Rupture du tendon d'Achille la rééducation de Siraba Dembele au Centre Médical I FFF 2021

  • il y a 3 mois

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00:00Je suis Syrah Badembele, je suis joueuse professionnelle de handball sur le poste
00:17d'Eliard Gauche, capitaine de l'équipe de France et je viens de me faire une rupture
00:24du tendon d'Achille.
00:26Une joueuse historique du handball français, un nombre important de sélections, capitaine
00:30historique de cette équipe de France, une joueuse qui a fait une grande partie de sa
00:35carrière en France, notamment à Toulon, mais qui joue actuellement en Roumanie et
00:40qui aurait dû être aux Jeux Olympiques et être la capitaine de cette équipe.
00:44Un réel plaisir de l'avoir parmi nous, c'est quand même une figure emblématique
00:47française et un plaisir d'avoir enfin une handballeuse au centre médical de Clairfontaine.
00:56Un match de Champions League, un quart de finale, c'était un match quand même assez
00:59important et vraiment sur les 4 dernières secondes du match, sur une reprise d'appui
01:05toute seule, j'ai entendu lâcher.
01:08Je savais direct que c'était ça.
01:11C'est une joueuse qui a été très peu blessée ou quasiment pas blessée jusqu'à
01:15maintenant.
01:16C'est un peu un coup de tonnerre dans un ciel serein.
01:18Je pense que c'est surtout lié à mon rythme de vie qui a changé.
01:22Je suis maman de jumeaux depuis 21 mois et c'est vrai que c'est quelque chose qui
01:29a chamboulé ma vie.
01:30C'est une blessure qui n'est pas rare dans le monde du sport de haut niveau.
01:33Chez nos footballeurs, on en a vu beaucoup après le premier confinement.
01:36On a eu l'impression qu'il y avait une vraie épidémie, mais c'est effectivement
01:39une blessure qu'on retrouve dans les sports collectifs assez régulièrement et notamment
01:42voler, handball, football, où il y a beaucoup d'extensions et de réceptions avec haute
01:49intensité, haute vélocité.
01:50Je pense que j'étais dans une période de fatigue extrême qui fait qu'avec l'accumulation,
01:57l'enchaînement des matchs, la gestion de ma vie privée et peut-être aussi l'enchaînement
02:05de toutes ces années aussi, parce que ça fait quand même un moment que je suis dans
02:08le circuit, a fait que ça a lâché.
02:10Je pense que le corps, on n'est pas des machines.
02:13À un moment donné, quand on le pousse à l'extrême, ça lâche.
02:17Je pense vraiment que c'est l'accumulation de tout ça.
02:21Le protocole chez les sportifs de haut niveau, c'est en général d'avoir recours au traitement
02:26chirurgical, ce dont a bénéficié Siraba.
02:29Il va y avoir une phase d'immobilisation suite à l'opération la plupart du temps
02:32et puis après toute une phase de réadaptation à la fois sur la reprise d'appui, le gain
02:39des amplitudes et puis après une récupération musculaire et plus fonctionnelle.
02:43Il faut prendre quand même beaucoup de précautions et surtout il faut respecter les étapes et
02:47ne pas aller trop vite.
02:48Il y a la phase d'abord où il ne faut pas trop bouger, mais on peut quand même commencer
02:53à faire quelques petits soins de drainage, de toute petite mobilisation sur le pied,
03:00sur la cheville en tout cas.
03:01En fait, il faut essayer de laisser le temps au tendon de cicatriser tout en essayant de
03:07travailler le mollet parce qu'on doit quand même continuer à travailler le muscle sans
03:13trop solliciter le tendon et elle est là la difficulté.
03:16Siraba, elle est arrivée à une période où elle avait déjà repris tout ce qui était
03:20marche, elle n'avait pas spécialement de boîterie donc nous ça a été de la remettre
03:25un peu plus en fonction, de faire du renforcement musculaire pour récupérer une montée sur
03:30pointe, ce qui n'était pas possible quand elle est arrivée et puis comme on a eu la
03:35chance de l'avoir sur un séjour assez long, ça a été d'augmenter un petit peu dans
03:40la charge de travail, dans la difficulté des exercices pour arriver aujourd'hui à
03:46une reprise de la course et puis des appuis un peu plus spécifiques en balle.
03:50Petit à petit on se sent mieux, petit à petit le tendon il cicatrise, on peut de plus
03:56en plus en faire, surtout on fait attention à la douleur, en fait l'indicateur c'est
04:01la douleur.
04:02Tant qu'on n'a pas mal, on franchit la prochaine étape.
04:09Tu viens de te blesser, moralement tu es au plus bas niveau, donc au niveau de la motivation
04:14aussi tu es au plus bas niveau et je trouve que le fait que l'atmosphère soit bonne
04:18ici et surtout qu'il y ait de la qualité du travail et que tu vois qu'ils s'y connaissent,
04:22ça te redonne quand même un petit coup de boost, ça te redonne une certaine motivation
04:27et surtout quand tu dois évoluer, tu dois progresser, là tu reprends un peu du poil
04:34de la bête et tu te dis « ah ouais, on va quand même réussir à revenir ».
04:39On est tous face à des athlètes de haut niveau, ils savent que c'est leur métier
04:44et généralement ils ont un mental fort qui parfois peut être un petit peu emberne mais
04:49c'est aussi pour ça qu'au centre médical on met en place une consultation avec un psychologue
04:54du sport parce qu'on sait que la blessure peut avoir un impact important dans leur carrière
04:59et donc on veut aussi prendre cette partie-là en charge quand ils viennent ici.
05:04Si tu n'as pas le moral, tu ne vas pas trouver l'énergie pour te surpasser parce que c'est ça en fait,
05:09quand tu es en rééducation, quelque part c'est un combat contre toi-même en fait.
05:14Donc si le moral n'est pas là, si l'atmosphère n'est pas là, ça va être un peu compliqué de revenir.
05:21Ici c'est une petite famille quand même, on a très peu de joueurs par kiné donc c'est
05:26un vrai avantage pour nous et pour les joueurs je pense aussi.
05:29Du coup on les suit sur une journée complète et sur plusieurs semaines donc il y a forcément
05:33un lien un peu particulier qui se crée ensemble, d'autant plus avec Siraba qui restait vraiment
05:38sur un séjour beaucoup plus long avec nous.
05:43Je ne parle pas que de sport, ici on parle de tout et forcément tu as des liens qui se créent, c'est clair.
05:52Ce qu'on a essayé tout au long du temps qu'elle a passé avec nous c'est de maintenir
05:56un fil rouge spécifique en balle et c'est là que c'est intéressant pour nous qui
06:01sommes à la maison du football et habitués à prendre en charge des footballeurs, c'est
06:04de s'adapter à d'autres sports collectifs de haut niveau.
06:07Je ne connaissais pas du tout ce centre, c'est un médecin que je connais, le médecin de
06:11l'équipe de France, Cynthie Connor, qui m'a proposé ce centre.
06:14Je ne savais pas du tout qu'en fait à Clairefontaine on faisait de la rééducation et c'est surtout
06:19que je pensais que c'était ouvert qu'aux footballeurs.
06:23J'ai vu le cadre, je trouvais ça quand même assez exceptionnel donc je n'ai pas hésité.
06:32L'équipe va un petit peu faire du sur-mesure et c'est une de nos forces un petit peu en
06:36fonction de chaque jour, de ce qu'on constate fonctionnellement sur le terrain, des retours
06:43de fatigue aussi parce qu'il faut tenir compte de la charge de travail, c'est quelque chose
06:46d'important et on y tient beaucoup.
06:48Bref, c'est un peu ce qu'on met en avant souvent, c'est une individualisation du travail
06:53permanente et sans être dans l'improvisation, c'est-à-dire que tout ça reste très cadré
06:59et très professionnel avec des gens expérimentés mais avec une capacité de s'adapter un peu
07:04au retour du jour le jour.
07:05Dans un sport de lancé, on a besoin d'avoir aussi un haut du corps et une jonction d'ailleurs
07:10haut-bas qui passe par les abdominaux, la sangle abdominale, etc. assez fort et l'idée
07:15c'est ici justement de pouvoir bénéficier du temps que l'on a pour réadapter le sportif
07:23dans sa globalité et ne pas se centrer simplement sur la zone de blessure.
07:27Ce qui me marque le plus, c'est la qualité du travail, ça c'est indéniable.
07:32Le professionnalisme, c'est vraiment le top niveau et on travaille super bien ici, c'est
07:40individualisé, même si on a la même blessure, on voit qu'on ne fait pas forcément la même
07:44chose.
07:45Chaque exercice est adapté à la personne, sur le moment T, donc c'est vraiment le point
07:50fort de ce centre et surtout qu'il y a une bonne atmosphère.
07:57Là je suis à 4 mois et demi, ça se passe très bien, je me sens très bien.
08:01On sait que le chemin est long, que le travail n'est jamais linéaire non plus, il y a toujours
08:07des phases avec des plateaux, mais aujourd'hui tout se déroule plutôt bien.
08:11Je commence à avoir des sensations, je commence à me réathlétiser, on peut plus aller dans
08:19le dur.
08:20Surtout, je n'ai aucune douleur, donc ça c'est vraiment la plus belle chose parce
08:25que quand tu as des douleurs, il faut freiner, ça veut dire que c'est trop et qu'il faut
08:29freiner.
08:30Je suis vraiment contente de ne pas avoir de douleurs et de pouvoir continuer à monter
08:34en intensité.
08:35Là je vais commencer à sauter, à sprinter, on va rentrer vraiment dans le vif du sujet
08:46et le retour en club aussi.
08:48Ce qui est important pour nous, c'est de transmettre le témoin, donc elle part bien
08:52sûr avec toutes nos préconisations, l'état des lieux d'où on sera à la fin de cette
08:58dernière semaine et puis toutes nos préconisations pour qu'il y ait une vraie continuité dans
09:02le travail et pas de cassures ni d'accélération brutale.
09:05Les bases que j'ai mises en place ici, le fait que je sois bien dans ces bases va faire
09:12que je vais pouvoir reprendre le handball petit à petit et mettre tout ça en application
09:18sur du concret, sur le côté handballistique, donc ça va être ça la prochaine étape.
09:24Ça j'y tiens beaucoup, premièrement c'est une reconnaissance du travail et de la qualité
09:33du travail que l'on fait à Clairefontaine depuis des années et ces derniers temps avec
09:36l'équipe actuelle.
09:37Donc c'est valorisant pour la Fédération Française de Football et son équipe médicale
09:43d'avoir cette confiance d'autres sports.
09:45Et puis par rapport à notre équipe, ça nous oblige aussi à rester créatifs, même
09:50sur une même pathologie, à trouver d'autres niveaux d'exigence, à créer de nouveaux
09:55exercices.
09:56C'est quelque chose de stimulant et d'intéressant pour tout le monde.
09:59Chaque patient et chaque blessure se traitent différemment et on a besoin de sans cesse
10:06chercher à être au plus près des besoins du patient.
10:09Là, j'ai enchaîné 4 semaines tous les jours et franchement je pensais que ça allait
10:16être long, vivement la fin et tout, et en fait au final, c'est passé hyper vite et
10:26encore une fois, j'arrive toujours avec autant d'enthousiasme le matin pour m'entraîner.
10:32Le mot de la fin, ce serait vraiment ça.
10:36Un mot de conclusion, c'est que c'est très agréable de travailler avec des athlètes
10:39comme Siraba.
10:40On espère qu'il y aura d'autres collaborations avec la Fédération française de handball
10:44et là, ces derniers temps, c'est principalement son équipe féminine.
10:47Je mettrais aussi en avant le fait que le médecin de l'équipe de France de handball
10:52féminine est une ancienne étudiante en médecine du sport qui a été formée pendant une période
10:59au centre médical, qui aujourd'hui est une brillante médecin du sport du sud de la France
11:05et qu'on la remercie aussi de nous avoir accordé cette confiance.
11:08C'est le docteur Cindy Connor qui a une belle médaille d'or olympique autour du cou actuellement.

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