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00:00 Alors que les U17 de Jean-Claude Gentini débuteront dimanche leur mondial au Brésil face au Chili,
00:06 il y a 18 ans déjà, la bande à Jean-François Jodard s'adjugeait pour la première fois le titre
00:14 suprême de la catégorie à Trinité et Tobago. Trois ans après les Hades et Méjaquais.
00:20 A 18 ans, les Fatihs, Sinama Pongol, le Talaïc, Berthaud, Fayé et autres Megni étaient alors sur le toit du monde.
00:28 Nous sommes allés à la rencontre de Jean-François Jodard, chez lui, près de Montluçon, au cœur de la France,
00:34 pour nous remplonger dans cette magnifique aventure.
00:37 Coup d'œil dans le rétro avec l'ancien entraîneur national, solide défenseur passé par Reims, Lyon et Strasbourg,
00:44 international à six reprises également.
00:47 Bienvenue chez moi. Bon, je pense qu'on va se replonger quelques années en arrière,
00:54 un petit peu faire le bilan de cette Coupe du Monde 2001, avec ma promotion qui a été championne du monde.
01:02 Et puis, parler peut-être aussi un petit peu de la nouvelle génération, celle qui est partie au Brésil,
01:09 essayer de conquérir un deuxième titre.
01:12 Moi, l'image forte, bizarrement, ce n'est pas le foot. L'image forte, c'est le 11 septembre.
01:20 Quand on s'est réveillé le 11 septembre et qu'on a fait le tour des chambres et qu'on s'est aperçu que
01:25 tous les joueurs étaient en train de regarder ce qui se passait aux États-Unis,
01:29 j'aurais pu dire que c'est la victoire finale. C'est vrai que c'est un grand moment,
01:32 mais ça, par contre, c'est comme un choc, comme un traumatisme.
01:37 J'ai dit au reste du staff, on ne s'entraîne pas, il faut que je parle aux joueurs.
01:41 On les a accompagnés pour que cette journée se passe le mieux possible,
01:44 pour que le lendemain, on puisse retourner travailler, je ne dirais pas normalement, mais sereinement.
01:52 Ça faisait déjà quelques années qu'on travaillait avec ce groupe, depuis 2-3 ans.
02:03 On avait participé trois mois avant, on avait participé à l'Euro,
02:09 on avait été battu en finale par les Espagnols.
02:12 Le choix après s'est fait, je le dis toujours, pas par rapport au football ou au système de jeu que j'aime moins,
02:22 je faisais toujours le choix par rapport à la qualité des joueurs que me proposait la promotion.
02:28 Les joueurs clés, il y avait des joueurs comme Anthony Letalec,
02:33 Sinama Pangol, qui a fini meilleur buteur, Jacques Faty, qui était le capitaine à l'époque,
02:41 mais il y avait aussi des gars dont on a moins entendu parler,
02:44 mais Hemer Sfahe, qui a fait quand même une bonne carrière avec la Côte d'Ivoire,
02:48 Sane Njebdaje, Berthoud, qui a fait une bonne carrière à Lyon.
02:53 C'est d'être champion du monde.
03:00 On sortait, on était vice-champion d'Europe.
03:06 On avait été battu par l'Espagne en finale par la plus petite démarche,
03:12 mais contre une très bonne équipe espagnole, avec des joueurs qui sont devenus des très grands joueurs.
03:18 On savait qu'on avait un très bon niveau,
03:25 et quand on part dans la compétition, il ne faut pas y aller pour participer.
03:30 Quand on est équipe de France, on se doit d'y aller pour aller au bout de la compétition.
03:39 C'est bien d'être champion du monde avec ce parcours,
03:46 parce qu'après, c'est bien car on élimine les Brésiliens,
03:49 qui sont quand même reconnus comme une grande valeur mondiale,
03:54 les Argentins, qui quelque part aussi représentent quelque chose dans le football mondial.
03:59 On avait fait une tournée qui a été primordiale en janvier de la même année,
04:04 donc 8 mois auparavant, on est parti au Brésil.
04:08 Même si on n'était pas qualifiés à l'époque, je m'étais un petit peu projeté,
04:12 je me disais que si jamais on se qualifie, il y a une chose dont on a besoin,
04:16 c'est d'avoir une certaine expérience contre les équipes sud-américaines,
04:20 parce que c'est un football complètement différent.
04:23 On n'a pas gagné un match, on a tout perdu.
04:25 Donc, c'est qu'on en avait besoin, parce qu'on est tombé sur un football
04:31 où les gens sont plus malins, un petit peu plus tricheurs,
04:36 et trucs comme ça, ils ont l'habitude.
04:38 Le jeu de corps, tout est un... Ce sont d'infinis détails,
04:41 mais dont on avait besoin de s'imprégner au cas où on se qualifie pour ce championnat du monde.
04:52 Après la calife du premier tour, on a décidé,
04:56 parce qu'il n'y avait que deux jours de récupération pour préparer le Brésil,
05:00 on a dit "on ne va pas faire de foot, on va aller manger,
05:03 on va aller sur une île, se balader, se baigner, laisser les joueurs tranquilles".
05:08 On les a laissés aller manger, je suis sûr qu'ils n'ont pas fait repas sportif,
05:12 je suis sûr qu'ils ont dû aller au fast-food du coin, nous les premiers aussi d'ailleurs.
05:18 Donc de temps en temps, il y a des trucs qu'il faut faire au coup par coup,
05:22 parce que c'est le pif, on sent le groupe, comment il vit, qu'est-ce qu'il faut faire.
05:27 Dans la réflexion de préparation match, j'ai dit "il faut que j'arrive à changer le système de jeu,
05:38 pour au moins les perturber à ce niveau-là, contrecarrer leur point fort",
05:43 parce que c'était vraiment leur point fort, le jeu sur les côtés.
05:46 Le problème c'est que dans ma liste de 18, j'avais pas véritablement un arrière latéral de métier,
05:54 donc il y en avait un des arrière centraux que je savais capable de jouer à gauche,
05:59 Jérémy Berthaut, à qui on a demandé de jouer vraiment dans un poste d'arrière gauche,
06:03 et puis on a transformé Stéphane Drouin, qui était un milieu qui jouait à Nantes,
06:10 un peu à divers postes, arrière central, milieu de terrain.
06:14 Et comme je connais la qualité de la formation nantaise,
06:17 où ces joueurs sont des joueurs où l'intelligence prend une part importante,
06:22 je me suis dit "je pense que Stéphane va être capable de jouer à un poste qu'il n'a jamais joué,
06:28 mais compte tenu de son intelligence de jeu, va être capable de s'adapter".
06:32 Donc on lui a demandé de prendre le poste d'arrière droit.
06:36 On a travaillé pendant deux jours à mettre en place un système défensif à quatre défenseurs,
06:43 avec quatre milieux de terrain, et on est parti sur un 4-4-2,
06:47 ce qui nous a permis de nous retrouver à deux contre deux dans les couloirs.
06:51 Donc quelque part déjà, on a annihilé un peu leurs points forts,
06:55 et puis eux, ils étaient très surpris, parce que comme on n'avait joué aucun match comme ça,
07:01 je pense qu'ils n'ont pas réussi à modifier leurs tactiques de jeu, leurs plans de jeu.
07:10 Et puis nous, entre temps, on a réussi à faire la différence offensivement,
07:16 on a à la fois contrecarré leurs points forts offensifs,
07:21 et puis nous on a pu continuer à exprimer les nôtres au niveau offensif,
07:25 on a fait vite la différence, et ils ne s'en sont jamais remis.
07:28 Je suis sûr à 90% que le système de jeu, le changement, les a beaucoup, beaucoup perturbés.
07:37 Mais c'était un coup de poker !
07:39 Le coup de poker
07:44 Je me suis souvenu de quand je me suis couché la veille,
07:49 et j'ai regardé ma table de nuit, et je me suis dit,
07:55 "Demain soir, il faut que la coupe soit là."
07:59 Et je me suis dit, "Ah ! C'est le premier truc auquel j'ai pensé,
08:04 j'ai dit, la coupe, elle sera sur ta table de nuit cette nuit."
08:07 Après, on passe par tellement d'émotions quand on participe à une compétition,
08:11 et en l'occurrence la plus belle pour cette catégorie-là,
08:16 on est forcément plus qu'heureux.
08:20 Et puis après, forcément, il y a tout ce qui s'est passé pendant la compétition,
08:26 les années de préparation, les semaines de préparation,
08:30 et puis il y a quand même aussi, je dirais, presque une sorte de relâchement,
08:36 de délivrance, parce que c'est très intense au niveau émotionnel.
08:41 Être champion du monde, même si je le dis, c'est quand on y est 17,
08:46 mais ça ne fait rien, c'est quand même un titre mondial.
08:50 Quelque part, oui, dans la vie, quand on part dans la carrière de joueur,
08:56 c'est pour gagner des titres, quand on part dans la carrière d'entraîneur,
08:59 c'est aussi pour gagner des titres.
09:02 Donc quand on a la chance de pouvoir en gagner un,
09:05 quelque part, forcément, ça tient une place particulière dans votre histoire.
09:12 Le seul conseil, si j'en ai un donné, c'est de partir, et puis d'être ambition.
09:22 Il ne faut pas dire, notre ambition c'est d'être dans le premier carrière,
09:26 non, il faut y aller pour gagner.
09:28 Il faut avoir la chance de pouvoir jouer des pays qui viennent de continents différents,
09:32 avec des approches complètement différentes.
09:36 Et puis, il faut qu'ils savourent surtout le temps qu'ils vont passer ensemble,
09:41 parce que ça, c'est inestimable le fait.
09:46 Mais je fais confiance à Jean-Claude et à son staff,
09:51 ils savent tout aussi bien que moi ce qu'il faut faire
09:55 pour aborder une grande compétition,
09:59 et comment bien la vivre de l'intérieur.
10:04 [Applaudissements]
10:08 [Musique]
10:12 [Applaudissements]
10:15 (Rires)