Thomas Sotto reçoit le joueur de tennis Roger Federer à La Courneuve pour les 4 vérités.
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00:00 [Musique]
00:06 Bonjour Roger Federer.
00:07 Bonjour Thomas.
00:08 Bonjour et bienvenue dans les 4V.
00:10 Alors ça y est, voilà enfin de retour sur un cours de télis Roger.
00:13 Sympa oui.
00:14 Vous savez que je vous suivrai jusqu'au bout du monde, ça vous le savez depuis tant d'années.
00:17 Toujours.
00:17 Mais quand même, je me suis dit pourquoi aujourd'hui ce matin,
00:20 Roger me dit tiens, on va se retrouver ici à la Courneuve en banlieue parisienne.
00:24 Pourquoi ici ?
00:25 Parce qu'ici à la Courneuve, il y a ce nouveau terrain qu'on avait créé avec Uniqlo
00:31 et aussi l'organisation de Yannick avec Faites le Mieux.
00:35 Et là aussi, c'est quelque chose de redonné, quelque chose à des endroits qui ont vraiment besoin
00:45 et ont envie aussi d'un terrain comme ça.
00:47 Moi j'aurais adoré un terrain pareil ici.
00:49 Alors après, en plus de ça, je me réunis avec des enfants.
00:54 C'est toujours quelque chose que j'adore à faire.
00:57 C'est aussi un peu pour moi de donner mon temps, redonner quelque chose.
01:01 Transmettre.
01:01 Transmettre aussi, voilà.
01:03 Ça me donne la possibilité.
01:04 Transmettre aux plus jeunes, c'est hyper important.
01:06 Mais comment faire les plus jeunes ?
01:07 Ils sont collés sur l'écran de leur portable, Roger.
01:09 Comment on fait pour les intéresser à autre chose ?
01:10 Que ça soit au sport, à l'art, à la culture, à la mode, comment on fait ?
01:14 Je pense que pour créer un terrain comme ça, il faut leur parler.
01:17 Il faut aussi parler, pas seulement aux enfants, mais aussi aux parents, aux profs, à tout le monde.
01:24 Parce que c'est vrai, comme tu dis, l'écran et tout ça, c'est tellement extrême aujourd'hui.
01:30 Il faut avoir quelques règles, surtout peut-être à un certain âge aussi,
01:33 que peut-être jusqu'à 14, 16 ans.
01:35 Il faut quand même vraiment bien contrôler les choses.
01:38 Vous y arrivez avec vos enfants ?
01:40 Non, non. C'est la grande bataille tous les jours aussi.
01:42 Alors je sais exactement de quoi tu parles.
01:45 Mais moi, je pense que d'aller sortir dans la nature ou aller faire du sport,
01:50 c'est le plus important.
01:52 Si on pense à la semaine dernière, peut-être ce qui a fait le plus plaisir,
01:55 c'est d'habitude toujours la nature ou le sport ou des amis.
01:58 Mais pas rarement l'écran.
02:00 Des enfants qui ont des rêves plein la tête, il y en a des milliards partout dans le monde, Roger.
02:04 Quel conseil vous donnez à... Parce que les places sont rares, elles sont chères.
02:07 Donc quel conseil vous donnez à un gamin qui se dit,
02:09 "Moi, quand je serai grand, je veux être Roger Federer, je veux être Kylian Mbappé."
02:12 Qu'est-ce que vous lui dites ?
02:14 Je lui dis de bien écouter ses parents et bien écouter ses coachs,
02:17 parce que je pense que c'est important.
02:19 Il y a toujours un coach avec vous dans le coin.
02:21 Voilà, exactement.
02:23 Non, alors ça c'est numéro un. Numéro deux, il faut aimer ce qu'on fait.
02:26 Alors je pense que quelques fois, il faut s'entraîner un peu plus dur qu'on pense,
02:30 parce qu'en fait, c'est par la détermination et par être fatigué...
02:36 De travail.
02:37 De travail. En fait, on est content.
02:39 Parce que si le coach te dit, "Tu veux faire quoi aujourd'hui ?"
02:42 En fait, l'enfant, il ne sait pas vraiment.
02:44 En fait, il a juste envie de se faire plaisir,
02:46 aussi de travailler dur de temps en temps.
02:48 Et c'est comme ça que tu arrives.
02:50 Après, forcément, tu as tellement de piliers ou de trucs à passer,
02:54 juste que tu es tout en haut, et c'est juste là où il faut se battre.
02:59 Parce que ce n'est pas toujours ça.
03:00 Je dirais que même quand on a du talent, quand on est doué,
03:02 sans travail, il ne se passe rien.
03:03 Ah non, mais le talent, il existe en plein de différentes formes.
03:07 C'est le travail, c'est la technique, c'est l'organisation, c'est logistique.
03:11 Avec qui tu es autour.
03:13 Alors, le travail, c'est primordial.
03:16 Ça, c'est absolument normal.
03:18 Et pour vous, Roger, le petit Roger, il avait quoi comme passion ?
03:20 Il avait envie de quoi quand il était gamin ?
03:22 Lui, il avait envie de bouger.
03:24 J'adorais le foot, le tennis.
03:25 Je faisais ça tout le long.
03:27 Je suis content que même dans les défaites ou dans les mauvais moments,
03:32 que je ne me suis pas laissé avoir par le moment.
03:37 Ne pas se laisser abattre.
03:39 Le moral.
03:41 Le moral, parce qu'en fait, tu perds tellement de matchs,
03:45 tu perds tellement de points quand tu es jeune ou dans le tennis
03:48 que tu peux vite arrêter de jouer au tennis et dire,
03:52 tu sais quoi, je vais faire autre chose.
03:54 Et ça, je n'ai jamais laissé faire.
03:56 J'ai eu trop de patience.
03:58 Et sincèrement, j'étais autour des gens incroyables,
04:01 comme mes parents, ma femme, mes coachs, tout le monde.
04:04 Et tout le monde m'a toujours poussé vers l'avant.
04:06 - Les jeunes aujourd'hui, dans notre époque en 2024,
04:08 sans faire le vieux con, ne pensent qu'à l'argent, qu'à devenir des stars.
04:12 Est-ce que ça, ça peut être un bon moteur aussi ?
04:14 Une façon de se dire, on va y arriver pour ça ?
04:16 - Oui, je veux dire, à la fin, il faut prendre la motivation de quelque part.
04:20 Si c'est parce que tu veux être connu, ok, le tennis, il te donne ça aussi.
04:25 Pour moi, c'était jamais vraiment ça.
04:27 Moi, je voulais jouer sur un grand terrain.
04:29 Je voulais jouer contre les meilleurs.
04:31 Après, automatiquement, je suis devenu connu.
04:34 Mais ce n'est pas quelque chose que je dois dire,
04:36 ça, c'était la chose la plus sympa du monde pour moi, d'être connu.
04:40 Le succès, c'était beaucoup plus important.
04:43 Mais voilà, prendre l'initiative, mais aussi un objectif.
04:47 Et si ça t'aide de penser comme ça, tant mieux.
04:50 - Vous avez créé votre fondation très très jeune, vous,
04:52 quand vous étiez jeune joueur de tennis, et vous y avez toujours beaucoup investi.
04:54 C'est la Roger Federer Foundation.
04:56 C'est votre maman Linette qui la gère au quotidien.
04:58 Depuis 20 ans, vous avez aidé 2,7 millions d'enfants dans le monde.
05:01 En quoi ça a été important pour vous de redonner et de redonner très tôt,
05:04 comme vous le faites d'ailleurs avec Around the World aujourd'hui ?
05:07 - Pour moi, c'était important, peut-être de prendre un peu ce risque,
05:10 d'y aller et de dire, tu sais quoi, on a créé une fondation à 21 ans.
05:16 Avoir cette vision de vouloir être dans cette situation-là, 20 ans plus tard,
05:23 et de dire, qu'est-ce qu'on a réalisé, qu'est-ce qu'on a réussi,
05:26 de pouvoir aider 7 millions d'enfants d'avoir une meilleure qualité ?
05:30 - C'est l'héritage, c'est ce qui reste après tout ça ?
05:32 - C'était l'idée pour moi. J'aimerais regarder en arrière et dire,
05:36 je peux être fier ou content de ça, ou ça m'inspire de faire encore plus,
05:39 au lieu d'aider un peu tout le monde, même si on fait ça aujourd'hui,
05:42 et j'adore aider les autres fondations aussi.
05:45 Mais d'avoir cette vision, ça m'a vraiment beaucoup...
05:49 Je suis fier et content que j'aie eu ça.
05:51 Mais même après 20 ans, j'ai toujours l'impression d'être au début
05:54 de ma vie de fondation, parce qu'il y a encore tellement à prendre.
05:58 - Ça, ça va continuer. Bon, Roger, regardez-moi dans les yeux maintenant.
06:01 Droit dans les yeux. - Oui, je suis là.
06:03 - Est-ce que ça vous manque autant que nous ?
06:05 Est-ce que vous êtes aussi malheureux que nous de ne plus avoir Roger
06:08 fait des rêves sur les cours, bon sang ?
06:10 - C'est comme ça chez toi, non ? - Ah bah oui !
06:12 Je ne suis pas tout seul, on est des millions comme ça.
06:14 - Non, non, non, tu ne peux pas parler pour ça.
06:16 Non, mais ça me manque, tu sais, le tour, il y avait les enfants
06:21 qui m'ont demandé, qu'est-ce qui te manque le plus ?
06:23 Et j'ai dit, les fans, voir les gens que j'ai vus une à deux fois par année
06:30 quand je suis revenu ici à Roland ou à Bercy, ou voilà, le monde entier.
06:34 Et du coup, tu ne les vois plus.
06:37 Après, j'adore jouer au tennis, alors ça, je peux toujours faire avec mes enfants.
06:40 - Tu joues encore beaucoup ? - Oui, avec ma femme, mes enfants,
06:42 mes copains en vacances et tout ça.
06:44 - Parce qu'en ping-pong, ce n'est pas trop ça.
06:46 Il y a quelques semaines, en Chine, il y a une gamine qui vous a un peu rétablis.
06:50 - Elle avait quel âge ? 8 ans ? Alors ça va, je ne peux pas y répondre.
06:54 Non, mais ça me manque, ça.
06:56 Mais le côté, après, à côté, il y a un énorme soulagement
06:59 que je ne dois plus m'entraîner 3-4 heures.
07:02 - Voyager ? - Les voyages, ça va,
07:04 mais les 3-4 heures d'entraînement et les matchs, je ne comptais pas à 100%.
07:08 Ceux-là, elles ne me manquent plus.
07:10 - Vous avez dit qu'on ne va pas aller revivre dans un doc exceptionnel
07:12 qui sera diffusé sur Prime Vidéo à partir du 20 juin ici en France.
07:14 Ça s'appelle Fédérare 12 Finals Days.
07:17 Autrement dit, les 12 derniers jours de votre carrière, vous êtes 10 cours.
07:19 Vous l'avez revu, j'imagine, ce doc déjà ?
07:21 - Moi, je l'ai vu, oui.
07:23 Écoute, moi, je ne voulais pas faire un film.
07:27 Je ne suis pas très fan de faire un film sur ma vie, ma carrière, etc.
07:33 - Pense à nous, mon Dieu !
07:35 - Oui, c'est pour ça que le film sort.
07:37 C'est en fait la raison, les fans, parce que j'ai eu tellement de soutien
07:41 toutes ces années.
07:42 Alors je me suis dit, tu sais quoi, on va donner ça aux gens,
07:46 parce que l'idée, c'était mon agent, il m'a dit,
07:49 mais il faut que tu filmes quelque chose dans ta vie.
07:51 Non, mais il faut que tu filmes quelque chose à la fin pour tes enfants.
07:55 Et après, tu peux faire avec ce film ce que tu veux.
07:58 Mais ce n'est pas un film avec les images qu'on a eues, en fait.
08:02 Et pour finir, je dis, OK, tu sais quoi, c'est trop beau, c'est trop incroyable.
08:05 Et ces 12 derniers jours, c'était tellement intense.
08:08 Alors je suis content de les partager.
08:10 Ils sortent le 20 juin sur Amazon Prime.
08:13 - Absolument.
08:14 J'ai encore une dernière question, Tennis.
08:16 Vous avez connu ces moments où vos fans rêvent que ça continue
08:19 toujours, encore et encore.
08:20 Et vous, vous savez que c'est la fin.
08:22 C'est exactement ce qu'est en train de vivre Raphaël Nadal.
08:24 Qu'est-ce que vous lui dites à Rapha aujourd'hui ?
08:26 - Alors oui, c'est très intéressant de suivre ça de loin, un peu, pour moi.
08:32 Parce que je sais que moi, j'ai vécu la fin.
08:35 Peut-être encore un peu différent, parce que je n'ai plus joué du tout
08:38 jusqu'au dernier double.
08:40 - Vous parlez avec Raphaël en ce moment ?
08:41 - On s'est vu en photoshoot, on s'est vu récemment aussi.
08:45 Mais là, récemment, un peu moins de nouveau parlé.
08:49 Et ce que je vois, c'est quelqu'un qui essaie vraiment d'être sur ce terrain.
08:53 Et il veut, s'il dit ciao, c'est sur ce terrain et pas sur son canapé.
08:58 Et ça, j'adore, parce qu'on voit qu'il est assez loin, en fait, de 100 %.
09:02 - Et vous lui dites quoi ? Vous lui dites profite Rapha, là, c'est le moment ?
09:04 - Alors là, je pense que c'est tellement personnel.
09:06 Il faut que lui, il choisisse comment il veut le faire.
09:09 Moi, je n'ai pas d'info à dire.
09:12 Je sais qu'il va terminer ou finir là.
09:14 J'espère qu'en fait, il va encore jouer beaucoup plus longtemps qu'on pense.
09:18 Mais je pense que la question, c'est son corps, comme en fait, il le dit très honnêtement.
09:21 - Roger, pourquoi t'es parti ?
09:24 Pourquoi t'es parti ?
09:27 - J'ai dû y aller, à côté. Il faut laisser sa place.
09:31 - Allez, merci beaucoup Roger Federer, monsieur l'ambassadeur mondial du Niclo
09:34 et de l'opération Around the World avec Roger Federer.
09:38 - J'ai quand même une dernière question.
09:40 Ça fait 15 ans que je vous suis partout, que je vous harcèle.
09:42 Pourquoi vous n'avez jamais porté plainte ?
09:44 - Contre toi ? - Ouais.
09:46 - Non, mais arrête.
09:48 T'es toujours très solide avec moi, très, comment dire, poli.
09:52 Alors, ça, je respecte.
09:54 Alors, merci beaucoup. C'était un plaisir.
09:56 - Merci, vous aurez t'aimé. - A la prochaine.
09:58 - On se voit dans 15 ans.
10:00 (rires)
10:02 (applaudissements)
10:04 (Applaudissements)