De ses 20 ans à la tête du club, aux critiques, en passant par les relations avec Roland Romeyer et les négociations avec Kilmer, Bernard Caïazzo avance sa vérité sur l'ASSE.
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00:00Je suis actionnaire de la LSF, je ne suis pas dans la direction de la LSF depuis un certain nombre d'années.
00:12Président du conseil de surveillance, ce n'est pas diriger le club, je ne fais pas partie de la direction du club.
00:17Il faut être précis dans les termes, je sais que tout le monde ne connaît pas le juridique, le financier,
00:20heureusement que moi je connais très bien ce qui m'a permis d'amener ce deal,
00:24mais un dirigeant, qu'est-ce que c'est ?
00:26Un dirigeant, c'est quelqu'un qui a des responsabilités exécutives, qui fait des choix.
00:31Moi, le seul choix que je fais, c'est de dire Roland, Jean-François Soukas, Perrin, vous avez toute ma confiance.
00:38Une fois que j'ai fait ce choix, c'est vous qui dirigez le club.
00:40Ce qui explique, je vous ai dit, je ne suis en rien responsable de la montée.
00:45Non mais ce choix, ils ne peuvent pas le faire, donc vous avez forcément votre mot à dire et votre...
00:51Oui, oui, faire confiance.
00:52J'ai fait confiance à des hommes qui étaient très critiqués, et je pense que j'ai eu raison.
00:58Et je n'ai pas de responsabilité autre que d'avoir accepté de garder des budgets de Ligue 1 en Ligue 2.
01:13C'était en octobre à Toronto, Larry Tannenbaum m'avait invité à voir un match de basket.
01:18Et là, je me suis rendu compte que j'avais affaire à quelqu'un d'extrêmement respectable et respecté,
01:22et qui était une bonne personne.
01:23On a cette image parfois des milliardaires en disant, ils sont froids, ils sont si...
01:27Non, non, Larry Tannenbaum, c'est un homme de cœur et c'est un Canadien.
01:32Pour moi, le fait que ce soit un Canadien, ça a été joué,
01:35parce que mon image des Canadiens par rapport aux Américains était une image beaucoup plus proche de nous, Français.
01:45Et parfois, j'ai souvent vu chez les Américains,
01:47j'ai travaillé avec les Américains depuis l'âge de 23-24 ans,
01:50mais parfois, une certaine rudesse, une certaine froideur dans les affaires, etc.
01:55Et le contraire, chez Larry Tannenbaum, je me suis rendu compte qu'on avait affaire
01:58à quelqu'un qui avait les mêmes valeurs que les gens du Forest.
02:01Et d'ailleurs, quand on a posé la question à Larry,
02:04mais qu'est-ce que vous voulez faire de la Sainte-Étienne, etc.,
02:06Larry nous a répondu, vous pensez qu'à votre avis,
02:08je suis venu ici avec les équipes d'Arsenal, les ex d'Arsenal,
02:12pour être dans un club qui vivote,
02:15ou vous pensez que c'est pour vraiment réveiller le géant ?
02:18À un moment donné, je dirais le deal était mort, j'étais au Brésil,
02:23j'ai dit non, je ne rentre pas en France, je pars rencontrer Larry,
02:27donc j'étais à Miami dans sa résidence, on a passé toute une journée,
02:32et à la fin de la journée, il m'a dit Bernard, on va le faire ce deal, on va le faire.
02:35On était en janvier, il m'a dit tu sais, on va le faire, parce que j'y tiens.
02:39Donc c'est Ivan et toi, vous allez travailler ensemble, le temps nécessaire,
02:46et il faut que ce deal, vous arriviez à le conclure.
02:55Vous avez déjà vu des gens qui passent 20 ans sans avoir des relations
02:59suffisamment bonnes pour pouvoir passer 20 ans ?
03:01Nous sommes différents, on est différents, mais Roland, vous savez,
03:04c'est moi qui ai choisi Roland, parce que Roland n'était pas là à la montée Ligue 2,
03:06il est venu après.
03:07J'ai vendu mes actions à Roland au prix où j'avais payé en Ligue 2.
03:12Pourquoi j'ai fait ça ?
03:14Un, parce que l'argent n'est pas mon moteur,
03:15et deuxièmement, j'ai vu quelque chose qui a été très important pour moi,
03:19c'est que je savais que Roland était un honnête homme.
03:21Imaginons que je sois tombé sur quelqu'un d'extrêmement brillant,
03:24extrêmement, qui parle toutes les langues, capable de, etc., etc.,
03:27oui, qui n'est pas honnête.
03:30D'ailleurs, je vais vous dire une chose,
03:33je suis persuadé que là, à Saint-Etienne,
03:35dans les mauvais recrutements qui ont été effectués à un moment donné,
03:39il y a des choses sur lesquelles il y a des gens qui n'ont pas été très honnêtes.
03:42Je n'en ai pas la preuve,
03:44mais j'ai souvent discuté ça avec Roland,
03:46en disant, mais Roland, tu es trop gentil.
03:49À un moment donné, le problème de la L Saint-Etienne,
03:51c'est que Roland, dans les trois ou quatre dernières années,
03:54par l'âge, il est devenu beaucoup trop gentil.
03:59Le Roland Remeillet que j'avais connu dans les années 2015, 2007 ou 2008 ans,
04:06il aurait tapé sur la table, il aurait dit,
04:09« Monsieur Puel, on va se voir en tête-à-tête. »
04:12Ça, ce n'est pas possible, ça, ce n'est pas possible, ça, ce n'est pas possible.
04:15« Eh, monsieur Duc, on va se voir, etc. »
04:16Non, non, ça, c'est ma décision, ça ne se passe pas comme ça.
04:19Je trouve que Roland, ensuite, au fil du temps,
04:22sa sensibilité, l'âge, là, je vais vous dire une chose,
04:26l'âge vous affaiblit sur le plan émotionnel.
04:34Moi, j'accepte la critique,
04:36et à un moment donné, je peux considérer qu'ils ont raison.
04:38Ils ont raison, vu de leur fenêtre, vu ce qu'ils voient, et ça, c'est vrai.
04:43La vérité, c'est qu'à la fin, la question, c'est tout simple,
04:46c'est à la fin du bal qu'on met les musiciens.
04:47Aujourd'hui, qu'est-ce qu'on peut dire ?
04:49On est en Ligue 1, et mission accomplie,
04:52et on a un actionnaire de référence que je n'aurais jamais imaginé avoir.
04:59Dans mon job, il était extrêmement simple,
05:02c'était d'être dans les instances
05:04et de pouvoir défendre les intérêts de l'AS Saint-Etienne.
05:06Mon deuxième job, c'était d'aller trouver un actionnaire
05:13qui coche le plus de cases possible,
05:14mais avec une règle fondamentale,
05:17conserver la direction du club et pérenniser les emplois.
05:21C'est pour ça, d'ailleurs, qu'il y a deux ans, quand on descend,
05:25on pense qu'on est tout à fait d'accord avec le groupe Blitzer,
05:29mais on se rend compte très vite qu'ils ne sont pas prêts à conserver la direction,
05:32ils veulent mettre des hommes à eux,
05:33et deuxièmement, ils ne se veulent pas garantir les emplois du club.
05:37Et donc, ça s'arrête, parce que Roland et moi,
05:39on estimait que c'était pour nous, je dirais, un point dur, non négociable,
05:45et qu'il était hors de question de sacrifier nos collaborateurs.
05:48Nous partons sereins, nous partons en paix,
05:52et je pense qu'on ne pouvait pas mieux faire.
05:56Ce n'est pas la plus petite des victoires.
05:57Entre les deux, je préfère être en Ligue 2 avec Kilmer
06:01qu'en Ligue 1 sans Kilmer.
06:02Parce qu'en Ligue 1, il faut tenir.
06:04Si c'est pour faire le yo-yo, on voit la difficulté de la Ligue 1.
06:06Merci beaucoup en tout cas pour votre disponibilité.
06:09Je vous en prie.