RÉVÉLATIONS Bolloré a tenté dacheter mon silence, comme celui de de centaines de journalistes.

  • il y a 5 mois
Transcription
00:00 151 500 euros.
00:02 C'est la somme que les prud'hommes de Boulogne-Biancourt
00:04 viennent de me condamner à verser au groupe Canal+,
00:07 contrôlé depuis 2015 par le milliardaire breton d'extrême droite Vincent Bolloré.
00:11 Mon crime ?
00:12 Avoir accepté de signer un accord transactionnel
00:14 pour sortir de Canal après 5 ans de placard,
00:16 puis avoir tout de même donné mon avis.
00:18 Dans un documentaire de Reporters sans frontières diffusé fin 2021,
00:21 j'avais évoqué avec d'autres journalistes
00:23 la façon dont Vincent Bolloré instrumentalise des grands médias
00:26 dont il a pris le contrôle,
00:27 comme les chaînes du groupe Canal, C8, CNews, le JDD ou Europe 1,
00:31 voire Paris Match,
00:32 pour développer son business, voire son combat civilisationnel.
00:36 Souvenez-vous.
00:36 C'est une vision du journalisme aux ordres.
00:47 C'est la brutalité totale,
00:48 tout le monde s'accorde à des choses comme ça.
00:51 On s'est rendu compte qu'on était 30 ou 40 journalistes différents,
00:54 de différents médias, toutes sensibilités confondues,
00:57 à avoir été attaqués par Vincent Bolloré.
00:59 De manière quasi systématique,
01:01 il attaque tous les médias et tous les journalistes
01:03 qui souhaitent enquêter pour mettre en lumière
01:06 ces pratiques problématiques.
01:08 En termes de massacre de l'information,
01:09 d'instrumentalisation de l'information, de propagande,
01:12 la violence de ce qui est en train de se passer
01:13 en termes de démocratie est absolument terrible.
01:15 Comme vous le savez, pour promouvoir une France catho-tradie,
01:23 voire d'extrême droite,
01:24 Vincent Bolloré n'hésite pas à employer en vitrine
01:26 de ses chaînes d'info des personnalités "border".
01:28 C'est vrai côté harcèlement sexuel ?
01:30 Avec Cyril Amouna de C8 qui avait incité par exemple
01:33 la future belle-fille de Nicolas Sarkozy à toucher son sexe
01:35 alors qu'elle avait les yeux bondés ?
01:36 Ou Jean-Marc Borrodini, animateur de CNews,
01:47 récemment condamné à 6 mois de prison
01:49 avec sursis pour harcèlement sexuel.
01:52 À l'été 2015, Gabriel postulait pour tourner
01:54 dans la web-série "Les Faucons".
01:56 Et c'est Jean-Marc Borrodini qui lui répond.
01:58 Par mail, il le pousse de plus en plus loin
02:00 dans ses retranchements.
02:01 D'abord en lui demandant une vidéo de lui nue,
02:04 puis une deuxième en érection.
02:05 Et une troisième en train de se masturber.
02:08 Mais c'était pour les besoins de la série.
02:09 Le thème, c'est la nudité.
02:11 J'avais besoin de voir jusqu'où il pouvait aller,
02:13 rétorque l'animateur.
02:14 On se souvient aussi qu'Eric Zemmour a longtemps été employé
02:16 par Bolloré en vitrine de CNews,
02:18 alors qu'il avait été condamné pour provocation à la haine raciale.
02:21 151 500 euros donc, juste pour avoir rappelé
02:24 ce que tout le monde sait,
02:25 que Vincent Bolloré se sert de son influence médiatique
02:27 pour développer son business en France-Afrique,
02:29 ou tenter de faire basculer la France à l'extrême droite.
02:31 C'est un peu cher payé, et on va d'ailleurs faire appel.
02:34 151 500 euros, c'est surtout un montant qui fragilise
02:37 Off Investigation, le média qu'on avait lancé
02:39 il y a deux ans avec une poignée de jeunes journalistes.
02:41 On voulait continuer à faire de l'investigation
02:43 pour diffuser sur Youtube en accès libre
02:45 des enquêtes sur les pouvoirs politiques et économiques
02:47 que Canal ne voulait plus initier.
02:49 Aujourd'hui, Off est en danger.
02:51 Vous me direz, en quittant Canal,
02:52 j'ai signé une clause secrète de non-dénigrement.
02:54 J'avais qu'à fermer ma bouche.
02:56 Imparable a priori.
02:57 C'est assez basique, en fait.
02:59 Quand vous rentrez dans un magasin orange,
03:01 si vous avez un vendeur orange qui insulte la marque,
03:04 c'est un problème.
03:05 Ça s'appelle du dénigrement.
03:07 Quand vous touchez de l'argent,
03:09 les montants dont on parle qui sont significatifs,
03:11 me semble-t-il, et qu'il y a une somme
03:13 qui est spécifiquement allouée au non-dénigrement,
03:15 vous ne dénigrez pas.
03:17 Sauf que ce raisonnement fait comme si un salarié
03:19 était l'égal de son employeur.
03:20 En réalité, quand on est censuré, placardisé durant 5 ans,
03:22 regardé publiquement, présenté dans le canal enchaîné
03:25 comme faisant partie d'une liste noire de Vincent Bolloré,
03:27 à moins de sauter par la fenêtre, on finit par être obligé de partir.
03:29 Et quand l'employeur vous dit
03:31 "vous pourrez partir avec vos indemnités légales,
03:33 à condition de renoncer à vos droits en justice
03:35 et de ne jamais tenir le moindre propos ou tweet
03:37 qui porterait atteinte à l'honneur ou la réputation
03:39 de Vincent Bolloré ou à ses entreprises",
03:40 vous êtes coincé et vous finissez par signer.
03:42 Ce qui est important de comprendre,
03:44 c'est que je ne suis pas un cas isolé.
03:45 Il y a en France des centaines de journalistes,
03:47 humoristes, syndicalistes, cadres dirigeants ou simples employés
03:50 qui ont, comme moi, été poussés à signer
03:52 ces fameuses clauses de confidentialité.
03:54 À vie, sans limite de temps.
03:56 Ils n'ont même pas le droit d'en révéler l'existence.
03:57 Je me souviens à Canal,
03:58 les salariés qui avaient signé ce type de clause
04:00 en rasant les murs au moment de partir de l'entreprise.
04:02 Ils ne pouvaient même pas faire un pot de départ avec leurs collègues
04:04 parce qu'ils n'avaient pas le droit de leur dire
04:05 qu'ils avaient signé une transaction.
04:06 Ça fait presque 10 ans que Bolloré achète ainsi
04:08 le silence ancien de Canal, de ITL et désormais d'Europe 1,
04:11 du JDD ou de Paris Match.
04:12 Convaincu que c'est profondément dangereux pour la démocratie,
04:15 j'ai décidé de révéler les coulisses de ces méthodes Bolloré
04:17 qui prennent notre pays en otage depuis 2015.
04:19 Pour comprendre comment on en est arrivé là,
04:20 il faut revenir un peu en arrière.
04:21 En 2014, sous le quinquennat de François Hollande,
04:23 et alors qu'Emmanuel Macron est ministre de l'économie,
04:25 Vincent Bolloré sollicite l'Élysée
04:27 pour l'aider à le prendre contrôle de Vivendi et donc de Canal.
04:30 À l'époque, grâce à ses millions d'abonnés,
04:32 la chaîne cryptée est relativement indépendante
04:33 des annonceurs publicitaires ou de l'État.
04:35 Elle peut donc se permettre de cultiver une certaine impertinence
04:38 chère à son célèbre directeur des programmes, Alain De Greff.
04:41 C'est l'époque du zapping, de l'investigation
04:43 et des guignols de l'info qui mettaient en lumière
04:45 les travers d'un Nicolas Sarkozy, d'un François Hollande
04:48 ou de la World Company.
04:49 Pendant des années, Sarko a tapé du poing sur la table,
04:52 même quand il était président,
04:53 dans l'espoir de museler l'impertinence des célèbres guignols.
04:56 Pendant des années, les patrons de Canal,
04:57 d'Escure et de Greff lui ont résisté.
05:00 Un cas unique dans l'histoire de l'audiovisuel français.
05:02 Mais en 2015, quand Vincent Bolloré prend d'assaut Vivendi,
05:04 maison maire de Canal,
05:05 plus question de se moquer de son ami Nicolas Sarkozy,
05:08 à qui il avait prêté gracieusement yacht et jet privé en 2007.
05:12 Les guignols de l'info, décapités.
05:14 L'investigation, censurés.
05:16 Avec mes collègues journalistes,
05:18 on animait une case d'investigation à Canal,
05:19 on comprend vite qu'il n'est plus question par exemple
05:21 de révéler qu'une filiale du Crédit Mutuel,
05:23 une des banques qui soutiennent Vincent Bolloré,
05:25 accepte illégalement des valises de cash à Monaco
05:28 ou qu'elle organise l'évasion fiscale de ses clients les plus fortunés.
05:31 Plus question non plus de mettre en lumière les coups bas
05:33 que François Hollande ou Nicolas Sarkozy s'envoient
05:35 en dessous de la ceinture dans leur lutte pour l'Elysée.
05:36 La censure de l'enquête sur le Crédit Mutuel,
05:39 Bolloré l'a assumée en personne devant les élus de Canal en septembre 2015.
05:43 En gros il a dit "quand vous êtes locataire,
05:45 il ne faut pas s'en prendre au propriétaire de l'immeuble".
05:47 Dans la foulée, les services de Maxime Sahada nous écrivaient noir sur blanc
05:49 "la direction préfère désormais éviter les attaques frontales ou polémiques
05:53 contre les partenaires contractuels, actuels ou futurs".
05:56 Et qu'elle, on n'a jamais obtenu la réponse.
05:59 Du coup, Maxime Sahada s'est toujours autorisé à censurer n'importe quoi, n'importe quand.
06:03 Et puis il ne s'agissait pas de résister.
06:05 Quand en 2015, le patron du zapping Patrick Monnet diffuse quelques extraits
06:08 du doc Crédit Mutuel censuré par Canal mais diffusé sur France 3, ça chauffe.
06:12 Nicolas Vescovacci, ce film a eu un parcours atypique,
06:15 il a été programmé sur Canal+ en mai dernier, il a été déprogrammé,
06:19 on le diffuse aujourd'hui sur le service public, sur France 3.
06:22 On assume évidemment cette enquête,
06:24 est-ce que vous savez pourquoi cette déprogrammation a été décidée ?
06:29 Écoutez, à ce jour, nous n'avons jamais eu aucune explication du groupe Canal+,
06:33 que ce soit de la part des responsables éditoriaux
06:35 ou de la direction du groupe Canal elle-même.
06:37 Ce que l'on sait en revanche est de source sûre, nous avons des preuves,
06:41 M. Lucard, le patron du groupe Crédit Mutuel CIC,
06:44 a bien appelé Vincent Bolloré pour demander la déprogrammation de ce film.
06:49 Et nous en avons la certitude,
06:50 M. Bolloré a lui-même censuré en direct ce film.
06:54 Quelques temps plus tard, il diffuse aussi quelques extraits
06:56 du doc de complément d'enquête consacré à Vincent Bolloré.
06:58 Portrait d'un grand patron qui n'aime pas qu'on parle de lui.
07:02 C'est donc sans lui que nous nous sommes rendus au Cameroun.
07:05 Depuis trois décennies, l'homme d'affaires breton y a investi un peu partout,
07:10 dans des secteurs qu'il n'aime pas vraiment mettre en avant,
07:13 mais qui lui rapportent énormément.
07:15 C'est un travail difficile ?
07:21 Oui, trop dur.
07:23 Et le salaire est vraiment faible.
07:25 Il a 34 ans, il a 14 ans.
07:29 On dirait que nous sommes des animaux de blouse.
07:32 C'est comme si on n'était pas humains.
07:34 Responsable cinéma, sport, pub, antenne, secrétaire général,
07:39 patronne d'Itélé, patron de D8, de Studio Canal,
07:42 une trentaine de hauts dirigeants virés sans ménagement
07:45 et remplacés par des proches de l'actionnaire.
07:47 Vincent Bolloré, et si c'était lui l'homme le plus puissant de France ?
07:51 Conséquence, Menet se retrouve menacé par des textos furibars de Cyril Hanouna,
07:56 qui se comportait déjà à l'époque en chien de garde du milliardaire breton.
07:59 Avec quelques collègues, on a alors tenté de défendre l'investigation.
08:02 Quand Bolloré avait décidé de censurer l'enquête sur le crédit mutuel,
08:05 nous, on avait été pris à partie par les abonnés.
08:07 On s'en était pris plein la figure, ils nous disaient
08:09 "Ah, vous lancez une enquête sur ce bouet ?
08:11 Ça doit être parce que Bolloré n'est pas actionnaire de ce bouet."
08:13 Bref, on était discrédités.
08:15 À la rentrée 2015, l'émission Spécial Investigation
08:17 se retrouve pendant plusieurs mois en chômage technique.
08:19 Quand j'annonce à ma hiérarchie,
08:21 que je deviens représentant du Syndicat National des Journalistes TGT,
08:24 Mme Sahada, un ancien de Mackinsey, nommée à la tête de canal par Vincent Bolloré,
08:27 me fait immédiatement convoquer par lettres recommandées
08:30 en vue d'un éventuel licenciement.
08:32 Discriminatoire, la menace sera abandonnée aussi vite qu'elle avait été dégainée.
08:36 Début 2016, on tente de proposer 11 nouvelles enquêtes à la direction.
08:39 La plupart seront refusées, sous le niveau.
08:42 Là, le dernier comité d'investigation, par exemple,
08:48 nous avons proposé à la direction 11 projets d'enquête.
08:52 On en propose toujours une dizaine pour deux mois,
08:54 parce qu'en fait il y a 8 émissions sur deux mois,
08:56 donc pour remplir l'antenne, on en propose toujours une dizaine.
08:59 On a eu 7 refus.
09:01 – Par exemple ? Vous avez une idée des sujets refusés ?
09:03 – Oui, oui, Volkswagen, l'entreprise de tous les scandales,
09:06 projet refusé par la direction nommée par Vincent Bolloré,
09:09 Le Monde selon Youtube, projet refusé par la direction nommée par Vincent Bolloré,
09:13 François Homland, une enquête sur le Président et les guerres,
09:16 a-t-il les moyens de faire autant de guerres,
09:18 est-ce que ça n'a pas des conséquences perverses ?
09:20 C'est un sujet qui est très important,
09:22 on a refusé par la direction de Vincent Bolloré,
09:24 attentat, les dysfonctionnements des services de renseignement,
09:26 attentat, 130 morts en novembre, projet refusé par la direction nommée par Vincent Bolloré,
09:29 les placards dorés de la République,
09:31 comment des préfets se retrouvent nommés à 15 000 euros pour être hors cadre,
09:35 bon bref, les emplois fictifs dans les hautes fonctions publiques,
09:37 projet refusé par la direction nommée par Vincent Bolloré,
09:39 réparations de manie de France sont sûrs,
09:41 confirmés par la direction de Vincent Bolloré,
09:43 et le dernier, Nutella, les tartines de la Discord,
09:45 refusé également par la direction de Vincent Bolloré.
09:47 En juin 2016, auditionné au Sénat,
09:49 Maxime Saada joue la main sur le cœur,
09:51 il n'aurait jamais censuré aucun reportage.
09:53 Je m'occupe des programmes de Canal+,
09:55 des chaînes Canal+ depuis un peu plus de trois ans,
09:57 j'ai succédé à Rodolphe Belmer dans Troll,
10:00 ça fait un an que je travaille très directement avec Vincent Bolloré,
10:05 Jean-Christophe Thiry et l'équipe,
10:07 il n'y a jamais eu la moindre intervention,
10:10 quelle qu'elle soit, de la part de Jean-Christophe,
10:13 de Vincent Bolloré, du directeur du Vindy,
10:15 sur un programme,
10:17 quel qu'il soit dans la galaxie des chaînes Canal+.
10:19 Quelques mois plus tard,
10:20 quand une centaine de journalistes d'ITL se cabrent
10:22 à l'idée de voir un Jean-Marc Morandini accusé d'agression sexuelle
10:24 incarner leur chaîne d'info,
10:26 Bolloré leur refuse toute charte déontologique
10:28 et toute négociation.
10:30 Il va même laisser ces journalistes en grève durant des semaines,
10:32 comme pour les épuiser,
10:33 en ne leur laissant qu'une seule option, partir.
10:36 Les journalistes réclament une charte de déontologie,
10:39 ainsi qu'un directeur de la rédaction,
10:41 indépendant de l'actionnaire principal.
10:43 Il sort !
10:45 Camille, Camille, Camille !
10:47 Camille, on arrête !
10:49 Emmanuel Macron est avec nous !
10:51 Merci Emmanuel Macron !
10:53 Vous allez bien ?
10:54 Très bien !
10:55 En mai 2017, Yannick Bolloré, le fils de Vincent,
10:57 fait le pied de grue pour acclamer Emmanuel Macron
10:59 qui vient d'être élu à l'Elysée.
11:00 Son associé dans l'audiovisuel, Cyril Hanouna,
11:02 ouvrira alors les plateaux de ses émissions
11:04 à toute la Macronie, durant des mois,
11:06 notamment pour les aider à éteindre la révolte des gilets jaunes.
11:08 Vous avez fait beaucoup de progrès dans la maîtrise de votre antenne.
11:11 Vous pouvez être tout aussi drôle,
11:13 tout en étant respectueux, donc bravo pour ça.
11:15 Fin 2017, Vincent Bolloré va aller encore plus loin
11:29 dans l'interventionnisme éditorial.
11:31 Il réclame le départ du président Fornia Singh B,
11:35 dont la famille est au pouvoir depuis 50 ans.
11:38 Gêné par un reportage de l'effet papillon
11:40 montrant que le dictateur du Togo,
11:42 avec qui il espère signer des contrats,
11:44 fait tirer sur son peuple,
11:45 il fera retirer le sujet du replay de la chaîne,
11:48 avant de faire fabriquer pour Canal
11:49 un public reportage sur son ami dictateur.
11:51 Un peu grosse, la ficelle finira par faire
11:53 entreouvrir une propière au CSA,
11:55 le conseil supérieur de l'audiovisuel,
11:57 qui sanctionnera légèrement Canal.
11:59 Un an plus tard,
12:00 alors que Vincent Bolloré a déposé plusieurs plaintes
12:02 contre Tristan Vallex et France Télévisions,
12:03 dont il déteste les émissions d'investigation,
12:05 le milliardaire breton est mis en examen
12:07 pour corruption d'agents publics étrangers.
12:09 Il est décidé d'avoir payé des campagnes
12:10 de potentats africains
12:11 en échange de marchés portuaires.
12:13 Invité sur France 5 avec Tristan Vallex,
12:15 on décide de mettre les pieds dans le plat.
12:17 Après que ce coup de gueule ait fait un carton sur Facebook,
12:19 Maxime Salada exprimera sa fureur en comité d'entreprise.
12:21 Même ma mère l'a vu !
12:23 Quant à moi, je recevrai un avertissement.
12:25 Dans les mois qui suivent,
12:27 mon nouveau chef Jean-Marc Jourami
12:28 est en train de me rassurer.
12:29 Canal a trouvé pour moi des sujets d'enquête passionnants.
12:32 Les tueurs en série.
12:34 On me demandera comme ça de travailler
12:35 sur le petit Grégory,
12:36 noyé dans la Vologne dans les années 90.
12:38 Puis sur Guy Georges,
12:39 qui aura estourbi une vingtaine de jeunes femmes.
12:41 Et enfin sur Nordal Lelanger,
12:43 expert en viol de petites filles ou de jeunes militaires.
12:46 L'avantage avec ce genre de faits divers sordides,
12:48 c'est qu'on ne risque pas de déranger qui que ce soit.
12:50 Dans mon placard de Canal+ à l'époque,
12:52 la DRH de la chaîne me demande même de travailler
12:55 sans pouvoir lire le journal.
12:57 Elle me dit "t'as qu'à aller sur Google, c'est gratuit".
12:59 Six mois de bras de fer,
13:01 six mois de lettres recommandées
13:02 juste pour expliquer que,
13:03 en tant que rédacteur en chef,
13:04 j'ai besoin de pouvoir lire le journal.
13:06 Quand en 2020,
13:07 dans le cadre d'un plan de départ volontaire,
13:09 impactant 20% des effectifs de Canal,
13:11 mon poste est ciblé,
13:12 je me porte évidemment volontaire.
13:14 Après cinq ans de placard,
13:16 c'est l'occasion de quitter enfin la chaîne cryptée
13:18 avec mes indemnités légales.
13:20 Mais là, à nouveau,
13:21 la direction m'impose une condition.
13:23 Tu peux partir,
13:24 mais à condition d'arrêter les trois procès contre nous
13:26 et de signer un accord de silence.
13:28 Après cinq ans d'enfer,
13:29 il fallait faire quoi ?
13:30 Refuser et continuer à flinguer ma vie à Canal
13:32 ou quitter la perversité du système Bolloré
13:34 et tenter de refaire enfin du vrai journalisme.
13:37 À l'été 2021,
13:38 ma décision a été prise.
13:39 À un an de la présidentielle,
13:41 il était primordial de lancer off-investigation
13:43 pour pouvoir enfin faire le boulot
13:44 qu'on ne pouvait plus faire à Canal,
13:46 enquêter sur les pouvoirs politiques et économiques.
13:48 En témoignant dans le doc de Reporters sans frontières,
13:50 j'ai fait que rappeler des faits déjà connus.
13:52 Oui, c'est quelqu'un qui gère par la terreur.
13:55 C'est-à-dire qu'il n'est pas question
13:57 que qui que ce soit résiste aux oucas de l'actionnaire,
13:59 surtout pas en matière d'information,
14:01 parce que l'information est stratégique pour lui
14:03 et il veut en faire exactement ce qu'il veut.
14:05 Et donc les journalistes sont des petits soldats.
14:07 Vincent Bolloré,
14:08 on connaît son interventionnisme éditorial,
14:10 il viole régulièrement la loi de 1986
14:12 qui interdit en principe à un actionnaire de médias
14:14 d'entraver la liberté des journalistes
14:15 pour favoriser son business.
14:17 Aujourd'hui, c'est pourtant moi qui me retrouve condamné
14:19 pour avoir dit la vérité.
14:20 Manifestement,
14:21 dans la France de Hollande ou celle de Macron,
14:23 il vaut mieux instrumentaliser un média
14:25 pour faire de la propagande
14:26 plutôt que de dénoncer les atteintes
14:28 à la liberté d'informer.
14:29 Mais tout ça,
14:30 c'est sans compter le fait
14:31 qu'on est de plus en plus nombreux
14:32 à ne rien vouloir lâcher.
14:33 J'espère que ce témoignage poussera
14:35 d'autres personnes à s'exprimer.
14:37 Vous retrouverez en description de la vidéo
14:38 le lien du doc de Reporters sans frontières
14:40 par lequel le scandale est arrivé.
14:42 Alors malgré cette lourde condamnation,
14:43 je ne vous demanderai jamais d'argent
14:45 pour payer celui qui tente de nous baïonner.
14:47 J'ai pris mes responsabilités.
14:48 Mais j'en appelle à votre soutien.
14:50 Parce que la seule arme que nous avons
14:51 contre les prédateurs de l'information,
14:53 c'est de révéler leurs affaires.
14:55 Alors financez nos enquêtes,
14:56 faites un don à Off Investigation.
14:58 Avec votre aide,
14:59 on va terminer nos deux prochains épisodes.
15:01 Macron l'américain,
15:02 la France livrée aux gaffes femmes
15:03 et quand Macron drague l'extrême droite.
15:05 On voudrait aussi lancer,
15:06 la saison prochaine,
15:07 une troisième saison d'investigation
15:09 dédiée justement aux relations
15:10 du président de la République
15:12 avec les puissants propriétaires de presse.
15:14 Alors faites un don
15:15 pour que la liberté d'informer puisse triompher.
15:17 On ne se laissera jamais baïonner.
15:19 On est des millions.
15:21 On peut y arriver.
15:22 Toutes les chaînes de télé
15:24 se méfient de l'investigation.
15:26 Dans les groupes privés,
15:27 comme celui de Vincent Bolloré,
15:29 on l'a tué depuis longtemps.
15:31 Dans l'audiovisuel public,
15:33 dont le budget dépend désormais du gouvernement,
15:35 on réfléchit à deux fois
15:36 avant d'égratigner l'exécutif.
15:38 Pour financer notre nouvelle série
15:42 d'enquêtes indépendantes
15:43 qui vont questionner
15:44 les pouvoirs politiques et économiques,
15:46 il ne nous reste plus qu'une seule solution,
15:48 faire appel à vous.
15:50 [Musique]

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