Pour canaliser ses angoisses, Tristan s'est essayé à d'autres types de frayeurs.
Retrouvez "La chronique de Tristan Lopin" dans la Bande Originale sur France Inter et sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/la-chronique-de-tristan-lopin
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AmusantTranscription
00:00Voici Tristan !
00:02Comment ça va tout le monde ?
00:06Moi, pas mal, j'ai un peu plus de temps en ce moment avec la fin de mon spectacle.
00:10Je pensais que ça allait me donner l'occasion de faire plein de choses que j'avais pas le temps de faire avant et en fait pas du tout.
00:14Ça me donne juste plus de temps de faire exactement la même chose qu'avant, c'est-à-dire me faire des nœuds au cerveau.
00:18Grosse, grosse passion et mon cerveau s'en donne à cœur joie.
00:21Il s'arrête pas, des nœuds, des nœuds, des nœuds.
00:23Bientôt j'en aurai assez pour que je puisse moi-même me hisser hors de ma propre tête.
00:27Là-dedans, j'ai un gamin de 4 ans, hyper actif, qui aurait mangé trop de sucre et qui joue à Jenga.
00:32Vous savez, ce jeu avec les petites briques qu'on enfile les unes sur les autres pour en faire une touche jusqu'à ce qu'elle s'écroule.
00:36Sauf que moi, c'est pas des briques qu'il empile, c'est mes angoisses.
00:38Et je suis obligé de l'occuper tout le temps parce que dès que je fais rien, il part en roue libre.
00:42La semaine dernière, j'ai rangé intégralement mon tiroir à épices, mes DVD par ordre alphabétique
00:47et j'ai traduit en français courant 75% de la discographie de Jul.
00:51Ça va très loin.
00:52Le mec sort son 22ème album en 10 ans.
00:55Aujourd'hui, il ne s'arrête pas.
00:57Tous les jours, il écrit « Jul, c'est le Lisa Del Moitier du rap français ».
01:00Pour être sûr de complètement canaliser mon cervelet, j'ai même passé 24 heures au Parc Astérix.
01:06Je pensais renouer avec mon âme d'enfant, retrouver un peu d'innocence.
01:09Mais ce que j'avais complètement oublié, c'est que quand on est jeune, on est surtout complètement idiots.
01:13Ils sont fous, ces Gaulois.
01:15Alors oui, on m'a envoyé un message en disant « Oui, on vous invite pour l'inauguration de notre nouvelle attraction.
01:21C'est l'équivalent des chaises volantes, mais à 40 mètres de hauteur, ça vous branche. »
01:24Mais ça ne va pas.
01:25Alors j'y suis allé, évidemment, parce que c'était gratos et qu'il y avait un open bar.
01:29Mais des chaises volantes à 40 mètres de haut ?
01:32J'ai déjà du mal à faire confiance au concept d'avion.
01:34Donc une chaise retenue par un câble ?
01:36Mais qui fait ça ?
01:37Qui sont ces gens ? Et surtout, pour quoi faire ?
01:39Pour le goût du risque, les sensations fortes ?
01:41Autant j'adorais ça, plus jeune, mais je crois que c'est parce que j'étais complètement naïf.
01:44Maintenant que j'ai bien conscience que la mort m'attend potentiellement à chaque coin de rue,
01:49ce genre d'attraction, c'est un enfer.
01:50J'ai quand même fait une montagne russe qui roule à 110 km heure,
01:54dans laquelle on monte à 50 mètres de haut, pour repartir en arrière à 50 mètres de haut
01:59et enchaîner 18 vrilles et 34 loopings.
02:01Là, c'est sûr que la sensation de mise en danger, tu la sens bien.
02:03Et je me suis posé la question, pourquoi s'inflige-t-on des frayeurs comme ça ?
02:07Je veux dire, est-ce qu'ouvrir les yeux tous les matins et se faire la liste
02:10de tout ce qui pourrait potentiellement mal se passer dans la journée,
02:13on ne peut pas déjà considérer ça comme une sensation forte ?
02:15A quel degré de sérénité faut-il avoir accès pour aimer se faire du mal comme ça ?
02:20Comme les gens qui font des escape games,
02:22conseils qui me dépassent complètement,
02:24payer pour s'enfermer dans une pièce juste pour en trouver le moyen de s'en sortir,
02:27faut vraiment pas avoir de problème dans la vie.
02:29Et puis, en réalisant que moi-même, j'avais quand même pris du plaisir à me faire peur différemment,
02:34ce qui n'est pas une référence, je vous l'accorde, de la quantité de choix de merde que je fais,
02:37j'ai compris pourquoi on aimait se rajouter des frayeurs à celle du quotidien.
02:40En fait, c'est un moyen de faire diversion,
02:43de se concentrer sur des craintes sur lesquelles on pourrait faire l'impasse,
02:46mais qui nous permettent de ne pas nous attarder sur celles qui nous angoissent vraiment.
02:49Et tout le monde le fait, même en politique.
02:51Quand Marion Maréchal nous les brise à concentrer son énergie sur sa transphobie,
02:55le fait que les woke vont détruire le monde et que les drag queens sont des réincarnations de Frédéric Mitterrand,
02:59c'est pareil.
03:00Elle a bien conscience que les vrais problèmes sont ailleurs,
03:02mais comme elle sait que ça angoisse tout le monde et qu'elle n'a pas de solution viable,
03:05elle propose à son électorat de regarder ailleurs,
03:08car il y a des problèmes qui au fond n'en sont pas,
03:10parce que ça rassure tout le monde.
03:12Vous étiez contents de retrouver le soleil, l'été qui s'installe,
03:15et puis là, je viens de vous annoncer qu'on avait tous une Marion Maréchal qui sommeille en nous.
03:18Et ça, ça fait bien plus peur que des chaises volantes, même à 40 mètres de hauteur.
03:27Je suis pas d'accord, un skate game, ça fait pas peur.
03:29Si t'as peur dans un skate game...
03:30Non, je dis que vraiment, faut vraiment pas avoir de problème.
03:33On aime beaucoup les skate games.
03:35C'est vrai ?
03:36J'avais autant de trucs à vous dire après.