Il bosse à Rungis pendant son temps libre Booder
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00:00Est-ce que c'est vrai ? Pendant le confinement, t'as travaillé ou pas ?
00:02En dehors de l'humour.
00:03J'ai pas travaillé, j'ai accompagné.
00:05T'as accompagné.
00:06Pendant le confinement, très tôt le matin, j'allais à Rangis.
00:08Et t'aidais un pote ou quelqu'un ?
00:11Bah je conduisais le camion et lui déchargeait le truc.
00:14Il devait péter les plombs, il voit à bout d'air qu'il vient chercher.
00:16Non, il voyait pas parce que les mecs, déjà je suis petit,
00:19eux ils voyaient un camion qui roulait tout seul.
00:20Ils se disaient c'est quoi ce bordel ?
00:22Non, non, mais moi j'allais avec mon pote à Rangis le matin,
00:25moi je conduisais, lui il déchargeait les produits qui venaient du truc
00:28et puis je conduisais le camion.
00:30Incroyable.
00:32Mais je le faisais de 3h à 6h du matin, c'est les horaires où tu déposes.
00:36Et moi je le faisais parce que...
00:38Pour faire passer le temps aussi.
00:39Non mais parce qu'on a ça, ça prouve beaucoup de ce que t'es, toi.
00:43T'es une bonne personne.
00:44Je sais pas si je suis une bonne personne, mais j'aspire à...
00:47Après oui, peut-être.
00:48Voilà, j'ai pas le droit de te le dire.
00:49Bah si, si vous avez le droit.
00:50Tu veux me détruire, tu veux me dévoler ?
00:51Je te dis, j'ai peur.
00:54Non, mais parce que voilà, il fallait s'occuper, parce que j'avais envie
00:57et puis je suis quelqu'un d'actif et que voilà...
01:00J'adore le métier que je fais, je le kiffe vraiment.
01:03Mais j'ai pas un attachement énorme à ce truc.
01:06C'est-à-dire que si demain tout s'arrête, au moins j'aurai pas de regrets.
01:10J'ai fait un film, j'ai fait une pièce de théâtre, j'ai écrit un livre,
01:14j'ai écrit deux spectacles.
01:15T'as eu un resto ?
01:17J'ai eu un resto, ah oui, le resto le plus rapide de l'Ouest.
01:20Raconte-nous des anecdotes du resto.
01:21T'as eu un resto, mon père ?
01:23C'est sûr, il t'est arrivé des anecdotes ?
01:24Non, je t'explique.
01:24C'est sûr, sûr, sûr, sûr.
01:25Non, non, je t'explique, le resto...
01:26En plus, c'est toi qui servais.
01:27C'est un mec qui est venu me voir avec un ami d'enfance, avec mon pote Racine.
01:32Il nous a dit, voilà, je suis sous l'eau, voilà, j'arrive pas,
01:35j'ai un resto en plein milieu du 10e arrondissement.
01:37Moi, j'ai grandi dans le 10e, et mon pote Racine dit...
01:40Voilà, on va manger chez tout le monde dans tout Paris.
01:44Viens, on fait un endroit où on mange chez nous et que les gens viennent.
01:47Et on connaît tout Paris, toute la banlieue, tout le monde va venir manger chez nous.
01:50Je dis, écoute, moi, y'a pas de problème, mais faut pas qu'il y ait d'alcool,
01:52faut pas qu'il y ait tout ça, parce que j'ai pas envie.
01:55Et on est venus pour aider ce mec, mais pour garder le restant.
01:58On s'est retrouvés à trois associés.
02:00Quatre avec l'État.
02:01Et l'État, c'est un associé qui appelle la police quand ça va pas.
02:03Donc, tu vois...
02:05C'est la police.
02:06Donc, voilà.
02:06Et on s'est assis comme ça, et il a commencé à me dire,
02:08voilà, voilà les frais que j'ai faits, voilà les frais que j'ai faits.
02:11Il faudrait peut-être que chaque mois, on met un peu de côté pour calmer les frais.
02:15Je dis, mais les frais, ils sont à combien ?
02:16Il m'a dit, on est à peu près à 350 000 euros.
02:18Je me suis retourné vers mon pote, je lui ai dit, viens, on prend un crédit,
02:20on ouvre sans frais, on est très bien.
02:22Parce que là, je lui ai dit, t'es mort, nous, on est juste là boué pour t'aider.
02:25Moi, je suis pas restaurateur, j'y connais rien.
02:27Mais je suis curieux.
02:28Bref, on s'est mis d'accord, on a commencé à travailler, donc j'ai ouvert.
02:30J'avais un plongeur, hyper gentil.
02:33J'avais ramené un cuisinier d'une étoilée, un truc.
02:37J'avais une serveuse, c'était une type du quartier.
02:39Et je lui ai dit, ça y est, c'est bon, le resto va partir.
02:42Tout le monde est venu manger, Omar Sy, Edouard Berthe, Jamel, El Abekti.
02:46Plein de potes qui sont venus manger un peu, c'est des gens connus et tout.
02:49Les gens connus, ils viennent une fois ou deux, après, ça y est.
02:52Et après, t'as les clients, les vrais qui viennent, donc t'as les anniversaires.
02:54Et moi, je servais.
02:56Les gens, ils étaient contents.
02:57Et un jour, déjà, mon commis de cuisine, il n'arrive jamais à l'heure.
03:02C'était un compatriote à toi.
03:04Je connais.
03:05Et il était tunisien.
03:08Pas d'origine, il était d'origine tunisien, mais tunisien.
03:10De là-bas ?
03:11Oui, non, mais il est ici, il a deux séjours, enfin tout ça.
03:14Bon mec, adorable.
03:15Mais le problème qu'il a, c'est qu'à chaque fois qu'il prend le métro,
03:18il y a quelqu'un qui se suicide.
03:21Donc je lui dis, s'il te plaît, arrête de prendre le métro,
03:23il n'y aura plus personne dans Paris.
03:25Je t'en supplie.
03:26Il me dit, mais c'est pas moi, il avait le métro,
03:28t'as vu, quelqu'un, il est mort.
03:31Je lui dis, s'il te plaît, Ramzi, s'il te plaît, Ramzi.
03:34Je lui dis, Ramzi, écoute, il n'y a pas de problème,
03:36moi, je suis ton frère, tu travailles chez ton frère.
03:38Quand tu me demandes des trucs, je te fais.
03:40Donc moi, je peux te demander juste un peu de travailler, ça ne te dérange pas.
03:43Il me dit, mais voilà, Boudel, c'est pas moi,
03:44je prends les nuits de quelqu'un qui va mourir.
03:46Je dis, d'accord.
03:48Et c'est la neuf, il revient encore, il est mort et deux.
03:51Je lui dis, bon, arrête de prendre le métro.
03:52Ouais, je t'envoie un taxi, c'est bien.
03:54Un jour, il m'appelle, il me dit, Boudel, demain, mariage de ma soeur.
03:57S'il te plaît, s'il te plaît, samedi, on est dans le Roche.
04:00J'ai deux anniversaires.
04:02Je lui dis, vas-y, pas de problème.
04:04Tu peux y aller.
04:05Mais moi, quand je lui dis, tu peux y aller, c'est après le service.
04:08Je n'ai plus de nouvelles de lui.
04:09Il est où, il est où, Ramzi, il est où, Ramzi ?
04:11Je l'appelle et j'entends derrière,
04:13Bip, bip, allô, ça, ça, ça.
04:15Je dis, qu'est-ce qu'il fait, lui ?
04:17Je dis, Ramzi, t'es où ?
04:18Il me dit, mais tu m'as dit oui, le mariage.
04:20Mais je t'ai dit oui, mais après ton service, à une heure du matin, pas 14 heures.
04:24Il me dit, mais tu sais, il y a la mairie, il y a les photos, il y a tout un truc.
04:28Il me dit, vas-y, quand toi, t'as fini, viens.
04:33Je suis devenu ouf.
04:35Je me suis retrouvé derrière à faire les préparations de salade.
04:40Ça, c'était lui, la serveuse, le type de mariage.
04:42Quand j'étais éducateur, je l'avais.
04:44Et elle, pendant tout le temps, elle a ses trucs de meuf.
04:48À chaque fois que je lui parle, elle me dit, ouais, j'ai mes trucs et tout.
04:51Je dis, mais écoute, on connaît des copines, des meufs,
04:56t'as un mois de règles, c'est pas possible, t'auras plus de sang dans pas longtemps.
04:59Je lui dis, arrête un peu.
05:00Elle me dit, non, mais je suis pas bien.
05:02Que des trucs de fou.
05:04Et je commence, et le premier mois, il y a la hotte qui pète.
05:08La hotte, elle pète en deux.
05:09J'appelle Abdé Dupanav, je lui dis, Abdé, s'il te plaît, viens.
05:12Il m'a dit, écoute, moi, en 20 ans de restauration, je n'ai jamais vu ça.
05:16Pareil, galère de glaçons, ramène-moi des glaçons.
05:18Moi, j'allais, on m'appelait.
05:21On m'appelait Boudère, on n'a pas de glaçons, je dis OK.
05:23C'est l'anecdote, vous étiez avec moi.
05:25Vous deux, tiens.
05:26Quand on était avec Bocobé, le rappeur qui est un ami.
05:29Bocobé, il avait lancé une chaîne de tacos, tout ça.
05:33Un truc qui marchait super bien.
05:35Et il m'a dit, Boudère, le truc qui m'a fait clic dans ma tête,
05:38c'est un jour, j'allais rentrer sur scène,
05:40et je reçois un appel d'un des managers de tacos.
05:43Allô, ouais, Boco, on n'a plus de ketchup.
05:46Il me dit, j'ai vendu des millions d'albums, on m'appelle pour du ketchup.
05:51C'est bon, j'ai compris que...
05:53Est-ce que t'es déjà rêvé des dingueries ?
05:55T'as des anecdotes à nous raconter, c'est sûr.
05:56Genre tournées, en truc.
05:57Ouais, Boudère, il a que ça.
05:59Déjà, il y a un truc, en vrai, de vrai, ça c'est un fait.
06:02Tu fais des tournées, 800 dates par an.
06:04On a compté, ça m'a compté.
06:05Il y a 360 jours et quelques.
06:08Tu fais 837 dates par an.
06:11Bon, je vais vous dire la vérité.
06:12Mais l'autre fois, je lui ai dit, tu vas où ?
06:14C'est un scoop.
06:15L'autre fois, je lui ai dit, tu vas où ?
06:16Il me dit, je fais Marseille, Lille.
06:20Et je lui ai dit, tu rentres quand ?
06:22Il m'a dit, je rentre demain.
06:22Je lui ai dit, tu joues deux fois dans la même journée.
06:26Bon, je vous dis mon secret.
06:29On est comme les braquettis, on est trois.
06:31OK.
06:32C'est vrai que les braquettis sont trois.
06:35Quand il y en a un, il est à Lille, l'autre, il est à Angers.
06:38Au niveau des calculs, c'est bon.
06:40Non, mais tu sais, moi, ce qui m'a...
06:42Les anecdotes de ouf qui me sont arrivées, c'est avant d'être connu.
06:45C'est quand je commençais...
06:46Un jour, je joue dans une salle
06:49et c'était une salle avec une petite salle derrière.
06:52Moi, je ne savais pas que j'étais dans la petite.
06:53Mais j'aime bien arriver toujours une heure et demie,
06:56deux heures avant le spectacle,
06:58proposer mes affaires, errer dans le théâtre, couper avec le monde extérieur.
07:02C'est une formation au footballistique.
07:04Une heure et demie, on se mise au verre.
07:06L'avant-match.
07:06On marche un petit peu l'avant-match.
07:08Sauf que moi, ce jour-là, je ne sais pas, je ne me rappelle plus ce que j'avais,
07:11mais je suis arrivé à les 10-15 minutes et je n'avais pas de décor.
07:13J'avais juste un micro...
07:15A l'époque, c'était un micro-cravate.
07:19J'avais...
07:20Merci pour le vocabulaire.
07:22Tu trouves ton T-shirt et tu mets le truc et tu es obligé de faire ça.
07:27Et j'arrive et je bombarde.
07:29Je ne passe même pas par la caisse.
07:31Je dis, écoute, je suis en retard.
07:32J'y vais, je rentre tout de suite, ce n'est pas grave.
07:33Elle me dit, ouais, ça a commencé.
07:37On a envoyé le...
07:38Enfin voilà, il faut y aller.
07:40Je rentre.
07:41Je suis très rentre, déjà, il y avait 70 personnes.
07:45C'était complet, mais je suis heureux.
07:48C'était très rare d'être complet, à l'époque.
07:49J'arrive, je commence à faire des levats.
07:51Les gens, ils galerient, ils galerient, ils galerient, ils galerient.
07:53Ça galerie pendant 15 minutes, ça galerie.
07:56Et là, sur le côté, j'entends, psst, hey, psst, hey.
08:00Sur le côté, sur le côté de la scène, j'entends, psst, hey, psst, hey.
08:04Moi, je suis là, je fais les levats et je t'aime pas.
08:06Je vois un mec avec une guitare.
08:07Tsar !
08:08Je dis, qu'est-ce qu'il fait celui-là ?
08:10Tsar !
08:11Je ne comprends pas et moi, je continue.
08:14Et là, il rentre, il dit...
08:16Ah, il fait des blagues, il filme son truc de...
08:18Je me suis trompé de salle.
08:20C'était la salle d'atéco.
08:22T'es là-bas, toi, grand.
08:24Et eux, ils pensaient que c'était la première partie du concert.
08:27Et je suis très rentre, je me vois dans ma salle.
08:29Bah oui, il n'y avait personne.
08:32Il y avait deux mecs, dont un, c'est le régisseur.
08:35Et j'ai jamais compris comment ça m'a tué, ce jour-là.
08:38Mais c'est incroyable, c'est incroyable.
08:39Je te jure que c'est vrai.
08:40C'est super, vraiment.
08:41Moi, un jour, j'ai fait la première partie d'un humoriste.
08:44Et il n'est jamais venu.
08:46Moi aussi.
08:47Peut-être qu'on parle du même.
08:48On parle sûrement du même, Redouane Bouguéraba.
08:50Un jour, je fais la première partie de Redouane Bouguéraba.
08:53Tu me crois, il n'est jamais venu au spectacle.
08:55C'est toi qui as fait le show.
08:56Moi, j'ai fait son spectacle.
08:58Moi, c'était un autre.
08:59Et moi, je n'avais même pas une heure.
09:00Je tournais en boucle sur 10 minutes,
09:02mais que je faisais avec une autre intention.
09:05Un jour, je joue.
09:06Je ne sais plus.
09:07Je crois que c'était dans le Nord.
09:08Je joue, je joue.
09:10Et je vois un mec au premier rang, son téléphone,
09:12il n'arrête pas de sonner.
09:13Mais il ne sonne pas.
09:13Il l'a mis là, ça fait...
09:16Bon, relou, une fois, je fais une 9a.
09:19Deuxième fois, je fais une 9a.
09:20Troisième fois, je dis bon, allez, tac.
09:22Et je prends le téléphone et je décroche.
09:24Et quand je décroche, j'entends, écoute,
09:27Dialo ton...
09:28Gros mot, pardon, moi, je n'aime pas les gros mots.
09:30Dialo ton...
09:31Chouette.
09:32Gros mot, pardon, moi, je n'aime pas les gros mots.
09:33Dialo ton...
09:34Chouette.
09:35Au fond, avec ma mère, et que je le vois avec sa...
09:39Mais moi, il n'y a que moi qui ai cette information.
09:42Le public en face, mais ce n'est pas ce qui se passe.
09:44Et moi, je me dis, ah ouais, d'accord, écoutez.
09:48Je ne sais pas comment lui dire ça.
09:50Elle dit non, mais de toute façon, j'arrive lui dire.
09:52Je raccroche et je vois, moi, je pensais que c'était une 9a.
09:55Je vois une meuf qui part de derrière, qui arrive.
09:58Et je dis au public, alors, attendez.
10:01Je suis choqué.
10:02Le mec, la meuf, elle arrive.
10:04C'était dans mon premier spectacle, ça.
10:05La meuf, à bout d'air, c'est au one-man-show.
10:07Et la meuf, elle arrive.
10:08Elle dit, ah ouais, c'est ça, attends, déplacement.
10:12Et elle part.
10:14Et là, le public est choqué, tu vois.
10:15Elle part avec sa mère, tu vois.
10:17Sa mère aussi.
10:18Oh, sa mère.
10:18Je savais que t'étais un goujins.
10:20Bon, c'était dans le Nord, donc les goujins, tout ça.
10:23Et ils partent.
10:23Et lui, il était à côté d'une meuf qui n'était pas sa meuf.
10:26Il l'a trompé, en fait, avec sa femme.
10:28Et là, le public comprend.
10:30Donc, elle est ouh, ouh, ouh, et ça, le public comprend.
10:33Que des mots de ouf.
10:34Il se lève et que sa meuf, il sort.
10:37Mais, on revient dans ton spectacle, après.
10:40C'est hyper compliqué.
10:42Ah oui, vraiment ?
10:43Qu'est-ce que je vais faire pour te décontracter ?
10:46Je dis, bon, écoutez,
10:47s'il y a d'autres gens qui sont venus avec des femmes qui ne sont pas les leurs,
10:50s'il vous plaît, quittez la salle.
10:52Et là, on s'en rigole un peu.
10:54Et je reviens.
10:55Mais n'importe quelle vanne que tu fais, ça ne marchera pas.
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