Dominique Rouch, co-auteur d'un documentaire sur Olivier Olivier diffusé dimanche sur Canal Plus, revient sur plusieurs moments forts du film.
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00:00Olivier Giraud est au programme de l'After. Nous sommes à 18 jours du début de l'Euro,
00:03Walida Cherchaud est là, Stéphane Guy est là, et Dominique Rouche nous rejoint.
00:06Bonsoir Dominique. — Bonsoir.
00:08— Merci d'être avec nous, co-autrice du documentaire Giraud, qui est actuellement
00:11disposé sur la plateforme Canal, qui a été diffusé hier soir, je crois, pour la première fois.
00:18— Oui, le premier défi hier soir. — Voilà. Je l'ai regardé ce matin,
00:20parce que nous on était hier soir à l'antenne. Alors c'est très intéressant parce que,
00:24évidemment, bon, c'est devenu un exercice maintenant dans le monde du foot. Benzema l'a fait,
00:28Pogba l'a fait. Bon, beaucoup l'ont fait. — Oui, c'est des docs qui sont autoproduits,
00:32en fait. C'est-à-dire que les footballeurs produisent leurs docs, maintenant. C'est ça,
00:34Dominique ? — Ah, là, c'est pas du tout le cas.
00:36— Pas du tout le cas. D'accord. — Non, non, pas du tout. Non, non,
00:38Olivier a vu le film une fois qu'il était terminé.
00:43— D'accord. — Ah, d'accord. C'est important de préciser.
00:45— C'est pas le commanditaire du film, comme ça avait été le cas pour Benzema, par exemple.
00:47— Ah non, non, non. La commanditaire, c'est moi.
00:50— D'accord. Non, non, c'est important. — Moi qui lui ai proposé. Et franchement,
00:54il a absolument rien demandé. Il s'est laissé faire. Et on lui a montré,
00:58évidemment, avant la diffusion. Et il a rien touché.
01:02— Par précision, vous avez une relation de confiance avec lui,
01:04puisque vous aviez écrit un bouquin, déjà, avec lui.
01:06— J'ai écrit sa biographie avec lui, ouais.
01:08— D'accord. Je me demandais juste de vous rapprocher bien du micro.
01:11— C'était quand, la biographie, Dominique ?
01:12— La biographie, c'était juste avant le Covid. C'était en 2019.
01:18Et voilà. Et vu son histoire et sa personnalité, je me suis dit qu'un film pourrait être très très bien sur lui,
01:29pour comprendre vraiment qui était Olivier Giroud.
01:31— Est-ce qu'il a quand même choisi le bon moment, à savoir là, il a déclaré qu'il allait arrêter l'équipe de France
01:35après l'euro, qu'il va partir aux États-Unis ? Bon, on va dire que c'est une semi-retraite de footballeur, quoi.
01:41C'est une fin programmée. Donc c'était peut-être le bon moment.
01:44— C'est pas un hasard si le film sort aujourd'hui. Ouais, ouais, bien sûr.
01:49Après, je sais pas si vous avez lu l'équipe, quand il a annoncé sa retraite internationale après l'euro,
01:57il a dit « j'arrêterai probablement après l'euro ».
02:00— « Olivier Giroud, il faut attendre probablement ».
02:04— Il y a une chose qu'évidemment, on ne connaissait pas et dont sa maman témoigne avec beaucoup de sincérité,
02:12c'est qu'effectivement, il a 9 ans d'écart avec son frère qui témoigne beaucoup dans le film romain.
02:20Et sa maman nous explique, en gros, que c'est une grossesse qu'elle n'assumait pas, quoi.
02:26— C'est un enfant non désiré. — Voilà. Et non seulement elle le dit,
02:31mais elle en parle avec lui et que c'est peut-être la clé de la vie d'Olivier Giroud, c'est peut-être ça.
02:38— C'est la clé. — C'est la clé pour vous.
02:40— J'en suis persuadée. Et d'ailleurs, cette info vient du livre. C'est écrit dans le livre.
02:48Quand j'ai eu tous ces entretiens avec Olivier pour l'écriture du livre, à aucun moment, il m'a parlé de ça.
02:54Et pourtant, on a parlé de son enfance. Et puis un jour, je lui ai dit « Écoute, j'aimerais bien avoir ta maman au téléphone
02:59pour savoir ce que tu étais, comment tu étais petit, etc. ». Et puis j'ai sa maman au téléphone.
03:05Elle me parle pendant une heure de l'enfance d'Olivier. Et au moment de raccrocher,
03:09elle me dit « Mais j'ai oublié de vous dire quelque chose. Je sais pas si ça peut vous intéresser ».
03:13Je dis « Oui, je vous écoute ». Et elle me dit « J'ai pas voulu d'Olivier ». Je dis « Pardon ? ».
03:20Elle me dit « J'avais trois enfants. Voilà, cette grossesse, j'en voulais pas. Tu t'amuses à la maman et... »
03:29— 22h, minuit, l'after-food. — Gilles Dabry-Bois.
03:33— Elle a dû avorter. Donc elle a été forcée de garder cet enfant. Et ça a été terrible pour elle pendant 9 mois.
03:42— Dans un instant, on continue le débat. On est obligés de faire une petite pause. Ah bah on est revenus déjà. Ça y est.
03:46Je salue les auditeurs qui nous reviennent en direct, qui écoutaient le débat Les Européennes.
03:50On a une petite mécanique ce soir. — J'ai vu ça. On est revenus à la radio.
03:54— Avec Dominique Rouge, donc co-autrice du Doc. — Ne vous inquiétez pas, Dominique. L'after s'écoute beaucoup en podcast.
04:00Et donc ce que vous venez de nous raconter de fondamental sur la vie d'Olivier Giraud n'échappera pas à nos auditeurs.
04:07— Mais dans le doc, lui, il réagit. C'est intéressant, parce qu'il dit « Ma mère me l'a dit. On a discuté de ça. »
04:14— Quand il avait 12 ans, oui. Mais il a réagi. Et quand j'ai dit à Olivier « Mais enfin, tu m'as pas donné cette info... »
04:23— Là, c'est de l'ultra intime, quand même. — Oui, mais il m'a dit « Écoute, j'avais zappé, parce que pour moi, c'est pas important.
04:30J'ai été tellement aimé, tellement adoré que cette info, elle est passée... »
04:35Par contre, ce qui est étrange, c'est que le jour de l'avant-première, quand il a entendu sa mère dire ça, il s'est mis à pleurer.
04:44Il y a quelque chose quand même de... Et puis bon, c'est pas rien quand même de... Mais je pense que c'est la clé.
04:50C'est-à-dire que, à partir du moment où on va dans le ventre de sa mère, il devait déjà s'accrocher et prouver qu'il existait, quoi.
04:59Et moi, je suis sûre que c'est le sommeil. — Oui. Je passerai peut-être à autre chose, mais moi, ce qui m'a frappé dans le doc,
05:06c'est l'échange avec Zlatan. Est-ce que vous pouvez nous raconter un peu comment ça s'est passé, sur le moment,
05:15et puis surtout même en amont, comment ça s'est monté, tout ça ? — Ça s'est monté très facilement. Il a vraiment une belle relation avec Zlatan.
05:27Je pense qu'ils s'apprécient vraiment sincèrement les deux. Et on s'est dit que ce serait pas mal qu'il y ait Zlatan dans le film quand même.
05:36On lui a demandé de l'appeler, lui, de faire la démarche. Et Zlatan a tout de suite accepté. Après, je peux pas vous en dire plus
05:45parce que je suis pas allée sur le tournage. — D'accord. — Mais voilà, on m'a dit que ça s'était passé très naturellement
05:51et qu'il y avait vraiment un vrai lien entre les deux. — En parlant de lien, le lien entre son frère et lui,
05:56on a l'impression vraiment que c'est un lien très très important. Dans le documentaire, il l'avait dit aussi avant,
06:02il se voit en Olivier. Et il y a un accompagnement qui est incroyable. Il parle aussi de sa foi, de leur foi.
06:10— Même si apparemment, il y a eu de l'eau dans le gaz entre eux quand même. Quand Lain n'a pas pu être footballeur, le premier,
06:16et qu'Olivier l'est devenu, ça a pas été... — C'est pas à cause de ça. C'est pas à cause de ça.
06:21— Parce que je rappelle que le grand frère, pour ceux qui connaissent pas l'histoire, a été dans les équipes de France de Jeunes.
06:24Il a joué avec Thierry Henry. On voit même les photos dans le documentaire. — Il était au centre de formation d'Ausserre.
06:27— Et il n'a pas signé pro, finalement, quoi, le grand frère. — Ouais. En fait, c'était un peu l'idole d'Olivier, ce grand frère
06:34qui allait devenir une star du football. Et puis bon, le destin en a décidé autrement. Et il a toujours accompagné son frère.
06:43Et comme Olivier le dit dans le film, à un moment donné, peut-être que cet accompagnement était trop pesant pour lui.
06:50Le regard de son frère était trop pesant. Et ça l'inhibait un peu. Et Olivier a décidé de mettre un peu de distance
06:57entre son frère et lui pendant quelques temps, de façon à exister par lui-même. Parce qu'il existait... Il le dit dans le film.
07:03Il dit une phrase à un moment où je redoutais les débriefs d'après-match. Et voilà.
07:10— Il y a une scène extraordinaire dans ce documentaire. Il faut vraiment le regarder. Pratiquement que pour ça.
07:16— C'est quand ils sont dans la maison familiale, dans le grenier. Ils se retrouvent... — Approche ! Dans la vallée du Grésil-Modan, je connais bien.
07:23— C'est des montagnards. C'est important d'ailleurs que le fait qu'ils soient montagnards, c'est pas neutre.
07:29Mais voilà. Effectivement, ils se parlent comme ils ne s'étaient jamais parlés. Vous avez quand même eu cette capacité à...
07:36Je ne sais pas si c'est vous qui meniez à ce moment-là l'interview, mais... — Ils étaient en confiance.
07:40— Ouais, ouais. Vous avez eu la capacité quand même à les faire aller très loin dans l'intime. Vous avez travaillé pour Miracles d'Humain auparavant ?
07:45— Oui. — Oui ? Ah bah voilà ! Bravo ! Ça y est, on sait tout !
07:49— J'ai commencé ma carrière avec... — Ah bah voilà ! — C'est vrai ? Ah bon, je crois que c'est une blague !
07:55— C'est vrai ? — Il a tombé dans le mille. — Ah bah voilà.
07:59— Je ne sais pas si ça parle aux auditeurs de l'affaire Miracles d'Humain, mais c'était quelqu'un qui permettait d'entrer dans l'intimité des gens.
08:05Et là, on rentre vraiment dans l'intimité. C'est ce qui rend ce film... C'est là où on est passionné et où on saisit beaucoup des ressorts.
08:13Et où on comprend aussi un peu ce qu'on comprenait aussi dans le documentaire sur Kylian Mbappé d'Envoyé spécial.
08:21Évidemment, ces hommes-là sont entourés. Et à quel point la cellule familiale joue un rôle majeur à tous égards, quoi !
08:28Je veux dire, pour les porter, pour les désinhiber, pour les inhiber, pour les...
08:32— Ouais. On n'avait pas envie de faire un film que sportif.
08:36À partir du livre, j'avais senti qu'il y avait des ressorts psychologiques qu'il fallait creuser.
08:45Donc c'est en même temps le joueur et en même temps l'homme qu'on a voulu décrypter dans ce film.
08:51C'est pour ça qu'on a des séquences aussi intimes.
08:55— Alors il y a deux éléments très importants qu'on n'a pas encore évoqués.
08:58C'est la fameuse mise en perspective avec Benzema et la religion.
09:04D'ailleurs, vous faites... Moi, ça m'a marqué dans le documentaire.
09:08Il y a des gros plans sur les croix que lui et son frère portent autour du cou.
09:13Il a une croix tatouée géante dans le dos.
09:16Son frère Romain, quand on le voit, on a l'impression que c'est Jésus qui apparaît, quoi !
09:19Il a la barbe, les cheveux longs...
09:22— C'est important pour lui dans sa vie.
09:24— Non mais alors on est dans un moment un peu général d'un peu de sur-religiosité, et dans le foot en particulier.
09:29C'est-à-dire que dans le foot, moi, j'ai l'impression que l'athéisme ne peut pas exister.
09:32Il faut être engagé en religion, quelle qu'elle soit.
09:36C'est l'impression que j'ai ces temps-ci, depuis quelques années, là.
09:39— Ah bon ? Tu penses que les religieux ne respectent pas les athées ?
09:41— Non, non, je te dis pas ça. Moi, je te dis que l'athéisme dans le foot, dans la vestiaire,
09:46je pense qu'il y en a moins dans les vestiaires de foot que dans la société en général.
09:50— Oui, il faut avoir un coiffeur et un pasteur, on m'attend dans le foot.
09:52— Tu vois, voilà. Moi, c'est comme ça que je le ressens.
09:55Et alors, au début de sa carrière, par exemple,
09:58je n'ai aucun souvenir de référence à la religion qui est faite par Olivier Giroud.
10:02C'est venu beaucoup plus tard. Et là, vraiment, on a l'impression que c'est très, très important, quoi.
10:09— Pourtant, il est tombé dedans très petit, puisque c'est sa mère.
10:16Ils sont catholiques. Et ils ont basculé dans l'évangélisme.
10:23— Toute la famille ?
10:25— Oui, plus ou moins. Mais Olivier et Romain sont très croyants.
10:31Et voilà. Donc pour Olivier, oui, je ne peux pas dire le contraire.
10:35C'est quelque chose d'essentiel dans sa vie.
10:39Vous le voyez sur le terrain. Vous voyez ses tatouages.
10:43Mais je ne sais pas. Ce n'est pas gênant.
10:47— Non, mais ce que dit Gilbert, c'est que jusqu'à Montpellier,
10:51moi, je n'ai pas souvenir, effectivement, que ça a été publiquement revendu.
10:54Après, publiquement, il existait beaucoup moins, évidemment, avant Montpellier qu'après.
10:59Mais même dans ses premières années d'Arsenal,
11:01je n'ai pas eu le sentiment que c'était quelque chose de très présent.
11:04— On le voit.
11:05— Là, c'est parce que je pense que c'est un documentaire
11:07où on rentre dans sa vie et la religion est importante pour son bien-être à lui.
11:12Maintenant, même là, c'est Milan, je ne ressens pas.
11:15Quand je vois Olivier Giroud, il n'y a pas de signe religieux partout.
11:21— Quand il marque un but, il regarde le ciel.
11:23— Il y a une célébration où il regarde le ciel, mais je trouve que par rapport à avant...
11:27— Moi, je ne te dis pas que c'est un problème.
11:29Moi, je constate que dans le foot aujourd'hui, au-delà du cas de Giroud,
11:32tu vois, on montre tranquillement la religion.
11:36— On montre ce qu'on est.
11:38— Avant, la religion, c'était un peu plus discret dans le football.
11:41— Oui, après, la religion, c'est intime.
11:42Mais là, dans le documentaire, j'ai quand même l'impression
11:45que quand tu rentres dans son intimité, c'est quelque chose de très important.
11:49C'est quelque chose qui l'aide au jour le jour.
11:53— Oui, il pense qu'il a été touché par la grâce,
11:59et ça lui donne une force...
12:02Moi, je l'envie, franchement, je l'envie.
12:04Ça lui donne une force incroyable pour surmonter les difficultés,
12:08pour relativiser.
12:10Ça lui donne une espèce de sérénité.
12:14— Moi, je voudrais votre avis là-dessus.
12:18Il y a cette espèce d'histoire qui s'est créée, qui raconte.
12:23Est-ce que finalement, elle a été aussi compliquée que ça, la vie d'Olivier Giroud ?
12:26Il est d'un milieu social, visiblement, sans grandes difficultés.
12:32Bon, il a eu un parcours de footballeur, effectivement.
12:34Ça a peut-être pris un peu plus de temps que d'autres,
12:36mais c'est une success story, Olivier Giroud.
12:38Il y a eu les hauts et les bas, c'est quoi ?
12:41C'est parce qu'à un moment donné, il n'est pas appelé en équipe de France.
12:43Bon, il y a quand même des bas dans la vie un peu plus...
12:45— C'est un peu plus cher avec l'histoire d'Enzema.
12:47— Je suis pas d'accord.
12:49Alors, sa vie...
12:51— Qu'est-ce qui, pour vous,
12:53quels sont vraiment les points bas de la vie d'Olivier Giroud ?
12:56— Alors, personnellement et familialement,
13:00j'avoue qu'il est issu d'une famille modeste,
13:05mais extraordinaire, de parents qui se sont aimés,
13:08de frères, de sœurs...
13:09— Oui, c'est ça, c'est ce qu'on ressent.
13:11— Deux femmes, quatre enfants merveilleux.
13:14Sur un plan privé, rien à dire.
13:17— Il y a eu une histoire des tabloïds anglais au début d'Arsenal, quand même.
13:21— Non, il y a eu...
13:22— Ouais, bon, c'est pas... Peu importe.
13:24C'est pas central dans sa vie, Gilbert.
13:27— Non, puis c'est pas le seul.
13:29Par contre, professionnellement,
13:33il a pris cher,
13:35déjà avec Benzema,
13:37et puis c'est quand même...
13:39— Il a beaucoup serré le banc, Olivier.
13:41Dans toutes les équipes...
13:43— Oui, mais il a serré le banc à Arsenal, à Chelsea...
13:47Effectivement, le début, la mise en route,
13:50elle était pas si fluide...
13:52— Je veux dire, dans les endroits, il y avait de la grosse concurrence,
13:54c'est ce que tu veux dire ?
13:55— Oui, enfin, je trouve...
13:57— En fait, là où j'aimerais insister,
14:00c'est qu'en fait, Giroud, il était pas programmé pour cette carrière.
14:04En tout cas, quand il arrive de tour...
14:06— Oui, oui, c'est sûr, c'est pas qu'il y en ait bappé, évidemment.
14:08— Et qu'il a été cherché...
14:10Moi, sincèrement, à la fin de sa carrière,
14:12le mec, il fait quand même Montpellier, il fait Arsenal,
14:14Chelsea, là c'est Milan,
14:16il va faire Los Angeles...
14:18C'est quand même une carrière incroyable en termes de club.
14:21Après, là c'est Milan, j'oublie là c'est Milan...
14:23— Et puis l'équipe de France,
14:24c'est quand même le fil conducteur de sa vie.
14:26— Là où je trouve que son histoire a été très très compliquée,
14:29c'est surtout avec l'équipe de France,
14:31où ça a été un dommage collatéral de l'histoire Benzema,
14:34et qu'en fait, au final, il a rien fait, Olivier Giraud.
14:39Mais moi, personnellement...
14:41— Sauf à être une sorte d'anti...
14:43— Non mais...
14:44— Sauf à être une sorte...
14:45— Sauf à être une sorte d'anti-Benzema, en quelque sorte.
14:47— Non mais c'est pas anti-Benzema ou pas,
14:49moi je vais donner...
14:51— Il était une espèce d'exact opposé !
14:54— Oui, oui, dans tout !
14:56— Les pro-Benzema l'ont stigmatisé...
14:58— Non mais au-delà...
15:00— Il le méritait pas, c'est tout.
15:01— Au-delà du fait qu'il soit anti-Benzema ou pas,
15:05c'est que moi, je vais parler de ma propre histoire.
15:07J'ai quand même vécu, j'étais très très jeune
15:09quand j'ai vécu l'arrivée d'Olivier Giraud en équipe de France,
15:13moi, c'est un joueur qui m'a retourné.
15:15Parce qu'il y a un moment donné, oui,
15:17mais c'est pas une histoire de Benzema, pas Benzema,
15:19c'est, sportivement, j'estimais qu'Olivier Giraud,
15:22qui avait des meilleurs numéros neufs,
15:24qu'Olivier Giraud, à une époque, en équipe de France,
15:26quand Olivier Giraud était remplaçant à Arsenal,
15:28ou remplaçant à Chelsea, je ne comprenais pas
15:30pourquoi Olivier Giraud était numéro neuf.
15:33— Il avait la confiance de Deschamps à ce point.
15:35— Et qu'il avait la confiance à ce point,
15:37c'est-à-dire que quand Deschamps disait,
15:39alors que Giraud jouait pas, et qu'il disait
15:41« je veux des joueurs qui jouent »
15:42et que Giraud jouait en équipe de France,
15:44je ne le comprenais pas.
15:45Je préférais Lacazette, je préférais un Benzema
15:49qui, lui, n'était pas là pour raison extra-sportive.
15:52Mais au final, il m'a retourné parce que c'est un joueur,
15:55et c'est le cas dans le documentaire,
15:58on le voit, on le ressent,
16:00c'est qu'il n'était pas programmé pour ça,
16:03et il a réussi à s'imposer,
16:05pas à être tout le temps génial,
16:07mais à avoir une régularité,
16:09et ça, c'est quand même big respect,
16:11immense respect par rapport à ça.
16:14Et au final, il aura fait une carrière incroyable.
16:18Moi, il y a un moment donné,
16:20je le percevais pas, ça, chez Olivier Giraud.
16:24— Mais vous n'êtes pas le seul.
16:26— Non, mais je le dis honnêtement,
16:28et c'est petit à petit,
16:30les années ont fait que j'ai compris,
16:33j'ai compris au fur et à mesure que,
16:35OK, Olivier Giraud, il était très très utile,
16:37OK, Olivier Giraud, c'était pas le meilleur numéro 9 au monde,
16:40mais il était important,
16:42et cette capacité à devoir s'accrocher,
16:44par exemple à Chelsea, quand il est remplaçant à Chelsea,
16:47et qu'il gagne l'Europa League,
16:48et qu'il fait une finale contre Arsenal,
16:50quand il gagne 4-1,
16:51où il fait une finale incroyable,
16:53et bien tu te poses devant la télé,
16:55OK, Walid, d'accord, là, c'est...
16:58— Il t'a mis d'accord.
16:59— Et pourtant, le mec était remplaçant à Chelsea.
17:02— Oui, il a fait ça à Milan, il a fait ça...
17:04— Dominique Rouche, tout de même,
17:06il dit dans le film, il dit à un moment,
17:08mais moi, en fait, cette histoire de Benzema,
17:09ça m'est tombé dessus, moi j'ai rien fait,
17:10j'ai rien demandé à personne.
17:11— C'est vrai.
17:12— Et pam, je me suis retrouvé au milieu de cette histoire,
17:14ça a été repris politiquement, etc.
17:17Bon, et nous, on en a parlé,
17:18on a fait des émissions ici,
17:19des heures et des heures.
17:20— J'imagine.
17:22— À quel point ça l'a touché,
17:25de votre point de vue, vous qui avez dû en discuter ?
17:28— Ça l'a touché profondément,
17:31et notamment, et vous le voyez d'ailleurs,
17:33on en parle dans le documentaire,
17:37après le match de Nantes...
17:39— Contre Cameroon, oui.
17:41— Il marque, il marque,
17:42et là, on le voit,
17:44l'image, elle est d'une force incroyable.
17:47— Il pleure.
17:48Il ne comprend pas pourquoi il y a une telle haine contre lui,
17:54alors qu'il n'a pas pris la place de Benzema.
17:58Benzema a été exclu de l'équipe de France
18:01pour les raisons qu'on connaît,
18:02et naturellement, il s'est imposé comme son remplaçant.
18:07Mais il a terriblement souffert, oui.
18:10Vraiment, vraiment.
18:11Et puis ça a pris des proportions sociétales, politiques...
18:15— Moi, je pense que la médiatisation au sens large,
18:20c'est-à-dire en incluant les réseaux sociaux dedans,
18:23l'ont détournée pour un moment de la vérité.
18:25C'est-à-dire que je pense que ce n'est pas quelqu'un...
18:27C'est quelqu'un qui a toujours été quand même dans le cœur des Français,
18:30et qui a toujours été peut-être plus aimé
18:32qu'il ne pensait l'être,
18:34et il l'a peut-être découvert sur le tard,
18:36mais je ne pense pas que durant cette affaire,
18:38oui, il y a eu des oppositions violentes,
18:42mais que ça ne représentait pas,
18:44comme souvent d'ailleurs,
18:46la majorité du ressenti des gens vis-à-vis de lui.
18:50Je ne crois pas.
18:51— Tommy Croweille.
18:52— Et je pense qu'il y en a aussi qui ont compris au fur et à mesure,
18:56comme moi, parce que même humainement,
18:58ça a été un mec qui n'a jamais eu de phrases
19:01en termes de communication,
19:02qui a très très bien géré.
19:03— Jamais.
19:04— Donc il faut reconnaître tout ça.
19:07Et puis, je répète, mais le choix de terminer à Los Angeles
19:11au bon moment, terminer sa carrière au bon moment...
19:13Moi, je pensais que la Coupe du Monde 2022
19:15allait être une compétition de trop pour lui,
19:17et au final, c'est sa meilleure compétition avec l'équipe de France.
19:21C'est un joueur...
19:22Ferme ta gueule, en fait, Giroud, c'est un joueur...
19:24Non, mais c'est vrai.
19:25Moi, je le dis.
19:26Moi, j'étais un mec qui, pendant 10 ans, disait
19:28« Je ne comprends pas pourquoi Giroud a cette immunité en équipe de France. »
19:32Je l'assume.
19:34— Le mot de la fin.
19:35— Je vais vous faire une révélation.
19:37Quand vous dites « Il m'a retourné, et il en a retourné plus d'un. »
19:41Aujourd'hui, il a la France derrière lui.
19:43Aujourd'hui, il est reconnu à sa juste valeur.
19:46C'est la star.
19:48Quand on réfléchissait, quand on écrivait le film,
19:52on se disait « Mais quel titre on va donner à ce film ? »
19:56Et puis, à un moment, j'avais toute sa carrière à laquelle je pensais.
20:04Et j'ai dit « Voilà, on va l'appeler 37 ans pour exister. »
20:10Il a été reconnu à la fin de sa carrière, à sa juste valeur.
20:15Mais pendant toute la...
20:16Et alors, je ne sais pas qui dit ça dans le film, je ne me souviens plus trop.
20:20Quelqu'un qui parle de son style de jeu.
20:23Effectivement, ce n'est pas Mbappé qui va dribbler 4 joueurs.
20:27— C'est Wenger, je crois.
20:28— C'est qui ?
20:29— Je crois que c'est Wenger.
20:30— C'est Wenger qui dit ça ?
20:31— Voilà, c'est vrai qu'il ne bouge pas beaucoup, il est lent.
20:35Est-ce que c'est ça qui a fait qu'il a été sous-estimé, critiqué comme ça ?
20:40Mais je trouve ça d'une telle injustice.
20:42Et je crois qu'il faut que je m'arrête de parler.
20:44— On l'a fini.
20:45Vous auriez pu l'appeler le karting devenu Formule 1.
20:48— Moi, je pense que vous l'avez appelé Giroud.
20:50Et vous avez bien fait parce que ça sera un nom commun dans le foot, Giroud.