est qu'au travers du sport, vous voyez de vraies stratégies d'entrisse et d'influence qui se mettent en place.
00:27:52Regardez, par exemple, le poids de l'Arabie Saoudite dans la Confédération africaine de football
00:27:56et dans la manière qu'ils ont d'utiliser le sport pour rentrer.
00:28:00Je prends un autre exemple, c'est les Émirats Arabes Unis, par exemple.
00:28:03Ils ont développé ce qu'on appelle le projet Falcon au milieu des années 2010.
00:28:06Et cela leur a permis de toucher des élites et des décideurs
00:28:09pour avoir des opportunités dans la totalité des domaines.
00:28:13Un exemple simple, allez au Parc des Princes, regardez la corbeille, regardez ce qui s'y passe
00:28:17et vous avez une bonne idée de ce que peut être la première ambassade du Qatar en France.
00:28:25Un mot sur la désoccidentalisation du sport.
00:28:29On a eu un exemple très marquant il y a très peu de temps.
00:28:34C'était en février 2022, une semaine, deux semaines avant l'invasion russe de l'Ukraine.
00:28:40C'était lors des Jeux Olympiques et Paralympiques de Pékin d'hiver.
00:28:44A cette compétition, les athlètes russes devaient participer sous bannière neutre déjà à l'époque.
00:28:50Alors cette fois en raison de l'affaire de dopage qui courait depuis 2015.
00:28:54Et Xi Jinping a fait fi des recommandations du CIO en faisant de Vladimir Poutine son invité d'honneur.
00:29:03Et à cette occasion, en marge de la cérémonie d'ouverture,
00:29:07les deux hommes ont signé une quinzaine d'accords économiques,
00:29:10notamment Gazi, un accord gigantesque,
00:29:13et ont signé un texte commun demandant, entre autres, le retrait des bases de l'OTAN de l'ex-Union soviétique.
00:29:21On est à ce moment-là à 15 jours évidemment de l'invasion russe de l'Ukraine.
00:29:25C'est un moment charnière et les deux hommes ont utilisé le sport
00:29:30pour montrer justement leur volonté de construire un nouvel ordre mondial,
00:29:35en fait non occidental, ou en tout cas, si ce n'est non occidental, à égalité avec l'Occident.
00:29:43Donc je trouve que c'est un moment assez intéressant.
00:29:47Si je peux permettre d'en rajouter quelque chose, dans le cadre des Jeux de Paris,
00:29:50ce qui est intéressant c'est que pour la première fois depuis longtemps,
00:29:53on a compris en France, pas qu'en France mais surtout en France, qu'on pouvait se servir du sport.
00:29:59On n'a peut-être pas développé une stratégie qui permette d'aller jusqu'au bout,
00:30:02mais on a compris la présence d'un ambassadeur du sport, en l'occurrence Samuel Ducroquet,
00:30:06et finalement d'acteurs politiques qui ont conscientisé justement ça, c'est important.
00:30:12Après, vous dire que c'est aussi performant que ce que font les acteurs du golf, non.
00:30:15Vous dire que c'est aussi réfléchi, structuré, non.
00:30:17Mais aujourd'hui ça existe et ces Jeux doivent être aussi l'occasion de repenser, par exemple, de diplomatie.
00:30:22Je vous prends un exemple tout simple.
00:30:24Quand vous avez Kylian Mbappé qui va au Cameroun, qui a projeté à un moment donné d'aller en Algérie.
00:30:31Ça doit être un acteur comme les Etats-Unis le font avec leurs sportifs de haut niveau.
00:30:34C'est-à-dire que vous devez vous servir du sport comme un moyen d'entrer.
00:30:38J'ai juste un exemple qui me vient en tête.
00:30:40C'est Jacques Chirac, par exemple, quand il est en déplacement en Amérique latine, il emmène avec lui Michel Platini.
00:30:44Il ne comprend pas à ce moment-là pourquoi il y a une telle effusion au moment où il descend de l'avion.
00:30:48C'est parce que Platini est avec lui et derrière ça facilite les échanges. Pourquoi ?
00:30:52Parce que les acteurs politiques sont, même si ce sont avant tout des professionnels, sont aussi des gens qui sont touchés par le sport.
00:31:00Il y a un effet d'aura qui fonctionne et ça, ça doit être mis à notre service.
00:31:04Ça suppose que ça soit conscientisé, structuré.
00:31:07Et aujourd'hui, c'est l'un des défis qui attend l'après-jeu 2024.
00:31:15Merci. Très intéressant.
00:31:17Et c'est intéressant, j'interviens sur un point.
00:31:20J'étais samedi soir au dîner d'Etat du Président de la République avec Joe Biden.
00:31:25Il y a un certain nombre de personnalités qui étaient présentes, Pharrell Williams, etc.
00:31:30Et je me suis amusé à mettre une photo sur les réseaux sociaux.
00:31:33Et en fait, j'ai eu beaucoup de retours de gens qui sont béats d'admiration,
00:31:40et ceux qui vous expliquent qu'ils ne comprennent pas pourquoi ces personnalités sont présentes dans le dîner d'Etat.
00:31:46Et je pense qu'il y a aussi de la pédagogie à faire autour de ça.
00:31:49Parce que c'est vrai que la diplomatie du sport est très importante.
00:31:53Et ce que vous disiez à l'instant sur qu'il y a une bataille en Afrique, notamment, est évidemment un point très important.
00:31:58Mais il y a aussi, chez nos concitoyens, à faire de la pédagogie, à faire comprendre pourquoi un certain nombre de choses se passent.
00:32:03Parce qu'après, de la même manière que les élus hésitent à se déplacer parfois à l'étranger,
00:32:07ou des conseils régionaux hésitent à se déplacer à l'étranger parce que leur opinion ne comprend pas vraiment,
00:32:11ou a l'impression qu'on part pour des congés dans ces pays-là,
00:32:15il faut aussi, à un moment donné, et je pense que c'est le rôle de chacun de nous, des élus,
00:32:20et notamment à la Commission des Affaires étrangères, de faire comprendre que le monde est globalisé.
00:32:25Et que si on veut exister, il faut aussi se déplacer.
00:32:28Et qu'il ne faut pas s'empêcher de le faire parce que l'opinion publique, parfois, pourrait être récalcitrante à ça.
00:32:34Et la présence d'un certain nombre de personnalités dans ces délits d'État, et ce n'est pas nouveau,
00:32:38est évidemment le corollaire de ce que vous venez d'expliquer. Donc je pense que c'est important de le signaler.
00:32:42La parole est à Philippe Foliot.
00:32:44Merci Monsieur le Président. Tout d'abord, merci pour votre présentation.
00:32:50C'est vrai qu'autour du sport, et vous l'avez dit, il y a des enjeux qui sont des enjeux économiques, politiques, stratégiques, médiatiques,
00:32:58et c'est un élément important. Et que même s'il y a beaucoup de pression autour des Jeux olympiques,
00:33:07et plus particulièrement de la cérémonie d'ouverture, qui sera un moment unique à bien des égards.
00:33:17Certains prévoient un certain nombre de difficultés, mais on prévoyait aussi un certain nombre de difficultés avant la coupe du monde de rugby,
00:33:30et qui s'est admirablement bien passé. Alors je ne sais pas si c'est lié aux éléments spécifiques par rapport à ce sport,
00:33:39et qui véhicule aussi un certain nombre d'éléments et de valeurs qui peut-être lui sont propres,
00:33:47et surtout quand on fait le parallèle avec la finale de la coupe d'Europe de football,
00:33:52et les problématiques d'organisation qui ont émaillé cet événement.
00:34:04Au-delà de ça, et par rapport aux facteurs images, j'aimerais que vous puissiez me dire un mot sur un événement qui se passe tous les ans,
00:34:12et qui est un vecteur extraordinaire pour notre pays en termes d'images et de retombées, qui est le Tour de France.
00:34:20Est-ce que pour vous, dans ce cadre de la géopolitique du sport, cet atout est suffisamment mis en avant,
00:34:32et en tout état de cause, est-ce qu'il a vraiment retombé à la hauteur de ce que l'on sait et que l'on imagine,
00:34:43ou est-ce qu'au travers des images télé, qui font le tour du monde, et qui permettent une valorisation tout à fait exceptionnelle et extraordinaire de notre pays ?
00:34:54Et par ailleurs, si vous pouvez nous dire un mot sur les événements actuels, parce qu'on parle des pressions extérieures.
00:35:00Moi, ça n'est que mon avis personnel, mais je pense que cette dissolution et les conséquences qu'elle va avoir vont avoir un impact considérable sur les Jeux Olympiques,
00:35:08compte tenu, je pense en tout cas, des manifestations importantes qui auront lieu à partir du 8 juillet prochain,
00:35:14dans une période où les forces de l'ordre sont évidemment considérablement mobilisées pour les Jeux Olympiques,
00:35:18et pas forcément pour aller faire du maintien de l'ordre tel qu'il faudra le faire à ce moment-là,
00:35:23et que les Jeux Olympiques deviendront de facto une tribune, ou en tout cas pour des mouvements ou des groupes extrémistes violents,
00:35:35qui savent en tout cas s'exprimer de cette manière-là, et qui vont voir dans ces JO une manière de contester en tout cas des résultats d'une élection qui viendrait d'avoir lieu.
00:35:45C'est aussi intéressant peut-être d'avoir votre point de vue sur le sujet.
00:35:51Merci pour vos questions. Alors, concernant la Coupe du monde de rugby, il y a effectivement une différence, je crois, enfin plusieurs différences notables,
00:36:03et notamment, d'une part, l'audience, c'est une chose, c'est-à-dire que l'audience d'une Coupe du monde de rugby est beaucoup moins importante
00:36:12que l'audience d'un événement comme les Jeux Olympiques, la Coupe du monde de football, ou un Euro de football, par exemple.
00:36:19D'autre part, le rugby concerne un nombre restreint de pays. En réalité, beaucoup de chercheurs, je pense notamment à Carole Gomez,
00:36:29ont travaillé sur ce sujet en montrant, justement, que la géographie du rugby n'était pas du tout comparable à la géographie du football,
00:36:37en ce sens que le rugby reste, en fait, finalement, dans une certaine mesure, régional, même si ça n'est pas du tout décrédibiliser ce très beau sport que de le noter, évidemment.
00:36:47Donc ça en fait nécessairement une cible moins importante pour un certain nombre d'acteurs. J'en veux pour preuve le fait que l'Euro 2016,
00:36:55qui s'est déroulé en France, alors que la guerre en Ukraine, disons l'invasion de l'Ukraine n'avait pas encore eu lieu, avait déjà été utilisée par le régime russe
00:37:04comme une plateforme pour, disons, diffuser une forme de flou, d'inquiétude dans la société française.
00:37:13On avait eu notamment ces batailles entre hooligans anglais et russes à Marseille, sachant que les hooligans en question
00:37:22avaient été accueillis à leur retour en Russie en grande pompe par le régime russe. Enfin, non pas accueillis, mais en tout cas avaient été brossés dans le sens du poil.
00:37:31Et Vladimir Poutine avait dit notamment que, finalement, ils avaient défendu l'honneur de la Russie.
00:37:40Pour les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, on est évidemment sur une échelle tout à fait différente.
00:37:46On s'attend bien sûr à 4 à 5 milliards de téléspectateurs. Ça va devenir une plateforme. Je crois que l'enjeu principal, dans un contexte politique très compliqué, bien sûr,
00:37:57ça va être de réussir de faire de ces Jeux les Jeux du monde et non pas les Jeux de Paris ou les Jeux de l'Occident. Il va falloir essayer d'en faire un pont.
00:38:07Dans le contexte politique français, un certain nombre d'incertitudes demeurent et ça complexifie les choses.
00:38:18Ensuite, et après je te laisserai la parole Jean-Baptiste, pour le Tour de France, bien sûr, on est sur un événement de nation branding, de diffusion de l'image de marque nationale très puissant.
00:38:31Il faut imaginer que cet événement est regardé régulièrement par environ 1 milliard de téléspectateurs, tous les ans.
00:38:38Dans ce sens, on est sur quelque chose de significatif. Ça permet à chaque étape de montrer, en plus d'un point de vue régional, des images de telle ou telle ville, etc.
00:38:50Et ça permet, comme un effet rebond, de faire venir un certain nombre de touristes en France et ça fonctionne.
00:38:59Paris, la France, de manière générale, reste l'une des destinations touristiques les plus prisées de la planète aujourd'hui.
00:39:06Donc, de ce point de vue-là, ça fonctionne. Après, on peut toujours mieux faire, bien sûr.
00:39:11Et peut-être que prendre davantage conscience de cette façon d'utiliser un événement sportif, peut-être penser davantage les trajets, les étapes, les monuments valorisés, la diffusion à la télévision, etc.
00:39:29pourrait encore un peu, au plus, augmenter l'aura de la France.
00:39:34Je vais me permettre de compléter ce que vient de dire Lucas.
00:39:37Le Tour de France, la moitié des images qui sont diffusées sont des images qui sont hors compétition.
00:39:41C'est-à-dire, c'est des images du terroir, du patrimoine, etc.
00:39:45Ça a un vrai impact. On l'a pu mesurer aux Etats-Unis, par exemple.
00:39:48Une bonne partie des touristes américains viennent souvent, parce qu'ils ont été touchés par ces images.
00:39:52Ça reste une manifestation suivie. C'est un vrai atout. Tu le disais, justement, du national branding.
00:39:56En termes de sécurité, ce qu'on a avec le Tour de France, c'est démultiplié par rapport à la cérémonie d'ouverture.
00:40:05La cérémonie d'ouverture, il faut imaginer que pour la coupe du monde de rugby, cette dernière s'est déroulée dans un stade fermé.
00:40:10Avec une population qui est quand même socialement très marquée.
00:40:13Avec des prestations qui faisaient que vous aviez un très fort niveau de sécurité.
00:40:19Ça a flotté sur les deux premiers matchs, dans mon souvenir.
00:40:22Et après, ça s'est très bien déroulé.
00:40:24Ça prouve que la France est capable d'avoir ce qu'on appelle des approches qui sont apprenantes.
00:40:32On apprend en cours d'organisation.
00:40:34Donc ça, c'est la version positive.
00:40:36J'ai une totale et entière confiance en nos forces de sécurité.
00:40:38Incroyablement mobilisées, sur-mobilisées aussi, dans le cadre des événements.
00:40:43Mais je ne peux pas oublier comment cette cérémonie a été organisée, décidée.
00:40:49Je vous invite par exemple à en lire le récit dans le livre qui a été sorti récemment par Vildarri et Chesseboeuf.
00:40:56Cette cérémonie d'ouverture pose un défi considérable.
00:40:58On est en milieu ouvert, avec la nécessité de sécuriser à la fois les airs, l'eau, la terre, sur des berges qui peuvent être instables, les sous-sols.
00:41:08Dans un contexte où vous êtes en plein cœur de Paris, ça ne s'est jamais fait.
00:41:11Si ça réussit, c'est incroyable.
00:41:13C'est-à-dire que c'est les images qui vont marquer le monde pendant dix ans.
00:41:17Et ça ne se sera.
00:41:18Et c'est objectivement quasi impossible à faire.
00:41:22Si ça échoue, ou si on a la moindre difficulté structurelle, organisationnelle, le préjudice réputationnel sera considérable.
00:41:31Et je peux vous dire une chose, c'est que ça a déjà commencé, via l'Azerbaïdjan ou la Russie, les campagnes de désinformation sur l'incapacité de la France à organiser.
00:41:38Après, on est en termes de puissance, en capacité de faire.
00:41:42On sera capable de faire, et les forces de sécurité vont mettre tout ce qu'elles peuvent pour sécuriser l'événement.
00:41:48Maintenant, on n'est pas à l'abri de l'aléa.
00:41:51Et quand la décision a été prise d'organiser cette cérémonie, on était dans une logique qui était formidable en termes d'images,
00:42:00mais qui a peut-être sous-estimé à un moment la difficulté générale de l'ensemble.
00:42:05Après, ces jeux sont aussi l'occasion de montrer les compétences de nos forces de sécurité.
00:42:10On les a vus, par exemple, se mobiliser au Qatar.
00:42:13On les a vus aider et venir en appoint de certains États.
00:42:16C'est aussi, ces jeux, un moyen de valoriser certains secteurs de points de chez nous,
00:42:21et de montrer que la France a encore une place à jouer.
00:42:25Mais toute catastrophe qui serait liée à un acte individuel, à un acte planifié...
00:42:30On a vu le retour de Daech. Ça, c'était pas forcément anticipé jusqu'au bout.
00:42:34On a vu les problématiques de sécurité que posait une manifestation ouverte avec plus d'un million de personnes.
00:42:39On est face à un défi. La France sera capable de le relever.
00:42:42Mais dans le contexte, et M. Perrin avait raison, dans le contexte de dissolution,
00:42:47vous allez avoir au lendemain du 7 juillet, et ça va commencer avant, des manifestations plus ou moins spontanées.
00:42:52Et vous allez avoir donc une pression considérable sur nos forces de sécurité, avec une difficulté.
00:42:57C'est que de l'épuisement va peut-être naître aussi des opportunités pour certains acteurs.
00:43:02Que ce soit des ONG, que ce soit aussi des extrémistes de droite comme de gauche,
00:43:06vous avez ici tous les éléments qui sont réunis pour que le monde entier regarde ce que vous êtes en train de faire.
00:43:11Avec un problème, c'est qu'il faut être capable de répondre aux défis.
00:43:14Maintenant, moi j'ai une approche très simple, je pense que le pire n'est jamais certain et qu'on sera capable de faire.
00:43:18Et qu'il faut être positif parce qu'il y a aussi un problème, qui est en France assez typique et qui est caractéristique, c'est le bashing.
00:43:24C'est-à-dire la capacité à regarder le pire en permanence et à ne voir que ça.
00:43:28Donc on sera capable de faire. Mais le risque est objectivement accru avec la dissolution.
00:43:34Il n'a jamais été aussi élevé. Sur l'ensemble des autres manifestations sportives, le risque était nettement moindre.
00:43:39Et pour avoir fait des matchs au Qatar, pour avoir été à la Coupe du monde de rugby, pour avoir subi le Tour de France,
00:43:46la présence à la salle d'ouverture est une vraie question.
00:43:51Et je crois qu'il faut faire attention aussi à l'effet loop.
00:43:56C'est-à-dire qu'on a tendance parfois à grossir des informations négatives, à les faire gonfler un peu comme une bulle d'inflation,
00:44:06là où la réalité est que finalement une bonne partie de la population est plutôt favorable à l'événement, ou en tout cas le perçoit d'une façon positive.
00:44:16La stratégie des pays qui vont chercher à semer la zizanie, à diffuser leur influence via des fake news, via des narratifs de bashing,
00:44:26je pense évidemment à la Russie, mais pas que. On peut tout à fait imaginer la Chine également, par exemple.
00:44:33La stratégie repose notamment sur notre incapacité à bien hiérarchiser ces informations et à les gonfler,
00:44:42là où la réalité est que finalement la majorité n'est pas forcément concernée.
00:44:47Donc je crois qu'il faut faire attention à ça.
00:44:50Vladimir Poutine, par exemple, sa stratégie est de paraître plus gros que le boeuf, entre guillemets, souvent.
00:44:57C'est-à-dire qu'on donne une sensation de puissance via un imaginaire, notamment.
00:45:04Et donc c'est ce qu'on a pu observer récemment via certaines tentatives de déstabilisation en France.
00:45:11Je pense évidemment aux cercueils qui ont été déposés près de la tour Eiffel.
00:45:17Clairement, a priori, les personnes qui ont été engagées pour déposer ces cercueils ont été payées quelques centaines d'euros.
00:45:25Je crois que c'est 400 euros chacun. C'est très peu.
00:45:29Pour autant, l'information, elle, a été diffusée dans tous les médias français. On en a beaucoup parlé, etc.
00:45:35Donc trouver le juste milieu.
00:45:38C'est-à-dire, d'une part, faire de la pédagogie pour essayer de faire comprendre à la population, aux acteurs du sport, politique, etc.,
00:45:47qu'il faut discerner, justement, la fake news de la réalité et éviter de trop grossir ces informations pour ne pas sombrer dans la panique,
00:46:00qui est le but, évidemment, recherché.
00:46:05Excusez-moi, mais j'ai un rendez-vous à 11h30, donc je vais laisser Philippe-Paul terminer.
00:46:10Mais je laisse la parole à Yves Sauri, en premier lieu. Et je m'excuse pour mon départ anticipé.
00:46:15Merci, président. Ma question a été posée. Mon plan B, aussi. Mon plan C, également.
00:46:20Je m'interrogeais sur l'évolution de la politisation du sport. Et j'avais l'impression – vous allez peut-être me corriger –
00:46:28qu'on était passé de pays qui diffusaient leur narratif via les sportifs, qui étaient vecteurs d'images.
00:46:38Alors typiquement, c'était le cas dans les années 70-80, avec, pour archétype, les sportifs du Bloc de l'Est.
00:46:46Et comme symbole, les nageurs de la RDA. On était passé de cette période-là à une diplomatie du sport qui passe par les événements.
00:46:54C'est ce qu'on vient d'en parler longuement, qui passe par des événements qui sont des caisses de résonance incroyables,
00:47:03avec évidemment une force extrêmement importante. Mais on peut se demander si aujourd'hui, finalement, on risque pas,
00:47:13à force de donner toujours d'ampleur et de démesure à ces événements, est-ce qu'à un moment, le risque ne sera pas plus fort que le bénéfice ?
00:47:23Vous parliez de l'hypothèse qu'on espère improbable, de l'hypothèse d'une ouverture des Jeux olympiques qui se passe mal.
00:47:34C'est évident que si ça se passe bien, on en parlera pendant 10 ans. Mais si ça se passe mal, on en parlera pendant 50 ans.
00:47:41Est-ce que, finalement, cette évolution-là, elle ne peut pas nous amener à retrouver une certaine forme de mesure et à réduire les moyens
00:47:52pour revenir à des compétitions sportives qui sont probablement plus sobres et moins coûteuses ?
00:48:01Vous disiez pendant 50 ans, je dirais même pendant 100 ans, parce que les Jeux de 1936 à Berlin, par exemple, sous le Troisième Reich,
00:48:15on en parle évidemment encore et on va encore en parler. C'est le pendant négatif du sport. De manière générale, je pense que vous avez raison,
00:48:24il faut commencer, c'est déjà le cas en fait, à repenser le sport à l'aune de l'acceptabilité sociale des grands événements sportifs.
00:48:35On a un certain nombre d'éléments qui nous permettent de le dire, mais les questions écologiques, les questions des droits humains sont au cœur désormais des enjeux.
00:48:48C'est d'ailleurs pour ça que Paris 2024 s'est fait à 90%, je crois 95% sur du déjà construit. L'idée était évidemment d'utiliser les infrastructures existantes
00:49:00pour éviter de dépenser trop, pour éviter de créer ce qu'on appelle des « éléphants blancs », c'est-à-dire des stades utilisés uniquement pour une compétition
00:49:08et ensuite abandonnés. Mais de manière générale, je crois qu'il faut repenser ces grandes compétitions sportives pour les rendre plus acceptables par les populations,
00:49:16notamment occidentales, mais pas que, puisque le réchauffement climatique, par exemple, touche tout le monde et qu'évidemment un événement comme les Jeux Olympiques et Paralympiques
00:49:23ne sera jamais écologique, ne sera jamais durable, évidemment. C'est le bon sens. Mais voilà, commencer à réfléchir en tout cas à des nouvelles solutions
00:49:34pour penser justement le sport du futur, tout simplement. On a beaucoup de chercheurs qui travaillent sur ces sujets-là et qui ont déjà des pistes.
00:49:43Évidemment, après, tout l'enjeu, c'est désormais que le CIO, la FIFA, les grands organes du sport les utilisent, s'en servent.
00:49:53Ce qu'on a pu observer dans l'histoire, c'est que souvent, ces organes du sport fonctionnaient à réaction. À partir du moment où, pardonnez-moi pour la trivialité de l'expression,
00:50:03mais le portefeuille est touché, il y a une réaction. C'est ça qu'on observe. Les JO d'Athènes au début des années 2000 ont été un échec en termes réputationnels,
00:50:14notamment pour le CIO, puisqu'on a eu énormément d'éléphants blancs, justement. Quand vous arrivez à Athènes, par exemple, que depuis l'aéroport, vous prenez le train
00:50:22pour aller dans le centre-ville, vous passez à côté de ces stades qui sont abandonnés, complètement abandonnés. Il y en a un certain nombre.
00:50:29À partir de là, le CIO a réagi et a commencé à mettre en avant la question, notamment, de l'héritage pour éviter, justement, de reproduire sa situation
00:50:38et de reproduire ses tâches sur sa réputation. Donc, désormais, à l'heure où on a vu des manifestations, notamment dans le cadre de la Coupe du monde de football au Qatar,
00:50:49qui critiquaient les droits humains, enfin les droits humains non respectés au Qatar, qui critiquaient le non-respect écologique de l'événement, etc.,
00:50:56on peut imaginer que les populations occidentales vont davantage se mobiliser. Et en France, dans le cadre de l'organisation de nos événements sportifs, entre guillemets,
00:51:08on peut commencer, justement, à penser des événements qui soient acceptés par les populations. Et typiquement, les Jeux olympiques et paralympiques d'hiver 2030 dans les Alpes
00:51:18ne donnent pas forcément des gages de confiance dans ce sens, puisque ça a été décidé sans aucune consultation auprès de la population, quelle qu'elle soit, en fait, ni un débat.
00:51:29Je ne parle même pas de référendum. Juste une discussion n'a pas existé, en tout cas.
00:51:34— Je vais me permettre d'insister aussi sur cette dimension-là. Aujourd'hui, on est sorti de la naïveté. On accepte enfin que le sport est politique.
00:51:42Donc on est sorti de cette idée que le sport était apolitique et que donc tout était parfait. Il faut maintenant passer à l'étape d'après.
00:51:49C'est en faire une véritable dimension de nos politiques publiques, mais simplement le considérer comme ce qu'il est pour d'autres États, et notamment des États autoritaires.
00:52:00Il est vu comme un moyen d'action, un moyen d'affluence. C'est-à-dire qu'on parle d'arsenalisation du sport. Et dans le cadre de la soutenabilité des événements sportifs,
00:52:10on voit par exemple... C'est Martin Muller, l'universitaire suisse, qui en parle. On peut très bien voir une disparition à moyen terme des Jeux, si les coûts sont trop importants.
00:52:18Alors ce qui est assez intéressant, c'est que Paris ouvre une séquence. Ce seront les premiers Jeux depuis 1976 sous 10 milliards.
00:52:23On a respecté la feuille de route. Et s'il n'y avait pas eu le Covid, l'augmentation finalement des dépenses de sécurité, on aurait pu finalement s'englorifier.
00:52:34Alors on va pouvoir le faire, mais vu le contexte, ce ne sera pas forcément d'actualité. Mais c'est assez intéressant de voir qu'aujourd'hui, on entre dans une séquence où quasiment tous les acteurs ont compris,
00:52:44par peut-être la FIFA, que le gigantisme n'était plus possible, plus soutenable, et surtout qu'à un moment donné, ça les posait un problème.
00:52:51On l'a vu au Qatar. Ces stades sont restés vides longtemps. Et là maintenant, pour les remplir, ils achètent des manifestations.
00:52:58Vous avez vu le Qatar qui s'est focalisé sur le rugby par exemple, ce beau sport avec des valeurs, et qui a accepté un milliard de dollars pour accueillir les prochaines éditions de la Ligue des Nations.
00:53:12Donc c'est assez intéressant de voir qu'aujourd'hui, la question économique fait que le sport est devenu tellement important qu'il faut le considérer comme du spectacle.
00:53:22Et j'ai envie de dire que les politiques publiques devraient le regarder avec un sérieux au moins aussi marqué que vis-à-vis du cinéma ou des autres domaines de la culture.
00:53:30Or on peut voir encore ce mépris, notamment quand on discute avec certains acteurs. Le conscientiser, c'est aussi le meilleur moyen de s'en servir et d'en tirer profit.
00:53:39Et justement aussi de l'encadrer, puisqu'il y a des dérives claires aujourd'hui. Regardez comment certains grands organisateurs d'événements utilisent le sport.
00:53:48Et puis regardez aussi les dérives politiques, même à l'échelle interne que ça pose. Regardez la question par exemple du Grand Prix de France.
00:53:55Ces questions-là, elles sont intéressantes, parce que ce sont des vraies questions aujourd'hui publiques. Elles intéressent les gens et surtout elles sont scrutées à l'extérieur.
00:54:03On a quelque chose à faire aussi en tant que puissance sportive. On a une capacité d'organisation, on sait faire.
00:54:12On est, tu le disais, l'un des pays qui a le plus organisé d'événements sur les 25 dernières années. Donc cette compétence, elle doit être une force.
00:54:20Il y a une économie du sport qui existe en France et je trouve qu'on la pousse pas suffisamment. Alors il y a un GIE qui existe, il y a énormément de structures qui sont là pour pousser justement cette économie.
00:54:29C'est pas encore quelque chose qui est suffisamment intégré, notamment par nos décideurs politiques.
00:54:35Oui et je peux permettre de rajouter un élément, ça me permet de rebondir. La France aussi est porteuse d'un modèle du sport spécifique.
00:54:44Un modèle décentralisé qui fait la part belle aux villes, aux collectivités, aux régions qui parfois utilisent la question sportive et candidatent pour obtenir tel ou tel événement.
00:55:00Parfois, elles ne le font pas. Évidemment, elles n'ont pas forcément connaissance des usages politiques et géopolitiques du sport. J'ai notamment travaillé sur cette question l'année dernière.
00:55:09Et aujourd'hui, je crois que l'idée, c'est aussi de montrer qu'un autre modèle du sport que le modèle vertical qu'on voit régulièrement avec le Qatar, avec l'Arabie Saoudite, la Russie, la Chine est possible et qu'il fonctionne.
00:55:20Et ça, c'est intéressant. Si la France réussit à mettre en valeur ce modèle démocratique, ce modèle décentralisé, ce modèle qui ne fonctionne pas uniquement par la volonté d'un président, d'un chef, d'un leader qui ensuite ruisselle jusqu'à la tenue des événements,
00:55:35ça peut aussi créer un effet de contagion, mais dans le sens positif du terme. Souvent, on dit que les régimes autoritaires ont une capacité d'action dans la construction des événements sportifs plus développée qu'en France, par exemple, ou que dans les pays démocratiques.
00:55:52La réalité, c'est ce que tu disais, c'est que la France, depuis 25 ans, est l'un des pays qui a accueilli le plus grand nombre de méga événements sportifs de la planète.
00:56:01Et ça s'est globalement bien passé. Et je vais rapidement les énumérer parce que c'est toujours assez intéressant quand même de le voir. Mais c'est les JO d'Alberville de 92, c'est la Coupe du monde de football de 98, c'est l'Euro 2016, c'est la Coupe du monde de football féminin de 2019, les deux Coupes du monde de rugby 2007-2023.
00:56:19Et c'est les deux JO qui arrivent, donc d'été 2024 et d'hiver 2030. Plus les Tours de France, évidemment. Donc c'est énorme. C'est énorme. Et globalement, ça fonctionne. Ce modèle, je pense qu'il faut en être fier. Il faut essayer de le valoriser davantage.
00:56:35Je prends le relais et il reste une dernière intervention. Edouard Courciel, merci.
00:56:43Oui, rapidement, vous avez. Et merci pour votre présentation à tous les deux. Vous avez évoqué en cas de mauvaise humeur internationale les situations à Moscou 80 et Los Angeles 84. Ça se traduisait essentiellement par des boycotts.
00:56:59Là, vous avez évoqué la position plus offensive, en particulier de la Russie, avec l'organisation de sortes de jeux parallèles. J'imagine les BRICS, là, ce mois de juin. Et puis j'ai entendu parler de jeux de l'amitié.
00:57:14C'est quoi la résonance de ces événements ? Est-ce que ça se pérennise ? Quelle est leur histoire ? Et est-ce que ça a une résonance en termes de diffusion importante ?
00:57:22Et d'ailleurs, à l'inverse, dans ces pays organisateurs ou participants, est-ce qu'il y a des limitations de diffusion des JO Paris 2024 ou pas ? Vous venez de dire que c'est une bonne question.
00:57:39C'est une excellente question. Je me permets de commencer à répondre. Il y a trois événements sportifs parallèles qui soit se sont tenus, soit commencent aujourd'hui, soit vont se tenir.
00:57:54On a eu les jeux du futur en février et mars qui se sont tenus à Sochi. On a les jeux des BRICS, des pays émergents, qui commencent aujourd'hui à Moscou. Et on va avoir à la rentrée, normalement, les jeux de l'amitié.
00:58:07Je dis « bien normalement » parce qu'il y a une rumeur en Russie en ce moment qui dit que peut-être ces jeux seront décalés d'un an. Mais pour le moment, rien n'est certain.
00:58:14En tout cas, l'objectif remonte à l'époque soviétique. Ces jeux sont conçus comme des alternatives aux modèles sportifs traditionnels, représentés notamment par le CIO, la FIFA, etc.
00:58:29A l'époque soviétique, déjà, sous Lénine puis Staline, on avait créé les Spartakiad, qui étaient les jeux olympiques pour les pays communistes.
00:58:39Sous Staline, après la seconde guerre mondiale, les choses avaient changé. L'URSS avait intégré les organes du sport traditionnel. Et là, l'objectif était de concurrencer les Américains directement sur leur terrain pour prouver que le communisme était supérieur au capitalisme.
00:58:53Ce qui est intéressant, c'est qu'en 1984, quand les soviétiques ont boycotté les jeux de Los Angeles, ils ont déjà, à l'époque, créé les jeux de l'amitié.
00:59:02En fait, les jeux de l'amitié que Vladimir Poutine a réactivés, ce sont les mêmes que ceux qui avaient été créés à l'époque. Donc en fait, les plans étaient déjà là, entre guillemets.
00:59:13Et on le sait, Vladimir Poutine, c'est un enfant de l'Union soviétique, il s'en inspire beaucoup, notamment dans sa conception du sport, de la politique verticale, etc.
00:59:21Donc on est sur cette dimension-là. Après, il va y avoir un certain nombre d'effets d'annonce. Évidemment, le régime russe dit qu'il n'est pas isolé. Là, il dit que 97 pays vont être présents aux jeux des BRICS.
00:59:34Il faut évidemment minimiser. S'il va effectivement y avoir des représentants de 97 pays différents, on ne parle pas d'athlètes de haut niveau, de premier plan.
00:59:44C'est en réalité des athlètes souvent de seconde zone, entre guillemets. Pourquoi ? Parce que le CIO, notamment, fait pression contre la Russie et surtout contre les comités olympiques nationaux mondiaux.
00:59:59Parce que, justement, il est inquiet, lui, de cette concurrence. Et il veut faire en sorte qu'il garde, finalement, sa capacité d'action et d'être, en fait, le poumon ou le cœur du sport mondial.
01:00:13Et donc il a notamment annoncé aux athlètes qui participeraient à ces compétitions qu'il mettrait à mal, potentiellement, une participation à des Jeux olympiques ou paralympiques.
01:00:22Donc on est sur cette logique-là. Mais pour le régime russe, par contre, il va y avoir un effet. Justement, ils vont chercher l'effet loupe. Absolument.
01:00:32Les Jeux du futur, les autorités russes ont annoncé qu'ils avaient été regardés par un milliard de téléspectateurs. Est-ce que vous avez entendu parler des Jeux du futur ?
01:00:41Très probablement pas. Parce que ça n'a pas du tout été diffusé, comme le régime russe veut bien le dire, évidemment. Mais on est dans cette logique-là, toujours.
01:00:52C'est-à-dire essayer de paraître plus gros que le boeuf, essayer de montrer qu'on peut concurrencer et l'Occident et les organes traditionnels du sport.
01:01:01Mais évidemment, ça paraît très compliqué, aujourd'hui. Après, ils surfent, le régime russe, sur quelque chose d'assez porteur, entre guillemets.
01:01:11C'est qu'il y a une vraie fracture qui existe aujourd'hui, à l'échelle internationale, d'un point de vue géopolitique, entre les puissances occidentales et les puissances non-occidentales.
01:01:20Il suffit de voir quels sont les pays qui sanctionnent la Russie dans sa guerre d'agression contre l'Ukraine. C'est l'immense majorité des pays occidentaux.
01:01:30Et l'un des premiers alliés de la Russie dans l'organisation de ces compétitions sportives parallèles, c'est la Chine.
01:01:35La deuxième édition des Jeux du Futur, qui va se dérouler normalement dans deux ans, se tiendra en Chine.
01:01:40La Chine a annoncé prendre le relais pour essayer de pérenniser cette compétition.
01:01:44Et pour l'anecdote, d'ailleurs, un certain nombre de pays étaient présents à ces Jeux du Futur, dont la France.
01:01:51Une équipe française était présente. Donc c'est pour vous donner une idée du fonctionnement.
01:01:56Et oui, dernier risque. Pardon, je suis un peu lent. Mais dernier risque, et il est important, c'est un risque de dérégulation du sport.
01:02:03Parce que les sommes proposées en cas de victoire à ces compétitions sont des sommes importantes.
01:02:10Beaucoup d'athlètes répondent à ces sirènes et y vont, surtout ceux qui viennent de sports, disons mineurs, où l'argent ne coule pas à flot.
01:02:19Et en plus de ça, la Russie ne reconnaît plus aujourd'hui l'autorité de l'Agence mondiale antidopage.
01:02:25Donc on peut aussi imaginer que ces Jeux soient dérégulés d'un point de vue du dopage.
01:02:31Donc une dérégulation financière et une dérégulation en termes du dopage.
01:02:36On peut ajouter aussi une dernière chose, c'est que ça correspond aussi à un mouvement plus large qu'on a vu être initié par la Chine,
01:02:44qui consiste à désarticuler, désorganiser la gouvernance mondiale et ses instances.
01:02:51Les acteurs comme la Russie, la Chine et d'autres ont intérêt à mettre en place des institutions qui ne sont pas dominées par des occidentaux,
01:02:59et donc à proposer une autre gouvernance en proposant d'autres organisations.
01:03:02On a vu la Chine le faire, notamment avec la Banque asiatique d'investissement,
01:03:06et donc on l'a vu se positionner de manière systématique par rapport aux institutions de Bretton Woods.
01:03:12Et là ils font simplement, dans le sport, ce qui a été fait ailleurs.
01:03:15L'idée c'est que si vous construisez vous-même vos événements, vous êtes capables aussi de promouvoir un modèle, et donc vos valeurs.
01:03:20Et donc vous êtes capables de vous abstenir de certaines thématiques qui reviennent systématiquement.
01:03:25Droits des migrants, droits des travailleurs, droits des minorités, etc.
01:03:29Et donc cette logique-là est aussi à prendre en compte parce que tout ce qui se déroule,
01:03:34c'est changer cette gouvernance du sport pour pouvoir aussi promouvoir par le sport ces modèles-là.
01:03:39Si l'Arabie saoudite est aussi finalement avide de sport et dit sport, c'est aussi pour ça.
01:03:46Parce que se jouent les représentations de demain au travers de ça.
01:03:50Je prends un exemple simple, regardez par exemple l'importance de la laïcité pour nous,
01:03:56et regardez la problématique que ça pose aux organisateurs des Jeux olympiques.
01:04:00Regardez par exemple la stratégie lancée par l'Iran et l'Arabie saoudite dans les années 90 auprès du CIO,
01:04:07malgré l'article 50 qui revient sur la neutralité et qui impose la neutralité religieuse et politique.
01:04:12Vous avez la question du voile qu'il se pose.
01:04:15Et dans ce cadre-là, ces acteurs-là ont aussi l'ambition d'utiliser le sport pour promouvoir d'autres modèles de société
01:04:23qui ne sont pas forcément compatibles, ou en tout cas qui sont différents, divergents, voire concurrents des nôtres.
01:04:29Oui, et un élément aussi important qu'on n'a pas mentionné, c'est qu'en fait le sport tel qu'il est organisé,
01:04:35tel qu'il est organisé aujourd'hui, laisse penser qu'en fait il ne peut pas bouger,
01:04:39que finalement les instances du sport maintiennent globalement la structure sportive mondiale et qu'elle est inamovible.
01:04:46En fait le sport, de manière générale, il n'appartient à personne.
01:04:50Ou alors il appartient à tout le monde, chacun peut s'en servir, chacun peut essayer de l'utiliser,
01:04:54peut construire ses propres compétitions, etc.
01:04:57Et le CIO, la FIFA, etc. cherchent à garder leur monopole à la manière des entreprises,
01:05:03mais ça ne signifie pas que ces instances vont le garder ad vitam aeternam.
01:05:09Il faut simplement rappeler que ces institutions ont été créées à la fin du XIXe siècle, au début du XXe.
01:05:14C'est assez récent et rien ne dit, surtout à l'aune des instabilités mondiales qu'on connaît,
01:05:22rien ne dit qu'elles vont durer encore une centaine d'années par exemple.
01:05:27On continue à parler des Jeux Olympiques Paris 2024 et de la question des transports.
01:05:31Les transports parisiens seront-ils prêts dans un mois pour accueillir les spectateurs du monde entier ?
01:05:37Pour en parler, les sénateurs ont auditionné Valérie Pécresse, la présidente de la région Île-de-France,
01:05:42et le ministre des Transports, Patrice Vergrete. Je vous laisse écouter leur audition.
01:05:46On est à 72 jours des Jeux Olympiques et je crois qu'on peut dire qu'on est prêts comme jamais.
01:05:53Je le dis avec un petit peu d'expérience, puisque certes il n'y avait pas de spectateurs aux Jeux de Tokyo,
01:05:58mais j'ai fait les Jeux de Rio. À l'époque où nous venions d'être sélectionnés,
01:06:02je peux vous dire qu'on a vu arriver les toilettes des athlètes pendant les Jeux.
01:06:06Je pense qu'ils ont été installés pour les paralympiques.
01:06:11Vous vous souvenez tous de tous les stades où on peignait encore la façade la semaine d'avant.
01:06:20Ce n'est pas du tout le cas pour nous. On a livré toutes les infrastructures sportives.
01:06:25Voilà, c'est terminé. J'ai entendu dire ce matin à Patrice, en souriant,
01:06:32que le président de la République ne voulait que des médailles d'or.
01:06:36Mais je pense qu'en matière de transport, on pourrait donner des médailles d'or toutes les semaines
01:06:40aux opérateurs, aux aménageurs, aux spécialistes du BTP, à Alstom.
01:06:50Toutes les semaines, on a des chantiers colossaux historiques qui arrivent dans les délais.
01:06:58Là aussi, je voudrais dire juste un tout petit mot pour dire que les Jeux n'ont pas modifié,
01:07:05en réalité, notre ambition pour les transports.
01:07:07Ce n'est pas eux qui sont à l'origine du plan d'accessibilité des transports d'Île-de-France.
01:07:11Ce n'est pas eux qui sont à l'origine du projet EOL.
01:07:13Ce n'est pas eux qui sont à l'origine du projet du tram 3, du prolongement de la ligne 11
01:07:17ou du prolongement de la ligne 14.
01:07:19Ça existait et c'était déjà dans nos contrats de plan État-région.
01:07:21Mais force est quand même d'avouer et de constater, c'est pour ça que je dis toujours merci les Jeux,
01:07:27c'est que dans notre pays, rien n'arrive à l'heure et surtout pas les trains.
01:07:30Et grâce aux Jeux, tout arrive à l'heure.
01:07:33Et objectivement, c'est assez spectaculaire pour être noté.
01:07:37Alors, l'ambition de ces Jeux, c'est aussi d'avoir une médaille d'or qu'on va garder, je pense,
01:07:42assez longtemps parce que je pense que Los Angeles ne nous détrônera pas.
01:07:45Et je doute que Brisbane puisse le faire non plus.
01:07:49C'est la médaille d'or des Jeux 100% accessibles en transports en commun.
01:07:53Ça, c'est un enjeu, c'est un engagement qu'on avait pris pendant la candidature, qu'on va tenir
01:07:59et qui n'a jamais été tenu par aucune autre capitale.
01:08:03100% en transports en commun et zéro diesel.
01:08:06Donc ça aussi, c'est important parce que tous les bus et toutes les navettes qu'on va mettre
01:08:14seront décarbonées.
01:08:17Alors, je vous disais des projets qui sont des projets spectaculaires, des records, des projets pharaoniques.
01:08:25D'abord, on a réussi à boucler le tram 3 et donc à libérer la porte Maillot.
01:08:31Ça n'était pas gagné.
01:08:33On a prolongé Hull jusqu'à la Défense.
01:08:37Ce projet qui, vous le savez, était comme l'horizon, c'est-à-dire plus on s'avançait, plus il reculait dans le temps.
01:08:43Et c'est absolument déguisé des cathédrales.
01:08:46Enfin, on a eu l'occasion de les inaugurer avec le Premier ministre.
01:08:49Les trains sont arrivés.
01:08:51On va inaugurer le prolongement de la ligne 11.
01:08:53Alors ça, j'y tenais beaucoup.
01:08:54C'est en Seine-Saint-Denis.
01:08:55Ce n'est pas une ligne des Jeux, mais on ne voulait pas qu'elle soit sacrifiée sur l'hôtel des Jeux.
01:09:00C'est-à-dire que les franciliens ont le sentiment qu'on ouvrait les lignes des Jeux,
01:09:03mais qu'on n'ouvrait pas la ligne de la Seine-Saint-Denis, alors que ça fait 6 ans qu'elle est en travaux.
01:09:07Donc on ouvre la ligne 11 avec 6 km de métro.
01:09:10C'est le plus grand prolongement de ligne de métro qu'on ait jamais réalisé.
01:09:14Et la ligne 14, c'est pour le mois de juin.
01:09:18Donc Saint-Denis, Pléiel, Orly, aéroport.
01:09:21Donc pour un grand nombre d'entre vous, c'est un changement des règles du jeu.
01:09:24Vous allez pouvoir arriver à Orly en bas, en métro, ligne automatique, sans grême.
01:09:28Voilà, donc c'est quelque chose de totalement unique.
01:09:33Donc ça, c'est vraiment l'effet J.O., l'effet magique J.O.
01:09:43Tout est dans le temps.
01:09:44Pareil, ce matin, nous inaugurions avec Patrice la nouvelle gare de Saint-Denis,
01:09:52qui sera l'une des gares des Jeux, mais qui sera surtout 100% accessible.
01:09:55C'est le plus grand chantier de mise en accessibilité d'une gare de toute la France.
01:10:01Et ce projet de mise en accessibilité qui a coûté 160 millions,
01:10:04qui a été financé par la région, par l'Île-de-France Mobilité et par la SNCF,
01:10:07ce projet concerne la deuxième gare de l'Île-de-France,
01:10:13mais surtout la douzième gare de France.
01:10:15C'est-à-dire une gare plus grande que la gare de Lille, que la gare de Bordeaux.
01:10:19Donc ce n'est pas une petite gare, c'est une énorme gare qui est mise en accessibilité.
01:10:24Sur l'accessibilité, nous aurons, grâce aux Jeux,
01:10:28accéléré le déroulement de notre plan d'accessibilité,
01:10:31parce que c'est toujours ce qui passe un peu en dernier, l'accessibilité.
01:10:34Mais là, on avait les Jeux paralympiques, donc on était vraiment obligés d'être exemplaires.
01:10:38Et donc on sera à 95% des flux de passagers d'Île-de-France,
01:10:4295% des flux de passagers qui prendront des transports 100% accessibles.
01:10:47Et toutes les gares des Jeux seront 100% accessibles.
01:10:50Donc on a fait un bond en avant en termes d'accessibilité du réseau de transport,
01:10:54aussi grâce aux Jeux.
01:10:56Alors, le total du coût des transports spécifiques JO.
01:11:01Là, je vous parlais du réseau, des infrastructures, etc.
01:11:04Mais le coût spécifique des JO, c'est-à-dire de la période du 26 juillet-12 août
01:11:11et du 28 août jusqu'au 10 septembre,
01:11:15c'est 250 millions de dépenses supplémentaires pour Île-de-France Mobilité.
01:11:19Et c'est quoi ces 250 millions ?
01:11:23C'est un renfort d'offres, 15% moyenne.
01:11:26Alors, ça ne veut rien dire, 15% moyenne.
01:11:28Et 15% de plus qu'à mois d'août normal.
01:11:31Mais avec 70% de plus sur le RER-C qui ira à Saint-Quentin-en-Yvelines
01:11:35pour desservir le vélodrome et l'équitation à Versailles.
01:11:40Là aussi, énormément plus sur la ligne 14, sur le RER-B, sur la ligne 13.
01:11:47Toutes les lignes desservant les jeux seront beaucoup plus utilisées.
01:11:52Et en moyenne, ça fait 15% de hausse.
01:11:55Plus 50 000 cartes gratuites de circulation pour toutes les forces de police, de sécurité
01:12:01qui arriveront de toute la France.
01:12:03Puisque vous savez qu'on aura 50 000 effectifs supplémentaires
01:12:06qui viendront de toute la France pour renforcer la sécurité de nos jeux.
01:12:11Donc, cartes gratuites.
01:12:13Cartes gratuites pour 45 000 bénévoles, les bénévoles des JO.
01:12:20Et puis aussi, toute une série de suppléments.
01:12:27Les primes qui sont en train d'être négociées pour les JO par la RATP
01:12:33qui devaient tenir dans une enveloppe qu'on avait fixée avec la RATP
01:12:37et qui tiennent dans l'enveloppe que nous avons fixée
01:12:40avec la RATP et avec l'aide du ministère.
01:12:44Qu'est-ce qu'il y a d'autre dans ces 250 millions ?
01:12:48Alors, le renfort d'offres, c'est aussi, il faut le savoir,
01:12:51450 navettes gratuites qui seront postées à des points névralgiques
01:12:59pour pouvoir emmener tous ceux qui ne pourraient pas marcher jusqu'aux épreuves.
01:13:04Alors, typiquement, Porte d'Auteuil pour aller à Roland-Garros,
01:13:09Porte de Saint-Cloud pour aller au Parc des Princes,
01:13:12à Charles-de-Gaulle-Etoile, toujours pour aller à Roland-Garros,
01:13:15à la gare du RERC pour aller au fond du parc du château de Versailles,
01:13:20à Massy pour aller à 50 ans d'humilité, etc.
01:13:22À la sortie du RERE et du RERA pour aller sur la base nautique de Vers.
01:13:28Donc, tous les endroits qui ne sont pas très bien desservis
01:13:30et où on a besoin d'avoir plusieurs plans.
01:13:33Parce qu'évidemment, il y a toujours des itinéraires bis pour tout.
01:13:36Donc, on aura 450 navettes gratuites qui amèneront les personnes sur les derniers kilomètres.
01:13:40Ce seront des bus de 18 mètres, articulés, cadencés parfois à la minute
01:13:46et qui emmèneront les flux de voyageurs.
01:13:50Donc ça, c'est des offres en plus.
01:13:52Pour l'accessibilité, on a aussi fait des efforts.
01:13:54On aura 150 navettes qui seront dans les 8 grandes gares d'Ile-de-France
01:14:01et qui amèneront les personnes en situation de handicap directement sur site.
01:14:06Donc, on pourra aller prendre sa navette à la porte du site
01:14:10et tout type de handicap pour le tarif d'un ticket de métro et avec les accompagnants.
01:14:15Donc ça, c'est les 250 millions d'euros de dépenses supplémentaires
01:14:19que fera Ile-de-France Mobilité pour les Jeux.
01:14:21Mais qui n'inclut pas les infrastructures.
01:14:23Parce que je vous dis, les infrastructures étaient déjà prévues,
01:14:25déjà financées spécifiquement dans nos plans transports.
01:14:29Alors oui, c'est vrai qu'à 72 jours des Jeux,
01:14:33tous les plans de transport sont terminés.
01:14:35Tous les plans de transport sont terminés.
01:14:37Et ça aussi, c'est important, on est prêts.
01:14:40Et quand je dis tous les plans de transport sont terminés,
01:14:42ça inclut évidemment le plan de transport spécifique de la cérémonie d'ouverture
01:14:47avec la mise en place des différents périmètres de sécurité.
01:14:50Alors là encore, je le dis pour que les compétences des uns et des autres soient très claires,
01:14:55il ne m'appartient pas de contester une décision prise par le préfet de police.
01:15:00Je veux dire, si le préfet de police me dit...
01:15:02Alors je les challenge évidemment dans les réunions préparatoires.
01:15:05On a obtenu que les Invalides puissent rester ouvertes,
01:15:09que la station Saint-Michel puisse rester ouverte.
01:15:12Mais ce qui est évident, c'est que quand on est obligé de fermer une sortie
01:15:15à cause d'une infrastructure des JO,
01:15:17après c'est les pompiers qui décident si ça passe ou si ça passe pas.
01:15:20Ça n'est pas la région.
01:15:22Voilà.
01:15:23Donc s'il y a un problème d'ouverture de certaines gares
01:15:26ou d'ouverture de certaines correspondances,
01:15:28ce n'est pas avec nous qu'il faut le voir.
01:15:30Nous, on n'est que les exécutants.
01:15:32C'est avec la préfecture de police.
01:15:35Alors la préfecture de police, elle, essaye de négocier avec le COJO
01:15:39pour repousser au maximum dans le temps la montée des gradins.
01:15:45Parce que plus on montera les gradins tard, plus on fermera les correspondances tard.
01:15:51Alors pourquoi est-ce qu'on est obligé de fermer les correspondances ?
01:15:53C'est parce que si la sortie est fermée pour cause d'infrastructures des JO,
01:16:00eh bien, en fait, on ne sait pas évacuer.
01:16:03Il y a un ratio entre le nombre de personnes qui peuvent sortir
01:16:06et le nombre de personnes qui passent dans les tunnels.
01:16:09On ne sait pas.
01:16:10Alors moi, je vous mets juste dans la situation d'un accident,
01:16:14d'un incendie dans une station,
01:16:16et avec la non prise en compte des recommandations des pompiers de Paris.
01:16:22Je pense que personne, aucun d'entre vous, ne souhaite ça.
01:16:26Alors moi, je suis très heureuse parce que sur la cérémonie d'ouverture,
01:16:31on n'aura finalement que 330 000 spectateurs.
01:16:33Vous savez que le France Mobilité était très inquiet de la jauge de cette cérémonie d'ouverture
01:16:38à cause des flux voyageurs uniquement.
01:16:40Et là, 330 000, ça nous paraît tout à fait important.
01:16:45Alors c'est vrai que ça aura la mise en place des différents périmètres de sécurité
01:16:49qui auront un impact significatif sur de nombreuses lignes de métro et de réseau de bus.
01:16:53On a 17 stations du métro et du RRC qui vont être fermées du 18 au 26 juillet inclus,
01:16:59ainsi que le tronçon central de la ligne 7 du métro.
01:17:02Le tronçon central de la ligne 7 du métro, c'est celui qui passe sous la Seine,
01:17:05entre Jussieu et Louvre.
01:17:09Donc ce tronçon-là est fermé parce que comme on ne peut plus sortir,
01:17:13on ne pourra pas sortir les gens dans le tunnel.
01:17:17Ils risqueraient de mourir étouffés s'il y avait un incendie.
01:17:19Donc on a quand même un certain nombre de désagréments,
01:17:22je le reconnais bien volontiers pour les franciliens, du fait de ces jeux.
01:17:26Alors, petit sujet encore sur la cérémonie d'ouverture,
01:17:29c'est que ça correspond aussi aux chassés-croisés des haussiens et des juillettistes
01:17:35dans les grandes gares parisiennes.
01:17:38Donc évidemment, on va renforcer l'offre sur le métro au maximum
01:17:42au moment de l'arrivée des spectateurs de la cérémonie, entre 15h et 18h,
01:17:46et à la fin de la cérémonie, vers 23h15.
01:17:49Et on a décidé d'ouvrir toutes les lignes de métro automatique
01:17:52toute la nuit de la cérémonie d'ouverture.
01:17:54Alors normalement, ce n'était pas forcément obligatoire
01:17:56parce que la cérémonie se termine à 23h15,
01:17:58mais on s'est dit quand même qu'il y en aurait qui auraient envie de prolonger la fête
01:18:01et qu'il valait mieux laisser ces lignes ouvertes pour pouvoir désaturer la ville.
01:18:06Donc la 1, la 4, la 14 seront ouvertes toute la nuit,
01:18:09plus les noctiliens qu'on renforce,
01:18:11puisque ce sera une immense fête, ces Jeux Olympiques,
01:18:13et donc les noctiliens seront cadencés.
01:18:16Par exemple, la ligne qui fait les bus noctiliens qui roulent toute la nuit
01:18:19seront cadencés toutes les 6 minutes le long de Paris.
01:18:23Je finis avec les transports ouverts toute la nuit.
01:18:26La dernière nuit, la nuit du samedi 10 août, pour le Marathon pour tous.
01:18:30Là, ce sera la grande fête de clôture.
01:18:32Et là, les lignes du métro et de l'URRC intramuros fonctionneront toute la nuit
01:18:37en complément du noctilien.
01:18:39Je veux juste dire encore un petit mot sur la rentrée,
01:18:42parce que bien évidemment, et je sais que beaucoup d'entre vous s'en sont émus,
01:18:49et je l'ai dit aux opérateurs, un plan de transport, ce n'est pas juste pour les Jeux.
01:18:54Les Jeux Paralympiques vont coïncider avec la rentrée scolaire.
01:19:00Donc, évidemment, il faut une offre spécifique.
01:19:02Là aussi, on a finalisé le plan de transport des Jeux Paralympiques
01:19:05en préservant les transports du quotidien et notamment les transports scolaires.
01:19:11Donc, il faut savoir, c'est qu'on va donner des conseils aux Franciliens.
01:19:16Île-de-France Mobilité a mis en place une application
01:19:19qui s'appelle Transport public JO 2024.
01:19:24Cette application qui est traduite en 6 langues
01:19:27donne le bon conseil de déplacement.
01:19:30Et c'est absolument impératif de les suivre,
01:19:33parce qu'en réalité, il y aura des itinéraires qui seront déconseillés.
01:19:36Il ne faudra pas suivre l'itinéraire habituel.
01:19:39Typiquement, la ligne 13 ne sera pas dans le plan de transport des Jeux Paralympiques
01:19:47en raison de sa faible jauge capacitaire pour préserver la rentrée des Franciliens.
01:19:52Les spectateurs seront invités à emprunter les lignes du RER B, du D,
01:19:56la ligne H et les lignes 12 et 14 du métro.
01:19:59Sur le site de Vert, le RER A ne sera plus dans le plan de transport
01:20:03parce qu'il est trop utile pour les transports du quotidien de la rentrée.
01:20:07Tout sera fait par le RER E.
01:20:09Donc, pour les Jeux Paralympiques, ce n'est pas le même plan de transport
01:20:12que pour les Jeux Olympiques.
01:20:14Donc ça, c'est très important.
01:20:17Alors, il y a une mobilisation massive des agents et des opérateurs.
01:20:21250 conducteurs supplémentaires dans le métro.
01:20:25On a 100 conducteurs de la SNCF qui viendront de provinces en renfort.
01:20:303000 conducteurs de bus supplémentaires.
01:20:32Vous voyez, beaucoup de monde en plus.
01:20:34Et évidemment, des primes qui sont nécessaires parce qu'on reporte les vacances.
01:20:38Et on ne fait pas que les reporter d'une semaine.
01:20:40On les reporte loin.
01:20:42Il n'est pas question que tout le monde prenne les vacances en juillet.
01:20:47En août, il y aura beaucoup de vacances reportées.
01:20:49Et on ne pourra pas les prendre début septembre, puisqu'il y a la rentrée.
01:20:52Et il faut que tout le monde puisse les faire.
01:20:54Donc c'est vraiment un énorme travail qui est fait de dialogue social par les opérateurs.
01:20:58Et les discussions sur les compensations indemnitaires sont totalement légitimes,
01:21:03même si j'ai demandé qu'elles soient intégrées dans une enveloppe fixée
01:21:07qui a été, à ce stade, respectée.
01:21:10Voilà.
01:21:14Alors, juste un tout petit mot sur les tarifs.
01:21:18On va mettre toutes les titres de transport sur Internet, sur Android, et désormais sur Apple.
01:21:28C'est là aussi un des vrais acquis des jeux,
01:21:32parce qu'Apple nous faisait traîner et avait des conditions qui étaient léonines.
01:21:39Là, aujourd'hui, grâce au jeu, on a Apple qui va ouvrir.
01:21:43Et donc on pourra tout mettre sur Apple, comme on a déjà la possibilité de tout dématérialiser sur Android.
01:21:49Les tarifs des jeux ont été fixés à un tarif élevé.
01:21:53Et je le sais.
01:21:54Ce n'est pas ma faute et ce n'est pas ma responsabilité.
01:21:57Plus exactement, c'est ma responsabilité et ma faute.
01:21:59Mais ce n'est pas moi qui ai promis la gratuité.
01:22:01La gratuité, c'était le COJO qui l'avait compromise,
01:22:04et qui nous a dit en 21 qu'il n'avait plus l'argent pour le financer.
01:22:07Je me suis tournée à l'époque vers l'État.
01:22:09Et l'État m'a dit, nous non plus.
01:22:11Donc ni le COJO, ni l'État n'ayant l'argent, ils revenaient donc à la région de France
01:22:15de prendre sur ses épaules 250 millions d'euros.
01:22:17Je suis désolée de vous le dire.
01:22:19Il n'était pas question pour moi de laisser cette dette de 250 millions d'euros aux Franciliens.
01:22:23250 millions, c'est 8 euros de Navigo.
01:22:25Donc moi, je ne sais pas augmenter de 10% le Navigo pour financer les jeux.
01:22:29Je ne sais pas le faire.
01:22:30Donc le premier objectif, ne pas laisser la dette JO aux Franciliens.
01:22:34Deuxième objectif, qui n'est pas non plus à négliger, c'est les flux.
01:22:40Le vrai problème des transports en Ile-de-France, ce ne sera pas tellement les transports eux-mêmes,
01:22:44ce sera les flux de voyageurs.
01:22:46Et donc, nous ne voulons pas d'encombrement aux entrées des gares et des stations.
01:22:51Nous ne voulons pas des gens qui, au guichet, vont chercher un ticket de métro.
01:22:55Nous ne voulons pas dans les bus, des voyageurs qui demandent à payer un ticket de métro au chauffeur.
01:23:01Alors, on est obligé de laisser quand même les guichets ouverts.
01:23:03On est obligé de laisser cette possibilité d'achat dans le bus aux voyageurs.
01:23:07Parce qu'on sait bien qu'il y en aura qui seront perdus et qui voudront le faire.
01:23:10Mais l'objectif, et on va le répéter, le dire, on m'envoie un courrier aux Franciliens pour le faire,
01:23:16c'est prenez vos tickets par Internet, prenez des passes et prenez-les à l'avance.
01:23:23Parce que, évidemment, tout ça, c'est une question de fluidité.
01:23:27Et donc, vraiment, il faudra marteler.
01:23:29Tout est accessible sur Internet.
01:23:31Et le pass à 16 euros permet l'accès aux aéroports, ce qui est aujourd'hui à peu près à 12 euros.
01:23:38Donc, ce n'est pas un pass cher, notamment pour tous ceux qui arrivent par le biais des aéroports.
01:23:42Ça leur fait le pass aéroport à 12 euros plus 4 euros pour circuler de manière illimitée dans toute l'île de France.
01:23:49Voilà. Donc, c'est un pass qui est au juste prix. Voilà. C'est au juste prix.
01:23:54J'aurais préféré qu'il soit moins cher, mais personne ne m'a proposé de me le financer.
01:23:59Voilà. Donc, une signalétique dédiée, une présence humaine renforcée, bien sûr, de la sécurité.
01:24:051 000 agents en plus pour la sécurité des transports pendant les Jeux.
01:24:09Ça aussi, c'est très, très important.
01:24:11Et 62 équipes de signaux détection pour les colis abandonnés.
01:24:15Pardon, je m'arrête.
01:24:17Et 85 000 caméras équipant 100 % des gares, bus, trams et trains.
01:24:21Et un centre de commandement unique financé par l'État et la région à la préfecture de police.
01:24:27Et nous allons en plus créer une brigade régionale des transports.
01:24:30Et grâce, j'espère, à la proposition de loi Tabaro, j'espère qu'elle sera votée un jour, en tout cas avant les Jeux.
01:24:36Parce que là, pour le coup, il y a une vraie deadline, il y a une vraie date butoir.
01:24:40On aura la possibilité de donner plus de pouvoir à ces agents de sécurité dans les transports.
01:24:45Et ce sera très utile.
01:24:47Voilà. Donc, l'effort est collectif et l'ambition est olympique.
01:24:50Merci.
01:24:51Merci, Madame la Présidente. Monsieur le Ministre.
01:24:55Merci, messieurs les présidents, messieurs les sénateurs, sénatrices.
01:25:01Madame la Présidente du Conseil régional.
01:25:05On est effectivement un peu plus de 70 jours du début des Jeux.
01:25:10Je ne sais pas si c'est 71 ou 72, du coup.
01:25:13Mais en tout cas, on sent avec l'arrivée de la flamme le début d'un engouement populaire.
01:25:19Et je pense que c'est tant mieux.
01:25:21Nous souhaitons tous collectivement que ces Jeux soient une fête pour notre pays
01:25:26et l'occasion de donner une très belle image de la France.
01:25:29L'enjeu en matière de transport, il est effectivement important.
01:25:32C'est presque un boulot d'ingénieur.
01:25:34Il faut concilier différents flux.
01:25:37Des flux qui émanent directement des Jeux olympiques.
01:25:40A la fois, évidemment, ceux qui viendront visiter en tant que spectateurs des Jeux.
01:25:46Les athlètes eux-mêmes, les accrédités d'une manière générale.
01:25:49Et en même temps, les déplacements du quotidien.
01:25:52C'est cette capacité à concilier des flux qui constitue le défi des transports.
01:25:58Pour ajouter à ça, évidemment, notre pays a souhaité marquer son exemplarité.
01:26:04Valérie l'a dit tout à l'heure.
01:26:06Des Jeux accessibles à 100% en transport collectif.
01:26:10Si je rajoute à la dimension volontariste du vélo,
01:26:14on donne une image d'un pays qui privilégie les enjeux de développement durable
01:26:19à travers cette politique de transport.
01:26:21Donc concilier des flux importants,
01:26:24mettre en avant notre objectif de développement durable,
01:26:27c'est un petit peu le défi des transports pendant ces Jeux.
01:26:30La méthode qui a été mise en œuvre pour le faire,
01:26:33et vous l'avez ressenti dans les propos de Valérie Pécresse,
01:26:37c'est finalement de jouer collectif.
01:26:39La meilleure façon de faire, c'est de se mobiliser tous ensemble.
01:26:43L'ensemble des acteurs, les opérateurs, régions, états, villes de Paris.
01:26:47Le but du Jeu, c'est de pouvoir jouer coordonné.
01:26:51Vous l'avez évoqué dans votre propos introductif,
01:26:53de jouer coordonné depuis le début.
01:26:55Et ce fameux comité des mobilités a vraiment, je veux dire,
01:26:59marqué la préparation de ces différents travaux
01:27:03sur comment être à l'heure au moment des transports.
01:27:06Valérie Pécresse l'a dit.
01:27:08Aujourd'hui, tous les plans de transport sont validés.
01:27:13L'offre globale en Ile-de-France est en moyenne augmentée de 15%,
01:27:18mais avec des plus 70% sur certaines lignes,
01:27:22là où il y a des enjeux les plus importants.
01:27:25Et le reste de la France également.
01:27:27Les plans de transport, parce qu'effectivement,
01:27:29les Jeux ne sont pas qu'en Ile-de-France.
01:27:31Pour le reste de la France,
01:27:33les plans de transport ont également été validés.
01:27:35J'étais moi-même à Châteauroux il y a peu,
01:27:38pour vérifier exactement la semaine passée,
01:27:41pour vérifier la mise en œuvre de ce plan de transport.
01:27:44Voilà pour ces auditions au Sénat sur les Jeux olympiques Paris 2024.
01:27:48C'est la fin de cette émission.
01:27:50Merci de l'avoir suivie.
01:27:51Continuez à suivre l'actualité politique et parlementaire
01:27:53sur notre site internet publicsenat.fr.
01:27:55Je vous souhaite une très bonne journée sur Public Sénat.

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