Cessez-le-feu à Gaza: à quoi joue Benjamin Netanyahu?

  • il y a 3 mois
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a jugé « incomplet » le plan de Joe Biden pour un cessez-le-feu. Les explications du politologue et spécialiste du monde arabe, Hasni Abidi.

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Transcript
00:00 Netanyahou sait que sa survie politique dépend aussi d'un accord
00:04 et dépend aussi de la fin des hostilités.
00:07 Le mérite de ce plan, c'est qu'il est évolutif.
00:15 Il est sur plusieurs étapes, trois étapes,
00:22 et le passage d'une étape à une autre exige des négociations au préalable.
00:26 C'est un plan aussi qui reprend les grandes lignes de toutes les initiatives
00:32 jusque-là qui ont malheureusement été avortées,
00:35 à savoir cesser le feu contre otage.
00:38 C'est-à-dire que l'objectif principal d'Israël, c'est le retour des otages à la maison.
00:42 Et pour les Palestiniens, c'est un cesser le feu qui soit très affront,
00:46 et bien sûr, un cesser le feu durable.
00:48 Et en l'annonçant Biden lui-même, on a l'impression que pour la première fois,
00:52 depuis le 7 octobre, ce sont les Américains finalement qui négocient.
00:55 Ce ne sont pas les Israéliens.
00:56 C'est une approche nouvelle dans la stratégie de la Maison-Blanche
01:00 pour exercer une pression sur Benjamin Netanyahou.
01:03 Et parce que du côté Washington, on savait très bien que
01:06 Benjamin Netanyahou pouvait jouer la montre et finalement torpiller cet accord
01:11 ou le rejeter d'une manière ou d'une autre.
01:14 L'objectif principal pour Netanyahou, c'est que l'opération militaire doit continuer.
01:23 Parce qu'il n'a pas finalement réalisé des grands exploits militaires,
01:27 ni l'arrestation des grands chefs du Hamas,
01:29 ni finalement l'anéantissement militaire, ni l'anéantissement politique.
01:33 C'est pourquoi il a fait une erreur dès le départ en plaçant la barre très haut
01:37 en matière de gains politiques et militaires derrière les représailles israéliennes.
01:40 Le deuxième élément, parce que Netanyahou, il sait que finalement,
01:43 sa survie politique dépend aussi d'un accord et dépend aussi de la fin des hostilités,
01:49 ce qui va finalement changer le paradigme de la politique israélienne à une exigence,
01:53 une enquête, une double enquête sur pourquoi les services de renseignement
01:57 et aussi le gouvernement a failli le 7 octobre
01:59 et pourquoi à la fois le cabinet et le gouvernement aussi a failli depuis 7 octobre
02:03 dans sa stratégie militaire et qui n'a pas enregistré vraiment les objectifs escomptés.
02:07 Voilà pourquoi finalement, Benjamin Netanyahou,
02:09 il essaye à la fois de ménager son allié inconditionnel, les États-Unis,
02:13 et en même temps, il sait très bien aussi qu'à l'intérieur, il est dans une position délicate.
02:17 Le gouvernement est-il prêt à menacer une coalition hétéroclite ?
02:23 Si une coalition hétéroclite, notamment l'aile religieuse radicale
02:27 représentée par Smoutrich, puis réputée par Benkvir,
02:30 a menacé à maintes reprises, est-ce que Benkvir et Smoutrich sont sérieux
02:34 ou qu'ils sont capables d'aller jusqu'au bout, quitte à sacrifier la relation avec Washington ?
02:39 Mais en tout cas, cette aile qui est essentielle pour faire tenir cette coalition,
02:43 dirigée par Netanyahou, elle est opposée à un cessez-le-feu.
02:46 Elle est opposée à un cessez-le-feu parce que pour eux, le cessez-le-feu est une victoire pour le Hamas,
02:51 dans la mesure où Israël n'a pas arrêté ni Sinwar, ni Mohamed Haddif, le chef d'État-major,
02:56 et il n'a pas finalement évacué la menace, je cite, que représente Israël.
03:01 Et c'est cette fragilité qui pousse finalement Netanyahou, lui-même vulnérable,
03:04 parce qu'il veut continuer, il ne veut pas affronter la justice une nouvelle fois.
03:09 La parade, c'est de maintenir cette dynamique conflictuelle.
03:13 La réconciliation avec les Palestiniens ?
03:18 La pré-gasme ne pourra pas se faire ni avec le Hamas.
03:21 Et le problème, c'est que Netanyahou, il dit que même l'autorité palestinienne n'a pas sa place.
03:25 Et ça, c'est un point de divergence qui est très important,
03:27 parce que les Américains sont beaucoup plus pragmatiques
03:29 et ils veulent travailler avec ce qui est disponible.
03:31 Aujourd'hui, ce qu'on a de disponible, c'est une autorité palestinienne.
03:34 [Musique]

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