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Trois jours après avoir annoncé la dissolution de l’Assemblée nationale, Emmanuel Macron tient une conférence de presse ce mercredi devant près de 200 journalistes au Pavillon Cambon Capucines à Paris. Le président lance, pour son camp, la campagne des élections législatives anticipées, prévues le 30 juin et le 7 juillet.

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Transcription
00:00— Depuis dimanche, beaucoup des Français qu'on a pu interroger, malgré vos explications, ne comprennent pas votre choix de dissoudre l'Assemblée nationale pour une raison simple.
00:09Ils craignent, certains d'entre eux, que d'ici moins d'un mois, vous soyez le président qui, pour la première fois en France depuis 80 ans, donne les clés du pouvoir à l'extrême-droite.
00:19Alors la question est simple. Est-ce que, M. le Président, aujourd'hui, vous assumez personnellement et politiquement les conséquences et l'éventualité de ce résultat ?
00:29D'abord, il m'arrive de regarder les sondages comme vous. Les sondages depuis dimanche indiquent plutôt que les deux tiers des Français,
00:402 Français sur 3, comme on aurait dit jadis, comprennent et veulent cette dissolution. Donc je ne partage pas cette interrogation.
00:49Je réflète juste que beaucoup de vos confrères ont pu écrire ou révéler. Je pense que le retour au peuple, ça doit jamais être incompréhensible. C'est un principe démocratique.
01:02Ensuite, pour vous rassurer, je l'assume totalement, puisque c'est un pouvoir constitutionnel qui revient au président de la République. Mais surtout, nous venons là
01:13pour déchirer l'hypocrisie et les malentendus qui étaient à l'œuvre. Que m'auriez-vous dit, le jour d'après, si j'avais été devant vous, à l'issue de Dimanche Soir,
01:22avec 50 % des Français qui votent aux extrêmes, en vous disant « On ne change rien, on continue ». Vous m'auriez dit « Il est déconnecté, ce type ».
01:32D'ailleurs, nos compatriotes dans les campagnes, les quartiers qui ont voté aux extrêmes et qui ne croient pas bien souvent dans les idées des extrêmes,
01:39parce que ce ne sont pas les idées du Rassemblement national qui ont encombré sa campagne européenne. Moi, je respecte tous nos compatriotes qui ont voté cela.
01:46Mais ils ont marqué une colère. Il aurait dit « Il ne nous a pas entendus », une fois encore. Et c'est ça qui rend le pays, qui met le pays, si je puis dire, en danger.
01:55C'est ça qui aurait été irresponsable. C'est de se dire « Il y a une colère qui a été exprimée, mais on va faire comme si de rien n'était », parce qu'au fond, ça arrange tout le système.
02:04Alors oui, vous avez raison. Si deux tiers des Français comprennent très bien la dissolution et cette décision que j'ai prise, l'écrasante majorité du système politique ne l'aime pas,
02:14parce qu'ils préfèrent l'ambiguïté. Mais je n'ai jamais été là pour protéger le système politique. Parce qu'au fond, tout le monde voyait monter l'eau de l'extrême-droite.
02:24Tout le monde, dans les cafés, dans les coursives, dans vos déjeuners politiques et les offres que vous faites avec les responsables politiques – je les lis dans vos colonnes –,
02:33tout le monde disait « L'extrême-droite arrive en 2027, il donnera les clés du pouvoir à Mme Le Pen, c'est déjà écrit ». Mais tout le monde y allait de ses petits calculs.
02:42Chacun tirait ses bords, chacun menait sa barque. Non. Moi, je ne veux justement pas donner les clés du pouvoir à l'extrême-droite en 2027.
02:50Donc j'assume totalement d'avoir déclenché un mouvement de clarification, d'abord parce que les Français nous l'ont demandé dimanche.
02:58Quand 50 % des Français votent aux extrêmes, que vous avez une majorité relative à l'Assemblée, vous ne pouvez pas leur dire « On continue comme si de rien n'était ».
03:05Ce n'est pas les respecter, ce n'est pas les entendre. La deuxième chose, c'est que je veux qu'il y ait un gouvernement qui puisse agir pour répondre à leur colère et à leurs urgences.
03:14Et puis la troisième chose, c'est que, comme président de la République, le jour d'après ces élections législatives, j'aurai comme le veut la Constitution
03:26à tirer les conséquences et à choisir un Premier ministre. Mais ce n'est pas donner les clés du pouvoir, c'est permettre de gouverner à des forces politiques
03:37qui auront été choisies par les Françaises et les Français. Vous êtes tout de même des drôles à penser que ce serait forcément l'extrême-droite.
03:44Ou les extrêmes. Ou alors vous avez l'esprit de défaite répandu partout. Si les gens ont peur de cela, le sursaut, c'est pour maintenant. C'est bien.
03:53Voilà. Donc j'assume tout cela, parce que c'était tout cela qui était en train de se faire, sourdement. Et donc je pense que la clarification, c'est maintenant.

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