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Philippe Albert revient sur sa carrière de joueur en club, en équipe nationale et son rôle de consultant

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00:00Alors Philippe Albert, une de vos actualités aussi, c'est ce livre qui sort « Je vous le dis, bordel ».
00:06C'était un moment idéal pour vous de sortir ce livre et de raconter un peu votre vie de footballeur, votre vie tout court ?
00:14Effectivement, je pense que c'était le moment idéal avec Dominique Paquet qui m'avait contacté il y a longtemps.
00:22J'ai refusé les premières fois. Et puis je me suis dit qu'étant grand-père depuis 4 ans, les petites filles à l'âge de le lire connaîtront un peu plus leur grand-père.
00:38Et je trouve que c'était le moment idéal. Je suis plus sur la fin que sur le début, comme on dit.
00:49J'ai 57 ans, je ne vais plus faire ça pendant 10 ans, le boulot de consultant encore quelques années. Donc je pense que c'était maintenant ou jamais.
00:57La jeunesse de « Je vous le dis, bordel », ce fameux but de Shadley, c'est quoi qui ressort à ce moment-là ?
01:05C'est toute une tension d'un match où on est mené 0-2, on croit que c'est fini ?
01:09Vous m'en parlez, j'ai la chair de poule, c'est très rare. C'est le scénario du match, 0-2, puis ce but chanceux de Vertonghen, l'égalisation de Fellaini.
01:23Et puis il y a cette naïveté des Japonais, je les vois encore aller au coin de corner, ils bénéficient d'un coup de coin.
01:30Je me dis qu'ils vont jouer court, ils vont jouer les prolongations et tenter de se qualifier à la limite au tir au but.
01:37Et puis je vois, on donne le coup de coin naïvement. Et là, on est vraiment au milieu du terrain avec Ben Kenz.
01:43Et là, j'ai tout le jeu devant moi. Je vois Courtois qui s'empare du ballon facilement, qui transmet un petit ballon à la main vers Verdebrun,
01:51qui fait une trentaine de mètres. Evidemment, j'anticipe, je vois Meunier partir sur la droite.
01:55Et à un moment donné, je dis à droite, à droite. Debrun m'entend, donne à droite. Je vois Meunier qui déboule sur la droite.
02:05Je vois Lukaku dans l'axe et Chadli qui arrive de la deuxième ligne. Et ils vont au bout.
02:10Comme c'est jamais facile d'en placer une avec Ben Kenz, je me suis lâché.
02:19Pour le même prix, les gens me prennent pour un fou parce que si ça n'aboutit pas, c'est l'émotion du football.
02:27Quand j'étais joueur, j'ai rarement eu ce sentiment que j'ai eu ce jour-là comme consultant.
02:35Ça va au bout et puis finalement, c'est resté dans les mémoires et c'est tant mieux pour moi.
02:42Quand on parle d'émotion, c'est vrai que le match avant, on a beaucoup parlé du fait que Rodrigo et vous-même étiez un peu stressé, un peu tendu.
02:50On le sentait dans les commentaires. Ça a valu des critiques aussi à Rodrigo.
02:53Mais finalement, vous étiez comme nous tous derrière la TV. C'est juste que vous, vous aviez le micro.
02:57Mais finalement, vous étiez vraiment là dans un rôle de supporter qu'on peut comprendre.
03:00Plus Rodrigo dans le rôle du supporter parce que moi, je reste quand même en retrait concernant tout cela.
03:06D'ailleurs, à 0-2, je me souviens lui dire, il y a un but dans les cinq prochaines minutes et tout est relancé.
03:13Parce que j'ai déjà connu ce genre de scénario en tant que joueur, notamment avec Newcastle,
03:19où on a mené 0-3 face à Leicester à la 72e et on gagne le match 4-3 à la 93e.
03:26Donc, ayant connu ça comme joueur, je sais que c'est toujours possible, même dans le football moderne.
03:33C'est finalement ce qui s'est passé.
03:35Il y a ce fameux double changement. Je me rappelle que Kompany avait dit plus tard, on avait essayé de passer au canif.
03:42On est passé à la hache en faisant monter Shadley et Fellaini.
03:45Est-ce que vous vous êtes dit aussi, là, avec ces deux-là, ça va faire trembler ces Japonais ?
03:51Oui, bien sûr. Surtout que Marouane était passé maître dans l'art de monter au jeu et d'être décisif.
03:58Mais c'est surtout le but de Vertonghen qui m'a conforté dans l'idée qu'on allait aller au bout ce jour-là.
04:05Et heureusement, j'ai vu juste.
04:08Vous parliez justement des émotions. On n'avait pas eu cette émotion aussi forte en tant que joueur.
04:12Quelle est la différence d'émotion en tant que joueur et être consultant ?
04:17En tant que joueur, vous êtes sur le terrain, vous êtes concentré sur les tâches qui vous ont été affectées.
04:23Et vous êtes dans une bulle.
04:26Qu'il y ait 5 000 spectateurs ou 80 000 comme à San Siro lors du quart de finale de la Coupe des Clubs Champions avec le FC Malines contre le grand Milan AC,
04:35vous êtes dans votre bulle.
04:37Et ce qui se passe dans les tribunes, quand le jeu se déroule, vous n'entendez rien.
04:44Vous êtes terriblement concentré et ça ne vous fait rien.
04:49Si vous devez être gêné par ce qui se dit ou ce qui se passe dans les tribunes, vous ne pouvez pas être concentré à 100% et vous passer à côté de votre match.
04:57Et ici, la tribune fait qu'avec 80 000 personnes autour, vous sentez cette chape autour ?
05:02Oui, bien sûr. Et puis, on a une vue différente. On a une vue globale.
05:06Quand vous êtes sur le terrain, la vue est restreinte.
05:10Et là, en tribune de presse, on était vraiment au milieu du terrain avec une vue d'ensemble.
05:16En fait, c'était magique. Rien que d'y penser, c'est vrai que cette phase était magique.
05:21Mais c'est dû aussi aux joueurs qui l'ont joué parfaitement. Dans le timing, tout est parfait.
05:26Que ce soit la prise de balle de Courtois, la remise vers De Bruyne, la passe de De Bruyne vers Meunier, le centre de Meunier, la fin de Lukaku.
05:32Des joueurs d'exception qu'on n'aura peut-être plus jamais.
05:36Justement, j'ai l'anecdote. J'avais 14 ans. J'ai assisté à votre premier match en championnat.
05:43C'était Charleroi-Beverhulme. Et à l'époque, on annonce un remplacement.
05:48Et il y avait un certain Erwin Albert qui jouait à Beverhulme qui n'était pas sur le terrain.
05:52Et on annonce Philippe Albert. Et moi, j'étais avec mon père. Je me retourne. Je me dis qu'il se trompe.
05:56Et puis, je vois un grand avec des longs cheveux qui monte. C'était votre tout premier match.
06:00Si vous deviez définir cette première apparition à Charleroi, est-ce que vous y croyez, à ce moment-là, à cette grande carrière ?
06:08Et vous vous dites, ça y est, c'est parti, maintenant, je suis lancé ?
06:12Je me souviens, c'était en février 1986. J'étais arrivé en août 1985 à Charleroi.
06:18Avec l'intention de jouer quelques matchs en réserve, déjà à l'époque en réserve.
06:24J'avais joué quelques matchs en junior UFA. Et puis, j'avais intégré le noyau de la réserve.
06:29Et j'avais laissé, je pense, de bonnes choses concernant ces matchs-là.
06:39Et Colas m'a intégré au noyau en janvier 1986. Et c'est vrai que c'était 0-3, je m'en souviens.
06:46Il avait gelé à moins 10, moins 12. Le terrain, c'était comme du béton. On jouait sur du béton.
06:52Et il m'a fait monter à 0-3. Finalement, on perd 0-4 face au grand Beaver Run que vous connaissez.
07:00Avec Patrick Gorée, Herman Aouet, Cousteau, Jaspers, Crève, Philippe Dewille dans le but.
07:08C'était du tout grand Beaver Run. Et je m'en étais plutôt bien sorti pendant 20 minutes,
07:13puisqu'on n'avait encaissé qu'un but.
07:15Il m'avait fait monter au jeu en prévision du match suivant où Peter Harrison était suspendu à l'Antwerp.
07:21Et là, j'avais dû débuter mon premier match en division 1 en marquage individuel pendant 90 minutes sur Mark van der Linden.
07:28Et on avait fait 0-0 à l'Antwerp à l'époque, ce qui était un bon résultat. Et ensuite, tout s'est enchaîné.
07:34Justement, quel est le joueur le plus impressionnant que vous avez rencontré dans votre carrière ?
07:39Si je dois en ressortir un, c'est quand même Marco Van Basten.
07:43J'étais à Maléne, la double confrontation en Coupe des Clubs champions dont on a parlé récemment.
07:49Van Basten, c'était l'attaquant moderne de l'époque.
07:54À l'heure actuelle, Van Basten vaut 200-250 millions d'euros.
07:59De la tête, du pied gauche, du pied droit, il était très costaud physiquement aussi.
08:04Une détente verticale absolument prodigieuse.
08:07Pas toujours fair-play au niveau des paroles ou des tacles, mais ça, ce n'est pas trop grave.
08:13Ça me permettait d'avoir une motivation supplémentaire.
08:16Quand on voit son but en finale du championnat d'Europe en 88, ça montre tout l'étendue du talent de Van Basten.
08:23Jean-Pierre Papin aussi.
08:25Ça, je dois le citer parce que lui, c'était vraiment un gentleman.
08:28C'est un gentleman en dehors des terrains, mais sur un terrain, c'était un véritable gentleman.
08:33Jean-Pierre Papin fait pour moi aussi partie des meilleurs attaquants de l'époque.
08:37Et s'il y a un match que vous deviez retenir de toutes vos carrières, peut-être un match international et un match avec un club ?
08:44Un match avec l'équipe nationale, c'est Orlando en 94.
08:48J'ai eu la chance d'être buteur lors de cette rencontre.
08:52Merci Michel d'avoir tout arrêté par la suite sans qu'on ne gagnait pas le match.
08:56Mais bon voilà, buteur en Coupe du Monde, alors que quelques années auparavant,
09:02j'ai joué en première provinciale avec le standard football club de Bouillon.
09:07Neuf ans plus tard, être buteur en Coupe du Monde dans un derby des plats pays,
09:12buteur décisif, c'est quelque chose de spécial.
09:16D'autant plus que j'avais galéré les mois avant.
09:18J'avais eu une blessure au ligament latéral du genou droit en février, quelques mois avant la Coupe du Monde.
09:24Un accident de voiture par après aussi, en me rendant à l'hôpital pour mon opération du genou.
09:30Donc on avait quand même galéré, ma femme et moi, et c'est un soulagement.
09:35D'ailleurs quand je marque, on le voit.
09:38Ce n'est pas que j'évite les coéquipiers qui viennent vers moi, mais j'ai envie de profiter tout seul de ce moment-là.
09:44En club, c'est cette victoire avec Newcastle face à Manchester United qui se termine par un but et par un lob face au meilleur gardien du monde,
09:54et face à la meilleure équipe du monde à l'époque.
09:56Face au père du gardien d'Underlay.
09:58Voilà, exactement.
09:59Justement, si vous deviez garder le souvenir d'un joueur qui vous a fait le plus mal dans votre carrière,
10:07vous vous dites, celui-là, dès que je le voyais ou je ne l'ai vu qu'une fois et je ne veux plus jamais le revoir,
10:12qui vous a fait mal ?
10:14Ce qui m'a fait mal, ce n'est pas vraiment, qui m'effrayait un peu.
10:20Vinnie Jones, le terrain de Wimbledon, vainqueur de la Coupe d'Angleterre avec Wimbledon face à Liverpool.
10:28Lui, je pense que s'il joue à l'heure actuelle, il est exclu 15 fois sur la saison.
10:33Il suffit de taper Vinnie Jones, pour ceux qui ne le connaissent pas, voir un peu ses tacles.
10:38Il s'attaquait à tout le monde, même à Cantona à un moment donné.
10:41C'était vraiment du costaud, tant psychologiquement que physiquement.
10:46C'était un vrai rock, peur de rien, peur de personne.
10:53Un Galois.
10:54Oui, en plus, Galois. Il a joué en équipe nationale du pays de Galice.
10:58Est-ce que vous gardez des amis dans le milieu du foot de l'époque ?
11:04Oui, en parlant d'amis, je vois souvent Rock Gérard et Fabrice Sylvani.
11:10Rock, qui est originaire de Bouillon, un petit village à 3 km de Bouillon.
11:16Fabrice, je le connais depuis mon arrivée au sporting de Charleroi.
11:19On s'est toujours super bien entendus.
11:21Par la suite, quand je rencontre d'autres anciens coéquipiers,
11:25on se salue parce qu'on a pris des directions différentes et des vies différentes aussi.
11:30En plus, Rock n'habite pas trop loin.
11:35Fabrice habite mon coin aussi, donc c'est beaucoup plus facile.
11:39Quand je croisais The Grey's, c'était toujours un plaisir de se saluer,
11:45de discuter du bon vieux temps d'Underlake ou de l'équipe nationale.
11:49Je croisais Gerd Verheyen, Franky Van Der Elst dans mon métier de consultant.
11:54Eux, c'étaient des adversaires et ça se passe toujours très bien.
11:58Peu importe qui je croise, on se salue.
12:03La vie est telle qu'on prend des directions différentes et c'est impossible de garder le contact.
12:11Jusque quand, Philippe Albert, dira Ségol ?
12:15Je pense que ça va vite aussi, le temps passe vite.
12:20Depuis 2004, je fais un peu ce métier de consultant.
12:25J'ai été ouvrier manutentionnaire aussi pendant 11 ans,
12:29donc ça passe relativement vite.
12:32Je vous l'ai dit, j'ai 57 ans.
12:34Je pense qu'aux abords de la soixantaine, voire soixanté-un,
12:38il sera temps de poser les gants.
12:43On va encore en profiter au moins 3-4 ans.
12:45C'est déjà ça pour nous.
12:47C'est gentil, merci.
12:48Philippe, j'avais d'abord une question.
12:50Le football a énormément changé.
12:52Vous incarnez le football à l'ancienne, en ayant joué dans les années 90.
12:56Comment vous voyez le football aujourd'hui ?
12:58On parle beaucoup de l'équipe nationale,
13:00mais quand vous voyez tous ces joueurs, vous arrivez encore à vous identifier à eux ?
13:06Oui, malgré tout, parce que je suis passé par là.
13:10Je sais qu'il y a un travail énorme qui doit être accompli pour atteindre ce niveau-là.
13:16Le football moderne, je ne vais pas dire que les règles ont changé.
13:19Si, les règles ont changé, évidemment.
13:21Mais le football a changé.
13:23Il était beaucoup plus direct, beaucoup plus dur à mon époque,
13:27et encore plus dur bien avant, dans les années 60-70.
13:30Ce qui m'ennuie un peu, c'est parfois les joueurs à peine touchés qui s'écroulent,
13:37que ce soit dans le rond central ou dans le grand rectangle.
13:41Dès le plus jeune âge, on leur explique que dès que vous sentez l'adversaire vous toucher,
13:47que ce soit au niveau des jambes, du dos, des épaules ou du torse, il faut tomber.
13:54C'est un peu dommage.
14:01Je ne suis pas nostalgique.
14:02J'adore le football actuel, mais je pense que c'était mieux avant malgré tout.
14:05C'était ma question.
14:06Aujourd'hui, quand vous voyez cette équipe nationale que vous suivez régulièrement,
14:10avec quels joueurs vous vous identifiez le plus ?
14:12Avec quels joueurs vous auriez peut-être aimé jouer aujourd'hui sur le terrain ?
14:17J'ai eu la chance de jouer avec des véritables stars à l'époque.
14:21Niles, De Grey, Clijsters, Prud'homme, Erwin Koeman.
14:26À Newcastle, avec Schirrer, Raspria, Ginola, sans parler de Peter Burtzley,
14:33qui était une véritable légende dans tous les clubs où il est passé.
14:37Je me rends compte de la chance que j'ai eue de suivre les Diables depuis plus de dix ans.
14:42C'était la génération dorée, comme on dit.
14:46Eden était le joueur, non pas à qui je m'identifie, loin de là.
14:53Ce n'est pas le même style de jeu.
14:55C'est le type de joueur qui me faisait lever dans la tribune de presse.
14:59Avec des matchs sensationnels, que ce soit à Lille, à Chelsea ou en équipe nationale.
15:05On ne parlera pas de l'épisode Madrilen.
15:08Je me souviens d'un match face à la Hongrie à l'Euro 2016,
15:11où il a dégoûté véritablement l'adversaire.
15:15Il nous a fait des prestations absolument sublimes.
15:21Difficile de faire mieux.
15:23Ce serait probablement un joueur défensif, si je devais m'identifier à quelqu'un.
15:29Pourquoi pas Vertonghen ?
15:34Comme Vincent Compagny, des joueurs qui, par leur longévité,
15:37inspirent beaucoup de solidité derrière.
15:40C'est ce que vous inspirez encore aux gens aujourd'hui.
15:42Oui, tout à fait.
15:43Vincent Compagny, c'était aussi le surdoué.
15:48Dès qu'il a mis les pieds en équipe première à Anderlecht,
15:51il a éclaboussé de ses qualités le monde footballistique belge et international.
16:02Parlons même pas de sa carrière à Hambourg ou à Man City.
16:05Si Vincent Compagny était encore en activité aujourd'hui,
16:07je m'identifierais probablement à lui, comme il ne l'est plus.
16:10Voilà, Vertonghen.
16:11Chapeau aussi à Yann, à son âge, le nombre de sélections qu'il a.
16:15L'envie qu'il montre encore avec Anderlecht depuis qu'il a rejoint le club.
16:20Les conseils prodigués à ses coéquipiers qui les font progresser.
16:23Je pense notamment à De Bast et à Sardella,
16:25qui ont profité de leur contact avec Vertonghen pour augmenter leur niveau de jeu.
16:31Chapeau.
16:32Ce sont tous des athlètes de très haut niveau qui font énormément de sacrifices.
16:35Nous aussi, mais le nombre de matchs, le rythme des matchs est beaucoup plus costaud maintenant.
16:40Chapeau à tous ces joueurs qui nous régalent à leur façon tous les week-ends.
16:49Philippe, pourquoi vous n'avez jamais été entraîneur ?
16:53Moi, j'ai toujours été un adepte de la stabilité, des contrats à longue durée.
16:58Parce qu'on ne sait jamais ce qui peut arriver le lendemain.
17:01Entraîneur, c'est un métier de fou.
17:03C'était déjà un métier de fou quand j'étais joueur.
17:06Je le voyais avec les différents entraîneurs que j'ai eus sous mes ordres.
17:10Que ce soit d'André Collas à mes débuts à Boskamp, à Anderlecht,
17:15voire à Peruzovic quand je suis revenu à Charleroi,
17:18sans parler d'Aglich et Kegan que j'ai eus en Angleterre.
17:23C'était déjà des métiers de fous qui prenaient énormément de temps.
17:26Vous n'êtes jamais à la maison et vous êtes sous pression tout le temps.
17:32Auparavant, une équipe qui perdait 5, 6 ou 7 matchs d'affilée,
17:36mais qui terminait la saison normalement,
17:38c'est-à-dire entre la 5e et la 10e ou la 12e place,
17:41les entraîneurs étaient certains de rester de longues années.
17:46On parlait même de Clubman au niveau des entraîneurs à une certaine époque.
17:50Et depuis plusieurs années, il y a une pression énorme financièrement.
17:55Financièrement, les enjeux sont beaucoup plus énormes aussi.
17:58Il y a moins de stabilité dans ce métier-là.
18:01Un jour, vous êtes le plus fort. Le lendemain, vous êtes le plus mauvais.
18:04On vous jette à la rue comme un malpropre.
18:06Ça, ce n'est pas pour moi. Désolé.
18:08Justement, tout à l'heure, on parlait de Kompany.
18:10Ça vous surprend de voir Kompany qui descend en championship avec Burnley
18:14et qui est covoité, enfin covoité, il va signer au Bayern Munich.
18:18Ça vous étonne ou pas du tout ?
18:20Au départ, ça m'étonnait.
18:22Après avoir lu que Guardiola l'avait conseillé au Bayern, ça m'étonne moins.
18:26Il ne faut pas oublier que Vincent Anderlecht a fait un travail énorme
18:29avec moins de moyens que Riemer.
18:31Il a terminé deux fois dans le top 4 et est finaliste de la Coupe.
18:34Il a fait une saison en championship avec Burnley historique à tous les niveaux.
18:38Au niveau des points, des buts marqués, des buts encaissés.
18:41Cette saison, ça a été un peu plus difficile
18:43parce que la Première Ligue, c'est le meilleur championnat du monde.
18:48Il faut l'aborder avec beaucoup de qualité.
18:53Il en avait peut-être moins.
18:55Son gardien et ses défenseurs l'ont laissé tomber dans certains matchs
18:58sans quoi il aurait pu se maintenir.
19:00Ce qui aurait été historique aussi.
19:03Sur les conseils de Guardiola, le Bayern a décidé de le prendre.
19:09Il a raison de tenter la chance.
19:11Le train ne passe qu'une fois, comme on dit.
19:13Quand le Bayern vient sonner à votre porte, c'est impossible de refuser.
19:17Je lui souhaite bonne chance, comme on dit dans le genre.
19:21Dernière question, Philippe.
19:23Est-ce que dans votre carrière, vous vous êtes dit
19:25« j'ai raté ce transfert-là » quand on parle du Bayern ?
19:28Est-ce qu'il y a un transfert où vous vous dites « j'ai raté le coach ? »
19:31Non, à ce niveau-là, je n'ai aucun regret.
19:33J'ai franchi les paliers comme je devais le faire.
19:35Charles Roy, Malen, Anderlecht, Newcastle.
19:38J'ai toujours progressé grâce à l'apport de mes coéquipiers,
19:42grâce à leurs bons conseils.
19:44Ça m'a permis d'atteindre un niveau que je ne pensais jamais atteindre
19:49quand j'avais 16 ans et que je débutais en équipe première à Bouillon.
19:52Non, il faut respecter ses choix.
19:56Il faut les accepter.
19:58J'aurais pu partir, c'est vrai, à la Fiorentina, à Benfica.
20:02On en parle dans le bouquin.
20:04Mais je voulais d'abord m'affirmer au niveau belge,
20:07avoir un CV, une carte de visite, un palmarès.
20:11La Coupe du Monde 1994 m'a permis de réaliser
20:15que je pouvais atteindre un plus haut niveau que celui d'Anderlecht.
20:18Newcastle était l'endroit rêvé pour m'affirmer à ce niveau-là
20:22avec un entraîneur exceptionnel, Kevin Keegan,
20:25qui pratiquait un football exceptionnel.
20:28On n'a pas été champions d'Angleterre.
20:30C'est un peu dommage.
20:32Mais quand vous terminez deuxième derrière cette équipe de Manchester United
20:35qui, à l'époque, était la meilleure du monde,
20:37croyez-moi, ça vaut tous les trophées.
20:39Un tout grand merci, Philippe Albert.
20:41Je vous conseille vraiment ce bouquin.
20:43Je vous le dis bordel.
20:45Aux éditions Chronica, il y a toute votre histoire.
20:48Ça se lit facilement.
20:51C'est agréable et surtout avec une personne comme vous,
20:53je le dis ouvertement,
20:55c'est agréable de vous côtoyer au quotidien,
20:57en tant que consultant, etc.
20:59Vous êtes toujours disponible, Philippe Albert.
21:01Je vous remercie pour tout cela.
21:03Nous, on se retrouvera évidemment bientôt
21:05et on retrouvera tous les conseils et toutes les analyses de Philippe Albert
21:08sur aussi bien sudinfo.be que lesoir.be.
21:12Merci à vous.

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