• il y a 6 mois

Category

🗞
News
Transcription
00:00Il est 8h moins le quart. Jusqu'à samedi, c'est donc la première édition de la semaine de lutte contre l'isolement des aînés.
00:04Il serait 40 000 concernés dans notre département.
00:07Son travail à elle, c'est justement de rompre cet isolement.
00:10Céline Fiorila est aide à domicile à Edemy depuis 6 ans à Bordeaux.
00:15Elle est donc notre invitée ce matin, Marie.
00:16Bonjour Céline Fiorila.
00:18Bonjour.
00:19Alors, comment est-ce que vous décririez votre mission auprès des personnes que vous accompagnez au quotidien ?
00:24Alors, c'est une mission qui est quand même à large spectre
00:27puisque nous avons quand même des contingences à respecter.
00:30Bien sûr, quand on arrive, il y a un repas probablement à faire.
00:35Il y a un entretien à faire également.
00:39Il peut y avoir un change de literie.
00:41Il peut y avoir un aide à l'habillage, parfois au déshabillage.
00:45Mais, quand on arrive chez une personne,
00:48la première des choses, c'est de voir comment elle est, bien sûr.
00:52Et donc, selon son état, il faut s'adapter
00:55et savoir si la personne a besoin de parler
00:59ou si elle est vraiment tout de suite dans sa contingence d'ordre matériel.
01:03Bien souvent, c'est vrai que les personnes sont très isolées,
01:06voient très peu leur famille.
01:08Si elles voient des personnes, c'est souvent nous, effectivement,
01:12les infirmières ou les aides-soignantes, parfois leurs médecins.
01:16Et quand on arrive, on est vraiment un ballon d'oxygène.
01:19C'est là où elles peuvent, à un moment donné, se poser, vider leur sac.
01:23Et nous, on est là, effectivement, pour les écouter,
01:26d'une manière active, sans les juger, partager,
01:30et essayer parfois de trouver des solutions.
01:32Vous estimez aujourd'hui avoir le temps de donner cette écoute
01:36dont ces personnes ont besoin ?
01:38Personnellement, j'estime que moi, en tout cas, je n'ai pas assez de temps.
01:42Je suis une personne très communicative, déjà, à la base.
01:45Et malheureusement, le conseil départemental freine des deux genoux
01:50au niveau des prises en charge.
01:52Ils ont diminué pas mal d'heures, cette année.
01:55Ce qui fait que nous, on est dans une contrainte horaire
01:58qui est vraiment inflexible.
02:00Des fois, on n'a qu'une demi-heure d'intervention.
02:02Donc, en une demi-heure d'intervention, malheureusement,
02:05on ne peut pas non plus donner une part importante à la communication,
02:08puisqu'on reste quand même dans des contingences, parfois,
02:15qu'on ne peut pas éviter.
02:16Donc, c'est vrai que les personnes qui ont les moyens
02:21et qui peuvent effectivement se payer, si je puis dire,
02:2626 heures l'heure de leur poche
02:29pour pouvoir avoir une personne l'après-midi
02:31qui va venir discuter ou autre,
02:33eh bien, c'est rare.
02:35Et donc, malheureusement, ces personnes restent dans l'isolement.
02:38Vous exercez une profession dont on parle malheureusement souvent en mal
02:43à cause des difficultés inhérentes à son exercice.
02:46Vous l'avez évoqué un petit peu, le manque de temps, notamment.
02:49Pour vous, c'est une reconversion.
02:50C'est une profession que vous avez choisie.
02:52Est-ce que vous pouvez nous expliquer ce choix ?
02:54Tout à fait.
02:55Moi, j'ai travaillé pendant 35 ans dans le domaine du commerce.
02:58Et suite à un licenciement économique,
03:01j'ai choisi non plus de m'occuper des choses,
03:04mais de m'occuper des gens.
03:06Et donc, lors d'une réunion à la mairie de Bordeaux-Côte-des-Rhins,
03:12ce métier nous a été présenté,
03:14mais dans son état le plus brut,
03:17c'est-à-dire sans enjolivement,
03:19mais aussi sans noirceur, on va dire.
03:22Et c'est vrai que moi, j'ai tout de suite été happée.
03:24Je me suis dit, c'est ça.
03:25J'ai fait donc un stage.
03:28Et ce stage m'a permis vraiment de me renforcer dans cette idée.
03:33J'ai été embauchée par Edomie.
03:35Pour moi, c'est une famille,
03:37parce que c'est des gens vraiment fabuleux
03:39qui savent vraiment vous écouter,
03:41être proche de vous,
03:43trouver des solutions lorsque vous rencontrez des difficultés.
03:48Et c'est pour ça qu'aujourd'hui, je suis toujours à Edomie.
03:51J'exerce toujours au sein de cette association.
03:53À l'occasion de la semaine de lutte contre l'isolement des aînés,
03:55Céline Fiorila est à domicile, donc à Edomie.
03:58Elle est notre invitée ce matin sur France Bleu.
04:00Et à l'occasion de cette semaine,
04:01on a demandé à nos auditeurs ce matin,
04:03comment est-ce qu'ils s'investissent
04:05pour aider les personnes âgées autour d'eux.
04:09On va écouter la réponse de Marie à la 28 ans.
04:11J'essaie de les appeler régulièrement.
04:13J'ai la chance d'encore avoir mes deux grands-mères.
04:15Quand je peux, je vais les voir.
04:17Puis, je me suis inscrite dans une association
04:19pour tenir compagnie à des personnes âgées,
04:21les aider à sortir, aller se promener.
04:23Je pense que les petites actions font un grand effet.
04:26Rien qu'envoyer une carte postale,
04:28appeler de temps en temps, prendre des nouvelles,
04:30ça ne prend pas beaucoup de temps pour nous,
04:32mais pour eux, ça leur fait énormément plaisir.
04:34Vous êtes d'accord, Céline Fiorila,
04:36c'est ces petites actions qui font que les personnes vont mieux,
04:38se sentent moins isolées ?
04:39Tout à fait, je suis tout à fait d'accord,
04:41mais c'est vrai que rien ne remplacera quand même
04:43la présence physique, parce que l'isolement,
04:45c'est aussi un manque de contact physique.
04:47Lorsqu'on va chez la personne,
04:49elle nous voit,
04:51vous avez un joli chemisier,
04:53des belles boucles d'oreilles, vos tennis sont fabuleuses,
04:55il y a un parfum, un regard,
04:57une main tendue.
04:59C'est vrai que le rapprochement dit physique
05:01est très important,
05:03et c'est ça aussi qui caractérise l'isolement actuellement.
05:06On l'a bien vu pendant la Covid,
05:08les gens ont souffert de l'isolement,
05:10mais de cet isolement physique.
05:12Et c'est vrai que maintenant,
05:14dans notre société très technologique,
05:16des fois on se laisse aller
05:18à bien sûr
05:20un mail, un sms,
05:22une petite vidéo, etc.
05:24Mais rien ne remplacera vraiment
05:26la présence physique de la personne à domicile.
05:28Vous, vous êtes aide à domicile depuis 6 ans,
05:30est-ce qu'il y a une personne
05:32auprès de qui vous intervenez,
05:34qui vous a marqué particulièrement ?
05:37Oui, bien sûr.
05:39En fait, il y en a eu deux.
05:41Il y a eu une première expérience pour moi
05:43qui a été vraiment très forte,
05:45puisque j'ai eu l'occasion
05:47de faire du soin palliatif à domicile.
05:49Vous avez accompagné une personne en fin de vie ?
05:51Voilà, j'ai vraiment accompagné
05:53une personne en fin de vie qui était très âgée,
05:55avec des infirmières, etc.
05:57Et ça m'a vraiment permis
05:59de me rendre compte vraiment
06:01de ce qu'est la fin de vie, et de la souffrance,
06:03de la douleur, et aussi de l'isolement,
06:05parce que c'était une personne qui n'était pas très accompagnée
06:07par sa famille. Donc ça, ça m'a
06:09vraiment beaucoup touchée, puisque je l'ai aussi vu
06:11décéder devant moi. Donc, le dernier
06:13souffle de vie, maintenant je sais ce que c'est.
06:15Et une deuxième
06:17expérience aussi qui m'a
06:19marquée, qui me marque encore,
06:21c'est aussi de pouvoir évoluer
06:23dans d'autres univers
06:25sociologiques
06:27qui ne sont pas les nôtres, on va dire.
06:29Moi, je suis issue d'une
06:31famille ouvrière, on va dire, très simple.
06:33Et c'est vrai que d'avoir aussi découvert
06:35d'autres milieux un peu plus élitistes, on va dire,
06:37ça m'a permis de m'élever
06:39et puis d'apprendre beaucoup de choses.
06:41On sent bien que vous mettez l'humain au cœur de
06:43votre activité, ce qui manque parfois
06:45peut-être de ces
06:47charges qu'on qualifie souvent de techniques, en fait.
06:49Exactement, tout à fait.
06:51Et puis vous savez, dans l'inconscient collectif,
06:53l'auxiliaire de vie, elle est
06:55encore considérée comme une
06:57femme de ménage. Donc,
06:59automatiquement, tant que
07:01cette image-là ne sera pas
07:03décorrélée de notre
07:05métier, et bien
07:07ça sera quand même difficile de comprendre que
07:09nous, on est là aussi, et surtout pour le lien.
07:11Merci beaucoup d'avoir
07:13témoigné ce matin sur
07:15France Bleue, Gérondre et Céline Dufiorilat
07:17qui travaillent à Edomi depuis 6 ans
07:19à Bordeaux. Tout à fait.

Recommandations