• il y a 6 mois
Dans 10 ans, la moitié des agriculteurs partira à la retraite. Prêt de 200 000 exploitations à transmettre, la plupart hors cadre familial.
Comment faire pour qu'elles ne partent pas à l'agrandissement ? Alors que le modèle des fermes intensives est de plus en plus décrié, de nouveaux acteurs, qui souvent, ne sont pas issus de milieux agricoles tentent de nouvelles formes d'agricultures. Une agriculture plus respectueuse de l'environnement, plus en phase avec les aspirations du métier de paysan.
Une relève, plus collective aussi, qui se voit bien inventer le modèle agricole de demain.

Un magazine réalisé par Hélène Bonduelle, avec les images de Marion Devauchelle et Pierre-Yves Deheunynck.
Montage : Maxime Riou

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Transcription
00:00Des champs, des fermes, 48% du territoire français est recouvert de surfaces agricoles.
00:09Des terres qui bientôt passeront dans d'autres mains, car dans 10 ans, la moitié des agriculteurs français partira à la retraite.
00:18J'ai 62 ans, je vais avoir 63 ans cette année, donc j'ai dit, j'en ai assez fait pour ma part et puis il faut que j'arrête.
00:28200 000 fermes à céder et des repreneurs qui n'ont pas toujours les moyens.
00:33Pour faciliter les transmissions, des startups se lancent sur le marché et misent sur les réseaux sociaux.
00:40Ils savent que maintenant, il faut savoir innover, avoir des solutions et des méthodes un peu différentes de ce qu'on faisait avant,
00:46qu'il y ait des méthodes qui peuvent être un peu plus efficaces pour pouvoir trouver plus rapidement, en tout cas, des repreneurs et plus massivement.
00:53D'autant que 60% des repreneurs ne sont pas issus du milieu agricole.
00:58Une génération de paysans qui inventent de nouveaux modèles, comme les fermes collectives.
01:05Il faut oser y aller, et je trouve que quand on est plusieurs, c'est plus facile.
01:09Tout seul, tu portes tout sur toi, sur tes épaules.
01:12Venez voir dans les fermes collectives et coopératives la richesse qui est créée, les lieux de vie et de production agricole que c'est.
01:18Il y a des solutions qui existent.
01:21Rencontre avec celles et ceux qui imaginent l'agriculture de demain et tente de relever le défi de la transmission.
01:52Aujourd'hui, j'ai prévu d'aller rencontrer 2 agriculteurs qui vont prochainement partir à la retraite.
01:58Leur expliquer comment je peux les accompagner et leur montrer que c'est vraiment possible de pouvoir trouver un repreneur et permettre une installation dans les bonnes conditions.
02:09C'est devenu son quotidien.
02:11Depuis 2 ans, Camille Fournier sillonne les routes de France à la recherche de fermes en mal de repreneur.
02:20Son métier ? Faciliter les transmissions d'exploitations agricoles.
02:26Ce que je fais chez Eloi, c'est au coeur des enjeux de notre siècle.
02:29Parce qu'en fait, on parle de pas mal de sujets, de transition, de souveraineté alimentaire.
02:35Mais en fait, s'il n'y a pas de ferme demain, on est mal barré.
02:39Donc assurer déjà que les fermes en France puissent être transmises et restent agricoles, c'est un défi qui est énorme et qui est vraiment crucial.
02:49Et le but, c'est que la transmission des fermes puisse être une transition vers des pratiques plus vertueuses, plus durables, plus résilientes.
03:02Accompagner les fermes à transmettre en les adaptant aux nouvelles aspirations des repreneurs face à un système public à bout de souffle.
03:11C'est le pari de cette start-up de l'agriculture.
03:19Bonjour ! Enchantée, Camille Fournier. Désolée pour le retard, on est arrivé à la Mayenne, donc c'était pas mal de routes.
03:34On vous suit, vous nous montrez un petit peu comment on s'est agencé, puis on va prendre des notes et des photos, pour suivre tout ça.
03:41Parfait, on vous suit !
03:46Ça va, t'as fait bonne route ?
03:47Oui.
03:48Christian Criot, éleveur laitier, c'est un peu la visite de la dernière chance.
03:54Donc là, c'est vos laitières, il y en a combien à la traite ?
03:5759, très exactement, en ce moment.
03:59Ok, je vais prendre quelques images.
04:02Bien loin des bancs de son ancienne école, HEC, Camille Fournier scrute aujourd'hui des cheptels, des hangars.
04:11Sous le regard de Christian, elle évalue comment rendre son exploitation familiale attractive.
04:19Là, je prends des vidéos et des petites photos, que ça serve ensuite pour l'annonce.
04:23C'est une manière de mettre en avant la ferme, de voir un peu comment elle fonctionne, comment elle s'est organisée.
04:27Donc là, on voit que c'est une stabulation air paillé, ouverte, c'est ce qu'il y a de plus classique, en fait, pour ce type d'élevage.
04:33C'est assez polyvalent, même si demain, on veut mettre des bovins à l'étang, ça fonctionne.
04:37Là, on voit qu'il y a la salle de traite qui est juste à côté, donc j'imagine que c'est pratique en plus pour la gestion au quotidien.
04:44Plus de 40 ans de labeur auprès de ces bêtes, et aucun de ses enfants pour reprendre la ferme.
04:50Christian Crio veut tourner la page.
04:54J'ai 62 ans, je vais avoir 63 ans cette année, donc j'ai dit...
04:59J'en ai assez fait pour ma part, et puis...
05:02J'ai dit, il faut que j'arrête, et puis bon, j'ai moins de santé que j'ai eue, donc c'est vrai que ça devient difficile, beaucoup plus dur.
05:12C'est là que je m'aperçois que maintenant, j'endure moins, quand même, disons, le choc des heures, quand même.
05:20Il faut arrêter.
05:22...
05:28Alors voilà le local qu'on appelle la nurserie, où on met les jeunes.
05:34Ils ne sont pas vieux, ceux-là ?
05:36Non, ils ne sont pas vieux.
05:38Ça fait du bon lait, ça.
05:40Ça fait du lait qui est un petit peu plus gras.
05:43Oui, c'est ça.
05:44Rapidement, Camille perçoit les atouts de la ferme.
05:49On est sur un territoire qui est super dynamique.
05:51Il y a un bassin d'emploi avec proximité avec Nantes, avec Saint-Nazaire.
05:54Donc ça, nous, c'est des choses qu'on mettra en avant dans l'annonce.
05:57C'est hyper commun dans un couple d'en avoir un qui bosse à la ferme et l'autre qui a un travail à l'extérieur.
06:02Au contraire, ça sécurise beaucoup les manques de pouvoir avoir un couple qui ne met pas les yeux dans le même panier.
06:08Donc ça, nous, on le met en avant en disant vraiment ce qu'il y a sur le territoire.
06:11Et qu'il y a aussi une opportunité pour un conjoint ou une conjointe de faire un métier à l'extérieur.
06:19Un super outil de production comme ça, avec un parcellaire et tout qui est bien agencé, c'est quand même dommage que ça sorte du champ agricole.
06:26Moi, je considère que j'ai quand même une exploitation qui reste viable quand même.
06:30Donc, viable et à temps humain.
06:34Le risque, ce serait que l'exploitation serve à agrandir une ferme voisine, adepte de l'agriculture intensive.
06:44Mais les candidats à la reprise ne se bousculent pas.
06:48Cela fait déjà deux ans que Christian cherche à vendre.
06:55Depuis un moment, les candidatures se font quand même un peu plus rares.
07:00Les manifestations d'agriculteurs n'ont pas dû encourager tellement ça non plus.
07:06Peut-être que ça refroidit certains de vouloir s'installer. Je ne sais pas.
07:14Pour Christian, céder sa ferme rapidement et au bon prix est une nécessité.
07:21Pouvoir vendre, c'est se dire on va obtenir un petit capital pour pouvoir amener du beurre dans les épinards de la retraite.
07:29Parce qu'une retraite, c'est dire de plus de 900 euros par mois pour un agriculteur tel que moi.
07:37Donc, avec ça, excusez-moi, mais bon, c'est comme disent les collègues, c'est pas trop décent quand même.
07:44C'est pas trop décent pour des gens comme nous qui avons travaillé comme on a fait.
07:49C'est de l'indécence un peu. C'est le seuil de pauvreté ça, si on veut aller par là.
07:53Alors, pour attirer les repreneurs, Camille déploie tous les moyens.
08:04Cette fois, c'est avec son drone qu'elle survole l'exploitation.
08:09Ça permet de voir les bâtiments dans l'espace, voir, disons, tout l'alentour des bâtiments, la place et tout.
08:17Mais tous les deux le savent bien, le frein principal, c'est le coût des terres agricoles.
08:24Racheter du foncier, c'est vrai que c'est un handicap aussi pour un repreneur.
08:29Après, nous, s'il y a vraiment volonté de vente de votre part, on peut aussi mettre en place avec des partenaires du portage foncier.
08:35C'est un organisme tiers qui va acheter les terres à Christian et ensuite qui va les louer au porteur de projet.
08:43Ça évite que ça renchérisse trop la vente pour le porteur de projet.
08:46Le porteur de projet, du coup, sera locataire dans un premier temps des terres.
08:49Et ensuite, s'il le souhaite, il aura une option d'achat.
08:52Au bout de 5, 10, 15, 20 ans, quand il aura un peu plus de trésorerie, il pourra, s'il le souhaite,
08:57devenir propriétaire de toute ou partie du foncier qui aura été acheté par la structure de portage.
09:04L'avenir de la ferme de Christian va maintenant se jouer avec l'équipe marketing et digitale de Camille.
09:12C'est le crédeau de la société Éloi.
09:15Trouver des repreneurs via les réseaux sociaux.
09:26Ça, ça peut être pas mal de le montrer parce qu'ils ont un beau partenaire en plus, avec un système assez herbagé.
09:33Je pense que ça plaira au porteur de projet de voir les vaches qui pâturent.
09:36Oui, on pourra tout à fait intégrer tout ce plan-là à la vidéo.
09:39On diffusera sur YouTube.
09:40Très bien.
09:41L'OCDE, en plus, est prêt à accompagner le repreneur s'il a besoin d'un petit moment de passation
09:46sur les pratiques, sur la gestion du parcellaire.
09:48Il est vraiment prêt à pouvoir l'accompagner.
09:50Je pense que ça vaut le coup de le mettre parce que c'est pas le cas partout.
10:01On a plus de 100 000 personnes qui voient nos publications quand on fait des publicités sur les réseaux.
10:08Effectivement, ils sont présents là.
10:10Donc c'est très pertinent.
10:11Et également sur YouTube où nos vidéos touchent beaucoup de personnes.
10:15Sous une semaine, il y aura entre une dizaine de porteurs de projet qui se seront manifestés.
10:24Pour faciliter la transmission, il faut parfois penser à une reprise à plusieurs.
10:30Elouah met en relation deux futurs associés.
10:34Je suis associé du GAEC depuis mars 2004.
10:38Mon rôle dans le GAEC, c'est de m'occuper des veaux.
10:41Il y a trois agriculteurs qui partent à la retraite.
10:44Donc ils cherchent trois remplaçants.
10:46Là, il ne s'agit pas d'une vente immobilière.
10:48Il s'agit vraiment du fait de rejoindre un groupement d'agriculteurs déjà installé.
10:51Pour moi, la chose la plus importante, c'est que l'associé ait envie de travailler à plusieurs.
10:56Nous sommes prêts au sein du GAEC à accueillir un nouvel associé dès que possible.
11:01L'avenir du GAEC sera à construire ensemble.
11:05C'est l'une des voies de plus en plus empruntées par les nouvelles générations pour reprendre des fermes.
11:11Des agriculteurs qui ne se connaissaient pas, mais qui ont une même vision du métier.
11:17Les mêmes aspirations.
11:19La nouvelle génération invente ses solutions pour répondre à la crise des vocations.
11:25Allant parfois jusqu'à travailler et vivre en collectif sur une ferme.
11:30Et là, on reprend la première vraie saison de la ferme 2024.
11:33Pour l'instant, on a des radis, des sucrines, des salades aussi, du persil, des blettes et des fèves.
11:41On a plus qu'un semaine d'années à faire des fèves.
11:45Victor, Viviane et Romain, maraîchers bio, se sont installés il y a tout juste un an dans le Tarn.
11:53Au total, ils sont six paysans et aucun n'est issu du milieu agricole.
11:58Comme Victor, un ancien ingénieur.
12:01Au fur et à mesure de mes études et de mes expériences, je me suis beaucoup désintéressé du métier d'ingénieur.
12:07Je le trouvais assez ennuyeux et souvent vide de sens.
12:10J'ai eu envie de vivre dans un lieu, de l'améliorer, de faire des vues du collectif.
12:17Chacun est propriétaire de sa société, mais les bâtiments de l'ancienne exploitation familiale ont été achetés en commun.
12:26Ensemble, les entreprises et les habitants du lieu, on a fondé une SCI qui a acheté tous les bâtiments de la ferme.
12:32On est indirectement propriétaire de la ferme.
12:37On n'a pas réussi à trouver d'emprunt au niveau d'une banque pour cet achat.
12:42Le moment où on cherchait de l'argent, ce n'était pas le meilleur moment.
12:46C'était le début de la guerre en Ukraine, les banques étaient un peu frileuses.
12:49Et les collectifs, les banques, elles n'aiment pas beaucoup non plus.
12:52Étant donné qu'on était nouvellement créé, c'était compliqué.
12:54Donc finalement, les propriétaires ont accepté de faire ce qu'on appelle un crédit vendeur.
12:57C'est-à-dire qu'ils ont fait office de banque.
12:59C'est-à-dire qu'au lieu de leur payer d'un coup, on leur rembourse petit à petit le lieu.
13:02Donc ça, cet emprunt, c'est 300 000 euros portés par tout le monde.
13:06Au-delà du coût financier, ils ont choisi de s'installer collectivement pour s'entraider, travailler ensemble et surtout lutter contre l'isolement.
13:17Pour moi, je sais que toute seule, je ne m'installais pas.
13:24Parce que... Enfin, en tout cas, pas tout de suite, peut-être dans dix ans.
13:28Mais parce que c'est aussi... Il faut oser y aller, quoi.
13:33Et je trouve que quand on est plusieurs, c'est plus facile.
13:36Tout seul, tu portes tout sur toi, sur tes épaules.
13:39Si on était seul, on ne peut pas partir en week-end, on ne peut pas prendre de vacances.
13:45Alors que là, on a quand même certaines libertés, quoi.
13:48Pour nous, on voit ça comme une solution d'avenir, de s'installer en collectif.
13:54Je pense que je vais aller vider ça, là. Je commence à être lourde.
14:04Pour ces jeunes paysans, s'engager en collectif, c'est aussi se tourner vers une agriculture plus raisonnée.
14:12Des méthodes plus vertueuses.
14:21Là, vous faites quoi ?
14:22Là, du coup, on vient mettre de la drèche pour apporter de l'azote au sol.
14:28La drèche, ce sont les résidus du brassage du houblon.
14:32C'est la drèche des brassards. Pratique, hein ?
14:36Ça a du sens, quoi. Nous, on s'en sert, ça nous a servi pour faire la bière.
14:40Et du coup, même après, ça a encore une utilité.
14:42C'est le schéma qui fonctionne, quoi.
14:44C'est ce qu'il faut faire aujourd'hui pour pouvoir s'en sortir, pour avoir...
14:48Enfin, c'est du sens.
14:51D'ailleurs, les brassards travaillent en partie avec les céréales cultivées sur l'exploitation.
14:57Sur cette ferme nouvelle génération, les productions sont diversifiées.
15:02Les moyens, mutualisés.
15:07Personne n'est dans son coin, quoi.
15:08Dès qu'il y a quelqu'un qui est en difficulté, on est entre nous, on peut en discuter.
15:13T'as besoin d'aide ? Comment ça se va ?
15:15Voilà, on a fait une réunion aussi toutes les semaines pour savoir qui a besoin d'aide cette semaine,
15:19comment on se sent.
15:21Et du coup, il y a pas mal de partage comme ça et d'entraide.
15:26Une fois par semaine...
15:30...le collectif se retrouve autour d'un repas.
15:33L'occasion d'échanger sur les activités de chacun.
15:40Donc, nous, on a le bâchage de la serre de vin.
15:42C'est fait de vendredi, mais ils ont rappelé pour dire que ça serait demain.
15:45Si j'étais arrivé, je me rends dispo.
15:47C'est pas possible.
15:48C'est pas possible.
15:49C'est pas possible.
15:50C'est pas possible.
15:51C'est fait de vendredi, mais ils ont rappelé pour dire que ça serait demain.
15:53Si j'étais arrivé, je me rends dispo.
15:55Ouais, tu pourrais venir au début, effectivement.
15:57Ouais, le laxia a vraiment besoin aujourd'hui.
16:02Comme on a choisi d'avoir ces petits moments privilégiés,
16:05vous savez qu'il y a vraiment peu de règles vraiment strictes,
16:09il n'y a pas des grands tableaux à remplir.
16:11Parce qu'au final, ça se fait assez naturellement,
16:13du fait qu'on est toujours dans la communication, dans le partage,
16:16on est toujours à se voir, en fait.
16:18On avance un peu à tâtons.
16:20On teste des trucs, on fait des réunions, on essaye des choses.
16:25Et ça va prendre avec le temps, petit à petit.
16:29On n'a pas encore tous notre circuit de vente, nos réseaux.
16:34C'est vrai que cette première année, c'est vraiment au niveau économique
16:40qu'il faut réussir à le gérer, à lancer le tout.
16:45...
16:55Depuis plusieurs semaines,
16:57les paysans ont trouvé une place sur le marché voisin.
17:03Alors, comment je m'organise ?
17:09Cela leur permet de se faire connaître.
17:13Un campagne.
17:17Et six.
17:19C'est l'avantage du collectif.
17:21Faut pas faire une superette, mais un espace...
17:24Où il y a un peu de tout.
17:26Un espace mutualisé où on peut vendre un peu de tout.
17:28Voilà, il faut qu'on développe un peu tout ça ensemble.
17:31C'est l'avantage d'être à plusieurs structures et plusieurs produits.
17:34Je peux vous laisser vous servir ?
17:36Il y a des poches ici, comme ça, vous savez la quantité que vous voulez.
17:43Comment ça va ?
17:45Claudette et André ne ratent jamais le marché du mercredi matin.
17:50Il va être un peu tassé, le coin.
17:53Vous connaissez l'usine ?
17:55Oui, c'est les anciens propriétaires de la ferme.
18:00À 90 ans passés, le couple d'anciens agriculteurs
18:04n'a pas hésité à faire confiance à cette jeune génération de paysans
18:09qui donne un nouvel élan à leur terre.
18:12On voulait qu'il y ait un avenir sur l'exploitation.
18:17Il y avait des bâtiments, ça valait la peine d'engager quelqu'un
18:22qui puisse se multiplier par diverses choses.
18:28C'est ce qui arrive, alors tout va bien.
18:31J'espère.
18:33Cependant, ça dépend pas de nous.
18:37Moi, j'ai toujours pensé que c'était mieux de travailler ensemble,
18:43on était soutenus,
18:45parce qu'il y a beaucoup de jeunes agriculteurs qui se suicident maintenant.
18:52Je pense que c'est parce qu'ils sont trop seuls.
18:56C'est une sorte de soutien, de savoir qu'André et Claudette s'intéressent
19:01et nous ont pas juste donné les clés et puis débrouillez-vous.
19:04C'est toujours un intéressement de savoir comment nous, on se débrouille.
19:08On est heureux de voir que l'agricultive, c'est bien, c'est ça.
19:26Si la ferme collective peut être une solution pour des transmissions réussies,
19:31elle doit se construire.
19:33S'organiser.
19:35Et ça peut prendre du temps.
19:39En Isère, au pied du massif du Vercors, c'est la pleine saison des asperges.
19:45Et donc, on ramasse tous les deux jours, tout le matin.
19:51Pour Nicolas Goyer, ancien vétérinaire aujourd'hui devenu paysan,
19:55l'idée était claire dès la reprise de la ferme, s'installer en collectif.
20:01Aujourd'hui, on est neuf sur la ferme.
20:03Alors qu'à l'époque, il y avait une personne et demie, en gros.
20:07Et on a beaucoup diversifié les productions.
20:09Si on regarde ce champ d'asperges, il y a également une belle parcelle de maraîchage.
20:13Tu peux faire, vas-y.
20:15Juste à côté, on a rajouté des fruitiers, on a rajouté de l'élevage.
20:22On a gardé toutes les productions sur la ferme pour les grandes cultures.
20:26C'est-à-dire que maintenant, on fait de la farine, on fait du pain, on fait de l'huile.
20:30Et on fait des plantes aromatiques et des plants maraîchers.
20:33Donc, une grosse diversification par rapport à la situation d'avant,
20:39qui est permise par le fait qu'on soit nombreux.
20:46Pour moi, l'agriculture nécessite d'être relativement autonome en termes de fertilisation.
20:54Et donc, on avait des ressources inexploitées sous les noyers.
20:57On avait de l'herbe, mais pas de ruminants, on passait le broyeur.
21:00Donc, ça impliquait d'avoir de l'élevage.
21:03Et faire de l'élevage tout seul, je trouve ça trop dur.
21:06Donc, dès le départ, il y avait cette envie-là d'élevage qui imposait du collectif.
21:13On est content d'avoir les boîtes aujourd'hui.
21:154 ans plus tard, l'exploitation a grandi.
21:19On va poser ça ici, dans le même sens.
21:22Elle est même devenue une sorte de laboratoire de la ferme collective.
21:28Toutes celles qui ont des soucis de couleur, je les mets de côté.
21:32Et puis, après, je les reteste.
21:34D'accord ?
21:35Donc, on est parti.
21:36Je mets de la flotte.
21:39On sent que tu t'es amusé, là.
21:40Va falloir que je rattrape le retard.
21:43Aujourd'hui, j'ai un stagiaire qui vient m'aider.
21:45On a une ferme qui accueille beaucoup de futurs agriculteurs
21:50ou d'agriculteurs déjà installés qui souhaitent s'installer en collectif.
21:55Et qui viennent donc profiter d'une expérience à nos côtés
22:00pendant minimum une semaine.
22:03Ça, là, elle est abîmée.
22:04Du coup, elle est tordue.
22:09Le collectif voit grand, se développe.
22:12Ce bâtiment, par exemple, sort tout juste de terre.
22:18On avait un fort enjeu à créer ce nouveau bâtiment
22:20qui va abriter toutes nos activités, qui sont maintenant très diversifiées,
22:24de stockage, de transformation et de distribution,
22:28ainsi que nos bureaux collectifs.
22:30Une structure financée collectivement par les paysans,
22:34mais aussi, et ça, c'est nouveau,
22:36grâce à du financement participatif citoyen.
22:40Ils nous soutiennent parce qu'ils nous connaissent,
22:42parce qu'ils ont confiance en nous.
22:43Et puis, maintenant, ils vont nous soutenir
22:45parce qu'ils voient ce qu'on a réussi à faire.
22:47Donc, au-delà de la confiance dans l'individu,
22:50ils vont maintenant avoir confiance dans un modèle qui...
22:52Dans un exemple.
22:53C'est pas encore un modèle du tout.
22:54Un exemple qui pourrait être transposé
22:56dans différents autres endroits en France.
23:00Et ces investisseurs ne sont pas les seuls à s'intéresser
23:04à ce modèle agricole en plein développement.
23:08Salut !
23:09Salut !
23:10Bien, et toi ?
23:11J'ai pris bonne route.
23:12Impeccable.
23:13Céline Riolo s'est faite une spécialité.
23:16Elle accompagne ces paysans d'un genre nouveau.
23:20L'idée, c'était de pouvoir revenir un petit peu
23:22sur les grandes décisions que vous avez prises
23:24lors de votre séminaire,
23:25les grands chantiers structurants
23:27sur l'organisation de votre collectif
23:28que vous voulez mettre en œuvre sur 2024,
23:30et voir comment, nous, on peut intervenir.
23:32Donc, du coup, nous, ce qu'on aimerait vraiment mettre l'accent,
23:35aujourd'hui, sur notre temps de travail avec toi,
23:38c'est, par rapport au loyer que les agriculteurs
23:42vont payer à la clé des sables,
23:44sous quelle forme juridique on va faire ça.
23:50La ferme coopérative, pour elle,
23:52c'est l'un des moyens de lutter
23:54contre l'agrandissement des fermes.
23:57Ne reproduisons pas les modèles
23:59dans lesquels on est aujourd'hui enfermés
24:01et auxquels on est confrontés,
24:03d'avoir des fermes qui sont grandes,
24:04qui se sont développées,
24:05mais qui sont ultra capitalisées,
24:07et, du coup, au moment de la transmission,
24:10on se retrouve avec des montants d'actifs à transmettre
24:13qui sont énormes,
24:14et, du coup, c'est très difficile
24:15de trouver des porteurs de projets
24:16qui ont les moyens et la capacité.
24:19Donc, le risque, c'est que ça reparte encore à l'agrandissement.
24:21C'est pas l'intention.
24:22Là, c'est comment on crée des outils transmissibles.
24:25Ici, par exemple,
24:26chaque nouvel arrivant s'engage
24:28en prenant des parts dans la SQIC,
24:30la Société Coopérative d'Intérêt Collectif.
24:34Ce sont uniquement ces parts
24:36que l'agriculteur transmettra
24:38au moment de céder sa société.
24:40Un des souhaits qu'on avait,
24:41Lucas, Paloma et moi,
24:42quand on a monté ce projet initialement,
24:45c'est de pouvoir sortir facilement
24:47de la société,
24:48moins enchaînée,
24:49et on vivra moins mal
24:53les tensions sociales ou économiques
24:57ou physiologiques liées au métier d'agriculteur.
25:00C'est un modèle inspirant.
25:02Regardez ce qu'ils sont en capacité de faire.
25:04Revenez voir dans les fermes collectives et coopératives
25:07la richesse qui est créée,
25:08les lieux de vie et de production agricole que c'est.
25:11Il y a des solutions qui existent.
25:13Permettez-nous et donnez-nous les moyens
25:15de le faire se démultiplier et dupliquer
25:18pour la reprise et les transmissions qui sont à venir.
25:24Et ici, ça marche.
25:26La ferme collective a redonné des couleurs au hameau.
25:30Et ce n'est pas le mauvais temps
25:31qui viendra gâcher les marchés guinguettes
25:33de Nicolas et ses associés.
25:37Voilà, et puis c'est par ici,
25:39le prix libre, c'est par là.
25:41Je viens exprès.
25:42A la base, c'était pour les légumes,
25:43et puis j'ai découvert après les marchés guinguettes.
25:47Une fois par mois, on fait un marché guinguette
25:49avec le sablier qui est la saule liée à la ferme.
25:51C'est du culturel,
25:52donc il y a des artistes,
25:53des gens qui viennent manger, etc.
25:55Et c'est la fête, quoi.
25:56C'est des bons moments
25:57où il y a en même temps les voisins
25:58qui habitent juste à côté dans le hameau,
25:59des gens qui viennent de plus loin.
26:01Toutes les générations réunies.
26:04Même René, l'ancien exploitant, est de la partie.
26:08C'est merveilleux, quoi.
26:11Moi, je suis content comme tout
26:12du fait que la transmission ait permis
26:16de faire revivre le quartier,
26:19parce que c'est bien de ça qu'il s'agit.
26:20C'est une quiche sociale qui se refait, quoi.
26:29Applaudissements
26:35Revitaliser un territoire
26:37en développant l'agriculture de demain,
26:40ces néopaysans sont en passe de réussir leur pari.
26:44Ils espèrent maintenant que le projet de loi
26:46sur la souveraineté alimentaire
26:48facilitera réellement les transmissions.
26:53Car le défi est immense.
26:55Faire en sorte que la France conserve
26:57ses 400 000 exploitations agricoles.

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