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00:00Salut Stéphane, ça va Vincent ? Ton retour depuis novembre au FCBB, après
00:10un passage, après une expérience en tout cas sur le continent, c'était important
00:14pour toi de revenir en Corse ? Pas forcément, j'avais fait le choix après
00:19mon expérience sportive de partir, j'ai eu une opportunité à Cholet, mais j'aurais
00:25bien continué sur le continent, ça ne m'aurait pas dérangé.
00:28Après, les circonstances font que je me retrouve à nouveau avec Antoine Emanuelli au FCBB,
00:37dans une situation compliquée, mais on est habitué à vivre des saisons compliquées
00:41donc ça ne va pas beaucoup changer.
00:42Justement, tu parles d'Antoine Emanuelli, très à l'opposé des présidents que l'on
00:46peut connaître dans le monde professionnel ? C'est quelqu'un qui a beaucoup de charisme,
00:50qui vit le football par passion et qui aime énormément son club, donc forcément ça
01:00dénote par rapport à ce qu'on peut connaître de manière plus classique.
01:04C'était certainement aussi l'un des seuls entraîneurs de championnat à avoir joué
01:07avec son président.
01:08Effectivement, j'ai joué avec lui, ça a été compliqué, mais j'ai joué avec lui
01:13parce qu'il était très exigeant, c'était quelqu'un qui pouvait jouer à plusieurs
01:17postes, il a même joué attaquant à Axel, mais moi comme je jouais à numéro 10 ou
01:20parfois un peu plus reculé numéro 8, il fallait l'alimenter, il ne fallait pas se
01:24tromper, il était exigeant, et puis il fallait batailler parce que lui, il bataillait.
01:28C'est de très très bons souvenirs, on en parle souvent parce qu'on a des anecdotes
01:35exceptionnelles.
01:36Ensemble, vous avez écrit les plus belles pages de l'histoire du C.A.
01:39Bastia, du Bastia-Borgo ? Je pense que ce qu'on a réalisé, c'est au-delà de ce
01:43qu'on pouvait espérer.
01:45Il faut être honnête, on est parti de pas grand-chose, c'était un club historique
01:50le C.A.
01:51Bastia avant qu'on arrive, c'était un club historique, même si j'ai joué en Benjamin
01:56et après plus tard en senior, mais c'est un club de Bastia intramuros, c'est un club
02:05qui voyait arriver des jeunes joueurs qui étaient internes et qui venaient jouer au
02:13foot C.A.B, donc il a une histoire régionale et nous, on a perpétué cette histoire régionale
02:22parce que quand je reprends l'ARN, c'est Antoine qui est déjà là et qui me demande
02:27de venir en DH, donc c'est l'ARN aujourd'hui, on était champion de Corse de l'ARN, on
02:35a gagné la Coupe de Corse deux ou trois fois et au fur et à mesure, on a gravi les échelons
02:40et on ne s'attendait pas à arriver dans le monde professionnel et on ne s'attendait
02:44pas non plus à vivre autant de temps en national.
02:50Parce qu'en plus, le fait de faire monter le C.A.
02:53Bastia en Ligue 2, il faut quand même le souvenir avec le plus petit budget.
02:56C'est vrai, le plus petit budget, mais on avait d'autres valeurs et puis on jouait
03:00sur, on avait d'autres leviers, on activait d'autres leviers pour que les joueurs soient
03:03performants et puis on avait une bonne équipe, on avait des bons joueurs et je voudrais juste
03:07rappeler une chose, c'est que si on a réussi cet exploit-là, c'est parce qu'on a bénéficié
03:13du travail du centre de formation du Sporting Club de Bastia, parce qu'à l'époque, à
03:17cette époque-là, il y avait quand même quatre clubs professionnels en Corse, il
03:22y avait deux clubs en Ligue 1, c'était la C.A. et le Sporting et on avait le Gazellec
03:26qui descendait de Ligue 2 en national et nous on arrivait en national et puis après en Ligue
03:322, donc il y avait quatre clubs de Corse, il y avait un vivier énorme et mon regret
03:35aujourd'hui, je peux le dire, et la prescription, c'est de ne pas avoir su fédérer à un moment
03:39donné pour pouvoir continuer dans cette voie-là et qu'il y ait des passerelles entre tous
03:44ces clubs-là parce que je pense que le football insulaire serait sorti gagnant.
03:48On s'est croisé, comme aime bien le dire, Antoine et Manu Eli, dans une auberge, alors
03:52c'est un hôtel mais c'était son mot, dans une auberge, et avec Manu, en fait, on avait
03:56trouvé en fait l'osmose entre le staff, le président, les joueurs, juste exceptionnel.
04:00Je parlais des leviers, on jouait sur la secte, les joueurs qui venaient chez nous savaient
04:04qu'on était un club familial et on leur rendait parce qu'il n'y avait pas simplement que le
04:09football mais quand il y avait quelqu'un qui avait un souci hors football, on était là pour
04:15lui répondre. Aujourd'hui, ce qui me rend fier, je vais employer le mot, ce qui me rend fier,
04:20c'est qu'il y a des joueurs de cette époque-là que j'ai eus même en National 2, en National 3,
04:26avec qui j'ai toujours des contacts, qui sont là, qui m'appellent.
04:30Qui s'attachent à toi.
04:32Je ne sais pas si on s'attache à moi, mais en tout cas, je me suis attaché à eux et ils me le
04:36rendent. Ils me le rendent et quand on se voit, comme on dit chez nous, on se magagne, c'est-à-dire
04:42qu'on se chambre, mais c'est toujours un plaisir. Ce qu'on a réussi aussi à faire, c'est ça. Après,
04:49bien entendu, sportivement, je pense qu'on a monté trop haut et trop vite parce qu'on n'a passé qu'une
04:56saison en National au final. On a réussi à accéder, mais on avait des valeurs vraiment qui
05:02me tiennent à cœur parce que c'est des valeurs humaines. Je suis énormément porté là-dessus et
05:09ça me fait chaud au cœur que tu m'en parles. Et justement, c'est que ça, quelque part, ça a marqué.
05:15À cette époque, tu avais des joueurs comme Pastorelli, qui avait fini meilleur buteur de
05:19National la saison d'avant. Moretti, Salis, Marti, Lomba. Et dans ces joueurs-là, en fait,
05:25qui ont connu justement ce monde professionnel, on avait un peu l'impression que c'était pour eux
05:29certainement un aboutissement. Et au final, il y a quand même des joueurs qui sont venus le voir
05:32en disant « Coach, je ne me reconnais pas forcément dans ce monde ». C'est vrai. C'est vrai, c'est vrai.
05:37Quand je dis qu'on a monté trop vite, c'est parce qu'on s'est fait… À l'époque, si je reviens un
05:44peu en arrière, je fais un peu d'histoire. À cette époque-là, il y avait six descentes de National
05:49en National 2. Et nous, on venait d'arriver. On venait d'arriver. On ne savait pas trop où on allait.
05:56On n'a pas changé d'effectif. C'était l'effectif de National 2. On avait trois recrues au maximum.
06:02Et on ne savait pas trop. On s'attendait à prendre les branlées tous les week-ends. Et finalement,
06:08avec beaucoup d'abnégation, beaucoup de courage, parce qu'on a eu du courage. Il y a eu des matchs
06:13qu'on a gagnés ou qu'on n'a pas perdu au courage. Avec beaucoup de courage, avec beaucoup de
06:17solidarité, on a réussi à faire cet exploit. Mais ces joueurs-là n'étaient pas prêts et préparés,
06:24et moi aussi je n'étais pas préparé, à vivre une aventure professionnelle où il y a tout qui changeait.
06:29Les médias, le match était télévisé. Donc, on s'est un peu perdu là-dedans. Et ça nous a pénalisé.
06:36Quand on a pris la mesure du championnat, c'était trop tard. Parce qu'à un moment donné,
06:42on a pris la mesure. On a quand même réussi à gagner quelques matchs. On a pris la mesure. Mais
06:46ça restera quand même une bonne expérience pour le club, pour le football corse. Ça montre qu'à
06:52force de travail, d'abnégation, on arrive à faire des résultats. Et surtout, c'est le fait d'avoir
07:00fédéré autour de nous, avec Antoine, le club en général, dans son entité. C'est ça qui nous a
07:07permis d'évoluer. Parce qu'on ne le faisait qu'un. C'est-à-dire que les joueurs, on avait un discours,
07:13ce discours, c'était un discours général. Et pour revenir aux joueurs qui étaient à cette époque-là
07:18dans l'effectif, c'est des garçons que j'ai après récupéré quand je suis allé au Sporting. Pour
07:24m'aider à gravir à un petit échelon. C'était du National 3 au National 2. Mais ils sont venus.
07:28Et justement, cet exploit de Montandigue 2, il a fallu déjà faire une très grosse saison. Mais
07:33aussi, il y a ce dernier match face à Creteil, à Bastia, où il y avait plus de spectateurs que de
07:39places. Notre petit stade, je ne l'avais jamais vu comme ça. Il y avait une tribune derrière le
07:44but et puis une petite tribune sur le côté. Elles étaient pleines, mais il y avait trois,
07:49quatre rangées de spectateurs tout au long du grillage. Les gens croyaient qu'on allait réaliser
07:53l'exploit, mais nous, on n'était pas. Il fallait qu'on gagne déjà. Notre destin n'était pas entre
07:57nos mains. Je ne sais pas, mais c'était un moment où on n'était pas stressé. Ça sentait bon.
08:06Oui, mais même si on n'y était pas arrivé, on avait fait un super parcours. L'essentiel,
08:10c'était de ne pas descendre. On arrive là, au dernier match, on nous dit si vous gagnez et que
08:16le Fréjus perd, vous montez. Alors justement, on est dans la surface. Au moment où Messi a mis son
08:25doublé, tu l'as fait signer d'après. C'était une sorte de remerciement ? Oui, on a le cœur quand
08:35même assez ouvert. On s'est récompensé les gens qui nous font du bien. D'autant que l'exploit était
08:43encore un peu plus impressionnant, j'ai envie de dire, parce qu'à Bastia, on a tendance à dire
08:47quand même que le sang est bleu de manière générale. C'est vrai. Donc, faire du C à Bastia,
08:52le deuxième club de la ville, ça a été énorme. Et si bien qu'à un moment donné, avec cet exploit,
08:57les supporters du sporting se sont prêts à rêver de t'avoir comme coach. C'est peut-être un peu
09:00pour ça que les dirigeants m'ont appelé un soir d'août pour me demander de venir prendre la
09:11responsabilité de l'équipe. Enfin, de l'équipe si je peux parler comme ça, parce que le club était
09:16en déliquescence totale. Il y avait quatre joueurs licenciés pour reconstruire et ils avaient certainement
09:23le secret espoir que je puisse réaliser la même chose. Après, c'est vrai que les gens en Corse,
09:30en général, et pas simplement à Bastia, sont des supporters du sporting. C'est l'histoire qui veut
09:34ça. Dans les années 60, 68, 70, 72, avec les finales de Coupe de France, avec l'épopée européenne
09:40en 78, ça marque. Le sporting, c'est un club sportif, un club de foot, mais qui a réussi à
09:48faire et à montrer aux Corse qu'il était possible de réussir sur le continent. Les gens aiment bien
09:55ça et s'identifient à ça. Ça a permis au club d'avoir beaucoup de soutien. Encore aujourd'hui,
10:01quand le club était en National 3, quand j'y étais, on a joué devant 7 ou 8 000 personnes.
10:06En National 3, en Coupe de France, on a fait 12 000 personnes et avec une ambiance exceptionnelle.
10:11Le petit bémol, c'est que les gens sont toujours restés, même quand on était en National 3,
10:16National 2, sont toujours restés dans la configuration Ligue 1. Ça jugeait un entraîneur
10:22et des joueurs comme des joueurs de Ligue 1. Je ne regrette pas, c'est une belle expérience.
10:26Merci beaucoup.
10:28Merci à toi et merci à vous.

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