L'enfer de Johannesburg

  • il y a 3 mois
En 1994, Nelson Mandela était élu Président de l'Afrique du Sud et redonnait espoir à un pays si longtemps divisé par l'apartheid. Mais 14 ans plus tard, le rêve d'une nation réconciliée, paisible et où il fait bon vivre a volé en éclats. Le pays, pourtant le plus riche du continent africain, est en proie à une incroyable violence. Avec 3 fois plus d'agressions et 20 fois plus de meurtres qu'en France, il détient aussi le record mondial de viols.
Johannesburg, la capitale économique, concentre toutes ces difficultés. Villas transformées en bunker, barreaux aux fenêtres, grilles renforçant les portes, comment y vit-on au quotidien ? En proche banlieue, dans l'ancien ghetto noir d'Alexandra, c'est la loi de la jungle qui règne en maitre. Avec quels moyens une poignée d'habitants tentent-ils de remettre de l'ordre dans une ville qui compte deux fois plus d'agents privés de sécurité que de policiers ?
Pourquoi les forces de sécurité sont-elles incapables d'endiguer cette flambée de violence ?
Transcript
00:00 Dans cette église de Johannesbourg, trois fois par semaine, c'est Penny Stein, une
00:19 femme de 70 ans, qui remplace le pasteur.
00:21 Pour autant, elle ne vient pas célébrer l'office.
00:25 Depuis qu'elle est à la retraite, elle s'occupe d'une association qui a pour but
00:29 d'endiguer la violence dans sa ville.
00:31 Devant elle, des employés de maison, des femmes de ménage, des nourrices, des jardiniers.
00:36 Penny Stein vient leur dire de faire attention.
00:39 Amen !
00:42 Nous devons lutter contre les criminels.
00:47 C'était ma meilleure amie depuis 30 ans.
00:51 Elle était dans sa salle de bain en train de discuter avec sa colocataire, lorsque trois
00:57 personnes sont rentrées et leur ont posé des couteaux ici et ici.
01:03 Ils leur ont donné des gifles et des coups de pied.
01:08 Et ils ont dit "Où est l'argent ? Où sont les bijoux ? Tu es une vieille femme stupide,
01:17 tue-la !" Elle a dit "Je ne garde pas d'argent à la maison."
01:22 Puis ils ont pris des cigarettes et les ont écrasées sur ma meilleure amie Sandy.
01:27 Ensuite, ils sont venus avec une bouilloire et ils ont versé de l'eau bouillante sur
01:34 ma meilleure amie.
01:35 Vous pouvez imaginer de l'eau bouillante ?
01:41 Sa meilleure amie mourra à l'hôpital.
01:44 Mais ce n'est pas tout.
01:45 Les deux maris de Penny ont été assassinés.
01:47 Elle-même a été agressée dans son sommeil.
01:50 Alors, elle a décidé d'apprendre au personnel de maison quelques règles de base, notamment
01:57 les numéros des services d'urgence.
02:00 Vous savez, elle avait une domestique, Magdalena, mais elle était dans sa chambre.
02:08 Apparemment, Magdalena a essayé d'appeler la police, mais elle ne connaissait pas le
02:13 numéro.
02:14 "Quel numéro devez-vous composer ? 1, 1, 2, et basta ! Ça, c'est pour les ambulances
02:27 et pour les pompiers, c'est 1, 0, 1, 1, 1."
02:40 Johannesburg, capitale économique de l'Afrique du Sud.
02:44 La ville la plus riche du continent affiche aujourd'hui son opulence.
02:49 8 millions d'habitants avec sa banlieue.
02:52 Gratte-ciel, centre d'affaires, hôtel de luxe, la ville s'offre même une gigantesque
02:59 rénovation.
03:00 Il faut dire que le pays a été choisi pour organiser la Coupe du monde de football en
03:06 2010, dans tout juste deux ans.
03:09 La planète entière va se donner rendez-vous ici, mais le pays revient de loin.
03:14 Pendant plus d'un siècle, il a été dominé par une minorité blanche extrémiste qui
03:19 réprimait la majorité noire par les armes.
03:21 C'était l'apartheid, où les Noirs, 8 habitants sur 10, étaient considérés comme
03:27 inférieurs.
03:28 Jusqu'en 1994 et l'élection de Nelson Mandela à la présidence de la République.
03:34 Mes frères et mes sœurs, nous sommes un même pays et un même peuple.
03:39 Une nation arc-en-ciel, mélangée, qui allait partager les richesses et surtout qui allait
03:47 retrouver la paix.
03:48 Noirs comme blancs allaient pouvoir profiter de l'extraordinaire croissance de la ville.
03:53 Mais cet optimisme ne va pas durer.
03:57 Johannesburg est devenue une des villes les plus inégalitaires au monde.
04:05 L'extrême pauvreté gangrène la ville.
04:07 La ségrégation n'est plus raciale, mais économique.
04:12 Ici, d'un côté, il y a les riches, noirs comme blancs, et de l'autre, les pauvres.
04:17 Les quartiers résidentiels de luxe se développent, alors que la moitié de la population, oubliée
04:24 de la croissance, vit dans la misère.
04:27 Regroupée à quelques kilomètres dans des townships, des bidonvilles où l'on vit
04:32 comme au Moyen-Âge.
04:33 Conséquence, la ville est devenue ultra-violente, à l'image du pays qui déplore 19 000 meurtres
04:43 par an, 60 fois plus qu'en France.
04:46 Avec un crime particulièrement répandu, comme dans toutes les guerres civiles, de
04:50 la violence, le violence, tous les jours à la une des journaux.
04:53 Drogue, braquage sanglant, la violence traumatise la vie quotidienne des habitants de Johannesbourg.
05:03 - J'ai eu vraiment très peur.
05:06 C'est effrayant, terriblement effrayant.
05:08 Il y a des enfants qui vivent ici et les balles volent de partout.
05:11 On ne sait jamais si on va être touché.
05:13 Dans un pays comme l'Irak, il y a moins de gens qui meurent.
05:17 Et pourtant, c'est la guerre là-bas.
05:19 Moins de gens meurent dans ce pays que dans l'autre, où il n'y a pas de guerre, pourtant.
05:24 Le rêve de Nelson Mandela reste inachevé.
05:30 Alors il y a ceux qui ont décidé de vivre barricadés, de tout faire pour que la violence
05:36 ne rentre pas chez eux.
05:37 C'est l'avis de Coralie, une française expatriée.
05:40 Mais il y a aussi ceux qui ont décidé de se battre, comme Proud, agent de sécurité
05:46 qui surveille les villas et pourchasse les cambrioleurs.
05:50 Nous suivons également Salomon Mdoube, policier des brigades d'élite qui risque sa vie toutes
05:56 les nuits.
05:57 Et puis il y a ceux qui ont baissé les bras à cause de la violence.
06:00 Sainte-Marie a décidé de faire ses valises, comme des dizaines de milliers d'autres qui
06:05 ont déjà fui le pays.
06:06 Nous sommes à Centône, le quartier des affaires, des banques et des sociétés.
06:17 C'est ici que les habitants aisés ont choisi de s'installer pour profiter de la douceur
06:24 de vivre de Johannesbourg.
06:26 Un quartier jusqu'alors tranquille, mais qui a été rattrapé par la violence.
06:31 Coralie Garnier s'est installée ici depuis trois ans.
06:37 C'est une française venue avec son mari, directeur marketing dans un groupe pétrolier.
06:41 Un des avantages de Johannesbourg pour elle, c'est d'avoir pu inscrire son fils dans cette
06:46 école, un air de club de vacances sous un climat de rêve.
06:50 Alors c'est une école un peu classique dans les écoles privées sud-africaines, très
06:57 à l'anglo-saxonne.
06:58 Et en particulier, beaucoup d'écoles privées ici ont cet énorme terrain au milieu.
07:02 Donc tous les sports se font ici.
07:04 C'est super agréable.
07:05 Ils ont même une piscine là-bas derrière.
07:07 Comme les enfants n'ont l'école que le matin, ils font les activités, le sport, etc.
07:10 tout l'après-midi.
07:11 Et bien voilà, ça se passe tout sur place.
07:13 C'est très sympa.
07:14 Donc on peut venir chercher son enfant une fois qu'il a fait ses activités.
07:17 Une tranquillité qui lui coûte tout de même 4000 euros par an.
07:20 La nouveauté, c'est qu'en Afrique du Sud maintenant, ceux qui ont les moyens de se payer
07:24 cette inscription sont blancs, comme noirs.
07:27 Alors dans cette école, son fils côtoie les enfants des deux couleurs.
07:31 Un service éducatif sur mesure.
07:34 Après la classe, c'est cours de judo pour Oscar, 6 ans, le fils de Coralie.
07:40 - Tu savais que tu pouvais descendre de l'autre côté ou pas ?
07:45 - Oui, je savais.
07:46 On y va ?
07:47 À Johannesburg, lorsqu'on a de l'argent, on peut s'offrir des conditions de vie idéales.
07:55 - Moi, j'adore le côté vert de cette ville.
07:59 Mais il y a le revers de la médaille.
08:01 Pour profiter de ce confort, il faut accepter de vivre dans un climat quotidien d'insécurité.
08:06 - Alors le risque, c'est ce qu'on appelle le "hijacking".
08:09 C'est le fait de se faire voler sa voiture.
08:11 Donc de se faire agresser pendant qu'on est en voiture.
08:14 Ça veut dire qu'il faut être vigilant quand on conduit.
08:18 - Là, par exemple, je m'arrête au feu et c'est comme un réflexe.
08:25 Je l'ai pas prévu.
08:26 Je regarde sur le côté s'il y a pas quelqu'un qui est arrêté ici, qui est en train d'attendre.
08:29 L'agression au feu rouge, un grand classique à Johannesburg.
08:40 Comme la sécurité fait vraiment défaut dans la rue, les habitants se barricadent dans
08:47 leur maison.
08:48 Le quartier de Coralie ressemble à cela.
08:51 Un des secteurs les plus chics de Johannesburg, de luxueuses villas.
08:56 En fait, des quartiers forteresses, des bunkers, des rues fermées par leurs habitants.
09:01 Portail automatique surveillé jour et nuit par des hommes en treillis militaires, vidéosurveillance,
09:07 barbelés et clôture électrique.
09:09 C'est pour tout cela que Coralie a choisi de vivre dans ce quartier.
09:12 Elle habite cette luxueuse maison.
09:17 À Johannesburg, la vie n'est pas chère.
09:20 Cette Française peut s'offrir les services d'un jardinier et d'une bonne à temps complet.
09:26 Une vie à première vue agréable.
09:30 Pourtant, Coralie doit prendre un luxe de précautions, ce qu'elle n'avait pas l'habitude
09:34 de faire en France.
09:36 Par exemple, voici comment elle s'y prend quand un inconnu ou un coursier sonne à sa
09:40 porte.
09:41 Ok, j'arrive.
09:42 Merci beaucoup.
09:43 Je dois en même temps ouvrir ici pour avoir une vérification visuelle du fait que ça
09:52 se passe bien et que je ne laisse jamais la grille ouverte de façon inutile.
09:57 Donc quand j'ouvre pour quelqu'un, je vais tout de suite dehors pour refermer dès qu'il
10:00 est rentré.
10:01 Bonjour, désolée de vous avoir fait attendre.
10:05 Donc voilà, j'ai ces quatre lettres 1, 2, 3, 4.
10:11 Ça va si je les laisse comme ça, vous n'allez pas les mélanger.
10:15 Ce serait mieux avec du scotch.
10:17 Ok, je vais chercher du scotch.
10:19 Le coursier attendra dehors et la grille se refermera derrière Coralie.
10:26 Désolée, ça prend un peu de temps.
10:32 Vous allez refermer le portail derrière vous pour juste 30 secondes.
10:36 Pourquoi?
10:37 Pour être sûre que personne ne rentre pendant ce temps.
10:38 Là, vous regardez quand même quand le portail se ferme?
10:55 Toujours.
10:56 Là, par exemple, il s'est rouvert à cause du tuyau.
10:58 Donc heureusement que je regardais, sinon il restait ouvert.
11:00 Coralie s'est habituée à vivre dans un ghetto doré, même si au début, elle ne souhaitait
11:14 pas s'enfermer derrière des grilles.
11:16 Mais aujourd'hui, son avis a bien changé.
11:18 L'énorme différence entre ici et en France, c'est que quand on se fait dérober en France,
11:24 en général, on ne voit pas les voleurs.
11:26 Ici, on fait face à ces agresseurs.
11:27 Bien sûr qu'on a peur.
11:28 Bien sûr qu'on se remet en question.
11:30 On s'est posé la question lorsque le visa a été renouvelé, de savoir si on voulait
11:34 prendre ce risque, si on voulait rester ici.
11:36 On a décidé de rester ici pour tout un tas de raisons, parce qu'on adore notre vie ici.
11:39 Mais on cherche à prendre les précautions qui nous semblent raisonnables pour diminuer
11:46 les risques qu'il nous arrive quelque chose sans pour autant vivre comme des parano.
11:50 Pas comme des parano, mais quand même.
11:54 On a la larme ici qui nous permet de diriger, de commander un petit peu les réglages.
12:02 On en a un ici et un dans notre chambre.
12:04 Elle possède même des capteurs de présence infrarouge dans son jardin.
12:08 Tous les détecteurs de présence qui sont autour de la maison.
12:13 Il y en a ici en particulier.
12:15 Ce qu'on fait, c'est qu'on met un réglage où on désactive ceux ci et tous les autres
12:20 de l'autre côté de la maison sont actifs.
12:22 Donc, si quelqu'un devait approcher de la maison par derrière pendant qu'on est en
12:25 train de dîner, l'alarme se déclencherait.
12:27 Toute la famille vit barricadée, même à l'intérieur des chambres.
12:31 On rentre ici dans la partie nuit.
12:32 Donc ça, tous les soirs, on ferme cette grille.
12:35 Comme ça, on est complètement isolé du reste de la maison.
12:38 C'est une grille que vous avez fait mettre, qui était déjà là.
12:45 Une maison cage où toutes les fenêtres sont équipées de grilles.
12:51 Ça donne un peu un sentiment d'être en prison ou pas?
12:54 Oui, au début, ça me choquait.
12:56 Au début, j'étais un peu contre l'idée de mettre des grilles dans nos chambres, etc.
12:59 Et puis, finalement, on les voit plus tellement.
13:00 Et lorsque toutes ces protections ne suffisent plus, elles possèdent l'ultime recours à
13:06 portée de main.
13:07 Les panique button, on en a dans la voiture et dans la chambre, dans la table de nuit.
13:12 Panique button, ça veut dire quoi?
13:13 Bouton de panique?
13:14 Bouton de panique, exactement.
13:15 Ça ressemble à ça.
13:16 C'est une toute petite télécommande avec un petit bouton.
13:18 Si on a une angoisse, si quelqu'un arrive chez nous, etc.
13:22 On appuie dessus, c'est relié à la compagnie de sécurité qui arrive.
13:25 Combien de temps il en faut pour arriver?
13:27 5 minutes.
13:28 Et au bout de ces boutons d'alerte, il y a 300 000 agents de sécurité.
13:32 La ville en compte deux fois plus que de policiers.
13:35 Car à Joannesbourg, la police ne peut plus seule contenir la violence.
13:42 Braud est un de ces gardes privés qui veille 24 heures sur 24 sur les abonnés de sa société.
13:47 Un appel de détresse, il appuie sur l'accélérateur.
13:50 Il faut être sur les lieux en moins de 5 minutes.
13:54 L'agent ne sait jamais ce qui l'attend.
13:56 Une fausse alerte ou ce qu'il redoute le plus, un braquage armé.
14:01 Allo?
14:02 Nous avons reçu un signal d'alerte.
14:08 Est ce que vous pourriez venir jusqu'au portail?
14:11 Madame doit se montrer pour que nous soyons sûrs qu'elle va bien.
14:19 Parce qu'il arrive que les personnes soient ligotées chez elle.
14:21 Comment allez vous, madame?
14:24 Vous allez bien?
14:25 Ça va, c'est juste l'ouvrier qui a appuyé sur le bouton par erreur.
14:28 D'accord, madame.
14:29 D'accord.
14:30 Merci.
14:31 Au revoir.
14:32 Cette fois ci, il s'agit d'une fausse alerte.
14:36 C'est souvent le cas.
14:38 Raoult travaille pour l'une des plus importantes compagnies de sécurité privée de la ville.
14:42 Cette société ne lésine pas sur les moyens pour lutter contre la criminalité.
14:49 Hélicoptères pour les transports de fonds régulièrement attaqués à armes lourdes.
14:55 Mais aussi contre le vol de voiture, le carjacking.
15:01 L'hélicoptère, c'est le moyen le plus rapide pour intervenir en cas d'attaque.
15:08 4500 agences de sécurité se partagent un business de près de 3 milliards d'euros.
15:13 Une police parallèle.
15:16 Car ici, être vigile, c'est autre chose que du simple gardiennage.
15:21 - Si je travaille dans la sécurité, c'est pour essayer de débarrasser la ville du crime.
15:29 - À quel genre de criminalité avez vous affaire?
15:31 - Braquage à main armée dans les maisons.
15:36 Cambriolage, vol à la tire, viol.
15:41 Meurtre de gens innocents.
15:44 - Ca arrive?
15:47 - Oui, ça arrive.
15:48 Au 7 de la rue Chesterfield, il y a une alerte.
15:53 J'ai reçu un appel du centre de contrôle.
15:55 Ils m'ont demandé de m'y rendre.
15:56 Un autre appel d'urgence, c'est le quotidien de Proud.
16:00 Il doit faire face au crime, mais aussi à la paranoïa de ses clients
16:04 qui doutent du service proposé.
16:07 C'est le cas de cet abonné qui vient d'appeler.
16:09 Il paye 50 euros par mois.
16:10 Une petite fortune ici.
16:12 Alors, il veut être sûr que ses agents sont rapides et efficaces.
16:15 - Comment allez vous, monsieur? Tout va bien?
16:19 - Ca va, ça va, je vous testais.
16:20 - Vous nous testiez?
16:21 - Vous faites du bon boulot.
16:23 - Ca marche bien.
16:24 - Aujourd'hui, le temps de réaction était de 5 minutes, les gars.
16:28 Ca aurait pu être un peu plus rapide.
16:29 La prochaine fois, il ne fera pas que ça prenne plus de 2 minutes.
16:32 Mais ils sont bons, ils sont bons.
16:35 - Vous les testiez, tout va bien pour vous?
16:37 - Oui, il n'y a pas de danger.
16:39 Je testais juste l'alarme.
16:41 Ils fournissent un bon service.
16:42 Ils veuillent sur nous.
16:43 Proud est lui aussi bien obligé de prendre ses fausses alertes avec le sourire.
16:49 - Nous sommes contents s'ils nous testent pour vérifier si l'assistance marche.
16:55 Parce qu'il arrive que lorsqu'une personne a des problèmes,
16:58 elle appuie sur le bouton d'alerte et elle réalise qu'il est cassé.
17:01 Nous sommes satisfaits de la manière dont nous répondons.
17:03 C'est très rapide.
17:05 - Vous êtes toujours content?
17:06 - Oui, je suis toujours content.
17:08 Je suis content de voir que le client est content.
17:10 Cela veut dire que l'on fait du bon travail.
17:12 Certaines journées de Proud peuvent être plus agitées.
17:19 Voici ce qui peut arriver lorsque les mesures de sécurité ne sont pas suffisantes.
17:25 À quelques pâtés de maison, une villa protégée par de trop petites clôtures
17:29 et surtout l'absence de grille à certaines fenêtres.
17:33 Quelques minutes avant notre arrivée, les cambrioleurs ont profité de cette faille.
17:37 Rapidement, les collègues de Proud, avertis par l'alarme, les arrêtent.
17:45 Les cambrioleurs ont 14 et 16 ans.
17:50 Ils viennent d'un bidonville de Johannesbourg.
17:52 Comme des policiers, les agents de sécurité ont droit aux menottes et aux armes.
17:56 Tout le monde attend maintenant la police.
18:01 C'est Léonie Roux, la propriétaire, qui arrive en premier.
18:04 Elle a été prévenue du vol par la sécurité.
18:06 Elle est sous le choc et fait l'inventaire.
18:09 - Merde.
18:12 Le portable était sous le lit.
18:19 Ils ont tout retourné.
18:20 Sur le bureau, le butin des voleurs.
18:29 Elle retrouve son ordinateur portable, mais elle découvre qu'il lui manque quelque chose.
18:33 - Je suis certaine qu'il me manque un appareil photo.
18:41 Non, c'est sûr, il n'est pas dans le sac.
18:46 On a un coffre.
18:51 Ils ont dû essayer de le forcer.
18:53 Et non, ils n'ont pas réussi.
18:55 Voilà qui est intéressant.
18:59 Ils n'ont pas pris de GPS.
19:00 Probablement parce qu'ils ne savaient pas s'en servir.
19:03 Après avoir constaté les dégâts, c'est la confrontation.
19:07 - Vous n'avez rien à me dire?
19:10 Vous savez ce que vous avez pris?
19:13 Vous avez pris deux appareils photos.
19:14 Où est l'autre maintenant?
19:16 Bon, les gars, il y avait deux appareils photos.
19:19 Il en manque un.
19:19 Il n'y avait que vous dans la maison.
19:21 Vous l'avez jeté où? Dans les buissons?
19:24 - Je ne sais pas. Peut être qu'il est tombé là bas.
19:26 - J'espère que c'est la première et la dernière fois,
19:31 parce que vous mettez vos vies en l'air.
19:33 La prochaine fois, vous reviendrez avec une arme et vous allez
19:37 tirer sur quelqu'un et vous resterez en prison pour le restant
19:40 de votre vie, alors que vous êtes si jeune.
19:41 - Je suis vraiment désolé.
19:45 Ils ne peuvent pas nous punir.
19:46 Je suis vraiment désolé.
19:47 Comme Coralie, la Française Léonie doit maintenant se résoudre
19:52 à ce barricadé.
19:54 Il va falloir mettre des grilles à toutes les fenêtres maintenant.
20:00 On aura encore plus l'impression d'être en prison.
20:03 Ces jeunes cambrioleurs ne lui rendront jamais son appareil photo.
20:09 La police mettra plus d'une heure pour arriver.
20:11 Léonie décide de marquer le coup et porte plainte.
20:15 - Vous pourriez aller à l'école et avoir un bon travail,
20:22 mais vous, vous avez choisi de voler et prendre ce qui vous appartient pas.
20:24 On a peur.
20:27 Vous volez notre liberté.
20:28 Cela m'est égal que vous voliez nos affaires,
20:31 mais vous faites peur aux gens.
20:32 Ce n'est pas juste.
20:33 C'est notre pays tout autant que le vôtre.
20:35 D'accord ?
20:36 Ces jeunes qui sont mineurs ne risquent pas grand chose.
20:44 Un avertissement au plus.
20:45 C'est pour cela que souvent, les adultes les envoient
20:48 commettre des cambriolages à leur place, dans les belles résidences,
20:52 à deux pas des bidonvilles où ils habitent.
20:54 Les bidonvilles.
21:02 À Johannesburg, ils côtoient les villas de luxe.
21:06 Pour ceux qui n'ont rien difficile de résister à la tentation.
21:09 Nos deux jeunes cambrioleurs venaient d'Alexandra,
21:13 un township, un camp dans la ville.
21:15 Un des pires ghettos d'Afrique du Sud.
21:18 C'est ici aussi que sont venus s'échouer les émigrés des pays voisins.
21:22 Zimbabwe, Mozambique.
21:24 Ceux qui espéraient profiter des richesses de la ville.
21:27 Mais la misère est telle à Alexandra que certains habitants
21:32 les ont chassés et tués à coups de bâtons et de machettes.
21:36 C'était en mai dernier.
21:38 Ils accusaient ces étrangers de voler leur pain.
21:46 Ces émeutes se propageront à l'ensemble du pays.
21:48 62 morts en une semaine.
21:50 Quelques jours avant ce massacre, nos caméras avaient pu se
21:57 rendre à l'intérieur même de cette poudrière.
21:59 Nous y avions rencontré Friday, 28 ans.
22:02 Comme tous ceux qui sont venus chercher l'Eldorado à Johannesburg.
22:06 Il s'est retrouvé ici.
22:07 Friday travaille en ville comme magasinier, mais il n'a pas les moyens
22:11 de se payer un logement.
22:12 Ici, c'est gratuit.
22:14 Mais dans quelles conditions?
22:16 Vous voyez là, il y a un groupe électrogène.
22:23 Et vous avez vu combien ils sont là dedans?
22:28 Ils habitent à cinq dans un tout petit endroit comme ça.
22:31 Ni électricité, ni eau courante, ni toilettes dans les maisons.
22:36 Il faut sortir du quartier pour se rendre au WC public.
22:40 Voici les toilettes.
22:43 Elles empestent à 50 mètres à la ronde.
22:45 Il y a 20 familles qui partagent les toilettes.
22:49 80 personnes qui se partagent les mêmes toilettes et encore quand
22:53 elles sont utilisables.
22:54 Maintenant, la cuve est pleine.
22:57 Il faut attendre jusqu'à lundi pour qu'ils viennent les vider.
22:59 Parfois, ils ne viennent pas.
23:01 La nuit, c'est dangereux, mais aussi la journée.
23:09 Quand il y a de la circulation, il y a beaucoup de taxis qui
23:12 prennent cette petite rue.
23:14 Vous voyez ici, ce sont les taxis qui ont cogné.
23:17 C'est dangereux.
23:20 Parfois, quand on est à l'intérieur, les taxis heurtent les toilettes.
23:24 Voilà les problèmes qu'on rencontre ici.
23:27 En guise de maison, de la tôle et quelques mètres carrés par personne.
23:34 - C'est une rue, ça?
23:36 - Oui, c'est une rue et elle rejoint la rivière.
23:41 Un petit côté médiéval au 21e siècle.
23:43 Au bout de la rigole, les égouts ressemblent à cela.
23:46 La rivière croupie, un nid à microbes, une décharge où viennent jouer les enfants.
23:52 Pour fuir cette misère, certains se réfugient dans l'alcool,
23:55 comme le frère de Friday.
23:57 - C'est mon frère Joe.
24:02 Il habite ici depuis longtemps.
24:06 Comme les deux tiers des habitants d'Alexandra, son frère est au chômage.
24:10 Il passe ses journées à discuter avec son copain, le seul passe-temps du township.
24:15 - Le problème majeur, c'est que le gouvernement ne crée pas de travail pour les gens.
24:19 C'est la pauvreté qui mène à la criminalité en Afrique du Sud.
24:23 J'ai l'impression que nous sommes oubliés.
24:25 Oubliés, ils tentent eux-mêmes de nettoyer leur quartier.
24:29 Et ça commence par lutter contre l'alcoolisme.
24:32 C'est le week-end. Friday vient tenir compagnie à son ami Mike.
24:36 Mike a une échope, on n'y trouve trois fois rien.
24:40 Devant, les délaissés de Johannesburg nouent à leur détresse dans la boisson.
24:45 Mike, lui, a choisi d'arrêter de les servir.
24:52 - C'est un gros problème parce que la plupart du temps, quand les gens sont sous, ils se bagarrent.
25:00 C'est à cause de l'alcool.
25:02 Ils se poignardent, ils se battent.
25:04 Je ne veux pas voir ce genre de problème ici.
25:07 Mike et Friday ont décidé de prendre des mesures encore plus radicales.
25:10 La nuit, à Alexandra, les rues sont livrées aux rats et aux voyous.
25:17 Pas une patrouille de police alentour.
25:19 Il y a longtemps qu'elle ne vient plus ici.
25:21 Il n'y a pas de commissariat dans cette partie du bidonville.
25:24 Alors Mike, avec quelques habitants du quartier, a décidé de faire la police lui-même.
25:29 - J'ai une arme pour laquelle j'ai arrêté les gens.
25:32 C'est juste pour la sécurité. On ne sait jamais ce qui peut se passer.
25:34 Maintenant, on va veiller sur le quartier.
25:38 Comme tous les habitants d'Afrique du Sud, il a le droit de posséder une arme avec permis.
25:43 La police officielle les encourage.
25:45 Elle n'a pas les effectifs pour venir ici.
25:47 Tous les week-ends, Mike et Friday forment une milice de bénévoles, les patrouilleurs.
25:53 21 heures.
25:54 Ils ont instauré un couvre-feu pour les policiers.
25:57 Chaque habitant rencontré est systématiquement fouillé.
26:00 20 personnes pour contrôler un homme ivre.
26:02 - Ça va chier pour toi ici.
26:04 Tu nous fais chier, mon garçon.
26:06 Fais attention à toi.
26:07 Lève tes mains, toi.
26:09 N'essaye pas de faire le malin, tu comprends ?
26:11 Des contrôles sans aucun ménagement.
26:19 - Vous savez, c'est un peu comme un peu de la police.
26:22 On est en train de faire des contrôles.
26:24 Sans aucun ménagement.
26:25 - Vous savez, c'est n'importe quoi ce que vous faites, les mecs.
26:29 - Tu nous fais chier, vas-y.
26:31 - Je ne vous ai pas entendu me dire "s'il vous plaît".
26:35 - Eh mec, tu t'arrêtes.
26:37 Arrête de nous faire chier.
26:38 Tu comprends rien, mon gars.
26:40 Ça va chier pour toi.
26:41 Vas-y, rentre chez toi.
26:42 Tu nous fais chier, connard.
26:44 Dégage.
26:52 Un déploiement de force légitime, d'après Mike.
26:55 - C'est nécessaire que vous soyez si nombreux ?
26:58 - Oui, c'est nécessaire.
27:00 Vous savez, nous sommes dans le plus grand squad d'Alexandra.
27:04 Et c'est pour ça qu'il faut que l'on soit le plus nombreux possible.
27:08 Ils veulent impressionner.
27:13 Devant leur présence, un homme court au loin.
27:15 C'est suffisant pour que les patrouilleurs le prennent en chasse.
27:21 - Pourquoi tu t'enfuis ?
27:22 Ne t'enfuis pas.
27:23 Étranglement, immobilisation.
27:28 On n'est pas loin de la bavure.
27:30 - Je croyais que vous étiez des voleurs.
27:35 - Nous ne sommes pas des voleurs, ne t'enfuis pas.
27:37 Il a rien, ce mec.
27:39 L'homme clame son innocence et les patrouilleurs reconnaissent leur erreur.
27:43 - Vous devez aborder les gens correctement.
27:47 Pourquoi vous avez été si agressifs ?
27:49 Cet homme a eu la peur de sa vie, mais les miliciens eux-mêmes ne sont pas vraiment rassurés.
27:53 Car ils ne savent jamais sur qui ils peuvent tomber.
27:56 Là, le patrouilleur vient de saisir un couteau.
27:59 - C'est pas pour éplucher les pommes de terre, un couteau comme ça.
28:02 - Mais j'ai rien fait avec ce couteau.
28:03 - Un couteau comme ça ?
28:05 - Vous avez regardé à quoi je ressens, moi ?
28:08 Vous m'avez bien regardé ?
28:10 Est-ce que vous m'avez bien regardé ?
28:12 Une fois, j'ai été agressé et blessé.
28:14 C'est pour ça que j'ai acheté ce couteau.
28:17 Il me montre fièrement comme un trophée, c'est un couteau militaire.
28:20 - Désolé, OK ? Je suis désolé.
28:25 Les excuses n'y feront rien, le milicien veut lui donner une petite leçon.
28:32 - Mais qu'est-ce que je t'ai fait ?
28:34 Et toi, qu'est-ce que je t'ai fait ?
28:36 Mais je l'ai acheté, ce couteau.
28:38 - D'accord, tu l'as acheté, mais le problème, c'est que tu le portes en public.
28:43 - Mais je n'ai rien fait de mal avec le couteau.
28:45 Cet homme a eu de la chance.
28:47 La milice se contentera de confisquer le couteau.
28:49 10 personnes se font tuer chaque mois à Alexandra.
28:52 Mike et sa patrouille ne se limitent pas au contrôle des passants.
28:58 Ils veulent aussi fermer les bars après minuit.
29:01 Mais là, c'est une autre paire de manches.
29:05 - Coupez la musique, éteins-la, s'il te plaît.
29:07 Rentrez chez vous, s'il vous plaît, il est tard.
29:10 Allez-y, allez-y, s'il vous plaît, il est tard.
29:13 Ça suffit, vous avez assez bu.
29:19 Vous aurez toute la journée de demain pour boire.
29:21 - Ça suffit, vous avez assez bu.
29:23 Vous aurez toute la journée de demain pour boire.
29:25 - Ça suffit, vous avez assez bu.
29:27 Vous aurez toute la journée de demain pour boire.
29:29 - Ça suffit, vous avez assez bu.
29:31 Vous aurez toute la journée de demain pour boire.
29:33 Ça se complique.
29:35 Cette fois, Mike et ses hommes sont en sous-effectif.
29:37 Et quand la politesse ne suffit plus...
29:39 - Je vais te faire mal, toi. Je vais te faire mal.
29:42 Le ton monte. Dur de les déloger.
29:48 Cette femme reboirait bien encore un petit coup.
29:51 Les esprits s'échouent, on en vient aux mains.
29:53 - Nous sommes tous des citoyens qui payons nos taxes ici.
29:57 Vous n'avez pas le droit de faire ça.
29:58 Un des patrouilleurs entreillis se pose devant elle.
30:00 Il est prêt à en découdre.
30:02 - Y a quelqu'un qui veut dire quelque chose ?
30:04 Hein, y a quelqu'un qui veut dire quelque chose ?
30:06 - Jackie, Jackie, Jackie.
30:09 C'est Mike qui le calme.
30:13 Ils abandonnent et rebroussent chemin, cette fois.
30:16 - Vous partez parce que vous avez peur ?
30:18 - Non, non, on ne part pas parce qu'on a peur.
30:21 Mais vous savez, il y a trop de monde ici.
30:23 On leur laisse le temps de finir leur bière.
30:25 Et ensuite, ils partiront.
30:28 Cette nuit, beaucoup de bruit et d'alcool.
30:31 Mais aucun coup de couteau à Alexandra.
30:33 - Vous voyez, il n'y a pas de problème ici.
30:37 Tout le monde a fermé.
30:38 Alors, nous rentrons.
30:40 Mike et ses amis sont livrés à eux-mêmes.
30:44 La police a trop à faire ailleurs.
30:48 Elle est mobilisée à quelques kilomètres de là
30:51 à nettoyer le centre-ville.
30:55 Il faut dire que dans 2 ans, pour la Coupe du monde de football,
30:58 Johannesburg doit être présentable.
31:00 Et il reste encore beaucoup de travail pour la police.
31:03 Elle sait qu'ici, les criminels qu'elle rencontre
31:06 tirent pour les tuer.
31:08 Les policiers sont des cibles.
31:11 Alors au quartier général des Flying Squad,
31:13 l'unité d'intervention rapide de la police nationale,
31:16 distribution de munitions et de AK-47,
31:19 des fusils mitrailleurs, de quoi riposter.
31:23 C'est l'heure de la prise d'armes pour l'agent Salomon Mdoube, 34 ans.
31:27 Chaque soir, 24 officiers comme lui prennent leur service.
31:31 Ils ne savent pas s'ils rentreront en vie le lendemain.
31:33 Alors, avant de partir, c'est prière pour tout le monde.
31:37 - Prions.
31:40 - Mon Dieu, soyez parmi nous
31:46 et protégez-nous contre les périls qui nous menaceront ce soir.
31:50 Au nom de Jésus-Christ, amen.
31:53 - Gilet pare-balles obligatoire pour tous.
31:59 En Afrique du Sud, 108 policiers ont été tués l'an passé.
32:02 En comparaison, il y en a eu 5 en France.
32:05 - Maintenant, nous partons en patrouille.
32:09 On va voir s'il se passe quelque chose ce soir.
32:11 - L'agent Mdoube ne croit pas si bien dire.
32:16 Sa nuit sera bien remplie.
32:19 Les équipes des Flying Squads quadrillent la ville et s'approchent banlieue.
32:23 L'équipe commence par le centre-ville et le quartier de Hillborough.
32:27 Il est 19h, la cité se vide.
32:30 Ils ne restent plus ici que drogués et prostitués.
32:34 A la radio, le coéquipier de Salomon reçoit un appel d'urgence.
32:47 On vient de tirer sur un agent de sécurité au sud de la ville,
32:50 dans une zone industrielle.
32:52 Salomon est dans le secteur, ils foncent sur les lieux.
32:57 A leur arrivée, les criminels ont disparu.
33:10 La fusillade a duré moins d'une minute.
33:12 L'homme qui a essuyé les tirs attend les secours dans sa voiture.
33:16 La balle a transpercé sa joue.
33:18 On a tiré sur lui en visant la tête, pour Salomon, un classique.
33:22 - C'est un entrepôt pour du matériel,
33:28 tels que des téléviseurs, de la Wi-Fi, des écrans plasma.
33:33 Ils ont dû essayer de cambrioler.
33:35 Ils ont ligoté les deux gardiens de sécurité.
33:38 Et heureusement, l'un des gardes a déclenché l'alarme.
33:42 La compagnie de sécurité a répondu à l'appel,
33:44 mais quand le vigile est arrivé, les voleurs lui ont tiré dans le visage.
33:48 Une tentative de meurtre pour quelques téléviseurs.
33:52 L'agent de sécurité terminera sa nuit à l'hôpital.
33:55 A leur arrivée, les experts en balistique
34:02 récupéreront 6 balles de 9 mm, du gros calibre.
34:06 Celle qui a traversé la joue du gardien
34:09 gît encore dans la voiture, sur le siège avant.
34:14 - Peu de pistes.
34:16 L'agent Mdoube, sait juste qu'il y avait plusieurs voitures.
34:19 - Nous allons reprendre la patrouille avec un peu de chance.
34:22 On tombera peut-être sur une des voitures des suspects.
34:25 Salomon Mdoube part à la recherche des suspects.
34:29 Mais une autre priorité va bouleverser ses plans.
34:33 Et ce coup-ci, la chance va lui sourire.
34:36 Il est appelé pour un cambriolage à main armée.
34:40 Le quartier riche de Johannesburg est très étendu,
34:43 une multitude de rues, pas toujours bien indiquées.
34:46 Les policiers d'élite sont perdus.
34:50 Finalement, ils localisent l'endroit.
34:57 Le cambriolage a eu lieu à l'intérieur d'un lotissement sécurisé.
35:00 La police locale est déjà sur place.
35:02 Avec Salomon, ils vont fouiller le secteur
35:04 à la recherche des braqueurs.
35:06 3 suspects armés.
35:08 Le braquage vient juste d'avoir lieu.
35:11 - On doit chercher. Ils peuvent être n'importe où.
35:24 Le quartier hautement protégé se transforme en souricière.
35:35 Salomon Mdoube sait que les agresseurs
35:38 sont forcément encore dans les parages.
35:41 - Il y a des clôtures électriques et des chiens.
35:48 Donc ils doivent être ici quelque part.
35:51 Tout à coup, un indice.
35:58 Des barbelés arrachés.
36:00 Ils sont passés de l'autre côté.
36:02 Les policiers vont faire le tour du pâté de maison.
36:05 Dans la voiture, les fusils mitrailleurs sont prêts à tirer.
36:08 A 50 m de eux, un homme court se cacher dans les buissons.
36:11 - Viens ici, viens ici.
36:13 - Où sont tes amis ?
36:15 - A terre ! A terre ! A terre !
36:18 - Là-bas, dans cette maison.
36:20 - Où ça ? Où ça ?
36:22 - Ils sont 3.
36:24 - A terre, je t'ai dit. Ils sont où, tes complices ?
36:26 - Ils sont partis dans cette rue, là-bas.
36:28 - Où ça ? Ils sont où ?
36:30 - Je suis venu tout seul.
36:32 - Ne mens pas.
36:34 - Je ne mens pas, sérieusement, monsieur.
36:38 Je suis venu tout seul.
36:40 - Donne tes mains. - Donne-moi tes mains.
36:42 - Tes amis sont armés ?
36:48 - Non.
36:50 - Ils sont où, tes complices ? Ils sont où ?
36:53 - Est-ce qu'ils sont armés ? - Non.
36:58 - Ils sont où, tes complices ?
37:00 - Ils m'ont dit de descendre par là. Ils sont toujours derrière cette maison.
37:02 - Allez, lève-toi.
37:04 Le voleur avait 2 complices.
37:10 Eux sont loin, maintenant.
37:13 Les Flying Squad ramènent le suspect sur les lieux.
37:24 Ils veulent le confronter aux victimes du cambriolage.
37:27 Une famille noire aisée, la nouvelle bourgeoisie sud-africaine.
37:31 Le butin a été jeté dans les fourrés.
37:33 Visiblement, la famille n'a pas de mal à reconnaître son agresseur.
37:36 - C'est l'un d'eux.
37:38 Tu es un voleur, tu es un voleur. Oui, c'est l'un d'eux.
37:41 Les esprits s'échauffent.
37:46 Le voleur est enfermé pour échapper à la colère des victimes.
37:49 Procédé classique, les voleurs ont coupé le courant.
37:56 Plongeant la maison dans le noir.
37:58 - Mon frère était sorti pour vérifier pourquoi on n'avait pas d'électricité
38:07 puisque toutes les autres maisons en avaient.
38:09 Ils étaient cachés derrière le portail.
38:11 Ils avaient des couteaux.
38:13 Donc ils sont rentrés à l'intérieur. Ils sont allés dans la chambre de ma belle-mère.
38:16 Ils lui ont mis le couteau sur le visage.
38:18 Mais ils n'ont rien trouvé dans sa chambre.
38:20 Alors ils sont allés à côté.
38:22 Alors mon frère est arrivé et a dit "appelle la police, il y a des voleurs dans la maison".
38:25 J'ai appelé la police puis j'ai couru m'enfermer dans les toilettes
38:28 pour qu'ils ne puissent pas me violer.
38:30 Le père, lui, a été réveillé à coups de poing.
38:35 - Il y en avait un qui avait un pistolet.
38:37 Ils m'ont demandé de l'argent. J'ai dit "quel argent ? Je n'en ai pas".
38:40 Ils m'ont dit "tu dois nous donner des sous".
38:42 Alors ils m'ont frappé à la mâchoire.
38:44 Et ils m'ont dit qu'ils allaient me tuer si je ne leur donnais pas de l'argent.
38:47 Je leur ai dit que je n'avais pas d'argent.
38:49 J'ai eu peur, mais vraiment peur.
38:51 J'appelais les voisins pour qu'ils m'aident et je criais
38:53 "ils sont en train de me tuer, ils sont en train de me tuer".
38:55 Même si 2 cambrioleurs ont pu s'échapper,
39:00 en avoir arrêté un,
39:02 pour Salomon, ce n'est déjà pas si mal.
39:04 C'est l'heure de la pause casse-croûte en plein milieu de la nuit.
39:09 De quoi souffler un peu pour l'équipe des Flying Squad.
39:13 À Johannesburg, la police a été sérieusement renforcée ces dernières années.
39:18 Et pourtant, les crimes sont de plus en plus violents.
39:22 Dans ce pays, les citoyens sont de plus en plus prudents.
39:26 Et ils ont amélioré leur sécurité.
39:28 Du coup, les criminels se sentent frustrés.
39:33 Parce qu'ils doivent produire plus d'efforts pour arriver à leur fin.
39:36 C'est pour cela que les crimes deviennent de plus en plus violents.
39:40 Comme Salomon, Proud le Vigile risque sa vie tous les soirs,
39:46 mais pour 2 fois moins d'argent qu'un policier.
39:48 À peine 300 euros par mois.
39:51 Mais Proud s'en contente.
39:53 Il est reparti pour 12 heures de patrouille dans le quartier de Coralie, la française.
39:57 - Quand je ne patrouille pas, je ne me sens pas bien.
40:02 J'observe les ombres, les voitures suspectes, les gens suspects.
40:06 Ma vue est aiguisée, je vois tout.
40:08 Proud raffole de ses missions à haut risque.
40:11 Agent de sécurité à Johannesburg, c'est plus estimable selon lui qu'être policier.
40:16 - Quand j'étais enfant, je voulais être un policier.
40:20 Mais je ne pensais pas travailler dans la sécurité privée.
40:23 Mais finalement, la sécurité, c'est un peu comme la police.
40:27 - Alors pourquoi vous n'avez pas rejoint la police ?
40:30 - Non, non, non, non, non.
40:34 Moi, je n'aime pas la police.
40:37 Pour moi, la police laisse les suspects s'échapper.
40:41 Ils sont corrompus.
40:44 Je n'ai pas envie d'être corrompu.
40:47 Non, non, non, non, non.
40:49 Moi, ce que j'aimerais, c'est que les gens vivent librement dans leur pays.
40:54 Coin de sécurité, Proud de téléphone, puis-je vous aider ?
40:58 Et heureusement que Proud aime bien son métier parce que ce soir, il va encore être servi.
41:03 La radio vient de signaler un cambriolage en cours à 1 km de là.
41:08 - Tiens-moi ça.
41:10 Il aperçoit une silhouette derrière le mur.
41:17 - Viens là !
41:19 - Non.
41:25 - Hein ?
41:27 - Je pense que c'est...
41:29 - C'est un policier.
41:31 - C'est un policier.
41:33 - C'est un policier.
41:35 - Il doit être dans ce jardin.
41:38 - Allez, on va regarder par là.
41:41 - Il a pas pu sauter par-dessus la clôture.
41:44 L'intrus est tout proche.
41:47 - Eh, viens là !
41:49 - Stop !
41:53 - Où est mon...
41:55 - Vous l'avez vu ?
41:59 - Oui, il était caché juste ici.
42:02 Proud est écœuré, l'individu leur a glissé entre les doigts.
42:06 Le propriétaire de la maison, un Belge, ne semble pas plus effrayé que cela.
42:11 - J'étais là avec des amis, on était assis en train de parler,
42:15 puis tout à coup, il y en a un qui l'a vu ici à la fenêtre,
42:19 qui a vu quelqu'un, un homme noir à la fenêtre, qui regardait,
42:23 qui faisait pas partie du groupe.
42:25 Alors on est sortis pour un petit peu ce qui se passait.
42:28 Moi, j'ai appuyé sur le "panic button".
42:31 - Vous prenez ça avec le sourire, en fait ?
42:34 - Bah oui, parce qu'en fin de compte, il y a pas grand-chose qu'on puisse faire.
42:38 On sait qu'on est protégés.
42:40 Et on se protège du mieux qu'on peut, comme on fait partout dans le monde.
42:44 Sauf que dans les autres villes du monde,
42:47 on n'a pas forcément son gardien de sécurité, l'arme à la main,
42:50 en train de pourchasser un voleur à l'intérieur de sa maison.
42:54 - Il faut que j'attrape ce type.
42:57 Proud n'attrapera personne.
42:59 Pas ce soir, en tout cas.
43:01 A cause de cette violence,
43:11 Sainte-Marie a décidé de quitter son pays.
43:14 Ce qu'il a décidé, c'est la peur d'être la prochaine sur la liste.
43:20 ...
43:29 - Numéro 35, ils sont rentrés dans la maison,
43:32 ils ont cambriolé et ils ont tué la fille de 16 ans.
43:36 Numéro 28, ces occupants ont déménagé depuis,
43:39 ils ont aussi été cambriolés chez eux dans la journée,
43:43 ils ont été braqués, agressés et frappés.
43:46 Voici le numéro 19, ils sont rentrés par la fenêtre de la cuisine
43:51 et ils ont tiré sur le propriétaire dans l'estomac et dans la jambe.
43:56 Sainte-Marie a décidé de partir pour de bon.
44:00 Contrairement à Coralie, la française,
44:03 les systèmes de sécurité ne suffisent plus à la rassurer.
44:07 - Voilà, on ferme tout.
44:14 Comme vous pouvez voir, même avec toutes ces mesures de sécurité,
44:18 c'est très dur parce que vous ne vous sentez pas en sécurité,
44:22 même dans votre propre maison.
44:25 Chaque nuit, je vais me coucher avec un noeud à l'estomac.
44:29 Il n'y a aucun endroit où l'on peut être tranquille,
44:33 aucun lieu où l'on sait qu'on ne court aucun danger.
44:37 - Sainte-Marie est célibataire et maman d'une petite fille d'un an,
44:41 Chanley.
44:44 Pour émigrer, elle a choisi l'Australie, mais il lui faut un visa.
44:48 Cela fait maintenant un an qu'elle attend cette autorisation.
44:52 Elle se sent en danger, alors elle s'impatiente.
44:56 - Je vérifie chaque jour sur le site du gouvernement australien
45:03 l'évolution de ma demande de visa.
45:09 Donc il n'y a toujours rien, ce qui veut dire qu'il faut encore attendre.
45:13 - En 10 ans, près d'un million de Sud-Africains comme Sainte-Marie
45:20 ont déjà quitté le pays.
45:22 Les journaux regorgent de publicités pour des agences spécialisées
45:25 dans les formalités d'émigration.
45:27 Destination favorite, l'Australie, le Canada, la Nouvelle-Zélande.
45:31 Avant même l'obtention de son visa,
45:34 elle a décidé de faire ses bagages pour quitter le quartier.
45:38 Toute une vie à empaqueter.
45:41 Elle fait le vide dans ses sacs pour ne pas qu'ils moisissent
45:44 pendant les 2 mois de traversée,
45:46 enfermés dans un conteneur sur un bateau.
45:49 - Il faut faire cela pour tout le linge, tous les vêtements,
45:55 tous les coussins, les rideaux, pour tout.
45:58 Je renonce à mon pays, je renonce à passer du temps avec ma famille.
46:07 J'emmène Shirley loin de sa grand-mère.
46:10 Je suis triste, c'est certain.
46:13 Mais je suis soulagée aussi de partir loin
46:17 de ces conditions horribles dans lesquelles nous devons vivre
46:20 tous les jours.
46:22 - Sainte-Marie était trop angoissée dans son quartier.
46:29 Quelques jours après notre première interview,
46:32 elle a trouvé refuge chez une amie.
46:36 Un hébergement provisoire.
46:38 Mais ici, elle se sent moins vulnérable.
46:41 Aujourd'hui, elle fête le 1er anniversaire de sa fille Shanley.
46:47 - Le 1er et le dernier en Afrique du Sud.
47:01 Le prochain sera en Australie.
47:05 - Dans la famille, Mérine s'expatrie et on commence à en avoir l'habitude.
47:09 Le frère est déjà parti s'installer en Australie.
47:12 Pour la mère de Sainte-Marie, c'est un déchirement.
47:15 La violence va la séparer de ses 2 enfants
47:18 et de sa toute jeune petite-fille.
47:21 - Je suis triste, mais je suis heureuse pour elle.
47:25 Je sais que c'est une battante et elle donnera le meilleur pour le bébé.
47:33 Malgré sa famille, ses amis et tout ce qu'elle va perdre,
47:36 Sainte-Marie ne changera pas d'avis.
47:39 - Et s'il n'y avait plus de danger dans le pays, vous reviendriez ?
47:44 - Non, je ne pense pas que cela va bientôt changer ni s'améliorer
47:48 ou que le crime va baisser radicalement.
47:51 Je ne pense pas du tout.
47:53 - Et vous autres, vous pensez que cela va bientôt changer ?
47:58 - Non. - Non.
48:00 - Personne ne croit au changement.
48:03 D'ailleurs, Sainte-Marie, elle, a déjà pris son billet d'avion pour l'Australie.
48:07 Juste un aller simple.
48:10 Proud, le gardien de sécurité, lui, ne renonce pas.
48:14 Combattre le crime, c'est toute sa vie.
48:16 Il croit en un avenir meilleur à Johannesburg,
48:19 malgré les risques et une vie précaire.
48:22 - C'est votre maison, la grande, là ?
48:29 - C'est votre maison ? - Non.
48:31 Ma maison est de ce côté.
48:34 Proud est hébergé dans une maison en rénovation.
48:38 Il est immigré. Il vient du Zimbabwe voisin.
48:41 2 de ses enfants ont dû rester au pays.
48:44 Pas les moyens de les faire venir.
48:46 Ici, il habite avec sa femme et une de ses filles de 10 ans.
48:50 Mais Proud ne se plaint jamais.
48:52 Il est avant tout très fier de son travail.
48:55 Il nous montre un diplôme, le seul et unique,
48:58 qu'il n'ait jamais eu.
49:01 - Je veux vous montrer quelque chose.
49:04 "Employé du mois de la part de la communauté de Bryston".
49:09 - Qu'est-ce que cela veut dire ?
49:11 - Ca veut dire qu'ils sont contents à 100% de mon travail.
49:15 C'est pour cela qu'ils m'ont offert ce certificat.
49:18 - Vous êtes fier ? - Oui, je suis fier.
49:24 Mais d'après mon prénom, qui veut dire fier,
49:28 je devrais être riche.
49:30 Mais je suis pauvre.
49:32 Mais je suis fier de moi.
49:35 Malgré son sourire, Proud a peur pour sa famille.
49:38 Il est rarement là pour les protéger.
49:40 Alors il dessine pour mettre en garde sa fille
49:43 contre les dangers de Johannesbourg.
49:46 - Je lui dis de ne pas faire confiance aux gens
49:49 qui portent une longue veste et une casquette
49:52 et qui se cachent les visages.
49:54 Il t'appelle pour que tu viennes et te dise
49:57 "J'ai un cadeau pour toi".
49:59 Et quand tu t'approches, il t'attrape, te kidnappe
50:03 et t'emmène dans un endroit que je ne connais pas.
50:06 N'oublie pas, tu sais que tu es dans un pays
50:09 où il y a beaucoup de bandits et de criminels.
50:12 Je ne veux pas te perdre, ma jolie petite fille.
50:15 - Tu vas bien ? - Oui.
50:19 Proud, ce soir, est rentré sans encombre.
50:22 A l'heure du dîner, dans sa salle à manger improvisée.
50:26 Mais il a déjà perdu 3 collègues tués par des cambrioleurs.
50:30 Demain, il repartira.
50:32 Sa femme a toujours peur pour lui.
50:35 - C'est difficile, mais il aime son travail.
50:39 On prie simplement tous les jours
50:42 pour qu'il rentre sain et sauf à la maison.
50:45 - Depuis 5 ans qu'il surveille de riches habitations,
50:49 il se prend à rêver qu'un jour, il pourra s'offrir lui aussi
50:53 une belle maison.
50:55 - J'aimerais avoir une grande maison,
50:58 alors je joue au loto.
51:00 Et si un jour je gagne, j'habiterai dans un palace.
51:04 - Un palace !
51:06 - Qu'Aurélie, la Française, elle,
51:09 s'est habituée à ces conditions de vie
51:12 peut-être parce que, contrairement au Sud-africain,
51:16 elle sait qu'elle ne passera pas toute sa vie
51:20 derrière des grilles à Johannesburg.
51:25 Sous-titrage Société Radio-Canada
51:28 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org
51:31 [SILENCE]

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