Les 100 ans du Football Entreprise : le film

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00:00Qu'entend-on au juste par football corporatif ? C'est la discipline sportive pratiquée
00:15au sein d'une entreprise, contrairement par exemple aux clubs civils ou scolaires
00:19universitaires.
00:20L'histoire du foot en entreprise est assez difficile à dater, de manière précise
00:30en tout cas.
00:31Ce qu'on sait, c'est qu'aux alentours de la fin du XIXe siècle, en Angleterre,
00:35il y a des clubs qui naissent d'initiatives d'ouvriers, notamment des cheminots à Manchester
00:40en 1885.
00:41Ça c'est en Angleterre.
00:42Et puis en France, on a aussi des initiatives assez intéressantes du côté des employés
00:46cette fois, dans des grands magasins parisiens.
00:48Il y a l'Union de la Belle Jardinière, le Bon Marché qui crée une association de
00:53football entreprise dès la fin du XIXe, et il y a même des tournois inter-magasins
00:59qui sont organisés à partir de 1899, dans lesquels on joue au foot entre employés.
01:05Devant chaque gare, les joueurs se donnent rendez-vous, ils vont discuter en banlieue
01:11le match dont à l'atelier, au bureau, ils parlent depuis le début de la semaine.
01:14Ils discutent de la place à occuper sur le terrain.
01:16Seront-ils onze, ainsi que l'exige le jeu ? Le gardien de but est malade, qu'il remplacera.
01:20Ils joueront sur un terrain désertique, mais avec autant de cœur, si ce n'est plus,
01:24que si cinquante mille spectateurs les encourageaient.
01:26Pour le football, il y a un lien qui va être assez vite établi avec l'industrie.
01:33Pendant la Première Guerre mondiale, l'Organisation scientifique du travail est intégrée dans
01:38les méthodes de fabrication de l'industrie de guerre, et l'Organisation scientifique
01:41du travail, c'était le taylorisme.
01:42Donc, on est sur une chaîne de montage, chacun a sa tâche, comme dans une équipe de football,
01:48le gardien a la sienne, et l'avant-centre, la sienne également.
01:52En 1922, la Fédération décide de séparer le bon grain de l'ivraie, c'est-à-dire
01:58les clubs véritablement sportifs, des clubs professionnels.
02:01Par exemple, il y a un club qui fait scandale déjà dans l'avant-guerre, c'est le CSG,
02:09le club athlétique de la Société Générale, parce qu'on lui reproche de payer ses athlètes
02:15pour faire briller le nom de la marque.
02:17Au sein de la Fédération, notamment de la Ligue de Paris, vous avez des tenants de l'amateurisme
02:21qui veulent lutter contre cela, et donc éviter aussi une sorte de distorsion de concurrence
02:27entre les clubs qui, évidemment, seraient l'émanation de l'entreprise, et les clubs
02:33civils.
02:34Dans les fêtes, il y a évidemment ce championnat Corpo, qui commence à partir de 1922-1923,
02:41mais la distinction n'est pas très nette.
02:44Si on regarde les vainqueurs de la Coupe de France, en 1926, c'est le club de Valentigny
02:49dans le bassin de Montbéliard, qui est en fait le club d'une des branches de la famille
02:52Peugeot, et donc, en gros, évidemment, ce sont des ouvriers Peugeot qui ont quelques
02:56facilités pour jouer.
02:58L'année suivante, c'est l'USQVI, donc l'émanation des chantiers navals d'amables
03:03Losey, même chose.
03:05Donc, d'une certaine manière, les dirigeants de la fédération n'ont pas réussi à
03:09booter totalement, hors du champ, les entreprises.
03:13Certaines ont changé de nom.
03:16Alors, le plus célèbre, évidemment, c'est le CSG, Club Athlétique de la Société Générale,
03:21qui prend pour nom Cercle Athlétique des Sports Généraux, ce qui est une dénomination
03:26un petit peu floue, mais qui permet évidemment de continuer à jouer, et notamment, le CSG
03:32remporte la Coupe de France en 1925.
03:35D'autres entreprises dans le champ corpo représentent d'autres secteurs pas très
03:41éloignés, finalement, de l'industrie.
03:43On peut parler, par exemple, de Tailleur Fils, qui est une entreprise de transport du nord
03:50de Paris.
03:51C'est le moment où le transport routier prend un essor.
03:54Le réseau ferroviaire, en France, a été détruit par la Seconde Guerre mondiale.
03:57Il y a des surplus de camions américains, et beaucoup d'entreprises vont se développer
04:01comme cela.
04:02Autre cas, c'est le cas de Bongare, en Alsace, à Holsheim, une entreprise industrielle,
04:08mais qui a un lien avec les services.
04:09C'est une entreprise qui fabrique du matériel pour les boulangeries, notamment des fours
04:13électriques.
04:14Et c'est intéressant parce que ça représente quoi ? L'essor de l'agroalimentaire, dans
04:19une période où les Français font de moins en moins la cuisine, ne cuisent plus leur
04:23pain, et donc les boulangeries ont besoin d'un matériel moderne, efficace, et on voit
04:29bien là que le football corpo représente aussi une évolution des modes de consommation
04:34de la société française.
04:35Les raisons qui nous ont poussés à nous engager dans le championnat corporatif, et
04:43essentiellement pour le football, c'est parce que nous étions, et nous sommes toujours
04:48d'ailleurs, une équipe de jeunes.
04:50Et puis M.
04:51Pierre, le gérant de la société, voulait essentiellement que cet esprit de jeune,
04:59cet esprit d'équipe, se reflète sur le travail au sein de l'entreprise.
05:07Les clubs sportifs dans les entreprises peuvent être créés soit à l'initiative tout simplement
05:11des employés, soit à l'initiative des patrons.
05:14Dans ce dernier cas, évidemment, ça entre dans le paternalisme qui sert de modèle de
05:20gestion à ce moment-là, c'est-à-dire le patron qui doit veiller sur ses employés,
05:25sur ses ouvriers, comme un bon père de famille, et veiller évidemment à ce que, hors du
05:30temps de travail, ils occupent leur temps sainement.
05:34Actuellement, vous vous sentez davantage comptable ou footballeur ?
05:38Les deux, comptable au travail et footballeur pendant les matchs, l'un éminument l'autre.
05:51Après la Seconde Guerre mondiale, sont créés en février 1945 les comités d'entreprise
05:57qui doivent cette fois-ci gérer les œuvres sociales des entreprises, mais ce n'est
06:02plus le patron qui la gère, ce sont les représentants des salariés, donc ça change beaucoup de
06:07choses.
06:08C'est aussi un moment où on assiste à l'apogée de la classe ouvrière.
06:14Ça représente aussi une forme de standardisation du loisir ouvrier, à un moment en plus où
06:20le temps de travail tend à se réduire, mais en même temps, l'offre est relativement
06:26encore limitée, et le football, avec la boxe et le cyclisme, sont des sports de référence.
06:31Activités physiques et sportives sur son lieu de travail, n'est-ce point là la formule
06:37de demain ? L'avenir nous réserve son verdict.
06:41Dans les années 1970, il y a de nouveaux venus qui sont liés à des activités de
06:51service.
06:52C'est l'exemple du groupe Nicolin, un groupe qui se développe très largement autour du
06:57ramassage des ordures de leur retraitement, et avec un patron qui est passionné de football
07:04et qui se sert d'un club de football à Montpellier pour ancrer son groupe, puisque
07:12lui-même est lyonnais, dans le territoire.
07:14La période voit aussi le développement du tertiaire sous la forme des entreprises dédiées
07:20aux communications, télécommunications.
07:22L'un des grands clubs corpos dans la région parisienne et en France est la SPTT CNET,
07:29qui joue à ici les Molinaux.
07:32Le club est créé en 1964, nous étions 7 niveaux en dessous du niveau actuel, donc
07:39il a fallu cravacher pour monter les étages.
07:42Et donc c'est en 1980 que le club a pu atteindre la division d'honneur et commencer à regarder
07:50de très près ce que faisaient les grands clubs dont on parlera sans doute après.
07:55L'histoire du Port du Havre, elle a commencé en 1971, création du club, qui a suivi celle
08:02d'un club de rugby, qui lui a été créé en 68.
08:06Alors la priorité dans notre comité d'entreprise à l'époque, c'était la création d'équipes
08:12collectives.
08:13On a été traîné par des équipes à l'époque comme le CNET, Orange maintenant, Castres,
08:20Montpellier, Busiquelli, toutes ces équipes qui étaient pour nous à une époque assez
08:26inaccessible.
08:27On a réussi à travailler en nous-mêmes pour essayer de composer une équipe assez
08:31solide pour pouvoir rivaliser avec eux.
08:39Dans les années 80, je me rappelle, c'était pratiquement 1350 équipes d'engagés en
08:45coupe nationale corporative.
08:48C'est une période où le football corporatif a pris toute sa dimension au niveau du monde
08:55de l'entreprise.
08:56Tout le monde industriel était partant, disons.
09:00Et quand je revois moi encore dans ma tête toutes ces équipes, je pourrais citer comme
09:05par exemple Aubert Duval de Gennevilliers, Francia, Rouen, etc., les laboratoires Pierre-Fabre-Castres.
09:13On peut parler de Busiquelli naturellement.
09:15Monsieur Léon Busiquelli était un passionné de football.
09:18Il a souhaité petit à petit créer une équipe de football.
09:23Il a permis à beaucoup de collaborateurs de passer d'un monde professionnel à un
09:30monde d'entreprise pour la reconversion parce qu'à l'époque, le football n'avait
09:35pas les mêmes moyens qu'aujourd'hui.
09:37C'était un passionné de football, c'était lui notre premier supporter.
09:41Il considérait son équipe comme le meilleur outil social pour acheter la paix sociale
09:49au sein de son entreprise.
09:51Il y avait un projet humain et on sentait les valeurs de partage qui étaient complètement
09:57là et qui faisaient que les joueurs qui travaillaient dans l'entreprise, mais tout comme les joueurs
10:04qui étaient extérieurs comme moi, on formait un seul groupe.
10:12Cela devait arriver.
10:13Il y avait un retentissement régional mais national sur cette équipe qui à l'époque
10:18a remporté de nombreux succès, 5 titres de champion de France et 4 coupes nationales.
10:24Et voilà, c'est la fin du temps réglementaire.
10:29Busiquelli l'emporte, on s'y attendait un petit peu, c'était logique.
10:34Il y a un basculement finalement dans les années 80.
10:39Ce football corporatif, il a toujours la même fonction d'une certaine manière, créer
10:43du lien social, mais il n'y a plus ce modèle forcément de la grande famille sur laquelle
10:48trône le patron.
10:49C'est plus finalement l'associabilité des collaborateurs et collaboratrices.
10:54Donc il s'agit de créer un esprit d'entreprise.
10:59Je crois que c'est vrai dans toutes les entreprises, représenter son entreprise au travers du
11:05sport, au travers aussi de l'envie, l'envie certes de gagner, mais aussi de bien se comporter.
11:13On cultive les valeurs et des valeurs qu'on doit retrouver aussi dans le travail, dans
11:19nos métiers.
11:20J'ai eu l'opportunité de rentrer chez Pierre-Fabre grâce au foot, il faut le dire.
11:25Là j'étais salarié, un poste assez important chez Pierre-Fabre, et puis on se retrouvait
11:31avec des collaborateurs qui étaient à l'usine, des collaborateurs qui étaient…
11:34Donc c'était un mélange de collaborateurs.
11:37Sur le terrain, on est tous avec la même tenue, on se bat tous pour le même objectif.
11:42C'était très intéressant, très instructif, et comme chez M.
11:47Busichelli, pour M.
11:49Fabre, d'avoir des collaborateurs qui participent aussi bien sur un plan travail que sur un
11:54plan sportif, au développement, à la notoriété d'entreprise, c'était un plus important.
11:59Dans les années 80, avec le virage néolibéral que connaît tout l'Occident et dans une
12:06moindre mesure peut-être la France, le club de football peut illustrer aussi à la fois
12:11l'élément de sociabilité, mais aussi l'élément de performance.
12:16Sa troisième saison dans le championnat de France, le groupe sportif Marcel-Nicolas,
12:20fort de 18 joueurs, dont la moyenne d'âge est de 26 ans, a faim de victoires et de trophées.
12:24Pour y parvenir, les Héroltés n'ont pas lésiné sur les moyens, trois entraînements
12:27par semaine au lieu de deux, et la venue de plusieurs anciens joueurs professionnels.
12:31Puisque je venais de finir ma carrière pro, j'étais en attente encore d'un club, c'était
12:38en 98, quand j'avais fini la saison avec Saint-Etienne et je me suis retrouvé au chômage.
12:44Et au mois de novembre, j'ai reçu un coup de téléphone de M.
12:49Nicolas, qui voulait renforcer son équipe foot-entreprise et qui a pensé à moi, puisqu'il
12:57m'a dit qu'il cherchait un buteur.
12:58Je crois que c'est le gros avantage du corporatif, c'est que ça permet, par les temps qui courent,
13:03de pouvoir d'une part avoir un travail, ce qui est très important maintenant, et puis
13:10de pouvoir continuer à jouer au ballon à un très bon niveau.
13:12J'ai trouvé que la proposition était très correcte, et puis je ne vous cache pas que
13:17le personnage y a fait beaucoup pour que je dise 8.
13:19Moi je ne l'appelais pas M.
13:21Nicolas, je l'appelais Loulou.
13:23Loulou, c'est vrai que quel plaisir de voir un chef d'entreprise accompagner son équipe,
13:31un grand homme du football naturellement, avec son club à Montpellier, mais un grand
13:37porteur pour ce football d'entreprise.
13:40C'était un homme qui avait de la niaque, et quand il vous parlait, après vous disiez
13:46« mais je vais être obligé de lui dire oui, je ne peux pas lui dire non ». C'était
13:50comme ça avec Loulou.
13:51Le soir, je l'ai rappelé, je lui ai dit « ok, je viens banco ».
13:54On partait au vert, on préparait les matchs comme si j'avais l'impression d'être
13:58dans le milieu en pro encore.
14:00Quand il venait au match, on donnait tout sur le terrain pour lui, même si on avait
14:03un certain âge, on donnait tout sur le terrain pour lui.
14:05Il voulait toujours tout gagner, c'est pour ça qu'il nous avait recrutés.
14:08Après, il y avait une équipe qui était en place avec des joueurs du cru, et chaque
14:13année, moi j'ai joué 8 ans je crois, chaque année il rapportait un joueur de plus pour
14:20encore gagner, parce que jamais il n'était satisfait.
14:23Pourtant on gagnait, on a gagné les championnats, la coupe, mais il en voulait toujours plus.
14:26On a envie de faire mieux cette année, on a essayé de recruter en fonction pour avoir
14:31une équipe plus compétitive, on a essayé d'aller le plus loin, c'est sûr qu'on
14:36aimerait au moins, vu ce à quoi on a goûté l'année dernière, au moins faire une finale
14:41ou du championnat ou de la coupe.
14:42D'afficher son nom en finale d'une coupe nationale corporative, c'était quelque chose
14:47de très important, pour les directeurs aussi des entreprises, et puis naturellement pour
14:52tous ces joueurs, qui en plus, il y avait une chose qui était très importante pour
14:56certains joueurs à disputer une finale de coupe nationale Fcorpo, c'était aussi de
15:01dire, puisqu'il existait à cette époque-là la sélection nationale, l'équipe de France
15:07de football corporatif, pour des joueurs c'était l'occasion aussi de se mettre en évidence
15:12et décrocher peut-être une place dans cette équipe de France.
15:15C'est la consécration finale, c'est l'équipe de France, c'est représenter sa nation.
15:19Je n'ai pas eu l'opportunité d'avoir une querelle de sélection, mais j'en ai eu deux,
15:24dont une dont je me souviendrai toujours, puisque c'est la première fois où l'équipe
15:26de France a gagné au Havre contre l'Allemagne, on en a gagné 3-0.
15:31C'était toujours une fierté de porter le maillot tricolore, même si c'était du foot
15:35entreprise, j'ai toujours pris ça à cœur, j'y suis toujours allé avec bonheur.
15:39Jean Werbeck c'était un porteur du football en plus, vu sa position quand je suis rentré
15:45dans la fédération, puisqu'il était au conseil fédéral.
15:48Je me rappelle les discussions qu'on a pu avoir, mais c'était véritablement un acteur
15:53très fort, motivé, passionné, et comme il avait beaucoup de contacts, c'était un moteur
16:01extraordinaire pour le développement du football corpo et du football entreprise à
16:05cette époque.
16:06Merci Jean.
16:07Oui, il y avait certainement un esprit foot corpo, tout simplement parce qu'un club libre,
16:12on récupère des joueurs qui viennent à droite, à gauche, partout, tandis que le
16:16football corpo, c'est des garçons qui sont dans l'entreprise, qui se rencontrent, etc.
16:21Et puis le plaisir surtout, quand on a fini le boulot, le vendredi soir, de se retrouver
16:28le dimanche sur le terrain, d'échanger dans un autre esprit, c'est complètement différent.
16:32Et surtout, moi ce que j'ai remarqué aussi, la chance d'avoir parfois dans ces équipes
16:37de football corpo et d'entreprise, parfois des cadres qui venaient jouer avec leurs collègues
16:46qui n'étaient peut-être pas au même niveau dans l'entreprise, mais le plaisir de se rencontrer
16:49et de jouer, et ça c'est important parce que le lundi, quand on reprend le boulot, chacun
16:54reprend sa place, on n'oublie pas un petit peu tout ce qu'on a vécu ensemble sur le
16:58terrain le samedi.
17:08Je t'en avais dit, on l'aime, on l'aime, on va la garder, c'est là.
17:10Alors ça s'est joué à peu de choses, l'action sur le poteau du Havre, bon, pas mieux pour
17:16nous, on a réussi à marquer derrière, et puis voilà, c'est la fête maintenant !
17:30L'une des valeurs du foot d'entreprise justement, c'est cette ambiance générale qui existe
17:36et le respect que nous avons les uns les autres, et l'amitié qu'on a pu tisser au fil des
17:42années, et ça c'est vraiment, vraiment très important, et c'est reconnu, je pense, par
17:51l'ensemble des clubs qui jouent dans le cadre du football entreprise.
18:07Il y avait, comme dans tout sport, des belles rivalités, mais pour nous c'était toujours
18:25des rivalités positives, on a fait des rencontres, on alliait des liens d'amitié avec tous
18:32ces gens, c'était pour moi assez enrichissant, et je sais que c'était également enrichissant
18:36pour mes joueurs d'ailleurs.
18:54J'ai toujours joué en amateur, donc pour moi me retrouver en football entreprise, déjà
18:59je ne m'attendais pas à vivre ces choses-là, je découvrais l'année dernière le football
19:04entreprise.
19:05L'ABSAP Émile Roux, c'est le club de l'hôpital Émile Roux à Limé-Brévannes, et c'est
19:10un club qui a 60 ans, enfin 61 cette année, et l'année dernière on a fini vainqueur
19:17de la Coupe Nationale pour les 60 ans du club.
19:29Quand on rencontre des clubs, que ce soit en Coupe de France ou même en championnat,
19:34il y a beaucoup cet esprit de réunion à la fin des matchs, on discute avec entre dirigeants,
19:40entre joueurs, c'est une convivialité que je ne trouvais pas avant dans le football libre.
19:46Statistiquement, on constate qu'il y a une lente érosion des effectifs, qui ne sont
19:51pas spécifiques au football entreprise d'ailleurs, de manière générale, je crois que ça concerne
19:55beaucoup de fédérations.
19:56Je crois qu'il faut y voir une évolution de la composition socioprofessionnelle de
20:01la population active, c'est-à-dire qu'on est de plus en plus dans une logique de tertiarisation
20:05de la société, les gens sont dans des bureaux, avec d'autres aspirations aussi, on voit
20:12le télétravail qui prend de plus en plus d'importance, et ça dit quelque chose sur
20:18la manière dont appréhendent les salariés, les collaborateurs, les collaboratrices appréhendent
20:25le travail.
20:26La société a évolué, l'état d'esprit de nos joueurs a évolué aussi, je ne vais
20:33pas parler pour les autres, je parle pour mon club, je m'aperçois qu'ils ont d'autres
20:38intérêts, d'autres intérêts que le foot, nous c'était presque une chose prioritaire,
20:45nos familles bien sûr, mais le sport était très important, mais ça amène un état
20:51d'esprit qui est totalement différent, ils n'ont plus les mêmes disponibilités.
20:55Alors effectivement le football doit faire sa mue pour s'adapter au moment du travail,
20:59c'est assez simple comme réflexion, les contraintes ne sont pas les mêmes, les contraintes
21:04temporelles, parfois les contraintes spatiales de l'entreprise, ce n'est pas les mêmes
21:07choses que dans un club civil, et puis aussi et surtout le public n'est pas tout à fait
21:11le même, dans l'entreprise il y a des gens qui sont parfois un peu plus éloignés de
21:15la pratique sportive.
21:16Il faut être capable d'ajuster, d'adapter, de faire bouger les lignes au sens propre
21:21comme au sens figuré, donc de faire évoluer les règles aussi, pour mieux implémenter
21:30les solutions sportives au sein du monde du travail, le maître mot je crois que c'est
21:35l'accessibilité.
21:36Lorsque le foot en entreprise tel qu'il était vivait des moments difficiles depuis
21:41quelques années, on avait même eu à une âgée la possibilité même que la Coupe
21:46Nationale soit supprimée, la LFA en contact avec les gens de l'UNFE a pensé qu'il
21:52fallait à tout prix se pencher sur ce sujet, mais tout en donnant une orientation un petit
21:58peu différente, je pense qu'au sein des entreprises, les entreprises se doivent aussi
22:03la santé de tous les salariés, donc c'était d'associer le foot et la santé, le foot
22:09tel qu'il se pratiquait jusqu'à maintenant, mais le foot aussi de la manière dont il
22:13peut se pratiquer pour le bienfait et le bien-être des salariés, que ce soit convivialité
22:18ou santé.
22:19Le sport c'est la santé, donc oui le football entreprise il amène je pense une bonne énergie
22:27au sein du travail, être en forme c'est être bien au boulot aussi.
22:32Mais je pense qu'il y a un vrai potentiel de développement, et pour autant quand on
22:36regarde les statistiques, quand on essaye concrètement d'aller voir sur le terrain
22:41qui sont ces entreprises, qui proposent, à quels salariés, avec quelles offres etc.,
22:44on s'aperçoit en fait qu'il n'y a pas grand chose, c'est relativement sous-développé.
22:48Alors bien sûr que dans des grandes entreprises du secteur tertiaire, dans des grandes vides,
22:53on va trouver des offres qui sont proposées avec des associations comprenant du football
22:59mais dès qu'on sort de Paris ou de l'Ile-de-France, dès qu'on sort des grandes entreprises
23:05et qu'on va du côté des PME, des TPE, et bien là pour le coup on en trouve beaucoup
23:09moins.
23:10Et il y a à l'évidence un gros potentiel de diffusion et de développement dans ces
23:19territoires, là ce qu'on appelle les territoires, et notamment ces petites entreprises, à
23:24condition de venir avec une offre, encore une fois, qui va être adaptée.
23:27Au sein des entreprises, il y a des multiples publics, d'âges différents, des hommes,
23:32des femmes, et donc il y a beaucoup de pratiques qui peuvent apporter un bien-être et une
23:38ferveur au sein de l'entreprise.
23:40On peut faire du foot à cinq, on peut faire du feet-foot pour les femmes et aussi pour
23:43les hommes, on peut faire du foot net, on peut faire du foot en marchant pour les plus
23:47âgés, surtout que ce sont des pratiques qui permettent de réunir hommes et femmes
23:52sur le même terrain.
23:53Donc ça peut être à mon avis des pratiques très abordables et faciles à mettre en place
23:58à moindre coût au sein de beaucoup d'entreprises plutôt moyennes.
24:01Avec des pratiques plus réduites, je pense qu'on peut avoir une pratique plus soutenue,
24:05mener une équipe à onze au sein d'une entreprise réduite, ça ne semble pas bien facile.
24:10Et donc notre but est quand même aussi de promouvoir une activité physique beaucoup
24:15plus que de la compétition.
24:16Oui, il y a un esprit football-corpo et on ne veut pas le détruire, ce n'est pas du
24:21tout ça.
24:22Je pense qu'il y a, comme dans tout football, il faut des choses où tout le monde puisse
24:28y trouver son compte.
24:29C'est tout à fait bien vu d'être sur ces formats hybrides, en sachant qu'on va avoir
24:35un effet curiosité, un effet nouveauté aussi, qui peut attirer des gens.
24:40Et puis ce n'est plus la pratique pour la pratique, en fait, ce n'est pas ça qui compte.
24:44Je crois que les gens ne viennent pas fondamentalement jouer au foot, ou en tout cas dans le football
24:49tel qu'on le connaît, tel qu'on le voit à la télévision.
24:52L'idée, c'est vraiment d'être dans une logique beaucoup plus coopérative, ludique,
24:57voire gamifiée.
24:58Et ce genre de pratiques hybrides s'y prêtent assez bien et du coup sont une bonne clé
25:02d'entrée, à mon avis, pour percer ou repercer la carpasse de l'entreprise.
25:07Il y a toute une symbolique.
25:17Le gagner la première fois, c'était formidable.
25:20Mais quand on l'a gagné la huitième fois, c'était tout aussi bien.
25:24Donc je la retrouve avec beaucoup d'émotion aujourd'hui.
25:27Quand on avait la chance de le remporter, ce trophée, il était important pour nous
25:33les dirigeants, alors qu'on était aussi contents que nos joueurs, d'essayer de le
25:36protéger, le trophée en question, parce qu'il était souvent assez bousculé.
25:40Donc, nous dirigeants, en tant que personnes adultes responsables, on était tenus quand
25:48même de protéger ce trophée auquel on était très, très, très attachés.
25:53Que de bons souvenirs, que du partage, que de la convivialité, que de bons moments passés
26:00avec mes équipes, mais aussi avec les équipes adverses.
26:03Le corporatif, ça a vraiment un sens.
26:06Le gagner, c'est bien, mais le gagner en équipe, c'est encore mieux.
26:11Ce que je retiens de ces années-là, c'est que c'était des années où c'était du sérieux,
26:19mais c'était foot entreprise, c'est-à-dire après les matchs, c'était la fête.
26:24Et là, c'était quelque chose de grandiose.
26:30C'est surtout le plaisir de se rencontrer en dehors du boulot, le plaisir d'échanger
26:42et puis le plaisir de jouer.
26:46Le foot, c'est que du plaisir.
26:48Et dans le monde de l'entreprise, je pense que ce qu'ils vivent encore, et tant mieux,
26:53c'est du plaisir, c'est du plaisir.
26:55C'est sain, ce qui se passe dans notre club, que ce soit du dirigeant à l'entraîneur,
27:01aux joueurs, tout le monde, même nos supporters, le public.
27:05Dans la Corpo, c'est surtout ça qui ressort.
27:07Je pense que c'est la cohésion entre collègues, entre amis.
27:11C'est surtout un groupe de potes qui va jouer au football.

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