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Politique française d’expérimentation nucléaire : M. Tevaearai Puarai, président de l’association Moruroa e tatou et M. Tamatoa Tepuhiarii, chargé des relations internationales

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00:10:30Bonjour.
00:10:36Monsieur le président et monsieur le chargé des Relations internationales
00:10:44Merci d'être à notre rendez-vous.
00:10:46Chers collègues ici à Paris,
00:10:52nous faisons cette audition un peu plus tard que les autres
00:10:54pour tenir compte, bien évidemment, du décalage
00:10:56avec Mme La Rapporteur qui est à mes côtés
00:10:58avec Mme la rapporteure qui est à mes côtés,
00:11:00d'accueillir les représentants de l'association Moruroa Etatu.
00:11:04Tout d'abord, M. Tevae Arayepuaray.
00:11:09Excusez-moi pour la prononciation.
00:11:11Son président.
00:11:14Et M. Tamatoa Tepuiari,
00:11:18chargé des Relations internationales.
00:11:21Merci à vous deux d'avoir accepté notre invitation
00:11:23à vous exprimer devant cette commission.
00:11:28Votre audition, messieurs, a pour objectif
00:11:31de préciser les positions et les revendications
00:11:34de votre association et de recueillir aussi votre analyse
00:11:37de la prise en charge actuelle des conséquences
00:11:39des essais nucléaires menés en Polynésie
00:11:41entre 1966 et 1996.
00:11:44Nous attendons notamment de vous que vous puissiez partager
00:11:47avec nous votre analyse du dispositif d'indemnisation
00:11:50des victimes des essais nucléaires
00:11:52et plus largement, si vous voulez bien,
00:11:54du fonctionnement du CIVEN.
00:11:57J'aimerais notamment savoir, en ce qui me concerne,
00:11:58si, d'après votre expérience,
00:12:01les Polynésiens sont nombreux à renoncer
00:12:03à déposer une demande d'indemnisation
00:12:05alors qu'ils estiment souffrir d'une maladie radio-induite
00:12:08et, le cas échéant, pour quelle raison
00:12:10ils ne constituent pas cette demande d'indemnisation.
00:12:14Je souhaiterais également que vous puissiez nous donner
00:12:16votre avis sur la liste des 23 maladies radio-induites,
00:12:20les 23 cancers reconnus par le décret
00:12:23du 15 septembre 2014,
00:12:25et nous expliquer aussi votre position
00:12:28sur l'introduction dans la loi
00:12:30du seuil d'un milicivère d'exposition.
00:12:34Voilà, avoir votre avis sur ces sujets.
00:12:37Un questionnaire vous a été remis par Mme la rapporteure
00:12:40et donc, toutes les questions qui seront évoquées ce soir,
00:12:42bien évidemment, ne seront pas exhaustives.
00:12:45C'est pourquoi je vous invite à nous communiquer par courrier
00:12:48ultérieurement toutes les réponses écrites,
00:12:50mais aussi tous les éléments que vous jugerez utiles
00:12:53de porter à notre connaissance,
00:12:54notamment après cette audition.
00:12:57Voilà.
00:13:00Avant de vous passer la parole pour une intervention liminaire
00:13:02de 10 minutes environ,
00:13:05qui précédera notre échange sous forme de questions,
00:13:09je vous remercie tout d'abord de nous déclarer
00:13:13tout autre intérêt public ou privé de nature
00:13:15à influencer vos déclarations,
00:13:18car je vous rappelle que l'article 6 de l'ordonnance
00:13:20du 17 novembre 1958,
00:13:22relative au fonctionnement des assemblées parlementaires,
00:13:26impose aux personnes auditionnées par une commission d'enquête
00:13:29de prêter serment et donc de dire la vérité.
00:13:32Toute la vérité et rien que la vérité.
00:13:35Je vous invite donc, M. le Président
00:13:38et M. le chargé des Relations internationales
00:13:41à lever la main droite, tous les deux,
00:13:43de manière visible,
00:13:45puisque vous êtes en visioconférence,
00:13:47s'il vous plaît,
00:13:48et de dire, je le jure...
00:13:53Je le jure.
00:13:54Je le jure.
00:13:56Très bien. Je vous remercie. Donc, je vous donne la parole.
00:13:58Vous avez environ 10 minutes et après, je donnerai la parole
00:14:01à Mme la rapporteure pour une première série de questions.
00:14:04Merci. Allez-y.
00:14:08Merci, M. le Président.
00:14:09Merci, Mme la rapporteure, pour cette invitation, déjà,
00:14:13et pour l'occasion de pouvoir s'exprimer
00:14:16au-devant de la commission d'enquête
00:14:19dans le cadre de cette audition.
00:14:21Donc, j'imagine que les auditions précédentes
00:14:26ont déjà mentionné beaucoup d'éléments
00:14:28qui rejoignent entièrement la position
00:14:31aussi de l'association Muruwai Tato.
00:14:34Mais j'aimerais quand même faire le portrait rapidement
00:14:37de l'association,
00:14:39si vous me le permettez.
00:14:41Donc, l'association Muruwai Tato, créée en 2001,
00:14:44donc, depuis maintenant très longtemps,
00:14:4823 ans, ce n'est pas rien.
00:14:50C'est 23 ans de militantisme
00:14:52et 23 ans aussi d'affirmation et de conviction
00:14:55que Maorinui et le peuple maori ont été contaminés
00:15:00et continuent encore à l'être jusqu'à aujourd'hui
00:15:03et pour les générations futures.
00:15:04Donc, l'association Muruwai Tato s'inscrit dans une démarche
00:15:08d'éveil des consciences,
00:15:10de décolonisation aussi des pensées.
00:15:13En tout cas, c'est la démarche que nous avons adoptée
00:15:16depuis quelques années maintenant,
00:15:18avec la nouvelle équipe
00:15:21qui est venue en force au niveau de sa jeunesse.
00:15:25Je pense que ça se voit,
00:15:27et je l'espère que ça se voit,
00:15:29que c'est une équipe jeune, dynamique et surtout engagée.
00:15:35Je tiens à le préciser puisque souvent la jeunesse
00:15:37est associée à une jeunesse ignorante
00:15:40et nous sommes là aussi pour dire
00:15:42que la jeunesse n'est pas de l'ignorance,
00:15:45mais elle a soif de savoir
00:15:47et elle a soif de ses connaissances,
00:15:49de connaître son histoire
00:15:50et de se lever pour son peuple et pour son pays.
00:15:54Donc, l'association Muruwai Tato accompagne
00:15:57depuis ses prédécesseurs,
00:16:00depuis mes prédécesseurs,
00:16:02donc, Oldham, Barrio, John Doome,
00:16:05qui sont les piliers de l'association.
00:16:07Nous, nous sommes venus avec la nouvelle génération
00:16:10continuer le combat et puis accompagner toujours
00:16:13les familles victimes des essais nucléaires français,
00:16:17mais nous ne sommes pas restés sur l'accompagnement,
00:16:20mais surtout sur l'éveil et l'information.
00:16:23Sensibiliser, informer notre nouvelle génération
00:16:26et surtout la génération future fait partie de nos priorités
00:16:30et nos actions aussi sont axées sur ces deux priorités,
00:16:34c'est-à-dire accompagner, oui, les familles victimes,
00:16:36donc les anciens travailleurs, comme ça a été le cas
00:16:39pendant tant d'années avec nos piliers,
00:16:42mais aussi aujourd'hui avec la nouvelle génération,
00:16:44la nouvelle équipe, d'accompagner, d'informer,
00:16:47de sensibiliser nos jeunes, nos enfants
00:16:50sur cette histoire tragique pour ne pas qu'elle soit oubliée,
00:16:54mais surtout pour qu'elle puisse nous aider à nous reconstruire
00:16:58et à construire notre futur de demain.
00:17:01Donc, ça fait partie de nos priorités
00:17:03à l'association Muruwai Tato
00:17:05et je suis ravi de travailler avec une équipe aussi engagée
00:17:09que celle que nous avons aujourd'hui
00:17:11et de pouvoir travailler aussi avec des institutions
00:17:14qui sachent écouter, pas seulement entendre,
00:17:18mais écouter réellement les doléances, les besoins
00:17:22et surtout les attentes,
00:17:25les attentes à la fois des associations antinucléaires
00:17:28de Maorinui,
00:17:29mais aussi des confessions religieuses
00:17:33qui portent le message haut et fort
00:17:35et qui n'ont pas peur de le porter
00:17:37et nous espérons pouvoir travailler main dans la main
00:17:41sachant qu'en parlant de vérité,
00:17:43justement, on faisait la partie où je le jure,
00:17:48donc, symbole de vérité et de justice,
00:17:51l'association Muruwai Tato
00:17:53est entièrement fondée sur ces principes
00:17:56de vérité et de justice.
00:17:58« Te promo et te protia »,
00:18:00comme on le dit dans notre langue,
00:18:02et ça fait partie de nos vecteurs qui guident l'association,
00:18:05mais aussi ses membres, ses adhérents et ses partisans.
00:18:09En quelques mots.
00:18:18Très bien. Merci pour cette présentation.
00:18:21Est-ce que vous pouvez répondre aux questions
00:18:23que j'ai soulevées dans mon propos liminaire
00:18:26pour entrer tout de suite dans le vif du sujet ?
00:18:28Notamment, je vais vous poser la question
00:18:31sur quel est votre regard
00:18:33sur le fonctionnement du CIVEN.
00:18:37Votre analyse de dispositifs d'indemnisation
00:18:39des essais nucléaires.
00:18:41Nous dire aussi pourquoi, selon vous,
00:18:43autant de Polynésiens ont renoncé
00:18:47à déposer un dossier.
00:18:50Voilà. Nous dire aussi,
00:18:52qu'est-ce que vous pensez du seuil d'exposition
00:18:54de 1 millisievert pour pouvoir bénéficier
00:18:57de l'indemnisation ?
00:18:58Voilà. Nous vous écoutons.
00:19:02Alors, concernant le CIVEN,
00:19:05concernant le CIVEN, l'association,
00:19:07en tout cas le nouveau comité, a rencontré le président
00:19:09ainsi que son médecin en charge de l'inspection des dossiers
00:19:13au mois de décembre 2023.
00:19:16Donc encore très récemment.
00:19:18Ça fait partie des nombreuses rencontres
00:19:20que le nouveau comité s'est engagé à faire.
00:19:24Et dans cette rencontre,
00:19:26nous avons bien évidemment soulevé les doléances
00:19:29de nos membres.
00:19:31C'est-à-dire que la difficulté déjà
00:19:34à monter le dossier,
00:19:36sachant que dans la conception, en tout cas,
00:19:40polynésienne du Maoui,
00:19:43qui est très limitée dans ce type de démarche,
00:19:47puisque ça demande énormément d'efforts
00:19:50et surtout, l'accès à ces données
00:19:53est très difficile.
00:19:55Il y a très peu d'accompagnement,
00:19:57très peu de facilité à monter le dossier.
00:20:01Et nous regrettons un peu
00:20:04cette lourde charge administrative
00:20:08qui peut dissuader,
00:20:09en tout cas qui décourage énormément
00:20:12de demandeurs d'administration victime du nucléaire français
00:20:15à finaliser leur dossier.
00:20:18L'association, bien évidemment,
00:20:20fait de son mieux pour les accompagner,
00:20:23pour faciliter un peu les démarches.
00:20:25Mais nous trouvons regrettable, justement,
00:20:27que ce ne soit pas fait en amont.
00:20:30C'est-à-dire que de permettre à ces personnes,
00:20:32ces familles, de monter aisément leur dossier
00:20:35pour qu'ils puissent accéder
00:20:39à la réparation entière du préjudice
00:20:42au travail de l'indemnisation.
00:20:44Ce que je peux ajouter par rapport à ce que TVR a mentionné
00:20:48vis-à-vis à votre question sur le renoncement
00:20:51du dépôt des dossiers,
00:20:53c'est vrai que la procédure administrative est une chose.
00:20:56Il faut aussi souligner le temps de procédure,
00:20:58c'est-à-dire au moment où nous construisons le dossier
00:21:01jusqu'à l'étude du dossier au sein du CIVEN
00:21:06et la réponse du CIVEN
00:21:09jusqu'à la partie juridique, etc.
00:21:12Dans tous ces points-là, le temps de procédure
00:21:16est important,
00:21:19mais la question est, là où nous nous interrogeons
00:21:24et là où nous nous préoccupons
00:21:26pour les personnes qui déposent leurs dossiers,
00:21:28est-ce que cela ne décourageait pas ou ne participerait pas
00:21:31au découragement des personnes à vouloir déposer leur dossier ?
00:21:38On peut aussi souligner
00:21:42la pratique de la langue,
00:21:43le point que majoritairement,
00:21:45les dossiers d'indemnisation sont rédigés en français,
00:21:48sachant que la majorité des maoïs
00:21:55pratiquent leur langue natale, taïtienne et autres dialectes,
00:21:59et comment cela participerait au renoncement du dépôt de dossier.
00:22:06Donc, peut-être envisager
00:22:09une procédure administrative beaucoup plus allégée,
00:22:12beaucoup plus intégrante par rapport à la langue.
00:22:17Et voilà, quelques points.
00:22:21Sachant que pour compléter un peu cette dernière partie
00:22:23énoncée par Tamato pour les formulaires en français et réaux,
00:22:28sachant qu'il y a quelques années, on avait soulevé ça au CIVEN,
00:22:32qu'il y avait justement des formulaires en réaux
00:22:35qui étaient mis à disposition des demandeurs,
00:22:37donc à la fois pour les victimes et à la fois pour les ayants droit.
00:22:41Aujourd'hui, elles n'existent plus
00:22:43et nous avons demandé à ce qu'elles soient remises au bout du jour.
00:22:48Et surtout, la volonté qu'on a énoncée aussi, formulée,
00:22:51de rapprocher le CIVEN du lieu où il y a eu les...
00:22:56de rapprocher auprès du peuple maori,
00:22:59c'est-à-dire de mettre en place une structure du CIVEN
00:23:05au sein même de la Polynésie,
00:23:06que ce soit traité pour faciliter la démarche
00:23:10et surtout le rapport aux victimes.
00:23:14Et pourquoi pas dans les archipels ?
00:23:17Si on peut donner une dernière analyse sur les formalités du CIVEN,
00:23:23sur les procédures exécutées par le CIVEN,
00:23:25il est vrai, et ça, ça a déjà été rappelé, je pense,
00:23:28par les associations ou les personnes précédentes auditionnées,
00:23:31que les caractéristiques d'indemnisation sont très limitées
00:23:36en termes de lieu, en termes de temps et en termes de maladie,
00:23:41et ils nécessitent de pouvoir être étendus,
00:23:46d'étendre ces caractéristiques.
00:23:50Sur la notion de 1 millisievert, pour répondre à la question,
00:23:54sur la notion de 1 millisievert,
00:23:57j'imagine que les deux autres associations,
00:24:00193 et Tamarimorivoa, l'ont très bien soulevé également.
00:24:05Ça fait partie des limites qui met un frein
00:24:10à l'instruction des dossiers,
00:24:12en tout cas à la prise en compte de toutes ces victimes
00:24:16qui ne demandent que réparation.
00:24:18C'est un frein qu'il faut encore revoir,
00:24:22puisque depuis son adoption,
00:24:25ça a entraîné,
00:24:31la conséquence qui a été soulevée après son adoption,
00:24:35c'est le manque de dossiers,
00:24:37en tout cas le trop peu de dossiers qui passaient
00:24:39qui étaient favorables à l'indemnisation.
00:24:41C'est encore une notion à revoir pour cette partie.
00:24:47Madame la rapporteure a des questions à vous poser.
00:24:50Je lui laisse la parole.
00:24:52Mme Nerea Bertelot, pardon.
00:24:55Merci Maruru d'avoir répondu à notre invitation
00:25:02et de répondre à nos questions.
00:25:04Je vais d'abord rebondir sur le CIVEN
00:25:08et ensuite j'aurai des questions un peu plus générales à vous poser.
00:25:12Pour que tous les auditeurs et mes collègues
00:25:17qui sont là ou qui vont réécouter votre audition,
00:25:22le CIVEN, finalement, est-ce qu'il a une antenne à Tahiti ou pas ?
00:25:27Est-ce que la mission qui a été mise en place par l'État
00:25:32en 2000, récemment,
00:25:35qui aide les personnes à constituer des dossiers,
00:25:39est-ce qu'eux aussi sont un relais du CIVEN ou pas du tout ?
00:25:42J'aimerais que vous expliquiez, en tout cas selon vos connaissances,
00:25:46le fonctionnement de cette mission
00:25:48et est-ce que vous trouvez que le nombre de dossiers
00:25:52instruits par cette mission,
00:25:54est-ce que ça a pu aider les personnes et aussi les associations ?
00:25:58Est-ce que ça a pris un peu le relais de votre activité
00:26:02d'assistance, en tout cas d'aide aux malades ?
00:26:07Merci.
00:26:10Concernant la première question sur l'antenne,
00:26:12est-ce qu'il existe une antenne à Tahiti du CIVEN ?
00:26:15Non, clairement, il n'y a aucune antenne.
00:26:18C'est ce qu'on déplore depuis des années,
00:26:22c'est-à-dire de faciliter cette démarche, en tout cas,
00:26:24d'aller vers la population, vers le peuple,
00:26:28victime des essais nucléaires français.
00:26:30La moindre des choses serait de s'implanter au moins
00:26:33proche de ces victimes.
00:26:35Malheureusement, aujourd'hui encore, on n'en est pas là.
00:26:38On espère que demain, ce sera mis en place.
00:26:43Concernant la mission de l'État,
00:26:45si c'est bien ça la question,
00:26:48ou la mission à l'hiver mis en place par l'État
00:26:51au commissariat,
00:26:53je pense que les meilleurs placés à répondre à ces questions
00:26:57seraient les missionnaires de cette délégation de l'État.
00:27:01Néanmoins, nous les avons rencontrés il n'y a pas très longtemps.
00:27:06Ils continuent de mener la mission d'aller vers les foyers
00:27:10pour monter des dossiers.
00:27:12Ce que j'ai retenu, en tout cas, comme élément important,
00:27:15que ce soit pour eux, mais aussi pour les associations,
00:27:18mais aussi pour le CIVEN,
00:27:21c'est le fait d'avoir mis en avant la jeunesse polynésienne
00:27:26qui maîtrise la langue,
00:27:28qui maîtrise les langues polynésiennes,
00:27:30et qui a mis en avant la jeunesse polynésienne
00:27:34et qui permet de faciliter l'approche
00:27:37qu'ils ont avec les victimes polynésiennes.
00:27:41Donc ça, ils l'ont mis en avant,
00:27:43et c'est exactement les atouts aussi de l'association Murue Tato,
00:27:48puisque nous, dans l'association, nous maîtrisons notre langue
00:27:51et nous sommes fiers de le dire,
00:27:53que nous avons la maîtrise de la langue aussi
00:27:55pour permettre de faciliter l'accompagnement
00:27:57de nos victimes polynésiennes.
00:27:59Maintenant, par rapport à la deuxième question,
00:28:01si cette indemnisation est de les personnes
00:28:03indemnisées ou les personnes reconnues victimes,
00:28:08je pense que nous n'avons pas eu encore l'opportunité
00:28:11d'avoir des retours de témoignages de leur part,
00:28:14mais si nous pouvons fournir une analyse
00:28:20peut-être extérieure et critique,
00:28:22nous nous interrogeons sur l'indemnisation
00:28:27faite par le CIVEN,
00:28:29peu importe l'indemnisation financière,
00:28:32l'indemnisation financière, le montant financier affecté
00:28:36ou donné ou justifié
00:28:41pour telle et telle personne indemnisée,
00:28:44la réflexion que nous faisons est
00:28:47en quoi une indemnisation financière
00:28:50permettrait à la guérison de ces malades,
00:28:54et est-ce que l'indemnisation financière
00:28:57justement participe à cette guérison,
00:28:59et pourquoi pas remodeler
00:29:04ou revoir un autre type d'indemnisation,
00:29:07non simplement financière,
00:29:08parce que si nous parlons d'indemnisation financière,
00:29:11bien sûr que ça va aider le monde de vie des familles,
00:29:15bien sûr que ça va aider toutes ces personnes,
00:29:18mais est-ce que ça les aide à payer leur suivi médical,
00:29:23qui coûte peut-être très cher,
00:29:25un suivi médical qui est pris en charge par la CPS d'une part,
00:29:28mais d'autre part, est-ce que ça les permet à pouvoir guérir ?
00:29:31Donc ça, c'est une interrogation que nous nous faisons
00:29:36par rapport à cette indemnisation.
00:29:39Merci, Tama.
00:29:40Toi, vous avez raison de spécifier un petit peu cet aspect-là.
00:29:45C'est vrai qu'on se focalise beaucoup sur l'indemnisation,
00:29:48c'est-à-dire l'argent, en fait,
00:29:50mais il faut parler de reconnaissance,
00:29:53de prise en charge et d'indemnisation.
00:29:56Ce sont trois choses qui doivent être quand même mentionnées.
00:29:59Alors, à vous de nous dire,
00:30:01est-ce que vous pensez qu'une malade,
00:30:04avant d'obtenir le statut de victime,
00:30:07est-ce que le fait d'être reconnue victime...
00:30:10Non, on ne parle pas seulement d'argent,
00:30:12mais le fait d'être reconnue victime aide la personne
00:30:18et peut-être aussi sa famille ?
00:30:20Quels sont les retours que vous avez eus
00:30:22des personnes qui ont été reconnues victimes ?
00:30:25Je ne parle pas que de l'indemnisation, du coup.
00:30:31Alors, déjà, le terme victime est très lourd à porter
00:30:38pour ces personnes.
00:30:40L'association s'est engagée à une nouvelle dimension
00:30:45de ce préjudice,
00:30:46c'est-à-dire qu'on ne parle plus trop de victimisation,
00:30:49mais beaucoup de survivants,
00:30:52qui permet d'apporter un regard différent
00:30:56sur les personnes que nous accompagnons,
00:30:59des survivants des essais nucléaires français,
00:31:02qui permet justement de...
00:31:04En tout cas, c'est une vision qui est adoptée aussi au Japon
00:31:07pour les...
00:31:09Enfin, on s'appelle victimes, mais aujourd'hui survivants
00:31:12du nucléaire.
00:31:14Et c'est sûr que la monétisation de ce préjudice
00:31:18ne suffit pas à guérir le mal-être psychologique,
00:31:23physique de ces personnes.
00:31:26Et c'est là l'importance de l'accompagnement
00:31:29de l'association, qui ne fait pas seulement
00:31:32de l'accompagnement administratif ou juridique,
00:31:35mais beaucoup d'accompagnement psychologique.
00:31:38Et c'est le travail qui est mené par notre agent
00:31:42de permanence, mais aussi par nos comités d'arrondissement
00:31:47qui est dans la discussion.
00:31:49La première démarche, c'est la discussion, l'échange,
00:31:53limite dans un format d'entretien avec la personne,
00:31:56un entretien privilégié,
00:31:58avant d'aborder la partie indemnisation.
00:32:02Et ça, c'est important pour l'association.
00:32:07Justement, par rapport à ces entretiens
00:32:10que vous pouvez avoir avec des personnes
00:32:12qui, à un moment ou à un autre, ont été victimes,
00:32:15comment vous touchez ces personnes ?
00:32:16Est-ce qu'elles viennent vers vous spontanément ?
00:32:18Parce qu'on a vu que la diffusion d'informations
00:32:21était primordiale et que tout le monde, justement,
00:32:25et notamment compte tenu de la configuration géographique
00:32:28de la Polynésie, n'avait pas accès à l'information.
00:32:31Comment vous faites, vous, pour aller au-devant des personnes ?
00:32:38Nous avons plusieurs méthodologies.
00:32:39La première est l'accueil des personnes
00:32:43au sein du bureau de permanence
00:32:46situé à Paufei.
00:32:47Donc, naturellement,
00:32:49les personnes qui veulent constituer
00:32:51leur dossier d'indemnisation
00:32:53ou avoir davantage d'informations sur les essais nucléaires
00:32:56se rendent dans le bureau de permanence à Paufei, d'une part.
00:33:00D'autre part, grâce à l'intervention
00:33:02de nos différents comités
00:33:04situés dans différents archipels de Mahogany,
00:33:07nous avons aussi l'opportunité,
00:33:08ces comités ont l'opportunité d'aller vers ces familles
00:33:11et, justement, de recueillir des témoignages,
00:33:14de partager un moment avec eux.
00:33:16Et je pense que c'est un point que nous avons pas encore précisé,
00:33:20c'est celui de la honte, c'est celui du silence
00:33:23et comment ces types d'approches
00:33:27dans nos différentes communautés, dans les différentes îles,
00:33:30permettent de briser ce silence,
00:33:35briser cette honte et de favoriser la discussion.
00:33:40Donc, je pense que ce n'est pas une méthodologie
00:33:43que nous, simplement, en tant qu'association Moro-Etato,
00:33:46nous l'appliquons,
00:33:47mais nous reconnaissons aussi que les autres associations le font.
00:33:50Nous reconnaissons aussi que les autres institutions
00:33:53qui sont dans cette démarche,
00:33:56pas simplement anti-nucléaire,
00:33:57mais dans cette démarche de pouvoir monter un dossier d'indemnisation,
00:34:02passent des temps privilégiés avec ces personnes.
00:34:06Et justement, c'est ce que nous faisons.
00:34:08Donc, nos différents comités ont l'opportunité
00:34:12de partager ces moments avec ces personnes
00:34:14pour pouvoir se réconcilier
00:34:18avec soi-même, avec son histoire
00:34:20et récolter des différents témoignages.
00:34:27J'ai une autre question. On laisse la parole à Méréna.
00:34:33Est-ce que vous avez des relations ou des contacts
00:34:36avec la Commission constitutionnelle de suivi
00:34:38des conséquences des essais nucléaires ?
00:34:42Oui, j'ai cette commission, pardon.
00:34:47Est-ce que vous pouvez...
00:34:48Oui, la Commission consultative de suivi des conséquences
00:34:51des essais nucléaires.
00:34:53Une commission qui a été mise en place après la loi Morin,
00:34:57qui est composée de 19 membres, dont Emma Tailly, le gaïque, d'ailleurs,
00:35:01et qui est une commission qui doit se réunir normalement
00:35:05deux fois par an, c'est pas sûr qu'elle le fasse,
00:35:08et qui est justement l'instance pour, comme son nom l'indique,
00:35:12suivi de conséquences des essais nucléaires.
00:35:17Mais bon, votre silence est éloquent.
00:35:21Exactement.
00:35:25En tout cas, c'est des commissions auxquelles...
00:35:28Il y a eu des regrets aussi sur ces commissions
00:35:32qui n'ont pas été tenues depuis quelques années.
00:35:36En tout cas, nous espérons être tenus informés
00:35:39de l'évolution des avancées de cette commission,
00:35:42puisqu'il ne faut pas l'oublier aussi que Morwai Tato,
00:35:46avec nos prédécesseurs,
00:35:47est l'association antinucléaire pilier, en tout cas dans ce domaine,
00:35:53et que nous espérons que Morwai Tato ne sera pas mise à l'écart.
00:36:00Oui, alors, effectivement,
00:36:02un petit peu de détails sur cette commission
00:36:06qui ne s'est pas réunie, je vous rassure, depuis 2021.
00:36:10Et elle n'a jamais tenu le rythme de deux réunions biannuelles.
00:36:15Donc, voilà, chaque association, et Morwai Tato notamment,
00:36:21ont leur siège à cette commission.
00:36:24Donc, notamment lors de la table ronde que j'ai menée
00:36:27le 19 janvier, et j'ai eu l'occasion d'y participer.
00:36:31Le 19 janvier, la ministre avait promis de réunir la commission
00:36:35au premier trimestre 2024.
00:36:38Ça n'a pas été fait, mais en tout cas, on va faire attention
00:36:42à ce que ça soit fait le plus rapidement possible,
00:36:44et vous allez avoir, du coup, des nouvelles de cette commission,
00:36:48j'espère, sous peu.
00:36:51Moi, je voulais revenir sur les profils,
00:36:55sur les personnes, en fait, que vous avez peut-être déjà rencontrées
00:37:00ou qui viennent vous rencontrer,
00:37:02ou celles que Morwai Tato a aidées,
00:37:06en tout cas, a soutenues dans leur démarche,
00:37:10pour savoir s'il y a des profils types,
00:37:13ou quels sont les différents types de personnes,
00:37:16dans l'approche, dans l'approche qu'ils ont de leur démarche,
00:37:21de, alors, pas forcément d'adamnisation,
00:37:25mais en tout cas de réparation.
00:37:28J'ai retenu aussi que vous avez parlé de honte.
00:37:32J'aimerais que vous en disiez plus, en fait, à la commission,
00:37:34pourquoi certaines personnes ont ce sentiment de honte,
00:37:40et puis, surtout, les différents sentiments
00:37:42que peuvent, que vous ont exprimés
00:37:45les personnes qui ont eu besoin de l'association.
00:37:51Alors, merci pour cette question.
00:37:53Je pense que c'est la première concernant un profil type.
00:37:56Bon, je pense qu'une des caractéristiques du profil type,
00:37:59c'est bien sûr un maori, un autochtone,
00:38:06parce que les explosions nucléaires, en général,
00:38:10ont touché majoritairement des peuples autochtones.
00:38:15Donc, on considère cela comme une des caractéristiques principales.
00:38:21Ensuite, deuxième, la majorité d'entre eux
00:38:28ont un lien parenté avec un parent, un grand-père ou autre,
00:38:35et ont travaillé sur les sites nucléaires,
00:38:38ou bien dans des administratives
00:38:41ou dans des institutions relatives aux sites nucléaires.
00:38:46Le troisième point, la troisième caractéristique
00:38:48que nous pouvons prendre en compte,
00:38:51c'est bien sûr des personnes atteintes de maladies radio-induites,
00:38:55ou bien de maladies radio-induites
00:38:57pas encore reconnues parmi la liste des 23 maladies,
00:39:01comme par exemple le cancer du prostate.
00:39:04Donc, ce sont les principales caractéristiques
00:39:06que nous pourrons fournir pour le moment.
00:39:08Maintenant, en termes de honte,
00:39:11je pense que c'est une notion à prendre en compte dans le sens où...
00:39:18Si on remet dans le contexte des essais nucléaires,
00:39:22des explosions nucléaires ici à Ma'anginui,
00:39:27la plupart d'entre eux, la plupart de nos parents ou de nos ancêtres
00:39:33ont ce sentiment de culpabilité d'avoir participé.
00:39:38Et comment nous considérons ce sentiment de culpabilité
00:39:44après l'action ou après cette intégration
00:39:51au sein des sites nucléaires
00:39:53ou au sein de cette organisation autour du nucléaire.
00:39:57Et comment aujourd'hui cela les impacte émotionnellement,
00:40:00psychologiquement,
00:40:02et surtout par rapport à la théorie des essais propres.
00:40:07Donc, le changement de discours qu'il y a eu entre les essais propres
00:40:11et aujourd'hui la reconnaissance des conséquences environnementales
00:40:14et sanitaires,
00:40:15et le sentiment personnel de se sentir coupable d'avoir participé
00:40:20ou d'être plus ou moins responsable par rapport à cela.
00:40:24Maintenant, si on peut pousser la réflexion,
00:40:26nous pouvons aussi parler de la notion de mutisme
00:40:31propre à la communauté maorite,
00:40:36dans le sens où nous ne parlons pas forcément de nos sentiments
00:40:40et nous préférons les garder pour soi.
00:40:45Et comment cette notion de mutisme a aussi un impact
00:40:49ou peut-être aussi est relationnée à cette notion d'entre-entre-entre.
00:40:56En quelques mots.
00:41:01Merci.
00:41:02J'avais une question pour ma part.
00:41:07Votre association, alors je ne sais pas si vous, à l'époque,
00:41:09vous étiez aux responsabilités de l'association,
00:41:12mais en 2021, votre association a réagi très brutalement
00:41:17à la publication de l'expertise collective de l'Inserm.
00:41:20Je cite, je reprends les mots, pathétique, lamentable, inadmissible.
00:41:24Pouvez-vous expliciter à la commission
00:41:27les reproches que vous formulez sur cette étude,
00:41:32s'il vous plaît, si vous pouviez développer ?
00:41:36Oui, alors, ce sont des propos tenus par mon prédécesseur,
00:41:40si je ne me trompe pas, Hiroté Fariré.
00:41:42Donc, pour avoir plus d'informations sur ce sujet,
00:41:44il faudra lui poser la question à lui,
00:41:47parce que je ne vais pas m'avancer sur ces propos qu'il a tenus lui
00:41:51et qu'il n'y a pas eu, en tout cas, de passation, clairement.
00:41:58Pour être honnête, il n'y a pas eu de passation.
00:42:00La nouvelle équipe est venue et nous avons repris,
00:42:03avec les éléments que nous avons eus,
00:42:05avec la volonté et l'engagement que nous avons eus.
00:42:09Et voilà, je ne vais pas m'avancer sur des propos,
00:42:12en tout cas, c'est un terrain qui...
00:42:18Est-ce que vous avez néanmoins un avis sur cette étude ?
00:42:23Ce sont des politiques de l'Inserm,
00:42:25c'est une doléance que nous avons soulevée à plusieurs reprises,
00:42:31cette volonté de mener des études, en tout cas, suivies,
00:42:36menées par un organisme indépendant.
00:42:39Aujourd'hui, nous n'avons pas encore eu de réponse sur ce point-là.
00:42:47En tous les cas, c'est une volonté,
00:42:49que ce soit à la fois au niveau du civil,
00:42:52mais aussi des organismes scientifiques,
00:42:56des laboratoires indépendants.
00:42:59C'est un point que nous soulevons à maintes reprises,
00:43:03que les études sont menées par des organismes indépendants.
00:43:07Voilà, et je pense que madame la rapporteure
00:43:11est tout à fait d'accord avec ça.
00:43:22Ça rejoint une question que je voulais vous poser.
00:43:25Qu'est-ce que vous vous attendez de cette commission ?
00:43:30On pose cette question à beaucoup de nos interlocuteurs,
00:43:34mais en même temps, c'est intéressant de vous la poser,
00:43:36puisque je ne sais pas quel âge vous avez,
00:43:39mais à priori, aux alentours de 30 ans,
00:43:42et donc, vous n'étiez pas des acteurs au moment des essais.
00:43:47C'est intéressant, c'est la première fois qu'on auditionne
00:43:50des gens de votre génération,
00:43:52et donc, vous n'êtes pas des victimes directes,
00:43:55puisqu'en 1996, à la fin des essais nucléaires en Polynésie,
00:44:00vous n'étiez pas nés ou vous veniez de naître, peut-être.
00:44:03Et donc, vous avez parlé d'amour fort, de réconciliation.
00:44:07C'est d'autant plus étonnant de votre âge.
00:44:11Et donc, qu'est-ce que vous vous attendez de cette commission ?
00:44:13Vous parlez d'études indépendantes,
00:44:15vous parlez d'études indépendantes,
00:44:17et donc, qu'est-ce que vous vous attendez de cette commission ?
00:44:19Vous parlez d'études indépendantes, mais quel type d'études ?
00:44:22Est-ce que c'est une étude épidémiologique ?
00:44:25D'autres associations l'ont évoqué,
00:44:28une étude épidémiologique grandeur nature
00:44:31ou des études médicales sur les descendants,
00:44:35puisqu'on sait que les descendants peuvent parfois aussi
00:44:39avoir été touchés par les essais nucléaires.
00:44:41Est-ce que vous pouvez préciser vos attentes
00:44:43par rapport à notre commission ?
00:44:45Et justement, par rapport à votre âge ? Merci.
00:44:50Merci pour ces questions.
00:44:51C'est vrai que nous sommes nés quand la dernière bombe a explosé,
00:44:54et justement, nous sommes l'héritage
00:44:56de ces expositions et de ce militantisme, entre autres.
00:45:01Mais c'est vrai qu'au niveau des attentes de cette commission,
00:45:07nous sommes dans une démarche
00:45:09où nous n'attendons pas forcément de quiconque.
00:45:12Mais quelle est notre responsabilité en tant que peuple ?
00:45:14Quelle est notre responsabilité individuelle en tant qu'Autochtone ?
00:45:17Qu'est-ce que nous faisons ?
00:45:18Cependant, si nous pouvons soumettre
00:45:24une forme d'attente de cette commission,
00:45:26nous invitons alors à vous référer
00:45:30à la commission d'enquête de l'Assemblée de Polynésie française
00:45:35qui a déjà été effectuée en 2005.
00:45:37Et justement, dans la dernière partie de cette commission d'enquête,
00:45:41dans ce rapport de la commission d'enquête,
00:45:43il y a énormément de recommandations faites.
00:45:46Aujourd'hui, quand on analyse la totalité
00:45:49de ces recommandations de cette commission d'enquête,
00:45:54nous nous évaluons,
00:45:56c'est-à-dire par rapport aux différents points
00:45:58qu'ils ont mentionnés dans ces recommandations,
00:46:01qu'est-ce qui a été fait de 2005 en 2024.
00:46:05Si je peux soulever deux points
00:46:07de par ce que nous avons pu lire,
00:46:11il y a le centre de mémoire
00:46:14qui est actuellement en cours ou en process.
00:46:19D'autre part, il y a la recherche,
00:46:24le projet de recherche sociologique, culturelle
00:46:29qui a été entamé par Renaud Metz,
00:46:31donc le projet SOSI.
00:46:33Maintenant, par rapport à la totalité
00:46:38de ces recommandations, seulement deux,
00:46:40plus ou moins deux ou trois,
00:46:42nous pouvons observer aujourd'hui en 2024.
00:46:45Qu'en est-il des autres recommandations
00:46:47et comment aujourd'hui cette commission d'enquête
00:46:50qui est mise en place par l'Assemblée nationale
00:46:55puisse compléter la précédente commission d'enquête
00:46:59effectuée par l'Assemblée de Polynésie française en 2005.
00:47:02Pour répondre à la deuxième question,
00:47:05quand nous parlons d'études indépendantes,
00:47:09je pense qu'il y a une énorme réflexion à porter.
00:47:13C'est-à-dire quand on parle d'études indépendantes
00:47:15et dans le contexte,
00:47:16pourquoi on a parlé d'études indépendantes ?
00:47:19Parce que justement, il y a eu,
00:47:22je ne sais pas si on peut dire des mensonges
00:47:24ou une malinformation
00:47:27des études précédentes qui ont été effectuées
00:47:31et qui ne sont peut-être pas relatives
00:47:33à ce que les différentes communautés ici à Maohinui vivent.
00:47:37Donc comment une étude scientifique
00:47:39puisse porter un discours différent
00:47:44de ce que les populations vivent ?
00:47:46Et comment une étude indépendante,
00:47:48c'est-à-dire formée par des scientifiques extérieurs,
00:47:54d'une part, puisse se relationner
00:48:00avec le discours ou avec les situations,
00:48:04les conditions réelles que le peuple m'a envie de rencontrer
00:48:07en termes de conséquences.
00:48:09Maintenant, je pense qu'en termes d'études scientifiques,
00:48:13il y a un besoin réel d'intégrer avec parité
00:48:17non simplement des scientifiques autochtones,
00:48:20mais également des scientifiques extérieurs, occidentaux.
00:48:25Et comment cette parité
00:48:27entre communautés scientifiques autochtones
00:48:29et communautés scientifiques extérieures
00:48:31puisse faire bénéficier justement cette étude scientifique
00:48:36et puisse apporter différentes perspectives ?
00:48:40Parce que beaucoup dans les discours nous disons que,
00:48:43et dans la partie scientifique,
00:48:45il est dit qu'il faut être objectif et non pas subjectif.
00:48:49Mais qu'est-ce que cela signifie ?
00:48:51Et comment nous prenons en compte aujourd'hui
00:48:53une étude scientifique objective et subjective ?
00:48:58Et aujourd'hui, dans la recherche du Pacifique,
00:49:00par exemple, si on peut partager,
00:49:02les différentes universités du Pacifique
00:49:04soulignent l'importance d'intégration des autochtones
00:49:07pour avoir une perspective autochtone,
00:49:10une perspective des personnes
00:49:12qui rencontrent les difficultés.
00:49:15Là, dans ce contexte,
00:49:17nous sommes sur les explosions nucléaires
00:49:19à Maorinoui pour l'Université française.
00:49:23Est-ce que nous avons pu répondre
00:49:26correctement à ces deux questions ?
00:49:29Si je peux compléter concrètement
00:49:32sur les avancées scientifiques.
00:49:34Par exemple, nous avons,
00:49:36en discutant avec Steven au mois de décembre,
00:49:39on avait posé la question,
00:49:41mais comment est-ce que cette liste
00:49:43des 23 maladies peut être étendue ?
00:49:46En tout cas, qu'est-ce qui permettrait
00:49:48d'étendre cette liste ?
00:49:50Clairement, la médecin en charge
00:49:53nous disait qu'en fait,
00:49:55c'est en fonction des avancées scientifiques.
00:49:57Maintenant, nous posons la question,
00:49:59mais quelles avancées scientifiques
00:50:01est-ce qu'on prend ?
00:50:03Dans d'autres pays,
00:50:05on est à une trentaine de maladies reconnues,
00:50:08alors qu'ici, on est à 23.
00:50:10C'est la question qu'on se posait
00:50:12et qui est restée en suspens.
00:50:15Quelles avancées scientifiques
00:50:17est-ce qu'on sélectionne ?
00:50:19Est-ce qu'il y a un filtrage ?
00:50:20Est-ce qu'on prend que ce qui nous arrange ?
00:50:22C'est cette dimension-là
00:50:24qu'on aimerait que cette commission,
00:50:27en tout cas aujourd'hui, puisse mettre
00:50:29un point sur ce point-là.
00:50:32C'est la première question de la jeunesse.
00:50:35Oui, nous sommes jeunes
00:50:37et en tout cas motivés.
00:50:39Ça fait partie,
00:50:41dans mon discours à l'ONU,
00:50:44puisque ça fait deux ans maintenant
00:50:46que je pétitionne aussi à l'ONU
00:50:50lors de la commission du mois d'octobre.
00:50:54Le message, il est clair,
00:50:56c'est qu'on continue le travail
00:50:58qui a été initié par nos piliers.
00:51:01On continue dans une vision plus lumineuse.
00:51:05On parlait de transmutation
00:51:07de l'énergie négative héritée du nucléaire,
00:51:11une transmutation en énergie positive,
00:51:13lumineuse, qui permettrait
00:51:15au peuple autochtone d'abord
00:51:18de se reconstruire,
00:51:20de se réconcilier avec lui-même,
00:51:22avec sa terre, avec son histoire,
00:51:24pour pouvoir avancer.
00:51:26Mais sans oublier tout ce qui a été subi,
00:51:29tout ce qui a été laissé comme héritage.
00:51:31Ironiquement, c'est le thème qui est souvent repris.
00:51:34Mais comment est-ce que nous,
00:51:36la jeunesse d'aujourd'hui,
00:51:37mais surtout la jeunesse de demain,
00:51:39comment est-ce qu'on peut les éduquer,
00:51:41les former à éveiller leur conscience,
00:51:44à décoloniser leur pensée,
00:51:45puisque clairement, l'objectif,
00:51:48le combat, c'est de se libérer
00:51:51de ces chaînes coloniales.
00:51:52On est en plein dedans,
00:51:54et ça fait partie des missions,
00:51:56des actions que mène l'association.
00:51:59Récemment, nous étions à Rimatara
00:52:01dans le cadre d'un rassemblement
00:52:03communautaire de la jeunesse des Tours à paix,
00:52:06et on a vu l'engouement,
00:52:09on a vu l'implication de la jeunesse,
00:52:11et surtout l'intérêt qui commence à se développer,
00:52:15qui s'est éteint à un moment donné,
00:52:17aujourd'hui, elle commence à reprendre vie.
00:52:20En tout cas, on espère que demain,
00:52:22et on y croit fort,
00:52:23que demain, la jeunesse,
00:52:24les enfants d'aujourd'hui
00:52:25qui seront les leaders de demain,
00:52:27à Maorinwi, puissent s'émanciper,
00:52:30s'épanouir dans un environnement
00:52:32plus favorable à son développement,
00:52:36psychologique et physique.
00:52:39Merci, messieurs.
00:52:40Je passe la parole à Jean-Paul Lecoq,
00:52:42qui est député de Seine-Maritime,
00:52:44qui a une question à vous poser.
00:52:46Cher collègue.
00:52:47Merci, monsieur le Président.
00:52:49Qu'est-ce que j'aime, votre discours ?
00:52:52Qu'est-ce que j'aime vous entendre
00:52:55sur les questions d'avenir
00:52:58et sur l'engagement de la jeunesse ?
00:53:01J'ai longtemps été militant de la jeunesse
00:53:04au sein d'un mouvement qui est très connu en France,
00:53:06Métropolitaine, qui est la jeunesse communiste,
00:53:09et je reconnais un engagement fort de votre part.
00:53:15Je referme la parenthèse.
00:53:18J'aurais voulu savoir,
00:53:19dans la constitution du dossier,
00:53:23on a lu et les uns et les autres l'ont dit,
00:53:26il y a à la fois la langue
00:53:28et puis il y a à la fois les preuves prouvées,
00:53:31qu'on travaillait à tel endroit prouvé,
00:53:33qu'on habitait à tel endroit prouvé,
00:53:35et comme je sais que votre association
00:53:39est en contact aussi avec les Algériens
00:53:42par rapport aux essais qui ont eu lieu là-bas,
00:53:44et c'est la même complexité pour nos amis Algériens,
00:53:50est-ce qu'il y a moyen d'utiliser des témoins ?
00:53:56Est-ce que des témoins qui disent
00:53:58oui, je signe sur l'honneur
00:54:00que telle personne était à tel endroit à ce moment-là,
00:54:03est-ce que ça, ça fait force de loi ?
00:54:06Est-ce que ça fait force de preuves ?
00:54:08Même si on n'a plus le document.
00:54:10À l'échelle internationale,
00:54:12et puisque vous parliez de l'ONU,
00:54:14dans le cas de l'autodétermination
00:54:16du peuple saraoui, à un moment donné,
00:54:18pour justifier qu'on est saraoui
00:54:20et qu'on n'est pas marocains colonisateurs,
00:54:23il y a la possibilité d'utiliser des chours,
00:54:25c'est-à-dire des personnes qui peuvent témoigner
00:54:27que cette personne-là est réellement quelqu'un
00:54:30qui vit la région depuis plusieurs générations, etc.
00:54:34Et donc, on voit que le témoignage humain,
00:54:39sans document, peut être reconnu, peut être accepté.
00:54:43Est-ce que c'est quelque chose que vous pensez utile
00:54:47de défendre, justement,
00:54:49dans l'évolution des procédures administratives ?
00:54:53Et puis est-ce que, puisque le combat qu'on mène,
00:54:59puisque la commission d'enquête,
00:55:01c'est aussi le but de faire avancer les choses,
00:55:03ça nous rappelle aussi le combat que l'on a amené,
00:55:05et moi, je suis député du port du Havre,
00:55:07sur les questions de l'amiante,
00:55:09avec toute la reconnaissance, etc., de la maladie.
00:55:12Et les associations, notamment l'Endeva,
00:55:16de l'amiante et ses déclinaisons régionales,
00:55:19considèrent que les dossiers sont mieux faits,
00:55:23mieux défendus et plus efficaces,
00:55:26et l'indemnité, généralement, meilleure,
00:55:28quand les victimes passent, justement, par l'association.
00:55:33Quand les victimes ont contact avec l'association,
00:55:36avant d'aller déposer leur dossier
00:55:39au fonds d'indemnisation ou à la CPRM, etc.
00:55:42Est-ce que vous considérez que c'est aussi une démarche
00:55:46qui doit être valorisée ?
00:55:49C'est-à-dire de ne pas laisser les gens,
00:55:52tout seuls, se débrouiller avec l'administration,
00:55:54mais de, justement, veiller à ce qu'ils soient
00:55:56accompagnés d'associations comme la vôtre,
00:55:58mais d'autres qu'on a aussi auditionnées
00:56:01dans le cadre de cette commission.
00:56:03Qui veut commencer ? Messieurs.
00:56:07Alors, clairement, le dernier point
00:56:09d'accompagner les victimes,
00:56:11en tout cas les demandeurs d'indemnisation,
00:56:14c'est exactement ça.
00:56:18C'est-à-dire que l'association s'inscrit
00:56:20dans une démarche d'accompagner
00:56:22pour éviter, justement, qu'ils baissent les bras.
00:56:25Et ça a été le cas pour beaucoup de demandeurs,
00:56:27parce qu'il n'y avait personne
00:56:30pour les accompagner jusqu'au bout du processus.
00:56:33Et l'avantage qu'a l'association Mouroua et Tato aussi,
00:56:36c'est que nous disposons d'avocats aussi,
00:56:38un cabinet d'avocats qui permet, en cas de recours,
00:56:41de reprendre le relais pour accompagner,
00:56:44mais réellement jusqu'à la fin du processus,
00:56:48pour que ces personnes-là,
00:56:50pas seulement pour une question, comme on disait au départ,
00:56:52de monétisation d'argent,
00:56:54mais surtout pour cet accomplissement entier
00:56:57de cette réparation,
00:56:59en tout cas d'être engagé dans cette démarche
00:57:01et d'avoir finalisé la démarche d'être indemnisé.
00:57:05Et ça, nous, on tient à accompagner
00:57:07jusqu'au bout les demandeurs.
00:57:10Sur le premier point
00:57:14pour les témoignages,
00:57:17c'est clair que ça fait partie
00:57:19de l'attestation, en tout cas,
00:57:21avoir une attestation d'hébergement
00:57:24qui est nécessaire dans la constitution du dossier aussi,
00:57:27que ce soit un témoignage ou une attestation des communes.
00:57:31Aujourd'hui, en Polynésie,
00:57:33c'est encore difficile d'avoir ces attestations des communes
00:57:36puisque c'est une attestation individuelle, personnelle,
00:57:40et que les communes, en tout cas,
00:57:42les victimes qui ont fait la demande
00:57:44n'ont pas réussi à avoir auprès de leurs communes
00:57:47une attestation d'hébergement
00:57:49puisqu'elles ne le délivrent plus.
00:57:51Et donc, c'est une attestation personnelle,
00:57:53sous forme de témoignages
00:57:55de personnes qui ont vécu avec eux dans cette période.
00:57:59Et encore là, il est difficile
00:58:01puisque pour certains anciens travailleurs,
00:58:03tous ceux qui étaient dans l'environnement de leur entourage
00:58:06sont décédés.
00:58:07Donc, comment est-ce que répondre à cette contrainte
00:58:12si...
00:58:14Il faut savoir que les anciens travailleurs meurent petit à petit.
00:58:18Donc, c'est toute la difficulté de ce processus,
00:58:21d'où l'importance aussi de réduire le délai d'instruction
00:58:25auprès du CIVEN,
00:58:27qui n'est pas encore appliqué aujourd'hui.
00:58:32Maintenant, si je peux compléter sur la partie...
00:58:35Excusez-moi.
00:58:36Sur la partie de la relation victime
00:58:41aux conséquences environnementales et sanitaires
00:58:44des explosions nucléaires,
00:58:46avec l'amiante,
00:58:48ou bien victime du terrorisme, etc.
00:58:51Je pense que dans une stratégie juridique,
00:58:55ça devrait fonctionner,
00:58:57mais je pense qu'il y a un énorme travail,
00:59:03alors que le fond a fourni,
00:59:05sur les caractéristiques
00:59:08que nous identifions
00:59:10dans les conséquences environnementales et sanitaires
00:59:13dues aux explosions nucléaires,
00:59:15d'autre part, sur les parties,
00:59:17sur les caractéristiques des conséquences dues à l'amiante,
00:59:21aux victimes du terrorisme.
00:59:23J'essaie d'avoir une plus grande image
00:59:26de comment relationner ces conséquences aux explosions nucléaires
00:59:30à l'amiante, par exemple, comme je l'avais mentionné.
00:59:33Et d'autre part, je pense que le point que TVR a mentionné
00:59:37sur les décès des anciens travailleurs
00:59:42ou des personnes atteintes de maladies radio-intuites,
00:59:45c'est une réalité que nous ne prenons pas forcément en compte
00:59:48et que nous devons prendre en compte
00:59:50dans cette démarche d'indemnisation
00:59:53ou dans cette démarche de justice pour un peuple.
00:59:56C'est-à-dire que, petit à petit, le peuple en lui-même meurt,
01:00:00mais nous sommes autour de procédures administratives ou autres
01:00:05qui ne prennent pas en compte toutes ces morts.
01:00:08Et comment ce processus administratif,
01:00:11justement, va plus ou moins accélérer
01:00:18ou retarder la mort de ces personnes ?
01:00:20Mais on ne parle pas du processus de guérison,
01:00:23on ne parle pas de démarches à court terme
01:00:26et nécessaires aujourd'hui.
01:00:29Non pas demain, mais aujourd'hui.
01:00:32Voilà.
01:00:33M. Lecoq voulait juste rebondir sur vos propos
01:00:36et après, je passe la parole à une autre députée.
01:00:39Jean-Paul Lecoq.
01:00:40Oui. Moi, je comprends l'urgence
01:00:44et la nécessité d'agir d'urgence.
01:00:46Et c'est d'ailleurs pour ça que,
01:00:48quand Mme Anna a demandé à notre groupe
01:00:50de pousser une commission d'enquête,
01:00:52on a considéré que c'était prioritaire.
01:00:54Et il y avait plusieurs sujets
01:00:56et on a considéré que ce sujet-là était prioritaire
01:00:59justement au regard de l'urgence telle que vous la décrivez
01:01:02par rapport aux victimes qui nous quittent
01:01:05suite aux maladies.
01:01:08Vous avez fait des tas d'interventions à l'ONU.
01:01:10Moi, je suis assez intéressé
01:01:12auprès de quelle commission vous intervenez à l'ONU.
01:01:17Est-ce que c'est auprès de commissions
01:01:19dont le sujet est justement les essais nucléaires
01:01:23des différents pays du monde, etc. ?
01:01:25Est-ce que c'est la 4e commission
01:01:27parce que c'est la décolonisation ?
01:01:28Est-ce que c'est...
01:01:29Il y en a que je connais, moi, des commissions
01:01:31où j'y vais aussi.
01:01:32On se croisera peut-être un jour.
01:01:34Et si c'est lié aux essais nucléaires,
01:01:39est-ce que ça veut dire que vous croisez aussi
01:01:41d'autres militants d'autres pays du monde
01:01:44et que quelque part, il y a un combat collectif
01:01:49entre tous ceux qui sont victimes
01:01:52des essais nucléaires à l'échelle du monde,
01:01:55en tout cas des pays qui ont l'arme atomique
01:01:58et qui ont procédé à ces essais nucléaires ?
01:02:01Et est-ce qu'il y a un recueil
01:02:04qui permet de voir à quel niveau...
01:02:07On nous parlait tout à l'heure,
01:02:09dans une autre audition,
01:02:10des États-Unis qui avaient élargi
01:02:13le spectre du nombre de maladies, etc.,
01:02:16et de la façon de gérer,
01:02:18à la fois dans le temps et la géographie,
01:02:21la présence des personnes pour qu'elles soient indemnisées ?
01:02:24Ils ne demandent pas d'autres critères.
01:02:26Vous étiez sur tel périmètre et vous y étiez tant de temps,
01:02:29et il semblerait que ça suffise,
01:02:31que ce soit la proposition de loi,
01:02:33en tout cas qui est en débat actuellement.
01:02:35Et donc, est-ce que vous, vous avez...
01:02:38Est-ce que vous avez un état
01:02:40de toutes ces discussions à l'échelle internationale ?
01:02:42Et si jamais c'était oui,
01:02:43est-ce que vous acceptez de nous en donner quelques bribes ?
01:02:49Alors, monsieur, quelle commission à l'ONU ?
01:02:53Merci pour ces questions.
01:02:54Pour ma part, je pétitionne au sein de la 4e commission
01:02:58de décolonisation,
01:03:00puisqu'on ne peut pas parler du nucléaire colonial
01:03:03sans parler de décolonisation.
01:03:05Donc c'est important pour nous de se lever,
01:03:07de porter la voix du peuple autochtone maori,
01:03:10mais aussi de nos adhérents,
01:03:12de nos victimes du nucléaire au sein de cette commission.
01:03:16C'est pourquoi on pétitionne aussi au sein de cette commission.
01:03:19Maintenant, on parlait au départ de vérité et de justice.
01:03:23L'association Muruetato ne peut pas parler de vérité et de justice
01:03:28à Maorinui sans parler de la vérité et de la justice
01:03:31dans d'autres pays qui ont subi le même préjudice.
01:03:34Donc c'est une dimension internationale,
01:03:36c'est une dimension commune, un combat commun
01:03:39que l'association s'efforce à mener
01:03:42avec ses différents partenaires à la fois à Maorinui,
01:03:45donc Polynésie française,
01:03:47mais également à l'international.
01:03:50D'ailleurs, il n'y a pas très longtemps,
01:03:52nous avons signé un engagement,
01:03:55il commençait avec ICAN France,
01:03:57qui nous permet de toucher les différentes communautés,
01:04:01que ce soit à l'Algérie,
01:04:03parce que tout a commencé là-bas avant de commencer à Maorinui,
01:04:07ça a commencé en Algérie.
01:04:09Et donc de ne pas parler de ses conséquences
01:04:12et de ce que subit encore aujourd'hui l'Algérie et son peuple,
01:04:17c'est un peu traiter la vérité et la justice d'une seule partie,
01:04:22alors que nous, nous nous inscrivons vraiment
01:04:25dans une démarche de se lever pour tous les peuples
01:04:28qui ont subi le préjudice du nucléaire colonial.
01:04:33Ensuite, il y a, si on peut se permettre,
01:04:36il y a la deuxième...
01:04:38Second Meeting of State Parties,
01:04:40le Second Meeting...
01:04:42Je ne sais pas comment dire ça en français.
01:04:44La deuxième rencontre des États-partis
01:04:48qui signent le TIAN,
01:04:50le Traité d'interdiction de l'arme nucléaire dans le monde,
01:04:53que nous avons également eu l'opportunité d'assister l'année dernière,
01:04:57et c'était à New York, au sein des structures de l'ONU.
01:05:01Donc justement,
01:05:03durant ce meeting des États-partis,
01:05:06nous avons eu l'opportunité d'échanger avec d'autres militants,
01:05:10avec d'autres communautés affectées
01:05:13par les explosions nucléaires,
01:05:15et justement, ça résonne,
01:05:18ça étend le réseau,
01:05:21mais aussi la prise de conscience
01:05:26des dégâts causés par les explosions nucléaires.
01:05:29Donc, en termes de données,
01:05:32ICANN International,
01:05:35dont nous avons un partenariat avec,
01:05:37et puis EPPNW
01:05:41et bien d'autres organisations
01:05:44autour du désarmement nucléaire
01:05:47ont d'énormes données ou d'études scientifiques.
01:05:52Ils sont en relation avec des scientifiques également
01:05:55qui soutiennent ou qui justifient les conséquences.
01:06:01On pourra sûrement vous passer quelques articles
01:06:04que nous avons sous la main
01:06:06ou peut-être nous mettre en relation
01:06:08avec d'autres communautés scientifiques que nous connaissons.
01:06:11Nous avons aussi entendu dire dernièrement
01:06:13qu'il y a la commission sur le désarmement nucléaire à l'ONU
01:06:17qui serait intéressante d'être approchée
01:06:20et qui permettrait justement d'avoir un autre impact
01:06:24à ce niveau international.
01:06:30Très bien.
01:06:31Alors, je passe la parole à Mme Mélanie Thaumin,
01:06:36qui est députée du Finistère et qui a une question.
01:06:39Merci.
01:06:40Merci, M. le Président.
01:06:42Messieurs, merci pour ces échanges qui sont passionnants.
01:06:46Je ne sais pas quelle heure il est à Tahiti,
01:06:49mais en tout cas, chez nous, il commence à être un peu tard.
01:06:52En tout cas, j'avais deux axes de questions,
01:06:55des questions qui se rejoignent dans tous les cas.
01:06:58L'une qui concerne l'indemnisation des victimes
01:07:02des essais nucléaires.
01:07:04Sachez que pendant les débats de la loi programmation militaire,
01:07:09l'année dernière, j'avais eu l'occasion d'interpeller
01:07:12le ministre Lecornu sur la reconduction de la commission
01:07:17qui se réunit pour les victimes des essais nucléaires.
01:07:22Enfin, en tout cas, la liste des maladies.
01:07:25Patricia Miralles aussi était dans la boucle.
01:07:28On avait rebasculé au ministère de la Santé.
01:07:30On a interrogé directement le ministère de la Santé.
01:07:32Et c'est bien là que ça bloque aujourd'hui
01:07:34pour reconduire cette commission.
01:07:36Donc sans doute que la commission d'enquête nous permettra
01:07:38de faire une relance plus significative
01:07:41pour que cette commission reprenne vie à nouveau.
01:07:45En tout cas, vous êtes sans doute témoin
01:07:50dans votre accompagnement des victimes des essais nucléaires
01:07:53de la multiplication de certaines pathologies
01:07:56qui ne seraient pas inscrites dans cette liste.
01:07:59Si tel est le cas, certaines maladies devraient-elles,
01:08:03selon vous, être intégrées à cette liste ?
01:08:06Est-ce que vous êtes en capacité de faire un état des lieux ?
01:08:09Et en particulier, je souhaiterais avoir votre éclairage
01:08:14concernant les victimes indirectes
01:08:16ou les victimes transgénérationnelles.
01:08:18Est-ce que vous faites le constat
01:08:20de certaines nouvelles formes de maladies
01:08:23qui voient le jour aujourd'hui concernant les malades
01:08:28exposés aux radiations ?
01:08:30Et puis, 2e question qui concerne
01:08:33ce que vous avez dit tout à l'heure, monsieur,
01:08:35concernant le fait de se libérer des chaînes coloniales.
01:08:39On parle effectivement de colonialisme nucléaire
01:08:43concernant cette période des essais nucléaires
01:08:47en Polynésie française.
01:08:50Et donc, je voudrais savoir
01:08:52quelles sont les mesures concrètes
01:08:54qui pourraient être mises en oeuvre, selon vous,
01:08:57l'Etat français pour renouer un lien de confiance
01:09:00avec la population polynésienne.
01:09:03Parce que dans le contexte actuel,
01:09:05on voit bien que la France s'interroge
01:09:07sur son rapport à ses territoires ultramarins.
01:09:10Et inversement, les territoires ultramarins
01:09:12s'interrogent politiquement eux aussi.
01:09:15Donc, je voudrais savoir si vous avez des suggestions
01:09:19de projets ou d'idées
01:09:25qui pourraient recréer un lien de confiance
01:09:28concernant ce rapport entre Etat français
01:09:31et population ultramarine. Je vous remercie.
01:09:36Allez-y.
01:09:39Merci beaucoup pour votre question.
01:09:40Elle est tellement intéressante que ça nous demande également
01:09:43une analyse approfondie, assise,
01:09:46afin de ne pas donner des informations
01:09:50sur un coup de tête.
01:09:52Mais je pense que nous pouvons revenir vers vous plus tard
01:09:55avec des indications beaucoup plus précises
01:09:57sur vos attentes sur les différents points
01:09:59que vous avez mentionnés.
01:10:01Mais ce que nous pouvons dire pour le moment
01:10:03par rapport à ces questions,
01:10:05je pense que sur la multiplication des pathologies,
01:10:08sur l'état des lieux de la prise en compte des 23 maladies
01:10:11et l'intégration d'autres maladies radio-indiquées
01:10:14qui ne figurent pas dans ces 23 maladies,
01:10:16évidemment qu'il y a ce besoin.
01:10:19Mais ce que nous pouvons conseiller,
01:10:22c'est peut-être d'avoir une analyse comparative
01:10:25avec d'autres continents
01:10:28affectés par les explosions nucléaires.
01:10:31Par exemple, si l'on prend le cas des îles Marshall,
01:10:33si l'on prend le cas des îles Kiribati
01:10:36ou bien de l'Australie du Sud et du Japon et bien d'autres,
01:10:39comment les différents types de maladies
01:10:41qui sont reconnues dans leur état
01:10:43puissent nous aider, à Mahogany et à la Polynésie française,
01:10:46pas seulement d'élargir,
01:10:48mais d'avoir une compréhension beaucoup plus générale
01:10:51et intégrante de toutes ces différentes pathologies.
01:10:56Ça, sur le premier point.
01:10:58Le deuxième point, c'est vrai
01:11:00qu'en termes de victimes directes et indirectes,
01:11:03qu'est-ce que nous identifions comme victimes directes ?
01:11:06Les personnes, les anciens travailleurs
01:11:09ou les personnes présentes
01:11:11durant la période des explosions nucléaires,
01:11:14qu'est-ce que nous allons identifier comme victimes indirectes ?
01:11:17Les nouvelles générations, ça peut être la deuxième,
01:11:19la troisième génération d'aujourd'hui,
01:11:21ou bien voire quatrième et cinquième génération.
01:11:24Et comment ces personnes,
01:11:26qu'elles soient victimes indirectes ou directes,
01:11:29sont atteintes de maladies radio-induites ?
01:11:32Donc je pense que le constat que l'on peut faire,
01:11:35si nous observons les différents types de dossiers d'indemnisation,
01:11:39ces communautés sont représentées,
01:11:43qu'elles soient victimes directes ou indirectes,
01:11:45mais je pense qu'on pourrait donner d'autres détails
01:11:47bien plus tard également.
01:11:49Le troisième point, c'est la libération coloniale,
01:11:51pardon, sur le colonialisme nucléaire,
01:11:55en termes de mesures concrètes.
01:11:59Il y a énormément de points aussi que l'on peut mentionner,
01:12:03que l'on peut évaluer, mais c'est sûr
01:12:05qu'un des premiers points serait la reconnaissance de l'État,
01:12:10la reconnaissance concrète, juste,
01:12:15des conséquences environnementales et sanitaires,
01:12:18et le déploiement concret également.
01:12:23Je n'ai pas forcément le mot,
01:12:24mais je pense que l'on pourrait donner d'autres points plus tard.
01:12:29Plus développés, parce que c'est un sujet très sensible aussi,
01:12:35puisqu'on parle de confiance,
01:12:36c'est exactement le problème qu'il y a eu.
01:12:39Aujourd'hui, on parle avec des anciens travailleurs,
01:12:43c'est le mot qui ressort énormément,
01:12:45cette rupture de la confiance qu'il y avait,
01:12:48en tout cas cette méfiance qu'il y a aujourd'hui dans la société polynésienne.
01:12:53Je pense que le mot n'est pas écrit,
01:12:55et puisqu'on peut l'envoyer ultérieurement, ce serait mieux.
01:12:58Maintenant, nous avons formulé aussi la volonté, en tout cas,
01:13:03sachant que dans le cas des malades qui sont évacuanés dans l'Hexagone,
01:13:10il faut savoir que c'est une charge énorme,
01:13:15que ce soit psychologique pour la victime,
01:13:18mais aussi pour les accompagnateurs.
01:13:20Nous avons demandé à avoir une structure sanitaire
01:13:27qui permet de prendre en charge nos patients ici à Maorinui,
01:13:31permettant d'éviter toutes ces évacuations.
01:13:34Aujourd'hui, on se retrouve avec énormément de patients
01:13:36qui sont évacuanés sur la France.
01:13:39Bien souvent, ils ne sont pas accompagnés
01:13:41parce que ce n'est pas pris en charge.
01:13:44C'est pris en charge uniquement pour les mineurs,
01:13:47mais pas pour les personnes,
01:13:48alors que la maladie touche toutes les générations,
01:13:52et ça a été montré.
01:13:54Il faut permettre à nos patients de pouvoir se faire soigner ici,
01:14:00à Maorinui, avec des soins à la hauteur du préjudice qu'ils ont subi.
01:14:04Et ça fait partie de nos demandes engagées.
01:14:11Mais on pourra le mettre par écrit et répondre
01:14:13avec plus de... développer plus ultérieurement, concrètement.
01:14:20Merci.
01:14:21Très bien, merci.
01:14:22Un autre député veut vous poser une question.
01:14:25Monsieur Xavier Albertini, député de la Marne.
01:14:29Cher collègue.
01:14:31Bonsoir, messieurs.
01:14:34Vous écoutez, me revenez, la formule de Corneille.
01:14:40Je suis jeune, il est vrai, mais aux âmes bien nées,
01:14:42la valeur n'attend pas le nombre des années.
01:14:44Je trouve que votre sagesse est particulièrement intéressante
01:14:48et votre sagesse a quelque chose de tout à fait remarquable
01:14:51et nous ramène à notre condition
01:14:54et à la compréhension des problématiques qui sont les vôtres.
01:14:56En tout cas, merci pour ce que j'ai pu entendre de votre audition,
01:15:00sachant que je suis arrivé un petit peu en retard,
01:15:01mais je voulais vous poser, je pense, trois questions.
01:15:04En tout cas, je vais essayer de les grouper autour de ces éléments-là.
01:15:08Vous avez évoqué un certain nombre de sujets,
01:15:11en particulier du dépassement même
01:15:14de la notion purement indemnitaire financière du préjudice
01:15:17que vous avez subi.
01:15:21Ce que j'aimerais comprendre, en tout cas, que vous précisiez,
01:15:26c'est ce que vous mettez en avant,
01:15:28parce que dans un préjudice, il est soit moral,
01:15:31enfin, il peut être moral, il peut être physique,
01:15:34il peut être matériel.
01:15:36Et j'entends surtout que vous êtes,
01:15:38mais dites-moi si je me suis trompé
01:15:40ou je n'ai pas été suffisamment attentif,
01:15:42vous évoquez aussi une dimension post-générationnelle,
01:15:46c'est-à-dire que vous travaillez aussi pour les générations futures.
01:15:50Et la difficulté que j'ai dans tout ça,
01:15:53c'est que dans un système juridique,
01:15:55on avait d'ailleurs eu le débat,
01:15:57en tout cas une approche lors d'une audition précédente.
01:16:00Toute la difficulté, c'est la façon dont vous arrivez
01:16:04à causer les choses, c'est-à-dire à relier
01:16:07le caractère de la faute qui a pu être réalisée
01:16:11de différentes raisons, de différentes façons,
01:16:14avec un préjudice et qu'il y a un lien de causalité entre les deux.
01:16:18Et quand vous évoquez vos propos d'indemnisation,
01:16:21vous avez une façon d'aborder le sujet
01:16:24qui me semble un peu moins précise.
01:16:27Alors, ma première question, c'est est-ce que...
01:16:29Peut-être l'avez-vous dit avant que je n'arrive,
01:16:31et je prie de bien vouloir m'en excuser,
01:16:33mais première question, est-ce que vous pouvez nous donner
01:16:37le nombre de dossiers que vous accompagnez ?
01:16:40On a compris les freins que vous pourriez rencontrer.
01:16:43Est-ce que vous savez aujourd'hui sur l'accompagnement
01:16:46qui est à la fois technique, juridique,
01:16:48parce que vous avez évoqué un avocat
01:16:50qui vous accompagnait, et psychologique ?
01:16:52Première question, est-ce que vous pouvez donner
01:16:54le nombre de victimes que vous accompagnez,
01:16:59et surtout, dans l'accompagnement,
01:17:01si certains ont déjà abouti d'une façon ou d'une autre ?
01:17:05Le deuxième sujet, ça concerne votre approche
01:17:09concernant les études épidémiologiques
01:17:12que, je peux comprendre, vous envisagez
01:17:15comme pas forcément objectives, parfois subjectives,
01:17:19et vous en appeliez, dans vos propos,
01:17:24à la composition de scientifiques,
01:17:30à la fois autochtones, avez-vous dit, me semble-t-il,
01:17:33et également d'autres pays.
01:17:37La question est-elle vraiment celle-ci,
01:17:39ou la question est-elle plutôt
01:17:41sur la définition du périmètre de l'étude ?
01:17:44Parce qu'avec toutes, évidemment,
01:17:47les compétences qu'ont ces scientifiques,
01:17:49qu'ils soient locaux ou étrangers de tout pays,
01:17:54ou même, évidemment, de la métropole,
01:17:56est-ce que vous pensez que c'est ça qui résoudrait le problème
01:17:59de l'effectivité, de l'objectivité d'une étude,
01:18:02ou plutôt le périmètre de limitation
01:18:05de l'étude à rechercher ?
01:18:06Parce que ça fait plusieurs fois que j'entends
01:18:08différents interlocuteurs nous préciser
01:18:10qu'il y a du flou, en tout cas,
01:18:12qu'il y a des limitations dans les comptes rendus,
01:18:14et vous renvoyez à une dimension subjective.
01:18:17La question que je me pose, c'est avons-nous bien défini
01:18:20ou avez-vous défini d'une façon ou d'une autre ?
01:18:22Ou ne faut-il pas, dans notre commission,
01:18:23conclure à un moment donné à une position plus stricte
01:18:26en matière de périmètre épidémiologique ?
01:18:30Et puis, dernier sujet, et ça, c'est la vie
01:18:34qui nous donne ça.
01:18:35Évidemment, les plus anciens, on tente à disparaître.
01:18:39La mémoire collective peut aussi disparaître,
01:18:43sauf à l'entretenir par différents vecteurs.
01:18:47Donc, l'homme, les générations passent.
01:18:52Est-ce que vous avez une attention particulière
01:18:55sur la dimension, on va dire, florale ?
01:18:59Enfin, la flore, la faune, etc.
01:19:01Parce que je pense que les temps ne sont pas les mêmes.
01:19:04Les temps longs que nous connaissons sur les atolls
01:19:08en matière de terre, de corail, etc.,
01:19:12peuvent être un outil ou un vecteur complémentaire
01:19:15à l'argumentation que vous pouvez développer.
01:19:17S'il n'y a plus de paroles transmises
01:19:20ou s'il n'y a plus de témoignages
01:19:22qu'un de mes collègues a appelés de ses voeux
01:19:24et qu'on peut comprendre, mais qui disparaissent avec le temps,
01:19:27est-ce que d'autres éléments peuvent être recherchés
01:19:30pour, justement, avec un effet rétroactif,
01:19:33remonter à la genèse de la problématique ?
01:19:36Je vous remercie.
01:19:38Alors, trois questions. Qui veut commencer ?
01:19:44Je commence.
01:19:46Merci pour ces questions.
01:19:48Je pense que la dernière question,
01:19:50je n'ai pas vraiment bien saisi.
01:19:54Mais par contre, si je peux répondre,
01:19:56me permet de répondre sur la deuxième question
01:19:58concernant l'étude épidémiologique
01:20:00en termes de parité dans la communauté,
01:20:05dans la communauté scientifique d'Autochtones
01:20:08et d'autres pays.
01:20:11Et le périmètre d'une étude épidémiologique,
01:20:14je pense que ces deux caractéristiques
01:20:16sont très importantes.
01:20:17Pourquoi ? Parce que, un, je suis également chercheur
01:20:20et dans le travail de recherche que je fais
01:20:23et dans le travail de recherche
01:20:25que nous effectuons ici dans le Pacifique,
01:20:27il y a l'importance de la perspective.
01:20:30C'est-à-dire que quand on rédige
01:20:34que ce soit un article scientifique,
01:20:37on précise la positionnalité,
01:20:39de quelle perspective nous nous positionnons
01:20:42par rapport à tel sujet, par rapport à telle problématique.
01:20:45Et comment notre position,
01:20:47autant qu'Autochtones ou bien qu'une personne
01:20:51d'un autre territoire,
01:20:54qui étudie sur un autre territoire,
01:20:56peut aussi offrir ou donner une perspective différente.
01:21:00Donc quand on parlait d'objectivité,
01:21:04de subjectivité de l'étude,
01:21:06d'intégration des communautés autochtones
01:21:10dans la communauté scientifique,
01:21:13c'est par rapport à la notion de perspective
01:21:15et comment la perspective d'un chercheur
01:21:20influence ou impacte la recherche qui est effectuée.
01:21:25Maintenant, le périmètre en lui-même,
01:21:27le périmètre de l'étude épidémiologique
01:21:29est tout aussi important.
01:21:35Je pense que je n'ai pas vraiment saisi
01:21:39la définition que vous donnez
01:21:41du périmètre de l'étude épidémiologique,
01:21:43mais si je comprends bien, vous me corrigerez,
01:21:46est-ce bien par rapport à l'espace ?
01:21:48Est-ce que ce n'est pas simplement limité,
01:21:51si on prend le cas des explosions nucléaires,
01:21:53est-ce que ce n'est pas simplement limité
01:21:55aux îles Murua et Fongatofa
01:21:57et aux îles aux Alentours,
01:21:59mais comment on considère l'espace en général
01:22:02de Maoridom et Polynesie française ?
01:22:05Je me demande si vous pouvez m'éclairer davantage.
01:22:09Non, vous avez raison, il y a un double aspect
01:22:12sur le périmètre.
01:22:14C'est effectivement un périmètre géographique
01:22:16avec toutes les conséquences et les retombées,
01:22:19mais également le périmètre même de l'étude,
01:22:21savoir ce que recherche l'étude,
01:22:23parce qu'on peut très bien vouloir rechercher
01:22:26une forme de pathologie,
01:22:28et comme vous l'aviez dit fort justement,
01:22:30il semblerait que nous restions
01:22:32à 23 types de pathologies recensées.
01:22:34Il y en a une trentaine potentielle
01:22:36dans d'autres pays.
01:22:38C'est sûr que si on ne cherche pas,
01:22:40on trouvera ce qu'on veut trouver,
01:22:41on ne trouvera pas ce qu'on ne veut pas chercher.
01:22:43C'est ça, le sujet.
01:22:44Donc le périmètre est à la fois géographique
01:22:46et de dimensionner l'étude à la hauteur
01:22:48de ce qu'on veut démontrer
01:22:51avec une effectivité, une réalité
01:22:54ou une absence de causalité,
01:22:56de corrélation entre les différentes situations.
01:23:01D'accord.
01:23:02Merci beaucoup pour cette précision,
01:23:04et je pense que pour y répondre,
01:23:06concernant l'espace géographique,
01:23:08il y a cette notion dont je viens de mentionner,
01:23:10mais il y a, pour répondre selon le domaine de l'étude,
01:23:13donc si on prend le cas des maladies,
01:23:15pourquoi pas alors relationner avec un constat,
01:23:18c'est-à-dire le constat que nous faisons
01:23:20dans notre communauté.
01:23:21Le fait qu'il y a ces 23 maladies,
01:23:23que le constat de prostate n'est pas intégré
01:23:26dans la liste des 23 maladies,
01:23:28mais que la population,
01:23:30que nous observons dans les témoignages,
01:23:32dans les différents témoignages recueillis,
01:23:34qu'il y a énormément de constats de la prostate,
01:23:39donc comment mettre en place une recherche
01:23:42qui intègre la situation actuelle
01:23:46ou les besoins,
01:23:47c'est-à-dire en termes d'observation,
01:23:49voici ce que nous observons,
01:23:51énormément de constats de prostate,
01:23:52énormément d'handicaps,
01:23:54mais comment ces données-là doivent être intégrées
01:23:57dans le périmètre de l'étude épidémiologique ?
01:24:18Non, mais puisque mon troisième point
01:24:20n'a pas été forcément bien compris,
01:24:21parce que je me suis mal exprimé,
01:24:23la question était de savoir
01:24:24si vous avez une attention particulière
01:24:26au-delà de la problématique humaine,
01:24:28si votre association avait un regard tout particulier,
01:24:30en particulier sur la durée,
01:24:32sur la dimension géologique, faune, flore, etc.
01:24:38Et environnemental, si je peux me permettre de compléter,
01:24:40parce que c'est vrai que depuis le début de ces auditions,
01:24:42on parle beaucoup de l'homme, des humains,
01:24:44c'est important, bien évidemment,
01:24:45et des rapports sociaux,
01:24:46mais assez peu, étrangement,
01:24:48des dommages créés par les essais nucléaires
01:24:50sur l'environnement, si je peux me permettre,
01:24:52chers collègues.
01:24:54Merci à vous deux.
01:24:57Merci pour cette précision et pour cette question,
01:24:59parce que je pense que c'est la notion la plus importante.
01:25:01Quand on parle de communauté et de peuple autochtone,
01:25:03c'est un peuple relié à la terre,
01:25:05relié à son environnement.
01:25:06Et comment la dimension environnementale
01:25:08est partie intégrante,
01:25:10mais due à la notion d'anthropogénique,
01:25:14ou due à l'impact anthropogénique,
01:25:17nous ne prenons pas en compte aujourd'hui
01:25:19en tant que peuple autochtone,
01:25:20cette notion environnementale.
01:25:22Et je pense que c'est une discussion que nous avons
01:25:24avec l'association, avec cet aimant,
01:25:26mais aussi avec les confessions religieuses.
01:25:29Pourquoi ?
01:25:30Parce que nous sommes dans cette mentalité
01:25:34de nous rapprocher davantage à la terre.
01:25:37C'est-à-dire que quand on parle de l'homme,
01:25:39on ne peut pas parler de l'homme en tant que polynésien,
01:25:41que Maori,
01:25:43si on ne parle pas de sa terre,
01:25:44si on ne parle pas de son environnement.
01:25:46Et tout ça, c'est partie intégrante.
01:25:49Maintenant, quelle démarche concrète nous prenons ?
01:25:53Quelle démarche concrète cela a dans notre militantisme ?
01:25:58Je pense à l'impact que nous avons,
01:26:01c'est-à-dire dans l'organisation de nos événements,
01:26:03la valorisation de produits écologiques,
01:26:08la valorisation des discours aussi,
01:26:11de respect par rapport à notre terre,
01:26:14à la terre qui nous accueille.
01:26:15Et je sais que beaucoup de témoignages
01:26:17ou beaucoup de discours menés par nos communautés
01:26:22et même par les différentes œuvres artistiques militantes
01:26:28sont par rapport à la terre.
01:26:30C'est-à-dire que c'est une terre qui a été souillée.
01:26:32Et ça, c'est une reconnaissance que le peuple en lui-même fait.
01:26:36Maintenant, nous considérons cette dimension environnementale
01:26:41autant qu'autochtone, premièrement,
01:26:44et nous considérons cette dimension environnementale
01:26:48dans nos discours militants,
01:26:51dans cette valorisation de cette reconnaissance
01:26:54que les explosions nucléaires ont souillé la terre maoise,
01:26:58ont souillé l'environnement.
01:27:00Et de trois, dans nos organisations militantes,
01:27:04dans nos organisations d'éveil des consciences,
01:27:08nous faisons aussi cet effort
01:27:11d'utiliser des produits beaucoup plus écologiques,
01:27:16etc.
01:27:19Pour compléter,
01:27:21c'est la dernière partie sur l'environnement.
01:27:23L'association Murue Tato est soucieuse de l'environnement aussi
01:27:27puisque, comme Tamato l'a si bien évoqué,
01:27:32chez le peuple maori,
01:27:37nous disons...
01:27:42C'est la terre mère qui donne la vie.
01:27:46Et ça fait partie du fondement même de notre engagement.
01:27:52C'est-à-dire qu'à la base, nous nous sommes engagés aussi
01:27:56parce que nous avons vu notre terre mère souiller,
01:28:00parce que nous avons compris qu'elle a été blessée,
01:28:03étripée.
01:28:05Et même, on utilise énormément le mot, un mot très fort,
01:28:09qui peut blesser certaines personnes,
01:28:11mais qui mirote exactement la réalité,
01:28:15celle d'une terre violée.
01:28:18C'est comme ça qu'on voit, dans le militantisme en tout cas,
01:28:21les messages qui sont portés par beaucoup de nos adhérents,
01:28:25mais aussi beaucoup de jeunes aujourd'hui.
01:28:27C'est cette dimension-là.
01:28:29Mais comment l'aider à se reconstruire ?
01:28:33C'est pas seulement de rester bloqué sur cette partie-là négative,
01:28:36mais surtout comment l'aider à se reconstruire ?
01:28:39Et est-ce que c'est à nous de la reconstruire ?
01:28:43Et voilà pour cette dimension.
01:28:44Maintenant, pour la première question,
01:28:46sur le nombre de dossiers,
01:28:50en tout cas de personnes accompagnées dans la constitution des dossiers.
01:28:54Comme je l'avais évoqué au départ,
01:28:56nous avons repris l'association dans un contexte assez particulier.
01:29:02Nous avons dû la reconstruire concrètement,
01:29:06puisqu'il y a eu une pause,
01:29:10un tombement depuis le décès de ses fondateurs.
01:29:16Maintenant, si on se réfère aux archives que nous avons à Muruay-Tato,
01:29:21il y avait plus de 4000 adhérents dans l'association,
01:29:26ce qui est énorme.
01:29:28Aujourd'hui, on continue encore à accompagner certaines familles
01:29:31qui prennent l'initiative de venir à la permanence
01:29:34pour constituer leurs dossiers.
01:29:36Petit à petit, depuis qu'on a repris,
01:29:38on voit un retour de notre peuple à venir constituer leurs dossiers,
01:29:42à venir s'informer de cette démarche de constituer leurs dossiers.
01:29:48Petit à petit, on avance avec les moyens que nous avons
01:29:51et dont nous disposons aujourd'hui avec la nouvelle équipe.
01:29:55Très bien. Écoutez le mot de la fin, peut-être pour Mme Larraport.
01:29:59Moi, j'avais une dernière question.
01:30:03De la continuité de tout ce que vous avez dit,
01:30:05qu'est-ce que vous pensez des propos du président de la République
01:30:08en 2021, qui a parlé de dette ?
01:30:14En termes de conclusion, peut-être...
01:30:19La dette de l'État par rapport à la polynésie,
01:30:22suite aux essais nucléaires, justement.
01:30:24Il l'a dit en 2021, lorsqu'il s'est déplacé
01:30:28en Polynésie française, dans ce contexte, justement.
01:30:36Alors, je vais juste compléter...
01:30:38Je vais compléter un petit peu la question de M. le Président
01:30:42et puis ce sera ma dernière question.
01:30:44On évoque souvent, dans les discussions
01:30:46qui tournent autour du fait nucléaire
01:30:48en Polynésie française, souvent est évoqué
01:30:52la notion de pardon.
01:30:54Et j'aurais aimé que vous donniez votre point de vue
01:30:59sur le pardon et vu par le Polynésien.
01:31:04Et est-ce que ça pourrait aider aussi
01:31:07à la réconciliation ou, enfin, à une autre étape
01:31:12de la démarche vers un avenir, un futur serein et assumé ?
01:31:19Merci.
01:31:21Dette et pardon, vous avez deux minutes.
01:31:27Nous n'avons pas forcément un avis posé
01:31:29sur les dires d'une autre personne ou du Président.
01:31:32S'il reconnaît l'existence d'une dette de l'État français,
01:31:36tant mieux et nous saluons.
01:31:39D'autre part, je pense qu'il faut reconsidérer le contexte,
01:31:43c'est-à-dire le discours qui a été évoqué initialement,
01:31:48bien avant que les essais commencent,
01:31:50c'était le discours des essais propres.
01:31:53Et quel impact ce discours des essais propres
01:31:56a eu sur nos populations, sur notre peuple aujourd'hui,
01:31:59sur notre peuple à cette période ?
01:32:01Et comment nous reconsidérons aujourd'hui cette demande de pardon,
01:32:05cette demande de reconsidérer toute l'implication
01:32:10des différentes personnes responsables ou culpabilisées par...
01:32:15Et voilà, je pense que c'est dans cette démarche,
01:32:18cette démarche de reconsidérer le contexte,
01:32:21cette démarche de reconsidérer le discours initial
01:32:27sur les essais propres et l'impact que ça a eu sur notre peuple.
01:32:33Pour finir, je dirais simplement que sur le thème de dette et de pardon,
01:32:39le peuple polonaisien n'attend qu'une chose,
01:32:42que l'acte se joue à la parole.
01:32:45Et aujourd'hui, on voit qu'une commission d'enquête
01:32:50voit le jour à l'initiative de vous.
01:32:54Donc c'est une étape essentielle d'entendre,
01:32:57et comme je le disais au départ, c'est d'écouter.
01:33:00D'écouter pas simplement les doléances,
01:33:03mais surtout les besoins, les besoins, les attentes
01:33:08à la fois des associations antinucléaires,
01:33:11des confessions religieuses qui sont,
01:33:13je tiens à le rappeler, l'église protestante maori
01:33:16qui nous accompagne depuis le début,
01:33:19fait partie aussi des institutions, des personnes
01:33:23qui ont grandement contribué à la vérité et la justice
01:33:27à Maori Nui et partout dans le monde.
01:33:29Donc Marurumaiti, en tout cas, merci pour l'occasion,
01:33:34l'opportunité de pouvoir nous exprimer.
01:33:37En tant que jeunes, nous savons que nous ne détenons pas
01:33:42la connaissance absolue, mais en tout cas l'engagement
01:33:45et la motivation, c'est ce qu'on tient à cultiver
01:33:47auprès de notre jeunesse et de nos enfants
01:33:49futurs leaders de demain.
01:33:51Et c'est très bien comme ça.
01:33:53Marurumaiti.
01:33:56Merci à tous les deux.
01:33:58Merci pour ces 80 minutes d'audition passionnantes
01:34:02et qui nous permettent au fil des auditions
01:34:05justement d'avancer à grands pas sur le sujet.
01:34:09Merci, bonne journée à vous.
01:34:11Bonne nuit à mes collègues présents ici dans la salle
01:34:15et pour vous dire que nous reprenons nos travaux
01:34:17demain à 15h et que nous aurons trois auditions
01:34:20demain après-midi.
01:34:22Merci beaucoup, bonne journée à vous.
01:34:24Au revoir.
01:34:39Sous-titrage ST' 501

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