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00:00Pour Simone Médias, j'ai rencontré Marzia Hamedi, une jeune taekwondjie de 21 ans afghane
00:07mais née réfugiée en Iran.
00:08Elle découvre le taekwondo à 14 ans et se professionnalise d'abord en Iran puis en
00:13Afghanistan où elle retourne vivre pour ses études en 2020, quelques mois avant la prise
00:17de Kaboul par les talibans.
00:19Cette année, grâce à un visa, elle s'entraîne en France et a été pressentie pour participer
00:24sous la bannière de l'équipe réfugiée des JO de Paris.
00:26Quand j'étais à Kaboul avec mon coach, on avait ce plan d'aller aux Olympiques de
00:37Paris.
00:38Après un an, je me suis réveillée et j'ai vu que les talibans étaient dans la rue.
00:43Je veux juste leur montrer qu'ils ne peuvent pas nous empêcher.
00:47Je suis libre, même s'ils sont là.
00:49Je réalise des choses grandes.
00:51Je vais devenir une grande championne du monde.
00:54Je veux leur montrer la puissance des femmes.
00:56Je veux leur montrer que nous sommes fortes.
00:58Le matin, l'après-midi, parfois trois fois par jour, même si c'est dur de s'entraîner.
01:08J'adore ça.
01:09L'entraînement est bon.
01:11Mon père a lutté contre eux et mes parents, à cause d'eux, sont devenus réfugiés.
01:16J'étais là pendant cinq mois.
01:17Je vis sous le régime des talibans.
01:21Tout a changé très vite.
01:23Vous ne pouvez pas voir une femme dans la rue.
01:25Vous n'avez pas la liberté de parler, d'aller à l'école.
01:28Ils ne peuvent même pas quitter la maison.
01:29Les femmes sont invisibles en Afghanistan et il y a un apartheid gender.
01:32Quand j'ai parlé avec mon coach, il m'a dit que le nouveau président de la fédération
01:38a dit aux filles qu'elles ne sont pas autorisées à venir près de l'entraînement.
01:46Quand j'ai commencé le taekwondo, c'était juste un taekwondo, un sport.
01:50Quand j'ai grandi, quand j'ai compris mes valeurs, ça a changé pour moi.
01:54J'ai voulu le faire avec beaucoup de passion pour les femmes, comme une femme.
02:00Pour moi, c'est plus que du taekwondo et je suis plus qu'un athlète.
02:05Je me bats pour la liberté, je me bats pour la vie.
02:08Quand j'étais en Afghanistan, je parlais des droits des femmes.
02:12Même quand j'étais là, je faisais des manifestations avec beaucoup de femmes.
02:17Il y a beaucoup de femmes aujourd'hui à Kaboul, dans différentes villes de l'Afghanistan,
02:21et nous ne savons pas où elles sont après les manifestations.
02:25Elles regardent les yeux des talibans et elles crient pour leur liberté, pour leurs droits fondamentaux.
02:31Je dis qu'elles sont très braves.
02:33Nous ne sommes pas braves, elles sont braves qu'elles soient là et qu'elles se battent pour leurs droits.
02:37Il y a aussi des jeunes filles comme moi, de la même âge que moi, et elles ont des rêves.
02:41Elles veulent être quelqu'un.
02:43Elles veulent avoir une vie normale, une vie bien, libre, vivre librement.
02:47Je ne peux pas rester silencieuse pour ça, je ne peux pas fermer mes yeux.
02:50Même parfois, je me sens culpée.
02:53C'est sûr que je suis plus en sécurité que les gens qui sont là, mais je ne peux pas dire que je suis complètement en sécurité.
03:01Je reçois beaucoup de messages.
03:03C'est une menace, par exemple ?
03:04Oui, ils vont en live sur TikTok et ils disent « Oh, nous devons trouver elle ».
03:10Ils utilisent des mots très mauvais, je ne peux pas le dire.
03:14Je vois l'effet de tout ça dans mon entraînement, dans mon esprit, dans mon esprit.
03:19Mon cœur est en Afghanistan et ça ne me laisse jamais.
03:22C'est une douleur qui va rester dans mon cœur.
03:27Si je me lève, je ne me sentirai jamais heureuse.
03:29Il y a beaucoup de gens qui attendent mon succès,
03:33pour être quelqu'un et pour changer quelque chose pour eux.
03:35Et il y a aussi des gens, des systèmes qui sont contre moi.
03:40Donc, à cause de ça, je ne me lève jamais.
03:42Parce que je sais qu'après, je ne serai jamais heureuse.
03:45Je veux continuer à faire du sport jusqu'à ce que je puisse, jusqu'à ce que mon corps puisse.
03:51Et je veux faire pour les prochaines Olympiques de Los Angeles,
03:55parce que je veux faire une histoire, ce n'est pas facile.
03:58Et oui, c'est tout.
04:01Le jour de notre interview, rien n'était encore officiel,
04:04mais Marzia n'a pas été retenue pour ces JO sans qu'on comprenne trop pourquoi.
04:08Une décision qu'elle regrette,
04:10d'autant plus que ce sont deux hommes qui ont été envoyés dans sa catégorie
04:14sans prendre en compte de la nécessité d'égalité de genre pour ces JO de Paris.
04:18Ensemble, nous en avions discuté et elle m'expliquait que c'était souvent la double peine
04:22pour les femmes réfugiées, notamment dans les compétitions sportives.