• l’année dernière

Aujourd'hui dans "Punchline", Laurence Ferrari et ses invités débattent de la situation en Nouvelle-Calédonie.
Retrouvez "Punchline" sur : http://www.europe1.fr/emissions/punchline

Category

🗞
News
Transcription
00:00 [Musique]
00:03 Punchline, 18h-19h, Laurence Ferrari sur CNews et Europe 1.
00:08 [Musique]
00:12 18h17, on se retrouve en direct dans Punchline sur CNews et sur Europe 1.
00:16 Emmanuel Macron est attendu dans la nuit aux alentours de minuit, une heure du matin, heure française,
00:20 pour arriver à Nouméa. Il va tenter de renouer les fils du dialogue
00:24 avec une situation qui est toujours extrêmement tendue, encore des incendies de bâtiments.
00:29 Et surtout des indépendantistes qui sont très campés sur l'opposition.
00:33 On a interrogé avec nos envoyés spéciaux Régine Delfour et Thibault Marchoteau,
00:37 l'un d'entre eux s'appelle Yamel. Il affirme que les jeunes sur les barrages, sur les routes,
00:41 sont prêts à tout pour ce qu'ils appellent leur pays. Écoutez les mots employés.
00:46 Le dégel du corps électoral, ce n'est pas un discours de maintenant.
00:50 C'est depuis, on les a prévenus, depuis pas mal de temps déjà.
00:56 Et eux, ils le savent. Ils le savent. Ils savent que c'est un discours qui va diviser.
01:02 Ils savent comment il faut casser les accords de Nouméa à travers ce discours-là.
01:07 Ils savent le faire, ils l'ont toujours fait. Et aujourd'hui, nous disons non.
01:13 Non, ça ne va pas continuer comme ça.
01:17 Vous voyez là, vous voyez tout ce qu'il y a là, vous entendez ?
01:22 Eh bien tous ces jeunes-là, ils sont prêts, prêts pour leur pays.
01:28 On ne peut pas nous enlever ça. On ne peut pas.
01:33 On a trop vu. Tout ce que vous voyez là, tous les gens, ce sont déjà des survivants.
01:40 Des survivants pour cet indépendantiste Yamel interrogé par l'AFP.
01:44 Vincent Horvath, on se dit que le président Macron, ça ne va pas être très simple quand même,
01:49 cette mission qu'il tente. C'est un coup de poker ou pas ?
01:52 Ah oui, c'est un vrai pari. Mais en même temps, c'est un petit peu comme la scène qu'on vient de voir
01:56 dans la cour de la prison. On a l'impression de rejouer une scène déjà vue.
02:00 Ça nous rappelle Mitterrand, vous savez, qui était allé en janvier 85.
02:07 Et ça n'avait d'ailleurs servi absolument à rien. Il avait prévenu la veille.
02:12 C'était une visite surprise. Il allait pour dénouer.
02:15 On se rappelle que trois ans après, il y a eu OUVA.
02:19 Alors, il y a un côté président Zorro. Je me précipite sur la ligne et je vais tout faire tout seul.
02:26 C'est courageux ou pas ? C'est pas courageux pour vous ?
02:30 Ah mais ce n'est pas une question de courage. Si, il a essayé de faire quelque chose.
02:36 Et peut-être après tout que ça marchera, j'espère d'ailleurs.
02:39 Mais il y a quelque chose, je suis quand même absolument ébahi par la confiance en lui.
02:44 Absolument inébranlable de ce chef de l'État. Il est, je le trouve incroyable.
02:50 C'est ce que nous disait Eric Rivelle tout à l'heure.
02:52 Il est sur la scène et il ne s'en lasse pas.
02:56 Et il a confiance vraiment dans sa parole magique qui va dénouer les Calédoniens, les Kanaks.
03:02 Oui, on vient de les entendre. Ils sont très déterminés.
03:05 La réalité, vous le savez, elle est vraiment solide.
03:09 Le réel, c'est quand tout le monde est presque. J'envoie le jeune et après Nicolas Lavrez.
03:11 Un président impublique était décrit par certains membres de son entourage au début de son mandat
03:15 comme un roi Thomas Turge. Et des gens le pensaient vraiment.
03:18 C'est-à-dire, c'était vraiment écrit comme ça dans un long portrait que le monde lui avait consacré.
03:22 Et je pense que si des gens le décrivent comme ça, c'est que lui doit se penser comme cela.
03:26 Il doit penser sérieusement que son propre génie peut permettre de surmonter des situations qui sont insurmontables.
03:32 En tout cas, les revendications qu'on a entendu dans la bouche de ce militant
03:35 et la nécessité de rétablir l'ordre sur l'île, je pense que ce n'est pas compatible.
03:39 Donc, en fait, je m'attends à un exercice de "en même temps" un peu narcissique
03:43 dont je ne sais pas s'il pourra résoudre ce problème.
03:45 Après, je ne sais pas que Emmanuel Macron, c'est l'île. Comment on fait pour continuer à vivre ensemble ?
03:49 On paye.
03:50 On paye ?
03:51 Voilà, il va arriver.
03:52 La République va payer.
03:53 Ça va être un voyage très cher. Ce n'est pas en euros, c'est en francs pacifiques.
03:57 Mais ça, ça va coûter très cher. Je vous rappelle quand même que c'est quand même l'obstination de l'Elysée
04:04 à vouloir changer la règle maintenant qui a provoqué cette flambée quand même.
04:09 Donc, il est lui tout seul, lui sur la scène, et lui seul peut dénouer le problème, semble-t-il.
04:16 Mais c'est aussi lui qui l'a, en grande partie, en est responsable.
04:21 Nicolas Baverez, dans le Figaro, vous parlez du spectre de la guerre civile.
04:25 Vous dites "Nous sommes en train de laisser s'installer dans notre pays la spirale de la peur, du ressentiment,
04:29 du basculement dans la violence que constitue le moteur de la guerre civile".
04:33 Oui, c'est Pascal qui disait que la guerre civile était le pire des mots.
04:37 Pourquoi ? Parce que c'est ce qu'ont vécu l'Espagne dans les années 30, l'Algérie dans les années 80,
04:45 c'est-à-dire un système où la population se divise, où l'État n'est plus capable d'assurer la sécurité,
04:53 où les gens prennent les armes et où ça divise chaque village, chaque ville, chaque famille, chaque communauté.
05:01 Or, aujourd'hui, ce qu'on voit sur les images qui ont été montrées,
05:07 c'est deux communautés qui sont face à face, avec des gens qui sont armés, avec six morts,
05:12 plus d'une centaine de blessés, un milliard de destructions en l'espace d'une semaine.
05:18 Donc, c'est vraiment, effectivement, une situation de guerre civile.
05:25 Et là, ce que tu dis est juste...
05:26 Et on en sort comment, Nicolas Baverez, de cette guerre civile ?
05:28 Alors, en l'occurrence, on ne peut en sortir que par une solution politique.
05:33 Et d'une certaine manière, c'est ce qui a été dit, et ce qui a été dit par ce militant,
05:37 il y a une partie qui n'est pas fausse.
05:40 C'est-à-dire que, de fait, première erreur,
05:44 on a quand même complètement abandonné la Nouvelle-Calédonie, y compris sur le plan économique.
05:47 Donc, la filière du nickel, on a laissé faire strictement n'importe quoi.
05:50 Donc, effectivement, maintenant, c'est l'Indonésie qui a pris le marché,
05:54 en étant beaucoup plus compétitive.
05:56 Ensuite, Matignon a délaissé le dossier, on l'a passé au seul ministère de l'Intérieur.
06:01 Ensuite, on a nommé Mme Sonia Bakkes, qui était actée le fait que l'État ne tenait plus la balance
06:06 et prenait parti pour une des communautés contre l'autre.
06:09 Ensuite, on a décidé ce calendrier absurde,
06:13 et en plus, on n'a tenu aucun compte des avertissements.
06:17 Il faut au moins 48 heures pour pouvoir envoyer des forces de sécurité
06:20 et les déployer en Nouvelle-Calédonie, et on n'a rien fait.
06:23 Donc, c'est une succession d'inconséquences.
06:27 Alors, là où il y a peut-être une piste et un fil qu'on peut tirer,
06:32 c'est que c'est vrai que ce troisième référendum, il est quand même bancal.
06:35 Il a été fait en période de Covid.
06:38 On peut se dire qu'on en a refait un autre.
06:40 En tout cas, ça ouvre une possibilité de discuter en se disant
06:44 qu'un référendum qui est boycotté par une des deux communautés,
06:48 quand même quand on a 97 % pour le oui,
06:52 on peut se dire qu'il y a quand même un petit problème dans la manière dont ça a été construit.
06:56 Donc, puisqu'il faut chercher une ouverture politique,
07:00 je pense que là-dessus, raisonnablement, en raison du fait qu'il y avait l'environnement Covid...
07:05 On peut en proposer un quatrième.
07:08 À condition, évidemment, de lier ça à un accord sur le...
07:12 Par ailleurs, le correct électoral et ce qui va...
07:16 Et puis, comment on reconstruit ?
07:18 Parce qu'on ne va pas reconstruire pour tout rebrûler dans quelques mois.
07:21 Ce n'est pas que la reconstruction, c'est arrondisser les liens.
07:23 J'aimerais revenir sur le témoignage très fort de cet indépendantisme.
07:26 Parce que souvent, quand on se place du côté de la métropole,
07:29 on dit "les vagues d'immigration, si on en a besoin,
07:34 mais il faut que les gens s'approprient ce que nous sommes,
07:37 les valeurs que nous représentons".
07:39 De la même manière, je trouve que ce qu'il dit en creux,
07:42 ou même de manière assez forte, cet indépendantisme,
07:45 c'est qu'en fait, un voyage est clair,
07:47 c'est ne rien comprendre sur le fond à ce que représente le peuple kanak.
07:52 Justement, où le peuple kanak est un peuple qui travaille en communauté,
07:58 qui a des relations à la hiérarchie particulière,
08:02 et qui prend son temps.
08:03 Eh bien, je vais vous dire, si on doit appliquer ce qu'on souhaite
08:07 que ceux qui viennent en France s'appliquent à eux-mêmes,
08:10 en respectant nos valeurs, il faut absolument qu'on respecte,
08:14 dans toutes ces négociations, ce que sont les kanaks.
08:18 Or, pardonnez-moi, mais faire un voyage de 24 heures,
08:21 c'est précisément, à mon sens, ne pas comprendre ce qu'est la culture kanak.
08:25 Un mot de Grégory Giron sur la situation pour les policiers,
08:28 les gendarmes qui ont payé un lourd tribut,
08:30 pompiers, tous les services de sécurité sont sous haute tension.
08:33 Vous m'avez dit que vos collègues se font tirer dessus tous les jours, quasiment ?
08:35 Oui, très clairement, sur les barrages.
08:37 On en voit, en plus, des renforts quasiment pareils,
08:40 qui sont en attente sur la base militaire d'Istre,
08:43 pour pouvoir partir, parce que c'est justement à l'autre bout du monde.
08:46 Donc c'est vrai que chaque renfort prend une dimension extrêmement complexe.
08:52 Je veux pas rentrer dans des détails techniques,
08:54 mais quand vous transportez, par exemple, du matériel sensible,
08:57 dont des munitions, c'est plusieurs tonnes qui ont été envoyées,
08:59 il y a des survols internationaux qui sont interdits,
09:01 donc ça rallonge les trajets.
09:02 Tout est extrêmement compliqué.
09:04 Quand c'est déjà en Corse, qu'on a connu les événements à Basta,
09:07 il n'y a pas si longtemps, envoyer une compagnie de CRS,
09:09 ça prenait déjà des plombes, pardon,
09:13 mais en plus prévoir des renforts comme ils sont prévus là,
09:16 honnêtement, c'est complexe.
09:17 Et sur place, ça fait qu'on arrive à un millier de policiers,
09:21 plusieurs milliers de gendarmes,
09:25 mais c'est au prix réellement de longues heures,
09:30 pour mes collègues sur place,
09:32 qui font justement, qui multiplient les vacations.
09:35 18 heures d'affilée.
09:36 Jusqu'à 18 heures, qui dorment sur le tatami au commissariat,
09:39 qui rentrent même pas chez eux parce que c'est trop dangereux,
09:41 parce que les barrages ne sont pas encore tous levés,
09:43 et du coup dorment chez eux et enchaînent les vacations.
09:46 Il faut vraiment saluer leur abnégation réellement.
09:49 Vous avez raison.
09:50 Vous voulez rajouter quelque chose, Vincent, avant qu'on parle d'Israël ?
09:52 Je sais pas si vous réalisez l'impact que ça a,
09:54 pour l'image de la France, dans toute la zone,
09:56 comme Mayotte d'ailleurs,
09:58 mais c'est effarant, l'aéroport, qu'on n'arrive pas à tenir,
10:01 qu'on n'arrive pas à rouvrir,
10:03 enfin il va peut-être être ouvert pour le chef de l'avion du chef de l'État.
10:05 Vous avez 3200 ou 3500 personnes qui sont coincées depuis 10 jours, 9 jours,
10:11 9 jours entiers coincées.
10:12 Non, il y a des avions qui ont commencé à décoller, non ?
10:14 Il y a un C-130 australien qui a pu se poser sur une petite base d'un côté.
10:17 Et récupérer ses ressortissants.
10:18 Vous savez, c'est les pays de chaos.
10:20 Aujourd'hui, on a pu rouvrir l'aéroport à Port-au-Prince,
10:23 après quelques mois de fermeture,
10:24 un État totalement failli.
10:26 Et là, on peut rouvrir l'aéroport, peut-être ce soir, de Nouméa.
10:32 C'est très mauvais pour vous, très mauvais, très mauvais.
10:35 Nicolas Baverez, d'accord avec ça ?
10:37 Oui, et pour rappeler également que l'autre impact,
10:41 c'est que derrière cette crise, on a aussi des États qui sont des États ennemis,
10:46 et qui en profitent,
10:48 puisque on sait qu'il y a le "club de Bakou",
10:52 mais il va de soi que derrière le "club de Bakou",
10:54 on trouve Vladimir Poutine et la Russie de Poutine.
10:59 Et que par ailleurs, la Chine, de son côté,
11:01 est aussi en attente de déstabiliser ce territoire
11:05 qui est un des rares territoires où l'économie n'était pas tenue par les Chinois.
11:08 Et où, par ailleurs, c'est un point d'appui français
11:12 qu'elle serait très heureuse de voir disparaître.
11:15 Et si la Chine devait prendre le contrôle de la Nouvelle-Calédonie,
11:17 c'est vraiment, pour l'Australie et la Nouvelle-Zélande,
11:20 une très très mauvaise nouvelle.
11:22 Donc, on a aussi cette dimension internationale qui est présente.
11:26 Votre livre, Nicolas Baverez, c'est "Démocratie contre empire autoritaire",
11:29 "La liberté est un combat", aux éditions de l'Observatoire.
11:31 Vous restez avec nous, tout de suite le rappel des titres de l'actualité de 18h30,
11:34 avec Barbara Durand. Barbara.

Recommandations