“À chaque fois qu’elle stresse pour un contrôle de maths ou s’offre un délicieux goûter”, Fan Xiaotong, l’adolescente de 13 ans interrogée par Sixth Tone, envoie un message à ses parents… numériques. Une présence rassurante qui fait recette sur les réseaux sociaux chinois. On vous explique.
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00:00 Privés d'affection à la maison, les jeunes chinois se tournent vers des parents numériques.
00:04 Voilà comment le média chinois Sixtone décrit un curieux phénomène qui prend de l'ampleur sur les réseaux sociaux.
00:09 À quoi ça ressemble ? On vous explique.
00:12 Sur Douyin, l'équivalent chinois de TikTok, le compte appelé "Partagez le quotidien avec ma fille"
00:17 attire plus d'un million d'abonnés et totalise près de 23 millions de likes.
00:21 Sous les pseudos "Ta ta ya" et "Viens manger à la maison avec Papounet",
00:24 ce couple propose par exemple une promenade en voiture, recréant l'atmosphère d'une sortie en famille.
00:29 Et filmée depuis la banquette arrière.
00:31 Dans la même veine, cette femme qui se fait appeler "Maman Xiaolin"
00:47 partage des astuces du quotidien façon remède de grand-mère.
00:50 Sixtone a contacté des adolescents et des jeunes adultes qui trouvent refuge devant ces vidéos rassurantes
00:58 et même qui échangent par message avec ses parents numériques.
01:01 C'est le cas par exemple d'une adolescente de Shanghai interrogée par Sixtone.
01:05 Le média raconte, à chaque fois qu'elle stresse pour un contrôle de maths ou s'offre un délicieux goûter,
01:09 l'adolescente de 13 ans sort son téléphone et envoie un message à sa mère et à son père.
01:14 Sauf qu'elle ne se tourne pas vers ses parents biologiques, mais bien vers ses parents numériques.
01:18 Pour l'adolescente, le couple représente un modèle de parentalité positif et tendre
01:23 qu'elle n'a jamais connu à la maison.
01:25 En Chine, depuis plusieurs années, on observe un mal-être grandissant de la jeunesse
01:29 face à la pression académique et économique.
01:32 Un phénomène exacerbé par la pandémie de Covid-19 et qui a donné lieu au mouvement du "Tangping"
01:37 dont on vous parlait dès 2021 sur le site de Courrier International.
01:40 Le "Tangping", qu'on pourrait traduire par "Rester allongé",
01:44 c'est un courant né sur les réseaux sociaux pour revendiquer un droit à la paresse,
01:48 en réaction à la logique de productivisme prôné par le Parti communiste chinois.
01:52 Et les parents numériques qui ont la cote auprès des jeunes se montrent justement compréhensifs
01:56 envers ces sentiments de frustration.
01:58 C'est le cas par exemple dans une comptine chantée par ce couple sur Douyin
02:02 dont les paroles ont été détournées pour compatir avec la pression subie par les jeunes chinois.
02:07 Tu m'as fait du bien, je sais tout de mon cœur
02:12 Je n'ai pas à l'écouter, je n'ai pas à l'apprendre, je suis tellement occupé
02:17 Qu'est-ce qui me fait mal ? Qui sait ?
02:22 J'ai appris trop, j'ai appris trop, je ne peux plus m'amuser
02:27 Dans le texte qui accompagne la chanson, le couple d'influenceurs écrit
02:30 "Te mettre la pression pour entrer dans la fonction publique ou réussir tes examens
02:34 a été source d'un grand stress pour toi. Nous en sommes vraiment désolés mon chou."
02:38 Ils s'excusent par procuration pour les erreurs commises par les parents
02:41 et finissent par ce conseil "Lève le pied, petit."
02:45 En disant aux jeunes chinoises ce qu'ils ont envie d'entendre, ces influenceurs font recette.
02:49 Mais certains s'inquiètent de voir que de très jeunes ados se confient à de parfaits inconnus en ligne.
02:54 Et si la plupart de ces relations numériques sont relativement inoffensives,
02:57 comme le note le journal chinois,
02:58 le phénomène pose aussi pas mal de questions sur la santé mentale des jeunes
03:02 et sur le modèle familial du pays.
03:04 [musique]