• il y a 6 mois
Le 28 janvier 1998, Bernard Diomède fêtait sa première sélection en Equipe de France face à l'Espagne à Saint-Denis (1-0). C'était aussi la soirée d'inauguration du Stade de France. L'ancien buteur de l'AJ Auxerre se souvient de ces grands moments. Témoignage.

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00:00Le 28 janvier, c'est le match France-Espagne, inauguration du Stade de France, mais pour
00:12moi c'était un moment particulier parce que j'ai appris ma sélection le 23 janvier,
00:15le jour de mon anniversaire.
00:16Et c'est vrai que d'habitude tu l'apprends à la télé, la guirou le matin, le jour
00:20de l'entraînement, il vient, il m'envoie quelques signaux, je me prépare, il dit peut-être
00:25une bonne nouvelle.
00:26Quand j'ai appris le jour de mon anniversaire que j'étais sélectionné, c'est beaucoup
00:31d'émotions.
00:32Et tu te dis, non seulement ça va être ta première sélection, mais surtout tu vas
00:36y arriver au Stade de France, tu sais que ça va être l'inauguration au Stade de France,
00:41et la première c'est le premier discours avec Aimé Jacquet, ça reste quand même
00:45le sélectionneur, donc tu as ton moment particulier, c'est le repas, le premier repas, tu sais
00:50que tout ce que tu vas faire va avoir une incidence sur la suite, donc tu dois faire
00:54attention, peut-être observer, attendre, regarder qui s'assoit à côté de qui, donc
00:59c'est vrai que pour moi j'ai été concentré du début jusqu'à la fin.
01:03Je me rappelle les premières séances, ces petits jeux, donc là tu veux montrer tout
01:09de suite ce que tu es capable de faire, et je me rappelle être en duel avec Marcel de
01:14Sailly, j'ai fait un petit pont, sur le coup c'est la dernière fois que tu me fais ça,
01:18tu commences à trembler un petit peu, tu me dis on va y aller mollo, et puis tu as
01:22les joueurs qui sont à côté, mais tu te dis à un moment donné, si je suis là, il
01:25faut que je montre aux joueurs que c'est normal, et donc la vérité est toujours sur
01:29le terrain.
01:30T'as beau être performant en club, les joueurs ils t'attendent sur le terrain, et là t'as
01:352-3 jours d'entraînement avant de pouvoir faire le match, et en plus la période était
01:41pas top, les terrains gelés, donc c'était pas mal d'interrogations sur est-ce qu'on
01:46va jouer sur un bon terrain, choisir les bons crampons, donc c'est des problématiques
01:51qui viennent en plus d'une première sélection, donc forcément tu te rappelles de plein de
01:54petites choses, détail par détail.
01:59J'apprends que je suis titulaire le jour du match, donc la causerie c'est toujours pareil,
02:02c'est la première causerie, c'est important, et pour moi c'est de la pression, mais de
02:08la bonne pression, parce que ça fait longtemps que je voulais y être, donc je me dis voilà,
02:13je veux avoir une chance, c'est le fameux chiffre 1 à chaque fois, donc j'aurais pas
02:172 chances, donc à moins de 6 heures 7 chances, parce que c'est une première, donc tu observes
02:21le stade, tu regardes l'ambiance, et donc il faut faire attention parce qu'il faut rester
02:24concentré dans ton match, et ça Aimé Jacquet te le dit lors de la causerie, les anciens
02:29sont là aussi pour te le rappeler, mais t'as quand même envie de profiter, quand t'es
02:32jeune, tu veux tout avoir, donc je suis entre deux, j'essaie de profiter un petit peu,
02:38mais de me concentrer sur mon match, et puis après une fois que t'es dans le vestiaire
02:42du stade, c'est quand même dans tes habitudes, répétitions, des gestes, des gestes qui
02:48te permettent, entre les massages, les chaussures, les discussions avec les uns et les autres
02:53sur la tactique, sur les coups de pied arrêtés, et au fur et à mesure tu rentres dans ton
02:56match.
02:57Voilà, c'est le jour J, c'est le moment tant attendu, et tu découvres quelque chose
03:01d'exceptionnel, comme toute première, et t'as qu'une envie, c'est que ça soit une
03:08réussite, et Emile Jacquet m'a cessé de nous le répéter, c'est qu'une première,
03:12ça se gagne, c'est l'Espagne, parce que t'inaugures ton stade, c'est aussi, voilà,
03:16le footballeur est toujours un petit peu superstitieux, donc tu te dois de réussir cette première
03:22partie.
03:23J'ai le souvenir qu'il faisait froid, parce que quand on est sorti sur le terrain, déjà,
03:28qu'est-ce que tu mets comme crampon ? C'est la problématique, donc quand t'es joueur
03:32offensif, t'es content parce que tu te dis qu'un joueur offensif est moins en difficulté
03:36qu'un joueur défensif, parce que le joueur défenseur, déjà, il va pas attaquer, donc
03:40tu penses à tous ces petits détails-là, et nous, c'est vrai qu'à Auxerre, on a
03:43l'habitude de jouer sur les terrains gelés, donc avec un entraîneur qui était pointillus
03:46sur comment bien choisir ses crampons, donc sur ce côté-là, je suis pas trop inquiet,
03:51par contre le froid, c'est toujours délicat, parce que t'as beau mettre les huiles pour
03:55bien te chauffer, c'est jamais simple.
03:57Première minute importante, parce que moi, tactiquement, les Espagnols, je joue avec cinq
04:05défenseurs, donc avec des joueurs de couloir, donc moi qui suis un excentré côté gauche,
04:09les cinq premières minutes, je me retrouve à devoir presque être arrière-gauche, et
04:13dans ma tête, je me suis dit, je pense que si je joue tous les matchs arrière-gauche,
04:15je reviens plus, en plus tu sais qu'il y a Liza, donc la concurrence, c'est chaud, et
04:20puis là, moi j'ai joué à Auxerre avec Laurent Blanc, donc je savais que c'était un cadre,
04:25je me suis dit, Lolo, là, je peux pas prendre le couloir, et donc il y avait Bogot, donc
04:30c'était lui ou moi, donc Laurent, il a demandé à Bogot de jouer latéral-gauche, donc déjà,
04:34je me suis dit, je vais sauver une première partie du match, et puis après, au fur et
04:38à mesure, tu rentres dans le match, tu prends confiance, et puis à la mi-temps, justement,
04:46tu écoutes, tu observes, donc il y a Didier qui était déjà bien inspiré, qui avait
04:52déjà des idées de coach, donc il parlait tactique, donc Aimé Jacquet qui avait fait
04:55un petit recadrage de Hébou, qui était à droite, et moi à gauche, pour venir aider
04:59un peu plus au milieu de terrain, donc c'est vrai que j'ai ce souvenir-là, parce que c'est
05:03un premier match, tu sais que tu dois marquer des points par rapport aux supporters, par
05:08rapport aux médias, mais surtout par rapport à ton entraîneur, et il y a 2-3 actions
05:13dans le match, comme voilà, ce positionnement tactique, à un moment donné, il y a un coufran,
05:17pareil, côté gauche, donc j'viens pour le tirer, il y a Uri qui est là, qui regarde
05:22Zizou et qui dit, le petit veut tirer le coufran, moi je regarde Zizou, je veux le ballon, Zizou
05:27me dit, vas-y, tu peux tirer, donc voilà, c'est plein de petites anecdotes comme ça,
05:31et qui sont importantes, parce que c'est ce qui t'affirme dans le groupe, donc ton
05:35premier match, t'as besoin de t'affirmer aussi par rapport à tes collègues, par rapport
05:37à tes coéquipiers, qui vont te respecter, si à un moment donné, tu fais ce qu'il faut
05:41pour te faire respecter.
05:45Premier buteur, donc ça pouvait être que lui, moi je sais qu'en deuxième mi-temps,
05:49j'ai une occasion où je dois marquer, je crois au point de pénalty, et j'ai voulu
05:52tirer tellement fort que le ballon est monté au-dessus, alors que d'habitude, je mettais
05:56un plat du pied tranquille en entraînement, donc on a rigolé, mais après, avec le recul,
06:00c'est bien que Zizou ait marqué le seul but à l'inauguration au Stade de France.
06:10C'était six mois avant la Coupe du Monde, donc c'était le moment jamais pour pouvoir
06:15intégrer ce groupe, et puis tu sais que quand tu intègres ce groupe, après, il n'y a pas
06:21de raison que tu en sortes si tu as des bonnes prestations, donc comme moi, ça fonctionnait
06:24bien en club avec l'ECR, avec les Coupes d'Europe, donc je savais que j'allais avoir
06:28les matchs qui allaient pouvoir me permettre de garder la condition, tu sais que les titulaires
06:32en club, c'est important quand tu es en sélection d'arriver, d'avoir du temps de jeu, et
06:37Jacquet avait insisté là-dessus, il y a pas mal de joueurs qui n'avaient pas de temps
06:39de jeu, donc tu regardes le temps de jeu des uns et des autres, de tes concurrents, donc
06:43tu te dis, il y a de grandes chances que tu ailles au bout, donc ne lâche rien, et c'est
06:47vrai que c'est ma première à conditionner ma sélection pendant la Coupe du Monde.
06:53Aujourd'hui, tout le monde se rappelle où il était le 12 juillet 98, donc tout le
06:59monde se rappelle aussi, peut-être un peu moins, mais où il était le 28 janvier 98
07:05pour ce match.
07:06Les puristes, en tout cas ceux qui aiment le foot, tout le monde attendait avec impatience
07:09cette inauguration, et quand on sait ce qui s'est passé par la suite, forcément ça
07:14laisse un souvenir presque intact.
07:16C'était il y a 20 ans, donc ça ne résume pas, c'est vrai, c'est l'année où il va
07:21falloir se remémorer pas mal de souvenirs.

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