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L'Irlande, l'Espagne et la Norvège ont reconnu l'État palestinien afin d’offrir un nouveau souffle à la solution à deux États. De quelle manière l'Irlande conçoit-elle cette reconnaissance ? Simon Harris, Premier ministre irlandais, est l'invité de the Global Conversation.

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00:00L'Irlande, l'Espagne et la Norvège ont reconnu l'Etat palestinien pour offrir un nouveau souffle à la solution à deux Etats.
00:07Le Premier ministre irlandais Simon Harris est l'invité de ce numéro de The Global Conversation.
00:12Nous allons voir de quelle manière l'Irlande conçoit cette reconnaissance.
00:15Elle est vue comme la meilleure option pour offrir un espoir aux Palestiniens,
00:19mais aussi comme une manière de garantir la sécurité et la prospérité à long terme pour Israël.
00:25Merci beaucoup d'être avec nous dans ce numéro de The Global Conversation.
00:29Pourquoi avoir décidé de reconnaître l'Etat palestinien ?
00:33Très honnêtement, c'est parce que nous devons maintenir l'espoir, le rêve et l'horizon d'une solution à deux Etats,
00:40à un moment où, malheureusement, d'autres s'efforcent de la saper.
00:43Nous sommes convaincus, et l'Irlande l'est depuis très longtemps,
00:46que le moyen d'apporter la paix et la stabilité au Moyen-Orient, c'est la reconnaissance d'une solution à deux Etats.
00:52Il est très difficile d'apporter cette solution si l'on ne reconnaît pas l'existence de deux Etats.
00:57L'Irlande aurait préféré que cela fasse partie d'un processus de paix.
01:00C'est d'ailleurs ce que prévoyait notre programme de gouvernement initialement.
01:04Mais nous ne pouvons pas attendre éternellement.
01:06Plusieurs décennies se sont malheureusement écoulées depuis les accords d'Oslo.
01:10Aujourd'hui, plus que jamais, nous devons parler haut et fort de l'importance d'une solution à deux Etats,
01:14car c'est en fin de compte ce qui apportera au peuple israélien, au peuple palestinien
01:18et à l'ensemble de la région la stabilité et la paix que les Israéliens et les Palestiniens méritent.
01:23Nous avons beaucoup travaillé avec nos homologues européens,
01:26nous nous sommes évidemment concertés avec la Norvège et l'Espagne,
01:29et je m'attends à ce que dans les semaines à venir, d'autres pays européens reconnaissent également la Palestine.
01:34Quand vous dites que d'autres cherchent à saper ce processus, de qui parlez-vous ?
01:38Je ne pense pas que le gouvernement Netanyahou soit engagé d'une manière ou d'une autre dans la mise en place d'une solution à deux Etats.
01:47Nous avons entendu beaucoup de rhétorique et de commentaires à ce sujet.
01:50La solution à deux Etats a été, je pense, un consensus général qui s'est dégagé pendant de très nombreuses années sur la nécessité d'une solution à deux Etats.
01:59Je pense que ces dernières semaines, ces derniers mois, nous avons vu de très nombreux efforts pour tuer cet espoir.
02:04Mais nous devons également prendre la décision de reconnaître la Palestine pour des raisons de fond.
02:09Mais je suis aussi particulièrement conscient que nous prenons cette décision
02:13alors qu'une catastrophe humanitaire incroyable et inadmissible se déroule en ce moment même à Gaza.
02:18Une catastrophe humanitaire d'une ampleur dont, je pense, nous n'avons pas encore pris la mesure.
02:22C'est pourquoi il est fondamental de renforcer les voies modérées, tant en Palestine qu'en Israël,
02:26parce qu'il y a beaucoup de rhétorique, de déformation au sujet de ce à quoi procèdent l'Irlande et d'autres pays en reconnaissant la Palestine.
02:33La question n'est pas le Hamas. Nous abhorrons le Hamas.
02:36C'est une organisation terroriste. Il n'offre rien au peuple palestinien en termes d'avenir.
02:41Il représente un danger et une menace pour les Israéliens et pour le peuple palestinien.
02:45Ce qui s'est passé le 7 octobre est un massacre terroriste ignoble et répugnant.
02:49Tous les otages doivent être libérés sans condition.
02:52Mais les Irlandais savent ce que c'est d'être détourné de son identité par une organisation terroriste.
02:57Le Hamas n'est pas la Palestine et on sait faire la différence entre les deux.
03:03Les Israéliens disent cependant que cela fait le jeu du Hamas parce que cela intervient en réaction, selon eux, au 7 octobre.
03:11Évidemment, nous n'acceptons pas du tout ces propos.
03:14Nous reconnaissons pleinement l'État d'Israël. Nous reconnaissons leur droit à vivre en paix et en sécurité.
03:20Et il est parfaitement acceptable de dire cela.
03:22Mais aussi de dire qu'il y a un État palestinien et que nous reconnaissons leur besoin de vivre en paix et en sécurité.
03:28Nous devons essayer de briser les cycles de ressentiment, de haine, de représailles, de mort, de misère et de peur qui s'étendent sur des générations.
03:36Pour ce faire, il faut reconnaître très clairement qu'un processus de paix politique est nécessaire et qu'il doit reconnaître l'existence de deux États.
03:44Ainsi, à nos amis en Israël, au peuple israélien qui ne peut pas être défini par les décisions des dirigeants de son gouvernement,
03:52nous disons que nous voulons qu'ils puissent vivre dans la paix et la sécurité.
03:56Et je crois qu'il y a beaucoup de gens en Israël, beaucoup de gens en Palestine, beaucoup de parents dans les deux pays, dans les deux États,
04:02qui veulent que leurs enfants puissent grandir dans un pays et une région sûres et sécurisées.
04:07Et c'est ce que nous essayons de faire en disant aux côtés d'autres pays que nous pensons qu'il y a un moyen politique de faire avancer les choses, à savoir la solution à deux États.
04:15Que répondez-vous à certains pays de l'UE et aux alliés de l'Irlande, les États-Unis,
04:22qui critiquent la Cour internationale de justice et la Cour pénale internationale en raison des affaires qui concernent Israël et le Hamas ?
04:32Je reconnais à chaque pays le droit d'exprimer son point de vue sur n'importe quel sujet.
04:36D'un point de vue irlandais, cependant, il est fondamental de respecter l'indépendance de ces instances judiciaires internationales.
04:43Elles servent au monde entier. Elles comptent.
04:46Et je ne ferai aucun commentaire sur l'indépendance des décisions qui ont été prises ou qui sont en passe de lettres dans les jours, les semaines et les mois à venir.
04:56Mais cela n'illustre-t-il pas les profondes divisions au sein de l'UE, et cela ne peut-il pas affaiblir l'UE sur la scène internationale,
05:02car nous n'avons pas été en mesure d'avoir une position cohérente pendant longtemps sur la situation à Gaza ?
05:07C'est vraiment regrettable. Je comprends le contexte et les perspectives des différents pays, même si je suis fondamentalement en désaccord avec certains d'entre eux.
05:15Mais je pense que nous avons vécu un moment crucial en avril, lors du Conseil européen, le premier auquel j'ai eu l'honneur d'assister en tant que Taoiseach,
05:23lorsque nous avons observé des conclusions qui appelaient à un cessez-le-feu immédiat et qui s'éloignaient d'expressions telles que pose humanitaire.
05:29Je pense donc que la position irlandaise en termes de cessez-le-feu immédiat, de garantie de l'acheminement de l'aide humanitaire et d'engagement dans un processus politique
05:37est en passe de devenir l'opinion dominante en Europe. Mais il faut aussi être honnête, il y a une diversité d'opinions sur le sujet à la table des négociations européennes.
05:46Mais pensez-vous que l'UE en fait assez pour faire respecter le droit international ? L'UE est un système basé sur le droit et nous voyons même, par exemple,
05:55des fonctionnaires de l'UE demander à la Commission de faire davantage pour critiquer ce qui se passe à Gaza, de la même manière qu'ils critiquent ce qui se passe en Ukraine.
06:04Je pense que l'on peut et que l'on doit faire plus. Et je le dis à chaque fois que j'en ai l'occasion, à mes homologues européens, à la présidente de la Commission, au Conseil européen,
06:13ce que je veux dire par là, c'est que les accords d'association entre l'UE et Israël contiennent des clauses relatives aux droits de l'homme.
06:19Ces clauses n'ont pas été ajoutées pour la forme dans ce document ou pour remplir des lignes. Elles ont un effet réel. Ce sont des mots qui ont un sens.
06:27Ils font partie d'un accord entre Israël et l'Union européenne et je ne comprends pas, pour être honnête, pourquoi il n'a pas été tout simplement demandé de revoir l'accord du point de vue des droits de l'homme.
06:37C'est regrettable et je continuerai à plaider au nom de l'Irlande chaque jour pour qu'il en aille ainsi.
06:42Mon prédécesseur et le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez ont signé une lettre à cet effet et elle représente toujours la position irlandaise aujourd'hui.
06:50Mais bien sûr, certains États membres diraient que dans une perspective historique, ils ne se sentent pas à l'aise pour critiquer Israël, en particulier l'Allemagne, évidemment.
06:59Je pense qu'il faut faire très attention à une chose. Il ne s'agit pas de savoir de quel côté nous devrions tous être, à savoir de celui du droit international et des droits de l'homme.
07:08Il s'agit de la perspective irlandaise et elle est souvent déformée, accidentellement ou intentionnellement, par d'autres.
07:14Il ne s'agit pas d'être pro-israélien ou pro-palestinien, il s'agit d'être favorable aux droits internationaux, aux droits de l'homme et à la paix.
07:22Et ce qui se passe à Gaza est inadmissible et il y aura un moment où vos enfants, vos petits-enfants et vos arrière-petits-enfants vous demanderont « Qu'avez-vous fait ? » et « En avez-vous fait assez ? »
07:31Et cela devrait empêcher chacun d'entre nous de dormir car il y a des enfants à Gaza, à Rafah, qui s'endorment le soir sans savoir s'ils se réveilleront.
07:39Et si nous croyons en la paix, en un cessez-le-feu, et c'est le cas, et ce sont les conclusions du Conseil européen d'avril, nous devons nous remettre en cause et nous poser une question très simple.
07:48Est-ce qu'on fait tout ce qui est en notre pouvoir pour créer l'environnement nécessaire à l'instauration de ce cessez-le-feu ?
07:53Qui sont vos partenaires au sein de cet Etat palestinien ?
07:56Vous avez parlé du fait qu'il était très important d'être du bon côté de l'histoire pour concrétiser la solution à deux Etats, mais par quoi cela passe-t-il en pratique ?
08:05Ce que cela veut dire, d'un point de vue pratique et juridique, c'est que la représentation de la Palestine ici en Irlande, au lieu d'être un bureau de représentation, peut maintenant demander, en temps et en heure, à devenir une ambassade.
08:18Et notre propre représentation à Ramallah peut faire de même, mais cela va bien plus loin.
08:23Il s'agit d'un leadership politique et moral, de dire aux autres pays de l'UE qui envisagent de le faire qu'eux aussi peuvent le faire.
08:30Je voulais vraiment que nous avancions au même rythme que les autres pays.
08:34Je pense que les trois pays qui ont décidé cette semaine de reconnaître l'Etat palestinien, l'Espagne, la Norvège et l'Irlande, sont trois pays qui ont un long passé en termes d'engagement en faveur de la paix au Moyen-Orient.
08:46Je pense qu'il s'agit d'un groupe de pays qui compte pour cette raison.
08:51Mais admettons que le Hamas doit former un nouveau gouvernement au sein de l'autorité palestinienne à l'avenir s'il y avait des élections, parce que certaines personnes soutiennent le Hamas.
09:01Je suis fondamentalement opposé au Hamas. C'est une organisation terroriste. Elle doit être dénoncée pour les atrocités qu'elle a commises le 7 octobre.
09:10Il est encore difficile d'en mesurer l'ampleur. Il ne faut jamais éluder cette question lorsqu'on évoque la reconnaissance de la Palestine.
09:17Ce qu'ils ont fait au peuple israélien est méprisable, brutal.
09:21Et la prise d'otages toujours en cours est une cruauté supplémentaire qui s'ajoute au massacre et à l'attaque terroriste dont le peuple d'Israël est victime.
09:28Et ces otages doivent être libérés sans condition.
09:31Des élections démocratiques doivent avoir lieu dans tous les pays où nous croyons en la démocratie.
09:35Et il est évident que le résultat des élections démocratiques détermine les gouvernements des peuples.
09:40Mais il n'y a pas d'avenir pour le peuple palestinien avec le Hamas.
09:43Ce que nous essayons de faire ici, c'est de renforcer les voix modérées.
09:46C'est ce qui se passe dans notre propre pays.
09:48Et je pense qu'il est important que les téléspectateurs non irlandais comprennent.
09:52Nous avions une organisation terroriste dans ce pays, l'Irlande, qui a essayé de détourner notre drapeau et de suggérer qu'il parlait au nom du peuple, ce qui n'était pas le cas.
10:00En fin de compte, la paix dans cette république a été obtenue grâce à un processus politique qui a abouti à un résultat très positif aujourd'hui.
10:09Mais des Israéliens modérés, qui acceptent qu'il devrait y avoir une solution à deux États,
10:14diraient tout de même qu'ils sont préoccupés par le fait que s'il y a un État palestinien,
10:18même avec la meilleure volonté du monde, il pourrait encore y avoir un gouvernement dirigé par le Hamas,
10:23ce qui menacerait la sécurité d'Israël à long terme.
10:27Et c'est absolument pour cela que nous avons besoin d'un processus de paix politique.
10:32Et c'est pourquoi les pays du monde entier, y compris l'Irlande, doivent se tenir prêts à soutenir ce processus.
10:37Mais nous ne pourrons pas entamer ce processus tant que la violence n'aura pas cessé.
10:40La violence doit donc cesser. La catastrophe humanitaire doit prendre fin.
10:44L'aide doit être acheminée. Puis un processus de paix politique doit être mis en place.
10:48Et dans le cadre de ce processus de paix, la sécurité d'Israël est absolument vitale.
10:52Et je l'affirme très clairement, lorsque nous avons reconnu l'État de Palestine cette semaine,
10:56il est parfaitement clair que le peuple d'Israël a le droit de vivre en paix et en sécurité.
11:00Le peuple palestinien a le droit de vivre dans la paix et la sécurité.
11:04Et la communauté internationale a le droit de soutenir et d'aider à la mise en place d'un processus de paix
11:09qui garantisse cela pour les deux États.
11:11Encore une fois, en Irlande, nous avons vu les bénéfices au fil des ans de la participation et du soutien international,
11:17que ce soit de la part de l'Union européenne ou des États-Unis, dans le cadre d'un processus de paix.
11:21Et je ne doute pas que l'UE, les États-Unis et d'autres se tiendront prêts à apporter leur aide sur cette question.
11:27Ainsi, nous accordons une importance fondamentale à la question de la sécurité d'Israël et du peuple israélien.
11:32Mais ce qui se passe actuellement doit cesser.
11:34L'idée selon laquelle ce qui se passe aujourd'hui est viable ou garantie d'une manière ou d'une autre la sécurité d'Israël est totalement erronée.
11:40C'est une impasse à tous les égards.
11:42Si vous voulez apporter la paix, on doit s'engager dans un processus de paix politique qui reconnaisse deux États.
11:47Il y a eu de nombreux faux départs par le passé.
11:50Mais ce terrible scénario, cette attaque terroriste envers Israël, cette catastrophe humanitaire des plus terribles pour le peuple palestinien,
11:57doit finalement devenir un marqueur pour sa cheminée vers la paix.
12:00Et le seul moyen d'instaurer la paix dans n'importe quelle région, c'est de passer par un processus politique.
12:05L'un des groupes politiques du Parlement européen, le PPE, dont vous êtes membre, n'affiche pas un franc soutien à la Palestine.
12:12Ursula von der Leyen a déclaré qu'elle pourrait potentiellement travailler avec l'ECR, par exemple, qui compte des groupes d'extrême droite en son sein.
12:21Ils pourraient facilement s'aligner sur le groupe Identité et Démocratie, qui comprend des groupes d'extrême droite.
12:27Êtes-vous inquiet de la direction que pourrait prendre le PPE à l'issue de ces élections européennes ?
12:35Je suis très inquiet de la montée de l'extrême droite dans toute l'Union européenne.
12:40Les éléments en relation avec l'extrême droite, ici en Irlande que nous observons, m'inquiètent aussi.
12:45C'est pourquoi il est fondamental que les centristes se mobilisent et essaient de gagner le plus grand nombre de voix
12:50et de convaincre le plus grand nombre d'électeurs dans la perspective des européennes,
12:54parce que je pense que le centre doit tenir, maintenant plus que jamais, à la fois ici en Irlande et dans toute l'Union européenne.
13:01Je ne souhaite pas que l'on assiste à un glissement vers la droite.
13:04C'est pourquoi je fais campagne, ici en Irlande, pour que les députés européens du Fine Gael soient élus.
13:09Et de la même manière, je veux que mes collègues du PPE fassent de même dans toute l'Union européenne,
13:15car le seul moyen d'éviter un coup de barre à droite, c'est d'avoir un maximum de personnes élues au sein des partis centristes.
13:22Auriez-vous une objection à ce cours sous la von der Leyen,
13:25si elle doit conclure un accord pour rester à son poste de présidente de la Commission européenne,
13:29pour que le PPE garde ce poste, travaille avec l'ECR, et potentiellement avec l'ID, mais au moins avec l'ECR ?
13:36L'Irlande fera connaître sa position après les élections, lorsque nous en connaîtrons le résultat,
13:41car nous devons toujours respecter l'issue des scrutins démocratiques.
13:45Mais lorsque j'assiste au Conseil européen, le plus grand bloc de premiers ministres est de loin rattaché au PPE.
13:51Cela nous fournit, je pense, un postulat de départ tout à fait notoire pour les discussions qui suivront les élections de juin.
13:57Mais il faut savoir qui on élit au Parlement européen.
14:00Je ne veux pas d'une dérive vers la droite, je pense que nous devons occuper une position au centre.
14:05Et je félicite le PPE pour ce qu'il a fait dans ce domaine.
14:08Et nous avons également du travail à faire ici en Irlande.
14:11Le centre doit être perçu comme étant à la hauteur.
14:13Et si l'on examine un certain nombre de questions, je pense que lorsque le centre laisse un espace libre,
14:18en particulier autour du discours sur la migration, ce vide est rempli et souvent exploité par des éléments de l'extrême droite.
14:24Ce n'est pas approprié, ce n'est pas juste et ce n'est pas du leadership.
14:28C'est pourquoi il est très important que le PPE montre à nos citoyens, au niveau européen,
14:32et moi-même en tant que leader du Finagale, membre du PPE, ici en Irlande,
14:36que nous comprenons certaines questions qu'il pose au sujet d'un système basé sur des règles en matière de migration.
14:42Et permettez-moi de dire ceci, parce que cela peut être parfois déformé,
14:45la migration et l'immigration constituent une bonne chose.
14:48Notre pays a bénéficié massivement de l'immigration.
14:51Regardez nos services de santé, regardez les nombreux secteurs de notre économie,
14:55mais aussi les citoyens qui nous disent « Attendez, pouvez-vous nous montrer que les systèmes fonctionnent efficacement,
15:00que ces systèmes sont fondés sur des règles ? »
15:02Il est nécessaire que tout le personnel politique centriste, les premiers ministres comme moi,
15:07montre au public que nous comprenons cela et que nous agissons en ce sens.
15:10C'est le meilleur moyen de contrer une dérive vers les extrêmes.
15:13Mais le problème, c'est que le PPE semble s'engager dans cette voie en ce qui concerne, par exemple,
15:17le processus d'externalisation des frontières.
15:20C'est d'une certaine manière comparable à ce que faisaient les Britanniques avec le Rwanda.
15:24Êtes-vous d'accord avec cette pratique ?
15:27Je ne pense pas, parce que tout ce que le PPE fait et souhaite promouvoir,
15:31et sans doute tout ce à quoi l'Irlande prendra part ou soutiendra de quelque manière que ce soit,
15:35doit être conforme aux droits de l'homme.
15:37Il doit être conforme à la Convention européenne des droits de l'homme, et nous sommes très clairs à ce sujet.
15:42C'est à la Grande-Bretagne de décider de sa politique migratoire,
15:44mais je pense qu'elle est très très loin de certaines des idées débattues en Europe.
15:49Pourquoi les électeurs se tournent-ils vers la droite, selon vous ?
15:52Pourquoi n'adhèrent-ils pas à l'Europe sociale d'autrefois,
15:55où le respect des droits des travailleurs avait toute sa place, entre autres ?
16:01Tout d'abord, voyons si c'est le cas, ce qui est le premier point qui mérite d'être pris en compte.
16:05Vous savez, les sondages d'opinion vont et viennent, mais en fait, ici en Irlande, en ce moment,
16:09en ce qui concerne les élections européennes,
16:11les sondages suggèrent que le centre pourrait en fait se maintenir bien mieux que prévu.
16:15Il y a encore du chemin à parcourir, les campagnes et les élections comptent,
16:18mais je pense que nous vivons une période extraordinairement difficile.
16:21Le niveau de défi auquel nous sommes confrontés à l'extérieur de l'UE,
16:24en Ukraine, au Moyen-Orient, en termes de crise migratoire, de crise inflationniste,
16:28et la classe politique centriste dont je fais partie doit faire encore mieux.
16:32Pour faire face à l'urgence climatique, il ne suffit pas de donner des leçons aux gens, mais les faire adhérer.
16:36La façon de répondre à l'urgence climatique, ce n'est pas de dire qu'il faut choisir entre les agriculteurs et la planète,
16:40il faut pouvoir faire les deux.
16:42Trouvez-vous regrettable, cependant, que le PPE se soit éloigné de sujets tels que la loi sur la restauration de la nature
16:47et les lois sur la biodiversité ?
16:49Ursula von der Leyen était la figure de proue du Green Deal,
16:52et en l'espace de 3 ou 4 ans, elle a revu ses ambitions à la baisse,
16:55potentiellement parce qu'elle compte travailler avec l'extrême droite.
16:59Il ne m'appartient pas de parler au nom de la présidente von der Leyen,
17:03mais je ne pense pas qu'il s'agisse là d'une description juste de ce qu'elle fait.
17:07Les députés européens du Fine Gael ont voté pour la loi sur la restauration de la nature.
17:11Nous avons pu montrer notre indépendance d'esprit lorsqu'il s'agit de faire ce qu'il faut pour la planète.
17:15Et il est important que ce processus soit suivi.
17:18Et cette loi a été approuvée par le Parlement européen.
17:21C'est important, cela compte, c'est le processus démocratique.
17:24Ce n'est donc pas satisfaisant de voir ces questions simplement laissées dans un coin quelque part à Bruxelles,
17:28alors qu'elles doivent être revues, et à ce stade, elles devront l'être, après les élections européennes.
17:32Mais je suis convaincu de l'engagement de la présidente von der Leyen en faveur du Green Deal.
17:36Elle a investi beaucoup d'énergie, de temps et de leadership dans ce domaine.
17:40Mais il faut voir cela à l'échelle nationale en Irlande.
17:43Montrer aux agriculteurs, au secteur agroalimentaire dont l'Europe dépend,
17:46qu'il existe un moyen de continuer à exister et à prospérer tout en répondant à l'urgence climatique.
17:51L'argument selon lequel on doit faire l'un ou l'autre contribue à alimenter l'extrémisme.
17:55On doit faire les deux, aider les agriculteurs à procéder à cette transition,
17:58les soutenir, les écouter, travailler avec eux et sauver la planète parce qu'il y a une urgence climatique.
18:03Une dernière question sur l'Ukraine, parce que l'Irlande en est géographiquement très éloignée,
18:08mais elle est évidemment membre de l'UE et du continent européen.
18:11Ces derniers mois, nous avons vu la situation en Ukraine, dans l'Est, à Avdivka, à Kharkiv,
18:17devenir particulièrement problématique en raison du manque d'armes, du manque de cohérence en matière de soutien militaire.
18:23Que pourrait faire l'Irlande à cet égard ?
18:25Parce qu'on reconnaît qu'il s'agit probablement d'une guerre dans la durée et que l'Europe doit soutenir l'Ukraine.
18:30Elle n'aura peut-être pas le soutien des États-Unis.
18:32Comment est-ce que vous envisagez cette situation ?
18:34Est-ce que vous apporteriez votre soutien, par exemple, à l'émission d'obligations de défense ?
18:41Je ne suis pas sûre que les obligations de défense constituent une solution.
18:45Et de nombreux pays, y compris ceux qui fournissent une aide militaire à l'Ukraine,
18:49n'ont pas forcément de certitude quant aux obligations.
18:52Mes commentaires sont donc distincts de ce débat plus large sur les obligations.
18:55L'Irlande continuera à fournir une aide humanitaire à l'Ukraine, ce qui, soit dit en passant, est fondamental.
19:01Mais aussi une aide très concrète en matière de déminage et de cybersécurité.
19:05Nous travaillons actuellement avec l'Ukraine sur ces deux questions.
19:08J'ai eu trois conversations avec le Président Zelensky depuis que je suis Tichok.
19:12J'ai eu une conversation avec le Premier ministre ukrainien.
19:15Je conduirai la délégation irlandaise au sommet de la paix qui se tiendra en Suisse le mois prochain.
19:20Il s'agit d'un moment important.
19:22Je tâche d'inviter le plus grand nombre de pays possibles, surtout ceux du sud,
19:25avec lesquels l'Irlande entretient des relations, à envoyer des représentants.
19:29Car le sommet de la paix est une occasion importante pour le monde ou la majeure partie du monde de parler d'une seule voix.
19:34En ce qui concerne les prochaines étapes, la situation en Ukraine est très préoccupante.
19:38D'après les conversations que j'ai eues avec mes homologues européens,
19:41la question de la défense aérienne est réelle, grave et urgente.
19:45Un certain nombre de pays européens réfléchissent à ce qu'ils pourraient faire de plus pour aider l'Ukraine de manière concrète.

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