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00:00 6h39, les matins de France Culture.
00:05 Guillaume Erner.
00:06 Marguerite Caton, bonjour.
00:08 Bonjour Guillaume et bonjour à tous.
00:09 Une querelle médiatique ce matin ?
00:11 Une querelle qui s'enfle, une polémique même, pourrait-on dire, autour de l'audiovisuel
00:14 public.
00:15 Représente-t-il la diversité des opinions politiques du pays ou relète-t-il une idéologie
00:20 progressiste, voire carrément de gauche ? En cette période électorale, la question est
00:24 d'autant plus cruciale et c'est donc le juge de paix que nous avons invité, le directeur
00:28 général de l'Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique,
00:32 l'ARCOM.
00:33 Bonjour Guillaume.
00:34 Bonjour.
00:35 Merci d'être venu ce matin.
00:36 Le premier devoir des médias audiovisuels c'est d'assurer le pluralisme.
00:40 Est-ce qu'il s'applique de la même manière aux antennes publiques et privées ?
00:43 La réponse est oui.
00:45 Le principe de pluralisme est un principe constitutionnel, absolument essentiel à la
00:50 vie de notre pays.
00:51 Il est donc garanti par le Conseil constitutionnel.
00:55 Il est inscrit aussi dans la loi Léotard de 1986 qui confie effectivement à l'ARCOM
01:00 le soin d'en assurer le respect et sous le contrôle du juge.
01:04 Cette loi Léotard de 1986 précise aussi que l'ARCOM garantit l'impartialité du
01:10 secteur public.
01:11 Est-ce que vous êtes plus spécialement vigilant au quotidien sur les médias publics ou vous
01:15 appliquez le même traitement à chacun ?
01:17 Nous avons des règles qui portent sur l'information, l'impartialité, l'honnêteté, l'indépendance
01:23 qui s'appliquent à l'ensemble des médias, qu'ils soient publics ou privés.
01:26 Alors concrètement le pluralisme ça se traduit en temps de parole pour chaque courant politique.
01:31 Hors campagne électorale, l'exécutif a droit à un tiers, il faut ensuite donner la parole
01:37 à la majorité et aux oppositions.
01:39 Comment est fixé le temps de chacun ? Ce n'est pas la stricte égalité qui s'applique.
01:43 Alors effectivement le principe général sur lequel repose ce système est le principe
01:47 de l'équité.
01:48 C'est-à-dire que chaque formation politique, chaque composante de la vie politique doit
01:53 avoir accès aux antennes, qu'elles soient publiques ou privées, à mesure de son poids
01:58 dans la vie politique.
01:59 Hors période électorale, effectivement la règle est celle que vous avez décrite, c'est-à-dire
02:05 que l'équilibre général est d'un tiers pour l'exécutif, deux tiers pour les autres
02:11 formations politiques des oppositions, en fonction de leur représentativité, c'est-à-dire
02:17 en fonction notamment de leurs résultats électoraux, des parlementaires ou des élus
02:23 qu'elles ont dans les assemblées délibérantes et de leur place dans les sondages.
02:27 Ça c'est pour la période hors élection.
02:29 Voilà, et en période de campagne, il y a un second compteur qui tourne.
02:33 On compte non seulement les personnalités politiques encartées mais aussi les soutiens
02:37 déclarés de telle ou telle liste.
02:38 Est-ce que c'est à ce titre que vous avez décidé de porter au compte de la liste Renaissance
02:43 les prises de parole du président et du premier ministre Guillaume Blanchot ?
02:46 Alors effectivement, hors période électorale, j'irai bien 30 secondes, l'appréciation
02:50 se porte sur une durée de trois mois.
02:52 En période électorale, on a un regard qui est beaucoup plus ramassé quand on est de
02:56 l'enjeu d'un scrutin.
02:57 Et là effectivement, on se fonde là aussi sur le principe de l'équité, selon les
03:02 critères équivalents à ceux que j'ai décrits.
03:04 Et on s'assure, semaine après semaine, en regardant les déclarations qui nous sont
03:09 adressées par les éditeurs, que ces équilibres sont respectés.
03:12 Et pour répondre à votre question, la parole de l'exécutif peut être crédité au compte
03:19 de la liste qui représente la majorité présidentielle.
03:22 Je dis "elle peut être" parce qu'il y a deux cas de figure.
03:25 Lorsque c'est un membre de l'exécutif, un ministre par exemple, qui s'exprime et
03:30 qu'il apporte un soutien direct ou indirect à la liste portée par le parti Renaissance,
03:38 effectivement ce sera compté au crédit de la liste Renaissance.
03:41 Il y a un cas de figure spécifique, et c'est bien normal, qui est le temps du président
03:45 de la République.
03:46 Il y a deux cas de figure, pour être simple.
03:51 Soit le président de la République s'exprime en tant que chef de l'État, dans le cadre
03:56 de l'exercice de ses missions régaliennes, et bien sûr à ce moment-là, ce n'est
03:59 pas une parole qui relève de débat politique, et donc elle n'est pas décomptée.
04:02 En revanche, lorsqu'il s'exprime, lorsqu'il y a des propos qui portent sur le débat
04:07 électoral, ou qui manifestent un soutien à telle ou telle liste, effectivement, à
04:11 ce moment-là, ces propos seront comptabilisés au soutien de la liste en question.
04:16 Et vous avez déjà déterminé que l'interview de Emmanuel Macron, qui sera présente sur
04:20 TF1 et France 2 demain à 20h, serait rapportée au temps de parole de la liste Renaissance.
04:25 Ce n'est pas tout à fait ce qu'on a dit.
04:26 On a dit que si dans l'hypothèse où, lors de l'interview, il tiendrait des propos
04:29 qui ne sont pas des propos "régaliens", et qui justement, seraient des propos qui
04:33 relèvent du débat électoral, à ce moment-là, ils seraient crédités au compte, si je puis
04:38 dire, de la liste de Madame Hayé.
04:40 Les petites listes, celles qui n'ont ni beaucoup d'élus, ni beaucoup d'intentions
04:44 de vote, se plaignent d'être invisibles dans les médias.
04:46 Elle tenait lundi une conférence de presse devant le siège de l'Arcom.
04:49 Que leur répondez-vous, Guillaume Blanchot, vous qui en êtes le directeur général ?
04:52 Déjà, je n'aime pas trop le terme de "petites listes".
04:55 Toutes les listes ont droit à accéder aux médias audiovisuels, en fonction de leur
05:01 représentativité, le législateur a souhaité que l'accès au scrutin européen soit très
05:08 ouvert.
05:09 C'est pour ça qu'effectivement, aujourd'hui, il y a 32 listes qui sont en compétition
05:13 pour ce scrutin.
05:14 Et l'Arcom considère, elle en a effectivement délibéré hier, je parle du collège de l'Arcom,
05:18 considère qu'il faut donner une place à chacune de ces listes.
05:21 Elles sont effectivement, pour certains d'entre elles, venues nous faire part à l'Arcom
05:26 de leurs revendications.
05:27 Elles ont été reçues par des membres du collège de l'Arcom, et nous avons donc
05:30 passé ce message à l'issue d'une délibération du collège hier.
05:33 Le débat organisé par France 2, entre Gabriel Attal, Premier ministre et Jordane Bardella,
05:38 tête de liste RN, ne vous a pas semblé inéquitable de ce point de vue-là ?
05:41 En tout cas, nous avons considéré que dès lors qu'ils s'inscrivaient pleinement
05:47 dans la campagne électorale, et qu'ils portaient sur l'enjeu du scrutin, évidemment,
05:51 ils devaient, les propos de l'un comme de l'autre, devaient être comptabilisés
05:54 au titre des listes qu'ils soutiennent.
05:56 Il faut préciser que ce sont les chaînes, elles-mêmes et non pas l'Arcom, qui comptabilisent
06:00 le temps de parole qu'elles confient à tel ou tel courant d'opinion.
06:03 Votre mission, c'est ensuite de contrôler ces comptes.
06:06 Est-ce que vous découvrez ponctuellement ou régulièrement des inexatitudes, voire
06:10 des tromperies ?
06:11 Oui, effectivement, c'est très important.
06:12 On n'a pas une armée d'argent public qui passe leur temps devant les écrans ou à
06:16 l'écoute de la radio pour faire un décompte précis de chaque prise de parole.
06:20 Ce sont d'abord les chaînes, effectivement, qui font ce décompte, qui nous adressent
06:24 en période électorale, toutes les semaines, leurs déclarations.
06:26 Les équipes de l'Arcom, une douzaine de personnes, vérifient ces déclarations, s'assurent
06:31 qu'il n'y a pas d'incohérences, s'assurent qu'il n'y a pas d'informations qui sont
06:35 manquantes.
06:36 Et ensuite, ces temps sont examinés chaque semaine par le collège de l'Arcom.
06:39 Lorsque le collège de l'Arcom considère qu'il y a des déséquilibres qui nécessitent
06:44 une intervention, à ce moment-là, il va le faire savoir à la chaîne.
06:47 Un point particulier, compte tenu de l'importance de cette mission qui est au cœur de notre
06:53 vie démocratique, l'Arcom peut intervenir de façon préventive, en quelque sorte.
06:57 C'est d'ailleurs ce qu'il a fait hier à propos de l'interview du président
07:00 de la République que vous évoquiez il y a quelques instants.
07:02 Il a bien dit à France Télévisions et au groupe TF1, dans l'hypothèse où certains
07:07 des propos tenus par le président de la République seraient des propos électoraux, et où ça
07:10 créerait des déséquilibres, il faut que vous preniez les mesures, y compris à titre
07:14 préventif, pour qu'à la fin de la campagne, c'est-à-dire vendredi soir, les équilibres
07:17 soient respectés.
07:18 Est-ce que les tromperies ou les inexactitudes sont régulières, ponctuelles ou rares ?
07:23 Le travail avec les rédactions se fait en confiance.
07:26 Les rédactions sont tout à fait habituées à appliquer ces règles.
07:30 Les équipes de l'Arcom discutent quasi quotidiennement avec elles.
07:33 Ça se passe du mieux possible.
07:35 Je tiens à dire que c'est vrai aussi des relations avec les formations politiques,
07:38 qui sont habituées à ces règles, même si parfois elles sont critiquées, étant
07:41 jugées un peu sophistiquées.
07:42 Mais ça fonctionne bien.
07:43 Et d'ailleurs, après chaque scrutin, l'Arcom publie des rapports pour rendre compte de
07:47 la façon dont les médias ont traité la campagne électorale.
07:50 Et globalement, les règles sont toujours respectées.
07:53 Merci beaucoup Guillaume Blanchot, directeur général de l'Arcom.
07:55 Merci.

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