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00:00Après la mort de George Floyd, on a été choqués dans le monde entier de la manière
00:18que cet individu a été assassiné, aux yeux de tout le monde, et il fallait réagir.
00:22Et on a très peur que les choses comme ça se passent aussi ici en Belgique, et pour
00:26ça il fallait qu'on puisse montrer à nos politiques et à nos publics qu'on insistait
00:30que la vie de la noire compte, mais aussi qu'on avait des droits.
00:34La plus grande joie pour moi pour ce rassemblement c'était vraiment de voir des gens de multiples
00:39professions différentes, noirs, blancs, tout le monde était réuni ensemble, des jeunes,
00:43des plus vieux, et ça c'était vraiment intéressant, des francophones, des néerlandophones, tout
00:47le monde a répondu présent, et je crois que c'était la première fois qu'on a fait
00:50un rassemblement organisé par la communauté afro elle-même pour une cause qui nous touchait
00:54tous, et ça a permis que les choses ont bougé, ou bougent, parce qu'ensuite après
00:59ça il y a eu toutes ces mises en place de colloques, ces mises en place de plateformes,
01:05ces mises en place de commissions fédérales et régionales qui parlaient du racisme et
01:10de cette cause noire en fait, on parle très peu de ce racisme spécifique aux noirs, et
01:14ça a permis justement de relancer le débat, et grâce à ça de mettre enfin, de pousser
01:21enfin à mettre des exercices sur les afro-descendants, sur la décennie, rien n'avait été fait avant,
01:27alors que là on est à la dernière année des afro-descendants, on pourrait être content
01:31que oui le fédéral a enfin mis en place quelque chose, mais moi je suis pas trop content
01:37parce que pour moi il fallait pas attendre la dernière année pour mettre des activités
01:40en place, donc je reste toujours pessimiste, et je dis au public que si nous on fait rien,
01:44les choses vont continuer à se faire sans nous, et c'est hyper important d'être
01:48un activiste, d'être dans de l'action.
01:50Bonsoir à tous, nous sommes ici donc avec tout le panel de ce soir, pour la journée
01:54de commémoration notamment de la manifestation BLM qui a eu lieu en 2020, le 7 juin exactement,
02:00nous sommes également ici dans le cadre de la décennie des personnes d'ascendance
02:04africaine, et la question qu'on se pose aujourd'hui, qui est une question collective, est-ce que
02:10le bilan est positif, et quel est encore le taux de travail à accomplir ?
02:14Le travail à faire est énorme, on voudrait que toutes les promesses qui figurent dans
02:20cette résolution de l'Assemblée Générale de l'ONU, on voudrait enfin voir un début
02:27de commencement de mise en pratique, parce que sans financement, sans support des états,
02:33sans bonne volonté des pays qui ont en leur sein beaucoup d'Africains et d'Afro-descendants,
02:42on n'ira nulle part, donc c'est un peu comme nous entretenir dans des illusions,
02:49créer chez nous beaucoup d'attentes, et aussi beaucoup de frustrations, parce que
02:52rien n'est obtenu pour le moment.
02:55Le monde ne se crée pas en un jour, parce que la question de l'Afro-descendant c'est
03:00finalement relativement récent, au niveau des Nations Unies, la décennie a permis de
03:05beaucoup plus en parler, au-delà de la question du racisme bien sûr, mais il est difficile
03:12de dire que rien n'a été fait, parce qu'on a quand même maintenant une déclaration
03:17qui est en train d'être rédigée, qui vise à une convention pour les personnes d'ascendance
03:22africaine, et un forum permanent, au départ on pensait à un forum annuel, maintenant
03:27c'est un forum permanent, et l'essentiel effectivement c'est la volonté politique.
03:33Ces disques antoxides qui rendent malades entre guillemets les nôtres, je les ai travaillés
03:38depuis longtemps, et je suis chercheur, j'ai pas mal de livres là, vous pourrez trouver
03:43beaucoup d'explications, si vous voulez utiliser le mot, qui vous guérissent.
03:48Donc, une fois que j'ai compris que ce dont nous souffrions, c'était d'avoir nos peuples
03:55dispersés, éclatés, atomisés dans le monde entier, sans, dans aucune des sociétés qui
04:03nous reçoivent, la possibilité de travailler sur nos problématiques, de comprendre les
04:10difficultés que nous avons, de comprendre comment nous nous confrontons aux réalités
04:16de ces régions qui disent s'être construites sans nous, alors que l'esclavage, à mon avis,
04:25n'a pas servi à autre chose qu'à construire des sociétés occidentales, occidentalisées,
04:30et à capter toutes les ressources de cette main d'œuvre gratuite qui a été utilisée
04:36plus de 300-400 ans, et qui, à travers la précarité entretenue actuellement, continue
04:42à exploiter la main d'œuvre déracisée à prix très bas, et surtout, de manière à
04:48faire rester chez les suprémacistes, la société a ses stratégies, nous devons, nous, qui nous
04:56préoccupons de comment percer, comment nous intégrer, je vous ai dit tout à l'heure que
05:01le problème déracisé que nous sommes, c'est que le petit espace qu'on nous laisse, il est
05:06trop petit pour nous tous, parce que, si vous cherchez à connaître les chiffres de ce qu'on
05:11appelle la diaspora, un mot qui est aussi contesté sociologiquement, on l'a remis en
05:16question, combien nous sommes, et bien tout, quand on fait un relevé des statistiques des
05:22populations afro-descendantes ou afro-ascendantes, ou africaines tout court, on est tous dans des
05:29chiffres très erronés, parce que le pouvoir des occidentaux est assis sur le fait qu'il ne
05:37laisse pas voir la réalité sociologique et politique des populations qu'elle domine sur
05:44des bases raciales. Je pense que d'envisager ça, de pouvoir en parler, c'est une première étape avant
05:54de pouvoir envisager un développement et une ascension de notre communauté. C'est logique,
05:59je veux dire, ça ne devrait pas surprendre, on parle quand même de 13 siècles d'esclavage,
06:04de traite arabo-musulmane, 4 siècles de traite transatlantique, ça fait quand même des violences
06:10institutionnelles, coloniales, racistes, institutionnelles, que les personnes noires afro-descendantes subissent.
06:15Moi je connais des amis qui ont voulu, elles-mêmes, sur leur petit corps d'enfant, se décaper la peau.
06:19Et donc je pense que tout ça, c'est un travail qu'on a à faire en tant que communauté, d'éduquer
06:22nos enfants, de les accompagner, et l'estime de soi va se concrétiser comme ça. Et aussi, chers
06:27parents, je sais qu'en arrivant sur ce pays, vous avez voulu pas mettre au placard, mais mettre une
06:32parenthèse dans votre culture pour vous intégrer, mais pour nous, c'est nécessaire qu'on porte aussi
06:36cette culture. Et en fait, on n'arrive pas à avancer si on n'arrive pas à connaître notre culture.
06:40Et moi, je vais faire tout un travail de redécouvrir qui je suis, mon histoire, et aussi, je suis singulière.
06:44On est née en Europe, on est aussi afropéenne, au final, on a cette... C'est un métissage, en fait, au final, on est métisse.
06:51Et moi, pour être née en Belgique, j'ai impriorisé tous ces critères pendant très longtemps.
06:55Et donc je pense qu'il faut en parler, que l'aliénation existe, elle est réelle. C'est justement en me renseignant
07:00sur mes origines, sur ma culture, pour me faire revaloir en tant qu'être à part entière, que j'ai
07:06réussi à sortir de tout ça. Et donc quand 2020 est arrivé, George Floyd est mort, on a bien vu tout à l'heure
07:11Black Lives Matter, et en fait, nous, on était assez stupéfaits avec des amis, parce qu'on se rend
07:16compte que tout le monde parlait des Etats-Unis, comme si en Belgique, il ne se passait rien, comme si en Belgique,
07:20on était ok, en fait, comme si en Belgique, vu qu'il n'y avait pas des gens qui se baladaient avec des flingues
07:24tous les trois mètres, ça allait. Mais en fait, non, ça n'allait pas. Et c'est pour ça que Racine Soir j'ai née
07:28dans une volonté, en fait, de commencer à parler de la Belgique, mais aussi pas que l'exclamation raciale
07:33des personnes noires, donc on s'est aussi penché sur toutes les discriminations, parce que pour nous, c'est un système
07:38racial.
07:39L'agro, par exemple, ne peut pas faire partie d'une autre communauté.
07:48On a besoin de ce genre de guérison, on a besoin de ce genre d'espace où les enfants peuvent s'exprimer,
07:56où les adultes peuvent s'exprimer et avoir de l'écoute et de l'empathie.
08:03Donc, il y a une personne qui posait cette question, j'avais envie de lui répondre, oui, on a besoin de ces espaces,
08:13et surtout que les traumas intergénérationnels attrapent très facilement nos enfants.
08:22On est parti du principe que lorsqu'on ne sait pas d'où on vient, on ne sait pas non plus où on va.
08:29Et donc, on a commencé avec les enfants burundais, rwandais, congolais, et même d'ailleurs, à apprendre la culture d'origine
08:39de ces enfants-là, de nous-mêmes, et aussi apprendre les cultures des autres communautés, et à faire ce que j'appelle
08:51l'interculturalité.
08:53On doit absolument se mettre tous ensemble, nous avons les mêmes problèmes.
08:57Quand il y a eu les experts de l'ONU qui sont venus pour dire, écoutez les gars, en 2001, les gens en parlaient
09:03membres de reconnaissance, membres de justice, membres de développement.
09:06Qu'est-ce qui se passe en Belgique ? On s'est mis dans toutes les grandes villes de Belgique, vous allez être étonnés,
09:12c'était exactement la même chose. Nous ne sommes pas inconnus, quand nous allons chercher l'emploi,
09:17on ne l'ouvre pas parce qu'on regarde l'impôt, on a beau être diplômés, figurez-vous que dans toutes les autres villes,
09:24c'était exactement la même chose.
09:27Alors, si les problèmes que nous avons en Belgique, ce sont les problèmes qu'il y a au Ghana, qu'il y a à Singapour,
09:34tout simplement parce qu'on a la mélanie qui passe un peu comme ça, pourquoi ne nous mettons-nous pas ensemble
09:41pour réfléchir un peu, comme j'ai dit tout à l'heure, nous sommes un peuple.
09:44Vous avez parlé du manque de reconnaissance de nos autorités au pays par rapport à la diaspora qui mène aussi des actions ici.
09:51Est-ce que vous pouvez nous en dire plus et d'où vient votre constat ?
09:55Mon constat, il est simple, ça fait des années que moi, personnellement, au début des années 2000,
10:03j'ai découvert beaucoup de choses que je ne connaissais pas.
10:06A l'heure d'aujourd'hui, beaucoup de gens diront peut-être que je vais trop souvent aux Nations Unies
10:11parce qu'ils n'aiment pas les Nations Unies.
10:13Mais jouer la politique de chaise vide, ce n'est pas bon non plus.
10:20Quel est le bilan et est-ce que vraiment après ce travail théorique d'observation, de mise à plat,
10:26de tous ces facteurs, ces éléments, est-ce que vraiment il y a des choses qui se font sur le terrain ?
10:31Parce que c'est ça qu'on veut entendre, est-ce qu'il y a vraiment des choses sur le terrain qui se font ?
10:35Écoutez, d'abord, oui, les choses se font sur le terrain, même si on ne le voit pas directement
10:40parce que les choses prennent du temps à changer.
10:43Même beaucoup de gens se sont dit, ok, on a fait BLM, il y a eu beaucoup de monde,
10:46il y a eu plus de 15 000 personnes dans les rues, est-ce que ça a été utile ?
10:49Réponse, oui, ça a été utile.
10:51Ça n'a pas mis aux institutions, à l'État et aux Nations, comme les Nations Unies,
10:55de se rendre compte que, même en Belgique, la communauté afro n'a pas voulu rester dans le silence.
11:02Mais les choses prennent un certain temps.
11:05On ne remarque pas tout à fait les changements, mais la mise en place de certaines plateformes,
11:09notamment des commissions fédérales, régionales, ont été mises en place.
11:13Il y a eu beaucoup de colloques et de mises en place aussi de règlements sur tout ce qui est racisme
11:20au Parlement européen, au Parlement belge et au Parlement fédéral, excusez-moi, et au Parlement régional.
11:25Donc les choses changent, même si c'est vrai que nous, le public, on ne voit pas directement les changements.
11:30Le fait que le roi a lancé un discours tout à fait différent après la manifestation,
11:34ce sont des choses qui montrent qu'il ne faut surtout pas vous décourager,
11:38que même si vous ne voyez pas le changement immédiatement, le changement s'opère, mais il ne faut pas s'arrêter.